Kisuke déambulait dans couloirs de l'Académie, bob vert sur sa tête et sa cape aux couleurs un peu plus foncées flottantes derrière lui à son passage. "Prends des congés", on lui avait dit. "Pas de rentan aujourd'hui, change-toi les idées." Kisuke avait entendu tout cela, et s'était dit qu'il était temps effectivement de faire un peu autre chose que du laboratoire ou de se taper les uns sur les autres.

Il grimaça alors qu'une pointe de douleur se fit ressentir sur son torse. Une blessure déjà cicatricée, mais encore un tantinet douloureuse. Rappel de son combat contre son sensei, qu'il avait faillit gagner, selon certains points de vue. Qu'il avait complètement perdu, selon d'autres. Non, il devait laisser à son corps et son esprit le temps de se reposer.

C'était donc sa raison de sa venue dans ces couloirs. Donner un petit cours semblait le meilleur moyen de passer le temps gaïement et productivement.

Qui est intéressé par un cours de base sur le scellement ? Ou un peu de théorie sur la sensorialité ?

Kisuke faisait son marché des jeunes genins. Lui aussi était genin, certes. Il avait eut des cours de fuinjutsu avec son sensei, Teruyo, et il essayait maintenant de se mettre à cet exercice lui-même. Après tout, la meilleure façon de comprendre à fond ce que l'on faisait, c'était d'arriver à retranscrire l'informations à quelqu'un d'autres. Aujourd'hui, c'était son objectif - retransmettre le peu de savoir qu'il avait dans le fuin et la sensorialité.

Kisuke aperçut quelqu'un qu'il connaissait... depuis peu. Noroi était une femme charmante qui aimait les plantes, dégageait un poison mortel et venait de devenir genin. Peut-être pas dans cet ordre-là. Il se rappelait qu'elle avait mentionné avoir été une hermite pendant tout un temps, et qu'elle n'avait pas suivit un cursus classique. Cela tombait bien.

Salut Noroi-san ! Et bien on pourrait commencer par la sensorialité.

Ils allèrent dans une salle de classe où Noroi commençait à se montrer un peu plus à l'aise. Cela croisa la tête de Kisuke que sa façon de garder des distances et de ne pas trop s'approcher de lui était sans doute due à sa condition spéciale. Son corps produisait et relâchait du poison. L'Apothicaire n'avait pas peur de ces substances - il avait des antidotes à large spectre et il faudrait des poisons véritablement potents ou rapides pour l'inquiéter.

Kisuke s'approcha d'un tableau, et chercha quelques secondes pour des morceaux de craies. Il poussa un petit cri de victoire, avant de se mettre à noter plusieurs mots et faire un schéma un peu standard de la sensorialité. C'était à peine plus avancée que la théorie de l'Académie, mais en parlant, Kisuke allait un peu plus dans les détails.

Ce domaine regroupe beaucoup de techniques différentes, mais on distincte trois catégories. Les techniques pour se dissimuler. Un shinobi camouflé peu passer inaperçut, traverser une frontière sans combat ou tout simplement rendre incapable un adversaire de le viser. Les deux dissimulations les plus classiques sont pour le chakra ou un camouflage visuel.
Les techniques pour détecter, bien entendu, en sont le contrepenchant. Elle permette de percevoir l'imperceptible, de récolter des informations, ou d'outre passer ces camouflages. De manière générale avoir un meilleur contrôle de son environnement. Les détections sont un peu plus variées que simplement le chakra. Mais cela dépend des capacités des shinobis.
Et enfin... les techniques qui camouflent une attaque. Particulièrement dangereuses, elles arrivent sans prévenir et renversent le cours d'une bataille. C'est une chose à garder en tête, même si c'est véritablement parmis les techniques les plus complexes et les plus dangereuses du Yuukan.

Kisuke avait un peu la gorge sèche. C'était presque un monologue, tout ce qu'il avait dit. Alors il descella une bouteille d'eau fraiche qu'il but a longue gorgée avant de la déposer sur un bureau. Puis il reprit, en activant son Byakugan.

Tu sais probablement sentir le chakra de quelqu'un. Certains, comme les Hyûga, peuvent même le voir. Une des techniques fondamentales est de pouvoir reconnaitre la signature chakratique de chaque personne, de pouvoir la différencier d'une autre et d'avoir quelques astuces pour se souvenir de cette signature pour beaucoup de monde. Cela ne demande pas de mudras spécifiques, mais il faut essayer de se concentrer pour ressentir cette différence, et puis arriver à la caractériser. Tiens, essaie de ressentir mon chakra. Et de le décrire.

Kisuke ouvrit ses bras et fit exprès de projeter gentiment sa signature chakratique tout autour de lui. Il ne retenait rien - même si c'était pourtant une habitude. Il laisserait Noroi comprendre cela le plus facilement possible, avant de le mettre dans une situation un peu plus réelle - et difficile. Un pas à la fois.

Spoiler:

Kisuke écouta attentivement ce que la femme avait à lui dire. Les chuchotement de la terre ? Hm... elle décrivit parfaitement ce qui se passait autour d'eux, aussi était-ce peut-être bel et bien une détection de chakra qu'elle venait de faire. D'un autre côté, cela pouvait être d'autres types de détection sensorielles, Kisuke en savait quelque chose.

Noroi pas.

Il fallait donc l'éduquer dans la base de la base, ce qu'il fit avec grande joie.

Le Chakra c'est l'essence de chaque techniques ninjas, et dans une certaine mesure, de tout être. C'est un mélange qui arrive naturellement dans le corps entre l'énergie spirituelle et l'énergie vitales. Tout le monde en a, même les civils, les animaux ou les... handicappés. Les Shinobis utilisent souvent des mudras pour le canaliser dans des effets extérieurs spécifiques. Tu pourras trouver des dissertations dans la bibliothèque pour des explications plus détaillées, bien entendu. Mon clan possèdent des yeux qui peuvent le voir, ce qui est un avantage et parfois un handicap, car c'est un avantage qu'on ne peut désapprendre ni partager. Ce que je peux faire par contre, c'est montrer un exemple. Visuellement, le chakra c'est ceci.

Kisuke exécuta une très classique paume du Hakke devant son élève du jour. La vague de chakra bleuté avança de plusieurs mètres avant de se dissiper dans les airs, inoffensive à ce stade de puissance mais particulièrement visible et sous une forme très pure - contrairement aux affinités élémentaires. Pas que Kisuke pouvait faire ces affinités élémentaires, bien entendu. En théorie, il avait l'affinité katon, mais en pratique le ninjutsu lui échappait en permanence. Heureusement, il avait d'autres atouts.

Il toussota avant de se reconcentrer sur la tâche en face de lui. Cette jeune femme, avide de savoir, curieuse et promise à un brillant avenir.

Il est particulièrement visible sous cette forme, bien entendu ce n'est pas toujours le cas. Est-ce que tu as sentit quelques choses en toi ? Je réessaie, tiens toi prêt.

Kisuke réitéra plusieurs fois la technique, lentement. Inlassablement. Il augmenta aussi la puissance, pour rendre la détection d'une sensation plus facile - tout en faisant bien attention à ne rien détruire par inadvertance - car cet art ancestral Hyûga n'était pas mauvais pour faire une redécoration murale express si l'on n'y prennait pas attention. L'exercice commençait petit à petit à devenir éreintant pour le Hyûga qui dut alors s'arrêter pour reprendre sa respiration.

Il n'avait plus vingt ans ! Il haletait un petit peu, en parlant. Le souffle lui manquait.

La sensation ... que tu as sera légèrement différente... d'une personne à une autre, c'est ce qu'on appelle la signature... chakratique. En gros, une sorte d'empreintes individuelles.

Noroi faisait des efforts. Son éducation shinobi n'avait pas commencé sur les chapeau de roues, mais qu'à cela ne tienne. Le Pharmacien allait le remettre dans le droit chemin. Il posait une question intéressante, tout en remarquant que la sensation était similaire à ce qu'il connaissait.

Tout à fait. A ma connaissance, c'est impossible à modifier, il est juste possible de la dissimuler. Chaque personne à cette signature qui l'accompagne à chaque utilisation de chakra.

Kisuke fit encore quelques projections de chakra pour accompagner sa déclaration, montrant clairement et sans ambiguïté sa propre signature. Cette fois-ci, il faisait l'exercice contraire - il diminuait progressivement l'intensité pour que l'effort se fasse dans l'autre sens. Montré de manière aussi ostentatoire sa signature de chakra n'était pas conseillé à faire en territoire étranger, mais ici, à Iwa, il ne craignait rien. Il n'y avait que des alliés et des amis autour de lui. Et il n'y avait rien de telle pour cette étape-ci du processus.

Une fois que Noroi arriverait à ressentir la signature malgré une très faible intensité, Kisuke passa à la prochaine étape. La différenciation avec d'autres personnes. Pour le moment, il s'était encore concentré sur le Hyûga. Et être spécialisé dans la détection de signature de chakra de Kisuke Hyûga, et uniquement lui, n'était probablement pas une compétence utile à avoir dans la vie de tous les jours. Il était donc temps de passer à une autre cible.

Essaie de ressentir cette sensation chakratique entre différentes personnes autours de nous. Au début, tu n'arriveras peut-être pas à saisir les nuances, les subtilités. Mon conseil sera le suivant : écoute le rythme.

Les signatures de chakra correspondaient à certaines longueurs d'onde dans l'énergie spirituelle. D'où le conseil sur le rythme, c'était une simplification honnête et compréhensible par le commun des mortels du phénomènes. Evidemment, pour les Hyûgas, ce concept était aisé à comprendre puisqu'il était visuel. Les pulsations étaient reconnaissables à leur pupille. Pour le commun des mortels dénués de ces divines pupilles, l'expérience était plus compliquée à ressentir. Elle était néanmoins encore et toujours présente.

Kisuke avait un sourire bienveillant. Il était certain que Noroi arrivait très rapidement à saisir au moins l'essence du concept, même si cela demanderait certainement beaucoup de pratique par la suite.

La genin essayait avec énergie et motivation, c'était le moins qu'on pouvait dire. Néanmoins, son parcours n'étaient pas semé de réussite pour autant. Elle peinait sur des fondamentaux qu'on ne lui avait jamais appris.

N'essaie pas de la saisir. Elle est insaississable, libre de toute contrainte. Essaie de la comprendre, d'éprouver de la sympathie pour elle.

C'était la partie difficile à expliquer évidemment, car pour le Hyûga, le sentiment était particulièrement aisé à venir. Il le voyait via ses yeux divins. Les mots ne venaient donc pas facilement sur cette sensation instinctive. Pourtant il fit l'effort de décrire quelque chose d'inné du mieux qu'il pouvait. Pour autant, juste cela ne suffisait pas. Il se devait d'expliquer l'ensemble, de comment cela se passait globalement. Le mieux était donc de trouver une analogie pertinente. La musique semblait parler à la genin. Peut-être...

Oui, Kisuke allait tenter de continuer dans cette direction. Il se mit à claquer des doigts des deux mains, avec des rythmes différents de chaque main. Pourtant, le tout s'accordait ensemble de manière qui n'était pas déplaisante à écouter. Ou pas entièrement déplaisant au moins.Peut-être un petit peu cacophonique quand même. Bref.

Dans un concert, plusieurs mélodies se mélangent. Pourtant, chaque instrument produit sa propre part dans l'ensemble. C'est la meilleure métaphore pour t'expliquer comment passer d'une signature particulière - la mienne - à celles de tous les autres. Prends du recul pour sentir tout le chakra avoisinant, puis concentre-toi sur une mélodie en particulier et la signature devrait t'apparaitre plus simplement.

Kisuke cessa par contre ses claquements de doigts et ses expulsions de chakra. Il s'agissait de ne plus déconcentrer son élève du jour. Elle devait faire de son esprit un kunai acéré pour percer cette dernière barrière. Cela requérait un effort mental important. Ce qu'il pouvait faire de mieux, c'était la guider lentement. Lui donner quelques petits conseils.

Libère toi de toute contrainte matérielle, oublie tout. Ressens ce que t'entoure, écoute le concert qui s'en dégage, lentement. A ton aise. Puis focalise sur le détail d'une signature en particulier. Avec de l'expérience, cela deviendra un réflexe.

Et Kisuke le sentait, Noroi serait bientôt capable d'atteindre cette maitrise. La Kunoichi avait, sinon l'éducation formelle, l'intuition ultime derrière la maitrise de son chakra, et si elle y mettait du sien, rien ne pouvait l'arrêter. Elle serait une force certaine pour le village. Sa malédiction, bientôt, ne serait plus qu'une maitrise comme une autre.

Noroi ne commençait pas avec une base très solide de compétences. Elle compensait néanmoins par une véritable application et une grosse capacité à se concentrer. Il pouvait visuellement voir qu'elle faisait des efforts conséquents. Et à son byakugan défendant, il pouvait constater que sa réserve de chakra devenait dangereusement faible. Enfin, rien de dangereux pour sa santé (elle n'avait de toute façon pas de parasite démoniaques capable de raser un pays en elle), mais il était attentif.

Admiratif, aussi, puisqu'elle se poussait dans ses derniers retranchements, jusqu'à l'épuisement. Elle commença à choir, mais l'apothicaire veillait au grain.

Il l'attrapa dans ses bras, sans réfléchir. Puis, il se souvint qu'elle lui avait expliqué sa faculté. Ou plutôt, elle l'avait appelé une malédiction. Il haussa les épaules - pas question de la lacher. Elle était légère, alors il peut la prendre complètement dans ses deux bras, comme un jeune enfant lové dans ses bras. Faut préciser que Kisuke, depuis qu'il a entamé ses régimes au rentan en parallèle avec ses entrainements sympathiques avec Yanosa, il a pris du bon volume de muscles. Soulever une kunoichi assez maigrochonne, il n'y avait rien de plus facile. C'était à peine plus lourd qu'un sac de riz !

Puis il la regarda, souriant.

Félicitations, Noroi. Tu ne l'entends peut-être pas, là où tu es. Mais saches que je suis véritablement fier des progrès que tu fais, sachant d'où tu viens et ton parcours. Tu as mérité ton repos.

Kisuke avala quand même un antipoison à large spectre (on est jamais assez prudent), avant d'emmener délicatement Noroi dans une petite infirmerie de l'Académie. Il la coucha sur un lit et la borda soigneusement pour éviter qu'elle ne tombe, avant de lui écrire un petit mot. Des conseils, des entrainements à suivre pour parfaire sa maitrise shinobi. Puis il s'en alla, en sifflotant, ignorant presque la grosse dose de poison qu'il avait involontairement respiré. Ce n'était qu'un détail.

L'important, c'était qu'une hermite avait fait un pas vers le métier de kunoichi.