Fureteur, le pérégrin traçait du regard ce lieu sans vie ni loi, ces vestiges d'un temps pas si lointain. Il se revoyait à la saison dernière, détaillant de quelques pas ces mêmes collines, bataillant contre les forces ennemis et célestes sous l'honneur d'une oriflamme qui l'a aujourd'hui abandonné. D'un œil tourné vers l'est, il portait son œillade dans cet horizon où les Vertueux avaient livrer combat face à l'invincible. Et si les rocs et reliefs portaient encore les stigmates d'une bataille dantesque, il était bien plus serein de revenir en ces lieux lorsque les cris des innocents et les corps des sacrifiés n'ornaient plus la terre. Mais si la peinture pouvait presque s'apparentait à une simple nature, l'étrange mutisme du vivant, que ce soit par l'absence des pépiements de quelconque rapace ou des insectes bavards drapaient d'une sordide pénombre ce lieu que la nature semblait bel et bien avoir oublié.

Alors trouver un maigre repos sur le bord d'une mare que les affres avaient asséchés, le jeune homme décanillant sa gourde pour en tirer une fine lampée se laissait aller à quelques réflexions révolues et altérées par des semaines d'esseulement.

Là, il tentait d'entrevoir le teint de sa peau dans les reflets de l'eau, mais tout ce qu'il put voir c'est une informe silhouette, un simulacre emprunt de ténèbres et d'incertitude. C'était à se demander si c'était bel et bien son visage où son âme damnée.

Mais que pouvait présager une telle journée si ce n'est une rencontre.

"Qui es-tu ?" questionnait le pérégrin encore accaparé par les mouvements ondulées de la barbotière.