L'Apothicaire du bois sacré:

- Attends … Tu me cachais ça depuis tout ce temps ? Par quelle magie … Serais-tu un sorcier ?

- Lâche moi tu veux, contente toi de regarder et admirer. Et puis quoi encore … Dis que je sors tout droit de tes obscurs mythes et légendes tant que tu y es … Krrrr. T’es un homme de terrain, tu ne peux pas comprendre la valeur d’un tel endroit pour un apothicaire. On ne dévoile jamais ce genre de secrets, pas même à ses meilleurs amis. Sans de réelles instructions, ils pourraient finir noyés ou intoxiqués dans ce laboratoire. Hu hu hu … tu pourrais très ne pas repartir d’ici, kuhuhu …

- C’est bon, ne te vexe pas aussi vite … Tant que tu ne me fais pas boire une potion d’invisibilité irréversible, ou autre mixture farfelue.

Dès le léger rideau ornant le couloir au bout de l’entrée, une aura singulière envahit immédiatement les sens du gardien sacré, momentanément perdu dans une tumulte d’expériences sensorielles encore nouvelles et étranges. Cette alchimie était le résultat des quelques préparations en cours dont les contenant fumaient à plein feu, de ces innombrables étagères recouvert de bocaux en tout genre où serpentant une grande collection d’herbes et plantes en tout genre. Ne restait plus qu’à compléter ce tableau olfactif par une poignée de sacs d’épices et la maturité du bois utilisé dans l’architecture intérieure pour sublimer cette découverte unique.

Les deux compères évoluaient littéralement à travers une mini jungle aux couleurs folklorique, avec une pointe de désordre ambiant pour donner cette touche de savant fou indéniable au métier d’Apothicaire. Même pour un habitué des voyages et des paysages aussi variés les uns que les autres, cet endroit demeurait rempli de mystères et de curiosité presque enfantine. Ceci sans parler des fioles et autres ustensiles exotiques qui jonchaient les différents plans de travail, dont on avait l’irrésistible envie d’essayer rien que pour se donner l’air de comprendre et maîtriser la chose.

Mais en dehors de l'émerveillement, cette mise en bouche traduisait surtout le long travail d’étude qui attendait Gyuren afin de maîtriser dans un premier temps les préparations et mixtures fondamentales avant de passer aux plus complexes. Autant dire que le duo allait passer un bon bout de temps, jour après jour, dans cette officine de sorcier. Cela ne le refroidissait pas pour autant, malgré sa préférence naturelle pour l’action et le feu de l’action direct … En effet, derrière cet apprentissage résidait l’ambition encore non abandonnée de trouver un remède à la résonance et potentiellement face à une nouvelle calamité de ce genre.

Il en était conscient, contrairement à beaucoup d’autres. Ce qui l’inquiétait ne résidait pas tant dans les Bijuus seulement, mais du risque permanent que ceux-ci représentaient rien que par leur éveil. Ce genre de dégâts collatéraux qui ne demandaient pas un simple combat mais bien plus de temps et d’effort sur plusieurs années. Tout le monde n’avait pas la chance d’être soldat, ninja ou moine. En ce sens, investi d’une détermination inébranlable, le guerrier se dressa d’emblée devant l’un des plans de travail pour signifier sa coopération infaillible …

- Bien, bien, bien … Je vois que tu es déjà installé. On ne va pas passer trois heures à discuter de simple théorie, c’est barbant et pas trop mon style. On fera ça au fur et à mesure de l’expérience, on apprend mieux de cette façon. Enfin le corps apprend mieux. Avant de commencer, sors moi donc la liste qu’on a récolté et commence à les étaler sur la table de façon à bien les distinguer. Pendant ce temps, on va jeter un coup d’oeil à ce grimoire, hmmm …

Ni une ni deux, Gyuren s’appliqua méticuleusement à décorer la table de leurs trouvailles précédentes, targué d’une grande concentration envers le faciès du sombre corbeau, qui d’un moment à l’autre allait étaler l’ensemble de son savoir en un spectacle hypnotique.