Démon aux yeux des uns, porteur de la vérité pour les autres ; La dualité d’une discorde septentrionale quitte désormais le temple, banni et chassé après la grande désillusion de son maître. Enfin. Du sien aussi d’ailleurs. L’élancé, fier bête forgé par les affres d’un art martial ô combien impitoyable ne s’embête pas pour autant du fardeau d’une rancune banale et idiote. Car il sait, parvient à voir parfaitement ce qui au fond de son cœur le démange et ce qui ronge celui de son maitre ; Peur de perdre et de mourir contre l’impétuosité de la jeunesse. Il ne comprend pas tout mais admet la possibilité d’une raison à cela.

Cela ne représente simplement pas sa voie, pas l’idée forgée dans son esprit par rapport à ses compagnons. Et d’ailleurs certains d’entre eux l’ont évacué, soigné, porté vers une transition plus calme afin de calmer ses ardeurs. De valeureuses aides précieuses ayant assemblé ses affaires afin de les lui porter, et surtout donner des conseils sur qui aller voir et quand aller voir par rapport à son statut de Shinobi. Ce n’est absolument pas ici que sa route s’arrête, ça ne peut pas, au contraire ; Elle ne fait que commencer ici, en ce changement soudain capable d’assumer une indépendance idéologique.

Il descend alors la pente de la colline, accompagné de quelques frères d’armes, d’un maigre bagage enroulé en un lin de soie accroché à une perche sur son épaule.

Alors le coeur et l’esprit se remémore de ces moments passés, de ces repas rudimentaires autour d’un feu de camp sous l’éclat du cosmos, de ces séries d'entraînements réalisés en osmoses avec ses compagnons. Des marques d’affections inavouées par l’âme bestiale d’un homme dans la fleur de l’âge, prêt à tout quitter pour braver le danger des plus grandes bestioles que la nature ait recraché.

Et la longue pente défile alors que peu à peu l’être ralentit ses pas, inspire un grand coup et détourne visage contre le temple en hauteur sur le point culminant de la colline. Chacun s’arrête autour de lui, le regarde comme désirant éviter l’heure ultime, avant de le voir perdu dans une dernière vision de séparation. La fin. Une fin pour un nouveau départ. Alors ses iris argentés défilent sur ceux de ses compagnons, d’un dernier au revoir.

C’est ici que nos chemins se séparent. Je ne reviendrais plus, du moins pas avant un long moment. Mais ménagez le vieux. Ce n’est pas à mal qu’il pense … Du moins. Laissez le tranquille un moment. C’est ma route, pas la sienne. Et que ceux désireux d’en faire autant se préparent. Prenez soin de vous, prenez soin des nôtres.

Regard amical, puis sérieux, puis déterminé. Et la silhouette se détourne, de dos à ses camarades, s’en allant au grès du zéphyr exalté.

S’élance sans attendre vers une nouvelle route, pente ascendante d’une colline qui le mène sur le versant d’un plateau investi d’une vie fourmillante. Les prémices des quartiers de villages intimement le brouhaha d’un environnement grouillant d’âmes, entre commerce, candeur enfantines, shinobis en vadrouilles et autres encore. Et il est l’un d’eux, même si l’habitude de l’identifier à un temple unique ne lui laisse guère le luxe d’une vie fraternelle avec ces soldats.

De loin, de vue, de formalité. Et c’est pourtant un pan entier à explorer désormais puisque sans maître ni foyer martial, l’errant se doit se trouver de nouvelles sources de pouvoirs, de fraternités mais aussi d’évolution. Car c’est l’essence même de sa détermination que là, de pouvoir escalader un chemin jusqu’à pouvoir se confronter lui aussi, tel le héros de Kumo, face à ces gigantesques créatures mystiques décrites dans les légendes. Menaces mondiales, chaos incertains. Difficile de se faire une place dedans.

Alors ses pas le guident à s’étendre dans une auberge, écouter d’une oreille alerte les rumeurs, les ouï-dire et quelques échanges formels avec des ninjas en vadrouilles pour avoir une petite idée de quoi faire. L’option la plus séduisante paraît être les terrains d'entraînements, centre de réunions de milliers d’autres guerriers désireux d’échanger et surtout préparer une nouvelle bataille imminente.

Poils de hérissent, regard s’affute à l’instar d’un prédateur, sourire carnassier apparaît alors que sa silhouette traverse la porte de l’auberge pour reprendre sa route vers des horizons inconnues. Pas en terme physique bien évidemment, connaissant déjà son village ; Mais pas forcément les talents rencontrés en chemin. Et l’idée de consulter les clans présents en détail s'avère incontournable. Metaru, Nara, de fiers spécialistes, clef de voûte de la foudre. Et surement le chef militaire ultime, le Kage. Mais chaque chose en son temps.

Dans sa besogne demeurent des parchemins vierges hérités de son maître, offrande pour quelques épreuves relevées et évolution opérée au sein du temple. Mais peu à l’aide avec ce genre de chose, il ne sait pas encore comment compléter son style, comment engranger des arcanes inédites, différentes de son propre style. Peut-être stocker des choses, voir créer des clones. Flou dans son esprit portant le vagabond en une nouvelle route, de bâtisses en bâtisses, de décors en décors.

L’homme est là, bandages dessinant les reliefs de sa musculature animale, de ce corps forgé par mère nature même.

Grande inspiration, mouvements du coude, du poignet et des épaules lui rappelant les douleurs récentes de sa confrontation avec le maître. Et il se souvient jusque dans sa mémoire musculaire, s’en sert comme vecteur de motivation pour la suite. Devenir plus fort.

Ou plutôt digne.

Au fil de ses pas reviennent les flash de proses martiales, de figures inlassables sous l’astre solaire brûlant la peau et surtout la sévérité d’un maître empli de rigueur. D’un soupir las, le Bakuhatsu réfléchit à un changement en profondeur que cet art lui laisse un vide. Un peu comme si tout réside en lui sans pouvoir suffisamment s'exprimer. Chaque discipline comporte ses limites et beaucoup d’entre eux ont déjà ressenti ça au cours de leurs entraînements ; Le temple servant de dojo n’évoluait pas suffisamment par rapport à ses ambitions.

Mais l’homme ne connaît pas la compétition qui puisse exister dans ce domaine au sein de ce village. Qu’en est-il de leur passion pour le combat à main nue ? Existe-il d’autres dojo comme le leur, ou des temples dédiés à ce genre d’activité ? Une option défile dans son esprit, celle de pouvoir dévorer et s’accaparer des différents styles existant dans le village pour parfaire le sien, le compléter et changer à tout moment. Les apprentissage, ah voilà, un bon point de départ.

Où est-ce que je peux trouver ça … Doit sûrement y avoir un truc pour regrouper les appels d’offres …

Fier de sa stature élancée et de son regard perçant, l'éphèbe arbore une moue dubitative avant de froncer les sourcils, puis défiler dans la partie la plus dense de la ville à la recherche d’un panneau spécifique. Fine scrupule de bois étendu sur un poteau solidement ancrée dans le sol, c’est en général ce qui sert d’affichage pour les appels d’offres en tout genre qui ne soient pas des missions officielles. Pour ça, le bureau du Raikage serait suffisant.

Et après quelques errances dans les ruelles, le voici qui tombe dessus, se figeant un instant au- dessus au milieu d'innombrables papiers accrochés dessus.

Ses iris défilent d’annonces en annonces, de tout et de rien, fier mercenaire échappé d’une condition amorphe. De la garde d’enfant au nettoyage de caves infestés, tout y réside sans honte pour gagner quelques pécunes, d’un tri nécessaire pour remonter rapidement jusqu’à ce qui l’intéresse. Et là, tombent sous ses yeux des défis de combats, des spécialistes ou plutôt prétendus experts cherchant équivalent dans le domaine du Taijutsu.

Parfois certains êtres dépourvus de chakra désirant tout de même s’initier à l’ivresse de cet art, de cette adrénaline pulsant dans le corps.

Voilà où commence le parcours de notre homme, déchirant une de ses annonces pour le tenir dans sa main et le lire précisément. Premier point d’ancrage d’un Dojo rudimentaire, la bête s’apprête à faire le tour de ces derniers pour se mesurer, apprendre ou enseigner, voir récupérer d’autres informations pour enfin tracer sa route.