Que va-t-il se passer à présent ? Que prépare l’avenir à Tetsu et aux alliées du dernier Taira, tombé contre le village caché d’Iwa ? Nagamasa Takeko succède logiquement, princesse du pays et ancienne protégée de Fugaku. Une nouvelle qui ravie certains mais aucunement d’autres. Est-ce que le retour à la tête du pays d’un membre d’un clan de traîtres, est synonyme de la déchéance de Tetsu ? Une question en suspens qui inquiète certains. Les Bakuhatsu, alliés du Feu Taira, membre du groupe des Héritiers, sont touchés par ce sentiment. Ayant déjà perdu leur chef il y a quelques temps auparavant, c’est maintenant leur souverain. Que l’avenir leur réserve encore comme miséricordes ? L’attention se tourne donc vers la même personne, encore, Nagamasa Takeko, pour en connaître la réponse. Une attente stressante, voire insoutenable.

Rongés par la tristesse ou le remord, nombreux auraient finalement voulu combattre. Les samouraïs avaient été appelé à rejoindre les rangs, mais pourquoi les alliés du Taira n’ont pas été mobilisés ? Seule une Bakuhatsu a été conviée, la plus douée après Kenta l’ancien chef. Bien qu’elle ait failli, en plus de sacrifier sa dévotion envers le Shôgun, elle a réussi à sauver son clan de potentielles répercussions qu’aurait pu mettre en place Iwa, en se livrant ainsi qu'en dévoilant des informations. Finalement, est-ce que le clan possède un honneur ? Si les samouraïs possèdent en eux ce trait, former à suivre un code rempli de valeurs remarquables, qu’est-ce que le clan a lui ? Un foyer, celui donné par Fugaku après avoir combattu une seule fois pour la prise de pouvoir à Tetsu. Et depuis ? Qu’avait-il fait ? Pourquoi vit-il ? Il n’est plus qu’une famille d’exilés de Tsuchi, réfugié dans ses hauteurs du Fer. Des mercenaires qui rangent leurs dents une fois bien nourris et logés...

Anzai observe cette déchéance, autant du pays que de son propre clan. Il voit là de la paresse et de la peur. Il se questionne sur l’avenir, sur ce qu’il va advenir de chacun. Il n’a pas encore la réponse, mais il réfléchit. Il prend quelques cailloux, en tire avec son pouce, puis un autre. Il se perd dans ses pensées, se demandant quel est la meilleure chose à faire pour éviter la perte de son foyer. Le troisième s’apprête à être tiré, mais explose dans la main, devenant de la poussière. C’est le fruit de sa réflexion, c’est sa réponse à ce qu’il faut faire. Il n’a jamais été très intelligent et ne possède pas de grands talents, si ce n’est ce que la nature lui a donné, un pouvoir de destruction. Il lève les yeux vers le ciel, où les nuages sont déjà assez proches de lui. Il tend sa main, avec quelques pierres dans sa paume, puis les transforme à leur tour en poussière.

- Tout détruire pour tout reconstruire... Certains membres n’arrêtent pas de le crier partout quand ils s’entraînent et font des dégâts dans les lieux. Peut-être que ce pays en a besoin aussi.

Dit-il tout en souriant, comme à son habitude.

Des souvenirs lui remontent en mémoire, des souvenirs puissants qui datent d’il y a un an et un mois. La guerre avait certes eu lieu, mais c’est ce qui a eu lieu après qui lui revient. La vision du champ de bataille, tous ces samouraïs soit morts, soit blessés. Oui, un blessé. Il se remémore la rencontre avec l’un d’eux, ou du moins, l’interaction qu’il a pu avoir. Peu à son aise dès le départ, sentant le jugement rien qu’au regard des autres, cela s’était confirmé lorsque le soldat qu’il avait aidé, l’avait totalement repoussé. Il ne semblait aucunement supporter le comportement d’Anzai, ni porter dans son cœur les Bakuhatsu. L’adolescent se souvient de son état ce jour. Rage, désespoir, misérable. Se plaindre n’allait pas changer les choses, maintenant il en est bien conscient. Les choses ne bougent pas parce qu’elles le doivent, mais parce que quelqu’un a décidé d’agir. Comme pour Fugaku qui a lutté pour reprendre son pouvoir qu’il lui était pourtant dû, aujourd’hui c’est à Anzai lui-même d’agir pour changer les choses.

Il avance dans son village, salue et sourit à ceux qu’il croise. Ce jour est le départ d’Anzai, le départ de sa vie, sa vraie. Jusqu’à maintenant, il n’avait rien réalisé de lui-même, il n’avait que suivi le mouvement. Que ce soit une prise de conscience ou bien une folie créée par l’effet de l’adolescence, le garçon est motivé à bouger et réaliser de grandes choses. Naturellement, cela voulait dire quitter le foyer. Lui qui est très proche de sa mère, cela est le plus dur à surmonter. Elle a toujours été la seule proche à ses côtés, son père étant un inconnu et les autres ayant préféré rester avec les Chôkoku. Il ne lui en veut pas d’avoir fait le choix de quitter Iwa. Elle avait choisi de perfectionner son art comme les autres, en dépassant l’utilisation de l’argile, préférant frapper de ses poings pour arriver à l’explosion. Un art appréciable pour Anzai, aimant bien flanquer de bonnes beignes aux autres, plutôt que se cacher derrière des créations. Puis de toute manière, à part détruire, il ne connaît rien d’autres, n’ayant aucune sensibilité artistique. Il était fier de sa mère, qui elle au moins avait entrepris quelque chose en ce temps, même si dernièrement, elle n’était plus qu’une ombre, comme les autres.

- Bonjour mère. Comment vas-tu aujourd’hui ?

- Oh mon chéri. Comme d’habitude, paisible et reposée. Et toi, es-tu encore sortie faire quelques bêtises ?

- A jouer pour tromper l’ennui, comme d’habitude. J’ai pris également le temps pour réfléchir un peu, si bien que j’ai fini par prendre une décision.

- Toi, réfléchir ? Oh, c’est que ça devait te tourmenter. Dis-moi-en un peu plus, qu’est-ce qui se passe dans ta tête mon petit Anzai ?

- J’ai… j’ai décidé qu’il fallait que j’agisse. Le clan reste trop calme, alors que dehors, Tetsu a combattu il y a un an. On ne sait pas ce qui va se passer, mais nous nous attendons sans rien faire… Je ne le supporte plus… Les journées sont longues. J’ai beau sourire, je ne fais que de penser à l’avenir, mais je ne trouve pas de réponses. J’ai besoin de vivre, j’ai besoin d’expérimenter, pour réussir à bouger les choses.

- Anzai… Je… Ecoutes… Je comprends ton impatience et ton inquiétude. Tu es un jeune adolescent, tu meurs d’envie de partir à l’aventure, de tenter de nouvelles choses. Je suis passé par là aussi tu sais. Je n’ai pas toujours été la mère que tu connais maintenant. J’ai fait certains choix, qui ont eu de lourdes conséquences… Je ne dis pas que tu ne dois pas te lancer dans ton aventure, mais réfléchis-y bien. Comme tu le dis, on ne sait pas ce qui peut se produire. Les temps changent trop vite, si bien qu’on se laisse dépasser par eux. Je ne veux pas que tu subisses…

- Mère… Si nous restons là dans notre montagne, nous ne ferons jamais rien. Le chef n’est plus, Tetsu n’est quasiment plus… Il est temps de se reprendre, sinon, ce pays et ce foyer ne serviront plus à rien. J’ai entendu dire que des samouraïs s’agitaient dernièrement. Je veux en apprendre plus. Je veux moi aussi participer, pour une fois, à quelque chose.

- Impétueux que tu es… Digne d’un Bakuhatsu et de ta mère d’autrefois… Je ne pourrais pas à jamais t’enfermer dans ce lieu, tu es libre de vivre ta vie comme tu l’entends. Mon fils, sache que je t’aime, que ce lieu sera toujours le tien. Reviens me voir, donnes-moi de tes nouvelles de temps en temps, c’est tout ce que je te demande.

- Bien entendu mère. Je suis et je demeurerai toujours ton fils et un Bakuhatsu. Je viendrai de manière à aider le pays, mais aussi notre famille.

Il ne lui faut pas plus longtemps pour enlacer et embrasser sa mère. Ensemble, ils préparent le nécessaire pour le garçon de prendre son envol. Le monde change et Anzai aussi. Finalement, il suit d’une certaine manière le mouvement, mais est bien décidé à prendre en main sa vie dorénavant. Il doit à présent trouver des informations sur ce groupe qui provoque de l’agitation, les trouver pour voir ce qu’il pourra faire.