[Empereur #01] Le remaniement

Voilà plusieurs lunes que l'exilé ne l'était plus. "Empereur du feu" sonnait comme un échec à celui qui s'identifiait usuellement plus aux conforts des ombres qu'à la pénibilité du devant de la scène. Et si trivialement il avait l'audace de présenter sa prise de pouvoir comme un sacrifice, il lui arrivait bien en de rares occasions d'admettre en son for intérieur que ce trône était un met sur lequel il lorgnait depuis bien des printemps. C'était là bien plus qu'un simple ersatz de trésor, c'était un bijou qui brillait par l'image qu'on lui projetait : celle du pouvoir.

Mais il était bien pénible que de concevoir que pouvoir rime avec responsabilité. Pour autant, il était de ceux qui voyaient en ces instants de réorganisation un délectable moment de réflexion. Evaluer les forces, identifier les fragilités organisationnelles, humer les opportunités et réarranger tout ce foutoir, là étaient les activités qui enjouaient le grivois. Il ne fut point étonnant alors qu'il s'en donnait à cœur joie sur son étude d'érable mortifié par les affres du temps et du labeur.

Soudain, un crissement de porte et une silhouette qui apparaît : Koro, le bonheur-du-jour mandé par le nouvel Empereur, prêt comme un limier à servir et obéir.

Koro
Secrétaire / Homme-à-tout-faire

"Kon'nichiwa Hanzo-san… ou devrais-je dire, EMPEREUR-SAMA ! Quelle joie de vous retrouver ! C'est grandiose, fabuleux, tout bonnement extra ! Vous ai-je déjà dis qu'il n'y avait que vous qui pouviez prendre ce poste ? J'en parlais justement l'autre fois à Janinu, mon épouse, j'arrêtais pas de lui parler de vous ! "Tu verras, Hanzo-san il sera Empereur c'est sûr" que je lui disais. Bon, elle m'a quitté, mais c'est pas ça le plus important ! Et si jamais il vous vient à l'oreille cette sordide histoire d'adultère qui me colle au cul, sachez que c'est pure calomnie ! Y'a pas pu fidèle que Koro Koro comme ma mère dit ! D'ailleurs, vous verrez, je serai votre immuable serviteur ! L'autre Empereur là, celui avant vous, comment il s'appelait déjà… Yahiko ? Ouais bah lui je l'aimais pas trop voyez-vous, j'ai fait mon travail, mais c'était uniquement par pur patriotisme hein ? C'est pas pareil avec vous, vous verrez, je ferai le patriote, ET MÊME PLUS ENCORE ! Vous ai-je parler d'ailleurs de la fois où j'ai reniflé un trait de Yak en prenant ça pour du sucre ? C'était y'a…

"Merci Koro ! Il fait bon de te revoir, pour sûr je préfigure que nous aurons tout le temps de discuter de tes petites histoires, mais il y a tout de suite plus important."

"Ah ! Bien sûr ! Bien sûr ! Faudrait aussi que je vous parle de ce bon vieux Inuzuka à la Territo' qui confondait son clebs avec une clodo' du port ! Si vous saviez…

"…"

"Enfin oui pardon, le labeur ! Le labeur ! Le labeur avant tout comme disait mamie !... Avant l'accident du chalet… Enfin bref, dîtes moi tout !

"Veux-tu bien faire parvenir cette note à l'ensemble de nos régiments. Un grand remaniement est de rigueur. Nous commençons dès maintenant"

Tendant le papelard signé de sa main au bonhomme pas plus haut qu'une pelle, ce dernier lisant rapidement le contenu à tire larigot s'attelait alors à saluer son vieil ami, avant de rejoindre la porte !

"Pour l'Empire mon Empereur ! Oui ! Pour l'Empire mon Empereur ! C'est rigolo à dire ça tient… faut que je me le note…

"Pour l'Empire Koro, pour l'Empire…"

Et comme cela, il s'en allait, claquant avec douceur la lourde porte qui claquait quiètement des battants avant d'offrir un silence désespéré au Shinrin. Un grand souffle signait là le temps de la pause, aussi courte soit-elle.

Note de l'Empereur
A l'attention des forces armées de la flamme

Objet: Réorganisation / Nouvelles primes

Détails :
- Le Capitaine Inuzuka Seimenten étant assigné à une mission de premier plan quitte son poste de Capitaine de la Coloniale.
- Le Lieutenant Kogami Akira ayant pu prouvé en de maintes reprises les qualités nécessaires au poste prend sa place et devient le nouveau Capitaine de l'Unité Coloniale.
- Le Soldat Bakuhatsu Kenpachi rejoint l'Unité Coloniale par recommandation de l'Empereur.
- Le Soldat Aburame Kakuzo rejoint l'Unité Coloniale par recommandation du Capitaine Kogami Akira.
- Le Soldat Kuroiyō Izaya rejoint l'Unité Coloniale par recommandation de l'Empereur.
- La Soldate Shinrin Akemi rejoint l'Unité Territoriale par recommandation de l'Empereur.
- Le Soldat Ryoiki Yoji rejoint l'Unité Territoriale par recommandation de la Soldate Soejima Yenno.
- Le Soldat Shinrin Rokuemon rejoint l'Unité Territoriale par recommandation de l'Empereur.
- Le Soldat Shinrin Akiyoshi rejoint l'Unité Territoriale par recommandation de l'Empereur.
- Le Soldat Shinrin Songshu rejoint l'Unité Territoriale par recommandation de l'Empereur.
- Le Soldat Hikaru Tawamure rejoint l'Unité de Recherche par recommandation de l'Unité de Recherche.
- Des primes à l'encontre des déserteurs identifiés ayant rejoint l'appel du félon et ancien Empereur Sendai Yahiko seront publiés dans les jours suivants ; Ces derniers sont recherchés morts ou vifs.

Fin de la note

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@Kogami Akira @Bakuhatsu Kenpachi @Aburame Kakuzo @Shinrin Akemi @Ryoiki Yoji @Shinrin Rokuemon @Shinrin Akiyoshi @Shinrin Songshu @Hikaru Tawamure @Kuroiyō Izaya

狂気
@Shinrin Hanzo

Ouvrant la lourde porte gravée de flamme et de cime, un petit être recouvert d’une coupe au bol reculait à reculons remerciant une quinzaine de fois le nouvel occupant. Observant la scène à côté du seuil, Akemi remarquait que le fayotage de cet individu n’avait pas de limite, au point où celui-ci ne remarquait pas la folie à l’état pur.

Koro
Secrétaire / Homme-à-tout-faire

« Au revoir, mon Empereur, passez une bonne journée mon Empereur, au revoir… Bon et bien on peut dire que celui-là, il est p…… AH vous ! VOUS ! Oui, je crois me souvenir, vous êtes… Une Shinrin, c’est ça ? Oui, attendez… Attendeeez… Tatashi… Non, Takami… Non… AKEMI, OUI ! C’est ça, Madame Shinrin Akemi ! C’est vous la cousine de l’Empereur. Gloire à l’Empereur ! Gloire au clan Shinrin ! »

« Dégage… »

« Ah oui ! Très bien, excusez-moi Madame Akemi. Oui, j’y vais… »

Se retournant et marchant de quelques pas, les gouttes de sueur perlaient de tout son crâne. L'allure chétive, le dos courbé, l’homme qui portait si bien les lunettes rondes s'arrêta en bondissant sur place.

« Madame AKEMI ! Excusez-moi Madame Akemi, excusez-moi. L’Empereur Hanzo m’a demandé de vous donner ça… Non, attendez, c’estttttt... pas ça… Non… Ça ! Non… RAAAAH, il vient tout juste de me le donner en plus… Ah oui, là ! Ah bah non… Ah c’est bon, je l’ai ! »

Projetant avec trop d’énergie une copie d'un tas de lettres qu’il tenait entre ses bras, la feuille venait s'envoler entre Akemi et cet étrange individu.

« Excusez-moi Madame Akemi, excusez-moi ! Je ne suis que maladresse ces derniers jours… Tenez, voilà ! C’est pour vous. De ce que j’ai réussi à comprendre, vous êtes affecté dans l’Unité Territoriale ! Oui, c’est ça ! La Territoriale ! Tiens .!... C’est bizarre… Il y a beaucoup de Shinrin dans la Territoriale…

Enfin bref, voilà, c’est pour vous Madame Akemi. Passez une bonne journée Madame. GLOIRE À L'EMPIRE ! GLOIRE À L'EMPEREUR ! Au revoir ! Gloire à l’Empereur ! »

Akemi se retrouvait maintenant affublé d’un torchon qu’elle coinça entre deux lattes du parquet massif qui jonchaient le couloir. Se retournant sur la porte menant à la seule personne qui comptait pour elle dans ce palais, ses mains toquaient pour demander l’autorisation de pénétrer dans la même pièce que son nouvel Empereur et son ami retrouvé.

Qu'il était bon de savourer le goût du plein-pouvoir. A présent, il incombait au marionnettiste de mettre son plan à exécution afin de réserver aux mécréants le doux requiem qui précéderait la fin de leur monde. Mais s'il était plaisant que de s'abandonner à ces perspectives macabres et comblées d'allégresse, il n'était pas encore venu le temps où la joie prévaudra sur le labeur. Pour l'instant il restait tant à faire, il fallait encore transcrire des litrons d'encre en édits, notes et ordres pour apporter à cette région un semblant d'ordre et d'arrangement. L'on pouvait alors aisément rapprocher ce besoin à la métaphore de la vie : pour qui ambitionnait d'aller loin, il était primordial de tout d'abord faire son lit et ranger ses effets avant d'entreprendre quoi que ce soit.

Mais alors qu'il rêvassait en demi-teinte en lorgnant sur l'horizon de la cité, la vision de sa germaine pénétrant les lieux le reconnectait dès lors avec ses responsabilités impériales et claniques.

"Akemi. Il me tardait de m'épancher sur quelques sujets en ta compagnie, ma cousine de l'ouest."

D'un geste il mandait à la céruléenne de choisir son poison dans l'exigu buffet apprêté au besoin du Shinrin, ceci avant de prendre place à ses côtés.

Accoté aux carreaux, tirant sa face des jours heureux, il trouvait cela agréable que de pouvoir discutailler librement dans la pièce la plus prestigieuse du pays.

"Et bien.. ? Je t'écoute. J'imagine que tu as amplement de quoi me divertir ? Qu'est-ce qui pousse l'Ancien à t'envoyer à mes côtés ? A-t-il des craintes à l'égard d'un de ses rejetons ? Ce serait une première."

Si l'on pouvait imaginer sans peine les raisons de cet ordre, il était plaisant que de pouvoir user d'ironie envers ce patriarche que l'on pouvait difficilement considérer comme bienveillant. Mais qu'importe les circonvolutions de ses volontés, le résultat demeurait estimable. Après tout, bien qu'elle n'était pas marquée au bon coin, Akemi était une nymphe qui, malgré son penchant pour l'extravagance et la déraison, était avant tout une bien belle compagnie pour celui qui voyait plus loin.

狂気

@Shinrin Hanzo

Alors qu’Akemi pénétrait dans la véritable salle du trône du palais, elle ne pouvait que remarquer les traits de luxueux du bureau. Plus loin d’ici le trône qui se tenait fièrement dans une salle immense n’était finalement qu’une vaste farce qui était faite au peuple du Teikoku. La véritable richesse était devant les yeux de la jeune fille. Les murs, les tables, et même les chaises étaient ici recouverts de multitude gravure ornée de cuivre, d’argent, d’or et d'autres innombrables pierres toutes plus chères l’une que l’autre.

Au bout de cette trop majestueuse pièce, se tenait l’homme qu’elle voulait voir à n’importe quel prix. Celui dont elle s’était préparée à passer des semaines ou des mois à rechercher dans le monde entier, celui qui se tenait en tant que nouveau seigneur des forêts le plus dangereux que comprenait notre terre.

Se retournant vers Akemi, son regard plongeait la femme dans une profonde nostalgie. Celle-ci retournait lors de la première rencontre entre elle et lui à une époque où ils n’étaient pas plus grands qu’un buisson, lors de la première réunion Shinrin qu’ils connurent.

Entre les bois d’Hayashi, le pays ressortait une nouvelle fois d’une guerre dévastatrice. Dans son coin, caché derrière un tronc, Akemi n’avait pas le droit d’avancer plus au centre du groupe qui discutait de politique et du futur du clan. N’étant qu’une demi-shinrin, portant des cheveux d’un ennemi, la très jeune fille n’avait jamais été autorisé à parler au sang pur, sauf si ceux-ci lui ordonnaient une action.

« Il me tardait de te retrouver mon ami, mais je dois t’avouer que je m’étais faite à l’idée de jouer de mon charme pendant plusieurs mois. Je ne m’attendais vraiment pas à arriver derrière toi. »

Ce passé n’avait pas été des plus agréables pour celle qu’on surnommait la Yokai des bois, maintenant. À l’époque, la bâtarde était la plus appropriée quand le clan s’adressait à elle.

« À vrai dire, les temps ont changé... et tu sais bien à quel point l’Ancien aime tout contrôler… Une nouvelle ère approche et l’Ancien m’a demandé d’être à côté de toi pour ses projets. »

S’approchant près de la vitre avec Hanzo, Akemi regardait la ville sous le même angle que celui qui allait faire avancer le monde dans sa propre direction. Mais ce qu’elle voyait de ses rues pavées et de ses habitations n’avait pas le même sens pour elle que pour lui.

C'est dans les ondulations de sa chevelure que le mirliflore se perdait. Il replongeait dans ces vastes et floues remembrances d'un temps où les priorités étaient différentes et où la plus grande frustration du marionnettiste était de ne pas avoir "le don". D'innombrables images, et bruits se ressassaient alors dans sa psyché, précédant ainsi certaines odeurs qui se réveillaient lorsque l'effluve de la demoiselle conquit ses narines. C'était un amalgame de tendresses et de stigmates, de bons et mauvais souvenirs tous travestis par les affres du temps et qui composaient là le code mnésique qui a formé un jeune gavroche à devenir Empereur. Pour sûr, aussi pénible puisse être cette ressouvenance sous certains aspects, elle réchauffait indubitablement le cœur de l'insatisfait.

"Il fait bon de te voir également Akemi… Je te prie de pardonner ces années d'absence, nulle excuse ne saurait disculper un être qui a oublié les siens. Dans tous les cas, j'espère que Dame Hyo se porte bien, elle a toujours été bonne envers nous."

Il la regardait alors se faire l'observatrice du paysage unique qu'offrait la pièce de l'Empereur, suivant son regard du sien, tentant de déchiffrer vers quels détails de la cité impériale son attention s'en allait.

"Mais mettons de côté les quelques plans qu'"il" peut avoir, je ne peux que louer sa volonté de te voir à mes côtés. Mais quand bien même tu te fais l'écho de ses intentions, j'espère que tu sauras trouver en ton nouveau pays un havre accueillant. Il nous reste tant de choses à faire, tant de têtes à faire tomber, tant de champs à fleurir. Pour autant, j'aimerais te poser une question Akemi."

Se désolidarisant des carreaux, reprenant appui sur son siège avant de se recentrer sur la demoiselle, c'est avec une face obligeante qu'il se faisait l'investigateur de sa germaine.

"Toi, que veux-tu ?"

Et si sa question pouvait sembler digne d'un inquisiteur, de son regard empli d'une certaine douceur il était aisé de comprendre qu'il n'en était en rien. En lui sommeillait l'unique volonté de prendre soin de sa cousine autant qu'elle devait se faire la gardienne de son cousin.

狂気

@Shinrin Hanzo

Dame Hyo, riche en bonté. Ce n'était qu'une plaisanterie aux yeux Akemi. Cette mère qui l'avait désavouée dès que ses premiers pleurs avaient pénétré le monde. Celle qui ne l'avait vu que quatre ans après sa naissance, celle qui ne l'avait accepté dans le clan qu'en vertu des ordres de Kanshashi.

« À tes yeux, c'était peut-être une excellente membre du clan, mais vous savez ce que je pense vraiment d'elle... »

De retour à sa place royale, Hanzo s'établit comme prince dans son nouveau royaume.

« L’ancien ne m’a pas missionné que pour te protéger, sache-le. Il a planifié beaucoup plus que la place d'un empereur dans cette terre de lâcheté... »

Quittant le verre qui surplombait Urahi, Akemi n'eut rien d'autre que du dégoût à la vue qui parut magnifique à un voyageur. Mais la jeune femme avait depuis longtemps renoncé à ses espérances de découverte, si du tout qu'elle avait un jour...

« Ce pays ne sera jamais le mien, je n’ai pas de contrer, je n’ai pas de famille, je n’ai qu’un clan que je dois servir… Les seuls champs que j’ai connus et que je connaîtrais, seront ceux des guerres où tu m’enverras. Le seul refuge que je puisse avoir, c'est avec toi, pour assurer ta protection... je ne suis qu'une arme Hanzo, tu le sais. Alors oublie ton rôle de Saint Impérial quand tu es seul avec moi et pense plutôt à comment m'utiliser pour tes projets... »

Retournant vers la porte, la jeune femme plaça ses mains sur la main avant de l'ouvrir.

« Je vais rester un petit moment ! Donne-moi le chaos et la mort et tout ira bien pour moi... C'est la seule chose qui me procure du plaisir... »

En sortant de la pièce, Akemi allait chercher une pièce pour installer ses affaires.

Il est des choses courantes et banales dans la vie qui revêtent pour certains une dimension majeure. Pour un œil qui sait les reconnaître, l'insipide se mue en saveur et l'insignifiant devient cher. Ainsi ce simple moment au demeurant quelconque pour les grandes masses représentait pour le cadet un met dont il se délectait sans que nulle allégresse ne puisse transparaître. Car s'il n'exhalait guère une grande extase à l'égard de sa cousine, ce n'était pas le cas de son cœur qui s'enchantait sous le doux chant d'une discussion familiale, aussi simple et prosaïque puisse-t-elle être. Là était le plaisir d'un jeune homme attaché aux siens qui dans sa grande arrogance se dérobait couramment à l'un de ses plus grands plaisirs.

Alors il se montrait surpris, légèrement inquiet face à la réponse de sa cousine, dénotant par quelques coups d'yeux sa préoccupation à la savoir heureuse en ces terres, en ce temps.

"Qu'importe l'Ancien et ses desseins… Ne sois pas si absolue dans tes pensées ma chère. S'il est bien possible que j'idéalise un peu trop l'avenir, j'aime croire que tu peux trouver en cette contrée un endroit que tu pourras considérer comme ton "chez-toi"."

Tapotant des doigts, son sourire reprenait alors forme.

"…et il est tout à fait possible d'allier guerre et paix…"

Légèrement coquin, le vilain tentait par là d'ouvrir l'esprit de sa consœur, présentant un paradoxe propre à ceux qui se languissent du mal.

"Mais soit ! Il en sera ainsi. Jamais je ne cracherai sur une va-t-en-guerre de ton calibre sur laquelle, qui plus est, je peux avoir une totale confiance. J'ai quelques assignations pour toi, nous avons dans l'Empire quelques têtes à faire tomber, mais j'aimerais avant tout avoir ton avis."

Le silence s'imposait alors tandis qu'il se laissait porter par la réflexion. Son attitude ne semblait point naturelle, car bien qu'il pouvait reposer toute sa vie sur les épaules de sa germaine, il demeurait pénible pour le jeune homme de faire fit de ce manteau de faux-semblants qu'une chienne de vie lui avait cousu :

"Akemi… que dois-je faire de cet Empire et de ces gens ?"

Était-ce là un aveu d'ébranlement ? De faiblesse ? Ou simplement une curiosité ? Quoi qu'il en soit, c'était les pensées de cette Shinrin qu'il mandait avec ferveur, portant avec force et sans aucune concession une foi envers celle qui partageait son sang.

@SHINRIN HANZO

Juste avant de disparaître dans les néants murals du palais, le craquement du bois contre la pierre ne résonnait pas dans le bureau de l’Empereur. Comme à son habitude, le jeune représentant de son état avait pris en traître le départ de la Yokai des forêts. En l'interrompant avec une question, il savait pertinemment qu'elle ne pouvait s'empêcher d'exprimer son opinion à l'égard de ces gens. Cette malice, il l'a toujours eue avec elle, et ce, depuis leur première rencontre.

« Qu’importe l’Ancien, dis-tu ?… C’est bien parce que tu ignores les responsabilités qu’il m’a confié que tu dis cela. Cet avenir dont tu as l’impression de voir aussi vert que nos terres est erroné par ce peuple que tu représentes maintenant. La guerre est le seul futur qui existe pour le clan Shinrin, j’ai été élevé et j’ai été mise sur ta route pour seulement ça. »

En se retournant, le regard d'Akemi resplendit d'une lueur rosée. Cette lumière, qui étincelait dans ses pupilles, était pour Hanzo un miracle ou un désastre en fonction de la situation dans laquelle elle se trouvait.

« Une page vient de se tourner dans l’histoire de notre clan... Mon cousin, l’Ancien et moi connaissons les premiers paragraphes de celle qui suivent, mais cela sera toi qui écriras la fin de celle-ci. Le sang de certains Shinrin te servira d’encre et des os de nos ennemis de plumes.

Comme la lune et le soleil, la guerre et la paix ne peuvent vivre ensemble dans un même temps. Et l’astre de la nuit commence à apparaître à l’horizon… »

Par ses mots, le bleu de ses yeux avait littéralement disparu de la surface de ses pupilles. Akemi rentrait dans un état de transe extrême quand elle énonçait ses paroles prophétiques juste avant que Hanzo ne la déclarait comme va-t-en-guerre.

Et tandis que le jeune homme s'enquérait fiévreusement de celle qui ne voyait que la mort dans ses yeux. Akemi ne remarqua pas combien son cher cousin doutait de lui dans ses propos.

« Cet Empire est maintenant le tien...Le nôtre... Celui de ton clan. Ces gens n’auront qu’une mission pour ne pas connaître le trépas, celui de nous obéir… »

Repartant sur ses mots, la porte se fermait définitivement sur les roches du palais des Shinrin. Dans ses paroles, Hanzo avait peut-être compris la voie que le vieil homme lui avait tracée. Peut-être commencerait-il à comprendre son histoire et à relier les pages entre elles pour en faire son propre livre… Finalement, dans tout cela, Akemi n’était rien pour ce monde… Elle n’était que le jouet de celui qui allait gouverner un véritable Empire… Elle n’était qu’une arme qui s'arrêterait qu’une fois que son Empereur marcherait sur les terres de foudre, de roche et de l’eau.

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