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La tentation du pouvoir

Nara Joben
Nara Joben

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Sam 24 Juil 2021 - 13:50


Après un déluge de combats ensanglantés, une trêve s’instaura pour proclamer les résultats des promotions Genin. L’atmosphère était encore saturée d’une tension chakratique folle et enivrante, si vrai que les arènes éparses avaient été le théâtre de plusieurs clashs monumentaux et que les candidats, galvanisés par l’espoir du triomphe, avaient parfois donné jusqu’à la dernière goutte d’énergie pour lutter.

Tel un roi, le Raikage rassembla son peuple et sonda les visages de ses fidèles soldats, associant à ce regard impérial les mots qui correspondaient à chacun ; à lui la bravoure, à l’autre la sagacité. Plus sacrées encore furent les paroles qui adoubèrent les nouveaux Chunin.

La clameur de la foule louangea les nouveaux promus. Le peuple de Kumogakure s’enquit alors d’une vigueur hors norme, et la liesse communautaire se délia en sourires partagés, en joies exquise et manifeste, en odes à la vaillance. Les cœurs s’embrasèrent en même temps que s’illuminaient, dans les orbes de tout un chacun, les étincelles d’une renaissance propédeutique à ce que brûle le flambeau de tout un peuple renouvelé dans ses forces. Kumogakure fustigée, Kumogakure occupée, Kumogakure désespérée… mais Kumogakure ranimée par une nouvelle ardeur. Kumogakure forte de ceux qui la chérissaient. On ne pouvait qu’être heureux pour ceux qui passaient à l’étape suivante : les Genin promus avaient tant et tant souffert au cœur des épreuves qu’ils avaient affronté que leur victoire avait encore plus de goût, comme un cabot affamé tombant sur un morceau de viande encore rôtie et fumante.

Mais à chaque fois qu’il y avait de la lumière, il y avait de l’ombre. Loin de Kumogakure sommeillait encore le Mal qui les guettait. Cette félicité était trompeuse, passagère : le pire les attendait. Le pire se préparait et ils le savaient très bien. Aussi cette joie non ordinaire, cristallisée sous la peur que le peuple parvint pour une fois à oublier, fut encore plus belle. Plus savoureuse que jamais. Du moins pour ceux qui, victorieux, explosaient d’une émulsion vive. Car là où les élus furent secoués de hourras, les autres furent oubliés. La tourbe, bien rangée pour le discours du Raikage, se démêla rapidement et l’ordre cérémonial laissa place à l’anarchie des plaisirs. A l’écart de cet hymne à la victoire, les malheureux. Le tueur, parmi eux, se glissa dans l’ombre d’un pan de gradin, avec l’espoir de ne pas être remarqué davantage : il n’avait eu la vedette que trop longtemps, déjà.

De haine, il cracha par terre, ses yeux rivés sur la scène qui se déroulait sous son regard de fauve. Le plaidoyer du Raikage l’avait mis en déshonneur, contrairement à ce qu’il avait sans doute eu l’intention de faire.

Un peu plus d’expérience sur le terrain…


Il se répéta cette phrase plusieurs fois, avec le sentiment d’avoir été insulté devant tous. Lui, Nara Joben, l’un des plus puissants de son peuple, relégué aux rangs de la bleusaille, à défaut d’expérience ? Une offense pareille ne pouvait être pardonnée. De l’expérience, il en avait plus que quiconque dans cette foule rassemblée ; exception faite, peut-être, de certains élus. Il l’avait montré en actes. Ses défaites n’en étaient pas, et le Seigneur de la Foudre ne l’ignorait guère : il avait refusé de tuer pour briller, et s’il s’était déclaré forfait, c’était pour épargner ses adversaires ; qu’il s’agisse de la première, ou de la seconde. Il le savait. Il était meilleur qu’eux. Plus fort, plus robuste, plus offensif : il avait senti, dans leurs poitrines, les battements de la terreur. Il les avait vu s’échiner à survivre sous la fureur de ses assauts. Prétendre qu’il devait encore faire ses preuves revenait à appuyer sur la seule faille qu’il avait laissée ouverte, de grâce ; mais, profanant l’honneur qu’il méritait, le Raikage avait engouffré la calomnie dans la brèche. Il avait choisi. Pourtant, le Seigneur de Kumogakure avait bel et bien raison ; ce qu’avait montré Joben n’était pas encore à la hauteur de ce qu’il était antan. Il lui fallait encore peaufiner certaines techniques pour être encore plus redoutable qu’il ne l’avait montré.
Assez, peut-être, pour renverser celui qui avait osé lui faire un trait de moral devant tout un public.

Par Izanami, il paierait cher cet affront en public.

A la merci de la haine, il posa son pied sur le crachat qui s’étirait sur le sol des gradins, et en pivota la pointe pour mieux l’éteindre et l’écraser. Ce faisant, il s’imagina piétiner jusqu’à la dernière pulsation de vie de son ennemi. On ne se jouait pas d’un démon. De lui émanait une menace décousue, que chacun savait indomptable. Fallait-il qu’il tue leur maitre pour leur faire entendre leur effronterie ?
Non. La mort n’était pas l’unique solution. Il projeta son esprit à l’intérieur des possibles, enfouis dans les abysses de sa raison. Se jetant dans les artères bouillonnantes de colère, sa conscience chercha une piste, une réponse à ses tourments.

C’est là qu’il trouva. Pire que la mort, il y avait la douleur, et la solitude. L’ombre du mur qui l’abritait s’étendît, alors qu’un nuage traversait le ciel et occultait une partie du soleil. Oui. Son Empire s’étendrait alors qu’il éteindrait toute lumière dans les yeux de son ennemi.
Que pouvait faire un roi sans royaume ?
Il se savait en colère, mais il savait aussi qu’il n’avait pas été le seul sur lequel on avait jeté une sorte de discrédit. Ses prunelles dardèrent la foule pour chercher un atome isolé de tout cet amalgame de bienheureux. Son attention ricocha d’une tête à l’autre ; esquiva les sourires, et chercha le désespoir. En quête de l’abandon, il fouilla à travers le brouhaha des palabres et des félicitations. Enfin, ses yeux mortels se figèrent en trouvant sa cible.

Etouffant son aura ténébreuse et baissant son visage, il se décala et fondît dans la plèbe. Comme un fantôme dans la brume, il traversa les passants sans s’arrêter sur aucun d’entre eux, continuant de guetter, au loin, les déplacements de sa cible. Il croisa le regard de plusieurs autres Genin, occupés à refixer leurs bandages ou à narrer leurs aventures. Que n’avaient-ils eu la chance de ne pas avoir croisé son chemin : s’il avait fait preuve de pitié envers les gradés pour gagner la confiance des autorités, il n’aurait guère fait dans la retenue face à des avortons. Oui. Il n’avait rien à faire parmi les louveteaux.

Comme Elle.

Il continua sa progression, toujours aussi attentif. Il passa finalement dans le dos d’un mécène et, par surprise, se fixa devant l’abandonnée.

Il resta là, stoïque, figeant ses iris dans les siens. Ils s’étaient déjà rencontrés par le passé, lors d’une rixe tumultueuse où la Metaru avait attenté à sa vie. Il pouvait réparer ce crime, à cette seconde précise. Ce moment fut comme suspendu de la réalité ; les laissa tous deux dans une ankylose, leurs sens en alerte. Au centre de l’inattention globale, il se savait en mesure de lancer l’assaut et de la prendre au dépourvu ; tout en l’empêchant de révéler l’étendue de son art, au risque de blesser les civils. A tout instant, il pouvait agir et la précipiter, elle et tous ceux qui l’entouraient, dans un enfer de flammes, rien qu’en agitant ses doigts et en soufflant une bourrasque ardente.
Etait-il venu se venger ?
La façon dont il l’observa, en silence, en disait long sur les pulsions qu’il contenait. Son unique œil était imprégné d’une tension phénoménale de rancune, d’un linceul qu’il promettait à quiconque oserait encore le défier. Il bougea ses mains, commença à les monter vers elle. Mais ses mains restèrent tranquilles. Elles écartèrent les passants du sillage qui le ramenait à elle. Sur son visage, les plaies encore carmines indiquaient qu’il avait eu son lot de batailles pour ce jour. Aussi avança-t-il lentement vers la Metaru, la fixant toujours avec une intensité meurtrière et cannibale.

En tout point, il était terrifiant.

« Les cicatrices que tu as laissé sur mon corps tiraillent encore ma peau, Metaru Hideko. Parfois, elles me réveillent en pleine nuit. »

L’annonce eut l’allure d’un reproche. Tandis que ses bottes le rapprochaient de la kunoichi, Il ne la quittait pas du regard. Une partie de ses sentiments était dissimulée ; comme si son bandeau noir continuait de voiler sa face cachée, sa part de lumière.

Ce qu’il avait à dire n’avait rien à voir avec le ressentiment personnel.

« Elles me rappellent le jour de notre rencontre. De tous ceux que j’ai affronté lors de ce combat, tu es la seule à avoir osé l’utilisation de techniques mortelles pour désincarner la menace qui paraissait peser sur la cité. Tu as fait ce qu’un shinobi doit faire. Comme aujourd’hui, lorsque tu as renversé chacun de tes adversaires en montrant ce dont une vraie guerrière est capable. En déployant toutes tes forces pour vaincre ceux qui te sont opposés. Pour ma part, j’ai savouré ce spectacle. »

Il pivota le point noir qui habitait son orbite veuve pour examiner les alentours. Une façon pour lui de signifier qu’il ne se mélangeait pas à la plèbe environnante.

« Hélas, ils n’ont pas reconnu ta grandeur. Je n’ai peut-être plus qu’un œil, mais je t’assure que je vois bien plus clair que la plupart de ces pleutres qui craignent ce dont tu es capable. Demain, notre ennemi déferlera peut-être à nos portes. Qui les défendra, sinon ceux qui auront la force de le faire ? »

Il débuta.

« Les Chunin qui ont accédé à ce titre parce qu’ils ont fait preuve de contrôle ? »

Il exprima ce terme, contrôle, avec un tel dégoût qu’il n’eut même pas besoin de répondre à sa question. La réponse était éminemment négative. Ce qu’ils appelaient le contrôle n’était rien d’autre à ses yeux que de la faiblesse.

« Ou les guerriers qui, dévoilant l’étendue de leurs pouvoirs inouïs, dévasteront les rangs ennemis ? »

Le sérieux n’avait jamais quitté son visage. Il sonda les yeux de la Metaru comme pour y déceler une trace de compréhension ; l’indice d’un doute.

Il exploiterait une brèche, à son tour. Et il rassemblerait toutes les élites de Kumogakure sous sa coupole ; non pour avoir une armée bien rangée ; mais pour être à la tête d’une force d’assaut à nulle autre pareille.

Spoiler:
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Metaru Hideko
Metaru Hideko

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Lun 26 Juil 2021 - 20:27
Important :

Cette présence tapis dans l’ombre la scrutait et bien qu’incapable de la trouver, cela ne faisait aucun doute : elle le sentait. Discrètement, elle commença à balayer la foule du regard, cherchant là cette menace qui pesait sur elle, mais rien, elle restait introuvable, jusqu’à ce qu’une légère agitation sur sa gauche n’attire son attention. Là, elle vit une silhouette fendre la foule avec force, un homme dont le visage était gravé dans sa mémoire : Nara Joben. Son œil unique était rivé sur celle, un regard intense qui fit vibrer son cœur, son corps se préparant instinctivement au combat face à cette menace qui s’approchait d’elle. Quand le cyclope s’eut approché suffisamment pour qu’elle puisse l’entendre, il réveilla le souvenir des cicatrices qu’il lui avait infligé, tel un reproche qu’il lui balançait à la figure, annonciateur de l’agression à venir.
Cet homme était puissant et dangereux. Plus encore, il était déterminé, un zèle qui l’habitait elle aussi, une force destructrice dont elle connaissait le pouvoir. Toute son attention se concentra sur lui, alors que dans sa main droite, elle forgea un Tantō, un couteau avec une lame d’une vingtaine de centimètre, qu’elle dissimula dans sa manche, prête à s’en servir au moindre signe d’agression, mais d’agression il n’en fût point, car Joben continua à parler. Il lui conta comment ses blessures lui rappelait le jour de leur rencontre, elle qui avait été la seule à l’affronter sans se retenir, répondant de ce fait à la menace qu’il avait osé prétendre être. Contre toute attente, il s’arrêta à son niveau, observant les alentours, tandis qu’il l’a complimenta, soulignant le fait qu’elle avait été la seule à agir de la bonne manière, tant envers lui que dans le tournoi, face à ses adversaires.
Toutes les fibres du corps de Hideko se tenait toujours prêtes à l’affrontement, car Joben n’aurait eu aucune hésitation à déclencher sa folie en pleine foule, comme il n’avait pas hésité une seule seconde à le faire devant ce symbole calciné qu’était l’Assemblée. Son esprit cependant commença peu à peu à prêter attention à ses paroles, sans pour autant baisser sa garde. Cet homme disait avoir savouré le spectacle qu’elle avait offert, un spectacle que personne n’avait su juger à sa juste valeur. A l’écoute de ses termes qui étaient les siens, elle plissa les yeux, dans une pulsion soudaine et éphémère de son orgueil touché à vif.
Oui, elle avait été la seule à respecter les termes du tournoi, car elle avait été la seule à se battre jusqu’à la mort pour son équipe, quitte à prendre tous les risques pour réussir, tout en se battant jusqu’à la mort dans les duels, dans l’unique but de remporter la victoire. N’était-ce donc pas là ce que l’on attendait d’un chuunin ? Qu’il soit prêt à tout pour sa mission ? Un sacrifice qu’elle avait accepté alors même que ce village n’avait toujours été pour elle qu’un moyen de parvenir à ses objectifs ? Pourtant, ce moyen, ne lui en déplaise, était plus que ça, mais cette vérité comme bien d’autres, elle se refusait à l’accepter.
Tous craignaient ce dont elle était capable : Akio le lui avait prouvé, lui et tous ces shinobis qui l’évitaient, ayant maintenant conscience de sa puissance. Une mise au banc des accusés qu’elle ne comprenait pas, qu’elle se refusait à comprendre.

Pendant tout ce temps où il parla, Hideko resta muette, analysant chacune de ses paroles, les acceptant comme siennes avant de les rejeter brutalement afin de s’en protéger, mais une évidence vint briser cet échange : les chuunin qui avaient accédés à ce titre avaient fait preuve de contrôle, une information capitale qu’elle n’avait pas saisi, tant elle trouvait ça inutile au premier abord. Le contrôle n’était rien sans la puissance, car qu’est-ce qui aurait été nécessaire de contrôler sinon ? Au fait de cette information, la manière dont elle devait procéder pour gravir les échelons se dévoilait devant ses yeux : elle devait revêtir un masque, un masque qui lui permettrait de suivre sa route, quitte à mentir et à tromper. Elle s’était ouvert à eux, elle s’était donné tout entière et ils l’avaient rejeté. Elle devait maintenant accepter de se cacher aux yeux de tous, de faire bonne figure, sans quoi elle serait à jamais relégué sur la touche et sa progression s’en retrouverait inéluctablement freinée, voire stoppée. Ses yeux toujours plongés dans les siens, elle laissa le silence planer, avant de le briser d’une voix profonde, enragée et déterminée.

– Les chuunin qui ont accédé à ce titre ont effectivement fait preuve de contrôle et je ne le comprends que trop tard. En cela, j’ai agis comme une sotte.

Car n’était-ce donc pas ce qu’étaient ceux incapable de comprendre comment fonctionne le monde ? Ceux incapable de s’y intégrer, relégués au rang de paria, vivant seul et démunis ?
Sa rage transpirait de tout son être. Pourtant, elle se tenait parfaitement droite, fière, arborent un semblant de contrôle afin de ne pas attirer l’attention et surtout afin de ne pas exploser et se donner en spectacle devant tous. Non, elle l’avait déjà suffisamment fait dans l’arène.
Tout ce qu’il disait n’était pourtant pas à prendre telle une parole d’évangile. Ce contrôle qu’il détestait tant était nécessaire dans une armée, sinon qu’est-ce qui empêcherait les alliés de s’affronter entre eux ? De se blesser, réduisant ainsi les forces du groupe ? Tous ses cours qu’ils avaient suivis, ces protocoles, ces entraînements, ces travails en équipe. Tout prenait peu à peu sens, dans cette idée qui germait, prenant racine dans son esprit. Comment avait-elle pu manquer tout cela ?

– Mais ces guerriers-là sont-ils utiles pour le village s’ils blessaient leurs alliés ? Ou ne seraient-ils pas que des bêtes enragées, impossible à dompter, inutile dans ces guerres qui regroupent tant d’âmes. Lui rétorqua-t-elle violemment. Non, ce n’est pas le problème. Le problème c’est que le village est incapable de comprendre ce que j’ai fait, ils sont incapable de comprendre que j’ai tout donné dans les matchs en équipe, quitte à me sacrifier pour mes alliés en me plaçant en première ligne. Incapable de comprendre que j’ai tout sacrifié dans mes duels, dans le seul et unique but de terrasser mon ennemi, car au final, cet ennemi n’en était pas un et le village a vu mes actes comme celle d’une enragée incontrôlable. Ils veulent me dompter, mais ils ne le peuvent pas, alors ils me retiennent…

Pourquoi en disait-elle autant à cet homme ? Elle l’ignorait, mais il n’était pas sans lui rappeler la bête féroce qu’était Ryujin, celui-là même chez qui, pour la première fois de son existence, elle avait trouvé quelqu’un capable de comprendre ce qu’elle était au plus profond d’elle-même, le comprendre et l’accepter.

– Alors la réponse est simple. Si l’on sait ce que veut le village, il suffit de s’y conformer, même si ce n’est que de façade. S’y conformer et grimper les échelons, jusqu’à ce que l’on puisse changer cette institution.

Hideko se surprit-elle-même à prononcer ces mots, car elle ne nourrissait pourtant aucune envie d’agir de la sorte. Pourtant, bien qu’elle pensât n’en avoir aucune, elle désirait changer les choses depuis le tout début. N’était-ce pas là le même genre de pensée qui lui avaient traversés l’esprit lorsqu’elle avait appris pour la Cabale de Wasure no Kuni ? Ces actes innommables qu’avaient commis les Daimyo ? Ces mêmes Daimyos qui étaient encore au pouvoir, comme si toutes ces vérités, tout ce sang versé n’avait servi à rien ? Car au fond, c’étaient eux le problème : les puissants de ce monde. Qu’ils portent le nom de Daimyo, de ministres, de nobles, de Kage, ils étaient tous les mêmes. Était-ce le cas pour Raizen ? Elle avait toujours pensée que non, pourtant, cette décision là avait chamboulé cette vérité bien ancrée.
Tandis que son esprit acceptait peu à peu cette prise de conscience, elle se reconcentra sur Joben. Pourquoi l’avait-il accosté ? Que cherchait-il ? Un homme comme lui n’était pas venu vers elle par hasard. Plus encore qu’une question de hasard, quels sentiments l’avaient poussé à l’accoster ? Était-ce la rancune, ou la sensation de voir en elle une potentielle sœur d’arme ?

– Si vous, vous êtes capable de voir que je vaux plus que ce dont eux, ils sont capable de voir, alors c’est bien triste, car oui, s’il le faut, je donnerai tout pour défendre ce village.


Car c’était là où elle avait vu le jour et là où elle vivait en ce jour, elle et Aya, dans cette contradiction permanente qui était sienne, entre ses envies et ses raisons profondes, dans ce mensonge qu’elle entretenait.

– Mais ça, vous le savez, n’est-ce pas ? Puisqu’à votre manière, vous aussi vous voulez défendre ce village. Pourtant, depuis votre retour, vous semblez vous êtes fait bien plus d’ennemis que d’amis, mais n’auriez vous pas besoin d’amis pour mener votre idée à bien ? Pour protéger le village efficacement ?


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Nara Joben
Nara Joben

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Mar 3 Aoû 2021 - 13:52


« Non. »

Le mot déferla de sa bouche comme un coup de poing. Non.

Il avait toutes les bonnes raisons de se méfier de ses pairs et ne savait que trop bien que les amis n’étaient ce qu’ils prétendaient qu’à certaines conditions. Qu’à la condition que cette affinité ne butine pas trop près du nectar du pouvoir ; qu’à la condition que cet ami serve à quelque chose, se rapporte au gain qu’il pouvait offrir. L’amitié, le lien familial et la fraternité étaient autant de concepts que l’énigmatique Joben avisait comme les murmures évanescents d’une volonté de dominance, dissimulée derrière d’autres voix plus abondantes en louanges. Mensongères. Les amis mourraient en même temps que le reste.

Son expérience le lui confirmait. Ces serments de fraternité qu’il avait signé de son sang s’étaient métamorphosés et avaient désormais l’expression froide de la trahison. Au final, tout retombait au même constat : ce lien abject qu’on avait tenté de créer avec lui n’avait jamais tenu bon face au désaveu. L’amitié n’avait jamais empêché de saisir la première occasion possible de le sacrifier pour ses intérêts personnels en le jetant aux hyènes de la diatribe. Pire : on avait agité cette oriflamme comme pour l’obliger à pardonner l’avarice, la félonie et la perversité de ses prétendus amis, qui n’étaient rien d’autre en réalité que le reflet trouble d’un poison noir.

Un poison indigeste qu’il connaissait bien, à présent, et qu’il avait écarté de son existence à jamais.

Son œil aux nuances d’or faucha la foule d’un mouvement d’iris. Après avoir sagement écouté la démone, il s’était volontairement tenu en barrage contre ses opinions. D’autres que lui auraient saisi l’opportunité pour se jouer d’elle. D’autres que lui se seraient emparés de l’aubaine comme on glisse sa main dans un sac à main ouvert en indiquant d’autres horizons à observer. D’autres que lui auraient vite affirmé vouloir se ranger dans ces rangs fallacieux de l’union, de l’esprit de cordée, de la solidarité.

Mais pas Joben. Odieux, agressif, rustre et peu fiable… on pouvait accuser de Joben de tout, sauf d’avoir feint d’être un ami.

Il arrêta son regard sur un lot d’individus rassemblés à une certaine distance, et rassembla ses bras derrière ses doigts, adoptant la posture du repos réglementaire que lui avaient inculqué, autrefois, ses aïeuls. Puis il agita discrètement ses doigts pour déverser, dans son ombre, un flux de chakra animé de la noirceur de sa cruauté.

Son ombre s’étira. Il ne fut pas difficile pour Hideko d’apercevoir la manœuvre du sicaire. Le flux ombrageux se faufila en se noyant dans le spectre étalé de chaque plébéien présent dans la foule. Elle fila de contours en contours en embrassant les ombrages de façon anarchique et confuse, tant qu’il fut difficile de pouvoir suivre son mouvement.

« Je n’ai que faire de l’amitié. C’est une chose périssable… »

Ses doigts mutèrent et il s’empara de l’ombre d’un jeune homme équipé, sur son flanc gauche, d’un sabre court ; de loin, Joben envisagea la présence d’un wakizashi. Là débuta le ballet mortel. Devant Hideko, il révéla le potentiel fou de tromperie dont pouvaient disposer les Nara.
Joben exécuta le geste du iai, l’art de dégainer la lame. Il le fit bien moins bien qu’un samurai, mais pour en avoir déjà rencontré et combattu, il sut comment imiter l’allure d’une coupe franche et nette. Il imprima une telle puissance dans son propre mouvement que sa victime, forcée de singer son maître, anticipa déjà la décapitation fatale dont il allait être tenu pour responsable.

La cible du iai s’inclina en arrière comme s’il s’enroulait en arrière, sa tête allant presque à toucher le sol. Il esquiva la lame de justesse avant de se lancer dans un fauchage qu’il parvint à accomplir. Sa jambe percuta les deux appuis de son assassin et les balaya, et le malheureux vola avant de s’écraser au sol dans un bruit de fracas. Des clameurs d’incompréhension et de reproches s’envolèrent en même temps que l’un et l’autre s’attrapaient à la gorge, mais nul ne sut d’où cela venait : Joben avait relâché son emprise sitôt qu’il avait imprimé le geste à accomplir, et son ombre s’était retractée à une vitesse égale à celle de la lumière. Trop faste pour que quiconque puisse la suivre.
Les deux amis d’autrefois, au loin, se livraient désormais à un pugilat qui fut vite démêlé. De la façon dont ils se toisèrent, il fut aisé de comprendre que le ressentiment ne s’éteindrait qu’à l’aube d’un pardon pénible et laborieux.

« … qui se déchire trop facilement. »

Il termina sa phrase en bifurquant vers la Metaru. Avait-il exagéré sa manœuvre ? N’allait-il pas trop loin dans sa démonstration ? L’ancien incarcéré avait maints reproches accrochés à sa parure de méfaits et sa réputation s’alourdissait d’une tonne de doutes et de petits délits. Il n’existait peut-être pas, en Kumogakure, pire que cet olibrius malfaisant vantant les mérites de la haine et de la violence.

Pourtant, quelque chose dans son attitude dénotait une certaine assurance, trompeuse peut-être, arrogante pour sûr. Il était convaincu de sa propre opinion. Il savait qu’une fureur habitait son interlocutrice ; une fureur naturelle et sauvage, farouche comme un feu chatoyé par des forêts immenses.

« Tu n’as jamais agi comme une sotte. Tu as agi en obéissant à tes instincts, en laissant le champ libre à ce qui sommeille en toi. Est-ce l’obéissance, l’amitié, l’altruisme qui te protégeront de la mort ? Non. Ce qui te protégera et ce qui protégera les tiens, ce sont ces pulsions qui te rendent plus redoutable qu’aucun autre. Cette appétence pour la guerre, ce déchaînement de violence, cette frénésie meurtrière existent. Elles sont en toi comme peut l’être ton cœur. C’est dans ta nature. »

Il libéra ses deux mains de son dos et l’une d’entre elle, se dressant en avant, libéra son index d’une poigne ferme. Avec ce doigt accusateur, il indiqua la position du cœur de la Metaru, pointant le centre névralgique de l’âme.

« Tu ne peux lutter contre ce que tu es. »

Au loin, le conflit s’était calmé. La foule, qui avait désamorcé l’escalade conflictuelle, vaquait encore aux félicitations, louant le courage des uns, approuvant les dires du Raikage. Mais qui s’occupait de la guerrière, sinon Joben ?
Il suffisait d’être dans l’ombre de la gloire pour comprendre la réalité du monde, et mesurer l’ampleur du fossé qui séparait les infortunés des chanceux. Ce contexte était parfait.
Lui comme elles étaient comme des étrangers dans leur propre famille.

« Et c’est pour ça qu’ils te craignent comme ils me craignent. »

Un lambeau d’histoire se détachait de ces paroles, comme un rocher qui se décroche de la falaise et tombe lourdement sur la terre. Ces propos furent affirmés avec une telle pesanteur qu’ils ébranlèrent même l’inflexibilité de Joben, qui dût pour ne pas sombrer dans la mélancolie tourner son orbe veuf vers d’autres visages.
Combien avait-il payé ses idéaux ? Qu’avait coûté sa différence ? Bien trop cher à son goût. Tout ce temps qui lui avait été volé était responsable d’une déchirure profonde qui avait dérobé à ses certitudes un lourd morceau de chair. La prison lui avait volé une autre vie.
De temps en temps, il s’imaginait en famille, avec une femme et des enfants. Il n’avait rien eu de tout ça. Tout ce qu’il avait eu, c’était un abîme de solitude et le clair-obscur d’une geôle humide et froide, visité de temps à autres par un gardien amer et repoussant. Pendant ce temps, tous les autres avaient propagé leur héritage, continuant de répandre leurs fléaux à travers leurs marmots.
L’engeance devait être aussi maudite que l’étaient leurs auteurs. Aucun d’entre eux n’avait cherché à le repêcher.

Ils étaient tous coupables.

« L’amitié est un tissu de mensonges. Ceux qui commandent sont ceux qui vantent le pouvoir de l'amitié ; et pourtant, eux n'ont aucun ami. Crois-tu que ton Raikage s'entoure de camarades ? Non. Il les commande. Il les dirige. Abandonne l’espoir d’être l’amie de tous, et de voiler ton potentiel sous le regard naïf de la grégarité des normes. Te conformer ne fera que t’apporter l’amère frustration de traîner le fardeau de l’incomplétude. Tu t’enliseras dans l’illusion d’une tranquillité rognée par les murs de cette cité. Tu t’étioleras jusqu’au jour où la guerre brisera nos remparts, et tu seras trop faible, faute d’avoir voulu image trop parfaite, pour protéger ce qui te tient à cœur. Vos drapeaux blancs seront souillés du sang de vos proches. Vos espoirs s’effondreront alors que vous vous rendrez compte que vos sentiments et votre retenue ne vous protègent pas. Dehors, nos ennemis n’attendent que de déchaîner les plus noirs ténèbres pour nous plonger dans un déluge de violence et de haine. Le chaos accablera nos forces et nous ne serons pas prêts, pas aptes à riposter face à une telle démence. Une guerre se prépare, une guerre où il n’y aura aucune trêve, aucune miséricorde. Pour vaincre, il faudra être plus sauvage que la sauvagerie qui nous menace. Plus cruel que le monstre cruel qui nous poursuit. Ce ne sont pas les coordinations parfaites de petits soldats conformes qui retiendront le massacre qui nous guette. Ces gamins connaîtront le désespoir quand ils verront s’écraser sur eux des fléaux plus titanesques que tout ce qu’ils ont pu voir jusqu’ici ; des ennemis au souffle plus froid que la plus froide des tramontanes qui soufflent sur les montagnes les plus au nord du Kaminari en hiver. Ils mourront quand ils réaliseront que personne ne sera là, cette fois, pour sauver leur peau et rattraper leurs erreurs. Au lieu de submerger l’ennemi et de s’ériger en héros comme ils en rêvent, ils mourront écorchés vifs, et les têtes de leurs amis pendront avec leurs corps dépecés en haut des murs de Kumogakure. »

Il tira son bandeau, et fit apparaître la cavité terrifiante de néant que son œil droit avait quitté. Hideko put y voir la chair rouge, les cicatrices carmines encore vives et multiples dans un réseau de cratères longiformes et épouvantables.

« Rien ne te protège de l’horreur, sinon de l’accepter comme elle se présente. »

Le caveau qui remplaçait son œil le prouvait, se confondait avec épouvante dans cette déclaration. Il n’appartenait à cet amalgame de brebis imberbes qui s’époumonaient à balancer des vérités de comptoir, croyant connaître ce monde. Il n’était pas de ces Jônins au teint hâlé et à la peau parfaitement lisse, épurée de toute imperfection, qui prétendaient prêcher la bonne parole à grands coups de niaiseries. Il était tout l’inverse de ceux-là.
Pondu dans l’horreur, élevé dans le sang et érigé en monument de terreur.

« Il ne tient qu’à toi de choisir ce qui te définira. Seras-tu l’héroïne plébiscitée qui marchera au-devant de ses pairs en se sacrifiant pour eux et qui ira remplir les cimetières… »

Son index avait fini par cesser de darder le cœur de la Metaru. Il s’était mué en main ouverte pour présenter la foule, mais la main était si basse qu’elle indiquait, à point nommé, vers quelles bassesses Joben l’invitait.

« … ou seras-tu la plus noire engeance de Kumogakure, celle qui livre les hommes à eux-mêmes et les accablent pour les forcer, à cause d’une terreur profonde, à franchir les échelons de la chaîne alimentaire ? »

Là, il relâcha tout. Comme s’il trouvait cela naturel. Ses deux bras se rassemblèrent aux flancs de diaphragment, et tombèrent près de son ceinturon ; celui autour duquel était attachée la chaine de son large boulet, qui pendait dans son dos.

« Tu es la seule à pouvoir décider de ce que tu dois être. Quant aux doutes que tu peux avoir à mon sujet, sache qu’ils ont de bonnes raisons d’être… »

Puisqu’il avait terminé son argumentaire, il s’avançait. Un pas après l’autre, il approcha la tueuse en ne quittant jamais ses yeux.
Il s’avança si près qu’il fut à quelques centimètres de son visage. Comme s’il la défiait. Jamais aucun autre kumojin n’avait pu le dévisager d’aussi près.
Elle put sentir l’haleine chaude et mortelle du dévot d’Izanami.

« … car je ne serais jamais ton ami. »
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Metaru Hideko
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Sam 7 Aoû 2021 - 11:12

En agissant de la sorte, Hideko sonda Joben, essayant de déterminer si elle pouvait trouver en lui un ami, un camarade qui, bien que décrié, saurait ne pas lui tourner le dos, lui rester fidèle, contrairement à tous les autres. Cette faiblesse elle ne saurait se l’avouer : le besoin d’être entourée, de ne pas se retrouver seule ; le besoin viscérale de ne pas retomber dans cette solitude qui fut la sienne tant d’années durant.

La réponse de Joben lui fit l’effet d’un coup de poing : un « non » sans appel, qui ne laissait aucune place au doute. Surprise, Hideko se fit force pour ne pas afficher sa décontenance. Elle ne devait sous aucun prétexte paraître blessée face à cet homme qui l’attirait autant qu’il représentait une menace.
La puissance… En quête de cette force, afin que jamais plus elle n’ait à plier les genoux, elle se battait corps et âmes et n’hésitait pas à se sacrifier pour l’obtenir. Une aventure qui se payait dans le sang et la souffrance. Les shinobis comme Joben l’attirait inexorablement, mais pour cela, à contrario de bien des choses, elle ne se faisait aucune illusion.

Joben balaya la foule de son œil. Hideko, quant à elle, resta les yeux rivés sur lui, comme un prédateur qui ne quittait jamais son rival, trop effrayé à l’idée qu’il ne saisisse cette faille pour la dévorer tout entière. Pourtant, elle avait aussi envie de voir et comprendre ce qu’il observait ainsi. Quand enfin il posa son regard, il se mit en garde, relevant son buste et plaça ses mains derrière son dos.
Quelque chose clochait.
Soudain, elle vit l’ombre de Joben s’étirer et ramper sur le sol, se faufilant à travers la foule.
Que cherchait-il à faire ?
Le cœur de Hideko se mit à battre à tout rompre. Allait-il attaquer tous ces ninjas ? Provoquer le chaos ? Devait-elle agir ? Devait-elle l’arrêter ?
Ses doutes qui furent les siens l’empêchèrent d’agir, persuadée qu’elle ne ferait qu’encore plus attirer plus l’attention, que personne ne la croirait si rien ne se passait, mais ce n’était pas tout. Car elle avait envie de voir ce qu’il allait faire, une curiosité malsaine qui pouvait être la sienne, dans l’attente de cette démonstration de puissance dont il était maître.
Ses yeux perdirent la trace de l’ombre, mais l’agitation qui naquit lui fit comprendre que le maître des ombres était entré en action. Un homme semblait avoir dégainer son sabre et assaillir celui qui se tenait alors en face de lui. Le second se défendit, tous deux tombèrent au sol. La foule grogna, s’exclama de stupeur, jusqu’à ce qu’enfin la situation ne s’apaise, que l’agresseur ne reprenne le contrôle de son corps.
Le pouvoir des Nara était effrayant. Être ainsi capable de prendre possession des autres dans une foule, de pouvoir jouer de la duperie et de la trahison : la quintessence même de ce que devait être capable un ninja, mais aussi tout ce qui la répugnait.

Tout cela uniquement pour prouver qu’il avait raison ? Des vies ainsi mises en jeu, des vies qui sans nul doute aurait pu être perdues si la situation avait ne serait-ce qu’un peu dégénérée ? Joben ne reculait réellement devant rien.

A côté de lui, je suis bien sage. Se dit-elle intérieurement, alors qu’il retourna son attention sur elle.

Son obstination n’était qu’un peu feu de camp à côté de l’aveuglement presque fanatique de Joben, qui ne reculait devant rien pour parvenir à ses fins, quel que soit le danger, pour lui ou les autres.
Fier de sa démonstration, il continua, arguant qu’elle n’avait pas agi en sotte, mais en accord avec ses instincts. Ces paroles… Ces mots lui rappelaient tant ceux de Ryujin, le seul qui jusqu’à maintenant avait su comprendre qui elle était vraiment, au fond d’elle-même et qui avait su l’accepter telle qu’elle était. L’obéissance, l’amitié, l’altruisme… Tout ça selon lui ne le protègeraient pas de la mort et Hideko ne pouvait être plus en désaccord, tant les contre-arguments qui lui venaient à l’esprit s’enchaînaient et s’accumulaient, mais la puissance était l’un des plus puissant garant de la survie, ça elle n’en doutait pas.
Serait-ce que cette frénésie qui était la sienne la protègeraient de la mort ? Ces pulsions de rage et de violence ? Quid du jour où elle agirait de la sorte face à un adversaire plus puissant ? Ignorant de fait ses instincts les plus profonds qui dans de tels situations lui intimeraient de courir et de prendre la fuite, ou de faire profil bas afin d’éviter les dangers ?

Hideko fut arraché de ses pensées par Joben qui, continuant son discours, la pointa du doigt avec force, tel un jugement qu’il rendait sur sa personne, affirmant qu’elle ne pouvait lutter contre ce qu’elle était. Ryujin… Ryujin aussi soutenait les mêmes propos, bien que le cadre dans lequel il évoluait était bien différent.
Était-ce donc pour cela qu’on la craignait ? Car elle était une force ? Parce qu’elle possédait en elle cette frénésie du combat ? Ou était-ce parce qu’elle n’était pas parvenue à les contrôler ? A se contrôler afin de faire de ces caractéristiques, de ses traits de sa personne, des forces plutôt que des faiblesses.
Savoir quand se contrôler et quand lâcher prise…
Hideko resta muette, analysant les paroles de son interlocuteur, les décortiquant sous les tous les angles, les opposants avec ses affirmations. Ces derniers mots qu’il avait prononcé, cette raison pour laquelle tous les craignaient, semblaient avoir une intensité particulière en lui. Il détourna le regard, plongé son unique œil dans la foule, son corps se voutant légèrement, faille passagère qui eut tôt fait d’être dévorée par l’ombre qu’il était.
Qu’elle vie avait-t-il donc vécu ? Qui était-il réellement ?
La haine sans limite qui dégoulinait des mots de Joben raisonnait avec la sienne, nourrissant cette colère sourde et insidieuse profondément ancré en elle, une colère naquit de l’injustice qu’avait été sa vie et de toutes les souffrances qui en avaient découlés.

Pourquoi pensait-il ainsi de l’amitié ? N’était-ce vraiment qu’un tissu de mensonge ? Oui… Après tout, n’était-ce pas ce que Akio et Akagi lui avaient montré ? Eux et tous les autres ? L’amitié affaiblirait-il vraiment sa personne ? Dans ce confort qui serait le sien et qui éroderait sa détermination et sa rage de devenir plus puissante ?
Pour vaincre, fallait-il vraiment être plus sauvage que son adversaire ? Ne suffisait-il pas d’être plus puissant ? Plus rusé ? Plus intelligent ?
Les coordinations, la discipline, l’esprit d’équipe, tout cela n’allaient pas les mener à la victoire ?

Soudain, alors que toutes ses questions s’enchainaient dans son esprit, sans trouver réponse, attiré vers cet homme qui lui semblait si puissant, si sur de lui, Joben ôta son cache œil. Là, elle vit une cavité creuse dont les chairs rosées creusées par les cicatrices et elle ne put s’empêcher de se reculer légèrement, marquant du dégoût. Cet événement la rappela à la réalité qui était la sienne : elle aussi possédait ce genre de marques immondes sur le corps, elle en était même recouverte.
Accepter l’horreur comme elle se présente ? Non, jamais. Elle avait accepté son sort pendant toutes ces années, elle s’y était même abandonnée, jusqu’à ce que le destin en décide autrement. Maintenant éveillée, il était hors de question de l’accepter. Tout ce qu’elle avait entrepris depuis le début, tous ces efforts, tous ces sacrifices n’avaient que pour seul objectif de ne plus jamais souffrir ainsi. Surtout, de se retrouver vulnérable, incapable de se défendre, baissant l’échine par dépit, faiblesse, résignation.
Sur cette pensée, elle se redressa, se rapprochant de Joben, confrontant ses mots avec son corps, les refusant. Il ne tenait effectivement qu’à elle de choisir ce qui la définira et être une héroïne ne l’intéressait pas. Être connus de tous, être célébré… cela ne l’intéressait pas ou tout du moins, elle le pensait. La main de Joben qui pointait son cœur, comme s’il rendait là son jugement, saisit la foule pour finalement revenir à lui, concluant ainsi sa longue tirade.
Il ne comptait en effet qu’à elle de décider ce qu’elle allait devenir, oui, maintenant elle en était convaincue, mais ses attaches la retenaient encore et toujours, des attaches du nom d’Aya, Kamui et Kaminari. Était-ce là réellement des faiblesses ? Sa famille, sa seule famille qui lui restait et sa première amie une faiblesse ?
Joben n’avait-il donc aucun ami ? Ce refus qu’il lui jeta à la figure fut accueilli avec amertume, mais Hideko se retint, prenant le temps de réfléchir, de mûrir ses pensées. Pendant le tournoi elle s’était laissée allé, elle n’avait su prendre le temps de se poser et de réfléchir. Cela devait changer et qu’importe qui elle aurait devant elle, ce serait elle qui allait dicter le tempo.

Telle une ombre insaisissable, elle ne savait que penser de lui. Tout son être lui criait qu’il était une menace et pourtant… une petite voix au fond de son esprit lui chuchotait qu’il était un homme puissant, un homme avec qui elle pourrait le devenir toujours plus… Ses yeux, pour la première fois, se décrochèrent de la figure balafrée de Joben, balayant la foule en quête de réponse qui ne pouvait qu’être siennes.
Que voulait-il vraiment ? Pourquoi l’avait-il accosté ? Et elle ? Que voulait-elle de lui ?
La seule chose qu’elle sut en cet instant, ce fut que les faux semblants n’avaient pas de sens avec lui. Non, elle pouvait être sincère, elle pouvait être elle-même, car après tout, que risquait-elle de plus ? Ses yeux se posèrent sur la silhouette de Raizen qui devant eux, légèrement en hauteur, les dominait tous.

– Non. Dit-elle l’air perdu.

Peu à peu ses idées reprenaient forme, bien que profondément influencées par les paroles que Joben avaient tenus. Malgré tous les efforts qu’elle déployait, elle ne sut poursuivre plus longuement un débat qui la dépassait, dans le monde brisé qui était maintenant le sien. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle refusait de courber l’échine, qu’elle devait continuer sa route, mais que pour se faire, elle devrait se montrer plus intelligente, plus maline, afin que jamais plus elle ne se retrouve dans cette situation, seule, abandonnée de tous ; que la seule figure qui vienne vers elle soit celle découturée de Joben.
Y arriver seul, en son état actuel, cela lui était impossible et lui qui se dressait devant elle, tel un fauve qui en menaçait un autre, représentait une opportunité qui, bien qu’elle l’effrayât, était si attirante qu’elle ne saurait la refusée.
Le temps passa. Tout autour d’eux s’échangeaient des discussion, réagissant à l’annonce que venait de faire Raizen. Hideko, les yeux rivés sur lui, serra le point. Elle le serra de toutes les forces.
Et lui, qu’en pensait-il de tout cela ? Ca au moins, elle serait rapidement fixée, car Raizen ne saurait laissé traîner cet entretien dont il avait parlé.
Soudain lui revint à l’esprit le globe désincarné de Joben. L’horreur… l’accepter-t-elle que se présente ?

« Non, il en est hors de question. Répondit-elle, alors que les doutes qui étaient les siens s’effacèrent, dévorer par la rage. Jamais je n’accepterais l’horreur, jamais plus. »

Hideko fixa Joben du regard, puis se retourna. En cet instant, elle fit quelque chose qu’elle n’avait fait jusqu’alors : elle leva légèrement son haut, dévoilant son dos, ses innombrables cicatrices, sa chair martyrisée par le métal incandescent et les coups de martinets. Un dos qu’aucun homme n’accepterait jamais. Là, pour la première fois de sa vie, ses marques lui apparurent comme une force. Silencieuse, elle resta ainsi quelques secondes, puis laissa retomber son haut et se retourna vers lui.

« L’horreur je l’ai vécu et ce qui m’en a libéré ce fut la mort de mon tortionnaires, de mon père. Lâcha-t-elle avec dégoût. Alors jamais plus et qu’importe ce que j’aurai à faire pour ça, je suis prêt à tout. »

De cette affirmation qui ne faisait aucun doute pour elle, de cette faiblesse qui était gravée dans son dos, naquit une force, car c’était la raison qui la poussait à se battre.
Sa raison de vivre.
Les doutes n’avaient, en cet instant, pas lieu d’être. Non, il lui fallait être forte. Il lui fallait être intelligente et convaincre Raizen et le village de la laisser poursuivre son chemin. Car jamais plus elle n’accepterait d’être enchaînée, et bien que l’idée de quitter le village, de quitte ce pays et de quitter Aya lui était difficile, au fond d’elle-même, elle savait quel choix serait le sien.

« Alors si vous n’êtes pas mon ami, si vous ne le serez jamais, que serez-vous ? »


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Nara Joben
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Mar 10 Aoû 2021 - 23:55


Si chaud peut être le feu, il n’a jamais empêché certains de vouloir s’en faire maitre. Forgeronne d’héritage, la Metaru glissa le fer de sa volonté dans les abysses incendiaires qui s’imbibaient de toute la noirceur du Nara, comme si elle attendait qu’il y pose sa marque de ténèbres, comme pour qu’il la façonne de ses flammes noires, ce qu’il s’empressa de mettre au labeur. Elle accepta de se laisser séduire par la promesse d’une lame plus assassine, plus perforante et plus rapide qu’aucune autre, accouchée des forges du Mal, imprégnée de forces profanes et occultes ; ensorcelée d’un pouvoir à nul autre pareil. Les paroles du bouteflamme irradièrent vers elle comme la caresse réconfortante d’une onde de chaleur, augure d’un destin unique, sombre, mais grandiose. Oui. Comme si tout ce qu’il racontait était un serment de pouvoir, comme s’il balayait la crainte ou le doute de n’être pas apte face au monde. Elle écouta chaque parole, goutta au calice rempli du nectar de la haine, et laissa le fer de sa volonté fondre dans les flammes au point qu’il rougisse plus fort qu’un soleil de feu.
Au point qu’elle laisse fondre cette volonté sacrée, au point que sa loyauté glisse progressivement vers les ténèbres.
Mais c’était sous-estimer la forgeronne que s’imaginer que le fer ne serait pas battu par l’enclume.

De trois coups de coups puissants déguisées en trois prises de paroles, elle martela ses convictions en battant le fer et retira sa lame du feu, avant de la plonger dans le sang-froid ; à sa souche, le fer cria en étant brûlé par le froid. Cryogénisé dans ses lueurs grises et étincelantes, il fut hissé avec vigueur par la Metaru comme une bravade, comme une provocation faite au fourneau qui n’attendait de d’aiguiser encore le fil de cette lame pour qu’il coupe tout, amis comme ennemis.

D’un œil convaincu, le diable tenta encore de séduire la forgeronne en irradiant des ondes de chaleurs douces, celles qui promettaient la force et la résilience. Il était le feu qui protégeait de l’hiver. Il était le feu qui dévorait tout sur son passage.

Mais le fer ne céda pas à ce regard aguicheur. Alors, désabusé, l’énigmatique chantre des ténèbres recula, repoussé par la vision de ces cicatrices horrifiques qui semblaient faire tant le chagrin que la fierté de l’intéressée.

L’œil opale et doré de l’ombrageux sicaire se désagrégea d’un désir flétri, puis étudia chaque plaie, chaque rainure carmine comme autant de runes de protection contre le Mal qu’il représentait.
Il était un animal hors du troupeau, perdu dans le calme trompeur d’une sédentarité qu’on croyait certaine tant qu’on avait de quoi brouter. Nul n’osait, à son instar, déclencher le mouvement de la harde. Comme s’il était le seul à flairer ces fauves embusqués dans les ombres.

En reculant, il soupira. Pas de ces soupirs qu’on pousse par fatigue ; de ceux qui soufflent les ondes du désespoir.
A jamais, il serait seul.

Il l’observa, comme un rêve brisé. Et tandis que son œil s’attardait sur le deuil de cette chimère, la farouche Metaru osa l’ultime question.

Si vous n’êtes pas mon ami, que serez-vous ?

Son iris la parcourut de haut en bas et, sans un sourire pour déchirer le malaise qu’il créa en étudiant ses formes, il jeta dans la fosse toutes les hypothèses d’une possible rédemption.

« Tu le sais très bien. »

Ces mots jetés comme une évidence, il tourna les talons et s'en fut, abandonnant Hideko à ses doutes.

La Mort. Il serait la Mort en tout temps, et en tout lieu.
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