En ce lieu froid et austère, Hideko se sentait toujours mal à l’aise et ce malgré les mois qu’elle y avait passé, d’abord en patiente, maintenant en apprentie. Ces murs, ce sol… tout sentait l’hôpital, une odeur mélangeant mort et produit divers, qu’ils soient utilisés pour soigner ou pour nettoyer.
Là, elle y avait rendez-vous avec un dénommé Hanzo, envoyé à sa rencontre par Emi, mentor en Iroujutsu, afin d’y apprendre à ses côtés l’art du scalpel de chakra. Cette étape… Cette dernière étape était ce qu’il la séparait encore de son accréditation, mais quand bien même elle l’obtenait, cela ne changerait rien, car elle n’avait pas le niveau pour soigner Bakeneko. Elle était impuissante, incapable d’aider son ami.
Si faible.
Les traits tirés, toujours aussi tirés depuis ces dernières semaines et le teint pâle, Hideko faisait peine à voir, mais peu importait, tout ce qu’elle avait à faire c’était tenir. Tenir pour le sauver.

Toute vêtue de noire, comme elle en avait rarement l’habitude, elle se dirigea à travers ces couloirs si familiers jusqu’au bureau que l’on lui avait indiqué, celui de ce fameux Hanzo. Au second étage du complexe, au fond d’un couloir, à droit, elle se trouva devant cette porte et y resta béate plusieurs secondes, immobile. Puis, quand elle sentit un regard venir de l’autre côté du couloir – probablement quelqu’un qui se demandait ce qu’elle faisait là – elle se décida à toquer, puis sans attendre de répondre, pousser cette porte.

« Docteur Hanzo » ?

Spoiler:

« Quel connard… » Murmura-t-elle du bout des lèvres, de sorte à ce que ce soit inaudible pour Hanzo.

Voilà une première rencontre qui commençait mal, très mal. Souhaiter ses services ? Elle n’avait jamais souhaité ses services, on l’avait aiguillé vers lui car on Emi disait que ce serait un bon enseignant pour elle.

« Le respect est mutuel et si vous attendez de moi que j’attende sagement dehors, alors vous pouvez attendre longtemps. »

Son revers fut irréfléchi, instantané, comme s’il s’agissait là d’un réflexe protecteur ; comme elle le faisait toujours. Pourtant, elle était parvenue à se contenir, d’une certaine manière, à ne pas l’insulter ni l’envoyer balader. Petite victoire qui avait le mérite d’exister. S’il s’agissait d’un autre jour, peut-être aurait-elle fait l’effort de ravaler sa fierté, de sortir et de toquer ; de courber l’échine, mais aujourd’hui, elle n’en avait aucune envie, aucune envie d’en faire, aucune envie d’être ici. Les raisons qui l’avaient poussé à écouter Emi étaient simples : le respect, la confiance, la nécessité. Le respect qu’elle éprouvait pour elle et la confiance qu’elle avait su gagner, ainsi que la nécessité d’apprendre la technique du scalpel de chakra pour devenir un Eisenin accompli, bien que débutante et apprentie pendant encore de nombreuses années, à n’en pas douter.

Ses yeux auscultèrent cet homme qui l’avait ainsi envoyé baladée. Âgé d’une trentaine d’année, de beaux cheveux blonds ainsi que de yeux bleus… Voilà qui devait plaire aux femmes et aux infirmières, voilà qui représentait tout ce qui rebutait Hideko. Un homme beau et conscient de se fait. Un homme talentueux et conscient de se fait. Un homme, donc, puant, méprisant, prétentieux, car tout lui réussissait ; la chance qui lui avait sourit l’avait aveuglé, jusqu’à en oublier qu’un jour cette chance si précieuse pouvait s’évanouir et tout ce qu’il possédait, tout ce qu’il était avec.
Malgré ses réticences, elle devait réussir à le convaincre, ne serait-ce que par respect pour Emi. Aussi, après quelques secondes de réflexion, elle renchérit.

« Par contre, si vous attendez de moi une élève studieuse et sérieuse, qui saura apprendre et progressé, alors vous n’aurez pas à attendre. »

La testait-il ? Voulait-il voir comment elle allait réagir ? Si tel était le cas, alors le sort en fut jeté.

Mais cela ne lui suffit pas. Non, il fallut qu’il la teste de nouveau, il fallut qu’il lui demande pourquoi. Pourquoi justement, pourquoi avaient-ils tous besoin de comprendre ? Ne pouvaient-ils donc pas juste se taire et rendre ce foutu service à Emi ? Non, évidemment que non et voilà qu’elle devait maintenant expliquer pourquoi l’iroujutsu, pourquoi elle désirait tant apprendre à maîtriser cet art si complexe, si puissant.

« Pour sauver un ami. »

Il n’aurait rien de plus, car c’était déjà bien trop. Vint ensuite une autre question, une question basique, insultante presque, car elle faisait là appel à des notions élémentaires, des notions qu’elle avait apprise sur les bancs de l’académie et dans les livres, lorsqu’elle n’en était encore qu’à la partie théorique. Aussi, elle ne prit même pas la peine de prendre la feuille et répondit nonchalamment.

« Soin moyen, libération, hyperforce, extraction de poison, scapel de chakra. »

Maîtrisant déjà une partie d’entre eux. Il n’était plus qu’une question de temps avant qu’elle ne les maîtrise tous totalement.

Et ainsi se poursuivirent les question, certaines dont elle avait la réponse, d’autre qui lui échappaient.

« Non. »

Phimosis… cela lui disait quelque chose, mais aussi loin qu’elle remontait dans ses souvenirs, elle n’arrivait pas à identifier quoi.

« De la hanche au genoux, elle naît de l’iliaque externe et devient l’artère poplitée. »

Une question d’anatomie, basique, simple.

« Un défaut de croissance de la partie interne du tibia au niveau de son extrémité supérieure. »

Maladie courante chez les enfants, la majeure partie du temps, un simple traitement orthopédique suffisait. Dans le cas contraire, l’opération était nécessaire, au risque de déclencher une arthrite dégénérative précoce… et nombres d’enfants, nombres d’adultes en souffraient, car nombreux étaient ceux qui ne pouvaient se permettre de payer de tels soins, ou avaient accès à des soins shinobis, les seuls capables de traiter une telle maladie, comme beaucoup d’autres.

« Le scalpel de chakra. » Répondit-elle avec une assurance presque insolente.

Cela allait-il lui suffire ? Les questions allaient-elles cesser ?
Une technique qu’aucun Eisenin ne devait utiliser sur le champ de bataille… ridicule. Face à la mort, tous les moyens étaient bon pour survivre, ne serait-ce qu’une jour de plus.
Il n’y avait pas de place pour la déontologie, pas de place pour la pitié, elle le savait bien, elle qui n’en avait reçu aucune. Elle qui, parce qu’elle était trop faible pour combattre, trop faible pour se défendre, avait failli mourir et abandonné sa sœur à un plus tragique sort encore.

Ainsi elle le regarda avec insistance, impatiente, prête à répondre à toutes les questions s’il le fallait, mais pas sans protestation, car tout cela était parfaitement inutile. Elle était prête, prête à faire ce qu’il fallait faire pour apprendre, prête à terminer son apprentissage pour devenir Eisenin. C’était là la dernière pierre, la dernière étape, l’ultime défi et elle le réussirait, comme tous les autres auparavant.

Hanzo était un homme étrange, qui se donnait un air sévère, mais qui semblait aussi s’en excuser par la même occasion. Il garda le même air sévère, hochant la tête, sans aucune expression, avec pour seule « approbation » une simple vibration de la gorge, puis interpréta ensuite la manière dont elle le percevait, alors que bien qu’elle l’eût trouvé étrange, elle ne le trouva point ridicule. Tout au plus excentrique. Surtout, profondément attaché à la déontologie du médecin, celui qui prévalait la vie avant tout, pour lequel, en aucun cas, un médecin ne devait la mort.
Bien que Hideko n’eût pas emprunté ce chemin pour tuer, blesser ou torturer, elle n’avait pas n’hésiterait pas non plus si la situation le demandait. Ni toute blanche, ni toute noire.
Sur ses ordres, elle lui emboîta le pas, sortant de son bureau pour s’engager dans les couloirs du complexe. Son regard, insistant, sur sa personne, ne l’étonna guère, mais ne lui plu guère non plus. Faisait-il parti de ses hommes qui se croyait tout permis ? A vous dévorer du regard comme si vous étiez une vulgaire morceau de chair ? Elle espérait que non, mais quand bien même il le serait, elle n’avait qu’à être patiente. Être patiente et acquérir les connaissances qu’il avait en sa possession, avant de partir et de ne plus jamais le revoir.

Alors qu’elle venait tout juste de sortir du bureau, elle vit plusieurs infirmières discuter au bout du couloir, jeter un œil à Hanzo et s’en aller aussitôt, comme si elles s’attendaient à une mauvaise nouvelle s’il s’approchait trop près d’elle.
Avait-il mauvaise réputation ?
Pourtant, Emi l’avait directement envoyé vers lui et si c’était le cas, alors cela prouvait que Hanzo était un bon médecin, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu’il était une mauvaise personne.

Les bras le long du corps, les poings serrés, légèrement anxieuse, elle le suivit à travers le dédale de couloir et l’écouta blablater à propos de nouveaux tests – encore des tests – qu’il devait lui faire subir avant de lui enseigner l’art du scalpel de chakra. Pour sûr, Hanzo aimait voir à qui il avait à faire : jamais encore elle n’avait passé autant d’examen auprès d’Emi ou de Mori.
Après quelques secondes de marche, ils arrivèrent jusqu’à une salle d’étude, composée de table de travail ainsi que de matériel divers servant à faire des analyses ou des expériences. Un matériel à la pointe de la technologie et que l’on trouvait probablement nulle part ailleurs à Kaminari. Au coin, à droite, se trouvait des cages. Dans chaque cage se trouvait de petits animaux : souris, crapauds et autres sujets qui devaient leur servir à faire des tests, ici dans cette salle dont elle n’avait, malgré ses études, jamais eu la connaissance.
Là, Hanzo se saisit d’un crapaud, puis soudainement, forma un scalpel de chakra et lui entailla la cuisse.
Hideko eût un air de dégoût pour la blessure infligé à cet animal, un être qui n’avait rien demander, si ce n’était à ce qu’on le laisse tranquille, puis elle comprit : un nouveau test ; sauver cet animal ou partir.

Il lui tendit le crapaud, qu’elle prit entre ses mains, puis lui somma de le soigner, sans quoi il ne lui apprendrait rien, le répétant plusieurs fois, comme pour la presser et observer sa réaction.
Son air dégoût s’effaça, laissant place à une certaine sévérité. Sans un mot, Hideko alla jusqu’à une table et y posa le crapaud. Un coup d’œil à gauche, du matériel en tout genre – fioles, flacons, Erlenmeyer – puis à droite et y trouva là son bonheur : une petite boîte dans laquelle elle y plaça le crapaud, avant de la refermer. La petite bête ainsi bloquée, sa pâte arrière gauche sanguinolente, se débattu, paniquée. Elle tenta de sauter, se heurtant au sommet de la boîte, puis en fit le tour, hésitante.
D’une courte série de signe, Hideko concentra son chakra dans sa main gauche, puis elle ôta le couvercle de sa main droite, se saisit du crapaud qu’elle sortit, posa sur la table et commença à le soigner. Alors et seulement alors, elle sortit de son mutisme.

« Emi m’a apprise à soigner et guérir, d’abord avec de petits animaux, jusqu’à des patients bien vivants. » Dit-elle avec froideur. « Je passerai tout vos tests avec le même succès. »

Allait-elle trop loin ? Se montrait-elle trop arrogante ? Peut-être, mais si instinct lui disait vrai, alors il lui fallait montrer à cet homme de quel bois elle était fait.

« J’ai les connaissances, j’ai les compétences, il ne manque plus qu’un professeur et Emi m’a dit que vous étiez le meilleur dans votre genre. »

Légère déformation de la vérité puisque s’il était vrai que Hanzo était un bon médecin, jamais Emi ne lui avait dit qu’il était le meilleur, mais peu importait.

Regagnant son silence caractéristique, Hideko soigna la pauvre bête jusqu’à ce qu’elle est retrouvé sa jambe, puis elle la prit, sans délicatesse il fallait bien l’avouer et la ramena à sa cage.

« Et vous n’avez pas besoin de mutiler des animaux pour en avoir le cœur net. » Lui dit-elle, tout en le regardant dans le blanc des yeux, sans sourciller.

Pourtant, au fond d’elle-même, Hideko doutait. Elle craignait d’aller trop loin, doutait d’être à la hauteur des exigences de cet homme et surtout, doutait de pouvoir réussir tous les tests qu’il lui ferait passer, surtout s’ils gagnaient en intensité, en complexité. Des tests… Mori aussi lui en avait fait passé. Elle l’avait poussée à bout, elle l’avait forcée à l’erreur. Hanzo pensait certainement de la même manière, tout comme bon nombre d’Eisenin et avec le recul, elle comprenait pourquoi. Pourquoi il la testait, pourquoi il voulait savoir à qui il enseignait, mais tout cela n’était qu’une perte de temps, car du temps, elle n’en avait plus.

résumons nous:

Soudain, alors qu’elle replaça la petite créature dans sa cage, elle sentit son esprit vagabonder en eaux troubles… dans un passé révolu. De la terre humide, des hautes herbes, des cailloux lacérant ses chairs et ses bruits de chevaux, ses cris de ses assaillants qui la recherchaient avec amusement, tandis qu’elle essayait de fuir, de survivre, obnubilée par cette idée, quitte à en oublier que sa famille venait de faire tuer, que ses parents étaient morts, à jamais et sa petite sœur disparue.
Son cœur se mit à battre à tout rompre, ses mains à devenir moites, tandis qu’une goutte de sueur perla sur son front. Pourtant, elle parvint à garder sa contenance, alors qu’elle revivait cette scène traumatisante. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Ce n’était pas normal. Non, car jamais jusqu’alors elle n’avait ainsi revécu ce souvenir, en plein jour, ainsi, sans aucune raison.
Malgré cela, elle l’écouta, elle l’écouta sans broncher, mais avec bien plus de retenue, bien plus de recul, trop concentrée à se contrôler, à tenter de garder un semblant de contrôle. Hanzo semblait agacé par son attitude, rien de bien étonnant à cela. Ses paroles se firent plus sèches, plus dures, mais peu importait, car elle avait passé ce test et ainsi il lui proposa un nouvel exercice, qui la rapprochait toujours plus de ce qu’elle recherchait.

Il lui expliqua comment, à partir de la technique de soin élémentaire, modifier la forme de son chakra pour lui donner celle d’un scalpel, bien que ce dernier ne coupât pas. Première réelle étape vers la maîtrise de cette technique, Hideko n’eût cependant pas le luxe de s’en satisfaire, tant son état empirait petit à petit, ses souvenirs la replongeaient toujours plus sur ce pré.
Soudain, elle comprit… elle comprit que c’était là un nouveau test, car cet homme, cet homme portait le nom de Yamanaka et en ce sens, devait maîtriser les arcanes de l’esprit humain, mais ce test, pervers, violent, était sans pareil avec tout ce qu’il lui avait fait subir jusqu’à maintenant. Aussi, Hideko leva les deux mains devant elle et d’une voix claire y mit fin.

« Kaï. »

Et le souvenir disparu, bien que le malaise lui, resta bel et bien présent, son corps tout comme son esprit encore marqué par ce qu’il venait de se passer.
Elle resta là, immobile et fixa Hanzo, plusieurs secondes durant dans un silence de marbre, l’air sévère, puis elle s’exprima, avec une telle froideur qu’il n’était plus question de respect ou de rang ici.

« Ne refaites plus jamais ça. Ne manipulez plus jamais mon esprit. »

Menace aucunement voilée, Hideko prit quelques secondes pour tenter de se calmer, de reprendre son souffle, sans détourner les yeux un seul instant de Hanzo.

Sa colère n’eût d’égal que son envie d’en finir au plus vite. Aussi, Hideko se rencontra sur l’essentiel et commença à s’entraîner, à essayer de manipuler son chakra, de former ce scalpel imparfait.
Tout d’abord, elle fit un mudra, puis plaça devant elle sa main droite qui se drapa d’un voile bleuté, la technique de soin basique dont il avait parlé, puis elle essaya de contrôler son flux chakra de le faire circuler dans un seul et même sens, beaucoup plus rapidement et surtout, de manière plus aplatit, comme un disque, afin que le bord devienne coupant, mais l’exercice n’était pas simple.
Un tel contrôle du chakra n’était pas un exercice aisé, bien qu’elle maîtrisât toutes les techniques de l’Iroujutsu, à l’excepté de ce scalpel. Technique d’extraction des poisons, hyperforce, technique de soin, chacun avec sa particularité, chacun sa manière précise de contrôler le chakra. Aussi, elle tenta de se concentrer, dans un premier temps, sur la rotation du chakra et l’on pu observer sur sa main le voile tourner, d’abord lentement, puis ensuite de plus en plus vite, puis s’aplatir, lentement et soudain, exploser.
Le voile disparut et Hideko recommença, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle ne parvienne à imiter quelque peu la forme que venait de lui montrer Hanzo, celle d’un disque un peu allongé, qui ne coupait pas, mais qui se rapprochait de la technique du scalpel.

« Et maintenant ? Que dois-je faire ? »

Cet homme était si arrogant, si détestable, qu’elle ne sut, à cet instant où il l’a traita de petite fille, si elle ne pourrait bien longtemps encore résister à cette formation qui s’apparentait plus à une séance de torture, au fur et à mesure que le temps passait. Pour sûr, Hanzo pouvait être un bon Eisenin, mais humainement, c’était un minable.
Deux caractères incompatibles, deux personnalités que tout opposait.
Aussi, elle se contenta tant bien que mal de fermer son esprit, de se concentrer sur l’unique chose qui comptait : maîtriser le scalpel de chakra, pour ensuite s’en aller et ne plus jamais le revoir, mais une chose était sûr : elle ne l’oublierait pas, ni lui, ni ce jour.

Hanzo corrigea la position de ses doigts, erreur qui, lorsqu’elle réessaya par la suite, rendit l’exercice plus simple, son chakra plus facile à contrôler.
Un simple détail qui avait toute son importance.
Suivant ses indications, Hideko créa deux cubes en fer, les posant là, sur l’établi devant elle, puis observa le visage fermé qu’il ne lui eut montré là où il voulait en venir, mais à nouveau, il ne put s’empêcher une nouvelle tirade, de déblatérer son discours dégoulinant, mais qui fut de courte durée, puisqu’il continua sur ses explications, heureusement plus intéressantes que ses critiques.

Hideko se mit donc à la tâche et s’essaya aux différentes formes que venait de lui enseigner Hanzo. Main fermement tendue, tous doigts tendus, puis l’auriculaire replié, l’annulaire. La lame, instable dans un premier temps, devint plus fine, presque coupante, car elle ne maîtrisait pas encore assez finement son chakra pour réaliser un véritable scalpel, une lame réellement coupante.
Ainsi, elle s’essaya aux différentes formes, pris le temps, à chaque fois, d’essayer de les contrôler, d’affiner la lame pour la rendre coupante, même si en l’état, avec si peu de pratique, elles ne l’étaient pas, mais l’idée y était, le concept acquis, ne manquait ainsi plus que la pratique.
Aussi, Hideko prit soin de montrer méticuleusement qu’elle avait saisi toutes les nuances des explications de Hanzo, s’épargnant de fait de nouvelles remarques et pour surtout, l’espérait-elle, mettre fin à cet apprentissage.
Une fois fait, elle regarda Hanzo, puis attendit son verdict, sans un mot.

Un verdict qui ne se fit pas attendre longtemps : Hanzo la félicita pour ses progrès, puis lui donna un conseil qu’elle intégra avec attention.

Cet homme était un paradoxe : détestable en tant qu’humain, il était évident qu’il s’agissait d’un Eisenin efficace, mais comment se comportait-il face aux patients ? Arborait-il la même arrogance ? Prétentieux, voir même puant à certains moments ? Pour sûr, cela devait en déstabiliser bon nombre, car il profitait ainsi de sa position de supériorité que lui conférait de fait ses connaissances. Un savoir inaccessible au plus grand nombre, ce qui faisait de lui, mais aussi Hideko, une élite en soi, mais n’était-ce pas là l’une des conséquences du savoir ?
Hideko, jusqu’à aujourd’hui, n’avait pas eu besoin de cautériser une plaie dans la précipitation du champ de bataille. Si cela avait été le cas, elle aurait naturellement usé de son Katon, brûlant légèrement les chairs afin de les cautériser et non pas du scalpel de chakra comme Hanzo le conseillait. Cela fonctionnait-il vraiment ?

Les explication terminés, Hanzo recommença à parler du regard qu’elle portait sur lui, alors même que pas une seule fois elle n’avait émis de jugement. Aussi, bien qu’au fond elle pensait effectivement de lui qu’il était détestable, elle resta stoïque, ne réagissant aucunement à ses accusations. Était-elle si lisible qu’il ressentait à ce point le dégoût qu’elle éprouvait pour lui ? Ou était-ce grâce à ce qu’il avait pu lire et ressentir en parcourant son esprit ?
Plus encore que ces questions qui resteraient sans réponses, quel intérêt y avait-il à rabâcher ces accusations si ce n’était faire durer encore plus un moment déjà pénible ? Tous deux étaient diamétralement opposés, deux êtres partageant la même capacité à sauver des vies, mais que tout le reste opposait.
La discussion revint cependant sur le cœur du sujet et à nouveau, elle mémorisa le conseil pertinent qu’il lui donna : s’entraîner sur une surface dure pour son scalpel de chakra, puis passer petit à petit sur des surfaces plus fines, plus molles, s’approchant au plus près des chairs.

Contre toute attente, il conclut cet apprentissage par une porte ouverte, signe que malgré tous ses défauts – dont il semblait parfaitement aveugle – il restait un homme accessible, si l’on pouvait le qualifier ainsi.

« Je n’ai pas de questions. »

Les questions viendraient naturellement avec l’entraînement, les essais, les échecs, mais lui demander de l’aider serait une faiblesse, un revers qu’elle n’accepterait qu’en dernier secours.

Hideko vint se placer à un mètre de Hanzo, face à lui, ses yeux pourpres plongés dans les siens. Elle le fixa sans haine ni plaisir, d’un regard assuré, puis s’inclina légèrement.

« Je vous remercie pour votre enseignement. Je m’appliquerai à maîtriser le scalpel de chakra. »

Puis, sur ces politesses, seul cadeau qu’elle acceptait de lui faire, elle se retourna, puis s’en alla, satisfaite d’avoir acquis la dernière pièce qui lui manquait, quoi qu’aussi frustrée que ce fut aussi pénible.