Le pays du rempart le plus sûr du Yuukan ?
Un rictus moqueur s’affiche sur le visage de la chasseuse lisant le journal durant sa pause. Y-a-t-il réellement un endroit plus sûr qu’un autre ? La fille n’y croit pas. Pour le moment, elle ne regrette pas d’avoir sacrifié son argent pour récupérer son bout de papier avant de rentrer au bercail. En le lisant, elle recherche davantage une piste lucrative sur sa future destination, mais pour autant, difficile de ne pas le parcourir de long en large. Elle n’aurait pas cru que le métier de journaliste était si dangereux et s’inquiète un peu de la mauvaise réputation que les criminels font aux shinobis non affiliés aux grands pays.

L’article suivant sur cet étrange phénomène de voix dans sa tête la fait en revanche grimacer. Faire disparaître le chakra, rien que ça. Jiao ne peut nier que son usage peut être plus que néfaste, mais de là à oublier l’efficacité de l’iroujutsu face aux blessures et maladies. Certes, son rentan a une vocation plus sombre. Pourtant, les dons ninjas ne servent pas qu’à se battre entre eux ou prendre des vies. Elle a le souvenir de cette kunoichi maniant le suiton qui avait empêché une partie de sa forêt natale de partir en fumée. Le chakra et la technologie s’équivaut pour elle, le problème ce n’est pas tellement la chose en elle-même, mais ceux qui en font usage et surtout comment. Et pour canaliser tout cela, elle croit en un système de lois et en ceux qui les font respectés. Le problème, selon la fille, c’est que ces dernières ne sont pas universelles dans le Yuukan. Chaque pays a sa propre tolérance face aux potentiels abus. Qui en sont d'ailleurs aux yeux des uns, mais pas des autres. Différents moyens aussi pour y faire face. Elle se demande comment elle réagirait si on s’en prenait à ses terres de naissance. Et d’un autre côté, on lui a toujours appris que l’équilibre du monde dépend de cette loi du plus fort. Comme pour la chaîne alimentaire.

Du coup, elle a du soucis à se faire, voilà pourquoi elle ne doit pas faire de vagues. Au moins, avec toutes ces catastrophes, tous les shinobis des grandes nations seront occupés chez eux… En théorie. Du coup, mieux vaudrait pour elle de ne pas approcher de toutes ces zones-là. Mizu ne l’a jamais tenté de toute façon et l’empire et ses soldats ne lui ont jamais rien inspirés de bon. Idem pour Iwa. Quant à Ame, la dernière fois qu’elle y a mis les pieds, Jiao y a perdu toute sa bande. Trop dangereuse cette zone. Ce n’est pas dans le pays du bois qu’elle trouvera son opportunité. Les natifs préfèrent en général servir la communauté locale. Par élimination, suivant son plan originel de trouver sa voie via le journal… il ne reste que Kaze. Pays dont la situation actuelle n'a rien d'enviable et c'est justement ce qui fera peut-être que les opportunités seront au rendez-vous.

L’environnement aride du pays du vent a quelque chose de dangereux qui lui plait bien. Bémole, elle ne connait rien du désert. C’est la mort assurée qui l’attend si elle perd son chemin. Elle pourrait emprunter une voie marchande qui la mènerait vers la capitale tourmentée. Puis une fois sur place ?

L’évidence la frappe de plein fouet, elle n’a aucun plan et ses objectifs sont clairs, mais la façon de les mener est devenue particulièrement floue pour Jiao ces derniers temps. En rangeant le journal, la fille prend conscience que c’est fou de choisir une destination de cette façon, d’un autre côté, elle ne compte pas pourrir ici à attendre un signe du destin. Dans tous les cas, elle ne perdrait pas son temps, Kaze devrait lui offrir son lot de bestioles et plantes venimeuses pour agrémenter son éventail de drogues et poisons. Faute de trouver des employeurs, dans le pire des cas, elle pourrait occuper son temps aux études. Traverser Hayashi lui prendra quelques jours, tandis qu’elle fera le plein d’ingrédients pour ses concoctions et de peaux à troquer; la fille aura largement le temps de repenser à tous ses points avant de prendre sa décision finale…

En attendant, la kunoichi reprend sa route et sa silhouette disparaît au milieu de la végétation en direction du sud.