Katsuko avait décidé de sortir. Elle ne tenait plus en place dans l'hôpital, quand bien même elle ne pouvait pas réellement bouger. Installée dans une chaise roulante, elle avait décidé de sortir et de se diriger directement sur les terrains d'entraînement. Là, avec ses armes, elle avait passé de longues minutes silencieuse, installée au milieu d'un des rectangles de terre battue, immobile. Elle avait prit ses griffes et son katana le plus ancien, le plus fidèle. Celui qui avait traversé toutes ces épreuves avec elle.

Elle sentait qu'elle l'avait délaissé depuis quelques temps. À vrai dire, elle l'avait abandonné presque inconsciemment. Et ce depuis qu'elle avait reçu les griffes des mains de l'Asaara du Collectif. La femme enturbannée les lui avait remises en les tenant dans une étoffe noire. Et désormais, elles étaient devenues ses armes principales. Ces lames tranchantes à souhait, capable d'ôter la vie si facilement. Bien plus encore que son pauvre katana qu'elle n'avait même plus vraiment prit le soin d'entretenir convenablement.

Jusqu'à aujourd'hui, alors qu'elle tournait comme une bête en cage dans sa petite chambre, l'informatrice n'avait même pas remarqué ce dédain progressif dont elle avait fait preuve sans même s'en rendre compte. Et maintenant qu'elle avait eu du temps pour penser, qu'elle avait fait une sorte de bilan interne de là où elle en était dans ses objectifs, cette constatation la perturbait. Pourquoi avait-elle détourné son utilisation des katanas, plus facilement utilisables, qui avaient plus de portée et étaient donc bien moins dangereux en combat mortel ? Pourquoi avait-elle abandonné cette allonge ? Dire qu'elle aimait tout particulièrement les griffes aurait été faux. Elle savait certes déjà en manier, mais elle ne se servait que très rarement de ce type d'arme particulièrement sanguinaire. Ce n'était pas des armes propres.

Non... Alors pourquoi ? Plus Neiko cherchait et moins les réponses se faisaient nombreuses. Écartées les unes après les autres pour tous les défauts qu'elles comportaient, ces raisons, ces justifications ne tenaient que quelques instants sous l'oeil inquisiteur et expérimenté de la jeune femme. Et finalement, il n'en restait plus qu'une. Une solution qui ne la rassurait pas réellement, mais qui, en même temps, lui faisait se demander si ce n'était pas mieux ainsi. Si elle n'était pas réellement à sa place. C'était ces griffes là tout particulièrement qui l'avaient fait changer. Sans s'en rendre compte, elle les avait employé. Elles avaient fait ressortir sa véritable nature. C'était dans leur utilisation qu'elle se sentait le plus être elle-même.

Ainsi, la Chinoike tenta à nouveau de prendre son katana en main pour confirmer sa théorie. Et à sa plus grande surprise, elle ne parvint pas à faire ne serait-ce qu'un coup basique. Elle qui avait décapité avec aisance l'un des assassins envoyés pour s'en prendre au Seigneur de Fer à peine un an plus tôt à l'aide de ce même sabre, elle ne parvenait aujourd'hui plus à insuffler la moindre énergie puissante. Tout juste pouvait-elle donner un coup basique comme l'aurait fait n'importe quel homme démuni de chakra.

C'était perturbant. Diablement perturbant.

Neiko fendit l'air une dizaine de fois avec l'a'rme qui l'avait accompagné pendant quelques années. Elle en aurait presque eut un brin de nostalgie si elle y voyait le moindre souvenir heureux. Réellement, sincèrement heureux.Mais rien ne se présentait à ses yeux. Les points positifs dans sa vie de lutte avaient commenccé à apparaître, Taishi mis à part, après l'obtention de ses griffes.

D'ailleurs, elles étaient maintenant totalement siennes. Elle n'aurait plus accepté de s'en séparer. Elle avait bebsoin d'elles tout comme ses armes avaient besoin d'un porteur pour exister. Katsuko le ressentait au plus profond d'elle, quelque chose avait changé depuis qu'elle avait reçu ses armes. Elle qui ne croyait pas au destin comme elle l'avait tant affirmé à son amant ne pouvait s'empêcher d'avoir un doute lorsqu'elle pensait à ces lames.

L'informatrice reposa alors son sabre, l'observa quelques instants avant de le ranger dans son fourreau. Dans ses mains, il risquait de ne plus sortir avant longtemps. Devait-elle s'en séparer ? Ou alors le conserver aurait-il un avantage quelconque ? Après réflexion, elle décida de le garder pour l'instant. Elle verrait bien ce qu'elle en ferait avec le temps, rien n'était pressé. Plutôt que de s'acharner ainsi sur lui, la vampire décida d'enfiler à nouveau les gants où étaient installées ses griffes, fermant le poing après avoir déclanché le mécanisme fin qui lui permettait de sortir ses lames à la manière d'un félin.

La demoiselle aux yeux sanguins les observa à nouveau en détail. À l'instant même où elle avait enfilé les gantelets, elle avait senti comme un frisson de plaisir lui parcourir le dos. Elle d'ordinaire si calme et maîtrisée, jouant de toutes les émotions sans en ressentir la plupart, la calculatrice sentait quelque chose d'intérieur, un sentiment profond qu'elle ne pouvait nier ou remodeler. Lorsqu'elle avait ces armes en main, elle se sentait véritablement bien. Comme.... Complète. C'était une sensation particulièrement étrange. Assez grisante. Quelque chose de naturel venait s'installer à la place qui lui était dédiée, comme si c'était inscrit ainsi dans son sang.

Perturbée, la Chinoike ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il y avait quelque chose d'étrange. Que cela vienne des griffes ou d'elle-même, ce n'était pas normal d'oublier ainsi un art qu'on avait pratiqué à haut niveau si longtemps en si peu de temps. Perdre en efficacité était une chose, mais là, elle ne parvenait plus à faire la moindre action requiérant du chakra comme auparavant.

Elle eut alors une idée. Concentrant son chakra, elle tenta de modéliser une arme de sang. Cette capacité non plus ne lui avait pas servi depuis un certain temps, malgré son utilisé et son efficacité. Elle n'avait pas eu besoin de se montrer sans armes dans une situation qui avait débouché sur un combat dans un sens, et elle ressentait toujours cette envie plus forte d'utiliser ses griffes coûte que coûte.

Si le fouet qu'elle avait ainsi créé de son sang n'avait pas été un obstacle, elle s'était rendu compte que même faire un katana lui paraissait désormais dérisoire, inutile. Pour ne pas dire tout simplement impossible. Elle avait essayé, sincèrement. Mais au milieu de la technique elle s'en était désintéressé, comme si quelque chose la forçait à réfléchir différemment, ou qu'elle savait que cette création était vaine. Et elle l'était dans un sens. Puisqu'elle n'aurait pas pu l'utiliser comme catalyseur pour son chakra. Il valait sans doute mieux abandonner définitivement les sabres dans leur ensemble. Se concentrer sur son véritable domaine, celui des griffes et des fouets, ces armes que si peu utilisaient à bon escient.

Retirant à regret ses griffes, la jeune femme en était parvenue à la conclusion que désormais, elle utiliserait principalement ce genre d'armes qu'elle avait laissé en retrait pendant des années, tout simplement parce qu'elles étaient moins simples d'utilisation. Mais désormais, elle le savait, c'était avec elles qu'elle obtiendrait les meilleurs résultats. Dès lors, pourquoi s'encombrer des katanas, bien plus basiques et cassants ?

Prenant une grande respiration, satisfaite de cette décision qu'elle avait en réalité déjà prit depuis un certain temps intérieurement mais qu'elle avait enfin explicité pour elle-même, Katsuko rentra à l'hôpital pour aller s'y reposer. Elle avait la sensation d'avoir bien avancé, mais elle n'aurait sû dire pourquoi, ou en quoi. Elle se sentait simplement mieux maintenant qu'elle avait fait ce choix. C'était le bon.