Il y avait eu l’échec ; puis la remise en question des guerriers des autres villages. Être solitaire face à des gens de son propre village, gorge amère et égocentrisme au plus haut niveau qui avait eu pour conséquence de te faire perdre la première épreuve. Pas que cela te dérangeait au vu des conditions de l’épreuve mais tu avais l’intime conviction que cela ne serait pas arrivé avec d’autres stratèges.
Moins enfantins.

Lorsque tu avais reçu l’affectation concernant la deuxième épreuve ; non mot et non dit. Si l’intelligence fut testée, la force devait l’être. Et si cela devait l’être face à marée humaine, il en sera ainsi. Alors te voilà, au sein de cette aristocrate arène circulaire ; le terrain te rappelant celui des plaines rocheuses d’Iwa. Ton arsenal savamment caché sur ton dos, les nombreux tissus corbeaux et sanguins te voutant le dos, un haut de forme cadavérique presque partagé, diffusant une vaguelette d’ombre s’arrêtant au milieu d’un nez taquin. Cachant visage arrière.

▬ Deux membres d’Iwa sur un terrain rocheux, majestueuse ironie.  
Tu t’inclinas, très légèrement à cause du poids dans ton dos, ne voulant révélé ton atout.
▬ La logique voudrait qu’on reste les bras croisés, à défaut de faire baver ces quelques chiens dans les hautes tours.  

Puis tu allas te positionner à l’aide de plusieurs sauts à l’autre bout de l’arène, sur le rocher le plus stable et haut du terrain. Tes doigts gigotèrent tels des vers de soie, une multitude de câbles céruléens s’activant dans une orfèvrerie d’or. Funambule oublié d’un orage ; sur un fil de Chakra tendu le gouffre te regardait, la bouche malicieuse. Tu n’aimais pas le combat, la boule hasardeuse au creux du ventre, la pression contre ta pomme d’Adam - que tu possédais - malgré les quelques railleries de certains Ninja suite à ta crinière incandescente et ton allure précieuse.

Impression d’être pygmée face à panier de basket.
Dans un cliquetis métallique, les bras du pantin désabusé se plièrent sur un angle de 90° degré s’ouvrant sur un abysse : l’étui creux que constituait les membres de l’esclave. Le changement caché par les épais drapés de laine vierge habillant le manipulé tandis que ce dernier se trouvait toujours sur ton dos, le système d’attache prêt à être ôté au moindre mouvement d’un de tes métacarpes ou phalanges.

Tu ne bougeas pas. Reste à distance, homme de soutien et non d’attaque. Homme d’équipe et non solitaire. Déjà dos au mur alors que les hauteurs du rocher te donnait un certain vertige face à la pression pesant sur tes épaules, bien moindre que le poids anarchique de ton pantin de bois et de métal.

Où était passé ton arrogance ? Où était passé l’homme qui toisait de haut son géniteur ? Où était le grand chevalier sauvant les sauvages du pays du Feu ? Tu devenais mouton plutôt que lion. La paralysie. Le cerveau comme une toupie. Les poésies antiques et la culture antédiluvienne que tu t’obstinais à refaire vivre à travers ta grande consommation n’aiderait pas face à l’épée et au poing.

Cette compétition n’avait même pas encore réellement commencé que tes pupilles se brouillaient, s’affolaient. L’étreinte meurtrière du débutant. De la première à l’orée d’une Lune. La tension de la corde bleuâtre qui tangue. Oscillation mentale ; physique se fondant dans rocher : Le paraitre avant le psychique. Faux sourire arrogant, un sifflement.

▬ Merde…  

Ils étaient tous arrogants.
Pas un seul pour rattraper l’autre. Pas un qui avait un brin d’humilité. Conscient d’une puissance modérée alors que n’importe qui de ce tournoi restait un Ninja avec le grade le plus faible de la hiérarchie guerrière. Même au sein de ton propre village, cela avait eu le goût à te taper légèrement sur le système. De la peine pour les autres, de la rancoeur envers les chefs d’équipe. Genin sans doyen et sans équipage, tu avais appris solitairement à l’aide de la bibliothèque et de nombreuses nuits blanches. Autodidacte du savoir, nul besoin d’avoir une tête au dessus de toi, le ciel et le talent suffisaient amplement. Tu savais pertinemment que personne dans les gradins te soutenaient, ni ta famille, ni un maitre Junnin et encore moins les membres d’une équipe inexistante. Le bois était le meilleur allié.
Solitairement.

Ce n’était pas le petit manège et le haut air que le faux chevalier avait pris avec toi un peu plus tôt avant le commencement qui te faisait voir rouge. Dans le bon sens comme dans le mauvais. À croire que le respect entre militaires avait disparu en même temps que l’activité politique du premier Kage du village caché de la brume. Peut-être que les examinateurs en prendraient compte, sagesse contre l’outrecuidance. Un problème de mesure de soi-même qui plongerait bon nombres de Ninja dans un gouffre béant.

Ton regard se perdant pendant quelques secondes sur le sac, tu levas les yeux vers les cieux. Perdre du temps ? Très bien, qu’il en soit ainsi. Tu n’étais pas homme de combat mais plutôt de duperie. S’il fallait mettre fin rapidement au combat, il en serait ainsi. Quoique. L’adversaire fonça, malgré toi. Tu espérais un brin de retenu mais l’avidité était plus forte, comme l’égo surdimensionnée de ce petit homme. Dès son premier pas, l’attache de ton pantin se détacha, ce dernier s’extirpant tel un démon dans le cliquetis singulier des marionnettes Ninja. Un bref mouvement, le pantin désabusé passant devant toi, ses avants bras modifiés au préalable laissant coulisser deux longs sabres au moment opportun.

Suite à la préparation au préalable de ton bouffon de bois, tu avais pu te protéger aisément de l’impact de l’objet non identifié sifflant à travers les airs de l’arène. Une rapidité exacerbée, tu tiquas d’un sourcil levé vers le haut. Un simple jet de Kunai ou de Shuriken était l’une des choses les plus simplistes à éviter, même pour un débutant. Il y avait anguille sous terrain rocheux d’arène. L’homme pressé aux techniques précoces de rapidité. En espérant pour ces quelques partenaires qu’il ne soit pas aussi instantané dans des draps duveteux.

Le Shuriken allant se coincer sur la partie droite du visage noueux de ta première marionnette ; cette dernière, d’un geste vif de sabre ôta l’objet métallique, laissant une cicatrice incrustée dans le bois. Tandis qu’au même moment, tu te déplaças circulairement sur 90 degré à gauche par rapport à la trajectoire de l’ennemi. Malgré son saut et son envie de rapprochement, il allait falloir mettre un peu de distance, hors de question d’être au corps à corps. Peu à peu, les avants bras disloqués du jouet s’activèrent, effectuant de plus en plus rapidement des mouvements circulaires, faisant tournoyer les sabres de façon régulière. Un coup suffisait ; tranchant.
Lui faire perdre son temps.

Puisqu’il semblait si pressé.
Dansons.

Quelques piques pour combler manquement d’amour de la mère ; sûrement nombreux problèmes familiaux à la maison, défouloir dans l’arène avant de finir en pleurs dans le lit. Un peu comme un complexe de taille de verge dans l’urinoir. Que cela ne tienne, un refus catégorique à répondre à ses affirmations, à son spectacle verbal. Tu n’étais pas homme de violence non écrite, du moins pas dans ces conditions. Et même si ton encéphale avouait pleinement que cela faisait sûrement parti du spectacle, ton éthique se refusait à de telles pratiques.

Toutefois, les spectateurs des hautes sphères ne semblaient pas de ton avis et tu pouvais déjà entendre quelques sifflets suite à ta première fuite. Le jeu de la danse ne semblait pas convenir aux chiens de bataille ; ayant sûrement dilapider leur épargne légère pour assister aux massacres des nouvelles générations. Ils voulaient du sang et de la haine. De la violence et des cadavres. Tu laissas transpirer un bref soupire, mi blasé mi fatigué digne d’un jeune homme du Clan Nara. Ta légère crinière incandescente se mouvant face à la brise du mouvement des sabres de ton pantin. Plisse les pupilles tel esclave dans sous sol.

Deux nouveaux projectiles filant droitement vers vous ; tu fis tournoyer sur elle même à l’aide de tes cordes de Chakra le monstre de bois ; ses bras rotatifs servant de bouclier à défaut de venir combler un manque de sang au corps à corps. Le premier projectile venant rebondir sur l’une des lames, finissant tristement sa course sur l’un des murs en hauteur de l’arène. Toutefois et sûrement par manquement de rapidité par rapport au deuxième projectile ; ce dernier vient encore une fois se loger contre la marionnette, creusant sa cage thoracique, quelques copeaux de bois s’étalant contre le terrain rocheux.

Grimaçant légèrement, tu te décalas - comme la première fois - en direction de cette fameuse sortie que le jeune teigneux avait énuméré. Mouvement circulaire depuis le commencement, la boucle était presque bouclée, tu dansais. Et puisque que la première fois était toujours la meilleure, le sabre droit de ta marionnette évacua une seconde fois le projectile, le renvoyant avec une force toute modérée et presque absurde contre le mur du premier lancé échoué. N’arrivant même pas à s’incruster contre ce dernier glissant mollement pour finir sa course ironique, s’effondrant sur une plaque rocheuse. Ta marionnette te protégeait ; mais pas pour longtemps. La composition de l’arlequin de bois était fragile ; les drapés n’étaient qu’illusion de puissance. Tu n’allais pas pouvoir continuer comme ça pendant longtemps.
Bouge toi.

Le dernier effort ; celui de la gloire pour la gloire. Celui de l’essai pour l’essai. Une maitrise de cérémonie pour une évocation de pouvoir pour quelques esprits corrompus. Tu avais perdu, il n’avait nullement de discussion à avoir concernant cette décision. Toutefois, un sourire mêlant trop haute estime de soi et douleur à en vomir - chose sûrement déjà faite sans que tu le remarques - apparu brièvement sur ton visage. Bienheureux était le sot d’avoir réussi à toucher une seule et unique fois son adversaire. Histoire de ? Histoire de dire que tu avais réussi, simplement. Il y avait aucune fierté à cela.
Les derniers seront les premiers.

Tu regardas le jeune homme émettre un arrêt par une énième technique à ton attaque bien trop désespérée. Toutefois, les trois aiguilles de métal que tu avais lancé dans un dernier souffle avait fourni assez d’effort pour venir arracher quelques brides de tissus du long manteau émeraude de ton adversaire, tâchant sûrement ce dernier de son propre sang. Dans ton esprit, tu avais gagné. Mais seulement dans ton encéphale malade et altéré par ta vision brièvement trouble, noiraude, les hurlements de la foule faisant écho aux plus longues litanies de haine que tu aies entendu à ce jour. Mais comme disait-on dans certains foyers, toutes les bonnes choses ont une fin.

La vision de ton pantin lugubre s’écrasant dans un puissant fracas contre le mur bétonné de l’arène circulaire t’asséna une nouvelle pointe au coeur et une sueur froide, circulante tel un serpent venimeux le long de ta colonne vertébrale. La cage thoracique du monstre de bois fini par se disloqué entièrement ; l’ouverture déjà impressionnante devenant alors un gouffre béant à la noirceur incandescente révélant nombre de secrets et de mécanismes que tu aurais préféré gardé sous tes brevets. Alors tu désactivas tes fils de Chakra. Alors tu perças un profond soupir, la larme de sang au bord de tes deux commissures sèches par l’air de l’escarmouche. Alors, tu avais perdu.

Et comme pour te le rappeler une énième fois, les propos du petit démon te transpercent alors qu’il t’attrapa par le col de ta tenue, te soulevant avec une force que tu n’aurais pas cru possible après une telle bagarre enfantine. La grimace devenant figure de base ; tu toussotas, l’écoutant d’une oreille presque sourde, sonné entre la population gueularde et ton corps qui criait à l’insomnie physique. Mourir ici ? Impossible, le sac à cadavre devenait ta dernière envie. L’ombre de toi même, lâche l’affaire et accepte de te faire contrôler, comme ta marionnette, finissant au sol comme cette dernière.
Ton intégrité non entière.

Ton esprit se brouilla à l’entente de ses dernières paroles. Pourquoi tout ce manège ? S’agissait-il là d’une manœuvre assassine pour terminer le combat sur un acte vicié ? Un Kunai dans le dos, fausse main tendue ? Croire en Iwa. Croire en ce village que tu haïssais du fin fond de ton être et croire en ses guerriers. Croire en ces gens avec qui tu allais, forcément, te battre. À la fois du même camp et peut-être bien un jour, lors d’une chasse à l’homme continuelle. Presque, éthérée. Alors tu attrapas sa main, peignant cette dernière de ton liquide vermeille, visqueux. Attraction physique, tu te relevas tant bien que mal, plongeant un regard fiévreux dans celui de ton adversaire, un sourire presque ironique sur ton visage.

▬ Tu sais…  

Tu t’effondras ; sans trop le vouloir contre lui.
Murmurant à son oreille, dans un glaviot de sang.

▬ On aura notre revanche, un jour.  
Vous.
Le frère d'armes soustrait du duo.

Spoiler:

Go Taishi, go Taishi ! - Les Shokugeki jouent les majorettes

Akahiko n’était pas le seul genin t’intérêt aux yeux d’Akimoto participant à cette compétition. Peut-être même plus que le combat de son fils, celui de son élève, Taishi, intriguait le Borukan. Le plus grand défaut de l’Hayai aux yeux de son maître était sa flemme légendaire. Pour le genin, c’était la loi du moindre effort qui primait. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Vu la capacité spéciale qu’il possédait, lui permettant de se déplacer instantanément, ce n’était que naturel. Akimoto espérait que son protégé puisse faire abstraction de cette flemme pour lui montrer de quoi il était réellement capable en situation de combat. Et cet affrontement entre genin pour le deuxième round de l’examen était la situation parfaite pour cela. Taishi avait tout de même tenté de se dégonfler, mais son maître et sa complice, Sanadare, s’étaient rapidement mis sur son dos pour le faire changer d’avis.

Comme pour le combat de son fils, Akimoto était descendu de la loge, cette fois-ci en compagnie de l’Hyûga, pour s’installer au premier rang des gradins. De là, il s’assurait que son élève entendre le moindre de ses encouragements. La voix portante du Borukan était suffisamment puissante et profonde pour étouffer celle de ses voisins de section. « TAISHI ! Montre-leur de quoi tu es capable! » hurlait-il à plein poumon dressé sur son siège. « Montre-leur de quel bois on se chauffe chez les Shokugeki ! » Le colosse sourit à pleine dent, plaçant son bras bien droit devant lui, le pousse vers le haut.

Son adversaire étant un Iwajin – un marionnettiste – mais Akimoto n’en avait que faire, il n’avait d’yeux que pour ton élève. Dès le premier éclair vert, le Borukan s’était remis à hurler de plus belle. « ALLEZ TAISHI ! » À ses côtés, l’Hyûga aveugle s’en donnait à cœur joie également. À eux deux, le reste de l’équipe numéro six devait crier plus fort que toute la section de gradin réunie. Lorsque son élève usa de sa technique phare, le Timeout, Akimoto ne put contenir son excitation. Il donna une bonne grosse claque dans le dos de Sanadare, ce qui manqua de la faire traverser par-dessus la rambarde des gradins.

Le combat prit rapidement fin. Si le marionnettiste s’était bien débrouillé, il aurait eu plus de chance avec un autre adversaire. Malgré son jeune âge et son inexpérience, Taishi était un adversaire redoutable. Avec un peu plus de discipline, chose que le Borukan espérait pouvoir lui apporter en grande quantité, il pourrait aller loin. Qui sait, peut-être même un jour rejoindre l’élite du village. Du moins c’est ce qu’Akimoto espérait.

Lorsque sa victoire fut officiellement annoncée « Vainqueur : Hayai Taishi ! », le genin ne perdit pas une seule seconde pour s’éclipser dans ce qui devenait rapidement son mouvement signature. Un éclair vert frappa le sol sableux de l’arène et il disparut ainsi. Laissant les spectateurs époustouflés. Ce n’est pas qu’Akimoto qui avait été impressionné par ses performances. Partout dans l’audience, les cris d’encouragent furent remplacé par des murmures d’excitation. Pendant on parlerait du Green Flash dans les rues de Shîto.

« Allez ! C’était le dernier combat intéressant. Sana, Moïra. On va manger ! Tempi pour cet idiot, il n’avait qu’à ne pas partir aussi vite. » Akimoto quitta l’arène, souriant, les deux jeunes femmes sur les talons. Il était loin de se douter que, le lendemain, il reviendrait en ces lieux non pas pour assister à la grande finale des combats, et potentiellement au combat entre son fils et son élève, mais pour combattre lui-même un ennemi terrible. Un ennemi qui menaçait l’équilibre même du monde shinobi…