Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.

Contemplant l’horizon sans fin du désert, celui que l’on nomme le Tueur de Dieu profita de ce moment de calme pour respirer profondément et réfléchir paisiblement. Malgré la chaleur pesante, l’écume du temps fit trembler tout le corps frêle et meurtris de l’ancien esclave. Tout se déroulait à une vitesse prodigieuse. Le manipulateur de la lumière ne pouvait enlever cette impression de son esprit qui lui dictait que le Fléau du désert venait tout juste de se réveiller. Les sables du temps avaient pourtant fait leur œuvre, mais ce rythme relatif s’écoulait différemment dans l’esprit survivant du déicide. Tant de choses à faire. Tant de choses à accomplir et pourtant si peu de temps, si peu de monde, si peu de ressources. Qu’adviendra-t-il de ce pays que lui et moi chérissons tant ?

Soupirant lourdement, Mitsuhide reprit de plus belle ses activités, une idée lumineuse en tête. La population demeurait scindée après les révélations morbides que le palais du Yoake dissimulait. Certains accusèrent les hérauts du désert d’avoir perpétré eux-mêmes cet acte. D’autres, plus raisonnés, ne pointèrent pas du doigt le groupuscule ayant combattu et sauvé la capitale et par extension, le pays. Malgré la promesse sincère de l’Ashina de découvrir la vérité, ces détracteurs pourront toujours l’accuser d’utiliser les éléments découverts qui l’avantage et cacher les autres. Planifiant méticuleusement ses prochains mouvements, Mitsuhide entraperçut une interstice fine permettant peut-être de résoudre cette affaire sans que la vérité apparaisse biaisée aux yeux du peuple. Ainsi, une lettre, une plume et quelques mots griffonnés à la va-vite suffisaient pour saisir cette opportunité. Un tiers, assez neutre pour toujours mettre la vérité en priorité et assez impliqué pour s'intéresser aux problématiques de Kaze. Ce genre de personnage serait difficile à trouver, mais avec l’aide de Sharrkan, la tâche ne semblait pas impossible. Bien au contraire, même.

Les semaines passèrent dans une ambiance délétère, au mieux . Une capitale divisée tant physiquement par les ravages du Dieu qu’idéologiquement. Difficile de gérer une crise de la sorte lorsque le pouvoir n’est plus en place et que malgré son auto-proclamation, les hérauts du désert restaient bloqués, de part, notamment une partie de la population, mais surtout, par un sens moral bien plus humaniste que leur prédécesseur. Hélas, l’histoire de toutes les nations a bien souvent montré que l’obtention de pouvoir demeure bien plus aisée en ôtant cette risible morale. Pourtant, elle représente le carburant intarissable de cette escouade qui ne s’arrêtera pas tant que la vérité ne sera pas mise en exergue aux yeux de tous.

Canne en main, le déicide se tenait droit, devant l'hôpital de Taiyô. Même si le temps avait fait son œuvre, quelques légères douleurs résiduelles de son combat ne daignaient pas disparaître. Il pouvait parfaitement combattre, mais le porteur de lumière voulait à tout prix conserver son appuie boisée. Un énième subterfuge qu’il présentait au monde qui prêtait attention à sa personne. L’ancien esclave voulait être vu comme un estropié, un faible pour attirer empathie et pitié, mais surtout, pour atténuer la vigilance de toute personne désirant s’opposer à sa volonté. Frappant le sol avec le bout de sa canne, Mitsuhide attira l’attention de ses compagnons. Kan d’un côté et Ishin de l’autre. Un Kumojin originaire de Kaze qui pouvait jouer un rôle déterminant dans la restitution de la véracité des derniers incidents troublants de la capitale.

« Messieurs, il est temps d’apporter la lumière sur cette sombre affaire. Je compte sur vous. »

Sans attendre, celui qui fit face à la prunelle dorée du Dieu entama une marche funèbre sur le sentier de la vérité pour se diriger sans détour à la morgue afin d'examiner les différents cadavres découverts il y a quelques semaines maintenant.

Mission:

Spoiler:

Quel spectacle désolant. La froideur de la réalité venait drastiquement contraster avec la chaleur de la capitale. Des cris, des sanglots, des pas effrayés, des faciès attristés. Voilà ce qui se dessinait sous la rétine écarlate du Tueur de Dieu. Le constat amer d’une réussite en demi-teinte. Et dire que cela ne représentait que la moitié de Taiyô dévastée. Que serait-il advenu de la capitale et de ses résidents si l’entièreté des hérauts du désert s'était appliquée à suivre les ordres de la demi-géante ? Le simple début de réponse glaça le sang du jeune marchand qui chassa tant bien que mal cette pensée fugace et morbide. Hélas pour lui, le trio se rendait dans un lieu où la mort demeurait omniprésente.

Le personnel hospitalier ne fit guère attention à l'arrivée du groupuscule en quête de vérité. Les conséquences des événements passés omnibulèrent médecins et infirmiers qui tentaient dans un élan quasi futile, de maintenir les habitants de la cité du soleil en vie et par extension, le pays dans son entièreté. J’aurais aimé remercier chaleureusement chaque être œuvrant pour le bien du vent, mais je ne suis pas maître de mon corps et dans tous les cas, un sujet bien plus important nécessite notre attention la plus collégiale.

A peine le premier pas engagé dans la morgue, les effluves de la putréfaction des âmes déchues s’abattirent par les conduits nasaux de l’ancien esclave. Par réflexe, le garçon à la toison d’or utilisa sa main pour fabriquer un abri sensorielle de fortune. Malgré cela, l’odeur demeurait insoutenable, au point d’habiter entièrement les pensées du manipulateur de la lumière, l'otan alors de sa capacité de réflexion.

Il entendit, certes, mais n’écouta pas.

Le déicide capta grossièrement le rapport de la charmante demoiselle qui balaya l’hypothèse première des hérauts du désert. Aucune blessure externe. Aucune trace de poison. Aucune marque d’étranglement. La seule bizarrerie apparente réside dans leur ultime posture figée par la raideur cadavérique. Une posture qui dénote d’une mort que l’on pourrait considérer de classique. Comme Sharrkan le résuma, le trio se trouvait pétrie dans une flopée d'excréments.

Le duo portant fièrement les couleurs de la foudre dans leur coeur s’exécutèrent promptement pour démêler cette histoire contrairement à l’Ashina qui ne pouvait extraire cette odeur morbide de son esprit. Les questions fusèrent et les prises d’initiatives ne se firent pas attendre. Très vite, du chakra fut détecté par Kan, ce qui entra en parfaite contradiction avec le rapport, à la surprise de la responsable. Ishin émit une hypothèse aussi intéressante qu’inquiétante. Cette idée résonna dans l’esprit du porteur de lumière qui en oublia presque l’odeur nauséabonde. Secouant légèrement la tête, celui à l’origine de cette enquête sortit enfin de son silence en se rapprochant de son interlocuteur et en chuchotant pour éviter d’être distinctement entendu.

« C’est possible oui. Nos ennemis ne sont pas clairement identifiés et ils peuvent être partout comme nulle part. Nous devons nous méfier, mais pour être honnête, je ne pense pas que le rapport ait subi une altération. Je n’ai rien pour étayer cette hypothèse, hélas, mais mon instinct me dit que la vérité est ailleurs. »

Mitsuhide s’approcha légèrement de Kan qui venait de capter ce chakra qui surchauffa les cerveaux du trio. La jeune demoiselle semblait réellement surprise par cette nouvelle dissonante au vu du rapport. Qui plus est, certains membres du Yoake possédait effectivement du chakra, mais ceux découvert par l’ancien esclave n’en disposait pas d’après ses connaissances. Ce chakra appartient-il réellement à la victime… Ou à son agresseur ? Entendant les propos de Kan, la tête blonde s’empressa de rebondir.

« Nous devons impérativement voir les autres cadavres comme l’indique mon partenaire. »

Le fauconnier marqua une pause. Il hésita grandement à dévoiler sa théorie, mais c’était aussi l’occasion d’observer la demoiselle et principalement sa réaction.

« Vous aviez dit qu’ils étaient comme… Torturés, c’est bien cela ? Couplé à cela leur posture étrange et la présence de chakra sur ce civil qui en théorie n’en possède pas, il n’est pas impossible que le chakra soit indirectement la cause de la mort. Un puissant sceau provoquant paralysie et torture ou encore une illusion si redoutable qu’elle pourrait causer la mort. Qu’en pensez-vous, Madame ? »

Spoiler:

La situation demeurait nébuleuse. La première étape dans la restitution de la vérité s’avérait déjà être un obstacle de taille. Sans un constat clair et limpide sur la mort du Yoake, il sera difficile de mener l’enquête et de remonter à la piste des assassins. L’Ashina ne put s’empêcher d’afficher un léger rictus sur son visage au passage de cette pensée fugace. Le groupuscule jouait exactement le jeu de ces individus de l’ombre. Les hérauts du désert jouaient contre le temps et une menace discrète. Difficile de lutter contre une telle entité lorsque le feu des projecteurs est braqué sur vous. Heureusement pour le trio, l’organisation possédait plusieurs atouts de taille.

La responsable de la morgue et Sharrkan rejoignirent l’idée qu’une telle fomentation semblait improbable, ce que Mitsuhide affirma de nouveau.

« Les hypothèses suffisantes, les plus simples doivent être préférées. C'est un des principes heuristiques fondamentaux en science. »

Pendant que son lieutenant prêta main forte à la charmante demoiselle, le déicide s'attella à une autre tâche tout aussi importante. S’approchant du corps mis en évidence, la tête blonde composa une brève série de mûdras afin de malaxer son chakra et se concentrer. Fermant les yeux, il pouvait distinctement ressentir les présences l’entourant. Ishin, Kan et pour finir, ce chakra non identifié. Sans même attendre, l’ancien esclave exécuta brièvement de nouveaux signes pour mémoriser cette signature tout comme l’avait fait Kan juste avant. Après tout, il est dangereux de ne pas partager la connaissance.

Les paroles de son homologue sortirent Mitsuhide de sa concentration écoutant alors avec attention les informations transmises. La théorie se confirma ce qui, en un sens, arrangea les affaires du trio. Le guerrier argenté prit un ton plus sérieux en rebondissant sur les probables causes de la mort de ces hommes. Pour lui, le poisson ne devait pas être exclu de l’équation de par sa capacité à prendre des formes et des conséquences bien différentes. Il ajouta, néanmoins, que le Genjutsu semblait la piste la plus probable en s’appuyant avec pertinence sur ses expériences passées à Kumo. Là encore, le manipulateur de la lumière afficha un rictus, cette fois-ci, plus prononcé. Ce Sharrkan ressemblait bien plus à celui de leur dernière réunion qu’à l’habituelle bout en train. Une facette plus sérieuse qui sied parfaitement au maître des températures hautes.

Celui que l’on nomme “Tueur de Dieu” se tourna vers son ami pour répondre à ses derniers questionnements.

« Si l’on en croit les paroles de l’intendant de la banque Sabaku, il y avait un garde à l’extérieur qui lui avait dit qu'ils avaient demandé à être laissés seuls quelques jours afin de discuter d’affaires importantes. On peut supposer qu’il y avait déjà plus personne dans le palais depuis un petit moment. Couplé à cela que personne ne s’est manifesté à l’annonce de la nouvelle, cette piste me paraît compliquée à suivre. Nous pourrions peut-être interroger l’intendant sur le garde en question pour obtenir un descriptif, mais il y a aussi une chance qu’il fasse partie des cadavres. »

Le marchand se gratta légèrement la tête avant de reprendre, se tournant légèrement vers Ishin.

« Je pense que nous n’apprendrons rien de plus sur ces cadavres. Ishin, je te laisse quand même faire ce que tu sais faire de mieux, tu sauras peut-être déceler un élément crucial que nous ne sommes pas en capacité de voir, mais dans tous les cas, nous devons planifier nos prochains mouvements. Je pense que nous devons rencontrer l’informatrice qu’Ôji nous a présenté à notre dernière réunion. Nous aviserons ensuite en fonction de ses informations. Cela te va Ka… Sharrkan ? »

Suite à cela, le porteur de lumière s’approcha délicatement de la jeune demoiselle, afichant un visage doux, remplie d’empathie.

« Vous n’avez en aucun cas à vous excusez, Hama-sama. Si quelqu’un doit se faire pardonner ici, c’est bien nous. Nous débarquons de la sorte pour nous déranger pendant votre travail. Vous et votre hôpital avez sauvé de nombreuses vies pendant cette douloureuse et sombre période. Je vous en prie, accepter mes remerciements les plus sincères et ne vous excusez plus jamais de la sorte. »

S’inclinant légèrement, l’Ashina rejoignit Sharrkan laissant le Kumojin travailler.

Spoiler:

Pourquoi la recherche de la vérité se révélait être encore et toujours un combat acharné sans aucune forme de répit ? Pourquoi l’humain est-il sans cesse poussé à voiler la réalité au nom de ses propres intérêts ? Le bien commun ne devrait-il pas prévaloir aux désirs personnels de chacun ? Pour l’Ashina, la réponse était évidente, mais ses tristes semblables ne pensaient pas de la même façon. L'ego apparaît bien trop souvent sur le devant de la scène, perturbant la vie d'innombrable innocent. La population ne comprenait pas que les hérauts du désert oeuvraient pour le bien commun et non pour des desseins individualistes. Pourquoi ne pouvait-il pas ouvrir les yeux ? Tout serait plus simple et moins fatiguant. Mais non… Comme sous l’ère de la Première Impératrice et Yoake, la majeure partie du peuple cachent ses yeux pour ne pas regarder, analyser et comprendre la situation qui les entoures. Ce temps doit s’arrêter et le déicide est prêt à brûler notre âme pour que ce cycle infernal se brise, brutalement et dans le sang, s’il le faut.

Un léger rictus apparut sur le visage efféminé de la tête blonde lorsqu’il entendit les paroles d’Ishin. Il se hâte de corriger ses dires.

« Cette information vient d’un de nos plus précieux membres qui agit dans l’ombre. Je ne peux décemment m'attribuer les mérites de son dur labeur. »

Sans réellement attendre de réponse, Mitsuhide continue sa marche hors de l'hôpital en prêtant une oreille attentive aux propos du civil. Celui-ci indiqua au duo de l’organisation qu’il n’était pas un simple civil. Bien au contraire, le médecin possède la capacité d’influer sur la gravité pour y imposer sa volonté. Il précisa les conséquences de l’utilisation d’une telle faculté, préconisant une absence de contact avec le sol lorsque son énergie sera utilisée. La surprise de l’ancien esclave pouvait aisément se lire sur son visage.

« Un médecin manipulant la gravité… Voilà des facultés bien intéressantes ! Merci d’avoir partagé ces informations avec nous Ishin. Avoir un allié comme toi à nos côtés me rassure pour la suite de notre enquête. Après tout, nous ne sommes pas à l’abri d’un potentiel affrontement. »

Sur ces mots, le groupuscule partit rapidement vers la Porte du Vent du Nord. Cette ville frontalière à la cité du soleil abrite les rares vestiges humains du Premier Cercle et c’est bien pour cette raison que le trio s’attèle à rejoindre la ville le plus rapidement possible. Meikyû Manako. Une figure ô combien importante d’un temps révolue. Elle et ses hommes ont aidé l’organisation à de multiples reprises et les hérauts du désert devaient, une fois encore, se reposer sur son savoir. Le porteur de lumière n’appréciait guère l’idée de s’allier avec ces ignobles et abjects humains qui ont promulgué pendant tant d’année l’esclavage. Hélas, pour une cause dépassant ces petites désires de vengeance bien dérisoire, il devait intéragir avec calme et parcimonie.

La marche intensive s’étendit pendant plusieurs heures où le poids du soleil brûlant se faisait ressentir à chaque instant. Évitant les lieux à trop haute visibilité ou dangerosité, le trio parvint enfin à sa destination. Le marchand ne connaissait cette ville que par les souvenirs de ses clones qui traversèrent le pays tout entier pour annoncer la mort du Yoake. Cette bastide que l’on nomme “Ville de la Divinité” ne dérogeait en rien à son surnom. Des édifices religieux, voués au culte du Dieu du Désert, ornaient le paysage. Quelle parfaite ironie pour l’Ashina de se trouver dans une telle citadelle. Le déicide au beau milieu des fanatiques. Très vite, Mitsuhide observe les regards remplis de mépris et de dégoût des quelques habitants qu’il croise du regard. Leurs yeux transpiraient le déni et heureusement pour eux, le lumineux ne foulait pas ce sable chaud pour leur montrer à quel point il avait tort.

Arrivant au point exact transmis par le Sang-Mêlé, le groupuscule s’apprête à frapper quand un petit groupe de gardes se manifeste au bout d’une ruelle. Les fantassins semblaient se diriger vers les trois hommes qui devaient réagir promptement. La résistante du Premier Cercle étant hautement recherchée, sa localisation devait inévitablement finir par être découverte, mais le plus inquiétant ne résidait pas là. Pourquoi maintenant ? Est-ce un coup de cette force invisible qui régit Kaze dans l’ombre ? Sommes-nous condamnés à avoir un coup de retard sur des adversaires que nous ne pouvons entrapercevoir ? Je refuse.

« Je vais m’occuper des gardes. Si ce que je tente ne fonctionne pas, tenez-vous prêt à intervenir. Je compte sur vous. »

Canne en main, le représentant de la Guilde des Marchands s’approche lentement en direction des gardes. Il s’arrête à mi-chemin, plantant fermement sa canne dans le sol lorsque les fantassins arrivent à son niveau.

« Je vois que nous ne sommes pas les seuls à traquer cette infâme Manako. »

Suite à ces paroles, l'ancien esclave relève légèrement la tête, augmentant l'intensité lumineuse de ses iris écarlates.

« Ashina Mitsuhide, Tueur de Dieu. »

Au fond, l’homme à la crinière dorée détestait user de son nouveau titre de la sorte. Hélas, pour se faire entendre dans ce bas monde, il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées.

« Mes hommes et moi cherchons activement Meykyû Manako pour l’arrêter et l’interroger dans le cadre de notre enquête sur le meurtre des membres du Yoake. Hélas, j’ai le regret de vous annoncer qu’elle n’est déjà plus en ces lieux. Nous venons d’interroger l’un de ses sbires répugnants qui a finalement craché le morceau après une longue et tumultueuse discussion, si vous voyez ce que je veux dire. »

Pour sublimer ses paroles, l’Ashina ajouta à son visage un sourire malfaisant avant de reprendre.

« Elle serait partie se cacher à la Porte du Vent de l’Est. Une cachette adéquate pour cette ordure de criminelle ! Enfin, je ne vais pas vous faire perdre plus de temps. Je dois retourner soutirer les dernières informations à mon nouvel ami avant de me déplacer personnellement dans la Ville des voleurs. Je vous invite à vous y rendre au plus vite si vous ne voulez pas qu’elle vous échappe, une fois de plus. »

Le déicide marqua une pause, prenant un air bien plus sérieux.

« Par contre, vous avez intérêt à la capturer vivante si vous la croisez. Elle est nécessaire à mon enquête et je serais très en colère si j’apprenais qu’elle n’est pas en état de parler. Suis-je bien clair, garde ? »

Spoiler:

Que pouvait-il faire ? Qu’importe leur nombre , leur puissance, il ne pouvait égaler le Divin. Un tier du Trio de Légende était bien au-delà de suffisant, c’était de trop. L’un tenta vainement d’affirmer sa position et montrer son mécontentement face à cette situation, mais le plus réfléchi du groupe stoppa toute tentative. Peut-être que le spadassins voyait clair dans le jeu de l’Ashina, mais cela ne changeait en rien la donne. Tournant les talons, les gardes prirent leurs congés, laissant le manipulateur de la lumière seul au beau milieu de cette ruelle.

Tamisant l’intensité de son être, le marchand attendit patiemment la disparition totale des agents de la dune avant de rejoindre son groupe, entrant au passage dans le repère qui venait d’ouvrir ses portes. L’accueil fut surprenament froid, puisqu'aucune âme ne daigna se manifester. La porte se referma promptement avec un fracas venteux sortant de l’ordinaire. Un regard complice s'effectua quelques secondes entre le guerrière argenté et l’ancien esclave blond. Le déicide tourna bien vite le regard pour observer le moindre détail que la pénombre laisse transparaître. Quelques verres, une table et puis… La pointe d’une flèche braquée sur le visage du porteur de lumière. Un rictus d'amusement s'ensuivit. Le comité apparut brusquement autour des trois hommes, empêchant ainsi tout mouvement.

Une voix perça ce silence monacal. Les iris écarlates du Tueur de Dieu s’orientèrent bien vite vers la source de ce son qui n’était autre que Meikyû Manako, assise sur un fauteuil. Demandant de déclarer nos intentions, Sharkkan prit les devant pour nous présenter et donner le nom de notre émissaire. Ces mots devraient suffire à calmer le jeu, mais galvanisé par sa rencontre avec les gardes, l’Ashina semblait d’humeur… Provocatrice.

« J’admire votre prudence, Manako-san. Je comprends très vite pourquoi vous avez survécu avec autant de hargne depuis la chute du Premier cercle. Néanmoins, maintenant que vous possédez nos noms, vous devez sûrement comprendre que votre… Comité d’accueil paraît bien inoffensif. Si nous portions quelconques griefs à votre égard, détentrice de l’Ancêtre de l’Adresse, nous ne serions pas passés par la porte d’entrée de la sorte. »

Le marchand de la capitale observa avec attention les différents archers, prêt à dégainer leur flèche dans le cœur du trio.

« Si nous sommes ici, c’est simplement pour vous parler de la mort du Yoake. Comme vous le savez, nous menons l’enquête pour trouver et juger les meurtriers tout en montrant à notre beau pays naïf que nous ne sommes pas les responsables d’une telle barbarie. Le sujet a déjà été abordé avec notre allié et ami commun Ôji, mais nous avons de nouvelles informations que nous aimerions amener à votre attention. »

Posant lentement et délicatement ton doigt sur l’une des pointes, tu t’adresses de nouveau à la renégat.

« Pouvons-nous discuter calmement autour d’un bon verre sans la menace de se faire embrocher par une flèche à tout moment ? »

Spoiler: