HRP:

Définitivement, il ne fait pas bien vieux. Kusa se demande s'il serait déplacé de demander l'âge de celui qui les gouverne. Quoi qu'il en soit, quand elle le regarde de loin, toujours très loin, c'est une adepte du dernier rang; elle a du mal à le prendre au sérieux.

__ Ce sale morveux.

La kunoichi commente à haute voix sa pensée. Une vieille mauvaise habitude. Mais en glissant ce terme indélicats pour désigner son empereur, elle a le ton joyeux, l'air amusé. Son sourire la désigne presque satisfaite de ce qu'elle vient d'entendre... pourtant bien des points ont de quoi la faire tiquer. Ce petit arrogant lui rappelle quelqu'un qu'elle affectionne, en cent fois plus baléze. Les jeunes de nos jours, ils sont incroyables quand même. Kusa a leur âge était encore si innocente, apprenant tout juste l'art shinobi, ne connaissant des guerres que le fléau civil. Elle courrait comme un poussin derrière un mentor improvisé. Enfin, jusqu'à avoir son petit monstre ingrat dans les pattes. Elle n'a qu'une trentaine d'année et se sent déjà comme une vieille peau de soixante balais à force d'en voir des vertes et des pas mûres.

Mais très vite, le sujet initial de sa présence la rattrape et gâche son humeur. La tragédie du pont la désole au plus haut point, la renferme un peu plus dans sa lassitude d'espérance. Plus le temps passe et plus le monde la désillusionne. La Warui se rappelle avec une nostalgie aussi triste que l'incident du jour où elle était tombée en admiration des prouesses des shinobis. Elle regrette tout le temps et l'énergie, la dévotion qu'elle a gaspillée pour en devenir une elle-même. Elle les voyait comme des personnes exceptionnelles, capables d'être les sauveurs de sa réalité cauchemardesque. Puis elle avait voulu faire partie des héroïnes avant d'apprendre à ses dépends qu'ils n'étaient que des humains comme les autres en définitive. Quand deux civils se battent dans un bar, ils font des dégâts à hauteur humaine, mais quand ce sont les ninjas... les cataclysmes de mère nature ont même du mal à rivaliser parfois. Mais l'action et sa nature reste la même.

Alors... est-ce que le monde serait mieux sans chakra ?

Son regard se porte sur ses mains alors ses camarades s'agitent à ses côtés face à la provocation de l'empereur. Kusa relève alors le regard vers cette silhouette lointaine. Et sans son chakra, il les pulviserait encore le morveux ? Et elle, sans son chakra ?
La femme sait que ses soins ne seraient plus aussi efficaces, qu'elle sauverait moins de vie aussi. Encore que, elle soigne plus des blessures causées par les entraînements qu'autre chose ces derniers temps. Voilà qu'elle ne sait plus quoi penser. Leur objectif de l'empire est de détruire l'homme au chapeau, qui veut lui même détruire l'essence même du shinobi. Mais... l'empire n'est même pas capable de maîtriser sa propre force "chakratique" si on prend l'exemple du pont. Comment jeter la pierre à un homme qui apporte une solution définitive à ce genre de problème ?

Kusa se dit qu'elle serait probablement jeter au bucher si quelqu'un pouvait lire ses pensées. Rien que de méditer dans ce sens fait d'elle une traître dans les normes actuelles... mais elle ne peut pas s'empêcher de penser que quelque chose ne tourne pas rond. Certes, avec ou sans chakra les hommes se feront toujours la guerre, c'est dans leur nature. Mais les dégâts ne sont pas les mêmes si on reprend l'exemple des ivrognes du bar vs les égos shinobis. Ses compères débattent à ses côtés, mais la femme ne participe pas, elle est perdue dans ses pensées troublées... Réfléchir ne lui a jamais rien apporter de bon.

Une discipline de mains de fer dans des mitaines