Ordre de mission:

Alchimie des dunes

Yosuzume avait reçu un ordre de mission la veille et cela provenait de la Han’El, une unité scientifique de la Brume. C’était la seconde fois que cette US faisait appel à la kunoichi et pourtant, ce n’est pas celle-ci qui l’intéressait le plus. En effet, Yosu se voyait surtout dans la Kenpei, afin de suivre les pas de sa mère biologique qui était une ancienne Jônin et Sergente de la Kenpei. Difficile de progresser aussi bien qu’elle, or, la brune fera de son mieux pour y parvenir. Cela dit, elle devait tout de même se concentrer sur sa mission et de s’y focaliser pour satisfaire la demande de cette Unité. Par chance, la mission se déroulera quand le quartier Yasei, zone du village où la Kuro Washi vit actuellement depuis peu et surtout pour surveiller des enfants d’un orphelinat. Ainsi, elle n’aura pas trop loin pour s’y rendre et elle connaissait tout de même les lieux à force de le survoler. Cependant, la Chûnin ne connaissait pas la plupart des habitants de ce quartier et cela lui donnera la possibilité de faire connaissance avec les esprits scientifiques de son clan. Pour la prêtresse, elle était un peu perdue quand il s’agit de connaissance scientifique pure et médecine trop élaborer. Mais, elle avait un peu de connaissance dans certaines herbes médicales. En tant que Miko no Tengu, elle se doit tout de même d’avoir quelques connaissances un peu partout, en dehors de ses préférences. Loin tout de même, de renseigner qui ce soit dans la médecine ou domaines de la science.

Pour faire bonne figure et surtout donner une bonne image de son clan, Yosuzume se trouve à l’entrée du domaine Yasei, en bas des escaliers, en train d’attendre sa partenaire de mission. Gozan Arukisa, la brune en avait déjà entendu parler, mais elle a peu d’informations sur cette personne. En tout cas, elle jouissait d’une bonne réputation à dernière nouvelle. Du coup, ça faisait du bien de faire une mission avec quelqu’un comme elle. En plus de cela, elle est capitaine au sein de la Kenpei et du coup, il fallait qu’elle fasse ses preuves, mais tout en restant naturel. Il fallait lui donner l’image honnête d’elle, en pleine mission et dans la vie de tous les jours. Peut-être que si elle se rapproche amicalement de cette Gozan, ça pourrait jouer en sa faveur le jour où elle postulera en tant que soldate de la Kenpei. Il ne fallait pas la décevoir et faire le boulot proprement. Par esprit professionnel, la kunoichi avait pu, la veille après reçu l’ordre de mission, cherché des personnes adeptes de soin et autres liés à l’aspect médical de plantes et autres. Elle n’a pas obtenu beaucoup de noms, car la plupart étaient bien occupés avec leur boulot ou leur famille. Yosu aime bien faire des missions, car ça lui permet d’être actif au sein de la Grande Brume et d’agrandir son dossier pour entrer dans la Kenpei. Mais également, découvrir de nouvelles personnes comme Namue avec qui elle a des sentiments et Misaki, une kunoichi avec qui elle souhaite être amie. Ce sont deux excellentes kunoichis, gentille, intelligente et coopérative. Du coup, elle espérait que sa partenaire d’aujourd’hui, le sera tout autant afin de passer une agréable journée et mission, en sa compagnie.

Cela dit, le clan Yasei est encore récent et la demande de l’Han’El est plutôt particulière. Du coup, il va falloir utiliser les bons mots et la bonne approche pour leur demander de l’aide. Leur savoir médical est transmis au sein du clan depuis des générations et il n’a jamais quitté le cercle de la famille. En même temps, cela leur a permis de survivre dans les dunes de Kaze, face à certaines maladies. Certains Yasei ne sont pas tous fait pour vivre dans un tel climat, comme certains animaux aquatiques, félins ou reptiles. C’était tout de même intéressant de connaitre leur secret là-dessus et elle fera pour aider si nécessaire, Arukisa pour obtenir des informations et leur savoir. En revanche, elle n’est pas née pour être une scientifique donc il y a des chances que si ça devient trop compliqué, la Inuwashi soit perdue. D’ailleurs, la patience a bien servi, car elle voit une silhouette qui lui est inconnue, c’était sans doute sa partenaire. Les yeux dorés de la kunoichi fixent la nouvelle arrivante et se tiennent correctement. « Bonjour, madame. Êtes-vous Gozan Arukisa, Jônin et Capitaine de la Kenpei ? » Demande-t-elle à la faucheuse. « Je suis Yasei Yosuzume, je serais celle qui vous secondera durant toute cette mission et qui vous servira de guide au sein du domaine Yasei, si vous ne connaissez pas encore les lieux. » Dit-elle avec un air sérieux.

@Gozan Arukisa

Parmi les qualités d’Arukisa, il y en avait une dont elle pouvait se targuer sans rougir, c’était sa fidélité en amitié. Si sa relation avec Aditya, désormais dirigeant de l’Han’en ne pouvait être qualifié d’être réellement amicale, elle était au moins portée par un respect mutuel indiscutable. Ainsi, afin d’honorer leur entente et apporter son soutien à l'œuvre d’une vie, la Rose s’était engagée à effectuer une mission pour le compte de la nouvelle unité médicale. Un service qui remplissait plusieurs cases des objectifs de la kunoichi. En plus d’une action permettant de dynamiser le lancement de l’Han’en, cela lui permettait également de renforcer ses liens avec le peuple Yasei. En effet, sa tâche consistait à échanger avec les arrivants de Kaze afin d’en apprendre plus sur leurs coutumes médicales. Une enquête visant à ouvrir un peu plus les connaissances kirijines sur les pratiques continentales, notamment celle des zones désertiques. Cette recherche du savoir correspondait totalement aux aspirations actuelles de la jônin. Son attrait récent pour le rentanjutsu nécessitait d’explorer divers domaines de la médecine et cette expérience ne lui serait que bénéfique.
De plus, Arukisa passerait du temps en compagnie d’un peuple pour lequel elle s’était prise d’affection. Depuis plusieurs mois désormais elle avait pu faire connaissance avec plusieurs individus issus de cette lignée. Gine, Ketsumei ou encore la plus renommée d’entre eux : Reikan. L’inspirante matriarche de ce clan opprimé était comme un modèle pour la jeune gladiatrice. Sa force de caractère, son charisme tout autant que sa prestance illuminaient les pupilles sombres de la capitaine de la Kenpei à chaque rencontre avec elle. L’aider pour que sa famille se sente encore plus intégrée au village était une évidence pour elle.

En somme, cette mission était du pain béni pour la Rose.

C’est donc la mine réjouie et d’un pas sautillant que la capitaine de la Kenpei se rendit au quartier Yasei. Ce bijou d’architecture créé par l’esprit bienveillant de la Tigresse blanche était un havre de plénitude dans la cité portuaire. Sa modernité se mélangeait de façon harmonieuse avec la végétation environnante. Mikazuki attachée dans son dos, Arukisa s’arrêta auprès de son équipière du jour. Une Yasei dont elle n’avait jamais entendu parler mais dont la politesse lui fit déjà bonne impression. La jônin était de nature amicale et n’hésitait pas à briser la glace avec une nouvelle rencontre mais elle appréciait tout de même qu’on respecte la hiérarchie. Néanmoins, elle ne s'attendait pas à ce qu'elle évoque tout son pedigree.

- En personne ! Répondit-elle avec un large sourire, un peu gênée. Enchanté Yosuzume ! Je suis ravie d’avoir une Yasei avec moi pour cette mission, ça nous facilitera les discussions. Dit-elle accompagnée d’un clin d'œil. Je ne suis certainement pas aussi à l’aise que toi dans le quartier mais j’ai eu la chance d’avoir une visite privée par Reikan. Disons que si tu essaies de m'abandonner, je ne devrais pas me perdre. Ajouta-t-elle en plaisantant. Allez, commençons. Finit-elle en lui indiquant le chemin de la main.

L’entrée du domaine Yasei était constituée d’une montée de marches au milieu d’une forêt luxuriante. Un passage obligatoire afin de s’imprégner de l’atmosphère bestiale qui attendait chaque individu qui franchissait l’arche qui mène à Juseimon. Les odeurs florales qui se dégageaient de la végétation rappelaient à la Rose ses escapades sur l’île d’Ue.

- As-tu déjà côtoyé les Yasei de Kaze ? Il parait qu’ils sont craintifs. Mais je suis sûre qu’avec toi ils seront plus en confiance. Si on obtient des informations, ce sera une bonne piste pour les recherches de l’Han’en.

A mesure qu’Arukisa progressait, son échange avec Yosuzume continuait. La Yasei semblait fortement impliquée dans la vie sociale de sa communauté. Ses liens avec différentes parties du clan étaient une aubaine pour leur mission. Son histoire personnelle se rapprochait de celle de beaucoup de ses confrères orphelins de la guerre perpétuel entre shinobis. La Rose ne put s’empêcher de faire la moue en repensant à ses propres démons causés par ce même fléau. En quelques secondes, son acolyte lui avait fourni de nombreuses informations mais l’un d’entre elles retint particulièrement son attention.

- Une Prêtresse ? C’est une particularité Yasei ? Je n’ai jamais entendu parler de ce culte. Demanda-t-il avec curiosité.

La gladiatrice avait connaissance de certaines branches qui formaient l’arbre clanique des Yasei. Or, elle n’était pas au courant de tous les us et coutumes qui fondaient le patrimoine de ces êtres hybrides.

- Absolument pas. Répondit-elle à sa première question. Je pensais me tourner vers n’importe quel Yasei de Kaze et me laisser guider par ses connaissances. Je n’en connais aucun personnellement. A moins que tu aies une piste ? C’est toi la mieux placée.

La Rose faisait preuve d’honnêteté en admettant ne pas avoir de plan précis pour atteindre son but. Cela serait sa première rencontre avec eux, autant ne pas se mettre la pression et jauger la situation sur place. D’autant plus qu’elle espérait que la présence de son équipière soit utile à cet instant précis. Il fallait créer le lien.

Arukisa émit un gloussement à peine audible quand elle entendit Yosuzume la questionner sur la Kenpei. Depuis sa nomination, plusieurs jeunes pousses l’avaient interrogée sur l’unité spéciale. Si la combattante était désormais une gradée de la police kirijine, elle le devait avant tout à son travail et à son expérience. Bien que talentueuse, ce n’était pas suffisant pour intégrer le service. Et c’était le message qu’elle souhaitait faire passer à toutes les potentielles recrues.

- Non cela ne me gêne pas, tu aurais tort de t’en priver. Le meilleur conseil que je puisse te donner pour atteindre ton objectif c’est de commencer à te rendre au commissariat pour te renseigner s’il n’y a pas des services que tu peux rendre. Régulièrement il y a des missions qui ne nécessitent pas d’être soldat mais qui rendent un grand service à l’unité. Poursuivit-elle en insistant sur ses derniers mots. Si on voit que tu es motivée, il n’y a aucune raison pour que tu ne puisses pas obtenir ton badge. Dit-elle en levant le pouce pour valider ses propos.

Cette courte discussion les menèrent à la place principale de Juisemon. Un mélange de culture édifiant émanait de cet endroit. On pouvait le constater autant par le style architectural des différentes maisons familiales que par les transformations partielles et incontrôlées parfois des enfants qui jouaient entre eux. Une analyse rapide de la situation permit de trouver un bâtiment qui semblait être affilié aux Yasei de Kaze. Une devanture comportant diverses décorations liées au désert indiquait la marche à suivre pour le duo. La Rose n’était pas une habituée du quartier, et même si elle ne sentait aucune hostilité chez les curieux qui l’observaient, elle attirait visiblement l’attention. Au contraire, elle ressentait un peu de crainte dans quelques regards. Assurément de longues années de souffrance qui mettaient du temps à guérir.

- J’imagine que c’est là-bas ? Dit-elle en montrant le bâtiment. La mission conseille de trouver des membres de la branche des reptiles ou animaux aquatiques. Tu ferais mieux d’entamer les discussions, je vais rester discrète pour le moment.

L’apparence juvénile et fluette de la kunoichi ne la rendait que très peu menaçante mais elle préférait prendre ses précautions.

Pendant que Yosuzume s’entretenait avec son informatrice, la Rose resta en retrait, silencieuse. Une oreille tendue pour écouter la conversation, elle contempla l’intérieur de la bâtisse. Des gravures représentant la beauté des paysages désertiques pouvaient être observées sur les murs. Les interstices qui servaient d’ouverture vers l’extérieur adoptaient des courbures raffinées rappelant le style de l’architecture kazejine. Le travail des Yasei était remarquable, leur multiculturalité apportait une touche artistique appréciable à chacune de leur construction.

Visiblement, le dénommé Hiroharu semblait la meilleure piste malgré son excentricité. Le briefing de Yosuzume fut le bienvenu, même si Arukisa savait plutôt bien sociabiliser avec les gens un peu…bizarre. Étant elle-même parfois étrange. Souvent, il ne fallait pas les traiter différemment, personne n’apprécie qu’on le pointe du doigt. Pour un laborantin, cela n’avait rien de très anormal d’apprécier la solitude.

- Un scientifique solitaire ? Pas de soucis, je vais m’en charger. Dit-elle avec aplomb.

La gladiatrice trouva un certain amusement à ce défi. D’ailleurs, durant sa courte existence elle avait souvent eu à faire à des scientifiques. Certains étaient plus fous que d’autres mais la plupart étaient ingénieux et demandaient à être plus écoutés. Arukisa n’était pas une mordue de science, cela demandait bien trop de concentration pour elle, mais elle reconnaissait la valeur inestimable de cette discipline.

Prestement, le duo arriva dans le bâtiment qui servait de labo à Hiroharu. La porte était entrouverte et à l’intérieur on pouvait entendre un bruit métallique, comme si quelqu’un frappait deux bouts de fer ensemble. La Rose poussa doucement la porte et dévoila un homme, de dos, affublé d’une longue blouse blanche liée à son activité. Dans sa main il tenait un marteau qu’il s’apprêtait à utiliser pour fracasser une pierre étrange. Dès lors qu’il eut entendu le grincement de leur entrée, il se retourna, affichant deux yeux reptiliens globuleux. Surprise, la jônin eut un léger mouvement de recul, ne s’attendant vraiment pas à le voir sous cette apparence. Rapidement, l’homme retrouva son aspect total humain.

- Vous devez être une enfant pour être effrayée par si peu…

Arukisa porta sa main à sa bouche et fit mine de toussoter pour ravaler sa gêne.

- Je ne m’y attendais pas, je ne suis pas une Yasei.

Bousculée, la jônin décida de briser la glace immédiatement pour ne pas se laisser marcher dessus et montrer patte blanche.

- Si vous êtes perdues je peux vous montrer la sortie. Dit-il en pointant du doigt l’entrée. De toute évidence, il n’aimait pas être dérangé, comme l’avait mentionnée Yosuzume.
- Laissez-moi me présenter. Je m’appelle Gozan Arukisa, jônin de la Brume et Capitaine de la Kenpei. La Rose n’aimait pas jouer de son grade mais peut-être serait-il plus coopératif. C’est l’Han’en qui nous envoie, la nouvelle unité de recherche médicale. Elle aimerait en apprendre plus sur les connaissances des Yasei de Kaze en ce qui concerne la médecine. Je suis certaine que vous pouvez nous renseigner. Dit-elle en observant son laboratoire.

L’intérieur de la pièce était parsemée d’étagères remplies de bibelots et objets pour certains inconnues de la kunoichi. Des fioles vides, d’autres contenants des substances aux couleurs éblouissantes, des plantes séchées, du sable, etc. Un kit complet de chercheur se tenait autour d’elles.

Yosuzume semblait l’avoir convaincu d’au moins coopérer. Ses arguments mettaient le laborantin face à la réalité. Même si la bienséance voulait qu’on ne leur rappelle pas chaque jour, les Yasei de Kaze avaient une dette envers Kiri. Et si le village se voulait grand seigneur en ne demandant rien, leur implication dans les activités de la Brume restait au moins le minimum. Arukisa n’aimait pas vraiment ce procédé qui pourrait avoir comme conséquence de mettre mal à l’aise leur interlocuteur. Il est difficile de se sentir épanoui dans un milieu quand un passé tumultueux refait sans cesse surface. Elle n’était pas prête à sacrifier le travail d’intégration de Reikan pour une simple mission. Ainsi, elle leva la paume de sa main vers Yosuzume pour l’inviter à modérer ses propos. Les shinobis n’avaient pas des heures pour exécuter leur tâche mais il ne fallait pas confondre vitesse et précipitation.

Cependant, le scientifique courba l’échine devant cette demande à la condition que ce soit la Rose qui arrive à le convaincre pleinement. Arukisa devait tenter de prouver qu’elle était digne de confiance, à l’image de ses semblables humains. On ressentait le peu d’estime qu’il avait pour les étrangers, si bien qu’il se mit à tutoyer la jônin sans gêne. Cette situation reflétait tristement la méfiance qui liait les nouveaux Yasei et certains civils kirijins.

- Je vais plutôt commencer par te convaincre. Lança-t-elle avec un regard confiant. Je connais personnellement le directeur de l’Han’en. J'ai…malheureusement été l’objet d’une de ses expériences. Dit-elle en retirant sa botte afin de lui montrer sa prothèse en bois. C’est un homme vertueux et qui saura reconnaître ton savoir si tu es coopératif. J’ai pu visiter les locaux de l’Han’en et plus particulièrement l’Institut de recherche, je suis certaine que tes projets avanceraient plus vite dans ces conditions. Je vois que tu utilises également des plantes pour vos recherches. Une serre remplie de nombreuses plantes est à la disposition des chercheurs de l’Han’en. Seul dans ton coin, tu gâches certainement ton talent.

Le gecko afficha un sourire forcé, à la fois gêné et suffisant. La Rose l’avait certainement convaincu mais il était trop fier pour se l’avouer.

- C’est une offre intéressante, je le conçois. Elle mérite d’être analysée. A moi de vous venir en aide maintenant, un marché est un marché. Dit-il en l’invitant de sa main à s’exprimer.
- Je n’ai pas vraiment de question à te poser, tout ce que que je te demande c’est de réfléchir à cette offre. L’Han’en fait des recherches sur tout ce qui touche à la médecine. Cela va des soins jusqu’à l'étude de la mort en elle-même. La culture kazejine est peu connue à Mizu. Nous savons que la survie est très difficile dans cette zone du Yuukan et vous avez certainement développé des connaissances médicinales propre à votre peuple. Je ne te demande pas de me faire part de celles-ci aujourd’hui, mais plutôt de collaborer avec l’Institut de recherche directement. Cet échange serait profitable pour tous. Et tu pourras continuer tes projets en parallèle, bien évidemment.

Arukisa n’avait pas le savoir requis pour collecter les informations, et puis ce n’était pas l’objet de la mission. Ce qu’elle lui proposait, c’était une collaboration directe avec l’Han’en.
Le laborantin croisa ses bras et porta une de ses mains à son menton, faisant mine de réfléchir.

- Hmm. Je pourrais enseigner mes connaissances sur les bienfaits du sable en effet. Les cristaux du désert peuvent guérir bien des maux quand on sait les utiliser. En tant que Yasei reptile, j’ai pu passer des centaines d’heures sous le soleil plombant de Kaze à les étudier.

Hiroharu attrapa un bocal sur son étagère rempli de la poussière jaune. Il déposa un peu de son contenu dans sa main.

- Le sable contient de nombreux débris issus de roches, de résidus de coquillages ou de coraux, il contient plusieurs vertus insoupçonnées du reste du continent. Étonnant d’ailleurs quand on voit le sable de vos plages. Dit-il avec un ton légèrement condescendant. Certaines maladies cutanées peuvent être soulagées, tout comme les douleurs musculaires et osseuses liées à l’âge. Je ne suis pas un shinobi mais je suis certain que vous pourriez en trouver une utilité sur le terrain. Mais pour cela il vous faut un guide, j’irai à l’Han’en pour m’assurer de cela.

La fierté d’Hiroharu avait eu raison de lui. De toute évidence il ne voulait pas qu’une découverte soit faite sans sa présence. Chassez le naturel, il revient au galop, dit-on.

Après quelques échanges cordiaux, le duo prit la sortie. La collaboration n’était pas gagnée d’avance, mais elles avaient au moins obtenu un accord.

- Une discussion plus amicale ne sera pas de refus. Répondit Arukisa à la présentation de Minami.

Bien que l’entrevue précédente ne fut pas complètement catastrophique, l’échange fut un peu trop sinueux au goût de la jônin. Les scientifiques étaient souvent des êtres solitaires qui préféraient le calme de leur labo aux places publiques, mais tout de même, un peu d’ouverture ne faisait pas de mal.

- Une Yasei dauphin dans le désert ? Cela n’a pas dû être simple tous les jours. Elle doit être bien plus épanouie à Kiri. Commenta la Rose avant de pénétrer dans le restaurant.

A peine entrée dans le commerce, la gladiatrice jeta un rapide coup d'œil aux environs. Plus par curiosité culinaire que par professionnalisme, elle devait l’admettre. Son regard s’attarda quelques instants sur les mets présentés dans les différentes assiettes. La kunoichi était un fin gourmet. La découverte d’une potentielle cuisine Yasei la mettait en joie et elle ne manqua pas de se noter l’adresse dans un coin de la tête.
Cependant, Arukisa fut sortie de ses errements gastronomiques par une voix connue qui lui hérissa les poils. Non pas par peur ou par haine, mais plutôt par gêne. La jeune lionne, Gine, travaillait visiblement dans cet établissement. Aussitôt, la connexion se fit dans l’esprit vif de la Sentinelle. La dernière rencontre entre les deux femmes fut leur discussion à cœur ouvert concernant les sentiments de la Yasei pour la Rose. Un moment embarrassant où Arukisa dû malheureusement réfuter les avances de la blonde. Depuis, sans forcément s’éviter, le duo ne s’était plus croisé. La jônin avait eu vent de la démission de Gine pour retourner à une vie civile mais elle n’en savait pas plus.
Or, la pétillante Gine semblait plus heureuse que jamais dans sa nouvelle vie. Ce ressenti permit à la Rose de rapidement se détendre en la voyant si épanouie.

- Oh Gine ! Je suis très contente de te revoir ! Cet établissement est à toi ?! Demanda-t-elle avec étonnement en regardant la décoration autour d’elle. Elle se tourna vers Yosuzume. Qui a dit qu’un bon repas était interdit en mission ? Répondit-elle en souriant. On va attendre Minami et on discutera ici, elle sera peut-être plus coopérative avec le ventre plein.

Arukisa se dirigea vers la table désignée par Gine avant de se pencher vers sa coéquipière.

- Je vais te laisser mener la discussion cette fois. N’oublie pas que l’objectif est de l’amener à collaborer avec l’Han’en. Elle sera peut-être réticente alors n’hésites pas à la questionner sur ses activités et ses recherches, il faut la mettre en confiance et lui montrer que la collaboration peut aussi lui être bénéfique.

En s’écoutant parler, la jônin se rendit compte à quel point avec les années elle avait appris à flatter et manipuler pour arriver à ses fins. Un art sournois qui ne plaisait guère à la kunoichi mais qui faisait parti de ses tâches.

Minami était beaucoup plus coopérative que son confrère scientifique. Une envie de partager qui se ressentait dès le premier contact. Son énergie communicative découlait d’une personnalité à priori avenante et généreuse. Elle n’aurait aucun mal à s’habituer à la vie à Kiri et à sociabiliser avec la population locale. Contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, les mizujins n’étaient pas froids et distants. Ces rumeurs datant du grand banditisme persistaient, mais avec les années les curieux qui se rendaient sur l’archipel pouvaient s’apercevoir du contraire. Le mélange de culture qui avait fondé Kiri se ressentait à travers ses habitants : des gens pour la plupart ouverts et bienveillants. Et Minami possédait ces vertus.

Comme convenu, Yosuzume entama la discussion et lui présenta la raison de leur venue tandis que le repas fut servi. Arukisa entama ses ramens tandis qu’elle écoutait la proposition de la Yasei. Une petite moue se dessina sur le visage de la Rose. On aurait pu croire que cela venait de son plat mais non, celui-ci était délicieux. C’était plutôt le sujet de conversation évoqué par Minami qui ne lui convenait pas. Hiroharu semblait partir sur le partage de la même connaissance avec l’Han’en, la gladiatrice voulait apprendre autre chose et dénicher une autre base de recherche pour l’unité spéciale.

La Rose secoua la tête en signe de négation tandis qu’elle avala sa bouchée. Elle tapota ses lèvres avec sa serviette et prit la parole.

- Nous venons de rencontrer Hiroharu et il avait l’air de vouloir travailler sur ce sujet avec l’Han’en. Ton aide serait précieuse mais il a l’air très solitaire… Dit Arukisa en tentant de lui faire comprendre qu’il valait mieux abandonner cette piste.
- Ah oui, en effet, je vois. Hiroharu n’est pas très à l’aise quand il y a du monde, je préfère ne pas m’en mêler. Dit-elle poliment alors qu’on sentait qu’elle aurait pu en dire plus à son sujet.
- J’ai entendu dire que certains alchimistes concoctaient des substances afin de lutter contre les températures du désert ? Vu que vous êtes une Yasei dauphin, vous avez peut-être entendu parler de ça ?

C’est le vieil alchimiste qui l’avait aidé à fabriquer sa pilule de chaleur qui lui avait parlé de ces produits. A l’inverse de ce qu’il avait proposé à la Rose pour Yuki, il avait utilisé des onguents pour lutter contre le soleil de Kaze lors de ses voyages.

Minami acquiesça, indiquant connaître le sujet.

- Oui, la chaleur n’est pas toujours clémente avec les Yasei de ma branche. Nous avons besoin de vivre près d’un point d’eau et les étendues désertiques de Kaze n’étaient pas toujours une terre accueillante pour nous. Dès que nous devions voyager vers l’intérieur du pays, la chaleur devenait vite un problème. Dit-elle en se remémorant ses souvenirs difficiles. Mais certains Yasei sont ingénieux ! Se reprit-elle. Il existe bien des onguents provoquant une sensation de fraîcheur sur la zone appliquée, ils ne durent que quelques heures mais ils sont très utiles. Je n’en ai jamais fabriqué moi-même mais j’ai souvent vu nos anciens le faire avant les grandes traversées. Il me semble que c’est surtout un mélange de plusieurs plantes. Je pourrais faire des recherches et les communiquer à l’Han’en.
- L’Han’en disposera bientôt d’une serre qui regroupera différents végétaux du Yuukan, ça pourra peut-être vous aider à retrouver la recette ? Proposa la Rose. Je suis certaine qu’un des membres pourra vous la faire visiter.

En somme, les négociations ne mirent pas longtemps à aboutir à une conclusion heureuse. Minami exprimait une telle envie de partager et de s’intégrer qu’il ne fut pas compliqué de la convaincre à collaborer. Son état d’esprit admirable correspondait tout aux aspirations de l’Han’en. Pendant sa visite personnalisée de la nouvelle unité spéciale, la Rose avait eu la chance de prendre connaissance de certaines infrastructures internes des quartiers de recherche et des projets ambitieux qui s’y déroulaient. De son privilège, Arukisa avait noté une motivation commune aux différentes parties qui composaient l’équipe médicale : l’échange. Le partage des connaissances était la pierre angulaire de ce projet. La gladiatrice l’avait ressenti dans chacune des interventions des piliers de l’Han’en. Cette œuvre avait avant tout un but charitable, celui d’éduquer la population à l’importance de leur santé. En plus de son savoir, Minami semblait être capable de trouver les mots justes et d’avoir la bonne attitude pour s’adresser au grand public. La nouvelle coqueluche de Kiri avait besoin de cerveaux bien remplis, mais également d’orateurs assez à l’aise pour distribuer ses connaissances auprès de tous.

- Tu devras tout simplement t’y rendre en expliquant que tu viens de notre part. Nous allons faire un rapport dès notre retour pour leur glisser ton nom. L’Han’en est une nouvelle structure qui a encore besoin de nouvelles recrues pour s’agrandir. Je suis sûre qu’ils seront ravis de ton arrivée !

Bien que d’énormes moyens furent mis en œuvre pour remplir les effectifs de l’unité spéciale, les potentielles recrues ne sont pas aussi nombreuses que pour d’autres unités, comme la Kenpei. Les prérequis pour l’intégrer sont bien spécifiques et cadrés pour assurer la qualité des services proposés. La maîtrise d’au moins un domaine liés à la médecine était demandée. Le rentanjutsu, la nécromancie ou encore les capacités mentales des Yamanaka pouvaient être exploitées pour agrémenter les recherches de l’institut.

- Tu verras, l’Han’en regroupe plusieurs disciplines liées aux sciences médicales. Tu en apprendras beaucoup ! Si je peux permettre…Tu seras comme un poisson dans l’eau ! Lança-t-elle en ricanant, avant de se rappeler que le dauphin était un mammifère. Enfin, c’est une expression quoi… Rajouta-t-elle en se grattant la tête de gêne devant le regard perturbé de Minami. Bref… Tu vas t’épanouir, c’est certain. Et ton aide sera bénéfique pour l’intégration des Yasei de Kaze. Admit la Rose avec franchise.

La conséquence de sa décision sur l’intégration d’une partie de son clan ne devait pas être négligée. Les changeformes du désert n’étaient pas encore très visibles au sein de Kiri. Pour le moment, la majeure partie vivait dans la quartier créé par Reikan.

- Yosuzume, tu te chargeras du rapport de la mission, je compte sur toi. Dit Arukisa en finissant son plat. Je pense qu’avec ces deux recrues, on a fait du bon boulot pour l’Han’en. A eux de jouer maintenant.

Si pour une fois la jônin pouvait se délester de la partie administrative pour une mission mineure, elle n’allait pas s’en priver. D’autant plus qu’elle était accompagnée d’une chûnin tout à fait apte à accomplir cette tâche.

- On prend le dessert et on file. Lança-t-elle aux Yasei avec un sourire complice.

La Rose n’allait pas partir sans finir son repas.