Réunion de crise

De grosses perles de sueur coulaient depuis mon front sur mes joues rougies. Le reflet du soleil leur donnant un air éclatant. Cela aurait pu être beau dans d’autres circonstances, ridicule face à Masami, mais pour l’heure, je n’avais cure de savoir à quoi je pouvais bien ressembler, encore plus qu’à l’accoutumée. L’heure n’était pas à se demander si l’on présentait bien. Le village venait d’être attaqué, une nouvelle fois. Si nous ne voulions pas qu’Iwa vive une nouvelle crise, il nous fallait agir rapidement. Mais avant cela, il était nécessaire de faire le point sur la situation. De toute manière, avec le repli de notre ennemi, c’était la seule chose pertinente à faire après le soin à apporter aux blessés.

Sur la route qui me menait à l’académie, croisant quelques civils, je les rassurais sur la situation. Quant aux genins et chunins aperçus, deux tâches leurs étaient confiées. Jouer les messagers pour rassembler les jonins dans mon bureau et s’assurer de la sécurité des lieux, qu’il ne reste plus de menace de la part des morts réveillés par le nécromancien.

Finalement, premier sur place, et pour cause, je n’avais pas le temps de m’affaler dans mon fauteuil afin de prendre une pause. Personne n’avait pour l’heure de prendre une pause. Même si chacun de nous était épuisé, d’une manière ou d’une autre, nous avions encore beaucoup à faire avant d’espérer souffler. Créant deux clones, je les postais à l’entrée du bâtiment et sur le toit avec quelques consignes strictes.

« Assurez-vous que l’on ne soit pas dérangé, sauf urgence absolue. Je ne doute pas que vous serez déterminés le côté absolu de l’urgence vu que vous êtes moi. »

Finalement, les premiers invités de la réunion arrivèrent lorsque le thé que j’avais préparé en attendant siffla dans la bouilloire. Quelques tasses disposées devant moi, je servais chacun de nous, attendant les derniers arrivants. Finalement, l’attente ne fut pas si longue que cela, chacun devant estimé que la situation était suffisamment urgente pour ne pas faire attendre tout le monde.

« Merci à tous d’êtres venus si rapidement. Avant que nous n’allions plus loin, j’aimerai avant tout connaitre les pertes que nous avons subi, surtout du côté de la porte. Pour ce qui est du village et de ses alentours face au nécromancien, seule Seika aura subit les contre-coups de l’ouverture des portes qu’elle maitrise. En attendant, asseyez-vous et prenez une tasse de thé, cela pourrait vous paraitre ridicule, mais cela nous fera du bien. »

M’asseyant derrière mon bureau, invitant mes pairs à faire de même, avalant rapidement une gorgée de mon thé fumant, je reposais la tasse avant de me pencher en avant, coudes sur la table.

« Bien, soyons aussi bref et concis que possible. Je ne pense pas me tromper en disant que l’attaque aux portes était une diversion pour leur véritable objectif. Rei n’était qu’un appât. C’est le nécromancien qui œuvrait réellement pour leurs buts. Et … »

Laissant planer ma phrases quelques secondes, sentant la lourdeur des mots que j’allais prononcer, je balayais du regard chacune des personnes présentes. Dans mes yeux, il n’y avait nulle trace du Teruyo jovial que les gens étaient habitués à côtoyer. Seul un Teruyo tendu, les traits tirés, conscient de la gravité de la situation.

« … et il a réussi. Je ne sais pas comment il a réussi son coup, mais Nara Alderan marche à nouveau parmi nous. Il a été réanimé et s’est enfui avec l’homme au chapeau. Alors qu’Harumi et moi arrivions sur place, ce dernier est apparu depuis une sorte de portail, Rei à ses côtés. Du coup, j’aimerai comprendre ce qu’il s’est passé du côté de la porte. »

Cette fois, mon regard se tourna vers ceux présents face à Rei.

Spoiler:

Ashitaka bouillonnait sur place alors que l'Homme au Chapeau venait de disparaître dans un autre de ses portails. Cet homme avait réussi en quelques instants à réveiller toute sa haine, à le rendre méconnaissable. Lui d'ordinaire maîtrisé et plutôt rationnel était à peine capable de se contenir. La mémoire d'Amiko revigorée, le fait que la tête de celle qu'il aimait ait été mise à prix, tout cela tournait encore et encore dans son esprit. Pour autant, il devait encore travailler ses capacités de détection avant de pouvoir espérer aller à sa recherche. Il ignorait où elle pouvait se trouver, ni même si elle était en vie. Et aller la chercher dans le monde entier requierait beaucoup de temps et d'énergie qu'il ne pouvait pas se permettre de dépenser en tant que Jônin d'Iwagakure no Sato.

Mais alors qu'il tentait au mieux d'éteindre cette éruption d'énergie négative en lui qui l'empêchait de penser avec sa tête, une requête vint. L'attaque était terminée, les cadavres étaient retombés au sol, il fallait maintenant se réunir pour mettre à plat la situation et voir ce qu'il y avait à faire. C'était son devoir en tant que représentant du clan Borukan et Jônin. Il jeta un dernier regard à la situation chaotique qui l'entourait, remarqua que Yanosa semblait encore être en vie malgré la violence du choc qu'il s'était prit. Les autres... N'étaient pas blessés. Personne n'avait été réellement atteint mis à part lui. Peu étonnant à vrai dire en un contre huit. Qu'est-ce qu'il espérait ce fou ? Qu'ils allaient les laisser massacrer leur population ainsi ? Ces chiens s'acharnaient sur un peuple à terre au lieu de les laisser en paix. La mauvaise foi ou la folie de Sakaze Tôsen était sans limite. Mais difficile de savoir laquelle était réellement de mise dans son discours qu'il avait prononcé des semaines plus tôt.

Toujours était-il qu'Ashitaka se devait de rejoindre ses camarades, ce qu'il fit après un dernier ordre lancé à Idoku, demandant à ce dernier de patrouiller autour de la cité et de vérifier qu'aucune autre attaque n'allait arriver sur Iwa. La dernière chose qu'il voulait, c'était une attaque surprise de plus sur la Roche et qu'ils soient trop plongés dans une réunion pour s'en rendre compte suffisamment tôt.

***

Passant la porte du bureau de son pas décidé, Ashitaka hésita un instant en remarquant le thé servi. Avaient-ils réellement le temps pour ce genre de détails ? Ils étaient des militaires et non des politiques. Ou du moins, lui était un soldat avant tout. Peut-être l'était-il trop justement, et cela avait été la raison de son échec. Même s'assoir lui semblait impossible à cet instant. Restant debout le temps que tout le monde soit présent, il les salua tous d'un signe de tête, ne prononçant pas le moindre mot avant d'avoir entendu les paroles qu'avait à leur dire Teruyo, la raison qu'il avait invoqué pour cette réunion.

« Personne n'a été tué de notre côté. Seul Yanosa a subi de lourdes blessures. »

Prenant une grande respiration, il entreprit ensuite de récapituler le déroulement de l'attaque.

« Rei est arrivé avec ce que l'on a cru être le nécromancien et il a ensuite fait une technique pour créer une dizaine de clones. Tous étaient apparemment capables de lire dans nos mouvements, ou dans nos esprits. Et tous pouvaient le communiquer à Rei. Il est très complexe à surprendre, il est capable d'énormes prouesses et ne semble jamais venir à bout de chakra, mais mis à part cela, ses techniques étaient assez simples. Du ninjutsu très puissant, mais sans grandes surprises outre son absence apparente de limites. »

Bras croisés, le rouquin d'un mètre quatre-vingt-quinze continua son exposition des faits après une brêve pause pour laisser à ses camarades le temps de tout comprendre et éventuellement celui d'ajouter des éléments s'il en avait oublié ou mal compris certains dans le feu de l'action.

« Rei s'est défendu longtemps mais alors qu'il allait être prit à défaut, l'Homme au Chapeau est arrivé d'un portail pour le sauver et des zombis sont sortis de la ville pour nous attaquer. Pendant que certains les ont arrêter, nous avons tenter d'attaquer à plusieurs l'Homme au Chapeau et Rei pour venir à bout d'eux, et c'est à ce moment que l'attaque combinée de Yanosa et de Taishi est parvenue à détruire le bras de Tôsen. Mais Yanosa a lui aussi subit la technique de Taishi, il est gravement blessé mais il devrait s'en sortir avec les soins adaptés. Pour les détails de cette attaque, de comment vous vous y êtes pris, tu le feras bien mieux que moi Taishi. Mais suite à cette blessure, Tôsen a arrêté le temps et il a fui dans un portail avec Rei. Si nous avions le moindre doute, on peut maintenant en être sûr, il peut très bien utiliser ses pouvoirs temporels d'une seule main. Il faudra lui prendre la seconde si on veut réellement l'handicaper je pense. »

Terminant son monologue, Ashitaka se retourna vers Taishi pour qu'il ajoute les détails qu'il estimait nécessaire, notamment sur leur réussite à surprendre l'Homme au Chapeau. Puisque c'était bien là leur seule réussite en ce triste jour.

HRP:

Taishi avait à peine eut le temps d’amener Yanosa à l’hôpital pour ensuite s’écraser de fatigue le long d’un mur pour attendre une mise à jour sur l’état de vieil ami. C’est un genin des plus nerveux qui lui avait secoué l’épaule, lui babillant à propos d’une réunion d’urgence avant de repartir.

L’Hayai avait brièvement songé à ne pas se présenter, pour des raisons évidentes, mais des arguments encore plus implacables l’obligeait à faire acte de présence, si ce n’est que parce que le Tellurique, lui, en serait incapable pour le moment.

Si à ce stade tout le monde était habitué au regard et faciès continuellement fatigué de l’Éclair Vert, celui qui entra dans la pièce de la réunion au bureau de son ancien patron Miyamoto Teruyo avait une apparence particulièrement sinistre. Le manteau vert de l’Hayai était couvert de sang sur sa moitié, ses cheveux en bataille et le visage sale, tiré au couteau. Et il en avait rien à foutre actuellement, pas plus que les excessifs fauteuils du bureau ou encore le thé offert. Pour tout ainsi dire, la seule chose qui lui importait actuellement, c’est que l’Oterashi soit et reste en vie.

Ah… Ça, et une autre question peut-être.

Au final Taishi s’était appuyé contre le mur en silence, restant debout et peu importuné par la trainée de sang qui allait tacher le mur là où il était, se passant la main brièvement sur le visage pour essayer de rester concentrer malgré la fatigue qui le rongeait.

Apparemment le but de l’attaque avait été de réanimer Alderan. Il en fut un peu surpris. La dernière fois que Taishi avait vu le célèbre Nara, il se faisait brûler vif par Akimoto. Mais à bien y penser, il ne l’avait pas réduit en cendre. Cruelle erreur, même si personne n’aurait pu prévoir qu’on aurait éventuellement à craindre de voir les foutus morts sortir de leurs foutues tombes.

Le regard émeraude de l’Hayai vagua dans la pièce. Qui d’entre-deux avaient été présents lors des actes d’Alderan ? Le révolutionnaire était l’un des shinobis les plus brillants de son époque. Personne à Iwa n’avait son intellect, sauf peut-être Muramasa. Il serait un allié considérable pour le Chapelier, qui en avait déjà beaucoup trop dans ses rangs.

Que Rei soit un appât n’était pas une surprise. Ils avaient sciemment mordus à l’hameçon, chacun pour des raisons différentes. Qu’il en soit ressorti vivant était une cuisante insulte, même si ça avait eu un prix.

Il écouta Ashitaka faire le récit de leurs actes à la porte, ne ménageant pas les détails. Un bon compte-rendu somme toute, digne d’un jônin. L’Hayai songea que le Borukan était un digne représentant de son clan, et qu’il semblait porter ses propres démons avec sérénité.

Mais il fut tiré de ses pensées alors que le silence tombait dans la pièce, et réalisa qu’Ashitaka lui avait donné la prochaine réplique indirectement. Il aurait franchement préféré faire ça plus tard, mais pouvait accepter que ça ne puisse attendre. L’Éclair Vert se remit plus droit, se passant la main dans ses cheveux en sueur.

« … Comme Ashitaka l’a dit, Rei est capable de lire les pensées, et désormais à grande échelle. Sa puissance… Elle n’a rien à voir avec celle de l’homme que j’ai rencontré au Massacre de Yugure, ni celle du nouvel empereur lors de la chute de Kumo. Pour cette raison et d’autres, je n’irai pas dans les détails du fonctionnement du jutsu que moi et Yanosa avons utilisé, cependant j’en expliquerai la logique. »

Il souffla du nez longuement.

« Nos interactions précédentes avec le Chapelier ainsi que les analyses de celle-ci ont rapporté que celui-ci n’est pas omniscient, et que sa perception du futur ne s’étend que sur une portée limitée, mais avec une grande amplitude. Ceci étant dit, voir une conscience du futur suppose que celle-ci perd en précision plus il cherche loin dans celle-ci. »

Comment mieux expliquer…

« Le futur change constamment. Chaque geste que nous portons, chaque respiration que nous prenons modifie le futur. Parfois c’est une modification imperceptible, parfois c’est décisif. Tôsen lors de son annonce mondiale a prétendu savoir que le Chakra mènerait l’humanité à sa perte dans le futur. Je ne pense pas qu’il mente, mais je suis convaincu que sa vision est incomplète, justement à cause de la portée limitée de sa perception du temps. C’est un fait important parce que cela veut dire qu’il est possible de poser des actions sans qu’il puisse les prévoir, du moins pas immédiatement. »

Déjà las de parler, il s’humecta les lèvres brièvement, réalisa qu’il était plutôt déshydraté.

« L’autre nerf de la guerre, c’est que sa perception du futur n’est pas instantanée. Si elle l’était, nous serions déjà tous morts depuis longtemps. Tôsen donne peut-être cette impression à la manière dont il contre tous nos jutsus aussi aisément, mais c’est une illusion qu’il projette grâce à sa maîtrise extrêmement avancée de ses propres capacités martiales, et un intellect qui rivalise avec les plus grands génies de notre temps. Mais aussi intelligent soit-il, il doit réagir à un évènement pour le contrer. Et si le Chapelier est excessivement habile à voir le résultat de nos actions… Nous avons formulé l’hypothèse qu’il n’est habitué à gérer les conséquences de ses propres actes dans le futur. Alors moi et Yanosa l’avons forcé à choisir son futur… Et il a manqué de temps pour s’adapter, entre cette tactique et la quantité de jutsu que nos alliés faisaient pleuvoir sur lui. »

Le regard sévère du Jônin passa sur les visages des gens présents.

« Yanosa savait pertinemment qu’il lui faudrait encaisser la pleine force de mon jutsu pour que notre stratagème fonctionne. Et il l’a fait sans la moindre hésitation. Si j’entends qui que ce soit dans cette salle présumer autre chose sur moi ou lui, il aura mon poing au visage avant la fin de cette réunion. »

Il secoua la tête.

« Au lieu de vous prélasser avec du thé, quelqu’un ici s’est-il posé une question plus importante ? »

Probablement pas. Heureusement, Taishi était là pour la faire faire surface.

« Où est le Tsuchikage ? »

Où.

Est.

Toph ?

Réunion de crise

Faire face à une armée de zombies, aux lieutenants de l'Homme au Chapeau et à ce dernier n'étaient pas de tout repos. Toutefois, malgré le stress considérable que cela faisait peser sur les épaules de tout un chacun, s'ajoutant à la fatigue déjà présente, je me sentais encore en pleine forme. Ce qui n'était pas nécessairement une bonne chose dans cette situation, car cela signifiait présentement que Tôsen avait accompli son objectif et était simplement reparti. Et cet objectif n'était autre que l'ancien révolutionnaire du nom de Nara Alderan, un grand esprit de la guerre. Et si je me souvenais bien de l'histoire, c'était le Tsuchikage de l'époque qui avait mis fin à la vie de cet homme. Quelle ironie, n'est-ce pas ? Mais rien ne semblait avoir été laissé au hasard. Et chaque fois que l'Homme au Chapeau apparaissait, il semblait placer un peu plus ses pions sur le grand échiquier que devenait cette grande guerre. Donnant la désagréable impression que que nous n'étions que des novices avançant à l'aveugle dans un jeu dont nous ne connaissions même pas les vraies règles.

Mais bien que le sujet était d'actualité, je me devais de me rendre à une réunion à laquelle je n'aurais pas cru participer. Une réunion d'urgence suite à ces évènements pour le moins alarmant, demandée par Teruyo qui semblait mener une bien plus grande place que ce que j'avais initialement cru. Son influence dans le village semblait être bien assise, et je me demandais encore quelle était la nature de sa position. Mais là n'était pas la question du jour à vrai dire. Prenant le temps d'envoyer mes clones missionner les genins et chunins pour faire passer le mot, je me rendis ensuite à cette dite réunion qui ne concernaient que les plus hauts gradés du village. Et pour cause, nous n'étions pas très nombreux, même si je ne m'estimais pas faire partie de cette caste restreinte. Etait-ce là tous les jonins du village ? Cela signifiait certainement qu'une autre partie de ces derniers étaient à l'extérieur du village. Et ce qui voulait aussi dire que malgré ce nombre restreint, les ninjas même de rang inférieurs étaient de valeurs.

Lorsque j'arrivai, la réunion allait tout juste commencer. Visiblement, des chaises avaient été installées pour qu'on s'asseye, avec des tasses de thé servies. Cependant, les personnes en présences arboraient tous le visage tendu d'après guerre, la fatigue se lisait sur leurs traits tout comme la colère. Et aucun d'entre eux ne semblaient vouloir du thé proposé par le Miyamoto. Tous semblaient inquiets, et désireux de faire "plus". Mais au fur et à mesure de leur discours, la question était, quel plus ? Le village était sain et sauf, et à part ce fameux Yanosa qui était grièvement blessé, il n'y avait absolument aucune perte à déplorer. Mais si je devais trouver une raison à leur réaction, je supposais qu'on pouvait mettre celle-ci sur le compte du ras-le-bol. Car malgré les différents miracles réalisés par ce village solide et puissant, il n'y avait aucun doute quant au fait que les différentes excursions sur Iwa commençaient à peser lourd sur le moral des troupes. Ce qui, toutefois était bien plus intéressant était en fait les différentes informations récoltées par les combattants. Des combattants à l'allure pittoresque, comme ce renommé Taishi dont les vêtements étaient tâchés de sang. Mais par dessus tout, l'inquiétude faisait ressortir des questions pour le moins dérangeantes...Je soupirai.

-Je n'irai pas jusqu'à me mêler de choses qui ne me regardent pas, mais est-ce vraiment le moment de semer la zizanie dans les rangs ? Et puis à vrai dire, avons-nous mieux à faire que de boire du thé, à présent ?

J'étais le seul qui s'était assis, et le seul à avoir pris une tasse de thé. Les autres shinobis semblaient tous trop tendus pour se rendre compte de l'évidence.

-La menace est passée. Il n'y a rien que nous puissions faire dans l'heure, et je doute qu'un thé nous retarde, surtout si c'est pour partager des informations aussi cruciales que nous le faisons actuellement. Ah...j'ai oublié de me présenter, je suis Shizen Seiki, un guerrier venu vous aider dans cette guerre contre Tôsen.

Prenant une courte pause, je fronçai les sourcils pour intégrer ce que venait de dire mes nouveaux "camarades". Avant de partager mes opinions les plus sincères.

-L'homme au Chapeau semble placer petit à petit ses pions sur la table. Tout cela fait parti de son plan. Et c'est justement pour cette raison que je doute qu'il se passera quelque chose d'autre dans les moments qui suivent. Il n'a pas encore placé toutes ses pièces, je me trompe ? D'abord éveillé Yonbi sous Iwa, puis maintenant ressusciter le vieux révolutionnaire Alderan...Il doit avoir ses raisons, mais lesquelles ? Et il a sacrifié son bras pour pouvoir sauver Rei...Est-ce parce que ce dernier est essentiel à ses plans, contrairement à Mamushi, ou est-ce parce qu'il tient à son Lieutenant plus qu'il ne veut l'avouer ? Voilà les vraies questions auquel il me semble important de répondre...et de partager avec les observations sur les pouvoirs de nos ennemis.

Mon ton se faisait calme, tandis que l'heure était à la réflexion. Bien souvent, dans ce genre de situations, nous avions tendances à nous précipiter et à oublier les questions qui semblaient avec le recul évidentes. Etait-ce parce que je n'étais pas du village d'Iwa que je pouvais me permettre ce recul ? Peut-être. Mais c'était peut-être aussi la raison pour laquelle Teruyo m'avait fait venir. Même si je n'appréciais pas des masses prendre des ordres, je préférais gentiment suivre les directives indiquées par mes hôtes pour éviter tout problème.

L'heure qui suivit la disparition de Tôsen et de ses lieutenants, le Hyûga la passa auprès des siens. Il avait à cœur de prendre connaissance du dispositif qui avait été mis en place pour protéger le projet naissant. Par chance, le village en reconstruction n'ayant pas subit d'assaut majeur, les Hyûga qu'il avait laissé sur place, avaient pu contenir sans grandes difficultés les quelques morts vivants qui étaient apparus dans la zone. Tout ceci laissait tout de même planer un énorme doute sur la sécurité du village, en proie perpétuellement aux assauts. Faudrait-il repenser à la localisation du projet ? Il en discuterait, au moment opportun avec qui de droit. Alors qu'il échafaudait déjà quelques plans, Tsuyoshi fut interpellé par un Genin. Ce dernier lui fit par d'une réunion de Jonin convoquée dans le bureau de Teruyo par ce dernier. Hochant de la tête, comme pour acquiescer, le Hyûga n'hésita pas.

Il composa des mudra et un clone apparut. Ce fut ce dernier qui fut chargé de répondre à la convocation du Taishô. Réunir les Jonins en soit n'était pas une mauvaise idée. Il était certain qu'une réunion du Triumvirat était plus opportune, mais obtenir les lumières des Jonins était déjà une excellente chose. Tant que la rencontre ne s'éterniserait pas, et que les uns et les autres demeureraient concentré sur l'essentiel, le tout pourrait être profitable à chacun et au village surtout.

Arrivé à bon port, le bunshin de Tsuyoshi entra dans la pièce. Il prit la chaise vide la plus proche de l'endroit où il se trouvait et alla se positionner sur le côté gauche de la pièce dos au mur, de façon à avoir en visuel tant le Taishô du Manazuru que les Jonins. Et là, silencieusement, il écouta, Byakugan actif.

Les rapports des uns et des autres étaient intéressants et même complets. Une bonne chose. Dans le lot, Taishi posa une question pertinente : la présence ou plutôt l'absence de Toph était fortement remarquée. Mieux, une autre également se faisait sentir : celle de Chiwa Aimi.

La situation était suffisamment grave pour que chacun puisse s’exprimer à sa guise, c’était d’autant plus important dans les circonstances actuelles, chacun ayant vécu la même situation mais d’un point de vue différent et donc avec des interprétations différentes. C’était là ce que je recherchais en partie. Créer une émulation suffisamment importante entre nous, entre tout ce que nous avions à dire pour arriver à sortir de cette réunion avec un semblant d’explication et potentiellement des idées. Aimi n’était pas là, c’était dommageable mais ce point était nécessaire. La suite devrait donc se dérouler au cours d’une réunion du Conseil que nous aurions à tenir dès son retour prochain. En attendant, l’air grave, j’écoutais avec attention les informations transmises par chacun de mes pairs, ne prenant nul cas des retards éventuels ou des changements de décoration sur les murs, chose qui, soit dit en passant, ne serait remarqué que bien plus tard, tant les tensions n’étaient pas portées à ce genre de détail décoratif.

L’intervention d’Ashitaka rapporta les faits concernant la lutte de ceux présents à la porte du village contre Rei et il semblait évident qu’à la lueur des informations, l’ennemi avait gagné en puissance. C’était d’autant plus vrai si Yanosa avait été autant meurtri qu’annoncé, encore. Par chance, l’une des meilleurs eiseinin du village était à l’hôpital pour réceptionner les blessés éventuels. Cependant, ce fut Taishi qui apporta une explication bien plus détaillée. Sa capacité d’analyse s’exprimait de la manière qu’il soit. Je ne m’étais pas trompé sur lui. En revanche, il y avait une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’était cette dernière invective concernant notre Tsuchikage. D’une certaine manière, il avait raison de demander, pour autant, j’étais également certain que la réponse ne lui conviendrait.

Portant mon regard sur Ashitaka, mes premières paroles étaient pour lui.

« Merci pour ton retour. Avant que nous continuions, sache que j’ai envoyé Harumi à l’hôpital dès le départ de l’homme au chapeau et de ses hommes. Yanosa sera entre de bonnes mains. Aimi ne lui aurait pas laissé son hôpital si elle n’avait pas confiance en ses talents. »

Sur mon bureau, ma tasse refroidissait petit à petit à mesure que nos échanges se poursuivaient. La suite de mon discours était adressée à Taishi.

« Toutes mes excuses Taishi si ce thé n’est pas à ton gout. Une fois mes consignes passées, je suis arrivé ici suffisamment vite pour avoir le temps de préparer cela au lieu de tourner en rond dans cette pièce à ruminer ce qu’il venait de se dérouler. L’image peut paraitre indélicate, je te l’accorde, mais sache que comme n’importe qui ici, je prends la situation avec le plus grand sérieux. N'en doute pas un seul instant. »

Me relevant de mon fauteuil, les mains posées à plat sur la table je poursuivais.

« Quant à ta question, elle est totalement légitime. Où est Toph ? Elle n’est pas dans le village, sinon, ce serait elle qui serait à ma place pour discuter avec vous. Elle s’est absentée pour régler une affaire urgente dont je ne dévoilerais pas la nature. Personne ici ne pourrait lui jeter la pierre pour cette absence. Être Kage ne signifie pas rester enfermer dans le village et après l’attaque que l’on a subit face à Yonbi, personne ici n’aurait pu prévoir que notre ennemi se serait lancé dans un nouvel assaut aussi vite. »

Debout, face à la fenêtre que j’ouvrais, laissant entrer un peu de cette chaleur estivale ainsi que le bruit de la cohue de la ville, je restais quelques instants face à ce village reconstruit avant de me retourner, balayant du regard chacun à plusieurs reprises.

« Nous avons échoué à déjouer les plans de l’homme au chapeau. Cette attaque n’avait qu’un seul but. Il ne cherchait pas à détruire le village, il ne cherchait pas plus à me récupérer. La seule chose qu’il cherchait était de réveiller Alderan et il y est parvenu. Maintenant, avec tout ce que l’on sait, il est important que l’on tâche de démêler tout cela pour comprendre où il veut en venir … en plus du reste. »

Me rasseyant, je soufflais longuement avant de reprendre d’une voix plus amicale, plus chaleureuse.

« Pour autant, notre échec n’est pas total, nous en avons appris beaucoup, et nous avons même prit quelque chose que l’on pensait irréalisable jusqu’ici. Commençons par Rei. D’après vos dire, il ne doit sa survie qu’à l’intervention du chapelier n’est-ce pas ? Bien qu’il ai su déjouer vos assauts combinés seul, cela lui aura couté beaucoup en terme de ressources. Cela pourrait sembler évident voire même grotesque, mais désormais, nous savons comment le battre. La force du nombre face à son esprit. »

La suite ? Mon regard se posa tour à tour sur Tsuyoshi, Ashitaka et Taishi.

« Le chapelier maintenant. Vous avez réussi à lui prendre un bras. Qui ici aurait pensé cela possible ? Taishi ? Ton analyse était la pus complète. Toi qui l’as confronté de plus prêt avec Yanosa. Aurais-tu une idée de la manière dont ce futur qu’il entrevoit peut-être contré ? Comment le forcer à prendre une voie qu’il ne connait pas ? Si vous autres vous avez une idée, exposez là, même les plus folles. Pour le reste, j’ai d’autres questions et remarques, mais concentrons-nous d’abord sur ces points là avant de poursuivre. »

Droit comme un « i », les joues rougies par l’émulation, la chaleur et les sentiments qui bataillaient en moi, j’espérais … que la réussite de notre ennemi, sa venue, et ce qu’Iwa venait de lui infligeait soit le début de son déclin, qu’il nous ait montré, contraint et forcé, la faiblesse de son pouvoir.

La première interrogation de Taishi fut envers l’inconnu dans la pièce, qui apparemment avait assez d’influence pour être présent à une réunion censée réunir des Jônins. L’Éclair Vert ne suivait plus autant l’actualité administrative du village qu’auparavant, mais n’était pas au courant de son apparition dans les rangs. Il finit par se présenter, un nom qui restait inconnu aux oreilles de l’Hayai. Au final, il n’amenait rien à la conversation. En vérité, aucun d’eux n’avait amené quoique ce soit d’utile à l’Hayai si ce n’est que de voir Alderan, l’un des pires terroristes de l’histoire, de retour sur l’échiquier. Mais c'était un problème pour un autre jour, au dirait.

Le moins irritant dans la salle, aussi étrange que ça puisse paraître, c’était encore Tsuyoshi, qui s’était enfermé dans un silence réflectif.

Dans les premiers mots de Teruyo, il releva qu’Aimi était effectivement absente du village, ce qui expliquait par ailleurs qu’elle ne soit pas à la rencontre avec les autres chefs d’unité. L’Hayai avait bien remarqué ne pas l’avoir vu dans les derniers jours, mais… Leur relation était si compliquée en ce moment qu’il n’en avait pas fait un lien définitif. Tous deux étaient plongés dans leurs travaux respectifs, peut-être pour ne pas avoir à trop réfléchir sur le reste.

Taishi se massa le crâne de son avant-bras. Il avait une migraine imminente.

Et il ne put s’empêcher de soupirer face à la réplique du nouveau chef du Manazuru – qui avait recommandé cela, déjà ? Ah oui – en songeant que le Miyamoto prenait son rôle tellement au sérieux qu’il en était au point de jouer les diplomates avec les propres membres de son village.

Teruyo tenta d’expliquer que la Tsuchikage était absente pour des raisons secrètes, le genre de chose qui aurait convaincu un genin, mais pas Taishi. Et vu la tête de Tsuyoshi, ou plutôt son absence de commentaire quand l’Éclair Vert avait soulevé la question… Il ne le savait pas non plus. Savaient-ils même où était Aimi ?

Où étaient les foutus directeurs de ce village ?

Il dut se mordre la langue plusieurs fois pour garder le silence face à ce cirque, et en aurait peut-être été capable si le sujet n’était pas finalement revenu vers lui, par rapport au Chapelier. L’Hayai souffla du nez longuement, mais finit par secouer la tête.

«… Sa faiblesse est la causalité. J’ai quelques idées pour le contrer, comme celle employée aujourd’hui. Mais je ne compte pas les discuter avec vous actuellement. Surtout pas avec un guerrier venu de je-ne-sais-où dans la pièce, qui veut boire du thé alors que mon frère d’arme est à l’hôpital… »

En réponse à la question de celui-ci, il pouvait effectivement penser à une dizaine de choses plus utiles à faire actuellement qu’être dans cette pièce. Il secoua encore la tête avec un regard aussi vert que de braise.

« Avec le respect que je dois à vos rangs respectifs, je ne relève pas de vos autorités, étant désormais un membre du Shishiza, avec un mandat direct du Tsuchikage. L’attaque ayant eu lieu en sol d’Iwa, elle est donc une question de sécurité intérieure. Autrement dit, mes actions et méthodes sont de la juridiction de Chiwa Aimi. Elle aura mon rapport. Elle en fera ce qu’elle voudra. Du moins, quand je l’aurai trouvée pour lui donner. »

S’ils trouvaient cela cinglant, c’était encore moins pire qu’il n’avait songé à le dire.

« Deux choses. D’abord, une confiance aveugle en Toph n’a rien d’honorable. Si je suis revenu à Iwa, c’est parce que j’ai confiance en elle plus que n’importe qui dans cette pièce. Assez confiance pour retourner ici en sachant très bien que j’aurais pu finir en prison pour le reste de mes jours, ou exécuté. »

« - Ça ne m’empêche pas pour autant de la tenir entièrement responsable d’assumer son rôle, parce que c’est là la vraie manière de la respecter. Elle a les mêmes attentes envers moi, et vous tous. Si vous pensez que d’ici les prochains jours, je serai le seul à me demander pourquoi la personne ayant pris la décision de mener ce village en est absente la plupart du temps, vous êtes carrément déconnectés de vos shinobis et de votre population. »

L’Éclair Vert se redressa, peu affecté par l’état désastreux de ses vêtements. Il avait besoin d’air, mais il restait une autre chose à dire.

« Dernière chose. Combien de fois Oterashi Yanosa doit-il risquer sa vie pour ce village avant qu’il ne soit promu Jônin, et enfin reconnu à sa juste valeur ? Le type vient d’estropier l’Homme le plus dangereux de l’histoire, juste après avoir transpercé un littéral démon. Si vous voulez mon humble avis, ce village a besoin d’un peu plus de shinobis comme lui, et un peu moins de… »

Il désigna la pièce des mains. Ils pouvaient interpréter cela comme ils le souhaitaient. Franchement, même Tsuyoshi le décevait actuellement. Il le savait capable de poser les bonnes questions, de demander des comptes. Mais si l’Hyûga allait poser les vrais mots, surtout envers Toph, il n’en faisait rien paraître actuellement.

« Sur ce, je souhaite prendre congé et retourner à l’hôpital pour veiller sur un vieil ami. Pas besoin de vous lever. Finissez vos thés d’abord. Qu’y a-t-il de mieux à faire, après tout ? Hmph. »

Il n’y avait nul doute que sa réaction était disproportionnée, et sans doute irrespectueuse. Mais il était excédé, fatigué et frustré. Il fallait connaître l’histoire compliquée entre lui et Rei pour comprendre à pleine mesure que cette attaque avait été dévastatrice non pas seulement sur son corps, mais également son esprit. Et que même en sachant que Yanosa avait tout risqué en connaissance de cause, Taishi ne supportait pas l’idée d’avoir presque tué son propre coéquipier.

En vérité, il avait besoin d’un verre, le genre qu’il n’allait pas trouver dans ce bureau.

Il aurait eu besoin d’Aimi, aussi. Mais ça…

* PAF ! *

Alors que Taishi venait de terminer son discours, un grand bruit sourd raisonna dans la pièce. C’était le bruit d’une main qui venait de frapper lourdement une table. C’était MA main qui venait de frapper lourdement mon bureau.

« CA SUFFIT TAISHI ! »

Redressé de mon assise, les mains plaquées sur le bureau, l’une d’elle légèrement endolorie par le choc, je regardais le jonin d’un air sévère. A cet instant, personne dans la pièce, personne dans Iwa ou même dans mon entourage proche n’aurait pu dire quand il m’avait vu dans cet état de colère apparent, voire même si j’avais déjà été vu ainsi. J’avais posé des questions et de fait j’attendais des réponses. J’avais posé des questions, à Taishi notamment et de fait, je savais que ses réponses pourraient être de cet acabit, mais autant ?

« TU RESTE ICI ! TU T’ASSEOIS, TU RESTES DEBOUT OU TU CONTINUES A REPEINDRE LES MURS DE SANG JE N’EN AI STRICTEMENT RIEN A FAIRE MAIS TU RESTES ICI ! »

Il n’y avait rien d’amical dans la voix. Seulement un ordre porté avec conviction et … une dose certaine de colère. Bien que la force de parole ne monte plus autant dans les octaves, l’intonation elle, se voulait toujours aussi dure.

« Avant tout, commence déjà par arrêter de te la jouer victime en nous rappelant à chaque fois ton passé et les risques que tu as pris en revenant à Iwa. Tu as fait un choix à l’époque et aujourd’hui tu es là, ici, parmi nous à devoir échanger avec les autres. Ancien déserteur, ancien criminel, ancien ce que tu veux, dans cette salle personne n’en a rien à faire de ce que tu étais par le passé. Ton retour a été accepté par Toph, par moi, par les autres malgré tes actes alors cesse de geindre et d’utiliser cette condition pour dramatiser les choses et tourne la page. Aujourd’hui tu es iwajin, plus un déserteur. »

Combien de fois allait-il encore se servir de son histoire, de son passé pour que l’on s’apitoie sur son sort ou qu’il s’en serve d’argument. Je me souviens encore de plusieurs de nos discussions où ce sujet avait été encore mis à l’ordre du jour.

Des mains à plats, ces dernières se refermèrent pour la suite de nos échanges. Poings serrés, posés sur la table, j’étais légèrement en appui sur eux, mes phalanges blanchissant légèrement sous la pression exercée.

« Quant à Yanosa puisque tu sembles le tenir en haute estime, tu peux faire toutes les demandes que tu souhaites, pour l’heure il est hors de question qu’un grade de jonin lui soit attribué. Aussi fort soit-il, il ne suffit pas d’être une tête brulée pour être promu. Je ne permettrais pas à quelqu’un qui assassine des villageois innocents en mission d’accéder à un tel niveau de responsabilité. Je ne permettrais pas à quelqu’un qui a délibérément abandonné son rôle de protection pendant l’attaque de Yonbi, laissant à un genin le soin de faire ce pourquoi il était là devenir un jonin. Tu parles de sacrifice ? Quand je vois ces actes, les morts qu’il a causés, les morts qu’il aurait pu causer en abandonnant son groupe pour tenter un coup d’éclat, j’appelle ça de l’insanité. »

Desserrant les poings, je me redressais, pointant du doigt le jonin si célèbre, le regard sévère, fixé sur ce dernier.

« Quant à toi, tu oublies une chose essentielle. Que tu sois du Manazuru, du Shishiza, du Sazori ou affilié à aucune de nos unités spéciales, tu fais partie des ninjas d’Iwa et à ce titre, tu rends comptes aux autorités d’Iwa. En l’état actuel des choses, cette autorité est représentée par le Triumvirat mit en place par Toph et représenté par Tsuyoshi et moi. Tu veux rendre des comptes à AImi ? Lui faire faire un beau rapport ? Tu pourras le faire. Mais en attendant J’AI demandé quelque chose en tant que membre du Triumvirat, en tant que représentant d’Iwa et j’attends une réponse de ta part. Il n’y a jamais eu de guéguerre entre les unités spéciales et il n’y en aura pas. Nous n’avons pas le loisir de s’amuser à cela. Alors prends tes responsabilités de jonin, cesse de vouloir semer la discorde et réponds à ma question. Si je t’ai posé la question, c’est pour ta proximité des évènements, mais pas que. Si je t’ai demandé ton analyse c’est que je sais que tu es à même de trouver une faille dans ce qu’il nous a montré, de nous trouver une solution pour le battre. »

Le doigt accusateur s’était rapidement baissé, il martelait maintenant la table ponctuant mon discours pendant les pans importants de ce que j’avais à dire. Maintenant, qu’allait donc faire Taishi ? Assumer pleinement son rôle ou continuer à poursuivre les dissensions ?

Comment on en était venu à cela ?

Le bruit de la main de Teruyo sur la table, cinglant et faisant secouer les théières si affectionnées du Miyamoto, fit l’effet d’une douche froide à Taishi, un frisson du bas du dos jusqu’à la base de la tête. Il avait été sur le point de se détourner pour partir, mais c’était arrêté en plein geste au final, les dents serrées.

« … »

Comment osait-il le traiter de victime, fut la première pensée de l’Hayai. De balayer l’historique de Taishi, comme si l’Éclair Vert pouvait simplement mettre de côté son passé alors que c’était celui-ci qui l’avait amené là où il était aujourd’hui. Mais peut-être n’avait t-il pas complètement tort. Taishi ne pouvait pas prétendre être insensible au regard des autres sur lui. On aurait peut-être même pu dire qu’il vivait une certaine insécurité. S’il avait fait la paix avec lui-même sur bien des sujets, d’autres… Semblaient impossibles à le convaincre.

Pas que son argument soit si bien fondé non plus. Teruyo avait carrément déformé le point que Taishi avait voulu amené quant au fait que de douter de Toph actuellement ne voulait pas dire qu’on ne croyait pas en elle. Mais l’Éclair Vert songea qu’il n’allait convaincre personne là-dessus aujourd’hui. Surtout pas Teruyo qui semblait pour une fois en colère, ce qui faisait changement pour la peine. C’était pratiquement plus agréable que la complaisance dont il faisait habituellement preuve.

« … »

Taishi était au courant par rapport aux civils tués par l’Oterashi, et avait été aux premières loges quand Yanosa avait quitté son poste pour aller combattre Yonbi directement. En cela, le Miyamoto disait vrai… Du moins en surface. Teruyo restait incroyablement naïf pour quelqu’un qui espérait mener ce village. Incapable de réaliser qu’Iwa était bâtie sur le sang d’innocents, sur des actes cruels commis aux détriments d’autre. Ce qu’il appelait folie, c’était ni plus ni moins que l’imperfection de l’humanité, et du prix de la plupart des victoires. C’est peut-être pour cela qu’il prétendait qu’Iwa avait connu la défaite aujourd’hui.

Ça sonnait mieux que de dire qu’il avait personellement échoué, peut-être.

« … »

Taishi réalisa que la vraie chose en jeu à cet instant, ce n’était pas uniquement sa propre conduite mais bien une opportunité pour Teruyo s’asseoir son autorité, et celle du Triumvirat. De s’assurer qu’il avait encore le contrôle, quand ce n’était définitivement pas le cas. C’était pratiquement un spectacle, et l’Éclair Vert était carrément tombé dans le panneau, appâté par l’insulte qu’était ce foutu thé, de la nonchalance qui régnait entre ces quatre murs, de jouer sur l’intensité de la situation…

L’Hayai avait toujours su manœuvré ce genre de climat dans le passé, mais c’était parce qu’il avait su faire preuve de tempérance tout en poussant ses propres idées. Mais aujourd’hui il avait perdu le contrôle, et c’était trop tard pour rattraper le geste. Rien pour lui sauver la face. Avec une certaine ironie, il songea que c’était probablement ce qui ressemblait le plus aux situations dans lesquelles s’empêtrait Yanosa, qui n’avait pas le moindre talent de négociation. Mais en revanche, l’Oterashi assumait pleinement ses gestes. Peut-être que Taishi aurait pu en tirer une certaine leçon.

Alors que faire maintenant ? Sinon que d’assumer ses actes et parler avec franchise. Il croisa les bras avant de soupirer.

« … Je tiens à m’excuser de ma réaction disproportionnée. Ça été une longue journée, et mes émotions ont pris le dessus. Et il est parfaitement vrai que mon historique aurait avantage à moins revenir sur la table. »

Il souffla, laissant passer un long silence. Mais après quelques moments, il releva les yeux, franchissant l’espace entre lui et la table.

« Mais ma réponse est non. »

Il posa les paumes sur la table en s’appuyant dessus, avant de secouer la table.

« Non, je ne compte pas partager la moindre information supplémentaire avec toi, Miyamoto Teruyo. Ni aucun membre de cette réunion, dont je ne reconnais pas l’autorité, encore une fois. Ce triumvirat est imcomplet, et ne représente personne à cet instant sinon vos unités respectives. Ce n'est pas une question de rivalité entre les unités, même si tu saurais que celles-ci existent si tu connaissais un peu mieux ce village, Teruyo. Mais qu'es-ce que j'en sais vraiment, sinon en ayant fait partie de chacune d'elles à un moment ou un autre ?»

Il se redressa légèrement, mais son regard était résolument fixé vers le Taisho du Manazuru.

« Moi, Yanosa, Tsuyoshi et tous ceux qui étaient aux portes… Nous avons arraché le bras d’un dieu, aujourd’hui. Je suis fier d’eux. C’est une victoire. Ils me rappellent pourquoi je sers Iwa. Pourquoi j’aime ce village. »

Il secoua la tête légèrement.

« Alors vous pouvez me croire sur parole quand je vais dire que je ne serai pas intimidé par un homme tel que toi, Teruyo. Pas maintenant, ni jamais.»

Un homme dont le plus grand accomplissement est d’avoir privé la moitié du village de ses jambes, incluant les miennes.

La température dans la salle sembla descendre d’un ou deux degrés, peut-être. L’Hayai se redressa pleinement.

« Je sers Iwa, son Tsuchikage et son peuple, pas un triumvirat incomplet et dépassé par les évènements, mais qui m'accuse de dramatiser et semer la dissension. Dramatiser la présence du Chapelier dans notre village, qui l'eut crû ? Mon rapport ira à ma supérieure directe, Chiwa Aimi, qui vous l’acheminera à sa convenance. Je suis certain que vous pourrez discuter de mes sanctions disciplinaires à ce moment-là. Il ne faudrait pas que mon insanité reste impunie. Respectueusement, j'aimerais désormais quitter cette réunion. Et je le demande par pure formalité. »

Tsuyoshi souffla un bon coup. La sauce commençait à monter en lui. Mais il se contenait et respirer de la sorte l'aidait à garder la tête froide, à demeurer calme. Était-vraiment nécessaire de péter un câble et de se la raconter dans un moment pareil ? Bien entendu que non. Du moins de son point de vue. La psychologie humaine étant ce qu'elle est, le tout nouveau vainqueur Taishi, dans son manque de lucidité sur le moment, et parce qu'il était bien du genre nombriliste développant un fort complexe de supériorité -Tsuyoshi pensait uniquement envers lui mais il comprenait désormais que le mal de Taishi était plus profond - ressentait l'impérieux besoin de rabaisser et d'écraser tout le ramassis de gros nuls qui osaient se tenir à ses côtés. Ce joli cocktail de sentiments, bien secoué, donnait cette magnifique scène, où le tribun après avoir craché sur l'assemblée par son verbe blessant et de son attitude prétentieuse, estimait désormais que le village, déjà mal gouverné à ses yeux, devait être encore plus cloisonné avec des Jonins choisissant de leur propre chef qui est leur leader et à qui ils doivent rendre compte.

*MA-GNI-FIQUE !* S'il avait été l'original, à ce moment-là le bunshin aurait définitivement accepté la tasse de thé de Teruyo. Décidément ce bougre qu'il n'appréciait pas trop, à cause d'une propension à ne valider que les actes venant de lui, et parce qu'il s'était montré particulièrement peu enclin à suivre les ordres alors qu'il était Chuunin et le Hyûga Jonin, ce bougre donc disposait d'une parcelle de sagesse telle qu'il savait parfaitement comment imposer un temps de calme dans un environnement post combat ou comme il était en train de le faire, répondre à une explosion par une autre.

Tsuyoshi donc laissa faire, laissa dire, étant loin de s'imaginer qu'au même moment, son original vivait la même scène avec un Yanosa déchaîné tel une bête féroce.

*J'aurais peut-être dû dire à l'époque à Toph que sa décision de faire de Taishi un Jonin était mauvaise... Un ex déserteur, quel que soit son statut, ne peut recevoir autant de cadeaux en une fois : ne plus être considéré comme déserteur et bénéficier du grade le plus haut dans la hiérarchie militaire classique... Taishi ne sait pas obéir... Il ne sait pas souffrir.* Pensa le bunshin. Mais quoi ? S'il pouvait se montrer sage à bien des égards, les gros défauts de Taishi en faisaient également le contraire de ce qu'il était censé incarner : la sagesse et l'expérience.

Lorsque Teruyo eut finit de parler, un petit silence s'installa, un silence assez vite brisé par l'Hayai. Tsuyoshi lu dans le regard de ce dernier qu'il venait enfin de comprendre une partie de ce qui se jouait à l'instant présent. Alors qu'il était en train de partir en vrille, de se donner en spectacle, de faire le show autour de sa personne, il donnait en même temps l'opportunité de rappeler à tous certaines choses essentielles. Teruyo ne s'était pas priver pour saisir la balle au rebond. Pour la plupart des Jonins, les choses étaient claires, et même si certains pouvaient estimer que ceci ou cela dans la sphère du privé, par pur professionnalisme et parce que certaines attitudes étaient contreproductives pour l'ensemble, ils restaient à leur place, comme Tsuyoshi l'avait fait en son temps lorsqu'il n'était que Chuunin puis Jonin.

Taishi donc s'excusa. Mais dans un élan de fierté, il commit encore quelques erreurs qui auraient pu être épargnée à ce groupe. Il refusait de reconnaître l'autorité des Taishos, et par la suite, il tint des propos sans cohérence aucune, du moins au yeux du Hyûga. Ce dernier inspira un bon coup et relâcha la pression. Diriger n'était pas aisé, mais instinctivement, il savait qu'il était normal que le Triumvirat passe par ces quelques soubresauts. Il était normal que l'on conteste sa légitimité, ou du moins il était normal que certains le fassent. D'une certaine façon la légitimité de Toph avait été contestée également tout au long de son intendance et dès le premier jour d'ailleurs. Ce n'était pas un problème.

_ Taishi... Tes excuses sont acceptées, mais il aurait été heureux qu'elles soient complètes.

Une courte pause et le Hyûga continua d'un ton las :

_ Je dois dire que je n'avais pas non plus apprécié la présence de thé et je n'en ai pas pour autant fait tout un plat, néanmoins, ce qui me semblait être une erreur de la part de mon collègue, ne l'est plus à mes yeux, maintenant que l'un de nous est totalement sorti du cadre de la réunion. Je décèle désormais, dans le flegme apparent de Teruyo une certaine sagesse...

*Jamais je n'aurais cru pouvoir parler en bien comme ça de Teruyo...* Pensa t'il avant de continuer.

_ Je suis certain que s'asseoir, se remettre les idées en place, boire ce thé donc, calmerait ceux qui ont les nerfs à vif et aiderait à avoir les idées plus claires. De toutes façons aucun de nous ne peut déclencher dans l'immédiat, là maintenant, une quelconque action contre Tôsen et ses ouailles. Dès lors il ne nous reste plus qu'à définir une stratégie avec ceux d'entre vous qui comprennent pleinement la pertinence de cette réunion et qui ne laissent pas leurs émotions les submerger.

Une autre pause, une courte et il termina son propos en s'intéressant à nouveau à celui qui demandait à quitter le groupe.

_ Nous apprécierons que tu restes avec nous et que tu daignes nous éclairer de ta lanterne Taishi. J'estime même que c'est un devoir de ta part... Fais le bon choix : reste ici et comporte toi en Jonin.

Désormais s'intéressant à tous, le Hyûga poursuivit de son ton toujours las :

_ Poursuivons donc cet échange et tirons les conclusions pour le temps de l'action car là, maintenant, alors que le chapelier s'en est allé à travers une espèce de portail et qu'il est blessé et introuvable à des kilomètres à la ronde, il n'y a pas d'autre chose à faire d'établir une stratégie pour la suite, le tout, le plus sereinement du monde. De grands objectifs ne peuvent être atteints que dans l'ordre et la discipline... Ayons le à l'esprit pour la suite de cet échange messieurs !

Puis il soupira et opta pour une attitude qui laissait comprendre qu'il comptait s'emmurer dans son silence initial. Dans sa tête, les choses étaient claires, mais pour certains tout n'était pas aussi limpide qu'attendu. Peut-être était-il en train de murir ? Aussi curieux que cela puisse paraître, le fait que Taishi puisse partir en vrille et qu'il prononce les mots qu'il avait prononcé ne l'étonnaient guère. L'Hayai n'avait fait qu'exprimer le fond de sa pensée, une pensée dont il cernait, en partie, le fonctionnement. C'était peut être une surprise pour Tsuyoshi que Taishi explose et perde le contrôle de lui-même, qu'il manque de self-control, mais en aucun cas qu'il dise ce qu'il avait osé dire. Pour qui avait déjà eu à subir à deux reprises des propos lui faisant comprendre combien l'Hayai se sentait supérieur et combien il aimait garder jalousement "ses informations" pour qui il estimait digne de les recevoir ne l'étonnait absolument pas, non... Pas le moins du monde, non.

Le palpitant dansant avec énergie dans ma cage thoracique, c’est avec une certaine once de colère toujours en moi que j’attendais la réaction de Taishi. Dans les circonstances actuelles, je voyais peu les autres protagonistes de la réunion intervenir tant les dissensions actuelles se centrées sur deux uniques personnes. Conscient de mon envolée vocale et de ma colère affichée, je m’attendais à un juste retour de bâton. Je ne pouvais donc qu’être étonné du peu de réaction apparente de l’Eclair Vert. Mais que cela ne soit que temporaire ou de façade, je me fourvoyais bien dans la fausse apathie qu’affichait le jonin.

Des excuses dans un premier temps, puis un nouveau coup de poignard, une nouvelle provocation. Était-il borné à ce point pour ne pas reconnaitre l’urgence de la situation et la nécessité d’œuvrer ensemble quels que soient ses ressentiments. Cette mise au point n’avait pas été faite de bon cœur, mais elle me semblait nécessaire pour recadrer les débats. Passé cet élan lyrique, les points posés sur les « i », les choses pouvaient avancer. Cependant pour le récalcitrant, il n’en était rien. Il lui était apparemment impossible de mettre de l’eau dans son vin et d’agir en shinobi responsable.

Il restait donc irresponsable. Libre en tant que déserteur, il oubliait son devoir en tant que shinobi. Face à ce manque de discernement, j’allais répondre à ce manque de clairvoyance quand Tsuyoshi prit la parole à son tour, lui qui avait été si silencieux jusqu’à présent. Les poings serrés sur la table, j’arrêtais mon mouvement laissant au Hyûga le loisir d’intervenir. Si de prime abord j’aurais aimé répondre aux nouvelles provocations de Taishi, coupé dans mon élan et prit dans le discours de mon pair Taisho, je dois avouer que le calme que je ne cherchais plus se présenta à nouveau à moi, petit à petit. Finalement, cette coupure dans nos échanges fut surement bienfaitrice, pour l’Hayai comme pour moi.

Penchant légèrement la tête, l’intervention pleine de sérénité de mon homologue me donna l’opportunité de souffle et de relâcher la pression accumulée. Tsuyoshi et moi avions eu des désaccords par le passé, aujourd’hui encore notre vision des choses était souvent différente, mais pour l’heure, il avait tapé dans le mille.

« Merci Tsuyoshi. Merci pour ta clairvoyance et pour nous permettre de nous recentrer sur l’importance de nos échanges. »

Assis à mon bureau, je tendais alors la main à Taishi lui indiquant l’un des fauteuils présents autour de la table, l’interpellant d’une voix bien plus posée et amicale que les discussions précédentes.

« Que l’on soit d’accord ou nos sur certains sujets ne changera rien concernant l’estime que j’ai pour tes connaissances et tes talents. Je sais ce qu’Iwa te doit et ce que tu peux lui apporter. Maintenant, tu es libre de poursuivre ta croisade, seul, ou de poursuivre, avec nous, nos échanges pour le bien de ce village que tu aimes tant. »

La main était tendue. Allait-il la saisir ou, comme un chien fou, la mordre et fuir une nouvelle fois ?

L’Hayai, debout, considéra les mots de Tsuyoshi, qui semblait enfin daigner faire acte de présence. Il fut surpris de leur teneur, et pas de manière positive. Taishi songea qu’au final, son inconfort dans cette pièce n’avait pas rapport à du thé ou des fauteuils; mais bien qu’il était le seul lion dans une salle pleine de moutons. Jamais en temps normal il n’aurait osé se qualifier d’une telle manière… Mais il ne voyait pas d’autres mots pour le décrire.

« Si tu y vois de la sagesse, je suppose que nos définitions diffèrent davantage que je ne le pensais. »

En temps normal, Taishi aurait quitté la pièce depuis longtemps. Peut-être qu’à quelque part, il sentait une obligation de voir cet échange aller jusqu’à son terme. Ou qu’il était curieux de voir jusqu’où lui-même était prêt à aller. Mais si la plupart des commentaires de Tsuyoshi l’indifféra, il ne put nier la teneur d’un en particulier. Comporte toi en Jonin.

Il ne fallait pas chercher trop loin. Ni Tsuyoshi ni Teruyo n’incarnait au sens de Taishi des exemples en la matière. Mais cela ne l’empêchait pas de réaliser que sa propre conduite avait laissé à désirer. Il n’était pas habituellement comme ça non plus. Et il se devait de faire mieux.

Le Miyamoto en rajouta quelques mots supplémentaires. De l’estime ? Des mots tellement creux de la part de quelqu’un qui l’avait essentiellement traité de geignard quelques instants plus. Teruyo était tellement concentré à s’imaginer comme un exemple de contrôle de soi… Qu’il n’aurait pas reconnu l’inverse si elle lui aurait sauté au visage.

Ultimement, Taishi eut une certaine moue désillusionnée, soupirant avant de tirer l’un de ces absurdes fauteuils pour s’y asseoir. Voilà, il restait. Contents maintenant ? Mais puisqu’il ne discuterait pas davantage du Chapelier avec eux, autant changer de sujet.

« Hmph… Alderan sera un problème à plusieurs facettes. Il a déjà envahi Iwa, et connaît la configuration des crocs rocheux. Il a une mémoire photographique des gens et des lieux qu’il rencontre. »

Il se souvenait de son incroyable mémoire lors de leurs rares rencontres.

« Son importance de le réveiller de son sommeil éternel ne peut pas être une coïncidence. Alderan était un révolutionnaire, un guérilla. Un spécialiste des attaques surprises et des embuscades. Je tiens bon de préciser que nous n’avons jamais vaincus Alderan. C’est lui qui s’est rendu volontairement en croyant la personnalité moderne des shinobis le mènerait à une cellule confortable. Nul doute qu’il avait d’autres plans basés sur ça. Mais Akimoto était tout sauf un ninja moderne, et l’a tué sous les yeux de tas de gens, en plein devant les portes de la cité. Et il ne s’est pas arrêté là. »

Si seulement… L’Histoire aurait été si différente.

« Pas longtemps après, il nous envoyait à l’assaut du Quartier Général de son organisation, le Soshikidan. C’est là que j’ai rencontré Rei, et tué sa sœur, Ema, à l’aide de la future Raikage, Metaru Reiko. »

Il se gratta la tête, oubliant un instant l’état lamentable de ses vêtements.

« Rei et Tôsen sont des amis de longue date. Ça ne peut pas être autrement, vu l’importance qu’il lui accorde. Mais Alderan… Je ne le vois pas avoir été de mèche avec lui de son vivant. Je ne sais pas comment Tôsen compte le manipuler, mais c’est inquiétant à un haut degré. Dans tous les cas… Il va peut-être devenir nécessaire de détruire les corps de nos shinobis défunts. Nous ne pouvons plus nous permettre de donner des soldats à l’ennemi. »

Heureusement peut-être que Konran Tenzin avait été brûlé vif. Taishi ne pouvait imaginer d’accord un shinobi de ce degré devenir un ennemi d’Iwa…

Il en avait déjà bien assez de ceux qui la rongeait de l’intérieur.

Réunion de crise

La réunion avait rapidement pris une tournure mélodramatique qui m'étonna presque, étant donné ce que j'avais pu observer et ce que je savais des différentes personnes en présence. L'Eclair Vert, un shinobi de talent qui avait vu bien des choses, si l'on m'avait dit auparavant qu'il était si émotif, je n'aurais certainement pas cru à cela. Et Teruyo, d'ordinaire si calme (ou du moins du peu que j'avais observé), avait levé la voix et s'était emporté contre son compère. Même les autres jonins ici présents semblaient étonnés de la réaction de celui qui avait organisé cette réunion d'urgence. Pour ma part, bien que j'étais un poil étonné, je continuai à boire mon thé d'une manière un peu plus discrète. Visiblement, les shinobis que j'avais face à moi n'étaient pas encore prêt à faire preuve d'un peu de recul au vu de la situation, et le thé ne semblait pas leur convenir. Même s'ils finirent tous par avouer qu'au final, ils n'avaient rien de mieux à faire que de participer à cette réunion qui était pour le moins importante. Je faillis hausser les épaules et lâcher un "C'est bien ce que je disais", mais mon petit doigt me disait que le sarcasme n'était peut-être pas la meilleure option à l'heure actuelle. Surtout que ma présence semblait déranger...Allais-je pour autant partir ? Certainement pas. Pas tant que celui qui m'avait convoqué répudiait mon invitation.

Outre les luttes intestines de pouvoir qui étaient en train de se jouer devant moi, cette discussion me permettait de récolter des informations sur les shinobis d'Iwa. Dans un premier temps, Teruyo disait faire parti de ce qu'ils appelaient un Trium...triumvirat ? Je ne savais pas ce que cela voulait dire, mais je supposais que cela renvoyait à une instance supérieure du village car, visiblement, il semblait être placé au-dessus des jonins d'Iwa. Ce qui constituait une information certes importante, mais que j'avais fini par comprendre au vu de la manière dont tous les autres shinobis avaient suivi presque aveuglément le rouquin. Je doutais que ce soit par rapport à son âge, car en l'occurence, je n'étais pas sûr que Taishi soit beaucoup plus jeune que son homologue. Autre chose d'important qui ressortait dans cette réunion : malgré la désertion de Taishi, son comportement plus que discutable à cette réunion, ce dernier semblait être d'une valeur inestimable pour les Iwajins. Surement à cause, ou grâce à son énorme expérience. Mais toutefois, bien qu'il fut jonin, il ne semblait pas pour autant faire partie des plus hautes sphères du village. Le pourquoi du comment ne me regardait pas, mais restait intéressant à théoriser.

Mais certainement l'une des plus intéressante à resortir était visiblement le doute qu'avaient eu les jonins de cette pièce quant à la cible de l'attaque. Ils avaient cru dans un premier temps (ou dans un second, peu importait) que cette cible n'était nulle autre que...Teruyo lui-même. Le jonin était certes important dans la hiérarchie de la Roche, visiblement, mais je me doutais bien que ce n'était pas les raisons pour laquelle l'Homme au Chapeau pouvait le convoiter. Et contrairement à l'Eclair Vert, ou au Clairvoyant, le Miyamoto ne s'était pas encore fait un nom à l'internationnal, alors que pouvait-il avoir de si spécial ? De ce que j'avais pu observer et comprendre jusqu'ici, peu de choses attiraient l'attention de cet homme aux pouvoirs surhumains ; destituer les dirigeants du monde, récupérer les bijuus, et dernièrement ramener des morts à la vie pour qu'ils le servent. Notre membre du Trium-je-ne-sais-quoi ne faisait pas parti de la dernière catégorie, ça j'en étais à peu près sûr. Ce qui ne laissait que deux options. Soit notre rouquin autoritaire était affilié à la famille seigneuriale, soit ce dernier était un des fameux Jinchuriki dont j'avais entendu parlé. Le Jinchuriki de Yonbi, à fortiori...Mais encore une fois, je décidai de garder mes interrogations pour moi-même. Ce n'était encore une fois ni le moment, ni le lieu pour agiter ma curiosité au nez de personnes qui doutaient déjà de ma légitimité ici.

Me concentrant alors sur les paroles de Taishi tout en poursuivant mon thé -très bon au passage-, je ne pus m'empêcher de hocher la tête sur ce qu'il venait de dire. Cela rejoignait ma vision des choses exposées un peu plus tôt. La proximité de Rei et Tôsen. Aussi puissant soit-il, et même si certains le prenaient pour un dieu, il possédait un coeur. Et c'était d'ailleurs ce même coeur qui l'avait poussé à devenir ce qu'il était aujourd'hui, si je ne me trompais pas. La perte de sa bien-aimée...entre autres. Je soupirai. Il y avait d'autres informations importantes dans le lot, et si je n'étais toujours pas très légitime aux yeux de l'Eclair, je n'allais toutefois pas me gêner pour amener mes réflexions. Car après tout, j'étais aussi impliqué dans cette guerre que les autres shinobis présents.

-S'il a fait appel à Alderan et que ce dernier est aussi bon que tu le dis, il va falloir renforcer nos défenses et notre surveillance. Couplé à la capacité à voir le futur de Tôsen, les stratégies d'Alderan pourront s'avérer particulièrement dangereuses...

Je me demandais si c'était même possible de les arrêter dorénavant. Si le Nara élaborait des stratégies, et que le Chapelier pouvait les rectifier petit à petit grâce à ses pouvoirs sur le temps...ces derniers pourraient ne comporter aucune faille. Hypothétiquement. Ce qui voulait dire qu'il allait falloir qu'on agisse...et rapidement. Plus le temps s'écoulait, et plus nous risquions de faire face à une catastrophe à laquelle aucun de nous ne réchapperait. Et pour pouvoir faire cela...

-Je doute que notre grand méchant ennemi puisse utiliser ses pouvoirs avant un petit moment avec la blessure qu'il vient de subir. Mais plus important encore...il semble avoir un nouveau point faible : ses émotions. Peut-être serait-il judicieux d'axer nos recherches d'avantages sur Rei que sur son chef et ami...

J'avais cru comprendre qu'un Sakaze Tôsen plus jeune était aussi l'une des failles de cet homme omnipotent ou presque. Mais ce dernier devait rester perpétuellement aux côtés de sa version plus âgée. Et si nous n'avions jamais pu le localiser auparavant, les chances qu'on le fasse maintenant restaient maigres. Mais peut-être aurions-nous plus de chances avec Rei...?

La main tendue vers Taishi avait été prise par ce dernier. Bon gré mal gré, le choix ne lui revenait pas. Compte tenu des derniers échanges et dans sa position, après de tels discours, le sien, le mien et surtout celui de Tsuyoshi, il ne pouvait refuser l’entente d’apparence cordiale qui lui était présentée. Mais si l’Eclair Vert accepta finalement de s’asseoir à la table des négociations, c’était plus par dépit que par réelle conviction. S’il ne voulait pas passer pour celui qui semait la zizanie, il n’avait d’autre solution que d’accepter les pourparlers. En revanche, si l’effort avait été fait de la part du jonin, de mon côté, il n’y avait nulle trace de sourire ou de nonchalance, la gravité de la situation, interne comme externe, impliquait un sérieux de rigueur.

Blasé mais résolu, l’Hayai ne tarda finalement pas à coopérer. Cependant, si d’apparence, il pouvait un changement de comportement, il campait sur ses positions, changeant le sujet de la conversation, évitant toute réponse à la demande qui lui était initialement faite. Cela pourrait peut-être passer inaperçu pour certain, mais Taishi montrait là une nouvelle fois sa désapprobation, renforçant encore les tensions qui n’existaient que par son comportement puéril. Pour autant, si nous voulions avancer dans nos réflexions, il était bon aussi de mettre de l’eau dans son vin. Ainsi, malgré ce que je pensais de la situation, je taisais exaspération et écoutais avec attention les explications du turbulent shinobi et du gardien aux cheveux blancs. Ma première réponse lui était d’ailleurs destinée.

« Même blessé, je ne ferais pas l’erreur de sous-estimer l’homme au chapeau ou d’imaginer qu’il ne puisse pas utiliser ses pouvoir efficacement. »

Face à un tel homme, il nous fallait toujours imaginer la pire des situations et être certain qu’il serait en pleine possession de ses moyens.

« Nous lui avons peut-être infligé une lourde défaite, mais soyons certain qu’il en tirera les conclusions nécessaires et qu’il adaptera son jeu en conséquence. Au-delà de ça, Rei est l’une de ses faiblesses, c’est évident. Est-ce par amitié qu’il le protège tant ou pour ses capacités ? Jusqu’où irait-il pour le sauver ? Sachant cela, si l’occasion se présentait, se servir de Rei comme appât pourrait être une option. »

Etions-nous seulement en mesure d’arriver à ce dénouement ? Comment pourrions nous obliger Rei à se montrer et à faire en sorte qu’il se fasse à nouveau sauver. Les probabilités semblaient bien faibles.

« Deux choses à rajouter sur Alderan. Il ne suit pas l’homme au chapeau, du moins, de son propre chef. Ses dernières paroles vont dans ce sens dans la mesure où il nous a donné quelques indices sur comment l’affronter lui et le nécromancien. En revanche, Reijiro contrôlait parfaitement le corps du Nara, s’en servant comme bouclier pour contrer l’attaque de Seika. Si Alderan possède un tel libre arbitre, se pourrait-il qu’il ai été réanimé pour ses compétences et non ses connaissances ? S’il nous a donné ces indices de plein gré, il est possible qu’il refuse, intellectuellement parlant, d’aider l’homme au chapeau. »

Me reculant sur mon dossier, je balayais la salle du regard, les yeux las.

« D’autres choses dans l’immédiat ? »

C’était le moment pour quiconque de nous exposer une idée lumineuse.

Si dans un premier temps, Taishi se montre assez partageur en informations, il devient vite un rapace et ramène ses sentiments et son passé sur la table, commençant à pointer l'absence de Toph. Aimi non plus n'était pas là, mais ce n'était pas non plus capitale. S'ils étaient incapables de s'en sortir sans elles après une attaque pareille, alors ils étaient tout simplement foutus. Depuis quand un shinobi ou même un dirigeant de village était absolument irremplaçable ? Depuis quand, alors qu'il y avait encore deux des trois Taishos qui étaient bien présents ici-même, des jonins voire plus en terme de grade pouvaient céder à l'émotion ?

Silencieux, le rouquin avait décidé de rester debout. Il était mal à l'aise dans cette réunion. Il ne savait pas quoi dire ni penser. Il n'aimait pas ce genre d'atmosphère où chacun laissait éclabousser son agacement sur les autres. Tsuyoshi et l'étranger semblaient plus mesurés, mais cela n'était plus suffisant aux yeux du Borukan. Pour autant... Il resta muet. À quoi bon ? Il n'avait pas d'information supplémentaire et pour l'instant, aucune idée miraculeuse ne lui avait traversé l'esprit. Des techniques en deux temps, des techniques vicieuses, voilà en somme ce qui pouvait atteindre l'homme au chapeau. Une technique pour en cacher une autre.

Toujours pensif, il écouta la suite. Ils se calmaient un peu, le Taisho du Sazori parvenant à trouver quelques mots pour apaiser l'ambiance. Quelques informations en plus sur Alderan, une remarque de Taishi sur la nécessité de mieux protéger les corps qui aurait arraché un sourire à Ashitaka si seulement la situation n'était pas si grave et qu'il n'avait pas autre chose en tête. Quelque chose de démentiellement plus important à ses yeux, dans son coeur. Quelqu'un.

Il n'arrivait pas à se concentrer, à être efficace. Il avait gardé ses forces pendant tout le combat, pensant traquer et achever l'ennemi lorsqu'il serait en fuite. Et le voilà avec une quantité de chakra certaine à disposition, prêt à enflammer et à congeler d'immenses zones, à noyer des millions d'ennemis... Pour rien. Il n'avait rien à faire de cette puissance conservée puisque ce diable de Tôsen était apparut de nul part, sauvant ses hommes d'une mort certaine. Quelle injustice que de voir des ennemis vous sous-estimer à ce point s'enfuir grâce à des pouvoirs absurdes, inexistants sinon dans les mains de ce meurtrier de masse qui clâmait encore et encore agir pour l'équilibre du monde. Comment certains pouvaient encore le croire face à ses méthodes ? Devant l'ampleur de ses actes, les monceaux de cadavres qu'il provoquait, les morts qu'il prôfanait ? Chaque cadavre relevé était une véritable horreur pour ceux qui avaient connu ces gens. Une barbarie sans nom. Et après certains osaient dire que la nécromancie était un art acceptable... Une honte. Une honte sans nom par des hommes et des femmes sans morale.

Les derniers mots de Seiki laissèrent le rouquin pensif quelques instants de plus. Mais non, il n'était pas convaincu. Ses émotions n'étaient pas un moteur suffisant, du moins pas à ses yeux. C'était justement parce qu'il avait envoyé à la mort sans sourciller cette Mamushi qu'il en était certain. Non, s'il avait voulu protéger Rei quitte à perdre un bras, c'est que sa présence avait une importance supérieure. Il était un élément crucial.

« Je ne suis pas d'accord. Il a laissé mourir Mamushi qui était importante pour lui. S'il en est venu à cet extrême, c'est que Rei vaut plus pour lui qu'un unique bras. N'oubliez pas qui il est. Si nous avons pu faire des prothèses, je doute que cela lui soit impossible. »

Il prit alors un instant de réflexion avant de continuer.

« Pour ce qui est de Rei... Le considérer comme une faiblesse est une erreur aussi je pense. N'oubliez pas que nous étions huit contre lui et il nous a tenu un certain temps. Certes nous n'avons pas engagé toute notre puissance d'un seul coup, mais il reste un ennemi très puissant et croire qu'on peut l'utiliser comme une faiblesse... Ce serait le sous-estimer. Si vous pensez tout de même que c'est notre seule solution, alors le piège devra être parfait. Et dans ce cas, jouer sur l'arrogance de Rei pourrait être notre clef pour piéger ce dernier. Mais encore une fois, je n'y crois pas. L'Homme au Chapeau verrait un piège. Et il l'éviterait probablement. »

Toujours levé, adossé au mur, Ashitaka se tut. Il n'avait pas d'autre remarque, pas d'autre solution pour l'heure. Il voulait simplement éviter que la réunion parte dans une direction qui lui semblait erronnée. Pour autant, il n'avait que peu d'éléments à ajouter, pour ne pas dire aucun. Et cette situation l'agaçait. Lui aussi aurait voulu partir. Agir. Allez la chercher surtout. Mais sans piste, sans preuve... Il ne voulait pas baffouer ses serments pour rien. Et malgré tout, la présence de Rakka le retenait encore plutôt solidement ici-même. S'il n'était plus là, qui s'occuperait d'elle ? Est-ce que seulement quelqu'un s'en préoccuperait ? Et surtout, comment le prendrait-elle si même lui partait après son serment ?

Secouant simplement la tête d'un geste négatif lorsque Teruyo demanda si quelqu'un avait un élément de réponse supplémentaire, le rouquin attendait maintenant simplement la fin de l'échange. Qu'avaient-ils à dire de plus après tout ?

Tsuyoshi écouta les uns et les autres. Il cogitait, soupesait les propos des uns et des autres, mettait en comparaisons les informations apportées par l'un par rapport à celles nouvelles d'un autre. Au final, toutes ces informations mises bout à bout ne menaient pas bien loin. Il fallait être à la place de Tôsen pour savoir quel serait l'apport réel d'un Alderan. Ce pouvait être tout et n'importe quoi. Un apport physique en termes de compétences "ninja", un apport psychologique ou affectif -qui sait ?- un pouvoir de mobilisation d'outre-tombe ? Qui sait réellement. Quoi qu'il en soit, le Hyûga n'avait pas réellement envie de jouer à ce jeu de devinettes qui en réalité ne menait nulle part. Ils devaient tous garder la perspective iwajine étant donné que celle de l'adversaire ne les faisait guère progresser.

_ Merci Taishi pour ces informations de même que Teruyo... Avait t'il commencé en regardant chacun des shinobis puis d'un hochement de tête fugace en direction de Ashitaka et de Seiki, le Hyûga les remercia tout autant sans pour autant ouvrir la bouche. Il poursuivit cependant :

_ Si le Nara a donné des indices sur ses faiblesses, c'est qu'il n'est pas, visiblement, partisan de Tôsen ou du moins, qu'il n'est pas pour son réveil sous cette forme. Quoi qu'il en soit, je pense aussi que cela montre qu'il n'a pas été rappelé à la vie pour ses connaissances, encore que rien n'est sûr... Peut-être que ce Yamanaka de Rei serait capable de lire des souvenirs importants même d'un décédé et à partir de là obtenir un nouvel avantage décisif sur nous. Tôsen n'a t'il pas pour priorité numéro un de retrouver le 9ème ? N'oublions pas ce... détail...

Tsuyoshi relâcha la pression. Les iwajins et même la coalition, à sa connaissance, n'avaient fait aucun progrès dans la recherche des dieux restants. Les gardiens demeuraient pour la plupart introuvables.

_ Je ne pense pas qu'Iwa soit vraiment intéressant pour Tôsen... Je peux me tromper, mais je pense que toutes ces attaques, au final, ne visaient qu'à obtenir le réveil d'Alderan en vue d'un but supérieur à la seule guerre contre les villages... Taishi... J'ai été moins investi que toi par le passé dans toutes ces affaires politiques... Aurais-tu connaissance d'un être proche d'Alderan qui soit encore potentiellement en vie ? Un lieu qui soit cher à ce dernier ? Je pense qu'il nous faut tout disséquer de la vie d'Alderan quitte à échanger en profondeur à ce sujet avec l'Empire.

Se tournant vers Seiki, il continua :

_ De par vos voyages Seiki San, avez vous récolté des informations intéressantes à partager avec Iwa ? Même des légendes concernant les dieux seraient bonnes à prendre. Je ne sais pas... Une simple question. Qui sait, peut-être que l'inconnu pouvait en savoir bien plus que tous ceux présents dans cette salle.

_ Je retiens cependant l'aspect sentimental de Tôsen... Pour moi cette facette de sa personnalité est bien réelle. Peut-être malgré tous ses pouvoirs n'a t-il pas pu voir le futur de Mamushi et donc la sauver ? Son corps a été totalement détruit par Toph... Certainement qu'il s'est employé, à l'heure d'envoyer des shinobis aux pouvoirs stratégiques, à ne pas les perdre quitte à faire ce sacrifice de son bras, qu'il n'a je pense pas du tout prévu au vu de ses réactions... Tôsen a bel et bien des sentiments et à priori, ne serait-ce que pour la réussite de ses objectifs, il est attaché à Rei et au nécromancien j'en ai bien peur... Perdre une Mamushi a déjà été un immense camouflet, ces deux là sont stratégiques pour lui. La preuve... Nous détenons l'un de ses lieutenants et il ne s'est toujours pas intéressé à ce dernier.

Voilà qui était dit. Maintenant que ces idées avaient été posées dans l'esprit des uns et des autres, quand bien même sa personne pouvait en rebuter plus d'un, ces idées resteraient dans l'esprit des participants de cette rencontre. Le moment opportun, pour peu que certaines hypothèses soient vraies, si d'aventure certains iwajins ici présents se trouvaient en bonne posture, certainement qu'ils pourraient apporter une réponse salutaire pour tous.

_ Nous avons, je pense, une fenêtre de quelques jours, ou au plus semaines, le temps qu'il soit totalement rétabli et qu'il se donne le temps de palier la perte de son bras manquant. Ne perdons pas ce temps précieux...

S’ils en avaient fini de répéter que le Chapelier était loin d’être vaincu – prudence ou bien instinct inconscient de rabaisser l’acte de l’avoir blesser pour compenser leurs propres échecs ? -, Taishi songeait aux propos apportés sur Alderan. S’il était peu ferré sur le fonctionnement des techniques du nécromancien, apparemment les corps ressuscités n’étaient pas sous son contrôle total dans tous les sens du mot.

« Peut-être qu’il refusera d’aider leur cause. Ou peut-être que le Chapelier va le convaincre de coopérer. Alderan n’avait pas les mêmes buts que Tôsen, mais il souhaitait tout de même libérer le Pays du Feu de l’oppression des villages cachés. Et de son temps, ce n’était pas un empire. Si retirer le chakra de l’équation aide sa cause… »

Rien n’était impossible. Ashitaka donnait son opinion, et l’Hayai hocha de la tête.

« Il ne me semble toujours pas clair de savoir si Tôsen a laissé Mamushi mourir, ou s’il l’a sciemment envoyé à sa mort. Dans tous les cas, je pense certain que Rei a davantage de valeur à ses yeux. Question d’amitié ou d’un but ultérieur, ça reste encore à élucider. Mais à ce stade, le Chapelier a eu diverses occasions de se débarrasser de Rei. S’il ne l’a pas fait, il y a une raison, peu importe laquelle. »

Ils parlaient de l’utiliser comme appât mais rien ne serait moins facile. Rei n’était pas exactement une proie. Il avait fallu l’effort combiné des plus puissants shinobis du village simplement pour le pousser sur la défensive.

Ils s’écumaient sur les possibilités d’un piège et Taishi gardait le silence, pour plusieurs raisons, la première qu’il était résolu à ne plus revenir sur le sujet, une autre qu’il ne jugeait pas la discussion opportune, ni avisée. Quel étrange moment pour parler stratégie… Après les faits.

Tsuyoshi approcha les choses d’un autre angle, malheureusement Taishi n’avait pas les réponses qu’il souhaitait.

« Rei était très proche de sa sœur… Et vous connaissez son sort. Je ne connais pas d’autre parenté, mais il est un membre d’un clan majeur, qui comprend bien d’autres membres. »
Et sur Mamushi…

« Je pense que le Chapelier n’avait pas besoin de ses pouvoirs pour déduire ce qui allait arriver à Mamushi. Et je pense qu’il aurait peut-être pu la sauver…. S’il l’avait voulu. Le passé de Tôsen est très mystérieux, l’origine de son lien avec Rei m’échappe. Rei m’échappe tout court. Nous avons un historique, mais nous ne sommes pas amis d’enfance non plus. Même si j’ai parfois cette impression… Hmm. Quant à Alderan, ce serait son clan, à Kumo, qui pourrait éclaircir son passé. J’ai grandi sous sa légende, mais je n’en connais pas tous les détails. »

Mais ils en étaient à faire beaucoup de suppositions sans davantage d’information. En ce qui le concernait, cette réunion avait fait son chemin, même s’il n’était pas encore certain qu’elle fut utile tout court.

« Pas de moi de vouloir mettre fin à cette agréable conversation… Mais j’ai eu une longue journée. Je ne pense pas être le seul. En avous-nous terminé ? »

Réunion de Crise

S'il était évident d'une chose, c'est que l'Homme au Chapeau de par ses démonstrations multiples de puissance inspirait aujourd'hui une crainte qui était dure de balayer. Malgré l'exploit réalisé par nos camarades Iwajin de lui avoir privé d'un de ses bras, cela ne suffisait pas à les rassurer d'une quelconque manière. Et ils avaient bien raison. Un homme comme Sakaze Tôsen méritait de ne pas être sous-estimé, peu importe l'état dans lequel il se trouvait. Pour autant, ce dernier restait un homme et non un Dieu, et l'avoir blessé en était la preuve. Comme certains proverbes le dictaient, nul Dieu ne saurait verser du sang sans être rabaissé au rang de mortel. Et c'était bien ce qu'était Tôsen. Et de ce fait, il aurait besoin de soin, et de récupérer un tant soit peu avant de poursuivre ses projets. Même s'il restait un ennemi bien trop important à affronter pour un seul village, même dans son état actuel, il restait diminué par cette blessure. Mais je ne tenais pas à contredire ou à "rassurer" les gradés devant moi. Ce n'était pas ce dont nous avions besoin à l'heure actuelle. Quant à Alderan...

-Il nous a donné des indices, ce qui laisse supposer qu'il a un certain libre arbitre. Mais s'ils l'ont ramené à la vie, ils doivent avoir un moyen de le soumettre à leur volonté. Ou du moins d'obtenir ce qu'ils attendent de lui qu'il le veuille ou non. Au vu de son côté stratège selon l'Eclair Vert, ils ne prendraient pas le risque de l'avoir au plus près d'eux sans pouvoir le contrôler.

Quant à Mamushi et sa mort, il était assez évident aujourd'hui que si le Chapelier avait sauvé Rei, il aurait pu faire de même avec sa Lieutenant Enchanteresse. Etait-ce une mission suicide, ou s'est-il juste résolu à sa mort, cela ne changeait en soit pas grand chose pour l'avancée de cette discussion selon moi. Dans les deux cas, il l'a laissé mourir, et pas Rei. Comme ils l'avaient si bien dit, soit il avait encore besoin des pouvoirs du Yamanaka, soit ce dernier représentait pour lui plus qu'un simple Lieutenant. Plus qu'un simple homme disposable. Et je penchais d'avantage pour ce deuxième point. Après tout, il n'était certainement pas le seul Yamanaka talentueux maîtrisant le Katon dans le Yukan. Ce qui renvoyait à ce que j'avais avancé sur ce dernier, et le fait qu'il représentait une faiblesse. Bien que ce dernier point ait été mal compris.

-J'ai peut-être mal formulé ce que je voulais dire. Loin de moi l'idée d'insinuer que Rei est faible. Loin de là. Il semble posséder une énorme quantité de chakra, plus que n'importe qui que j'ai pu rencontrer, excepté Tôsen lui-même et les Dieux. Mais vous avez pu le mettre en difficulté. Et se faisant, vous avez pu blesser l'Homme au Chapeau.

Je soufflai un instant avant de continuer.

-Et d'ailleurs, comprendre la stratégie qui a permis de le blesser est certainement essentiel pour exploiter cette faille à l'avenir. Il semble invincible avec ses pouvoirs sur le temps. Mais visiblement, ces derniers ont une limite. M'adressant alors à Taishi. Etait-ce une question de timing ? Ou autre chose...?

Est-ce que je cherchais innocemment à relancer la discussion sur le point qui nous intéressait tous, au détriments des autres personnes dans cette pièce ? Faisant fi de la tension qui y régnait ? Bien évidemment. Après tout, j'avais face à moi des guerriers et des shinobis, non ? Une autre question vint alors de la part du dénommé Tsuyoshi, visiblement un autre haut-gradé du village, pour moi. J'étais certes un voyageur et un ancien gardien de la stèle, mais mes connaissances en la matière s'arrêtaient à peu près là. Mon regard se fronça un peu tandis que je regardais vers le sol avant de relever les yeux vers mon interlocuteur.

-Malheureusement, je ne faisais pas parti des petits papiers des Moines. La seule chose que je savais reposais sur la Stèle du Dieu des Eléments. Le savoir sur les Dieux est aussi bien gardé qu'il y a peu de personnes au courant. Et je n'en fais pas moi-même parti, et je n'ai rencontré personne qui a pu me renseigner.

Une fois de plus, Taishi prit la parole pour exposer sa fatigue et son désir d'être dispensé du reste de la réunion. Mais il était évident qu'il ne désirait pas être ici. Je ne fis aucune remarque sur son comportement, et ne montrait pas non plus la déception qu'elle m'apportait. J'avais entendu son nom, et savait qu'il faisait parti des grands du Yukan. Et pourtant, malgré sa participation à la bataille qui nous attendait, il semblait désireux de garder ses petits secrets pour lui et semblait presque...bouder. Je continuai à boire mon thé, à défaut de soupirer. On en saurait certainement plus, mais certainement pas aujourd'hui. Pas avec des gens aussi peu volontaires malgré leur grande contribution. Ou peut-être à cause de celle-ci ?

J’avais écouté religieusement chacun des protagonistes étant intervenu à ma suite, chacun apportant son lot d’informations, spéculant sur les raisons de l’homme au chapeau à agir de telle ou telle manière. Finalement, la discussion s’essoufflant petit à petit, Taishi finalement, malgré son ton provocateur habituel marqua la fin de la discussion, à juste titre. Le but de cette réunion n’était pas de spéculer sur l’avenir mais de faire en sorte que chacun puisse avoir toutes les informations suite à l’attaque sans attendre. Maintenant que c’était chose faite, chacun avait encore beaucoup à faire et moi le premier.

« Bien, je crois que nous avons fait le tour. Taishi a raison, ce fut une longue journée et il reste encore beaucoup à faire. Je ne veux pas vous retenir davantage. Grace à vos informations nous allons pouvoir en tirer les conséquences et prévoir les prochaines manœuvres. Soyez certains que vous serez sollicités d’ici peu. Suite à tout cela, nos objectifs vont une nouvelle fois évoluer. Entre recherche d’information, surveillance et protection de notre village, nous avons fort à faire. Nous avons peut-être remporté une bataille en blessant Tosen, mais la guerre, elle, est toujours en cours. »

Puis, me tournant vers Seiki et Tsuyoshi, interrogateur face à notre invité, je coupais court à la conversation.

« Tsuyoshi, Seiki, l’échange d’information est important, mais nous pourrons prévoir un autre moment pour échanger en détail sur les connaissances des gardiens et ce que l’on peut tirer de tout cela. En attendant, rentrez chez-vous, reposez-vous, je vais faire renforcer la surveillance et faire un tour à l’hôpital pour prendre des nouvelles de nos blessés et évaluer nos pertes. »

Finalement, me levant, je balayais une dernière fois du regard l’ensemble des personnes présentes.

« Encore une fois, merci à chacun de vous, c’est la collaboration de chacun et notre rapidité d’intervention qui nous a permis d’éviter le pire. »

Sur ces paroles, je repoussais ma chaise sous la table, attendant d’être le dernier dans la salle pour me poser une nouvelle fois à mon bureau, terminer ma tasse de thé désormais froid et songer à l’avenir qui ne s’annonçait pas des plus radieux. Les trais tirés, le visage fermé, je regardais par la fenêtre sans réellement observer ce qui se passait, réfléchissant à la suite.

Spoiler:

Le Hyûga écouta les réponses des uns et des autres. Il observa également. Les réactions de Taishi étaient comme souvent intéressantes et comme auparavant, il ramena sur le tapis son besoin de mettre fin à l'échange. Ce besoin fut appuyé par Teruyo qui vraisemblablement lui aussi avait besoin d'être seul et se sentait probablement vidé de son énergie. Était-ce à cause du mini scandale créé par Taishi ? Ou alors...

Tsuyoshi repoussa de son esprit l'idée qui venait de l'assaillir. Il préféra s'en tenir aux faits. Une quantité d'informations venait d'être livrée durant cette réunion quand bien même il s'agissait surtout de suppositions. Bien des choses aideraient, pour peu qu'il y ait une réflexion plus poussée derrière, à mieux comprendre l'homme au chapeau, à comprendre Tôsen. Tout Taishô du Sazori qu'il était, et parce qu'il comptait bien en apprendre plus, Tsuyoshi se promit à lui-même de poser des actes qui iraient dans le sens de trouver une solution aux problèmes exposés. Il ferait de son mieux.

S'étant rapproché de Seiki, Tsuyoshi s'adressa à ce dernier.

_ Seiki San... Accepteriez-vous que l'on poursuive cet échange plus tard ? Si vous êtes libre, je serai ravi que l'on échange, ici même, dans la cour de l'Académie Hashira, demain matin vers 9h.

Le Hyûga attendit la réponse du voyageur, puis il s'en alla en sortant de la pièce. Après quelques pas, au dehors, le bunshin disparut dans un nuage de poussière. A quelques centaines de mètres plus loin, l'original reçut l'information concernant cette réunion tumultueuse.

Les échanges continuèrent encore quelques instants, les avis partant çà et là afin de dresser une sorte de liste de suppositions, mais ils n'en avaient pas réellement de conclusions à tirer. Ils n'avaient pas d'éléments suffisants pour prendre des décisions ou enclancher des actions fortes. Ils ne pouvaient pour l'heure qu'accumuler des informations et espérer qu'un jour, elles leur permettraient d'atteindre un but plus avancé, d'obtenir de meilleurs résultats.

Finalement, la permission de se retirer était donnée, la conclusion de la réunion étant prononcée. Rien de transcendant, mais ils avaient plus ou moins que des techniques en deux temps, l'une se déclanchant si l'autre était annulée, pourrait éventuellement marcher pour atteindre l'Homme au Chapeau. Ou du moins c'était ce que le Loup en avait compris. S'écartant ainsi légèrement du mur contre lequel il était resté appuyé, Ashitaka sortit de la pièce après avoir brièvement salué ses camarades. Il restait plongé dans ses pensées, silencieux. Il n'aimait pas toutes ces formalités, ces moments où ils tournaient en rond. Il aurait préféré avoir un plan d'action plutôt que d'attendre qu'ils subissent une attaque de plus. Puisqu'au vu de la situation, elles ne manqueraient pas d'arriver, les suivantes.

Elles viendraient en temps et en heures, il n'en doutait pas. Et tout en sachant cela, que pouvaient-ils faire pour se préparer ? Les défenses mises en place autour de la cité et du côté de la frontière s'étaient montrées jusque là très peu efficaces. Rei et le Nécromancien avaient pu s'infiltrer dans la cité des Hyûgas avec un putain de Henge. Une modification d'apparence ridicule était parvenue à passer leur surveillance. Comment était-ce seulement possible ?

Soupirant alors qu'il descendait l'escalier pour rejoindre le rez-de-chaussée et sortir de l'Académie, Ashitaka s'arrêta un instant au milieu de la volée de marches avant de descendre plus rapidement. Il venait d'avoir une idée, mais cette dernière nécessitait encore un certain temps de maturation. Pour l'instant, ce n'était que du vent, elle ne valait pas grand chose, mais il espérait sincèrement avoir une piste qui pourrait peut-être lui permettre de retrouver Amiko.

Dehors, il siffla pour rattirer l'attention d'Idoku et demander à ce dernier de venir le chercher, il avait besoin de prendre l'air un moment pour réfléchir.

Taishi secoua la tête, mais cette fois envers l’homme qu’il connaissait le moins dans cette réunion, et dont le statut restait bien nébuleux. Le type s’exprimait avec franchise et justesse, sans rien prendre pour acquis, et Taishi pouvait respecter ça. Il respirait l’expérience et l’assurance. Et sa connaissance de la stèle du dieu des Éléments était un atout certain. C'était un sujet dont l’Hayai ignorait pratiquement tout, d’ailleurs.

Mais au-delà, il restait un invité inexpliqué dans un contexte déjà trop plein d’irrégularité.

« Une question de causalité, Shizen Seiki. »

Comme d’autres, Taishi restait silencieux sur le reste des préambules. Il n’était pas opportun à cet instant précis de trouver s’éterniser à analyser les faits et gestes du Chapelier. Pas quand il était couvert de sang, épuisé et franchement, en colère à peine contenue. C’était tout ce qu’il pouvait faire que d’être poli et demander à nouveau la fin de cette rencontre absolument catastrophique.

Ils auraient pu en discuter des heures. Et c’est ce que Taishi avait fait ces derniers mois. C’était ce qui avait mené à la perte du bras de Tôsen. L’Hayai n’avait que faire de se voir reprocher son silence quand il voyait ce genre de discussion être abordée après que les faits ait eu lieu.

Pour le reste, sa conjoncture sur l’autorité des membres du Triumvirat était également une manière de gagner du temps. De structurer son idée. De réparer son esprit malmené.

Ils s’attendaient à voir Taishi agir comme un héros, et il était tout sauf cela.

Il était juste un survivant.

On semblait enfin être réceptif à son souhait, et c’est avec un certain empressement qu’il se détacha du mur, laissant derrière la fameuse tasse de thé qu’il n’avait finalement pas touché, aussi bonne qu’elle puisse être – et elle l’était probablement.

Taishi remarqua avec un certain amusement qu’Ashitaka semblait même plus pressé que lui. Les quelques instants furent une différence, puisqu’il capta les mots échangés entre Tsuyoshi et Seiki.

Tout en les dépassant, il ne put s’empêcher d’y ajouter une dernière phrase.

« … Et j’espère que vous profiterez de cet échange pour trouver un autre rang que « Guerrier venu aider Iwa », Gardien. »

C’était un peu long… Et un peu hors des normes, aussi.

Alors qu’il sortit du bâtiment, Taishi s’arrêta un instant, s’appuyant contre le mur de sa main. Il porta l’autre à son visage, dont les traits se serrèrent. L’anxiété le secoua.

Et après un moment qui lui sembla interminable… Il reprit sa route.

C’était son propre prix à payer.

Réunion de crise - PV Jonins

Réunion de crise - PV Jonins

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Tags
Recherche avancée