Le lit de Seika, d’ordinaire si bien rangé et peu en bazar, même lorsqu’elle y dort, est dans un état assez anormal à son réveil. La veille, elle a achevé une leçon importante, auprès de sa Senseï, Chiwa Aimi, à savoir apprendre à maîtriser son chakra avec minutie. Si son évolution a été fulgurante, et en positif, elle est encore finalement plutôt loin de pouvoir se prétendre une experte en la matière, néanmoins. Cependant, après avoir continué de s’exercer sur les feuilles données par la rubiconde, la châtaigne a fini par s’endormir sans prendre le temps de ranger. Voilà donc pourquoi des feuilles se trouvent éparpillés autour d’elle, alors qu’elle se trouve elle-même les pieds dans le vide et la tête contre le mur, en travers de son lit.

Après avoir pris quelques secondes pour comprendre les raisons de cette situation, la Yawa a fini par se bouger pour prendre son petit-déjeuner et une bonne douche, afin d’attaquer au mieux cette journée. Pas question de s’entrainer, aujourd’hui : la directrice de l’hôpital, qui est également le mentor de la jeune fille, lui a donné une semaine pour faire les meilleurs progrès possibles. Pour n’importe qui, cela voudrait dire « Donne-toi à fond, j’attends de voir tes prouesses », mais pour celle pour qui l’effort est une seconde nature, cela a une autre signification. Pour elle, cela veut dire « Dans une semaine, je veux te voir faire jaillir du chakra vert, comme le mien ».

Durant toute la journée, ainsi, l’adolescente se concentre de tout son être pour tenter d’améliorer sa maîtrise du chakra. Les talents de la flamboyante l’ont impressionnée, encore plus que d’habitude, et pour lui faire honneur, Seika ne sautera aucune étape, et ira un pas après l’autre pour être certaine d’y arriver. Mais avancer un pas après l’autre ne veut pas dire qu’il faut y aller lentement. Tant que les pas ne sont pas trop espacés, il est possible, pour quelqu’un de déterminé, de les enchainer à une grande vitesse. Une feuille passant après l’autre, l’Irounin en herbe apprend ainsi à dessiner des formes assez basiques avec cette énergie bleuâtre qui réagit au papier spécial que lui a donné la Jônin.

Le premier jour lui permet ainsi de pouvoir étaler son chakra sans forme distincte, même si sur la fin de la journée, avant le néant apporté par ses dépenses d’énergie, elle parvient presque à déceler quelque chose dans ses créations. Ce n’est que – ou devrait-on dire déjà – le deuxième jour que la Genin réussit à former quelque chose de convaincant. Un kanji assez basique, n’ayant que peu de formes. Puis, plus tard dans la journée, la brune améliore cela, jusqu’à forme deux mots. Elle en sauterait presque de joie, car elle a réussi à écrire de manière lisible, et avec pour seule encre son propre chakra : « Aimi-Senseï ».

Lorsque débute le troisième jour de son apprentissage de la maîtrise du chakra, dans le but de pouvoir créer du chakra Irou, Seika doit désormais affiner ce qu’elle a réussi à faire la veille. Une fois prête à travailler, elle repart du point où elle s’est arrêtée la veille, à savoir l’écriture par le chakra. Concentrant cette énergie bleuâtre dans son seul doigt, elle apprend, avec quelques erreurs de parcours, à écrire tous les Kanjis que son esprit connaît, ne passant au suivant que lorsqu’elle est capable de dessiner le premier de manière parfaite, dix fois de suite. Cette façon de procéder est peut-être barbante aux yeux de certains bourrins avides de combat, néanmoins, dans le cas de l’utilisatrice des portes célestes, elle n’est pas aussi bourrue que son style de combat peut le laisser penser.

Pour parvenir à son objectif, il lui faut plus de temps que prévu. En réalité, deux nouvelles journées sont nécessaires pour que la châtaigne en vienne à se dire que sa maîtrise de l’écriture chakratique lui vient naturellement. Si elle pratique régulièrement, du moins, cela sera intuitif. Mais ce n’est pas encore ce qu’elle vise. Son objectif est de pouvoir faire jaillir ce chakra vert pour impressionner sa Senseï qui ne s’attend à la voir capable que d’écrire, au mieux, sur les feuilles qu’elle lui a données. Mais ce serait mal connaître la brune, qui a pris seulement quatre jour pour le faire. Peut-être n’est-ce pas un exploit, mais elle s’en contentera.

Sa cinquième journée se concentre alors sur la lecture d’un ouvrage passionnant visant à l’aider à émettre le chakra visé. Elle ne tarde pas à en comprendre la logique, et à mesure qu’elle lit, se permet également d’essayer les choses qu’elle peut y découvrir. Son esprit vogue entre les lignes, sans jamais s’éparpiller, jusqu’à ce que la nuit vienne à tomber. Mais une nouvelle la surprend, alors qu’elle arrête d’étudier pour cette journée. Le lendemain, soit la veille de son prochain cours avec Aimi, un courrier lui parvient, annonçant qu’elle devra se préparer pour une mission imminente…

Se disant qu’elle perdra une journée précieuse de son entrainement, elle veille alors plus tardivement que prévu, avançant dans sa lecture au possible. Au final, elle ne réussira pas à générer ce chakra médical si important à ses yeux, mais elle en aura au moins compris le principe, et se sent bien plus en phase avec son apprentissage qu’auparavant. Le lendemain… un terrible événement frappera le village d’Iwa, délayant énormément ses cours.

La sortie de l’hôpital de Seika se fait tardivement, après les soins qu’elle a reçus. D’abord s’est produit ce coma, dont la cause était plus causée par ses tourments mentaux que par son état physique, bien rapidement arrangé par sa Senseï, alors que la châtaigne ne souhaitait pas être remise sur pied du fait de sa responsabilité dans l’état des siens. Son propre état a été sauvé par une armure qu’elle portait, du fait de son chakra Doton, mais sa tentative désespérée n’avait sauvé personne, et tous, y compris le rubis d’Iwa, c’étaient retrouvés fauchés par la puissance terrifiante de Yonbi.

Si elle a longtemps ressenti une profonde culpabilité, c’est son crush ami Yugure qui est parvenu à lui remettre les idées en place et à la pousser à reprendre pieds, à défaut de le pouvoir lui-même. Au-delà de l’avoir sauvée de l’abandon pur et simple de sa carrière de shinobi et sa future vie de médecin, il l’a surtout motivée à vite sortir de son lit d’hôpital pour être d’un quelconque secours à la Chiwa dans le procédé de création de prothèses pour les Iwajins durement blessés.

C’est donc transformée que l’adolescente se rend dans le logement de fortune où sa génitrice réside depuis le désastre. Car oui, leur demeure familiale, et restaurant, n’a pas survécu au déchainement du Dieu-singe. Lorsque la jeune fille pousse la… porte de cette petite cabane en bois, très étroite, elle ne peut retenir ses larmes en apercevant celle qui lui a donné la vie. Cela fait maintenant près de deux mois qu’elle ne vit plus avec, du fait de son alitement, et qu’elle ne l’a plus vu autrement que dans ce centre de soins qui était sa demeure.

« Maman… »

Temporellement parlant, elles se sont vues la veille, mais les deux sont très émues de pouvoir s’enlacer ailleurs que dans ce lieu si impersonnel… La journée s’achève donc sur des retrouvailles émouvantes, ou enfant comme mère passent leur temps à parler, pleurer et parler de nouveau, comme si cela faisait des mois qu’elles ne s’étaient plus vues.

Le lendemain matin, la Yawa gambade dans les rues quelques secondes, avec un livre en main, avant de vite déchanter lorsqu’elle revoit l’état des lieux. Ce Ketten a causé tout ça. Ce démon également. En voilà deux qu’elle pourra difficilement pardonner. Mais ses jours sont comptés, pour apprendre la médecine, ou plutôt en finir. Les connaissances de base, et même avancées, elle les possède. Il ne lui manque finalement que deux étapes cruciales : savoir utiliser le chakra médical, et l’utiliser en situation réelle. Outre cela, il y a également l’autre facette de l’Iroujutsu, qui lui faisait peur, jadis. Ce que l’on nomme « hyperforce », et que la châtaigne refusait d’envisager, car mélangée à son autre attribut, les portes célestes, elle pourrait déployer une force sans égal. Mais aujourd’hui, tout a changé…

Trois jours ont passé depuis son retour au domicile – temporaire – et l’ouvrage qu’elle a lu n’a plus de secrets pour Seika. Ce matin, la jeune fille s’entraine donc à faire apparaître le chakra vert qui lui fait tant défaut. Se concentrant pour assembler les différentes étapes du procédé, elle commence donc par accumuler son chakra dans ses mains, et non dans un seul doigt. Celui-ci parvient bien à surgir, mais reste aussi bleu que le ciel. Ceci n’est que la première étape. Le faisant disparaître, la Genin sait qu’elle peut le faire jaillir sur ses mains, désormais, mais c’est sa nature qu’il faut changer maintenant.

« Pfiou, c’est le moment. »

Assise sur le rebord de l’un des rares bâtiments encore debout dans les environs, elle redouble de vigilance pour ne pas faire un pas de travers. Les pages du livre défilent dans son esprit, alors que ses yeux sont clos, et tout ce qu’elle a emmagasiné dans sa mémoire semble bien s’imbriquer, jusqu’à ce qu’elle sente son corps parcouru par le chakra d’une manière différente de l’ordinaire. Lorsqu’elle ouvre les yeux, une faible lueur à la croisée du vert et du bleu est visible. Elle ne dure qu’un instant, mais c’est suffisant pour montrer que ses efforts payent déjà. Les tentatives suivantes ne sont pas plus fructueuses, mais la Yawa ne se laisse pas démonter pour autant.

Jusqu’à ce que la lune ne chasse le soleil dans ce cycle effréné, l’adolescente persévère, laissant des améliorations se produire, tantôt sur la coloration du chakra, tantôt sur la taille du jaillissement. Elle finit par rentrer, alors que la fatigue semble la guider doucement vers le sommeil.

Le lendemain, Seika reprend assez tôt le matin et continue d’appliquer à la lettre les enseignements du saint livre. Comme la veille, la forme générale de son chakra s’approche de plus en plus du résultat escompté, et les changements semblent plus importants entre deux tentatives. A la tombée de la nuit, c’est le manque de chakra qui pousse la Yawa à s’arrêter, alors que sa production est presque identique à celle d’un véritable médecin-ninja.

C’est donc dans la troisième journée de pratique que la jeune fille parvient pour la première fois, sur les coups de midi, à obtenir un résultat qui lui convient. Son après-midi lui sert donc à réitérer des tentatives pour que la méthode lui semble plus naturelle. Son chakra est vert, et c’est déjà une bonne chose. Pour son prochain entrainement, la Genin pourrait donc passer à la vraie pratique, à savoir soigner une blessure quelconque… Mais autre chose lui fait envie, avant : tester l’hyperforce.