Le quotidien devenait de plus en plus difficile à supporter pour le Kogami. D’un ennui mortel toutefois nécessaire, ses journées se résumaient à l'entraînement de ses troupes et au recrutement de nouveaux soldats. Des obligations qui, si elles étaient nouvelles pour lui, étaient vite devenues ennuyeuses. Parfois, le Kogami se remémorait le passé de vagabond qui l’avait amené à traverser la moitié du continent. Un passé lui ayant offert un quotidien difficile mais des récompenses à la hauteur du défi.
“ … “
Ici, la seule récompense à laquelle avait droit Akira se faisait sur le très long terme. Le capitaine n’était même pas certain de pouvoir un jour voir ce qu’il désirait: un empire grand, puissant et implacable. Un empire qui ne semblait plus être que l’ombre de lui-même, si tant était qu’il eut un jour été grand. Tout semblait être fait pour le laisser sombrer, chaque nouvel événement ayant pour effet de l’affaiblir ou de le désorganiser.
“ Bon. “
Étirant ses doigts pour en faire craquer les cartilages, le capitaine se redressa du rocher contre lequel il était adossé. Attendant son élève du jour sur un terrain vague, Akira donnant parfois des cours “spéciaux” de par leur caractère individuel, le valeureux apercevait au loin la silhouette du soldat en question.
Il arrivait parfois que le capitaine, en observant un soldat, décide de l’aider à combler ses lacunes. Mais la plupart du temps, l’initiative venait de ceux à qui il enseignait, voulant profiter de ses talents de shinobi et d’enseignant. Deux choses qui, couplées ensemble… donnaient un résultat intéressant pour quiconque cherchait à s’améliorer.
“ N’attendons pas. “
Dit-il, dégageant du pied la poussière accumulée au sol.
Nouveau né dans les forces armées de l'Empire du Teikoku, je me savais lancé dans une quête terrible de puissance et de légitimité, de relation et d'amitié. Il fallait se faire sa place, mais je n'en demeurais pas moins motivé, motivé à l'idée de pouvoir croiser le fer avec ses lâches shinobi. Le courage et l'honneur ne s'obtenaient pas, ils étaient ou ils n'étaient pas. Ces couards ayant détruit mon village, ma vie, tout en repartant se cacher dans l'ombre d'où la crasse ne sort que sous les coups. Au Teikoku, je savais que certains étaient issus de ce monde, et en secret je les méprisais plus que tout. L'opportuniste sait toujours se rattraper aux branches. Ils avaient donc senti le vent tourner. Je n'étais pas encore assez fort pour tenter quoi que ce soit, c'était bien là mon soucis.
Dans un but d'acquérir assez de force pour faire régner l'ordre naturel des choses, il me fallait donc prendre sur moi, collaborer. C'est ainsi que je m'étais surpris à demander de l'aide à un membre important de nos forces. Akira.
Réputé parmi tous, il avait accédé à ma requête. Pourtant je ne le connaissais que de nom, rien chez lui m'était familier. Ni ses réelles capacités, ni ses humeurs. Ce serait un bien étrange entrainement. Prenant rapidement mes affaires je me dépêchais de rejoindre le lieu du rendez-vous, l'un des terrains d'entrainements de la capitale. Là, une silhouette était déjà en place, semblant faire quelques légers étirements, prémonitoire d'une forte intensité sur un court laps de temps. Je n'avais pas envie de perdre une journée.
Arrivant prêt de lui, je pu comprendre que le temps était également une denrée précieuse à ses yeux. Ainsi nous partagions un point commun. Sauf que chez moi le temps cédait devant deux domaines : l'honneur et la beauté. C'était là les deux constantes de mon existence. Je saluai respectueusement mon supérieur avant de l'aborder verbalement, comme pour statuer ce vers quoi l'entrainement aller découler.
- Vous me voyez ravi de cet empressement, Akira-Sama. Je suis Kei et je viens quérir votre enseignement sur une technique de désarmement, adaptable à... Ceci.
Je détachais les deux lances dans mon dos, collées l'une à l'autre, comme des sœurs siamoises, et les présentais face à lui. Il était rare de pouvoir observer de si près des armes sacrées. Les incarnations de la Volonté étaient deux lances cherchant constamment à se retrouver. Elles renfermaient un pouvoir semblable au clan ninja des Jiki.
Souriant en coin, je les séparèrent pour en prendre une dans chaque main, avant de faire changer leur polarité pour qu'elles se rejoignent dans ma main droite. Fixant alors mon homologue, j'espérais que ce dernier comprendrait ce qu'il en ressortait.
- Souhaitez-vous m'attaquer pour tester mes réactions à une offensive, ou bien faisons-nous l'inverse et me désarmer fait parti de votre pédagogie pour me montrer la marche à suivre ?
En effet, il était d'avis général que la démonstration par l'exemple était bien plus parlante et formatrice qu'un simple échange verbal théorique, restait à voir dans quel sens nous allions procéder.
Si la beauté restait une préoccupation discutable dans la vie du Kogami, le capitaine ayant une apparence soignée bien qu’il n’estime pas en faire tout un plat, l’honneur, lui, s’avérait être l’un des maîtres mots de son existence. Après tout, que serait un samouraï sans honneur ? Sans doute la risée de tous les épéistes. Chose qui devenait hélas de plus en plus commune au royaume des opportunistes.
“ … “
Assistant ainsi aux salutations pondérées du soldat, auxquelles il adressa une brève réponse digne de son rang, le Kogami accéda à sa requête sans l’ombre d’un problème. Une demande claire, efficace et simple de par la quantité minime de chakra requise: cet enseignement ne devrait pas être difficile. Du moins, tant que son élève du jour faisait preuve d’un peu de rigueur, ce qu’il ne craignait pas puisqu’il l’avait lui-même sollicité.
Ainsi, observant avec intérêt la présentation succincte de l'arsenal de son vis à vis, le capitaine plissa les paupières avec curiosité. Drôle d’arme que voilà, sans doute liée à une pratique du Ken Toshi de ce qu’il avait pu voir lors de ses précédents voyages sur le continent et ce qui l’entourait. Un expert en bukijutsu donc.
“ Il faut toujours pratiquer pour apprendre une technique, personne n’apprendra le nécessaire dans une salle de classe. “
Sur ce et sans vraiment prendre de gants, le capitaine dégaina sa lame pour l’opposer à la lance du Yamashita comme le feraient deux combattants croisant le fer. Mais bien vite, la menace prit forme en l’objet de son fourreau, le Kogami frappant avec une maîtrise parfaite le manche de la lance, contrebalançant ainsi l’instrument dans la main du combattant ce qui l’obligea à lâcher au risque de voir son poignet retourné à 180°. Depuis de nombreuses années, le valeureux utilisait son fourreau comme une véritable arme au même titre que son katana.
“ Ce sera à toi de faire la même chose désormais. Avec un peu d’assiduité, tu apprendras rapidement. “
Dit-il, ne doutant pas des capacités du gladiateur.
Ce fier samourai allait forcément me plaire. Tout dans sa silhouette, dans sa façon de se tenir rendait compte d'un estime de soi et de l'autre important. Il avait donc, évidemment, toute mon attention. Ne partant nullement dans des palabres inutiles. Il fixa les lances, sembla intrigué, et c'était là le but. Sa position belliqueuse semblait vouloir parler pour lui : il était temps de s'y mettre désormais. Et faisant écho à ses quelques paroles il effectua un mouvement parfaitement maitrisé, alla jusqu'à impacter la hampe de ma lance et expulsa cette dernière plus loin. Une douleur légère vint alors se faire sentir au niveau de mon poignet, soumit à une torsion importante.
Tournant le regard vers l'arme expulsée, je ne pu qu'émettre un petit rire sarcastique, plus sur mes capacités propres que sur le niveau de mon opposant. Si je l'avais voulu, aurais-je pu empêcher ma lance de voler quelques mètres plus loin ? Tournant à nouveau mon regard sur Akira, je fermai les yeux brièvement avant de reculer de quelques pas, en tendant ma dernière lance empoignée vers la seconde au sol. Cette dernière vibra avant de rejoindre sa jumelle.
- Ta façon d'être me plait, ta façon d'agir également. La fluidité et la beauté de tes mouvements te rend honneur. Tu es un bon professeur.
Ce niveau de maniement de l'arme blanche confirma ma volonté de renforcer mes capacités contraires, et ainsi d'avoir assez de cordes à mon arc pour me permettre de devenir un véritable némésis face aux épéistes.
Exécutant alors quelques figures avec les deux lances, je me replaçais en position de combat.
- Bien, essayons d'une façon simple avant de potentiellement la complexifier.
Face à moi, le gradé du Teikoku avait encore en main sa lame. Je me devais de lui ôter. Prenant mes appuis, je me lançais vers lui, avec l'ambition claire de copier au mieux possible son mouvement, en y apportant la petite variable du magnétisme de mon arme. Mais pour le moment je souhaitais essayer sans artifice.
Me baissant une fois arrivé à son niveau, j'effectuais une légère rotation avec ma lance gauche pour venir frapper le dessous du poignet maintenant le katana, comme il avait pu le faire avec moi. L'autre lance arriva elle vers la lame pour la repousser une bonne fois pour toute. Cet enchainement paraissait simple, néanmoins si mon instructeur trouvait un moyen de le parer, ce serait un échec, et je serais alors dans l'obligation d'apporter des correctifs à mes mouvements, ou bien d'user des pouvoirs si particuliers de mes armes légendaires.
Sans s’inquiéter de l’état de son élève -Akira le savait bien capable d’encaisser une légère torsion- le Kogami retrouva une posture parfaitement droite renvoyant à la fois une totale maîtrise de soi mais aussi le sérieux dont il faisait preuve dans un cadre tel que celui-ci. Lorsqu’il était question de la voie des armes, tout se devait d’être calibré au millimètre près. Il n’y a qu’ainsi que l’on puisse créer de bonnes conditions d’apprentissage.
“ C’est ce dont a besoin l’empire pour former de bons soldats. “
Répondit-il aux louanges du gladiateur sans toutefois laisser transparaître la satisfaction qu’il retira d’être ainsi vanté. Après le passage de ses détracteurs étrangers, un peu de reconnaissance n’était pas de trop pour un homme que l’on surnommait le valeureux. Un titre ne lui ayant au final rien apporté.
Remarquant la capacité, ou du moins un aperçu de son arme, le jeune homme en conclut qu’il s’agissait d’une manipulation de la gravité ou polarité. Sans être véritablement renseigné sur le sujet, le capitaine en conclut que ce soldat devait avoir plus d’un tour dans son sac.
“ A toi l’honneur. “
Dit-il en adoptant une posture de combat unique, puisque de son invention, mais dont la perfection ressortait à l'œil nu pour tout pratiquant du bukijutsu quel qu’il soit. Ainsi, lorsque le gladiateur tenta une approche adaptée à la sienne bien qu’exécutée avec des armes différentes, le Kogami effectua une rotation millimétrée avant de lâcher son arme… pour la récupérer de l’autre main. Un désarmement partiellement réussi donc, mais facilement comblé par le samouraï. Et pour cause, il n’était pas question de ménager son élève.
“ Bien tenté. N’hésite pas à user des spécificités de tes armes. Qui plus est, les manieurs de lances se font rares. Le katana est une arme bien plus répandue, c’est un avantage. “
Précisa t-il, laissant au soldat le choix de tenter une nouvelle approche.
L'exécution de mon mouvement était fluide, parfaitement calqué sur celui de mon éminent professeur, et pourtant. Dans un geste des plus surprenant, il lâcha son arme pour esquiver la frappe destinée à le désarmer. Cette façon d'agir fit s'esquisser un sourire rayonnant sur mon visage. Quelle belle idée. Me reculant de quelques pas, je lui signalais mon respect par un petit signe de la tête, tandis qu'il me distillait des conseils. Celui d'user de mes lances et de leur pouvoir.
- En effet, je crains de devoir y être obligé sur un tel mouvement. Bien.
Les armes en main, je les observai attentivement. J'allais devoir exécuter un mouvement de double frappe afin d'expulser l'arme plus loin. Il était crucial pour moi d'appréhender cette technique qui saurait me permettre de devenir un contre-bretteur redoutable. Relevant les yeux, je laissais se découler quelques secondes, sans rien entreprendre ou dire, simplement en laissant l'environnement m'imprégner comme j'en avais parfois l'habitude.
Ce moment était le premier que je partageai avec un supérieur, un collègue, au sein de l'empire du Teikoku. Je devais soigner mon apparence et mes décisions afin de ressortir comme un brillant membre de l'armée, ce que j'étais destiné à advenir dans un futur plus ou moins proche. Fixant de nouveau ma concentration sur le brillant Samourai, je me plaçais en position de combat, laissant disparaitre mon sourire d'un visage désormais axé sur un objectif.
M'élançant comme la première fois vers Akira, je replaçais différemment mes lances durant ma course, l'une était tendue derrière mon dos, l'autre pointée vers mon adversaire du jour. Alors que j'approchais de l'objectif, la première lance fusa de derrière mon dos vers la lame du katana. Un désarmement par le tranchant de l'épée, ce n'était pas une technique courante. Mais le magnétisme de mes armes suffisait à faire en sorte que ça soit très efficace.
Alors que je tentais de toucher l'arme de mon adversaire avec la première lance pour polariser le métal, la seconde fila alors à toute vitesse afin de la repousser juste par sa présence. L'impact polarisant l'empêcherait de garder sous contrôle son arme, du moins si j'arrivais à toucher mon adversaire. Mes mouvements avaient été réalisés rapidement, plus rapidement que mon mouvement précédent. Est-ce que la beauté de la science magnétique allait parvenir à me faire gagner cette joute ?
Immobile, le capitaine observait le soldat dans l’attente de son prochain mouvement. S’il était la pour enseigner, Akira comptait bien agir comme lors d’un duel, sans faire de cadeaux à son adversaire. Il n’y a qu’ainsi qu’il lui serait donné de progresser, en situation réelle. Akira l’avait lui-même appris à ses dépens.
Finalement, son adversaire entama un assaut du tranchant de sa lame sans doute dans l’espoir de surprendre le Kogami. Analysant rapidement les mouvements du gladiateur d’un stoïcisme imperturbable, le capitaine fit pivoter sa lame sur elle-même pour forcer la pointe de la lance à glisser le long de celle-ci. Ainsi, sans aucune pression exercée, difficile de le désarmer…
… Bien que la capacité de polarisation du gladiateur vint rattraper le tout. Du moins l’espace d’un instant, la surprise s’emparant du Kogami mais pas assez pour le démunir. En effet, agrippant fermement la poignée de son arme, ce dernier parvint à la retenir efficacement pour l’empêcher de filer entre ses doigts.
“ … “
Pivotant d’un mouvement de jambes rapide pour contourner son adversaire, le samouraï prit à nouveau une position de combat, signifiant qu’il allait falloir recommencer. Augmenter la puissance de sa polarisation, trouver un enchainement plus efficace ou se montrer tout simplement plus rapide… qui sait ? Il ne tenait qu’à lui de forger sa clé. Il n’était pas ici question de trouver une réponse pré établie.
Face au nouvel échec de ma manoeuvre, je commençais à éprouver un sentiment que je détestais au plus haut point, à savoir l'agacement. Mon opposant et son style fluide me rendait la tâche bien plus complexe que ce que j'aurais pu envisager au préalable. Pourtant mes enchainements touchaient, mes idées étaient cohérentes mais cela ne suffisait pas. Relâchant quelques secondes ma position de combat, je soupirai en fermant les yeux, comme pour rétablir un équilibre interne à ma personne.
L'acuité issue de son expérience de combat était terriblement impressionnante. Peu de faille... Il me fallait faire plus fort, plus vite. Laisser exploser le pouvoir de mes lances comme rarement je n'avais pu l'expérimenter jusqu'ici. Reprenant de solides appuis, je me focalisais sur la lame face à moi avant de foncer vers mon adversaire. Dans ma lance droite, j'accumulais une forte tension chakratique. Effectuant une offensive avec l'arme gauche pour me permettre de me dégager un angle de frappe, je dirigeais alors la seconde vers la lame de ma cible. Mouvement en tenaille, très complexe à esquiver à cette distance.
Les deux objets légendaires, si chargés en énergie, propulseraient l'objet en contact instantanément à plusieurs mètres de distance.
Alors que le temps semblait s'écouler de moins en moins rapidement, je changeais la direction du coup lancé par ma gauche en pivotant mon poignet pour venir frapper le dessous des bras d'Akira, qui tenaient le katana. L'autre lance accéléra sa course, pour venir à l'encontre du tranchant et ainsi appliquer la polarité nécessaire à l'expulsion de son sabre.
Le mouvement était avant tout destiné à gommer une faille lancinante jusque là à savoir la poigne forte qu'il entretenait sur son arme. En frappant d'abord ses bras, ça baisserait la tension musculaire et me permettrait d'appliquer la répulsion sans obstacle.
Un sourire était dessiné sur mon visage, alors que le contact me paraissait enfin inévitable. Allais-je parvenir à mes fins ?
Sans surprises, son adversaire s’impatientait. La se trouvait l’une des composantes essentielles à sa réussite: le contrôle de soi. Il lui fallait réussir à garder confiance en ses capacités pour atteindre la victoire. Car si Akira ne comptait pas lui faire de cadeaux, il n’en restait pas moins humain et loin d’être invincible.
“ … “
Ainsi, satisfait de le voir reprendre le contrôle de lui-même sans avoir à le rappeler à l’ordre, le capitaine attendit la prochaine offensive du gladiateur. Offensive qui ne tarda pas à venir, le soldat s’élançant à son encontre avec une bonne stratégie en tête. Frappant le bras du Kogami pour ensuite éjecter son arme hors de ses mains, le gladiateur arriva à ses fins en désarmant efficacement Akira. Du moins l’espace de quelques secondes, puisque ce dernier, vivace, effectua un pas éclair pour récupérer son arme en vol.
“ Bien joué. “
Qu’importe qu’il ait pu la récupérer, force était d’admettre que le soldat était parvenu à ses fins. Cela dit, il allait maintenant falloir passer aux répétitions. Rester sur une réussite peut-être dûe à la chance ou au hasard ne serait pas professionnel et résulterait en un apprentissage de mauvaise qualité.
“ Refais moi ça deux ou trois fois pour être sûr. “
Au détail près qu’Akira savait maintenant à quoi s’attendre.
Enfin. Je ne ressentais pas le fait d'être arrivé au terme du voyage non, simplement que je faisais bonne route. J'étais parvenu à expulser le katana de ses mains. Pourtant il était si habile... Cet Akira était parvenu à récupérer son arme en vol, pour revenir sur ses appuis. J'aurais pu me dégager un espace d'à peine une seconde pour le frapper si nous étions en combat. Trop peu.
Fixant mon homologue qui me félicita brièvement, je cachais ma légère déception derrière un sourire de façade et un regard empli de détermination. La mèche de cheveux se laissant tomber devant mes yeux se balançait selon les divagations venteuses. Mon supérieur me demanda alors de reproduire l'assaut encore une paire de fois pour balayer l'hypothèse de la réussite par pur hasard. D'instinct j'aurais réaliser le même enchainement, à la même intensité. Mais apporter une variation pouvait être bénéfique pour l'enseignement, d'autant que je savais pertinemment que durant mes futures missions j'aurais à appréhender et combattre des guerriers aux styles différents.
- Merci, bien à moi de réussir à nouveau cette prouesse.
Je m'élançais de nouveau, déterminé. J'engageais ma course en tenant mes lances de la même façon que la première fois. Cependant arrivé à mi-chemin, je croisai mes bras, prenant une forme de pointe de flèche.
Arrivé à portée, je lançais mon bras droit dans un balayage large pour tenter de toucher la lame. Je lançai l'autre bras dans le même balayage, effectuant un mouvement en tenaille. Sauf qu'avec le pouvoir de mes armes, je n'avais qu'à toucher le katana pour le propulser. Je lâchai brièvement l'emprise sur la hampe de la lance de gauche avant de l'attraper de nouveau, faisant varier mon allonge de plusieurs dizaine de centimètres.
Le chakra avait désormais infusé totalement mes deux lances. Le moindre contact avéré et la polarité créée dégagerait avec force le sabre de ma cible. Mon stratagème allait-il fonctionner et prouver au gradé de l'Empire face à moi que je savais varier mes offensives ?
S’il aurait pu comprendre la frustration du soldat -pour peu qu’il la lui partage- Akira ne se serait gardé de lui rappeler qu’il faisait face à un shinobi bien plus fort que lui. L’idée n’était pas ici de le vaincre, simplement de réussir un tour qui marcherait sans doute bien mieux contre des adversaires de son niveau. Après tout, s’il était capable de faire lâcher son arme au capitaine, un shinobi de moindre rang se verrait ainsi sans aucun doute désarmé.
“ Je n’en doute pas un instant. “
Dit-il, se voulant encourageant pour son subordonné. Toutefois prêt à répliquer en cas de mauvaise application de sa part, Akira ne faisant jamais de cadeaux, le shinobi se vit avoir une nouvelle idée qui ne ferait qu’améliorer l’apprentissage du soldat. Ainsi, si la variation du gladiateur fut suffisante pour expulser l’arme du Kogami.. ce dernier vint le surprendre avec sa propre variation.
En effet, dégainant son Wakizashi, seconde arme complétant son daisho, le capitaine le pointa en direction de la recrue, signifiant qu’il ne serait jamais à l’abri de ce genre de surprises une fois en combat. Une manière fourbe mais néanmoins nécessaire pour compléter le dernier pan de cet apprentissage.
“ Et dans ce cas de figure, que ferais-tu ? “
Demanda t-il, récupérant son arme principale. Ainsi allait-il devoir le désarmer par deux fois, et dans un temps très restreint pour ne permettre aucune contre-attaque. Y parviendrait-il ? Mieux vaudrait pour lui. Mais une fois de plus, le valeureux ne doutait pas du caractère prometteur du Yamashita, qui semblait animé d’une certaine fougue destinée à le porter bien plus haut qu’il ne l’était aujourd’hui.
Pourtant, j'étais certain d'avoir tout analysé, tout compris de ses mouvements, aussi fluides étaient-ils. Mais cet officier avait encore une fois réussi à outrepasser mon action pour me mettre en défaut. Il était brillant. Presque énervant, mais respectable. Lâchant ma position offensive pour reprendre la distance initiale d'avant mon attaque. Mon sourire angélique figé sur mon visage, j'observais encore un peu plus le Kogami.
- Mouvement fourbe, et qui témoigne pourtant bien de notre époque. Le niveau n'en est que plus complexe à atteindre, et j'aime ça.
Oh oui, les défis ça ne me faisait pas vraiment peur, au contraire ça pouvait devenir motivant, tant que ce défi ne tournait pas en corvée. Et si l'épéiste ne cherchait qu'à me préparer à affronter des difficultés toujours plus élevées, je sentais monter doucement en moi une petite pointe de frustration. J'augmentais à chaque fois la cadence, l'envergure, l'impact. Et pourtant il trouvait toujours un moyen de me mettre face à mes échecs.
Tu voulais donc observer ce que je ferais dans un tel cas de figure ? Cette fois-ci je ne laisserais rien au hasard, aucune échappatoire. Maintenant que les deux armes étaient sorties face à moi. Je replaçais mes lances, dans la même position que lors du précédent assaut. Mon sourire disparu de mon visage qui s'abaissa jusqu'à n'avoir comme horizon que le sol et le bout de mes pieds. Levant doucement les yeux, seule la mèche récalcitrante de mes cheveux barrait mon regard. Je m'élançais sauvagement vers mon adversaire, ma cible.
Arrivé à portée du Kogami, je variais encore mon approche, en me bloquant et en abaissant mon centre de gravité. La première lance fusa vers les avant-bras de mon adversaire, dans un mouvement ascendant. Plusieurs réponses à cette offensive : il pouvait monter ses bras dans le même mouvement et perdre sa saisie optimale, il pouvait se décaler et perdre son équilibre, ou bien encaisser, auquel cas ses armes seraient polarisées et s'envoleraient comme des feuilles.
Pour me prémunir des deux premières solutions, qui solderaient mon offensive sur un échec, je lançais un balayage à hauteur d'épaule avec la seconde lance, en me relevant par le mouvement précédent. Ainsi, le coup porté en croix de façon décalée, aidé par l'allonge des lances, ne pouvait pas être un total échec. Même si il convenait de se rappeler du niveau de l'opposition et des innombrables possibilités qu'il conservait pour éviter un désarmement total.
Accueil
