Les jours passaient depuis la libération du Dieu Singe. La reconstruction se préparait, tandis que les recherches sur certains disparus ne donnaient absolument rien. Elle avait échangé des lettres avec la coalition, et d'autres correspondants. Elle était devenue officiellement Tsuchikage. Et l'Hôpital bourdonnait d'activité. Trop de ses shinobis y résidaient pour le moment, elle devrait participer elle-même aux missions pendant un certain temps, afin de calmer tout ceci.

Lors d'une de ces visites, elle avait croisé l'Eclair Vert. Il avait glissé un besoin de la voir, sans tellement dire pourquoi. Elle avait été contente d'apprendre que le jonin n'avait pas passé l'arme à gauche face au démon singe - son expertise en fuinjutsu l'avait mis en première ligne. Et contrairement à ce qu'elle aurait pensé, elle n'avait même pas été légèrement satisfaite de savoir qu'il avait été blessé. Il fut un temps où cela lui aurait fait sa journée. Mais ce temps était révolue, et Toph était soucieuse. Et satisfaite de ses prestations. Le shinobi avait été un déserteur sans foi ni loi, mais en revenant au bercail il était presque devenu exemplaire.

Alors s'il demandait une entrevue... Toph viendrait.

Elle le lui devait.

Bonjour Taishi. Tu m'as fait demandé ?

Toph ne savait pas exactement pourquoi il l'avait fait demandé. Elle avait une vague idée, puisque le contact s'était fait à l'hôpital, que cela devait être lié de prêt ou de loin à son infirmité. Comme beaucoup d'Iwajins, Taishi avait été blessé contre le démon singe. Comme trop d'iwajins, il avait perdu l'usage de ses jambes et nécessitait des prothèses... ou une solution médicale appropriée. Toph faisait confiance à Aimi pour trouver une solution, mais elle admettait volontiers ne pas s'y connaitre beaucoup dans le domaine. Tout au plus connaissait-elle les points vitaux, à but purement offensif.

C'était donc surprenant, mais peut-être voulait-il parler business, du manazuru et de son équipe. Ou prendre sa retraite - mais ça, elle ne le laisserait pas. Elle avait trop besoin de lui, même si cela lui avait arrâché le coeur de lui avouer dans sa lettre. Pour ça, il devrait payer.

Si c'est encore une demande pour faire autoriser Glouba dans les onsens, la réponse est non. Et il peut-être content d'être en vie.

La vengeance est un plat qui se mange froid. Cette leçon vaut bien une petite boutade ?

Il va finir soit sur un grill, soit dans un mariage forcé. Je m'en lave les mains !

Elle écouta, ensuite, la véritable raison de sa venue. Elle écouta les mots, et en devina les émotions derrières. La volonté de se battre pour le Yuukan. La nécessité d'avancer. D'aller de l'avant... Et il avoua maitriser l'argile comme les Chokoku. Ce fut une surprise pour Toph. Elle était toujours resté sur sa maitrise de l'espace temps, et ignorait qu'il avait pris des cours du soir chez Jurojin. Ou était-ce une envie personnelle, vis-à-vis de Tomoe ?

Elle garda l'information, bien qu'elle n'avait pas grand chose à en faire pour le moment. Elle continua surtout de l'écouter.

Patiemment. Puis elle réfléchit. Ce n'était, à vrai dire, pas sa spécialité. En vérité, Toph n'était même pas la shinobi de son clan la plus réputée pour sa sensoralité. Elle n'était pas mauvaise pour autant, non, mais son clan offrait en quelques techniques la possibilité de devenir maitre en détection. Elle n'y avait pas consacré plus de temps, ce qui gâchait un tantinet le potentiel de son doujutsu. D'un autre côté, elle l'avait éveillé tardivement et avait toujours préférée l'action et le combat à ses pupilles.

Néanmoins, la proposition méritait réflexion. Et si c'était possible... un Byakugan ne pourrait pas vraiment faire de mal, n'est-ce pas ? Une solution temporaire, il avait dit. Il ne se faisait pas d'illusions. Tant mieux. Vivre dans le déni n'était pas une option lorsqu'on était un shinobi handicapé. Il devrait s'en sortir pour faire des missions. Bien entendu.

Hmm, des faux tenketsus. Je vois où cela peut poser plusieurs problèmes, même si l'initiative n'est pas mauvaise pour autant.

Elle expliqua rapidement. Ce n'était pas de la théorie excessivement complexe, c'était surtout une réalité. Une réalité pour laquelle les Hyûga étaient notoirement difficile à tromper via des illusions visuels. Personne ne savait reproduire ce qu'ils voyaient. Encore moins sur papier.

Non seulement les tenketsus sont individuels, mais en plus il faut le byakugan pour voir s'il fonctionne correctement. Des voies chakratiques bouchées ou, au contraire, avec des trous, seraient imparfaits et peu efficaces. J'ai menti tantôt, l'idée est excellente comme prothèse temporaire. Du moins, tant que tu es prêt à brûler du chakra pour les faire fonctionner, comme tu l'as dis. Mais cela ne sera pas aussi facile que cela. Montre-les moi.

Toph activa son Byakugan et sortit un kunai de son étui à sa jambe. Elle ne s'en servait que très peu, mais pour faire du travail de précision, c'était plus maniable qu'un sabre. Certainement. En plus, elle pouvait trancher le chakra avec, et graver à même la roche. Elle n'était pas sculpteuse aguerrie pour autant, mais à force d'essais et d'erreurs... peut-être pourraient-ils avoir un maigre succès.

Spoiler:

L'Argile était fort heureusement encore maléable. Toph s'affaira, donc, en puisant dans son expérience et de tous les tenketsus qu'elle n'avait jamais observé. Elle se rappelait vaguement de ceux de Taishi, avant qu'il ne perde ses membres. Cela ne servait néanmoins à rien de reproduire à l'identique, et c'était inutile. Ce n'étaient pas des jambes, des vrais. Cela ne le seraient jamais. Le but était d'avoir des prothèses fonctionnelle en cas de pépin. Il ne fallait pas que la perfection se mette en travers du travers à accomplir.

Elle décida d'aller droit au but, dans ses gravures.

Elle écoutait Taishi, en parallèle.

Oui, ce conflit se finira bientôt. Cela risque d'être un gambit.

Pour reprendre la métaphore du jeu du Guerrier Emeraude. Le Gambit était une proposition risquée, menant généralement à un échange meurtrier si accepté, ou un désavantage stratégique si refusé. C'était donc un choix, mais aussi des conséquences, et des risques dont la profondeur étaient difficiles à évaluer. La situation était même plus complexe, car il n'y avait pas simplement deux camps, contrairement à ce que pouvaient en penser certains. Et la coalition n'était pas aussi unie qu'elle le laissait apercevoir.

Un tracé. Des parallèles. Un arbre, et son arborescence. Sous son Byakugan Toph essayait et s'appliquait, que son kunaï trace le chemin le plus logique et naturel, tout en optimisant les pertes vis-à-vis de l'efficacité. Tout ceci était à prendre en compte pour améliorer le confort de Taishi et lui donner un maximum de chance de son côté.

Puis elle reprit.

Ce massacre lui aura servit, bien entendu. S'il est véritable aussi adepte à manipuler le temps, il aurait certainement pu modifier ces évènements et l'empêcher. Il a donc une responsabilité dans ce massacre, comme il en a pour le massacre qu'il y aurait eu à Iwa. Dans les deux cas, la responsabilité existe. Et il conspire avec les criminels de la pire espèce.

Le nécromancien. Les désavoués. Les fanatiques. Les Wasurejins. Il ne s'était arrêté pour rien ni personne. Il avait tout imposé à la face du Yuukan et avait libéré les pires monstres et criminels. Ils foulaient le sol en toute impunité. Si certains n'avaient pas été formellement jugés par la Loi des Hommes, mais des accords secrets, c'était partiellement compréhensible.

Partiellement.

Car pour tous ces criminels qui s'étaient accordés un passé tragique, combien avait fait preuve véritablement de rédemption ? Il y avait le chef des fanatiques, avec un grand peut-être, et des guillemets, et des clauses suspensives. Toph ne se faisait pas l'illusion qu'il poursuivait ses propres plans.


Hum. Cette ligne était à refaire. Trop droite. Trop parfaite. Il fallait des imperfections, parfois.

Même s'il n'a pas tord sur certains points, cela ne lui donne pas nécessairement la légitimité de faire des choix pour tout le Yuukan.