J’attendais une occasion pour rejoindre mes complices et elle s’était rapidement présentée. L’apparition d’une menace imminente me permettrait de déjouer la surveillance des gardes bien que je regrette d’abandonner les miens à leur sort. J’avais conscience plus que quiconque, qu’en cet instant, je n’avais plus de place pour les regrets. C’était pendant le regroupement des effectifs pour affronter la calamité que j’allais déserter, un plan assez simple en somme. Il n’y avait rien pour me retenir en ces lieux, ma place était ailleurs. Je connaissais le sort réservé aux traitres et l’exécutif responsables de ses mises à mort.

J’avais pu apercevoir les affiches de mises à prix sur les têtes de mes amis, étonnement ils étaient présentés sur leur meilleur profil. Je pensais déjà à la tête que j’aurais sur mon avis de recherche, j’espérais ne pas y trouver une image disgracieuse. J’avais besoin d’y penser avec légèreté pour ne pas renoncer à mon objectif. L’ironie du sort faisait que j’’abandonnais une vie de mensonges pour me retrouver traquée par mes anciens camarades. Yahiko avait déserté en pensant au peuple, en ne voulant plus les diviser et il se retrouvait traqué pour ce motif de désertion. Il n’y avait définitivement plus rien à espérer de ces terres, j’étais lasse des coutumes archaïques.

Je repensais à la mise en scène d’Hanzo lors de sa nomination au titre d’Empereur, j’avais pris cette habitude depuis ce jour. Je tentais de démêler le vrai du faux, de comprendre la raison de ces changements. Je ne voulais pas accepter la nouvelle nature d’Hanzo, je n’avais simplement plus osé me présenter devant lui. Cette précaution n’était pas seulement motivée par la peur. J’allais profiter de mon passage à Joheki pour me renseigner sur les dieux auprès de l’Académie. Je voulais sauver ce qu’il y avait encore à sauver en cet homme ou éteindre la menace qu’il représentait. J’avais besoin d’un coupable pour légitimer mes choix. J’espérais pouvoir en parler davantage avec Yahiko et Hanae, ils me semblaient plus au fait sur ces sujets-là.

J’espérais naïvement revoir Katsuko, espérant ne pas devoir encaisser une nouvelle trahison. Je me disais qu’on avait partagé suffisamment de choses pour s’accorder un peu de confiance mutuelle. Je doutais de l’importance que les souvenirs apportaient en ce monde, mais il était plus doux de penser ainsi.

Comme je m’y attendais, j’avais pu franchir le pont d’Urahi sans une once de difficulté. L’agitation était propice à mon évasion, sans doute facilité par mon innocence actuelle. Je n’étais pas encore identifié comme étant un déserteur. La prochaine destination était Joheki no Kuni pour rejoindre les autres. J’ignorais la position exacte du campement, mais je finirais bien par tomber sur leur trace. Je pouvais me reposer sur l’odorat hérité de mes origines et sur celui de mon fidèle compagnon.

La route allait s’avérer être longue, j’avais donc profité de ma présence à la capitale pour préparer quelques provisions. Ce n’était seulement qu’après plusieurs cycles lunaires que je pouvais contempler ma destination.