Cela faisait quelques temps que le Nara multipliait les allers et venus à l’institut scientifique. On aurait pu facilement dire de lui qu’il était un habitué désormais. Que ce soit pour son projet lumière ou pour celui des Metaru ou encore pour s’instruire sur des choses et d’autres il était maintenant de coutume de le voir déambuler dans les couloirs ou entres les différents ateliers.

Durant ses nombreuses visites il avait eu affaire surtout à des stagiaires et bien souvent décrochés du monde shinobis. En effet ceux que l’institut libérait pour l’aider dans ses recherches n’étaient souvent que des débutants qui étaient à peine capable de lui servir de main d’œuvre. Les plus éminents scientifiques semblaient avoir mieux à faire que d’aider le Nara. Qu’à cela ne tienne il se débrouillerait seul ou avec ces pseudos scientifiques pour avancer dans ses multiples idées. Ceux qui l’avaient ignoré s’en mordraient les doigts et ramperaient lorsque la gloire s’abattra sur lui. Car il le savait, un jour tout ce qu’il entreprenait serait reconnu et son nom serait sur toutes les lèvres mêmes sur celles de ses soi-disant génies.

Mais au détour d’une salle Aizen eu son regard attiré par une tignasse blonde. Il pensa à Ikari dans un premier temps mais son cerveau se ravisa en une seconde sachant que c’était loin d’être un lieu propice à la rencontre du combattant de la foudre. Néanmoins le Nara connaissait tout de même cette silhouette alors il s’approcha pour en avoir le cœur net.

Comme il s’en était douté il avait bien affaire à Kao Kan, le Candide. Aizen n’aurait jamais imaginé que ce dernier pouvait faire parti de l’équipe scientifique et pourtant en plus d’en faire partie ce dernier lui avait assuré être important. En effet pendant la première phase de l’examen Chûnin le jeune homme lui avait dit avoir été sélectionné par le directeur de l’institut personnellement. Mais comment le Candide, celui qui n’était pas capable de prendre conscience d’être face à l’ennemi numéro un du monde moderne, pouvait avoir la fibre scientifique. Curieux, le Nara s’approcha.

Le Chûnin passa son regard au-dessus de l’épaule de son cadet, sur quoi pouvait-il bien travailler ? Il doutait que, quoi que ce soit, cela pourrait l’intéresser. Néanmoins il avait là l’occasion rêvée de peut-être découvrir un de ses fameux projets qui prenait tant de temps aux équipes scientifiques du village. Qu’est-ce qui pouvait bien être plus important que les géniales idées du Chûnin ? Il se le demandait.

« Kao Kan, c’est cela ? »

Dit le Nara pour signaler sa présence alors qu’il connaissait pertinemment la réponse. Après avoir obtenu l’attention de son interlocuteur il continua.

« Sur quoi travailles-tu ? Si ce n’est pas trop indiscret ? »

Il ne s’attendait à rien de transcendant.

Le jeune garçon avait sursauté. Trop happé par son activité il avait sans doute effacé son environnement. Ce fort niveau de concentration prouvait qu’il travaillait sérieusement. Plutôt ravi et peut-être même surpris, le Nara n’aurait pu l’assurer, ce fut avec un grand entrain qu’il l’invita à approcher pour observer ce sur quoi il travaillait justement.

Le Nara posa les yeux sur un vivarium. Ce dernier n’était pas sans lui rappeler celui qu’il avait fabriqué lui-même pour étudier les lucioles ramenées tout droit de la forêt de Teitetsu. Il était plus petit mais plus réussi, c’était un vrai vivarium contrairement à ce qu’avait pu bricoler le Nara. Pourtant à l’intérieur il ne voyait rien d’autre que la flore entreposée là, il devait bien être voué à accueillir un quelconque animal, un insecte sans doute.

Puis finalement Kan annonça et montra, le Nara dû plisser les yeux avant de voir l’être vivant qui ne ressemblait qu’à une brindille. Des phasmes, voilà donc le genre de projet qui semblait occuper tant que ça le complexe scientifique. Le Nara écouta le blondinet faire sa présentation. Si tout cela ne pouvait séduire le Chûnin le Genin lui semblait sincèrement passionné par le sujet. Mais forcément le Nara, pragmatique, ne pouvait s’empêcher de se demander ce à quoi pouvait servir cette étude dans le cadre des shinobis. Interrogation qu’il ne se gêna pas d’énoncer à voix haute.

« Je vois, cela semble très intéressant effectivement. Leur capacité de mimétisme est remarquable et n’a rien à envier à nos techniques de camouflages. Mais dis-moi, Kan, quel est le but de cette étude que tu réalises ? »

Le Nara ne voulait pas froisser le Genin alors bien qu’il n’appréciait guerre sa niaiserie dans sa façon de parler en faisant référence aux excréments de l’animal cela ne l’empêcha pas d’afficher un grand sourire et de paraître intéressé.

Il se le demandait toujours : comment et pourquoi ce jeune Genin, ce candide personnage, avait-il était sélectionné pour participer aux études scientifiques du complexe. Là aussi il devait exprimer son interrogation à voix haute.

« Dis-moi, jeune Kan, comment as-tu intégré l’institut et quelles sont les missions qui t’ont été confiées ? »

Le Nara, toujours grand sourire, posa un œil discret sur les phasmes qu’on pouvait distinguer par leurs mouvements lents pour certains. Il espérait au fond de lui que ce Genin ne perdait pas tout son temps à jouer à l’apprenti entomologiste alors qu’une guerre les attendait. Surtout qu’il paraîtrait que derrière son air nié se cachait un guerrier efficace.

Si ce jeune adolescent s’amusait pendant son temps libre à observer si précisément une race d’insecte si insignifiante alors il était à sa place au sein de l’institut. Il avait l’air de les apprécier et d’en prendre grand soin. Nul doute qu’il devait bien s’entendre avec cette Suzuri qui n’avait que la sécurité de la biodiversité à la bouche.

« Je vois, c’est donc plus une passion qu’un travail sur lequel tu es actuellement. Et tu sembles très impliqué là-dedans, mais c’est normal si ça te plaît. Ce doit être pareil avec les sujets d’études sur lesquels tu travailles ici, plus on est passionné et plus on est efficace. Et après tout ce genre de passion est saine et participe au développement personnel. Peut-être même qu’à travers tes moments de détentes tu trouveras des réponses pour des choses plus importantes. »

Cet individu avait toujours semblé nié rien que dans ses expressions de visage ou dans sa façon de parler mais la tirade de présentation qu’il avait tenu sur les phasmes prouvait une certaine intelligence. L’intelligence pouvait être multiple et varier d’individus en individus. Au final derrière cet adolescent surnommé Le Candide se cachait peut-être un passionné. Et il fallait bien retenir toutes ces informations très précises après tout. D’autant plus que le discours qu’avait sorti le tout nouveau Chûnin à Aizen lors de son épreuve était loin d’être idiot. Un grand cœur au service de ses convictions. Pourtant le Nara doutait qu’une telle personnalité soit adaptée au monde dans lequel ils vivaient ? Sauf si associé à une puissance démesurée…

Après tout sous son air enfantin n’était-il pas l’un des rares à avoir rencontré Sakaze Tosen et à être revenu indemne ? Certes il ne l’avait pas combattu mais les rumeurs racontaient qu’il n’avait pas fui non plus, et il n’avait pas non plus rejoint le ningen. Était-il un génie ? Un espion de leur ennemi ? Ou un parfait chanceux ? Aizen ne pouvait le déterminer à cet instant.

Ainsi il avait passé des tests et avait réussi, cela était dur à croire quand on savait sous quelle condition il avait obtenu cette réputation sous le nom du Candide. Mais après tout c’était peut-être des rumeurs. Il semblait si facile à manipuler juste en le caressant dans le sens du poil, il ne semblait y voir que du feu. Ou alors il était naturellement ainsi. Au final un livre trop ouvert n’était pas si facile à lire. S’il était dur de voir à travers le Nara qui en cachait le plus possible il était tout autant face à quelqu’un qui montrait tout sans filtre.

En tous cas il ne comptait pas en dire trop sur ses ambitions à ce jeune garçon, pas en ce jour car ça n’aurait aucune utilité.

« Alors je me dois de te féliciter pour cette réussite. » Aizen se courba légèrement.
« Surtout à cet âge, tu dois être le plus jeune professionnel de l’institut si je ne m’abuse ? »

Il lui faisait la discussion, ni plus ni moins. Si ce projet secret attira son attention il n’en montra rien. Mais même s’il ne pensait pas avoir grand-chose à retirer de cette entrevue il savait qu’il avait besoin du plus d’allié possible et avoir un pied à terre du côté de l’institut lui serait bénéfique. Il avait Akio mais il valait mieux toujours prévoir une roue de secours. Ainsi il savait comment il pourrait appâter son interlocuteur.

« Vois-tu je me suis aussi amusé à m’essayer d’étudier des insectes. Connais-tu les lucioles ? Ce sont des sortes de larves volantes qui ont la capacité incroyable de faire briller leur abdomen. Ainsi elles se révèlent comme des petits points lumineux qui flottent dans l’obscurité la nuit en forêt. C’était cette capacité à générer de la lumière qui m’intéressait beaucoup chez elles. Hélas j’ai dû arrêter mes études car je suis vite arrivé à la conclusion que je ne pourrais pas en apprendre beaucoup sans les blesser… Il ne faut pas faire du mal aux animaux qui parcourent le Yuukan pas vrai ? »

Le sourire aux lèvres, l’hameçon était lancé.