Après le périple au village du nord, il était temps de travailler considérablement ses offenses physiques. Elle n'eut aucun affrontement lors de cette mission mais si cela avait été le cas, le doute quant à ses capacités à attaquer l'ennemi aurait probablement fait vaciller la brune.
Yenno commençait à sentir au creux de son estomac, de l'inquiétude. Si son partenaire de vie semblait être à ses yeux, fort comme un roc ; le fait de n'avoir plus aucune nouvelle de lui entraînait de drôles de sensations lui rappelant de vieux souvenirs. Elle savait gérer la solitude, le manque aussi, bien qu'un peu plus difficile suivant les circonstances. Mais l'inquiétude de l'ignorance commençait à ronger doucement ses entrailles et c'est de cette sensation qu'elle décida de nourrir sa hargne ce jour-là. Lorsqu'elle eu gagné le camp entrainement le plus proche de la demeure d'Akira -ou elle séjournait-, elle décida pour commencer de poser son sabre sur le côté afin d'entrer dans son rituel d'étirement et d'échauffement. Bien que confortable, elle eu la main lourde sur sa tenue en cette journée de parfait ensoleillement. Si bien qu'elle décida de retirer le haut de son kimono pour se retrouver en brassière blanche, pratique pour effectuer des mouvements totalement libres. Un instant de méditation et quelques cabrioles plus tard, elle commença alors à tenter d'utiliser son chakra pour effectuer quelques esquives le plus rapidement possibles, puis quelques charges.
Il n'en était rien, les efforts avaient beau être conséquents, l'inconfort de ses tourments se mêlait manifestement un peu trop à ses mouvements alors moins efficaces que dans ses ambitions. Elle s'approcha alors de son sabre, ou elle avait également déposé son petit sac de cuir qui enfermait une gourde d'eau. Une fois accroupie, le bienfait de l'eau dévalant sa gorge lui permit alors de reprendre son souffle.
Rescapée. Une branche de prunus séchée par les brûlure des rayons aveuglants jonchait le sol à quelques mètres, son attention fût irrémédiablement attirée. Une énième pensée pour Ameko avec qui elle adorait pique-niquer lors du festival du printemps. C'était souvent elle, qui lui redonnait la force nécessaire pour se battre en direction d'un avenir radieux. Après quelques minutes, songeuse, il était temps pour la soldate de se surpasser et de travailler d'avantage ses mouvements sur ce terrain à moitié baigné d'un soleil de fin de matinée.
-"Il n'est jamais facile de s'entraîner seul, Soejima Yenno."
Du tour habituel et quotidien qu'il faisait dans les différents terrains d'entraînement, l'œil de l'Empereur trouva une présence féminine qu'il avait commencé à connaître. Se présentant au souverain comme celle qui avait calmé bon nombre de paysans par son calme, son tact et son professionnalisme, qui avait particulièrement touché le chef Haise, elle avait réussi à nuancer l'échec de la Soldate de la Recherche qui, à elle seule, avait pu risquer une révolte au sein même du Pays du Feu.
On pouvait alors y trouver une certaine reconnaissance, qui l'avait d'ailleurs mené à aller la voir en personne, car s'il était hors de question de privilégier qui que ce soit par des paroles partiales, l'Empereur tâchait de la récompenser à sa manière en l'assistant quelque peu. Un acte d'une gentillesse surprenante, d'autant plus provenant d'un homme reconnu à l'internationale, mais ne voulait-il pas répandre une image pacifique, aimante et collaboratrice ?
Il ne lui afficha qu'un petit sourire, rien de bien surprenant. Qu'une intention louable qu'elle pouvait apprécier ou non, ou peut-être oserait-elle en profiter en cachant une rancœur méritée comme de nombreux avaient pu le faire auparavant, mais qui ne cachait aucune mauvaise intention. Il s'approcha alors doucement, les bras droits autour de son corps costumé, décidé à prendre quelques nouvelles.
-"Il est de mon intérêt d'aider mes soldats, et j'ai toujours éprouvé une certaine sensibilité pour les plus isolés."
Un aveu très personnel, qui n'avait rien à faire ici, mais qui engageait toutefois sa raison d'agir.
Si jusqu'à présent, la kunoichi ne semblait pas vouloir emmètre un avis définitif concernant l’élection de l'empereur actuellement à la tête du pays ; elle ne pouvait nier que son premier contact avec lui n'avait été ni hostile ni négatif. Et ce n'est probablement pas le rictus discret mais non pas invisible qu'elle venait d'apercevoir qui l’amènerai à énoncer un jugement péjoratif. Difficile à croire mais le Sendai se trouvait bel et bien sur le chemin de la belle en cet instant, au beau milieu du terrain d'entrainement.
« Monsieur, bonjour. Décidément ! » Dit-elle en tripotant l’extrémité de ses cheveux tressés.
Abasourdie. Lorsqu'il lui proposa de l'aide pour travailler ses techniques, la jeune femme ne sut quoi répondre sur l'instant, prit quelques seconde de recul pour réaliser ce qu'il se passait. Son père ayant toujours eu une rigueur élevée la concernant, elle termina l'examen de sa proposition rapidement et décida de rester la Hijine naturelle et bien élevée que son entourage connait bien. Au diable l'écart considérable qui se trouvait entre les deux individus, tant au niveau de leur grade que de leur degré de puissance.
« Cela me semble difficile de refuser un tel honneur. » S'exclama t-elle en reposant sur le sol ombragé, sa gourde maintenant à moitié vidée.
Après s'être relevée, son regard se posa vers sa lame encore protégée par un fourreau ébène. Elle releva les yeux, plissés, en direction de l'homme puis en plaçant sa main vers le haut pour cacher ses iris rougeoyants de l'éblouissant, elle lança :
Un simple sourire naturel suivi de quelques pas servirent à s'approcher de la jeune femme, visiblement préparée à reprendre un entraînement déjà amorcé. L'Empereur se voulait aimant et tentait d'être aimé, principalement de tous les Hijin pur-souche qui n'appréciaient pas ce qu'ils pensaient être une intrusion au pouvoir, et bien que le Sendai ne savait si la Soejima était de ceux-ci, il tâchait toutefois de ne pas se poser plus de questions. Peu importe à qui il pouvait bien avoir affaire, il n'y avait aucun intérêt à sélectionner quels étaient ceux qui méritaient plus de bonté que d'autres : tous méritaient l'ouverture.
Et avec cette approche, il abordait celle qui avait déjà fait ses preuves. De sa bonté innée, elle l'accueillit naturellement, ce qui ressemblait à un naturel bien plus prononcé que tous ceux qui lui répondaient plus par devoir que par respect, même si le souverain ne pouvait s'assurer de sa bonne collaboration. Mais avec une noble intention, il lui répondit alors tout aussi simplement.
-"Que ma stature ne soit pas un frein à notre entente, je ne vous imposerai rien."
La situation n'imposait un quelconque rapport de force, l'Empereur alors figure ultime du Royaume du Feu ne voulait abuser de son image, et dans une visée noble et attentive, il préféra tout simplement lui proposer d'agir pour elle-même.
-"De quoi avez-vous besoin ? Je ne suis pas là pour moi, je suis là pour aider mes soldats. Si vous voulez mesurer vos capacités, affrontez moi. Si vous souhaitez apprendre, tâchons d'approfondir vos savoirs. Tout me convient, tant que cela fait de vous un Soldat plus efficace."
Des intentions presque égoïstes qu'il ne cachait pas, mais qui sous-entendaient des intérêts tout aussi égoïstes pour le concerné. Car si l'Empereur tâchait de rendre ses unités plus fortes, alors chacun trouvait également dans sa force le moyen d'accomplir ses rêves.
En posant cette question, aussi innocente doit-elle, Yenno espérait sincèrement qu'il réponde par la positive. Si les entraînements avec la lame se dénombraient difficilement au cours de sa vie tant -comme bon nombres d'Hijins- ils furent nombreux, ils se trouvaient tout de même assez lointains maintenant. Après une blessure, une convalescence et quelques péripéties familiales, il était temps pour elle de manier convenablement sa lame afin d'être le plus en confiance possible au sein de son nouveau poste officiel. Si al brune pas du genre à réellement douter au moment de dégainer la force au besoin d'une quelconque alerte, il reste évident que pour être à la hauteur, elle allait devoir s'entraîner d'arrache-pied. La tête sur les épaules.
« Sincèrement, j'ai besoin de savoir utiliser mon tranchant à bon escient. » Dit-elle, une main sur la poignée de son katana, l'autre toujours à l’extrémité de sa chevelure.
Ni une, ni deux, la colombe colla sa seconde paume contre le manche pour une meilleure prise et tenta de charger l'outil tranchant de chakra raiton. Son regard se posa contre la coiffure blanche de son empereur, elle hésita un instant. Était-il correct de tenter d'envoyer une attaque contre cet homme, bien qu'il lui ai proposé ? Une certaine sagesse provenant délibérément d'une éducation typiquement militaire en beaucoup de points, avait toujours tenu la kunoichi dans un respect honorable de ses supérieurs, tant hiérarchique que de part la puissance combative. Mais il lui fallait gagner en offensive et cela se gagnerait assurément, en ouvrant le combat contre plus fort qu'elle.
« Sabre orageux » chuchota la soldate.
En envoyant sa technique, elle sentit entre ses doigts le plaisir du maniement du chakra. Et un certain doute, également. Était-ce comme cela que le grand blanc pourrait évaluer ses besoins ? N'allait-elle pas être catégorisée comme agressive auprès de son supérieur absolu ? Peu-importe, son intellect jouait à ce moment-là, la carte de le progression pour une évolution pragmatique.
En voyant la brune sortir son sabre d'une main ferme, l'autre se détachant de sa longue chevelure pour entourer la paume de son arme, le souverain pu observer une première maîtrise du Ninjutsu. En entourant la lame de sa foudre, marquant une première identité affinitaire, Yenno montra au nivéen ses intentions et sa bonne volonté. Car c'était en la brandissant qu'elle lui partageait son acceptation, le jeune homme comptait bien honorer sa parole et d'une main toute aussi ferme et habile, il sortit son propre katana toujours entouré de son fourreau, sans le charger d'une quelconque manière.
En la voyant s'approcher, il fit de son regard un outil d'observation. Ses prunelles bleutées ne voulaient pas juger, elles voulaient analyser avec pertinence. Ses décisions suivaient alors ces mêmes intentions, il n'était pas question de montrer qui était le plus fort, il était question de tester doucement et de manière progressive les compétences de la solitaire. Alors en bloquant d'un mouvement tout aussi ferme l'offensive de la jeune femme, il envoya à son tour un coup d'une puissance légèrement plus élevée, verticalement, au niveau de son épaule droite.
Car tout bon ninja se devait de savoir attaquer, il était également essentiel de savoir se défendre.
-"Faisons un premier point sur votre maîtrise du sabre, nous analyserons ensuite votre maîtrise du Ninjutsu. Nous verrons avec cela ce qui est essentiel de renforcer."
Evidemment, une potentielle parade ou esquive de ce simple coup pourrait être pratique pour se faire un avis, et comment allait-elle également contre-attaquer ?
L'empereur semblait savoir respecter le niveau plus bas d'une jeune recrue, une humilité finement teinté d'une expertise fine se dégageait alors de son expression concentrée. La mine de la jeune femme, suivant la simple parade à son coup chargé d’électricité, fût quand à elle plus engagée en direction d'une volonté de se prouver à elle-même qu'elle serait capable d'arriver à faire mieux, à se protéger fermement d'une probable attaque retour de la part de son enseignant du jour. Aux aguets, elle observait alors les mouvement fluide de l'homme face à elle.
« Je... »
Si la parade aurait été la meilleure des manières de se protéger, la brune pourtant décida de décaler son corps sur la gauche en effectuant un saut léger afin de prendre d'avantage d'élan dans une réponse à cette attaque. Elle devrait faire mieux que le tour précédant. Le manche de son sabre enroulé dans son index droit, elle décida de lancer sa décharge dans le bras droit de son adversaire, tentant alors de le paralyser pour enchaîner par un coup de kanata horizontal basique, visant alors le biceps du Sendai.
« Je crois bien que je ne maîtrise pas convenablement ma lame lorsqu'elle est chargée... » Dit-elle en effectuant un pas en arrière, comme pour respecter une distance adéquate avec son empereur.
La jeune femme n'étant pas du genre à créer de rivalité au sein d'un entrainement, la situation face à l'homme le plus haut placé du pays semblait la tenir dans un comportement maîtrisé de toutes parts. N'importe quel soldat de son grade aurait de la retenue face à cet ancien Kumojin, détail qui ne lui traversa pour le moment, pas un instant l'esprit.
La lame de l'Empereur, enrobée dans un fourreau boisé, tenta de frapper verticalement le corps de la jeune femme. Sans grande prétention, visant à tester la solidité des bases d'une Soldate en construction, celui-ci fouetta légèrement l'air avant de se laisser tomber sur le sol, maintenant que la Soejima s'était écartée d'un saut sur le côté, se préparant à contre-attaquer.
Cette même contre-attaque s'effectua d'ailleurs en deux temps, le premier étant dans le rangement de son arme pour permettre à ses deux mains d'effectuer les mudras utile à envoyer une décharge proche, ciblée sur le bras droit du souverain, et le deuxième étant dans la reprise de l'arme blanche pour tenter de frapper une nouvelle fois le nivéen.
Observant alors de ses yeux clairs l'enchaînement d'action, décomposant ses mouvements afin de trouver les réactions qui seraient utiles et pratiques, il se rendit rapidement compte que la distance entre les deux ne lui permettrait pas de prendre le temps d'effectuer lui-même des mudras. S'écartant alors sur place, son corps se fléchissant légèrement d'un côté pour laisser la décharge passer à côté de ce même bras, il refit le même geste que précédemment.
Un geste défensif, solide du bras et de l'arme rangée, permit de bloquer la deuxième attaque au sabre. Un mouvement très simple pour les deux shinobis, qui marqua un petit temps de pause utile pour discuter un peu.
-"Lorsqu'elle est chargée ? Qu'est-ce que cela change ?"
Faisant preuve d'une méconnaissance qu'il ne niait pas, le Sendai montra à la jeune femme son incompréhension sur la situation. Qu'est-ce qu'elle ressentait, qu'est-ce que cela changeait de mettre de la foudre dans son arme ? Son poids était-il altéré ?
-"Car malheureusement, si c'est une question d'habitude, je ne peux rien y faire. Il vous faudra répéter et persévérer. Là où moi je peux agir, c'est sur les orientations que vous pouvez prendre."
Marquant un petit temps de pause, il leva cette fois son sabre au dessus de sa tête, faisant un coup bien plus rapide, diagonal, de son épaule gauche à sa hanche droite, visant à tester le maximum de compétence de Yenno dans le domaine du sabre. Evidemment, même si le coup risquait d'être douloureux, il ne pouvait être grave : ce n'était pas la lame qui frappait, mais toujours le fourreau.
-"Voyons jusqu'où vous pouvez vous défendre au katana."
Lorsque la brune tenta de déchiffrer la façon de manier la lame de son empereur, ce fût un échec. Il tournoyait avec aisance, si bien qu'elle n'eut le temps de ne rien remarquer de concret. Depuis toujours, la jeune femme eût pour habitude d'observer attentivement les affrontements amicaux au sein du village et le mouvement des combattants était ce qui semblait lui importer le plus. Si ses entraînements furent nombreux par le passé, elle n'était à ce jour pas satisfaite ni toujours très sûr d'elle lorsqu'elle dénudait son arme.
« Je suis trop hésitante, comme si lorsque ma lame peut réellement heurter ou paralyser, cela me bloque dans mon mouvement ou ma trajectoire... »
Lorsqu'elle aperçu l'attaque foncer droit sur son corps, Yenno n'eût plus réellement le temps d'agir. Elle eu cet instant d'hésitation avant de tenter d'esquiver à nouveau le coup du Sendai, le bref moment qui conduit alors la kunoichi à un échec supplémentaire. Pourtant en position alerte devant son adversaire, elle reçue malgré tout, le poids du métal recouvert d'un fourreau épais contre son épaule. Un cours gémissement étouffé entre ses lèvres rougies par des mordillements de concentration suivi d'un long souffle, elle fût largement poussée vers la droite par le coup porté par son maître du jour.
La remise en place de ses appuis déstabilisés par la douleur fût rapide mais vacillante. La soldate fît doucement tournoyer son bras comme pour regagner un peu de puissance afin d’enchaîner le combat mais elle ne fît rien.
« Je voudrais apprendre à maîtriser ma trajectoire, vous avez vu juste. »
Après avoir quelque-peu repris son souffle, elle attrapa de nouveau le manche de son arme pour se tenir prête à écouter les éventuels conseils qu'il pourrait alors lui faire parvenir. L'objet du combat entre ses paumes, elle fît quelques coups à vides afin de prendre un peu plus d'aise face à la grandeur du personnage en face d'elle.
En fouettant l'air, le sabre emmitouflé dans son fourreau percuta avec une certaine violence l'épaule dénudée de la jeune femme. La repoussant de quelques mètres, lui infligeant une douleur que l'Empereur aurait préféré éviter, il ne fut qu'une question de secondes avant que celle-ci ne se rétablisse du choc. Le bois de l'étui avait alors été une véritable protection utile pour la Soejima, car plus que lui empêcher un handicap certain, il avait également absorbé une partie du choc.
Mais les aveux de la brune étaient bien plus percutant que le coup que lui avait envoyé son supérieur hiérarchique. En l'encaissant de cette manière, en assumant à haute voix que les véritables conséquences de ses attaques l'empêchaient d'agir convenablement, l'esprit du Sendai ne fut pas de ceux qui pensaient que la trajectoire était véritablement problématique. A ses yeux clairs, le soucis se situait surtout dans la tête de la kunoichi.
-"Attendez."
Baissant sa propre arme, la rangeant d'un mouvement assuré au niveau de sa ceinture, il s'approcha doucement de la jeune femme. L'air serein, s'apprêtant pourtant à lui demander l'interdit, il s'arrêta à une faible distance d'elle, tendant son bras en sa direction.
-"Je n'en ai pas besoin, tranchez moi le bras avec votre fameuse technique. Je ne vous punirai pas pour cela."
Plongeant son profond regard dans le sien, restant attentif aux mouvements de la Soldate, il s'attendit à vérifier le plus important : ce qui la bloquait, c'était sa peur de faire du mal.
Ce qui la bloquait, c'était sa plus profonde gentillesse.
Elle constata d'abord avec une petite crainte, les yeux barbeaux de son entraîneur exprimer une sorte de certitude à son sujet, comme s'il lisait à travers un esprit assurément encombré. Puis, le regard arrondi elle sondait les pas de l'empereur s'approcher de son enveloppe, jusqu'à une distance assez proche pour que ses joues développent un rose moyen.
Une proposition peu banale figa l'oiselle dans sa respiration. L'action se dévoila peu à peu dans ses pensées et la scène sordide effraya un instant la brune, regard arrondi. Elle avala discrètement le surplus de salive qui flottait contre son palais, comme pour induire une concentration maximale.
« Hum... »
Un pas en arrière avant de poser une paume contre le manche de son arme pour l'extirper de sa protection, dans un geste élégant. Ses pensées oscillaient ... Dois-je réellement trancher le bras de mon empereur pour prouver mon dévouement et ma force mentale ? Je ne peux pas faire cela, c'est inimaginable de lancer une telle attaque envers mon empereur ... Sans l'ombre d'un doute, sa grandeur avait raison. La confrontation directe de Yenno face à la mort inopinée de sa toute proche amie lui avait offert ce poison, le doute. Qui mérite alors de mourir ? Si elle n'eut jamais poussé sa psychanalyse afin d'en déduire ceci, la jeune femme enterrait bel et bien une profonde méfiance et l'incertitude de ses gestes.
Mais, elle était là pour progresser, pour avancer.
« D'accord Sendai. » Dit-elle avec aplomb, se permettant même de nommer son empereur d'une manière moyennement adéquate.
En levant sa lame au dessus de son épaule, le mélange de détermination et d’incertitude nouait alors sa gorge à la manière d'une maladie lancinante. Elle fît tourner l'arme une fois afin de prendre un élan nécessaire à cette attaque, puis visa alors l'avant-bras de son supérieur. Comme-ci elle en serait capable jusqu'au bout, elle misa sur toute la force qu'elle pu placer dans la concentration de ce coup, mais son geste naturellement, se mît à ralentir à l'approche des veines. La collision du tranchant contre la peau blanche de Yahiko ne fût pas si violente. Yenno, avec toute la volonté du monde, n'avait été capable que d'effectuer une entaille tout de même profonde dans sa chair.
« Pfffh... »
Quelques marmonnements étouffés, elle songea aux dires de son père...
Si tu efface ton esprit, même le feu pourra te paraître froid.
... et reprit l'élan nécessaire à effectuer son geste, enfonçant sa lame à nouveau et plus profondément dans la coupure précédemment ouverte par le fer de son sabre.
Dans ses yeux, Yahiko voulait y trouver ce qu'il y cherchait. Le doute, la peur, la crainte de blesser ou plus généralement une gentillesse bien trop importante pour quelqu'un dont le métier consistait en la mise à mort de personnes qu'elle ne connaissait même pas. Car le monde était cruel, Yenno n'avait pas le choix de passer à l'acte. Car il était également beau, elle n'avait pu s'empêcher de développer une certaine sensibilité, la même qui lui faisait défaut aujourd'hui. C'était en tout cas tout ce qui passait dans l'esprit d'un Empereur curieux, soucieux de développer le caractère de ses Soldats.
Et en tendant son bras, il faisait une grave provocation. Il aurait pu en profiter pour tester la loyauté de celle qui lui inspirait beaucoup de sympathie, mais il n'en fit rien. En la voyant prendre son souffle, il s'apprêtait à la voir s'effondrer sous le poids des responsabilités. Après tout, qui pouvait-être assez fou pour oser couper le bras de son propre Empereur, aussi étrange pouvait-il paraître, tant il était celui qui représentait la faction au sein du Yuukan ? Aussi, à quel point était-il risqué d'affaiblir contre le monde une figure de puissance ?
Le nivéen n'en fit rien. Peut-être avait-elle succombé à la pression qu'il lui avait mise. Peut-être se torturait-elle l'esprit à l'idée d'accomplir sa volonté au risque d'impacter la Coalition entièrement. Envoyant son coup vertical avec quelques nuances de doutes qui étaient perceptibles à l'esprit du Sendai, l'enseignant du jour fit jongler sa main dans son dos. Au contact, il ne devait y avoir qu'un bruit sourd et qu'une surface solide pour réceptionner la frappe tranchante de la kunoichi. Malgré la force, malgré la détermination, la lame se planta très légèrement dans le chakra solidifié de l'adulescent qui s'était formé sous ses vêtements impériaux.
L'homme aux yeux bleus les plongea alors dans les iris de la Soldate. Par où commencer ?
-"Certains se feraient tuer pour moins que ça. N'oubliez pas que vous me devez le respect et l'allégeance, me couper le bras ne vous donne pas l'autorisation de me côtoyer comme si j'étais votre sous-fifre."
Faisant un geste vif de bras vers le bas pour retirer l'emprise du tranchant sur son corps, il se recula quelques peu.
-"Enfin, quelle importance, vous ne serez ni la première ni la dernière à m'en vouloir. Avançons plutôt."
Avec un étonnant recul, le manipulateur de chakra pur se moquait de ses provocations comme s'il ne les craignait absolument pas. Pourtant, cela pouvait être perçu comme une étrange intention de guerre... mais sa confiance débordante, accompagnée d'un fatalisme certain, ne l'amenait qu'à voir plus loin. L'entraînement.
-"Reconnaissons qu'il faut un certain courage et une certaine folie pour tenter de couper le bras à votre Empereur. Alors je ne comprends pas. Pourquoi êtes-vous hésitante ? Ce que vous venez de faire s'apparente à une des choses les plus téméraires qu'il est possible de faire dans le Yuukan."
Il exagérait de manière complètement voulue, une astuce qu'il employait pour faire relativiser à la brune. Car si le blocage était psychologique, elle pouvait tenter de le déverrouiller avec la pensée suivante : elle avait eu le cran de s'attaquer à une des figures les plus importantes du Yuukan, et ça, c'était plutôt encourageant vis à vis d'elle.
Dernière édition par Sendai Yahiko le Ven 18 Juin 2021 - 22:24, édité 2 fois
Sous l'emprise de ses doutes, la relation à laquelle elle faisait face fût rapidement remise à sa place. L'enjouée ne fît rien lorsqu'il corrigea ses dires, son approche assurément déplacée. Loin d'elle, l'idée de dépasser l'autorité dont il faisait preuve, son geste et ses mots ne furent que la résultante d'un essai, l'espoir de braver la difficulté que cet entrainement créait alors au creux de son estomac. Comme toutes les autres fois ou elle se trouvait devant la combativité d'un homme, Yenno avait ce besoin immuable de faire monter en elle, la rage de vaincre. C'était là, son point le plus noir, le plus compliqué à apprivoiser, les affres de la mort.
« Ce n'était pas mon intention monsieur. » Dit-elle finalement, courbant le dos en direction de son empereur.
Elle n'avait jusqu'à présent, jamais souhaité emmètre un quelconque jugement sur cet homme originaire de la foudre malgré une éducation patriotique. Elle eut toujours foi en l'avenir, se contentant alors silencieusement d'actes concrets concernant l'avancée du pays sur lequel il avait misé ses espoirs et qui se trouvait être, le terrain de ses attaches les plus profondes.
« Je ne souhaite pas me rattacher à des mouvements activistes silencieux ou militants pour l'heure concernant votre position. Je crois en l'avenir d'Hi no Kuni, simplement. J'aspire à votre grandeur d'esprit pour prouver à tous ceux qu'ils sont, leurs tords à votre sujet. Pour autant je ne peux les blâmer, mon père étant l'un d'eux. »
Se montrer ainsi face au plus grand n'était probablement pas la meilleure approche en plein entrainement, bien qu'elle fît preuve d'une grande sincérité, elle souhaitait manifestement montrer sa nature la plus pure, traduisant une loyauté teintée d’aspiration pour la paix.
Les paroles qui suivirent eurent l'effet escompté.
« La maîtrise de ma lame doit évoluer aujourd'hui. »
Dit-elle en essayant une nouvelle fois d'effectuer les mudras nécessaires pour faire surgir du métal, l’électricité nécessaire pour renforcer sa frappe. En alerte, elle recula à son tour de quelques pas, avant de remonter la pointe de son tranchant à l'horizontal, au niveau de ses iris rougeoyantes. Elle ne souhaitait plus offusquer par des paroles trop légères sous l'impulsion de l'excitation de l'apprentissage, si bien qu'elle attendit un instant avant de faire tournoyer son sabre une fois au dessus de sa chevelure, comme pour prévenir l'homme malgré son niveau bien au dessus du sien. Elle s'approcha alors dans un élan élégant, tentant d’acquérir une vitesse convenable pour sortir de cette situation de contrariété palpable, une attaque assez digne pour cet exercice.
Plutôt que d'y voir une quelconque crainte, le regard de l'Empereur reflétait une certaine indifférence amère. A la manière d'un fataliste qui estimait qu'il était tout à fait impuissant face aux torrents de la vie, l'esprit du gouvernant zappa les quelques réponses de la jeune femme comme si elles n'avaient aucune valeur. Car comme des promesses jetées en l'air, les mots de la jeune fille ne signifiaient pas une quelconque loyauté ou un quelconque dévouement : ils n'étaient en tout cas absolument pas lié à l'homme dont les origines divisaient mais plutôt, et cela valait pour tous les Teikokujin que l'Empereur avait rencontré, envers sa patrie.
Et parce que l'Empire était indivisible, bien trop rongé par la fierté et le sentiment patriote, nul Empereur ne saurait avoir un ultime pouvoir sur son peuple. C'était en tout cas l'image qui se forgeait dans l'esprit d'un Sendai bien trop ambitieux et optimiste, aveugle à l'idée qu'il était tout à fait possible qu'un guerrier digne de ce nom, héritier de la Volonté du Feu et de toute la hargne qui les habitait, puisse effectivement contrôler l'entièreté de l'Empire. Et s'il n'arrivait pas à contrôler les foules, cela était parfaitement normal : il était tout à fait idiot de songer une seule seconde qu'un ancien Kumojin puisse gouverner l'essence même de ce qui faisait le cycle de la haine : l'honneur, la fierté et le sentiment d'appartenance.
Et la jeune fille, bien que plus douce et bien mieux élevée que la plupart des Soldats que le nivéen ai pu rencontrer dans son règne, ne devait pas vraiment être une exception.
-"Et elle le peut."
Effectuant un mouvement rapide de bras, il mis son sabre en opposition à celui de la jeune fille et para une nouvelle fois la tentative de la jeune femme. Mouvement bien plus rapide et plus assuré que précédemment, il put remarquer que la mentalité de la jeune femme était bien plus assurée que quelques instants plus tôt, comme si le petit problème qu'avait imposé le Sendai l'avait aidé à prendre du recul. Une solution qui n'était certainement pas magique mais qui trouvait un premier impact plutôt encourageant.
-"Je pense que vous n'avez plus besoin de moi pour cela, ça ne dépend que d'entraînements que vous pouvez effectuer avec d'autres soldats. Par contre, je peux vous montrer autre chose."
En peu de mudras, l'Empereur changea également son orientation et fit fuser contre un arbre une lame de chakra tranchante, qui était apparut très vivement du vide pour filer à grande vitesse vers lui, qu'il percuta en le creusant quelques peu.
-"Il est à mon avis dommage de séparer les arts shinobis, et tout grand ninja se devrait de savoir utiliser l'art du Taïjutsu en complémentarité avec celui du Ninjutsu. Il en va de même avec le Genjutsu, dans des relations plus que réciproques..."
Sentant qu'il se perdait légèrement, même s'il ne pensait pas dire que des bêtises, il préféra aller droit à l'essentiel.
-"Maîtriser cette technique pourrait vous aider à créer des ouvertures pour vos attaques à l'arme. Essayez donc de vous l'approprier."
Une ouverture dans l'entraînement, certes intéressante, mais qui imposait également bon nombre de brefs apprentissages pour atteindre le résultat escompté. Voilà ce qu'attendait la jeune femme : plus qu'entraîner son Kenjutsu, elle allait améliorer ses compétences de shinobi.
Dernière édition par Sendai Yahiko le Mar 17 Aoû 2021 - 14:23, édité 1 fois
Si la générosité d'apprentissage combative envers les soldats du pays qu'il gouvernait tant bien que mal, se montrait récurrente chez cet homme ; Il ne semblait en être de sa capacité à discuter de son positionnement, de son titre et encore des difficultés du peuple à s'y fier. Ses expressions faciales ne furent pas inspirantes à la suite du discours de l'oiselle, pourtant sincère. Bien que, n’espérant pas de par son maigre rang et son inconnu faciès un échange d'une large profondeur avec le maître des lieux, faut-il croire qu'elle s'attendait après tout à un signe de reconnaissance, ne serait-ce que pour sa franchise et son ouverture malgré sa position d'Hijine. Elle souffla sur une mèche gênante au milieu de son front, manifestement pensive.
Écoutant, observant alors l'homme aux cheveux blanc, elle décida pour l'heure de ne voir plus qu'un maître shinobi comme les autres, si bien qu'elle se permit d'attraper au sol à quelques pas de là, de quoi s'hydrater, toujours attentive aux agissements de l'empereur. Coupée dans sa gorgée, la lame fantomatique rasa ses œillades méditatives et attira évidemment son attention.
« Oh effectivement, immédiatement monsieur. » Dit-elle, se précipitant sur ses appuis afin de tenter de reproduire les mudras adéquats.
Un maigre tranchant de foudre fît apparition devant elle, à faible allure avant de se planter mollement contre le sol bétonné du terrain. Il lui fallait se concentrer d'avantage, pousser encore plus son chakra et sa puissance afin de parvenir à un coup aussi puissant que le sien. Elle recommença plusieurs fois, jusqu'à réussir enfin à effleurer l'arbre d'un coupant moins volumineux, bien qu’acéré puisque le vent filait bruyamment sous son action. Il lui manquait encore quelque-chose pour parvenir à la force du coup du Sendai.
« Je ne suis pas si loin d'y parvenir n'est ce pas... ? »
Ses pupilles brillantes longeaient avec attention la maigre décharge qui défiait l'espace pour titiller le bois du frêne de son piquant. De la même manière, elles avaient suivi les quelques répétitions précédentes avec la noble intention de vouloir corriger les imperfections, et dieu savait qu'il y en avait tant les deux membres du Feu avaient tout juste débuté l'apprentissage de cette technique. Ce fut finalement après un dernier essai prometteur que le Sendai se décida d'intervenir.
-"Tout dépend de ce que vous appelez loin. Vous n'êtes pas proche de la réussite, mais je pense que vous l'atteindrez d'ici quelques dizaines de minutes."
Un résultat qui pouvait paraître mitigé mais que l'Ancien ne trouvait pas particulièrement démoralisant. Après tout, pouvoir ajouter à sa bibliothèque de technique un nouvel arsenal pratique était toujours intéressant, et savoir qu'il était accessible rapidement était à son avis même plutôt excitant.
Il était cependant important que l'enseignant du jour insiste sur les points importants de la technique, car bien qu'elle puisse paraître évidente, il était incontournable d'y intégrer les nuances pour mieux la perfectionner.
-"Peu importe l'expérience du ninja, la complexité dans l'apprentissage d'une technique repose toujours sur la quantité adéquate de chakra à utiliser. Ici, nous avons deux problématiques : à partir des mudras, il vous faut non seulement moduler la bonne masse de chakra, mais il vous faut également la propulser rapidement après l'avoir forgé. Pire que ça, la propulsion ne doit s'effectuer que lorsque la forme est déjà parfaite."
Plaçant lentement ses mains dans ses poches, relâchant ses épaules, il conclut sur ces quelques mots.
-"Ne nous pressons pas, faisons cela dans l'ordre. Tâchons de créer tout d'abord rapidement la forme de votre arme de foudre, nous la propulserons ensuite. Ne vous attendez pas à une réussite rapide, je ne pense pas que ce soit envisageable."
S'attendant alors à la voir répéter encore et encore, exhibant des échecs incontournables, obligatoires mais tout aussi important, il se mit simplement à faire glisser sa main gauche hors de son bas pour montrer la direction d'un autre arbre, future cible de la création de la Soejima.
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