Mais qu’est-ce qu’ils avaient en ce moment à venir tambouriner à sa porte de bon matin ? La gueule enfarinée, Tokage s’extirpa de ses draps, encore enveloppé dans sa couverture. Vêtu de cette toge improvisée, il se traîna – littéralement, comme une chenille – jusqu’à sa porte, tendit le bras pour tourner la poignée, et finalement ouvrir.
Le messager qui se tenait devant lui sembla d’abord chercher quelqu’un à sa hauteur. Interloqué, il sonda les profondeurs de la pénombre de l’appartement, avant de réaliser qu’une chose gisait au sol.
« Euh … Y … Yamanaka Tokage ? »
Un râle lui répondit. Il l’interpréta comme un « oui ».
« Une missive pour vous … »
Il tendit la lettre, ne trouva aucune main pour la recevoir, hésita, finit par la glisser dans un pli de la couverture, en désespoir de cause.
« Au … Au revoir … Je crois ? »
Et il tourna les talons, passablement hébété par cette rencontre. Ca se voyait, qu’il était hébété. En s’éloignant, il se cogna trois fois contre le même mur, chaque fois un peu plus fort. Meh. Probablement une nouvelle recrue, pas encore habituée au bestiaire folklorique des effectifs de Kiri.
Tokage était étendu de toute la longueur de son être larvesque sur le plancher de son appartement, plongé dans le noir. L’appel du sommeil était très fort. Mais le messager avait trouvé le moyen de glisser la lettre pile à l’endroit où elle pouvait le gratter au niveau du dos. Une vraie plaie. Il était obligé de bouger s’il voulait s’en débarrasser. Il poussa un grognement interminable.
Un effort colossal plus tard, il était assis sur son lit, la couverture toujours sur les épaules, baigné dans la lumière claire du matin. Il décocha un bâillement de tous les diables, tout en dépliant la lettre. Il en recevait plein des comme ça depuis qu’il avait été envoyé dans l’équipe d’Aditya, là. Autant d’emmerdes, la plupart du temps. Qu’elle était loin la glorieuse époque de ses grasses matinées …
« Roh naooooooooon … »
La malédiction se poursuivait. V’là que c’était l’autre membre de l’équipe qui venait sacrifier son sommeil sur l’autel du « devoir », maintenant. Samèrelipopette. Il était tombé sur les pires du village, apparemment. On semblait en attendre beaucoup de lui. Beauuuuucoup. Bien plus qu’il n’était disposé à donner en tout cas. Et ça l’emmerdait très fort.
Mais bon. Est-ce qu’il avait vraiment le choix ? Et puis il était réveillé maintenant … Si ça se trouve, cette … Comment déjà ? Mizuki ? Elle était p’têtre pas si chiante. Pas autant que Blondie en tout cas. Pas si compliqué en même temps … Tokage avait même une chance de la mettre dans sa poche, si ça se trouve. Mais faudrait la jouer fine. Sans doute qu’Aditya avait déjà bitché comme une commère. Hmm … Faudrait être exemplaire. Autant que possible, en tout cas.
Il fit sa toilette et s’habilla en vitesse. Le temps de passer ses deux bandeaux au bras gauche, et il filait. Direction : le Complexe. Un établissement qu’il avait rarement eu l’occasion de fréquenter. Et pour cause : il s’était engagé dans les forces de la Brume bien avant sa construction. Et puis, de toute façon, il estimait avoir déjà tout le bagage nécessaire à un shinobi, sans avoir besoin de recevoir les leçons de professeurs qui avaient potentiellement moins d’expérience du terrain que lui. C’est que, avec ses parents, il en avait tâté du malfrat le Tokage. Et son activité de ce côté-là s’était pas réduite une fois enrôlé dans les rangs de Kiri. Enfin, jusqu’à un certain point, évidemment …
Dis donc, elle était plutôt mignonne la Mizuki. Facile à reconnaître en tout cas. C’était la seule qui bougeait pas d’un poil, alors que tout le monde semblait agité comme une puce autour d’elle. Déjà, c’était une qualité. Bonne première impression. Tokage s’avança d’elle, la fleur au fusil.
« BwaaaaAAAAAAAAAAAhjour … »
Un bâillement en guise de première salutation ? C’était concept.