Quelques jours s'étaient écoulés depuis son retour d'Asosan et Otsuge se questionnait toujours sur les révélations qui lui avait été faite là-bas par le vieil homme. Il avait bien tenté de soutirer davantage d'informations auprès de l'esprit de son sabre, mais le Nécromancien était demeuré muet à ses questions. Ce qui le tiraillait le plus dans toute cette histoire était le lien que le Gladiateur avait exposé entre l'origine des armes à pouvoir et sa propre famille. Le clan Naragasa avait-il vraiment été instigateur de leur création? Ou était-il simplement un acteur qui avait profité de leur création par autrui pour asseoir leur domination sur l'Archipel? Dans tous les cas, davantage de questions étaient émergées de cette mission.

De bonne heure, le jeune noble s'en était allé récolter les rapports de ses partenaires pour les délivrer en personne au Mizukage. Contrairement à son habitude, il s'était porté volontaire pour cette tâche ingrate car il souhaitait exposer ses doléances au Nobuatsu par rapport à la suite des choses. Au Palais de la Brume, Otsuge attendit patiemment quelques minutes le temps qu'une assistante s'en aille prévenir le Mizukage de son arrivé puis elle l'invita à la suivre jusqu'au bureau de ce dernier. Après avoir toqué timidement, elle ouvrit grand la porte du bureau avant de se retirer en laissant le Sabreur pénétrer la pièce. À peine un pied mis à l'intérieur du bureau du Mizukage, qu'Otsuge s'inclina poliment dans la direction de ce dernier.

- Saji-dono.

Il se redressa promptement et s'avança de quelques pas pour s'approcher de Saji. Il se tenait fièrement et dignement devant le chef de sa Confrérie, avec une droiture exemplaire, et Shusui qui trônait à sa hanche.

- Je viens vous porter notre rapport sur Asosan. La mission a été un succès et pour le moins instructive...même si elle me laisse un peu sur ma faim.

Le jeune ébène tendit alors un rouleau de parchemin de plusieurs épaisseurs et le déposa sur le bureau de l'homme masqué. Bien évidement, ce rouleau contenait les rapports détaillés de tous ses collègues sur leur mission sur l'île des Gladiateurs. Après avoir laissé quelques instants au Mizukage pour le parcourir, Otsuge reprit la parole prestement.

- Nous avons rencontré le chef des Gladiateurs, Kagai Wani. Il a partagé avec nous une unique information : les épées des Sabreurs, comme les armes des Gladiateurs, tireraient leur origine du même endroit et elles auraient toutes été créées selon le même principe. Qu'impote la légende qui entoure l'arme, elle est fausse. Les armes auraient été créées par un même individu ou groupe en scellant le chakra et l'âme d'une personne à l'intérieur. Le pouvoir dont hérite l'arme est directement lié à cette personne. Un manipulateur du Yôton, par exemple, scellé dans une épée lui donnerait des pouvoirs proche de la lave.

- S'il ne pouvait nous en dire plus sur la personne ou le groupe qui est à l'origine de la création des armes, ni même sur la méthode qu'ils auraient employé pour accomplir un tel acte, il nous a dirigé vers la Seigneurie. D'après ce qu'il nous a dit, un ancien Seigneur de Mizu aurait commencé à amasser ces armes à pouvoir afin de se constituer une armée pour défendre le pays. Une armée qui serait par la suite devenu le clan des Sabreurs.

Otsuge marqua une première pause dans son récit. Derrière son masque, les expressions du Mizukage étaient imperceptibles. S'il ne connaissait pas lui non plus l'origine des armes à pouvoir, était-il au courant de ce fait sur l'origine du clan? Se redressant de plus belle, le Naragasa poursuivit.

- Je sais que je ne suis que Genin, mais j'aimerais avoir votre autorisation pour mener une nouvelle mission pour obtenir plus d'informations. J'ai déjà rendez-vous avec mon oncle dans quelques jours pour une affaire familiale, je pourrais du même coup le questionner à ce sujet. Comme vous le savez, je suis un Naragasa...et ma famille est intimement lié à la Seigneurie de Mizu depuis plusieurs générations. Je crois qu'il n'y a donc pas meilleur endroit que là où j'ai grandit pour trouver les réponses qu'il nous manque.

La piste lancée par le Conservateur selon laquelle l’origine des lames légendaires était étroitement liée à celle des Gladiateurs d’Asosan fournirait enfin aux épéistes de la Brume un véritable historique sur leur clan, un exégèse à partir duquel ils pourraient expliquer pourquoi des esprits résident à l’intérieur de leur l’âme, et d’où elles viennent. Derrière ce voile de mystère se cachait une terrible vérité qu’ils étaient prêts à découvrir qu’importe les moyens engagés, car il avait le pressentiment que leur méconnaissance du passé de leur clan n’était pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un effacement de la mémoire collective à ce sujet.

Plutôt que de se laisser aller dans la psychose et la théorie conspirationniste, il était important pour le Nobuatsu d’avoir des appuis plus tangibles que de simples soupçons, et il s’avérait que ses confrères soient récemment revenus de leur mission. Celui qui fut chargé de lui remettre le rapport n’était autre que Naragasa Otsuge, un genin qui avait montré un engagement certain dans la défense de son village et de ses intérêts, il n’était aussi pas présomptueux d’assumer qu’il était l’un des plus brillants parmi ses homologues. Bien que son passé fût également lié à un passé houleux et une famille royale de laquelle il avait décidé de s’éloigner, il semblerait que le destin l’ait de nouveau rappelé à ses racines.

Son frère d’arme lui reporta alors la réussite de leur mission, qui leur permit notamment de récolter des informations cruciales pour la suite et sur laquelle il espérait intervenir pour diverses raisons qui lui étaient propres. Si le chef des Kagai s’était montré récalcitrant au départ, le vieux bougre avait fini par cracher le morceau aux émissaires kirijins qui s’enquéraient sur les origines des armes à pouvoir, car c’est non sans surprise qu’ils découvrirent la provenance commune des armes des Sabreurs avec celles des Kagai. En effet, ceux-ci auraient été confiées par le Seigneur à des manieurs de la lame ainsi qu’à des gladiateurs dans le but de renforcer son armée.

Une idée qui semblait logique dans le sens où Mizu était dominée par une forte culture militaire, et cette rivalité constante avec les autres villages cachés qui contraignait le daimyô de l’Eau à équilibrer ses forces avec celles du Grand Continent. La question qui demeurait cependant était: le seigneur était-il au courant de l’origine de ces armes? Qu’advenait-il des âmes des personnes qui étaient scellées à l’intérieur de celles-ci? Une question en amenait une autre, si bien que la vérité paraissait encore plus lointaine qu’il n’y paraissait. Mais une chose était sûre, l’homme qui pourrait les renseigner n’était autre que le daimyô actuel, dont l’un des prédécesseurs aurait procédé à la remise de ces armes au pouvoir spécial.

Après avoir écouté attentivement les paroles de son comparse de la Brume, il considéra la requête du genin qui souhaitait mener une nouvelle mission au-delà des confins du village, profitant de cette occasion en tête-à-tête avec le chef de Kiri pour obtenir son aval.

— J’accepte ta demande, sauf que tu ne t’y rendras pas en tant que Genin mais en tant que fier Chûnin de la Brume. Du fait de ton implication au sein du village, je pense qu’il est grand temps pour toi de gagner en responsabilité et de mener ta propre équipe. Bonne route.

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