Le soleil couvert par de sombres nuages permettait tout de même d'éclairer l'extérieur du complexe shinobi. En plein après-midi, celui-ci était bondé de jeunes ninja désireux d’étoffer leur arsenal technique dans l’espoir d’impressionner leur senseï au cours d’une prochaine mission. Un petit nouveau aux longs cheveux châtains, présent ce jour-là, s’amusait à défier certaines personnes bien plus grandes que lui pour mesurer ses compétences. Une petite troupe de quatre personnes s’était regroupée autour de la leçon qu’il se prenait.
La moindre personne passant dans les environs et un tantinet observateur remarquera facilement les grosses lacunes de Ryûken. En effet, bien que certains de ses coups atteignaient la garde ou même parfois le visage de son adversaire, il concédait beaucoup trop d’offensives à son opposant pour espérer gagner. Il ne semblait jurer que par l’attaque, se concentrant uniquement sur des offensives à répétition plutôt que d’attendre patiemment une ouverture. Alors certes, l’apprenti sabreur au faible gabarit semblait plutôt bien encaisser les coups, mais il finirait par céder tôt ou tard à la douleur.
Après une quinzaine de minutes, un dernier coup de pied l’envoya au tapis, avant qu’un nouveau coup de talon en pleine tempe ne l’achève et ne le sonne pendant quelques dizaines de secondes. Quelques rires échappèrent du groupe de cinq Kirijin bien plus doués que lui, qui ne perdirent pas de temps avant de quitter le complexe Shinobi en félicitant leur ami victorieux. De son côté, le petit bonhomme puisa dans son mental pour se relever, puis dépoussiéra son kimono abîmé par les récents échanges martiaux auquel il s’essayait.
Etrangement, un sourire réapparut rapidement sur ses lèvres malgré la défaite. Ces shinobi du village caché de la brume, aussi doués étaient-ils, ne lui semblaient pas invincibles. Il fallait indéniablement qu’il progresse dans beaucoup de domaines, mais Ryûken ne doutait pas de son potentiel. D’un geste de la main, l’adolescent vint rattacher ses cheveux puis ramasser son sabre d’entraînement qui trainait par terre avant de le ranger à sa ceinture. Encore qu’un apprenti du Dojo des Sabreurs, le bâtard comptait bien mettre rapidement la main sur l’une de ces fameuses épées légendaires, mais le conseil ne lui avait malheureusement pas encore concédé de place. Il devait faire ses preuves, et continuer de s’entraîner pour ne pas perdre du terrain sur ses concurrents.
Tout de même fatigué par la rixe qu’il venait de disputer, il se laissa tomber sur le sol pour récupérer un peu. L’épéiste en herbe espérait secrètement qu’aucun nouvel adversaire n’allait se présenter à lui, car s’il avait trop d’égo pour refuser un duel, son état déjà lamentable le conduirait automatiquement vers une défaite certaine.
Comme à son habitude, après avoir déjeuné avec Shitekka et que le couple se séparait pour vaquer à leur travail respectif, Imekanu se dirigea vers le Complexe shinobi. Aujourd’hui était un jour spécial car elle y allait avec un arc bien différent en main. Elle se souvint alors le jour où ses doigts s’étaient posés dessus. Elle avait senti le ramat du vent respirer entièrement de cette arme qui pourtant semblait ordinaire en apparence. Bien sûr, elle n’ignorait pas les stigmas et les armatures rendant l’arc bien différent des autres, mais dans sa main, cela ne semblait pas changer de son autre compagnon.
La brune n’avait jamais combattu avec un autre équipement et s’en était déstabilisant. Mais elle n’avait pu refuser le don du Mizukage et voulait honorer cette marque de confiance. De plus, elle ne savait pas pourquoi, mais c’était comme si les kamuis avait mis l’archère sur sa route, leurs âmes étaient entrées en communion dès le moment elle avait posé sa main dessus. Ce fut pour cela qu’elle se dirigea vers l’endroit parfait pour s’entraîner. C’était là-bas qu’elle avait initié son premier apprentissage avec Shitekka, là bas qu’elle avait appris le plus. Saji lui avait expliqué quel pouvoir parcourait la création de bois et qu'elle allait devoir travailler dur pour le maîtriser et améliorer les capacités de son nouvel arc.
Une fois sur place, elle chercha un endroit avec des cibles, mais c’était assez bondé, attisant la curiosité de la chunin. Accompagnée de son nouveau partenaire de combat aux couleurs d’un bleu-vert à hypnotiser les plus curieux, Imekanu pouvait constater que l’on lorgnait beaucoup sur son arme. Elle les ignora tous et se dirigea vers le groupe qui observait un jeune adolescent s’entraîner sans relâche contre son opposant qui n’y allait pas de main morte non plus. Derrière et discrètement, elle analysait la scène, ayant l’impression de se retrouver à sa place un an auparavant. Les vilains rires du groupe de genin fit apparaître une veine sur la tempe d’Imekanu qui n’hésita pas à les pousser avec son épaule pour passer alors qu’ils quittaient les lieux.
Il semblait être armé d’un sabre, lui rappelant tous les sabreurs et samouraïs de ce village, en faisait-il partie ? Exténué, il n’avait pas remarqué le regard persistant de la brune et se contenta de caresser le sol de tout son corps. Imekanu fronça des sourcils et s’approcha, ses pieds à quelques centimètres de sa tête. Arc à la main, elle baissa son regard océanique vers lui.
« Toi, lève-toi ! Je t’ai vu te battre, j’aime bien ta personnalité, alors je vais t’aider. »
Elle ne savait même pas pourquoi elle lui disait cela, elle qui était venue pour un tout autre objectif. Mais le voir se démener et se battre contre l’autre racaille lui avait donné envie de l’aider. De plus, la jeune femme avait été un jour à sa place, c’était à son tour de donner le flambeau qu’on lui avait déposé entre ses mains d’Urumie et kunoichi.
Rongé par la fatigue, Ryûken récupérait tranquillement son souffle au beau milieu d’un des terrains d’entraînement du Complexe Shinobi. Etalé telle une étoile de mer sur le gravier, son regard plongé sur les nuages ornant le ciel vint être perturbé par l’intrusion d’une inconnue dans son champ visuel. Leurs yeux d’une couleur presque similaire se croisèrent alors pour la première fois, avant que ceux du jeune homme ne se décrochent pour voyager jusqu’à l’arme de la kunoichi. Un magnifique artéfact qui détonait évidemment des habituels outils d’entraînement fournis par Kiri pour les jeunes shinobi de la Brume.
Mais soudain, la voix d’Imekanu balaya la curiosité naissante de l’apprenti Sabreur en l’extirpant de ses pensées. Il s’attendit à une nouvelle demande en duel de la part de l’inconnue, mais fit finalement surpris de son approche. L’aider ? En quoi pouvait-elle l’aider ? Et que connaissait-elle exactement de sa personnalité ? Intrigué, l’adolescent se redressa tout en passant une main dans sa chevelure histoire d’en dégager les cailloux logés. Il laissait apparaître une grimace hésitante, tandis que son souffle trahissait toujours la fatigue due à l’entraînement précédent.
- M’aider ? Comme si j’avais b’soin d’aide !
Difficilement, le Genin poussa sur sa main ainsi que ses genoux pour se relever et faire face à son interlocutrice. Il dépoussiéra ses vêtements puis replaça son sabre correctement à sa ceinture. Une épée de basse facture, faite pour perfectionner son Kenjutsu au Grand Dojo dans l’optique de passer un jour son épreuve des Lames. Un objectif à court terme qui nourrissait toute son impatience.
Enfin présentable, du moins un minimum, le Bâtard prit le temps d’observer la nouvelle arrivante d’un air suspicieux. Il fit danser ses sourcils, jaugeant la Dame au bandana, et laissa finalement un léger sourire se dessiner au creux de ses lèvres. Il pensait avoir compris.
- C’est Honryu qui t’envoie, c’est ça ?
Qui d’autre pouvait bien vouloir l’aider ? Depuis son arrivée au village de la Brume, l’épéiste en herbe n’avait pas pris le temps de faire des rencontres, et mis à part ses quelques camarades du Dojo, personne ne montrait vraiment de bienveillance à son égard. Pas qu’il en cherchait, loin de là, puisque Ryûken préférait justement se mesurer aux shinobi que de leur demander de l’aide. Une manière efficace d’évaluer son niveau actuel.
- J’m’appelle Ryûken, et toi ? C’est quoi la leçon du jour ?
Tellement habitué à ce que son senseï délègue ses responsabilités à des personnes tierces, comme il l’avait fait par exemple pour son apprentissage de la charge, le Chien Errant était convaincu d’avoir à faire un nouvel instructeur proche de son mentor. Ainsi, il commença à s’étirer pour soulager ses articulations éreintées par la fatigue, espérant trouver assez d’énergie pour répondre présent devant les exigences d’Imekanu.
Mizu s’invita au travers de leurs pupilles similairement bleues. Au-dessus du jeune homme, elle semblait déterminée à lui venir en aide. Son arc à la main, nouveau compagnon donné par le Mizukage lui-même attirait forcément les regards. Prenant la parole, manquant peut-être de politesse ou de douceur, elle allait droit au but, comme toujours. Celui-ci se releva alors activement, silence toujours roi de leur échange. Reculant légèrement pour le laisser se mettre sur son trente-et-un. Son précédent entraînement ne l’avait pas laissé intact, la fatigue se lisait sur ses traits et sur sa respiration. Il repoussa tout d’abord sa proposition, faisant preuve d’une fierté qu’Imekanu appréciait : elle était pareille. Ses pupilles océaniques lorgnaient sur l’épée du genin, lui rappelant celle du Nobuatsu.
« Elle est belle ton arme, différente de la mienne, mais j’ai vu Saji se battre avec un sabre aussi, cela donne une certaine élégance durant un combat, je trouve. Est-ce qu’elle a un pouvoir ? »
Demanda-t-elle curieusement, s’en fichant du fait qu’il pourrait être agacé de sa présence. Enfin un sourire, même s’il ne semblait pas vraiment sincère, elle s’en contenta. Honryu ? Qui était-ce encore ? Fronçant un sourcil, elle lui fit comprendre que ce nom ne lui disait absolument rien et haussa même des épaules pour le lui prouver.
Celui-ci commença par se présenter avant de demander ce qu’elle lui avait prévu, comme si quelqu'un lui avait demandé de venir. Pour lui répondre, elle lui fit un grand sourire avant de baisser ses yeux vers ses jambes puis de remonter vers ce visage enfantin.
« Je m’appelle Imekanu, enchantée Ryûken ! J’ai vu ton combat. Nous, ceux qui combattent armés, devons aussi s’entraîner physiquement à réagir aux attaques de type corps à corps par exemple. Je me disais que je pourrais peut-être t’apprendre à esquiver, car cela ne semblait pas dans tes cordes. »
Déclara l’Urumie de but en blanc alors qu’elle s’étirait, toujours son arc à la main, la surplombant de sa petite taille. Ce n’était ni une moquerie, ni un reproche, simplement une constatation et si elle pouvait l’aider à écraser ce garnement la prochaine fois… Shitekka avait été un bon sensei, il lui avait offert la fibre éducatrice. Puis… c’était aussi un moyen pour elle de vaincre sa timidité et de s’intégrer au sein de la Brume.
« Alors, qu’en dis-tu ? Si tu es d’accord, je te laisse m’attaquer, pour te montrer ce que je veux t’apprendre. Tu verras, c’est facile ! Si j’ai pu l’apprendre, tu pourras aussi ! »
[i]Proposa Imekanu avec engouement et se préparant à devoir agir à l’offensive du jeune kirijin, s’il le souhaitait. Son sourire plus qu’innocent et sincère ne pourrait pas faire hésiter ce Ryûken bien longtemps !
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