Posé sur son siège, l'Empereur fixait du regard ce moignon posé sur un tabouret, dernier vestige de ce qui fut autrefois une jambe pour lui et aujourd'hui stigmate de son affrontement contre l'Esprit damné de la Maladie. Mais plus que sa propre personne, c'était toute une partie des forces armées du pays du feu qui éprouvait une pénurie inconcevable d'eisei-nin. En effet, aux antipodes des autres factions du Yuukan, être mutilé dans l'exercice de sa fonction au Teikoku était souvent synonyme d'un temps de convalescence particulièrement long, d'un taux de survie très faible ainsi que d'une recrudescence des blessures aggravées non traitées entraînant des invalidités à court ou long-terme. L'Empereur-Jinchuuriki n'était ainsi qu'un guerrier de plus qui partageait le sort de ses troupiers, sans que son statut de souverain ne puisse l'épargner de cette défaillance alarmante dans les effectifs impériaux.

Malheureusement, pour rattraper cette catastrophe il n'y avait pas moult solutions. Pour former un personnel soignant il fallait déjà une unité capable de les former, chose qui manque déjà. Plus encore, les va-t-en-guerre du Teikoku peuvent être considérés comme peu enclins à choisir la voie de l'Iroujutsu conservant une appétence bien plus exacerbée pour les arts de la guerre à proprement parlé.

Ainsi, aussi triste cette perspective était-elle, l'Empereur n'avait guère le choix et dû faire appel à ses alliés afin de traiter cette situation et espérer égoïstement être lui-même remis sur pied, à proprement parlé. Fort heureusement, s'il n'était guère agréable que de s'incliner à demander de l'aide, il était toujours plus aisé de le faire après avoir soi-même rendu service. Ainsi, c'est directement vers Iwa que les songes du Shinrin s'en allaient suite au service qu'il apporta au Pays de la Roche après qu'ils eurent éprouvés l'assaut du Bijuu à 4 queues. Là-bas, le marionnettiste avait oeuvré à fournir aux forces de Tsuchi des prothèses qui habillent aujourd'hui les jambes de bon nombre de shinobis, leur permettant de continuer à se battre sur deux pattes.

Massant son membre amputé et bandé en pâtissant de la douleur associée, c'est avec une voix cassée et une allure pâlichonne que l'Empereur manda l'assistance d'un auxiliaire qui zonait dans le couloir.

"Koro !"

A petits pas de fourmis, l'homme-à-tout-faire du Troisième du nom émergea alors dans la salle du trône sans attendre.

"Mon Empereur ? Vous m'avez appelé ?"

Respirant une certaine forme de dédain, il détaillait alors sa requête.

"En effet, j'ai besoin que tu transmettes une nouvelle assignation de ma part. Je pense qu'il conviendra de faire à l'Unité Coloniale à ce sujet, je pense à Tachibana notamment."

Saisissant le bloc-note qu'il tenait sous son aisselle, le secrétaire commença alors à griffonner les désirs de son maître.

"Il est question de faire appel à Iwa, ces derniers nous doivent une faveur. Je souhaite que le Soldat Tachina rejoigne la Directrice de l'Hôpital Iwajin, Chiwa Aimi, afin de solliciter son assistance dans la prise en charge des blessures qui ont suivi le combat contre Asakura Yoshitsugu."

"Yoshitsu-qui ?"

"L'Ancien Samouraï."

"Ah !"

"Qu'il fasse ce qu'il peut pour qu'elle, ou un de ses collaborateurs puisse venir à nous. Dans le cas d'un échec, qu'il tente sa chance à Kiri, puis à Kumo, jusqu'à trouver quelqu'un de compétent et volontaire. Compris ?"

"Oui, tout compris ! "

"Ah et aussi, transmettez lui une enveloppe de disons... cinq millions de ryôs depuis mes fonds personnels. Qu'il s'en serve afin de commercer avec les shinobis locaux si jamais ils souhaitent se débarasser de quelques rouleaux bien utiles. Nous n'avons pas de traité commercial à ce sujet, mais peut-être que cela permettrait de démarrer une initiative. Enfin, je vais transcrire sur papier mes volontés et mon sceau qu'ils pourront remettre aux autorités du pays de la terre afin d'avoir un vernis officiel."

"Est-ce qu'il y a autre chose ?"

"Non. Nous traiterons cette assignation comme une mission de rang C. Qu'il fasse appel à quelconque troupier de son unité afin de l'accompagner. Pour les détails, le reste est entre ses mains. "

"Compris Empereur. Je m'y attèle !"

"Et d'ailleurs... Koro..."

"Oui ?"

"Pas de jacasserie inutile cette fois ? La mission et rien d'autre."

"Très bieeennnnn..." concluait-il avec un air maussade et chagriné.

La suite ? Elle était aux mains de l'enfant Yamanaka et de son compagnon de route. Puissent-ils être efficaces et triomphant.