L’alcool est le pire ennemi de l’homme. . .

Kuzan se répétait sans cesse cette phrase que son père lui avait répétée tant de fois. C’était comme sa chaque fois qu’il prenait un verre et aujourd’hui, s’était dans le quartier de Kiri qu’il noyait son passé troublé le hanter. Pour lui, l’alcool n’était pas pire que l’acide que le ventre créait de lui-même. Il avait vu les effets sur un corps en décomposition et riait intérieurement à cette morbide image. Non, le pire ennemi de l’homme c’est l’amour! Il trinquait en l’air comme un idiot à cette pensée. Une autre gorgée descendait dans sa gorge en repensant à sa dernière amante. Chose du passé, la femme s’était fait dévorer par un ours en forêt, il l’avait appris alors qu’il revenait d’un voyage sur le continent. Bref, le voilà de nouveau assis dans un bar, à se demander s’il ne devrait pas sortir un moment pour prendre l’air.

Les sens de Kuzan, toujours bien aiguisé, lui confirmer que l’alcool n’était toujours pas un problème, il tolérait le tout comme s’il avait encore vingt ans, et ce même s’il avait presque embrassé le plancher en se levant. Il franchit la porte et sortit sa pipe de l’une de ses manches, puis alluma une bonne dose de tabacs importée du désert. Une herbe forte dont l’odeur âcre emplit la ruelle en un rien de temps.

-Ahhh.

C’était ça le bonheur, une bonne soirée bien arrosée, et un peu de tabac… Mais, il manquait quelque chose et c’est à ce moment que son œil unique tomba sur le prochain ingrédient d’une soirée parfaite. Allait-il tenter le trois en trois ?

Quelle question, il était déjà rendu devant la demoiselle.

-Kobayashi Kuzan, je suis nouveau en ville, tu connais le meilleur endroit pour prendre un, autre, verre ?

Dit-il tout en affichant son plus beau sourire à la blonde d’une vingtaine d’années.

Ces derniers temps, la routine d'Atsumi avait été quelque peu bouleversée. Moins d'aller-retour hors des murs, moins de retour au village toute boueuse, couverte de sang ou encore la coiffure défaite (probablement le plus insupportable des trois.) Non, la jeune kunoichi avait été épargnée de son quota de missions, car elle travaillait d'arrache-pied à rendre son intégration au Kyoi parfaite. Comme l'avait suggéré son compère Kaguya, elle épluchait avec grand soin l'immense bibliothèque de l'organisation, passant des heures et des heures installée dans les sous sol mystérieux qui abritaient les quartiers du Kyoi.

Perdant souvent la notion du temps, elle pointait le bout de son nez à l’extérieur après une énième interminable session de lecture. Elle était en train de bouleverser son rythme, mais c'était pour la bonne cause. Émergeant comme à son habitude de la cave d'une boutique de fleurs dont le passage dissimulé menait sur une rue peu fréquentée, la demoiselle jeta tout de même un œil à sa montre. Il n'était pas trop tard. En tout cas assez pour que les axes principaux soit animés, et que les différentes échoppes de nourriture dont elle était (très) amatrice tournent à plein régime. C'était donc décidé, elle allait se trouver un petit quelque chose, parmi ses adresses favorites, et irait le déguster chez elle, près du feu.

Elle n'avait pas le droit d'emporter les ouvrages du Kyoi à l’extérieur du souterrain, elle se contentera simplement d'étudier d'avantage la technique que lui avait enseigné Shitekka, technique récemment rendue publique et dont les prémices se faisaient sentir au village. Le réseau chakratique était saturé de signaux, plus ou moins élaborés. Il était facile pour les experts en sensorialité de comprendre que les shinobis du village s'essayaient à la communication par le chakra, et un tel enthousiasme faisait la fierté de la blonde, ravie d'avoir été initiée en avance à une telle révolution.

Coupant par une des nombreuses rues de la soif à Kiri, la demoiselle se fit aborder par un inconnu. Phénomène à la fois courant mais plus rare dans cette forme. Ayant acquis une légère notoriété depuis le festival de l'automne et la grande campagne de reconstruction, il arrivait de temps à autre qu'Atsumi soit interpellée, mais assez rarement par des hommes, seuls.

Se débattant du mieux qu'elle pouvait pour ne pas respirer les effluves de tabac et d'alcool qui flottaient autour du trentenaire, la demoiselle ralentit la cadence, jusqu'à s'arrêter à son niveau. Franchement pas d'humeur, Atsumi se contenta de répondre avec politesse, voir légère froideur.

« Bienvenue Kuzan, je suis Hayame Atsumi. J'espère que vous vous plairez ici. Je ne traîne pas énormément dans ce genre d'établissement, mais le bar qui se trouve au nord de la place centrale ferme au petit matin, et l'ambiance y est toujours de bon goût, j'espère que vous y trouverez votre bonheur. » dit-elle, en emboîtant déjà le pas vers de nouveaux horizons.