Le dojo itinérant de la brume avait occupé une grande place dans la courte vie de la jeune femme et, malgré qu’elle n’avait jamais ressentit le besoin d’aller les retrouver plus de quelques jours par année depuis qu’elle les avait quitté il y avait déjà plusieurs printemps, la nostalgie c’était emparée de la genin depuis son entré au village et, après avoir combattu aux côtés d’une vrai maîtresse de l’épée, cette nostalgie s’était tranquillement transformé en désir profond de reprendre les enseignements du bushido auprès de ses maîtres d’autrefois.

C’était donc dans cet esprit que la jeune femme s’était mise dans l’idée d’aller rejoindre ceux-ci dans le prochain village où ils feraient escale, mais après une brève consultation auprès des autorités du village, elle frappa pour la première fois les limites que lui imposait son rang de simple genin et sa demande de sortie du village lui fut tout simplement refusé.

Pourtant, quelques jours plus tard, la Kayuri avait déjà fomenté un nouveau plan et, après un bref échange de missive auprès des autorités du village, celui-ci avait été approuvé à la condition unique que seul une poignée des membres du dojo itinérant ne pénètre au sein du village de la brume ce que Namue s’était empressé d’acquiescer avant de rédiger en vitesse une missive à l’intention du prochain village sur l’itinéraire du dojo itinérant les enjoignant à envoyer certains d’entre eux dans l’enceinte de Kiri afin qu’elle puisse reprendre son apprentissage là où elle l’avait laissé plusieurs années auparavant.

Depuis lors, elle n’avait reçu aucune nouvelle de leur part et elle commençait sérieusement à penser à un moyen d’aller leur rendre visite elle-même lorsqu’un coursier vint cogner à sa porte, porteur d’une information dont elle n’attendait plus la venue, un duo proclamant appartenir au dojo itinérant venait d’arriver aux portes du village et la demandait. Sans prendre le temps de terminer la tâche qu’elle effectuait, la jeune femme s’empara de son sabre qu’elle glissa rapidement dans sa ceinture avant de partir au pas de course en direction de l’entrée du village qu’elle atteignit quelques minutes plus tard.

Sur place l’attendait deux silhouettes qu’elle connaissait bien et son cœur fit un bond dans sa poitrine alors qu’elle s’élançait dans les bras d’une dame à la chevelure sombre entremêlée de mèches rougeâtre qui était à peine plus grande que la genin. Puis, après quelques secondes de cette accolade emplis de l’amour fraternel qu’elle ressentait pour celle qu’elle connaissait sous le nom de Yuri, la Kayuri brisa finalement l’étreinte avant de se tourner vers la deuxième silhouette, un homme à la carrure imposante qu’elle n’avait connu que dans un rôle de tuteur implacable, Kenji.

...

Kageya Yuri

Taho Kenji

Namue s’inclina dans une légère révérence respectueuse tandis que ceux qui allait devenir ses maîtres d’armes pour, au minimum, les prochaines semaines lui rendaient la pareille.

La dame regarda celle qu’elle considérait comme une sœur de la tête au pied, un air réprobateur au visage.

Avant que la jeune femme ne puisse terminer sa phrase, l’experte en bushido balaya les jambes de la genin qui ne put faire autrement que s’affaler de tout son long sur le sol poussiéreux qui recouvrait le chemin à l’entrée du village de la brume. Puis, alors qu’elle allait ouvrir la bouche pour protester contre cet assaut non sollicité, la dame et son compagnon se mirent en marche.

Après avoir lâché un juron à voix basse, la Kayuri se releva avant de courir au-devant de ses maîtres d’armes puis, comme si rien ne venait de se produire, elle les guida vers un restaurant qu’elle connaissait à proximité des terrains d’entraînement puis, après un copieux repas, le trio s’en fut en direction du terrain numéro douze qui était devenu son propre terrain d’entraînement depuis sa rencontre avec sa mentore, Yuki Misaki.

La jeune femme se releva pour une énième fois en poussant un juron accompagné d’un grognement qui fut presqu’aussitôt interrompu par le bois d’un saya qui vint s’écraser contre sa clavicule droite, renvoyant aussitôt le visage de la Kayuri dans l’herbe du terrain d’entraînement.

Tandis que la samouraï se replaçait en position, son katana toujours couvert d’un saya de bois rougeâtre issu d’une essence de bois originaire d’une contré lointaine du continent, Namue se releva avec une certaine difficulté, son corps pourtant habitué à recevoir des coups lui criait de cesser l’entraînement. Pourtant, la jeune femme se replaça en position, sa lame dénudée pointée en direction de la maîtresse du bushido.

Un juron mourra au creux de la gorge de la Kayuri, bloqué par la peur d’un nouveau coup de fourreau, tandis que la jeune femme écartait les jambes et relevait le dos tout en replaçant ses deux mains sur le pommeau humide de sueur et de sang de son sabre, adoptant la position Seigan no Kamae qui se voulait une posture intermédiaire entre une posture défensive et une posture offensive.

Satisfaite de la posture de son élève, la samouraï attaque presqu’aussitôt et le bois de son saya s’écrasa de nouveau avec violence sur l’endo de la dextre de cette dernière qui ne put que lâcher sa lame sous la force de l’impact et tandis que celle-ci allait s’enfoncer dans le sol meuble, quelques mètres plus loin sous le regard désapprobateur de Yuri.

La samouraï fixa son compatriote quelques instants avant de glisser le saya de son sabre dans la ceinture de tissus qu’elle portait à la taille avant de faire une grimace en direction de son partenaire.

Puis, sur cette dernière déclaration aux odeurs de menace, la samouraï aux mèches rougeâtre tourna les talons et partit en direction du premier rebus de boissons qu’elle croiserait sur son chemin, laissant une Namue au visage déconfit et au corps ecchymosé seule en compagnie de son ancien sensei, Kenji qui agrippa la lame de la jeune femme encore planté dans le sol avant de l’en sortir d’un geste vif et sec qui se poursuivi jusqu’à ce que ses doigts relâche le pommeau humide, propulsant le sabre dans les mains de sa propriétaire qui, après un mouvement sec du poignet pour en retirer les saletés, rengaina celle-ci dans son fourreau avant de se tourner vers l’homme, une certaine tristesse peignant son regard.

Ravalant sa fierté bafouée par la raclée que lui avait fait subir Yuri durant les dernières heures, la jeune femme prit une grande inspiration avant d’expiré lentement l’air ainsi accumulé puis, ses émotions de nouveau sous contrôle, Namue plongea son regard dans celui de son sensei tandis qu’un sourire venait illuminer les traits de son visage.

Affichant un air approbateur, Kenji se plaça de côté avant de faire signe à la jeune femme de prendre les devants ce que cette dernière fit et, après de longues minutes de marches, le duo arriva au lieu indiqué par la Kayuri et, après moins d’une minute de recherches, ils pénétraient dans un minuscule bâtiment servant de dojo et tandis que l’homme refermait la porte de papier, Namue attrapa un briquet posé à proximité de la porte et entreprit d’allumer la poignée de flambeau accrochés en pair sur chacun des murs. Puis, une fois cette tâche accomplie, la prétendante samouraï alla prendre place sur les tatamis situé au centre de la pièce tandis que son maître allait prendre place sur un tatamis posé quelque peu en retrait.