Le jour agonise de bronze et de rouge. Le soleil tutoyant une dernière fois le haut des montagnes avant de se fondre à l'horizon. La rosée, qui plumait les branches et les feuilles depuis quelque mois, scintillait sous les premiers rayons de l'astre ; l'étendue de montagnes et de forêt, quand d'aventure Tsuneyoshi se perd à les observer...
Ces ardentes lueurs dans le ciel alourdi, qui semblait tristement rêver. Les arbres recouvrant peu à peu leur impériale feuillage, de brune couleur. Dans cet air flottaient les apaisements, les résignations et les inquiétudes.
Lui repensait à cette première défaite, celle-là même contre Hideyoshi. En outre, personne n’eut jamais réellement cru qu’il eut une chance de l’emporter face au tyran, mais jamais il n’aurait pensé que perdre lui coûterait autant.
Cette défaite, Il se l’était rejouée plus de mille fois et avait décidé de faire avec sans même en avoir la réponse. agitant cette lame de fer au gré du vent, le voilà qui répète allégrement les mêmes mouvements - rigueur stupéfiante tandis qu’il révère ses aïeux de par cette danse parfaitement exécutée. Aucun écart, tous les mouvements sont portés et chorégraphiés - honneur de la caste à la clé.
Les lumières étaient encore éteintes dans l'intimité du camp d’entraînement ; pas un seul son venant troubler ce vide immense nommé silence. L’éclat solaire attire les prunelles du jeune homme qui finit par dégainer son katana, tout de bois construit près de la convoitise, avant que la douce rosée matinale ne se répande librement. Les paupières papillonnent le temps d’un instant, avant d’osciller vers la gestuelle suspendue sous l’ombre d’un sourire incommodé, aussi le guerrier Bushido venait-il d’interrompre un procédé habituel d’une mécanique aussi personnelle que ses propres affaires.
Dans un silence quasi mortuaire, son kiai vient fendre les cieux — tétaniser son ennemi d’un simple cri devenu soudainement énergie. Vrombissement qui se déverse à même les environs, qui tutoie les nuages tandis que transpiration et concentration retombe.
Son esprit suspendu s’était rapidement consumé au fond de ses iris. Les pupilles papillonnent et s’efforcent de trouver un point d’ancrage qu’est l'horizon.
« Tout cela n’est pas encore au point mon oncle. » pense Tsuneyoshi encore haletant « un jour ma lame sera capable de fendre le ciel en deux, soyez en sûr »
Il en est persuadé. Pour autant en son sein, subsiste encore le doute de même que pulse le sang de part et d’autres. Et pour tout samouraï, la lame n’étant que le reflet de l’âme — tout parangon de vertu soit-il, il était encore loin de cette délicate plénitude que recherche tous martialistes.