Contours d’une salle résonnant au grès des proses martiales, effervescence envoûtante nimbant l’air de l’aura des deux combattants affairés à une lutte sans merci, défi d’honneur lancé avant le gang de départ. Crochet du droit, esquive de la tête filant par dessous une frappe latérale, muscle de contraction d’offensive à parade, de parade à offensive en une acrobatie digne de ce qu’ils représentent. L’odyssée d’un amour personnel pour ces arcanes, ces différents styles de combats dédiés au corps à corps.

De droite à gauche, de gauche à droite, la bête bondit face au maître du poing de fer, école plutôt assimilée à l'entraînement militaire des shinobis. Et pourtant, de ces jambes qui s’entrecroisent en un balayage aérien, de ces talons prenant un appuis certains, les deux pugilistes versent sang et sueur dans ce qui semble être une passe d’arme exaltée. Une deux, jeu de jambes endiablés alors que les silhouettes s'adonnent à deux ou trois esquives bien placées avant de tenter de percer la garde adverse à chaque instant.

Et le voici, Ryujin de son style forgé dans la souplesse et la fluidité qui toise son opposant d’un regard concentré, arcades levées et crocs dévoilés. Torse pulsant, chair saillante par dessous ses bandages, sa posture et sa carrure se dévoilent à leur plein potentiel, d’un souffle qui embarque son coeur en un déchaînement furieux. Blessures, sang, points d’appuis tremblant et pourtant dissimulé derrière cette hargne bien visible dans l’expression échangée entre les deux individus. La bête contre le pilier de fer.

Ce type est vraiment doué … Ce n'est pas un combat qui finira par une victoire ni une défaite … Il était temps.

La tension monte, le silence s’installe entre l’échange visuel des deux opposants avant que d’un coup, la garde de Ryujin s’annule pour reprendre une posture droite, poings serrés. Alors ramène sa main contre ses lèvres pour y essuyer une petite coulée de sang du revers de son poing, incline la tête pour regarder la dite trace. Corps endolorie, adrénaline injectée jusque dans les veines, frisson de la baston et de la compétition parfaitement repu suite à cette invitation dans le dojo. Enfin, si l’on pouvait le nommer ainsi, plutôt un petit regroupement de passionnés d’arts martiaux.

Vous m’en avez montré assez. Je ne me suis vraiment pas trompé en venant ici. Vous avez toute ma gratitude.

Et en face de personnes de sa trempe et de ses mœurs, l’homme ferma lentement les paupières afin d’incliner le haut du corps vers l’avant, un poing plaqué contre sa paume ouverte devant lui. Une fermeture de combat respectueux, assez reconnaissable pour des gens plongés dans ce milieu. Puis revient de face, main et bras s’élevant pour passer dans sa propre tignasse, comme l’air de réfléchir.

Hmm … Pour la quête que j’ai entrepris … Passer quelques jours ici ne serait pas de refus.

Nuités accordées le long d’un petit séjour de grâce, affaires disposées dans cet espace rudimentaire lui servant de couchage, l'ascète ne s'embarrasse d’aucune fioriture, rendant plutôt honneur à ce qui lui est accordé sur le moment. Car depuis l’exode du temple, sa quête prend forme de jour en jour, voit ses reliefs se dessiner au fond de son esprit à mesure des rencontres. Mais les étapes demeurent nombreuses et surtout, lui-même, perdu au milieu de l’étendue de ce village, doit se frayer un chemin correct. Inutile de s’adonner à tout et n’importe quoi d’un coup.

Et le voici à l’orée d’une brise matinale, d’une heure avancée pour tout civil encore endormis, installé en tailleur dans la verdure liée à la cour du petit dojo. Jambes croisées, paupières fermées, expression remarque sur le visage d’une concentration profonde relative à une méditation active. Le souffle semble lent et léger, d’un contrôle absolu, traduisant au fil de son écoulement toute la force qui parcourt le corps de cette bête indomptable, de cet être muée essentiellement par ses instincts et intuitions. Mais il sait, quand l’heure arrive après un long parcours, se poser et faire le point.

Le temple … C’était bien jusqu’à un certain point mais ça ne me suffit pas. Ne me suffit plus. Le vieux est certes encore puissant pour son âge … Mais ça n’a pas l’air ça, pas ce qu’il me faut non pour la suite …

Le topo de départ. Certainement anecdotique et assez factuel mais essentiel pour s’ancrer dans cette étendue de pensée afin de statuer sur un cheminement correct. Ce genre d’approche ne correspond pas forcément à son style … Mais guette ce sentiment de ne plus pouvoir avancer sans le recours des shinobis, de changer d’horizon quant à ces talents. Rien, d’aucune rumeur ne parlait de Bakuhatsu ou pouvoir proche de ce type à travers les concurrents ni le village, bien qu’une autre liste de clans célèbres lui soient parvenus par simple popularité.

Ces démons. Voilà ce que je veux, ce qu’il me faut un jour affronter. Cette technique et ces connaissances que m’ont transmis ces étrangers … Il m’ont dit que c’est une clef importante dans ma quête. Pourtant ce n’est pas encore l’impression que j’ai. Un peu trop facile à mon goût … Surtout de ce que j’entend matin et soir de ces habitants et commerçants au sujet des récents événements.

Dualité entre réalité et imaginaire. Car si l’impulsivité et le plaisir du combat le démarque particulièrement de ses confrères, le prédateur sait toiser sa prise et le recul nécessaire à avoir face à l’ampleur de la menace. Le seul souci résidait encore dans son ascension. Il ne sait concrètement pas encore qui aller voir, qui consulter parmi les clans célèbres afin de confronter et renforcer ses propres capacités pour cette menace. Et surtout se frayer un chemin dans une telle bataille.

Peu à peu, alors que le fauve demeure dans sa méditation active, le pseudo dojo s’éveil doucement, des premiers bruits de pas se dessinant sur les planches de bois. Escaliers, étages, silhouettes incertaines et autres sonorités du quotidien émergent sans pour autant le perturber, lui qui se trouve être concentré sur le soleil le levant, sa chaleur et de ses premiers rayons ornant la surface de sa chair.

Un instant de flottement s'opère dans sa réflexion, la verdure autour de lui se sublimant un instant sur l’éveil accordé par l’astre de feu alors que ce dernier arrange quelque peu sa posture. Muscles s’étirent sur place, frisson et hésitation parcourent son corps avant de le voir se raffermir pour une nouvelle session condensée. L’homme cherche un moyen, une voie, se cherche lui-même.

Même si ça m'énerve, je vais devoir suivre les enseignements du vieux un temps. Commencer d’abord par le bas de l’échelle, parcourir simplement les rumeurs et ouïe dires sur les récents événements. Je sais qu’il n’y avait pas que des ninjas d’élites durant ces expéditions. Il y a forcément deux ou trois shinobis qui seront plus enclins à me lâcher des pistes sur ce sujet. Peut-être deux ou trois conseils aussi. Affronter une créature gigantesque et un pratiquant d’art martiaux … Ce n'est pas la même chose. Au moins j’ai mes explosions …

Il connaissait l’étendue de ses plus puissantes explosions capables d’inquiéter quelques grandes créatures déjà, à l’instar des Kuchiyose. Mais d'après les descriptions, ces Bijuu n’avaient pas du tout cette ampleur, bien plus grands, bien plus imposants. Son répértoire correspond plutôt à une confrontation directe mais pas forcément à un assaut de groupe organisé. Alors, aller simplement consulter les shinobis les plus puissants ne rime à rien pour l’instant.

Remplir ces parchemins aussi. Mes anciens frères d’armes m’ont dit que cela un plus non négligeable. Mais qui ? Qui maîtrise en ces lieux des techniques similaires aux miennes ? Un autre Bakuhatsu ? Une personne capable de générer des truc similaires aux explosions ? Rah … Trop prise de tête. Peut-être pas ces rouleaux mais des enseignements, qui sait.

Procéder par ordre, par méthode.

Commencer par faire le tour de l’ensemble des clans impliqués dans cette excursion et ensuite aller voir un représentant de chacun de ces clans. Si encore Kumo dispose d’une telle connaissance. Inconnue totale pour lui qui a passé sa vie au temple.

La méditation perdure. Les pensées le submergent maintenant, réflexion volontaire isolée de ce dojo. La voie n’est plus si loin.