Les rues de la cité de la Roche avaient retrouvé tant leur calme que leur saine effervescence, débarrassées des hordes de réincarnés soulevées par le nécromancien Reijirô lors de son passage éclair en ces lieux. On aurait pu craindre, à l’instar de ce qui s’était produit après le cataclysme nommé Yonbi, qu’une nouvelle attaque orchestrée et lancée contre Iwa ait pu affecter le moral de ses habitants et de sa force vive constituée de travailleurs et de nombreux commerçants de tout bords. Cependant, à mesure qu’il avançait au travers des différents quartiers pour rejoindre sa destination, c’était une toute autre ambiance que l’Oterashi put ressentir sur les visages et dans les conversations alentours. Bien loin de se sentir anxieuse et menacée, la population… exultait. Le guerrier sans visage était bien loin de pouvoir partager une quelconque liesse en ce moment, mais il avait malgré tout sa petite idée sur le pourquoi de cet engouement général : Iwa, en effet, avait blessé et repoussé l’Homme au Chapeau. Une première mondiale et qui, enjolivée comme il se devait, avait certainement eu un effet positif sur celles et ceux qui bénéficiaient de la protection des shinobis de la Roche.

Un bénéfice inattendu, mais qui était toujours bon à prendre.

Bientôt, les pas du Tellurique le menèrent là où il le voulait, aux abords du domaine Hyûga, et il ne lui fallut pas beaucoup plus de temps pour repérer la signature d’énergie de la membre de ce clan renommé qu’il était venu trouver. Rin, car c’était elle, ne se trouvait vraisemblablement pas chez elle, et ce fut aux abords d’un dojo qu’il finit par la retrouver en apercevant sa silhouette fine et élégante au loin.

« Rin. » appela-t-il d’une voix forte qui porta sur les quelques dizaines de mètres qui les séparaient.

L’Oterashi fit quelques pas tout en appuyant son appel d’un signe de la main, qui signifiait clairement à la veuve qu’il voulait lui parler rapidement. Se déportant sur le côté pour s’éloigner des potentielles oreilles indiscrètes, il attira ainsi à part la jeune trentenaire.

« ...Content de te revoir entière. J’ai lu les rapports, sur ce qui s’est passé en ville. Tu aurais aidé à défendre votre domaine… ? »

Il laissa sa question en suspend, ne laissant pas paraître une once de fierté ou de reproche dans sa voix.

« ...N’y avait-il rien de plus utile que tu aurais pu faire, ailleurs qu’ici, hm ? T’a-t-on ordonné de rester là, ou bien y es-tu restée par habitude, par simplicité… ? Ne t’a-t-on jamais appris à te cloner, pour pouvoir intervenir à plusieurs endroits à la fois ? »

Le reproche, dans sa voix grave et éraillée, était cette fois presque palpable.

« Dis moi, sur un autre sujet… Que sais-tu précisément sur ceux qui nous ont attaqué. »

Spoiler:

Nonchalamment, l’Oterashi était allé s’appuyer contre une rambarde d’extérieur qui bordait une avenue du domaine Hyûga, posant ses avant-bras sur celle-ci en portant son regard au-delà. Dans cette posture, il écouta les explications que tenta de lui fournir son apprentie sans grand intérêt apparent, hochant subtilement la tête en observant les bâtisses un peu plus loin. Les raisons avancées par Rin, était bien sûr valides, et chacun dans le genre de situation qu’ils avaient traversé tous ensembles devait remplir un rôle à la hauteur de ses facultés. Seulement voilà, aux yeux du guerrier sans visage, la kunoichi endeuillée était capable de bien plus que de simplement tenir un front en compagnie de ses cousins et cousines plus ou moins éloignés. En cela, elle méritait à ses yeux une forme de remontrance, mais il doutait également fortement qu’une telle chose puisse l’aider à se dépasser d’une quelconque façon.

« ….Oui, c’est effectivement à ça que je faisais référence. »

Il se retourna finalement vers la jeune trentenaire, se dégageant légèrement de la rambarde pour lui faire dûment face. D’un bref coup d’oeil, il fit l’inventaire de l’équipement qu’elle portait sur elle et trouva ce qu’il y cherchait après une courte poignée de secondes.

« … C’est un rouleau de parchemin que tu as là ? Donne-le moi » dit-il en tendant autoritairement la main dans sa direction.

Il doutait que la Hyûga fasse des histoires face à un ordre direct venant de son chef d’équipe, mais Yanosa demeurait prêt à insister autant qu’il le fallait, tant par sa posture, son regard et par le verbe pour s’assurer de s’être bien fait comprendre. Une fois le parchemin entre ses mains, il se tourna à nouveau en direction de la rambarde pour dérouler le rouleau vierge dessus et se munit prestement d’un morceau de charbon finement taillé qu’il gardait toujours parmi les outils figurant à son ceinturon. Commençant à inscrire une multitude d’inscriptions codifiées et arrangées d’une façon bien particulière en injectant son chakra dans la procédure, il reprit en même temps la parole.

« ...Hm. Je ne parlais pas vraiment des réincarnés. Je te parle de ceux qui sont à l’origine de l’attaque. De celui, entre autres… qui a soulevé ces armées des morts. »

Il laissa un instant s’écouler tout en continuant d’ouvrager le parchemin qui s’étoffait de seconde en seconde.

« Kojima Reijirô. Yamanaka Rei. Sakaze Tôsen… Au moins deux de ces noms devraient te dire quelque chose, en principe. Le premier est notre nécromancien de service, celui à qui l’on doit tous ces morts et cette panique en centre ville. Le second, tu le sais sans doute, était le premier Empereur du Feu. Capable de manipuler et de lire les esprits et doté d’une constitution hors normes. Le dernier… Tu sais très bien qui est le dernier, et ce qu’il veut. Et pour arriver à ses fins, il dispose du pouvoir de voir et de contrôler le temps, en plus d’avoir en lui le pouvoir de Gobi. »

D’un enchaînement de déliés fluides et rapides, le guerrier tellurique termina d’inscrire la technique du Clonage de l’Ombre sur le parchemin et le ré-enroula prestement en le tendant dans la foulée à sa propriétaire.

« C’est le genre d’hommes contre lesquels nous devons nous battre. Le genre d’adversaire que nous devons vaincre, pour que nos luttes ne se révèlent pas vaines au bout du compte. Souviens-t-en bien, et tâche de te dépasser à tout instant si tu espères être autre chose qu’une figurante. »

Il marqua une pause en attendant bien que la Hyûga récupère son parchemin avant de se tourner légèrement vers le reste du quartier.

« … Tu dois absolument étoffer ton panel de techniques si tu veux avoir une chance. Tu me rejoindras au Dojo des Assimilateurs dans l’après-midi. »

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