Il avait beau n’être que neuf heures du matin. Il n’y avait définitivement pas d’heures pour manger un Okonomiyaki. Le tout accompagné d’une omelette bien garnie. Je jetais un œil par la baie vitrée de mon restaurant favori du moment à Kiri : Le Isei no ī tako - 威勢のいいタコ. Un petit restaurant – Bar où de nombreux jeunes travailleurs venait savourer une cuisine locale de grande qualité bien que certains reprocheraient une certaine simplicité dans les plats. Il fallait surtout savoir venir le soir de bonnes heures. Ici, jeunes employés, soldats et cadres finissaient à danser sur les tables avec la centaine de variantes de Saké venu de tout le Yuukan.

Mais si c’était pour un bon plat et surtout faire le plein de bonnes protéines à base de poulpes et d’œufs que j’étais ici. C’était surtout parce que ça donnait droit sur une petite ruelle où se faisait décharger plusieurs caisses discrètement dans toutes les échoppes des boutiques. Les mêmes boutiques qui avaient reçu ce matin une première livraison déjà. Mais des livraisons officielles qui étaient de plus en plus petites. Visiblement, ces commerçants et restaurateurs de poissons frais ne devaient plus faire beaucoup de ventes car ils ne se faisaient plus livrer un seul poisson ou épices mais uniquement des ustensiles et autres produits peu communs.

J’attendais Misaki à qui j’avais laissé un petit message ce matin pour lui dire de me retrouver ici dans ces heures à peu près. Elle devait avoir eu d’autres responsabilités au niveau du domaine Yuki car elle était en réalité déjà bien en retard maintenant que je le réalisais. J’avais récupéré l’ordre de mission qui indiquait tout de même une mission de rang B. Ce qui n’était pas non plus quelque chose de complètement anodin. J’aurais probablement besoin de son aide pour neutraliser ce Ninja à la tête du réseau.

Je me faisais un repas de plus depuis mon point de surveillance. Je savais pertinemment que depuis l’extérieur, on ne voyait que le reflet à cette heure là dans le restaurant. Et je pouvais donc voir sans être vue. L’une des bases de la dissimulation que j’avais lu dans mon livre « trente tactiques d’infiltration ninja selon le Kyôi. ». Je lisais un peu moins dernièrement depuis que je m’étais concentrée sur mon entraînement au Ninjutsu, mais c’était quelque chose que j’allais reprendre petit à petit. La lecture est la nourriture de l’esprit.

Ce qu’il y avait de drôle dans le fait de voir des marchands se faire livrer de façon aussi peu discrète de la contrebande. C’était surtout de réaliser que le marchand chez qui la contrebande était entrain de se faire livrer est littéralement l’une des « victimes » identifiée de la concurrence déloyale. Le pauvre avait été se plaindre d’une suspicion de réseau de contrebande en ville pour se faire livrer la semaine d’après. C’est porc n’ont vraiment que l’argent en tête et sont prêt à mettre la tête de leurs concurrents sous l’eau en dénonçant des pratiques au nom de valeurs pour faire la même chose juste après. Et je les entends déjà se justifier à coup de « non mais je n’avais pas le choix Madame ! C’était ça ou fermer boutique ! »

Cela me faisait bien rire, mais je savais aussi que c’était la preuve que ce réseau de contrebande se développait à vitesse grand V dans le village militaire et si quelques poissons vendus sous le manteau pouvait sembler ne pas être très grave. Ne pas payer ses impôts à la ville, l’était.