Vrais mensongesPanique à bord ! C'est une catastrophe ! En visite, le fils d'un seigneur étranger a été victime d'un enlèvement. Si l'on aurait pu penser à un simple kidnapping, l'histoire reste obscure du fait qu'aucune rançon n'ait été demandée. Un travail d'investigation de l'Unité Territoriale a cependant pu déterminer que le garnement serait très certainement détenu au sein d'une demeure noble de Tetsu no kuni. L'information ne pouvant être vérifiée et afin de ne pas dégrader les relations avec un pays voisin, il est vous ai demandé d'infiltrer le lieu en vous faisant passer pour un couple des hautes-sphères d'Urahi lors d'un festival local et fastueux donné dans la demeure. Discrétion et efficacité sont de rigueur.
Travailler votre couverture Infiltrer la demeure "Kurotetsu" Mener l'enquête Secourir l'enfant, Uguro (Optionnel) Déterminer les raisons de son enlévement
Vrais mensonges
せんにゅう
Depuis que Yenno était revenue sur le devant de la scène, et même son intégration au Teikoku, il s’agissait de leur première mission ensemble. Un hasard fortuit qui porterait sûrement ses fruits au vu de la synergie dont faisait preuve le couple. Une synergie qu’ils mettraient à rude épreuve lors de cette mission nécessitant efficacité, discrétion et pistage. Ici, pas question de laisser son attention être détournée par sa fiancée, ils se devraient d’agir le plus professionnellement possible. Du moins… autant qu’il le pourrait.
“ Tu n’as pas trop froid ? “
Dit-il en ajustant le col de fourrure de la veste de Yenno, protecteur. La frontière de Tetsu se dévoilait à leurs yeux et avec elle ses steppes enneigées et la température allant avec. Ici, rien de comparable avec Hi dont le climat tempéré atteignait rarement les températures négatives. Même Akira, qui n’était pourtant pas frileux, s’était vêtu d’un manteau de fourrure en prévision du climat voisin.
Traversant les steppes nivéales main dans la main, le couple put apercevoir après une bonne demi heure de marche les premiers remous d’activité dûe au festival au sein duquel il allaient devoir s’infiltrer. Un jeu d’enfant… pour un début tout du moins. Aucune couverture ne leur permettrait sans doute d’atteindre l’enfant sans encombres.
“ Bien, résumons. Je suis Tokoyami Haise, ton mari et membre des hautes sphères d’Urahi. Propriétaire d’une grande partie des terres agricoles d’Hi no kuni, ma philanthropie est saluée par la plupart de mes concitoyens. “
Répétant son rôle qu’il avait pu travailler sur le trajet, il attendit ensuite de même pour Yenno, qui avait également dû se forger une identité.
“ Tout est bon pour toi ? “
Demanda t-il alors qu’ils franchissaient les derniers mètres les séparant de la foule. Si le gros se déroulait au sein du manoir Kurotetsu, beaucoup d’invités festoyaient au dehors à l’occasion de l’équinoxe de printemps. Une période plus douce et florissante pour le pays du fer noyé sous la neige la plupart de l’année, rendant la récolte fastidieuse.
Arrivés aux portes de la demeure, grand portail de fer gardé par deux samouraïs -le pays étant justement la terre natale des manieurs de katana- leur premier contact fut une prise de leur identité… et de leurs armes. Rien de surprenant pour une telle soirée.
“ Tokoyami Haise. “
Laissant le soin à sa femme de se présenter, l’infiltré leur remit ensuite ses armes comme convenu, observant les deux hommes vérifiant la liste.
“ C’est bon, entrez. “
Sans se faire prier, le noble sous couverture dont la main était toujours enlacée par celle de sa fiancée s’avança en direction du manoir. Imposant et particulièrement large, nul doute que ce dernier possédait de nombreuses pièces et recoins pouvant abriter l’enfant dont ils étaient à la recherche...
Les maîtres mots de cette première mission de pair avec Akira lui étaient familiers et particulièrement appréciables, si la soldate penchait vers l'anicroche concernant les situations combatives, l'infiltration en revanche lui apparaissait comme un exercice plus aisé, habituée à cacher ses ambitions. Dans cette aventure qui plus est, tout n'était pas tout à fait faux. Les tourtereaux amenés à se présenter en tant qu'un couple référent durant les festivités leur apportait là, une aide supplémentaire. Les terres froides de Tetsu no Kuni ne relevaient jusqu'à présent, que de l'imaginaire pour l'oiselle native du sud du pays du Feu, toujours curieuse de découvrir de nouveaux paysages. La présence du lieutenant, habitué aux périples, avait pour effet direct une sensation de confiance malgré le naturel toujours alerte de la brune, lors de ses missions.
« Tokoyami Odawa, directrice du pôle de recherche médicale d'Urahi, spécialisée dans l'herbologie et les poisons. Connue également pour ses investissements dans l'art vestimentaire du kimono, collectionneuse de tissus précieux. »
Drapée pour l'occasion d'un ensemble féminin de grande qualité, épais et chaud, elle portait son rôle à merveille. Les paupières étirées pas le noir d'une poudre minutieusement préparée par ses soins et les lèvres mordues rappelant le rouge de ses pupilles, s'accordaient parfaitement à sa toilette. La battisse s'imposait petit à petit devant leurs yeux, leur terminus approchait. Dévoilant quelque-peu la peau de son cou, laiteuse, avant d'approcher des portes du manoir, elle lança une œillade complice à son co-équipier et mari pour la soirée, concentrée à ne pas exposer une quelconque exubérance.
« Tokoyami Odawa. » dit-elle d'une voix suave, en courbant légèrement son dos.
Les petits groupes de discussions formaient une masse de population distincte de part l'agitation omniprésente mais distinguée. Pénétrant alors tous deux au sein de cette effervescence, le pas calme et calculé, l'aura du couple se voulait être équilibré et inoffensif de prime abord. Invités par une tierce personne à rejoindre un groupe de d'individus près d'un buffet gargantuesque, la jeune femme repéra quelques hommes manifestement importants de part leurs uniformes à l'appartenance gradés. Son regard suivant fût dirigé vers le kogami, alors qu'elle lâcha sa main pour ranger sa chevelure ébène et lisse entre ses omoplates dissimulées sous une épaisse étoffe bordée de fourrure.
« Vous avez là une somptueuse allure dans ce qui semble être une soie rare. » souffla une femme déguisée d'une robe venant d'un autre monde, brodée de toute part, en effleurant l'habit de la soldate de la pulpe de ses doigts.
« Je vous retourne cette éloge, madame...? »
Elle ne connaissait que peu de visage dans toute cette mondanité, aussi elle comptait peut-être un peu sur son homme pour lui glisser à l'oreille, son savoir plus expérimenté.
Akira avait souri. Elle semblait même avoir mieux travaillé sa couverture que lui. Inutile de questionner son engagement donc, lequel était déjà prouvé de la meilleure des manières. Akira n’avait de toute manière jamais douté de son implication, elle qui partageait la même passion que lui pour sa nation.
“ Parfait. “
Avait-il répondu avant d’en revenir aux événements présents. A peine entrés une fois le feu vert accordé, une femme fut manifestement séduite par la parure de sa fiancée, l’abordant sans crier gare. Ne connaissait hélas pas son identité, le jeune homme dut laisser sa femme bredouille. Qu’importe, elle se présenta d’elle-même.
“ Onoraki Chisa. Je viens tout droit d’Iwa, autant dire que ce climat m’est incongru. “
Laissant l’occasion à Yenno de sympathiser et peut-être dénicher quelques informations qui leur seraient utiles, il s’approcha un peu plus loin du banquet, piochant d’une main le premier fruit venu tout en jouant la colère froide d’un aristocrate désarmé à son voisin de table, un homme à la barbe grisonnante tenant en sa main une coupelle de vin.
“ Quelle insulte que de nous désarmer. Surtout au sein du pays des samouraïs. “
Dit-il, feignant un mécontentement sommaire. L’homme, manifestement d’accord, s’enflamma bien plus vite qu’aurait pu s’y attendre Akira. Il avait mis le doigt la ou il fallait. Il fallait dire que l’air bourru du cinquantenaire donnait une impression barbare.
“ Et comment ! Ces manges merdes ne m’avaient pas prévenu avant de m’inviter. Si jamais su ! “
Buvant sa coupe d’une traite, il reposa le verre vide en manquant de le briser au contact de la table.
“ Nous sommes deux. Je ne suis pas à l’aise à l’idée de leur laisser mes précieux katana qui plus est… “
Dit-il l’air innocent, tentant de l’amener doucement sur l’endroit ou pourraient être entreposées leurs armes. Non pas qu’il se retrouvait désarmé sans elle mais ce serait une première piste à explorer.
“ Hum… parait qu’ils sont dans un coffre sous les cuisines. Les cuisines bon sang ! Je n’vais tout de même pas récupérer mon sabre s’il sent la canelle ! “
Le Kogami n'avait manifestement rien d'informatif au sujet de la dame, à partager avec la brune. Peu importe puisqu'elle ne perdit pas de temps et offrit son nom et sa provenance dans un naturel bon et bienveillant de prime abord. Maniant le sourire avec brio, la Hijin lui répondît le plus simplement du monde, en se caressant le ventre rempli d'air, discrètement.
« Tokoyami Odawa, je partage avec vous cette adaptation au froid, je viens directement de la capitale d'Hi no Kuni. »
Akira ne perdait pas une seule seconde, là se dévoilait toute sa technique bien échafaudée. Scandant de son côté, il semblait se lier de connivence avec un autre homme, bourru et d'apparence abrupte.
« Oh madame, vous êtes...? » Lança la femme enrobée de dentelle, d'un ton à moitié surpris, à moitié scandalisé, approchant alors sa paume de l'abdomen de la Soejima.
Feindre la gestation faisait partie de son plan, à elle. Les tourtereaux ayant manifestement songé tous deux, en amont, à l'attaque de cette infiltration muette, elle se sentait pour l'heure, plutôt confiante. Reculant d'un pas pour esquiver la main de son interlocutrice, Yenno dessina une grimace sur son visage en se penchant vers l'avant.
« Tout à fait, je porte le symbole de l'amour de mon époux et moi-même. C'est la première fois que cela m'arrive et ce n'est pour le moment pas toujours du plaisir... » Répondit-elle, tentant de mimer la souffrance et la plaisanterie combinée.
Plusieurs femmes accoururent d'un pas petit, précipité et délicat à la fois, après avoir probablement entendu leur discussion. L'une d'entre-elle, posa sa main sur l'épaule de l'oiselle, réconfortante.
« Il s'agit là d'une aventure aussi enrichissante que difficile, croyez-moi madame. Chaque histoire apporte son lot de mésaventure... et de douceur. »
« Je vous souhaite un fils ! » Dit-une autre bourgeoise à la voix fluette.
Elle ne s'était manifestement pas tromper d'angle, celui de la maternité intéressait toutes femmes, qu'importe l'age et le titre, la classe ou le rang. Si elle espérait secrètement attiser les histoires autour d'elle, elle n’espérait cependant pas à ce que les confidences tombent directement, il fallait travailler un peu plus les détails de ses doutes, se montrer vulnérable semblait être, le meilleur moyen d'amener ceci.
« Je n'en doute point du tout madame. Un fils me rendrait heureuse mais j'estime la difficulté plus grande dans une éducation militaire, aurais-je mon mot à dire face à mon mari dans ce cas ? » Dit-elle, riante, jetant son œillade en direction des femmes à qui elle répondait, l'une après l'autre.
« Ne cesser jamais, si c'est un garçon, de le contenir dans le droit chemin. » Grogna alors, une vieille femme assise un peu plus loin, grimée sobrement de symboles inconnus sur le côté d'un visage marqué par le temps.
L’élaboration de ce plan avait tout d’abord déplu au Kogami, qui souhaitait réellement procréer avec Yenno sans pourtant le lui avouer pour le moment. Ainsi, si la perspective de feindre une gestation l’avait ramené à sa condition d’homme sans enfants, le lieutenant avait finalement concédé le plan à sa jeune fiancée. Autant mettre toutes les cartes de leur côté, son statut de femme enceinte attirerait sûrement la compassion et réduirait la méfiance qu’auraient pu avoir les autres.
“ Les cuisines ? Je doute qu’ils prennent le risque de souiller nos armes de toute manière. Tout le monde sait à quel point le katana d’un samouraï est sacré. “
Dit-il en se saisissant d’un verre, observant du coin de l’oeil sa fiancée aux prises avec un petit groupe de dames. Elle semblait bien s’en sortir. Pour ce qui était de lui, s’il avait approximativement localisé leurs armes, le Kogami n’était pas certain de l’utilité de ce détail. Trouver l’enfant s’avérait être une priorité absolue. Et à ce propos, les organisateurs manifestes du festival se présentèrent au balcon de leur demeure surplombant le banquet.
“ Chers invités, bienvenue au festival de l'équinoxe de printemps. “
S’adressant à la foule, un homme de grande taille et d’âge mûr aux parures nobles semblait s’imposer comme le chef de famille et organisateur du festival. A ses côtés, une femme de grande beauté -mais n’égalant pas Yenno aux yeux d’Akira- se présenta comme sa femme. Plus jeune que lui, de longs cheveux roux tombant aux épaules et des iris ambre contrastant avec la neige couvrant le paysage à profusion.
“ Nous sommes ravis de vous accueillir pour cette journée, sachez que les festivités dureront jusqu’au petit matin. “
A leurs côtés, un jeune garçon. Silencieux, celui-ci semblait ailleurs. Sans doute un enfant forcé trop tôt d’entrer dans le monde des adultes. Une problématique commune à beaucoup de fils de noble, lesquels deviendront à leur tour ce qu’étaient leurs parents.
“ … “
Rejoignant sa femme sans quitter des yeux les maîtres des lieux, il passa une main autour de sa hanche, mimant le mari aimant. Un rôle relativement facile à tenir tant il était proche de sa véritable personnalité.
“ Mon amour, il semblerait que tu fasses de nouvelles connaissances. “
La courte présentation de ce qui semblait être les détenteurs des lieux résonna dans l'immense pièce qui fût coupée dans son chahut, à l'instant ou cet homme prit la parole. La resplendissante femme à ses côtés, domptant le temps avec brio avec un visage impeccable haussait la voix à son tour, pour ouvrir le bal. "Jusqu'au petit matin", une information primordiale pour le couple qui se voyait maintenant, devoir faire face à un timing plutôt acceptable. Un sursaut sur ce corps mensonger, lorsque le valeureux déposa pourtant délicatement sa paume contre son flanc. Il paraissait évident que la tension emmagasinée se traduirait par la surprise, sa réaction fût malgré cela, naturelle ; Elle lui offrit un regard complice, sourire au lèvres.
« Tout à fait, voilà des femmes dotées d'un sens aiguë de la cordialité. » Dit-elle en joignant sa main contre celle de son époux du soir.
La flatterie, là était encore une manière de garder de son côté ses belles dames distinguées afin de peut-être attiser à mesure de la soirée, de quelconques confidences. Si le résultat premier attendu par les autorités était factuel - retrouver et libérer le garçon -, l'oiselle ne pouvait guère foncer dans une résultante sans en connaître les histoires. C'est pourquoi, comme à son habitude, elle décida instinctivement de franchir les étapes à sa façon.
« Presque toutes songe à ce que cela soit un fils, mon amour. Il est vrai que nous ne nous sommes jamais posé la question, l'échéance n'était pas pour tout de suite. Qu'en penses-tu, un fils ? » Confia t-elle, regardant les concernés par ces phrases, à tour de rôle.
Avant de reprendre avec une question plus ciblée, le brune étira son bras vers l'arrière pour attraper un verre, afin de détendre d'avantage l'atmosphère.
« Avez-vous des enfants, mesdames ? »
Certaines répondirent par la positive, les plus âgées. L'une d'entre-elle, habitante de la région, fît un signe au loin, en direction d'un petit amas d'homme. Il s'agissait manifestement d'un heureux successeur guindé dans un costume trois pièces, entrant visiblement tout juste dans l'adolescence, qui s'avançait doucement en direction de la petite réunion d'épouses.
« N'est-il pas fière et beau dans cette tenue ? Voici mon enfant. » clama-telle fièrement, en ajustant le col de son accoutrement manifestement inconfortable pour un si jeune homme.
« Maman t'as vu, c'est qui le garçon avec eux ? »
Les infiltrés du jour regardèrent, haletants, les réactions de chaque personne aux alentours et remerciaient probablement de l'intérieur, ce minet un peu trop curieux.
Il songea un instant à ce qu’il souhaitait réellement. Si cette question était adressée à sa couverture, le Kogami la pris pour lui, visant au final la même chose que cet Haise qu’il incarnait. Une fille peut-être ? Il était commun à beaucoup de pères que de vouloir une petite fille, mais peu importait au final. Son enfant resterait son enfant.
“ Qu’importe qu’il s’agisse d’une fille ou d’un garçon, je chérirais notre enfant de la même manière. “
Une réponse donnée par Akira lui-même alors que le couple tenancier et l’enfant se retiraient à l’intérieur. Drôle de comportement pour des organisateurs, ne devraient-ils pas se mêler aux invités ? Enfin, que savait-il du noble jeu. Akira n’était qu’un roturier doublé d’un ancien vagabond.
Gratifiant les enfants des dames présentes de joyeux compliments préfabriqués, il s’attarda un peu plus sur le gamin noble qui commençait à partir suite aux mots du garçon ramené par sa mère.
“ C’est la première fois que vous venez ici ? “
Demanda t-il à la foule, d’ou s’éleva la voix d’une dame répondait au Kogami avec la même curiosité.
“ Non. En revanche c’est la première fois que je vois cet enfant. Sans doute ne voulaient-ils pas le mêler aux affaires des grands trop tôt. “
Peut-être. S’il était constamment sur le qui-vive, difficile d’admettre la théorie rocambolesque qu’il pourrait s’agir de leur cible. L’enfant avait l’air parfaitement consentant après tout. D’autant plus que le montrer au grand jour ne serait pas bien malin.
“ Mon amour, puis-je t’adresser quelques mots ? “
Dit-il en s’éloignant subrepticement, approchant d’un lieu plus tranquille ou les oreilles indiscrètes ne pourraient leur parvenir.
“ Nous devrions commencer à chercher plus en profondeur. “
Proposa-t-il. S’ils avaient un délais conséquent, plus tôt ils finiraient mieux ce serait pour l’enfant.
Sans aucun doute, le visage du minet accompagnant les maîtres des lieux maintenant retirés du balcon, resterait en tête de la jeune femme. De ce qu'elle avait pu apercevoir, il ne semblait pas dérangé de se présenter à leurs côtés. Mais comment serait-il possible de prendre ce risque imprudent que de le dévoiler à un si grand nombre de personnes, s'il s'agissait bel et bien d'Uguro ? Étaient-ils absolument confiants quant à son identité ? La probabilité planait au cœur de l'esprit lucide de la brune, bien que méfiante. Cela ne pouvait être si facile de poser des traits sur le but de leur recherche.
« Oui, nous devrions nous enfoncer un peu plus dans le concret. Crois-tu que c'était lui ? Cela semblerait si simple... »
L'idée première de l'oiselle fût, bien qu'ahurissante, de trouver rapidement cet adolescent afin de l'interroger ; S'il n'était pas le recherché, sans doute pourrait-il au moins avoir quelques renseignements à leur offrir. L'immense carré mansardé accueillant les festivités regorgeait de toutes parts, de portes menant assurément à des couloirs dantesques comparables à un labyrinthe, gardées pour leurs plus grandes majorités par des hommes armés. Là serait probablement le premier obstacle à franchir pour le couple d'investigateurs et il valait mieux dans ces circonstances, utiliser la manigance plutôt que la force. Comment faire ? Alors qu'une ébauche se traçait dans l'esprit affûté de la soldate déguisée, elle lança à son partenaire, les yeux recouverts d'un voile humide manifestant une mine déterminée.
« Allons-nous asseoir un instant, chéri. »
Agrippant un morceau de la partie basse de son élégante et courte traîne pour la relever du sol, la belle Hijine tira son fiancé vers une table qui n'avait pas sa jauge au complet, afin de s'y installer. Approchant ses lèvres rosées du col du Kogami, avant d'y déposer un baiser elle chuchota :
« Suis-moi dans mon idée et ne t'inquiète pas, je vais feindre. »
L'aspect charmant de ses traits fins n'était alors utile que pour cacher ses véritables actions. Dans cette coiffure à moitié relevée sur l'arrière de son crâne, de classiques barrettes et autres pics à chignons décoratifs trônaient, joliment placés. Saisissant l'un d'eux discrètement avant de le faire glisser entre le reste de sa longueur ébène, pour enfin le camoufler dans le tissu à la jonction de son bassin et de ses cuisses, elle faisait tournoyer son regard plissé sous un sourire, tout autour d'elle, s'assurant de sa discrétion.
« Je mangerai bien un petit morceau moi. » Clama t-elle, passant alors ses doigts dans les mèches brunes de son fiancé.
Elle le savait dévoué, aussi, elle ne doutait pas qu'il irait sans sourciller chercher quelques hors-d’œuvres au buffet afin d'assouvir sa demande. Et pendant qu'il le fît, ses doigts redescendirent vers son entre-jambes afin de faire sortir de ce pic décoré de chrysanthèmes, la pointe d'un senbon dissimulé. Alors que le lieutenant marchait pour retourner en sa direction, une petite assiette à la main, sans grimace apparente, elle enfonça cette mine aiguisée dans la partie la plus charnue de sa paume, ce qui fit jaillir son sang doucement entre ses doigts. Essuyant un surplus rouge contre sa robe, pourtant précieuse, elle exprima enfin une expression douloureuse, pliant le haut de son corps en direction de la nappe, continuant d'appuyer sur sa blessure afin de laisser le plasma couler d'avantage.
« Haise ! » s'exclama t-elle alors, la main ensanglantée se levant en la direction du valeureux.
Difficile en effet d’être certain d’une telle supposition. A vrai dire, elle semblerait presque tirée par les cheveux pour le lieutenant qui préféra garder une vision cartésienne de la situation. Inutile de se perdre dans des théories alambiquées si tôt, ils n’étaient pas encore désespérés.
“ Je ne sais pas. Autant garder un oeil sur cette piste mais elle me semble un peu trop tirée par les cheveux. “
En effet, Akira ne voyait pas comment l’enfant pourrait se montrer si docile s’il était bel et bien celui qu’ils cherchaient. A moins d’avoir été soumis à des capacités Yamanaka ou un puissant genjutsu, mais ce genre de choses ne couraient pas les rues. Encore moins à Tetsu no kuni, terre des samouraïs.
Scrutant les gardes et réfléchissant déjà à une manière de les passer sans engendrer une cohue, il fut néanmoins pris de court par sa fiancée qui semblait déjà avoir une idée toute trouvée. Curieux, il se laissa donc porter, trop habitué à prendre les initiatives lorsqu’il était en mission.
“ … “
Aussi s’exécuta-t-il en allant chercher les mets demandés par Yenno, sans savoir s’il s’agissait d’un élément du plan ou une simple envie. Saisissant divers en cas çà et là sans se presser outre mesure, le jeune homme revint finalement vers sa femme pour assister à une vision désagréable et inquiétante de son amour, désormais tâchée d’un liquide érubescent. Son propre sang.
“ Chérie ? “
Bondissant instantanément vers elle, sa vitesse décuplée d’une charge chakratique, il vint la soutenir à l’épaule et à la hanche, scrutant sa blessure avant de réaliser qu’elle était auto infligée. Sans doute une partie du plan, plus de peur que de mal. Pressant une serviette contre la paume de cette main ensanglantée, il s’approcha alors du manoir gardé, l’air hagard.
“ Ma femme s’est blessée, veuillez m’excuser mais elle a besoin de soins. “
L’un des gardes, manifestement embarrassé, désigna une porte située dans un grand corridor une fois la porte principale ouverte. S’ils avaient des instructions, laisser un invité blessé sur le carreau leur vaudrait une terrible réputation.
“ Allez par la, il y a un médecin. Vous avez de la chance. “
Guidant sans attendre Yenno vers la pièce -intentionnelle ou pas, cette coupure restait réelle- ils furent accueillis par un homme prenant directement en charge la blessure de la belle, qu’il soigna d’une paume curative liée à l’iroujutsu.
Sitôt la boiserie qui encadrait la porte, passée, les deux Teikokujins s'embarquèrent jusqu'au fond d'un couloir éclairé par des sortes de torches murales crépitantes. S'ils n'étaient pas suivi par quiconque, l'homme qui gardait précieusement l'entrée de cette étroite pièce ne les quittait pour l'instant pas des yeux. Yenno, pressant sa main pour mimer une douleur abasourdie, le flanc collé contre le lieutenant à ses côtés, fût songeuse et silencieuse le temps de passer plusieurs enjambés afin de ne pas se sentir écoutée.
« Je n'sais pas si c'était la bonne chose à faire, mais il nous fallait quitter cet endroit, il ne te faut pas perdre plus de temps maintenant. Je vais tenter de me déguiser au mieux et de m'adapter à ce docteur afin de te rejoindre au plus vite. »
Un doute parmi tant d'autre, affirmé à son partenaire cette fois-ci, à l'écart de la foule. Elle n'avait pour l'heure, qu'une maigre expérience dans les missions d'infiltration, dans les missions tout simplement. Il lui semblait alors plus intelligent de feindre cette blessure afin d'avancer un peu plus loin dans leur but commun, initiant une complicité entre les deux jeunes amants lié avant tout, par la réussite. Si elle serait assurément bloquée un petit temps auprès d'un guérisseur, son fiancé lui, pourrait tenter de tracer un premier chemin vers l'enquête. Glissant le pic à chignon resté coincé dans la couture de son habit jusque là, dans sa chevelure brillante, elle esquissa un sourire à son voisin avant de glisser ses doigts libres entre ceux du lieutenant.
Elle présenta une fois arrivée dans l'humidité froide de cette pièce à l’extrémité nord du bâtiment, à son interlocuteur manifestement médecin, sa paume ensanglantée et son minois désemparée, ses orbes rougeoyantes et brillantes de quelques larmes encore à l’intérieur de ses paupières. Elle ne devait cesser de jouer son rôle et la soldate n'avait aucunement sa place dans cette scène théâtralisée, ainsi elle jouait la peur et l'anxiété d'une simple femme enceinte face au liquide qui s'écoulait doucement de l’intérieur de sa main.
« Il me semble avoir fait un geste déplacé, j'en suis fort gênée. Veuillez m'accorder monsieur, tout le respect que je vous dois pour bien vouloir analyser ceci. Dit-elle en avançant son poignet vers l'avant. Hai chéri, je ne préfère pas que tu me découvre dans une telle position, cela me gène d'avantage. Veux-tu bien attendre mon retour ici ? Cet homme saura m'aider j'en suis persuadée. »
Tenant sa femme par la main -celle intacte- il la mena finalement face au médecin, mimant le mari inquiet. Déposant un tendre baiser sur la joue de sa belle, il s’approcha du pratiquant avec un air de mise en garde.
“ Prenez soin d’elle. “
Dit-il, acquiesçant à la demande de Yenno qu’il savait motivée par l’intérêt. Une belle porte de sortie lui était ouverte, lui permettant de s’introduire davantage dans le manoir en espérant y trouver le moindre indice vis à vis du garçon enlevé. Mais cet endroit était un tel labyrinthe que la simple perspective d’essayer le fatiguait déjà.
“ … “
Tournant et virant dans les couloirs en usant de détections chakratiques répétitives pour éviter d’être surpris la ou il ne devrait pas être, le lieutenant se déplaçait de pièce en pièce à vive allure. Quelque chose lui disait que trouver la chambre de leurs hôtes serait un début probant, les petits secrets d’un couple ayant plus de chances de se trouver là où ils passent leurs nuits.
Ainsi, après plusieurs minutes de recherches intensives, le valeureux poussa finalement la porte d’une chambrée luxueuse et spacieuse, au centre de laquelle trônait un lit à baldaquin particulièrement onéreux au vu de ses mensurations. Pressant le pas, Akira s’attela à la recherche du moindre indice considérable, s’arrêtant finalement sur un cadre photo comportant le portrait d’un jeune garçon. Un garçon qui n’était clairement pas le même que celui qu’ils avaient pu voir. Serait-ce son frère ? Pourquoi ne pas l’avoir montré en même temps que l’autre enfant ?
“ … “
Finalement, des recherches plus minutieuses lui permirent de tomber sur un double fond dans le tiroir de la commode. Un double fond contenant… un tas de photos d’enfants, tous différents mais d’un âge similaire. Des enfants inconnus au bataillon, lesquels n’étaient probablement plus sur les lieux. Mais pourquoi ? Tout ceci laissait penser à une sorte de collection macabre d’enfants. Et s’il aurait aimé creuser plus loin, des bruits de pas proches l’obligèrent à se retirer rapidement et furtivement de la pièce.
L'iroujutsu simple avait suffit pour venir à bout de la blessure de l'oiselle, cette prise en charge n'avait alors pas nécessité un trop long moment, bien que ce médecin se montra relativement bavard. Yenno n'avait pas prit la peine de se lancer dans de longues conversations, préférant les réponses simples, courtes. Elle ne souhaitait cela dit, absolument pas traduire son empressement interne, même s'il s'agissait de rejoindre son partenaire au plus vite. Son jeu encore une fois, ne se montrait pas trop mauvais, usant de ses longs cils foncés pour charmer l'homme âgé, souriante et reconnaissante. Elle refusa poliment la proposition du docteur, de la laisser se reposer un peu dans l’alcôve attenante.
« Vous avez l'air d'avoir besoin de sommeil vous, en revanche. » dit-elle sur le ton de la plaisanterie, à cet homme baillant à tout va. « Je vais aller rejoindre mon mari afin de profiter de cette belle soirée, je vous remercie monsieur et... bonne nuit ? » lança t-elle finalement en se dirigeant vers la sortie, jetant un clin d’œil à son soigneur, sourire aux lèvres.
En refermant délicatement cette porte afin de n'attirer aucune attention, elle songea à ce garçonnet. Elle retira ses chaussures quelque-peu bruyantes afin encore une fois, de se faire la plus discrète possible. Sous son torse généreux, les battements de son cœur se faisait de plus en plus rapide à mesure qu'elle avançait dans les couloirs enchanteurs de part leur faible lumière, à la recherche d'indices ou encore de son homme. Elle resterait dans le noir, jusqu'à tomber sur quelque-chose d'attirant.
Sous ses pas silencieux et après avoir parcouru un bon morceau, il lui sembla détecter quelque-chose. Si cela aurait pu venir de la musique ou tout autres turbulences dues aux festivités, il s'agissait là plutôt d'un bruit sourd, comme si l'on avait traîné un objet lourd sur quelques dizaines de centimètres contre un sol presque rocheux. Le brune s'accroupi alors, posa sa main libre contre le revêtement et se pencha vers le plancher afin de tenter, d'en écouter d'avantage. Plus rien, si ce n'est...
* des bruits de pas *
Tournoyant alors dans tous les sens son regard afin de trouver un échappatoire à ce corridor, elle attrapa la poignée de ce qui semblait être une sorte de cagibi au vue du type de serrure qu'elle exhibait, puis s'y engouffra prestement, chevelure virevoltante. Le noir complet, cette fois-ci, elle ne fît plus un geste, coupant sa respiration le plus longtemps possible, par précaution. Elle recula doucement de la porte "sans la quitter des yeux" puis, après avoir effectué quelques pas, réalisa alors que cette endroit n'était pas si exigu que dans ses idées. Elle cogna un meuble avec l'arrière de ses cuisses et, stoppa son mouvement. Elle respira alors plus distinctement afin d'expirer cette tension avant de sentir près de son cou, un souffle chaud.
Dissimulé au plafond, imprégnant ses membres de chakra pour y rester accroché tel une araignée, le Kogami attendit. Les bruits de pas se faisant de plus en plus distincts jusqu’à se manifester en l’apparence d’un garde manifestement en pleine patrouille, Akira fronça les sourcils. Était-ce le mode opératoire classique, ou se doutaient-ils d’une manière ou d’une autre de leur intrusion ?
“ … “
Avançant jusqu’au centre de la chambre pour s’y arrêter et observer ce qui l’entourait, le garde ne passa pas à côté des traces de passage du lieutenant. Pris de court, il n’avait pas eu le temps de camoufler ses activités, laissant quelques objets dérangés ça et là. Ainsi, prévoyant, le samouraï tomba lourdement du plafond, assénant un violent coup de coude directement dans la nuque du malheureux qui s’effondra au sol.
Tirant ensuite l’inconscient pour le placer derrière une armoire -avec une petite pensée pour la femme de ménage- le valeureux prit soin de remettre chaque chose à sa place, camouflant ainsi sa venue du moins pour un court moment. S’il n’en ressortait pas plus avancé qu’avant, au moins savait-il qu’il se tramait quelque chose avec les enfants. Et ce gamin qu’ils avaient pu apercevoir était sûrement une de leurs victimes. Restait à savoir ce qu’ils comptaient en faire et pourquoi.
Une fois sorti, désireux de retrouver sa bien aimée afin d’éviter une communication laborieuse, le shinobi dressa un mudra dans l’optique de détecter sa signature chakratique. A sa grande surprise, il put l’apercevoir légèrement plus loin, totalement immobile. Se cachait-elle de quelque chose ?
Plus loin, du côté de Yenno…
La jeune femme put sentir un souffle chaud et une voix masculine lui caresser l’échine. Ce n’était indéniablement pas celle d’Akira, au vu du teint mesquin dont elle se trouvait pervertie. Et avant qu’elle ne puisse esquisser le moindre mouvement, une grande main vint se refermer sur sa bouche, entourant sa gorge dans une tentative de soumission.
“ C’est qu’on tient là un joli brin de femme. Les patrons nous avaient bien dit qu’on risquerait d’avoir de la visite. “
Expliqua t-il, tentant de l’autre main d’immobiliser le bras gauche de la jeune femme. Quelles que soient ses intentions, elles seraient délétères. Et s’il avait été le premier à se manifester, l’inconnu n’était pas seul, accompagné de trois acolytes attendant bien sagement derrière lui comme si tout ceci n’était qu’un guet apens maîtrisé.
“ Je sens qu’on va b… “
Au détail près qu’Akira manquait à l’appel, et ne se fit pas prier pour s’inviter. S’engouffrant dans la pièce si rapidement que sa silhouette s’apparenta à un courant d’air, il abattit sèchement son point dans le visage du gaillard, l'obligeant à reculer et donc relâcher sa fiancée.
“ Et le second vient de lui-même. Parfait. “
Concentré, lame sortie, le Kogami se plaça aux côtés de sa fiancée.
“ Tout va bien ? “
Demanda t-il, dores et déjà convaincu de faire payer ce petit jeu au gaillard écervelé.
Dernière édition par Kogami Akira le Mar 15 Juin 2021 - 19:11, édité 1 fois
Pétrifiée sur l'instant, il n'était pourtant pas question de se laisser embarquer en guise de trophée ou d'une banale prise d'otage. Réalisant immédiatement que cette voix s'accompagnait de plusieurs autres, son cerveau fît plusieurs tours afin de trouver une solution de se sortir de ce guet-apens. Elle ne bougea pas d'un cils d'abord, avant de lâcher dans un geste abandonné, sa paire d'escarpins délicatement recouvert d'une fine couche de ce qui ressemblait à du velours pourpré, contre le sol boisé de la pièce. Elle n'eut cependant pas le temps d'envisager sa défense que dans un courant d'air embaumé de ce parfum reconnaissable parmi mille, il était là.
Plus que déterminé à sortir sa belle de cette prison de testostérones, Akira d'un seul geste, contraint le garde un peu trop collant à lâcher son étreinte. D'un geste de la tête, la brune répondit à son partenaire par l'affirmative, tout allait bien il ne devait pas s'inquiéter outre mesure. Elle agrippa l'habit de son fiancé afin de faire glisser son corps en arrière du sien, se positionnant ainsi dans une position plus sécuritaire pour la soldate pas tout à fait aguerrie, de faire face à cette salve menaçante. Elle devait néanmoins ne pas se défiler, même avec la défense assurée du lieutenant. Sans plus attendre, elle réalisa quelques mudras afin de jeter un flash de lumière gênant un instant la vision des mercenaires, physiquement tout proche du couple, cette pièce restait relativement exiguë. Se rapprochant doucement du mur derrière elle, elle buta contre cette fois-ci, ce qui s'apparentait à une armoire mal fermée. Puisque l'une de ses porte s'ouvrit sous le poids de la kunoichi. Tentant de la refermer d'une main afin de dissimuler une éventuelle découverte, elle porta alors le regard sur le lieutenant, occupé à maîtriser les gaillards. Un coup d’œil dans l'interstice afin tout de même, de savoir ce qu'il se cachait là-bas derrière, mais ce n'est qu'un meuble à moitié vide qui se trouvait ici. Si le temps le permettait par la suite, ils tenteraient surement tout deux de fouiller cet endroit.
Attrapant ensuite le fameux pic à cheveux à nouveau installé parmi des mèches qui commençaient à se désordonner, elle laissa l'enveloppe du senbon tomber au sol avant de glisser dans un mouvement rapide, son avant bras sur le côté du valeureux, visant tout droit en direction du cou de l'une des menaces qui leurs faisaient face, encore un peu dérangé par le flash.
Plus de peur que de mal. Tant mieux. S’il était désarmé, Akira restait capable de se défendre très largement à l’aide de ses affinités et sa capacité spéciale. Et ses capacités sensorielles lui indiquaient qu’ils n’avaient pas affaire à des shinobis. Un jeu d’enfant donc. Ainsi, tirant parti du flash aveuglant de Yenno, le Kogami attrapa le premier à sa portée dans l’optique de le neutraliser rapidement.
Retournant l’individu à l’aide d’une prise de soumission , il chargea ensuite sa main de chakra raiton pour l’apposer directement contre son front, envoyant une puissante décharge pour lui griller les neurones. Pas de pitié pour les trafiquants d’enfants. En revanche, mieux vaudrait en garder au moins un en vie pour l’interroger.
“ On garde le dernier. “
Laissant Yenno s’occuper du second avec moins de pitié qu’il ne l’aurait cru, Akira esquiva promptement l’assaut du gaillard ayant capturé la jeune femme de prime abord, crachant en représailles un nuage de cendres s’insufflant dans ses narines pour l’étouffer, toussant et gonflant sa gorge sous la chaleur des cendres crépitantes. Une expérience très douloureuse à n’en point douter.
“ Bien, maintenant… “
Plaçant un genou sur l’omoplate de leur prisonnier, il l’immobilisa afin d’éviter tout geste brusque. Vérifiant d’un coup d’oeil la situation de Yenno afin de s’assurer qu’elle n’ait pas besoin d’aide, il attendit ensuite que l’inconnu reprenne ses moyen. Difficile d’interroger un homme incapable de parler après tout.
“ Tu vas tout nous dire. Sur les photos d’enfants, et le gamin capturé. Nous savons qu’il est la. “
Akira dévoilait la une facette bien différente de la douceur dont il faisait preuve à l’égard de Yenno. Plus radical, professionnel et direct, il fonctionnait ainsi la majeure partie du temps.
L'unique éclairage de tout ce théâtre émanait des différentes aptitudes du couple, la lumière de la femme et l'iridescente de l'homme offrait alors à la scène un côté plus mystérieux et dramatique qu'en pleine vision éclairée. Ils ne connaissaient donc, pas réellement le visage des gaillards et n'avaient pour le moment pas pu relever leurs identités visuelles. Après avoir maîtrisé sans trop de difficulté l'assaut de ces protecteurs du manoir et des secrets de la haute sphère, la prise de décision d'Akira fût juste ; Il leur fallait pouvoir trouver plus amples informations sur cet enfant. Cependant, la brune n'ayant pas pu demander résumé au lieutenant concernant ces recherches précédentes, elle fût intrigué par le groupement de mots utilisé par le valeureux. "Les photos d'enfants" Elle fît mine alors, d'appuyer ses dires d'un regard sûr mais enfermait cependant dans sa gorge, l'exclamation de sa surprise. Y avait-il alors d'autres enfants ? Qu'avait-il bien pu découvrir... ?
L'homme affichait une mine entre la frayeur et la colère, s'il ne semblait pas vouloir parler actuellement il n'en faudrait pas bien plus pour qu'il l'ouvre enfin, du moins c'est ce que pensait Yenno. Après avoir effectué des mudras, la soldate s'occupa alors de jeter une décharge électrique en direction du bas-ventre du bonhomme afin de créer une gène bien embarrassante entre ses jambes, se vengeant par cette occasion des pensées abjectes et des mots déplacés qu'il pût avoir un peu plus tôt en attrapant l'oiselle.
« Parles, sinon tu souffres. »
« T'as vraiment cru que t'allait m'effrayer avec ton chakra, espèce de ninja de bas étage. » Dit-il, la gène se trahissant dans sa voix.
Les insultes, rien de plus dégradant aux yeux de la kunoichi.
« C'est tout c'que tu as ? »
L'aiguille aiguisée toujours en main, menaçante, elle fît comprendre à cet homme dégouttant ce qui l'attendait s'il ne parlait pas, d'un simple geste des doigts, faisant glisser sa pointe contre le rebord d'un meuble dissimulé dans la noirceur de la pièce. Si le manque de confiance poussait l'Hijine à ne pas trop s'aventurer tout proche du bougre, elle comptait à ce moment sur son co-équipier pour passer à l'acte afin de le faire déglutir ce qu'il savait.
Si elle semblait hésitante, Yenno fit toutefois preuve d’une certaine velléité véhémente. Après tout, s’ils se connaissaient, le couple n’avait pas encore eu l’occasion de s’observer l’un l’autre dans des conditions de combat. Aussi prit-il soin de ne pas dévoiler toute l’insensibilité dont il était capable de faire preuve pour arriver à ses fins, peut-être même de cette cruauté qu’il dirigeait contre ses ennemis. Sensible, le valeureux l’était… mais lorsqu’il était question d’obstacles, ceux-ci n’étaient même plus considérés comme humains.
“ Je déteste les interrogatoires. “
Dit-il, posant une main rédemptrice sur celle de la jeune femme, lui intimant de tenir ce senbon loin de leur prisonnier pour l’instant. Akira ne souhaitait pas la voir gâcher cette aura de douceur qu’elle arborait par la violence. Aussi assumerait-il le fardeau de faire parler leur invité déjà bien amoché par l’assaut du Kogami.
“ Je vais donc faire vite. “
Approchant du déchu, il posa un large pied sur l’encolure de sa gorge pour y exercer une pression douloureuse mais surtout étouffante. Akira avait tant de moyens de le faire parler qu’il lui faudrait sans doute des heures pour tout user. Heureusement, personne ne serait assez résilient pour y résister.
“ Raaah… pntn dmrd… “
Etouffé par la pression, le malfrat ne put clairement exprimer sa réticence, pour peu qu’il soit toujours entêté à leur résister. Relâchant finalement son emprise une première fois, le Kogami s’abaissa à son niveau après cet avant-goût de ce qu’il pourrait subir en continuant à s’entêter.
“ Uguro. Ou est-il ? “
Toussant et haletant, le gaillard échoué sembla dans un premier temps déterminé à continuer ses railleries, mais se ravisa en envisageant de se faire à nouveau écraser la trachée. Sans doute n’était-il pas assez payé pour souffrir.
“ Et merde. C’est le gamin du couple, celui qu’était au balcon. Me demandez pas pourquoi il se barre pas, je sais rien de plus. J’suis pas payé pour parler, je garde. C’est tout. “
Se redressant, le Kogami porta une main à son menton. Leur hypothèse était donc la bonne. Mais une bonne part d’ombre subsistait. L’enfant serait-il suffisamment effrayé pour rester proche de ses captifs ?
“ Ça joue les gros durs mais craque à la moindre menace. “
Assomant finalement le trouillard d’un coup bien placé à l’arrière du crâne -sa coopérativité venait de lui sauver la vie- il se tourna vers Yenno, circonspect.
La découverte des méthodes du lieutenant. Si elles étaient prévisibles tant son acharnement au travail était un fait, le voir de son propre regard pourpre relevait d'une autre dimensions. Elle fût un instant, éberluée par son aptitude à en découdre rapidement. La rage qu'il emmagasinait depuis probablement bien des années transpirait par tous ses pores lorsqu'il souhaitait en découdre. La satisfaction de ne pas se sentir désemparée face à ce genre de situation grimpait alors dans son esprit encore quelque-peu embourbé par le passé.
Quelques tentatives de tortures basique pour la grandeur du Kogami et il arriva à ses fins, sans passer pas une montagne de difficultés. Du moins, le bourge déblatéra une phrase qui pourrait moyennement les aiguiller d'avantage, pensa t-elle.
« "Pourquoi il ne se barre pas." Cette phrase traduit bel et bien qu'ils sont coupables. Mais ce n'est pas suffisant... »
Sans plus attendre, alors que le garde était hors d'état de nuire à leur ascension, Yenno s'approcha de son fiancé et lui attrapa l'avant-bras.
« Dis moi en plus sur cette histoire de photos Akira. » Chuchota t-elle.
Traduisant la sortie immédiate de son personnage, maintenant tous deux à l'écart des autres, elle en oublia que les trois ahuris était peut-être capable de retenir son nom. La brune porta alors une main à ses lèvres, comme pour l'obliger à se taire et espérait simplement, n'avoir pas trahis leurs identités.
« ... »
Cette histoire se manifestait plus morbide encore qu'elle le pensait et il était nécessaire selon elle, de ramener quelques preuves dans sa besace.
« Nous devrions prendre quelques-une de ces photographies, ne penses-tu pas ? »
Les indices trouvés jusqu'ici semblaient suffisant pour émettre un premier jugement sur cet enlèvement, puisqu'ils trahissaient quelque-chose de manifestement plus gros encore, qu'une simple histoire d'otage. En s'approchant de la porte, après avoir pris soin de ramasser ses sandales de velours, le femme prit un instant pour sonder les bruits alentours.
« Sortons d'ici, si ces petits sont quelque-part, nous devons les trouver ! »
Le Kogami avait rapidement retrouvé son calme, en partie grâce à la présence de sa fiancé ayant un effet de catalyseur. En effet, le valeureux s’était parfois adonné à des actes bien plus durs envers ses ennemis. Il fallait dire que ceux-ci étaient souvent à la hauteur de leur cruauté, perpétrant des actes bien plus terribles encore.
“ C’est suffisant pour aller récupérer l’enfant et nous confronter à eux. “
Dit-il, bien déterminé à en découdre. En revanche, il allait falloir récupérer leurs armes pour avoir toutes les cartes possibles en mains. Mieux valait partir du principe qu’ils auraient affaire à des shinobis, Akira ne s’étant jamais confronté à de simples hommes lors de ses missions même les plus basiques.
Refermant doucement sa poigne sur l’avant bras de Yenno lorsque cette dernière en fit de même, il exposa factuellement les faits sans s’encombrer de ressentiments. Akira détestait s’apitoyer et encore plus faire preuve d’exagération.
“ J’ai trouvé des photos d’enfants. Parfois accompagnés du couple, parfois seuls. Manifestement ce n’est pas le premier gamin qu’ils abductent. “
Faisant fi du fait qu’elle venait d’énoncer son nom, difficile de croire que les idiots étaient encore en état de les comprendre, il vint l’enlacer pour enfouir un instant son visage dans le cou de la belle. Le Kogami était loin d’être aussi optimiste qu’elle. Dans ce genre d’affaires, rares étaient les fins heureuses.
“ Je crains que les enfants ne soient plus de ce monde. “
Dit-il, remettant dans les mains de la jeune femme certaines des photos qu’il avait pu garder. Rien de dérangeant en soi, la plupart ressemblaient à de simples portraits ou photos de famille.
“ Allons-y. “
Sortant de la pièce d’un pas éclair en entraînant sa fiancée, le capitaine semblait avoir augmenté la cadence. Occasionnant un passage éclair dans les caves attenantes aux cuisines, le couple put récupérer ses armes et se mettre enfin en marche pour retrouver l’enfant, lequel devait sûrement se trouver quelque part dans la demeure.
Une étreinte inopinée, puisque le valeureux n'était normalement pas du genre à mêler une gestuelle tendre et une offensive et concentrée. L'oiselle comprit rapidement que celle-ci était accompagnée d'un constat noircie par la fatalité, sans doute serait-il moins difficile à avaler, nicher entre les bras solides de son fiancé. Réaliser que les tenanciers de ce manoir étaient baignaient surement dans des affaires encore plus sombres qu'elle ne l'imaginait auparavant, troubla ses pensées un instant.
« Tu as raison, faut en découdre maintenant. » Dit-elle, enfermant des larmes encore loin de ses orbites mais bel et bien présentes dans son cœur meurtri par la vérité de ce monde.
Elle se laissa guider dans l'envolée du lieutenant, un chemin bien étudié puisque le passage par les caves fût, bien qu'un peu complexe a mené de par sa difficulté d'accès, totalement nécessaire à la suite des événements. Son arme en main, Yenno fût regonflée d'une assurance particulière, motivée par la rage de cette histoire cauchemardesque.
« Allons en direction du fameux balcon ou ils sont tous apparu plus tôt, cela nous mènera surement plus près de l'enfant. »
Suivant alors d'instinct, la trajectoire menant aux étages, la brune fût satisfaite un instant, de se trouver ici avec son partenaire de vie et de vocation. Dans ses songes se trouvait la force qu'elle tirait de son histoire, la force de combattre la mort de personnes innocentes.
« Regarde ! »
La perception de chaque détail sur le trajet n'était pas une option. Elle attrapa alors sur le rebord d'une commode en bois brillant, un éventail d'une grande valeur.
« C'est celui qu'elle brandissait tout à l'heure, lors de l'ouverture de bal. »
Un rictus venait d’apparaître sur son visage laiteux, souligné de maquillage pour l'occasion.
« On est sur la bonne voie. » Dit-elle en reposant l'objet.
S'avançant alors un peu plus dans les couloirs de moins en moins obscures, une main posée sur le manche de son sabre qui avait retrouvé sa position initiale, à la ceinture de cette robe contrastante avec sa position de soldate.
* un bruit, plus loin *
Le visage alerte puis, une œillade en direction du Kogami, mimant alors la direction de l'avertissement sonore.
Le Kogami semblait s’être emmuré dans le silence, concentré sur son objectif et sans doute quelque peu mû par la colère. Difficile d’en être autrement, surtout pour un jeune homme ayant l’aspiration de devenir père un jour ou l’autre. Cette affaire le touchait, quoi qu’il fasse pour tenter de s’en détacher.
Aussi accéléra-t-il la cadence en tombant sur l’éventail, signe qu’ils ne se trouvaient sans doute plus loin de leurs cibles. Le jeune homme se précipita même vers la source du bruit, distançant presque sa fiancée tant l’impatience d’interférer dans leurs plans devenait de plus en plus présente.
Arrivant face à une porte manifestement différente des autres de par sa taille mais aussi sa couleur, le samouraï la fendit d’un coup de katana vengeur sans même prendre la peine de vouloir se faire discret. L’heure n’était plus à l’infiltration. Du moins, plus de la même manière qu’auparavant.
“ Et voici nos intrus. “
S’exprima l’homme du balcon, manifestement peu surpris de leur arrivée quelque peu fracassante. Après tout, le gaillard le leur avait dit: il était prévisible qu’une unité soit envoyée à la recherche du garçon. Garçon qui, d’ailleurs, ne semblait pas être aux côtés de ses parents factices.
“ Inutile de chercher, vous ne trouverez pas l’enfant. Il ne voudra pas vous suivre de toute manière. “
Lança la femme, également présente sur les lieux. Drôle de situation, s’ils semblaient les avoir attendus, le couple ne s’était manifestement pas entouré de gardes au préalable. Pensaient-ils pouvoir faire face à la menace seuls ?
“ Tant mieux. Il n’aura pas à assister à ça. “
Imperturbable, le valeureux imprégna sa lame de chakra pour leur envoyer une tranche à distance, technique commune à tout samouraï.
Elle le voyait, elle le sentait même, la patience devenait difficile à gérer chez son partenaire aux gestes vifs. La profondeur du regard de l'oiselle sur chaque bidule qui ornait les alentours en disait long sur sa capacité à attendre le bon moment. Si bien que, lorsqu'il enfourcha sa colère pour fracasser cette entrée découverte, elle n'eut le temps de jeter qu'un coup d’œil rapide au balcon, volontairement. Après avoir balayé celui-ci pour conclure de la non présence du garçonnet, Yenno décida de rester en retrait afin de ne pas éveiller l’intérêt du couple d'en face. Tournant la tête vers l'arrière pour s'assurer qu'ils n'avaient pas été suivi jusque-là, elle se retira dans une petite alcôve situé à gauche du large couloir, servant manifestement juste de petite galerie d'art puisque ses parois étaient ornées de tableaux représentants des esquisses traditionnelles. Les dires des tenanciers résonnaient contre ses tympans toujours et, elle y était attentive.
"... Il ne voudra pas vous suivre de toute manière ..."
Cela ne sonnait pas juste, ni bon à son goût. Comment un enfant ne voudrait-il pas ne serait-ce que, tout simplement, retrouver ses parents ? Il fallait le trouver, tout de suite. La hargne de l'impatience de son valeureux avait maintenant, atteinte les espoirs de bienveillance de la brune. Trifouillant rapidement et en silence les quelques tiroirs des consoles de la semi-pièce sans rien trouver de réellement utile, elle fît une nouvelle fois un tour sur elle-même en regardant les tableaux un à un, pensive. Le regard noir caché au fond d'un casque de samouraï attira son attention, elle s'approcha alors afin de chercher sa solution comme-ci...
... Sous ses pas, un bruit, encore.
Apposé contre le mur du fond, un cadre voisin de l'armure se décolla sous le tremblement du parquet, cet éclat sourd à nouveau, entendu à plusieurs reprises maintenant. Elle attrapa l'oeuvre encadrée et manifestement mal accrochée entre ses doigts et découvrit alors, probablement un morceau de sa solution cachée là, derrière le paysage enneigé. Après avoir reposé gracieusement le cadre, elle fit demi-tour afin d'avertir son partenaire de sa découverte et tenter d'immobiliser pour l'heure, ceux qui se transformaient en obstacles.
« Assez discuté, occupe-toi de lui. » Dit-elle en dégainant sa lame, avant de l'avancer en direction de la femme pour lui amener un coup d’électricité dans la jambe, avant de constater qu'il avait déjà commencer à mettre le patriarche hors d'état de nuire.
Son croissant chakratique avait filé, mais sans toucher ses cibles, terminant droit dans le mur en fendant la pierre comme du vulgaire papier. Inévitablement, leur combat n’allait pas tarder à rameuter l’attention et potentiellement compliquer leur mission. Mais peu lui importait. Ils approchaient du but.
“ Ne soyez pas si pressé. “
Lança le mari, provocateur alors que la femme commençait à composer une série de mûdras. Jetant un coup d’oeil derrière lui, le Kogami constata d’ailleurs l’absence de sa dulcinée, espérant ne pas l’avoir perdue dans la précipitation et la colère. Ainsi allait-il devoir tenir à deux contre un.
Premier pas de côté pour esquiver l’assaut manifestement invisible de la femme, le capitaine souffla une volute de cendres en direction de l’époux pour gagner le temps de combler la distance, brandissant son sabre pour abattre son courroux sur le malheureux. S’il avait de bons mouvements, l’homme n’était sûrement pas au niveau de lui tenir tête. D’ou l’avantage d’être deux…
“ Je l’ai ! “
S’écria la femme, répétant sa série de mudras ne prenant aucune forme connue. Comme s’ils étaient effectués dans le vide. Et pour cause… les assauts spirituels ne prenaient pas de forme visible.
Presque instantanément, le Kogami se figea. Immobile et arborant un regard vitreux, son corps semblait comme possédé par un autre. Et pour cause, la femme venait de s’écrouler à la manière d’un pantin désarticulé.
“ Enfin. Sers toi de son corps pour tuer l’autre. “
Demanda le mari en se redressant, blessé et ensanglanté mais en vie alors que Yenno entrait dans la pièce. Sans doute à cause des cendres encore virevoltantes, la jeune femme attaqua le corps inerte de l’épouse, touchant sans difficultés la partie visée. Dans le même temps, alors que le corps possédé d’Akira se retournait vers l’intruse… la vision de sa fiancée eut l’effet d’un électrochoc.
“ … “
D’une impulsion profonde et stoïque, l’esprit imperturbable du samouraï repoussa violemment l’intrus ayant pris possession de son enveloppe. Un exploit dont seuls les samouraïs étaient capables, de par le contrôle absolu qu’ils avaient de leur enveloppe tant corporelle que spirituelle.
“ Vous êtes des Yamanaka. Je comprends mieux comment cet enfant peut vous suivre docilement. “
Saisissant son arme pour frapper à nouveau son adversaire, le Kogami échangea avec Yenno, avantagée par sa précédente attaque ayant fait mouche, l’épouse retournant dans un corps pris de paralysie partielle.
“ Yenno. A leur mort, leur emprise sur l’enfant disparaîtra. “
Ce qui sous entendait… qu’ils allaient devoir employer les grands moyens.
Elle le savait, elle n'avait pas encore vu le quart des capacités de son amour naissant mais lorsqu'elle fût face à une telle force mentale, à un si grand pouvoir d'imperméabilité face aux attaques invisibles de la fausse mère, elle fût soufflée. Bien que le temps lui manquait pour s’arrêter trop longtemps sur ébahissement, elle fît glisser sa manche de soie contre ses paupières, comme pour se signifier qu'elle devait rester concentrée sur la suite des événements.
« Bien, finissons-en alors, d'autant plus que je crois avoir trouvé notre ouverture. » Chuchota t-elle.
Yenno n'avait jamais eu à faire à des Yamanaka, si bien en spectatrice qu'en actrice du combat. Il s'agissait ici d'un art qui la dépassait quelque-peu, qui la transcendait par sa puissance aveugle. Le sort intense que la femme eût lancé à l'encontre du valeureux avait eu l'effet d'un coup de massue chez la brune, si bien qu'elle voulu à tout prit éviter à cette dernière de recommencer, encore moins sur sa personne. Sans attendre d'avantage, l'oiselle enchaîna quelques mudras rapide afin d'envoyer cette fois-ci, une attaque plus puissance, visant à empêcher cette manipulatrice d'esprit, d'agir d'avantage. Une salve d'éclairs éclairèrent ainsi son pâle visage maquillé pour venir immobiliser le haut du corps de la femme qui se trouverai alors dans l'impossibilité d'effectuer quelconques gestuelles avec ses membres supérieurs.
Espérant pouvoir travailler de concert avec son homme, elle enchaîna en vitesse avec un flash aveuglant afin de sonner l'adversaire, pour lui faciliter le travail. Son attitude hâtive trahissait à son tour, une impatience grandissante d'avancer dans leur mission, il lui était dorénavant impossible de ne pas imaginer les instants liberticides que cet enfant vivait et avait vécu sous l’éréthisme cérébrale du couple.
Un retour sur ses pas afin de tenter de disparaître du tableau et d'aller attraper cette clef; camouflés derrière la peinture d'un probable grand maître des paysages.
Son amante parée, elle lui facilita le travail de par ses lumières aveuglantes et éclairs foudroyants. Submergée, la femme du couple fut contrainte dans les mouvements qu’elle pouvait faire de ses bras. Et qui disait bras en moins, pas de mûdras. Un ennui de moins donc, que le Kogami ignora pour se concentrer sur l’homme.
“ Bord… “
Tentant de résister, l’homme se confronta pourtant à plus fort que lui. Agitant un kunai dont il tenta de se servir comme arme, ce dernier se vit rapidement désarmé et quelque peu charcuté par les coups de katana que lui asséna le Kogami. Ainsi, une fois au sol et à la merci du samouraï, l’homme vit sa mort arriver plus vite qu’il ne l’aurait cru… au travers de la lame du Kogami.
“ ATTENDEZ ! “
S’écria la femme, tendant une main désespérée vers le capitaine alors qu’il s’apprêtait à achever son ennemi. L’espace d’un instant, le valeureux perçut une lueur d’humanité dans les yeux de cette femme ayant pourtant pris part à de monstrueuses activités. Ce qui le renvoyait lui-même à toutes ces missions qu’il avait dû faire dans le sang. Pour une fois semblait-il, la perspective de remplir son devoir sans verser de sang se profilait à lui.
“ Laissez le vivre. Nous nous rendons. Je vais relâcher notre emprise sur l’enfant, mais par pitié… ne le tuez pas. “
Gardant son arme en mains, le Kogami avait toutefois un dernier point à éclaircir avant de faire son choix.
“ Et tous les enfants que vous avez enlevés ? “
“ … Ils sont en vie. Nous voulions simplement avoir ce dont la nature nous a privés. “
Plissant les yeux, le Kogami n’était pas certain de comprendre. Toutefois, Yenno était sur le point de découvrir la finalité de toute cette histoire, derrière le tableau sur lequel elle avait jeté son dévolu.
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