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[MISSION/B/MIZU] Qu'éclose la fleur de l'équinoxe

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Aditya
Aditya

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Mer 14 Oct 2020 - 21:15
Qu'éclose la fleur de l'équinoxe

ft. Naragasa Otsuge & Yamanaka Tokage


Été 204, Temple du lycoris, village de Kiri.


À l’aube d’un nouveau jour gage de promesses, le regard d’Aditya arpentait les dédales ombrageux que l’horizon lui offrait, au travers de la Brume enchanteresse qui paraît de tout temps l’égide de ces bâtiments. Le passage du vent révolta une vague de frisson sur sa peau laissée découverte pas l’étoffe de son sari en tout point équivoque à ceux portés par les autres habitants des temples, à l’exception de sa blancheur qui n’indiquait suivre aucun ordre monastique, et qu’il avait préféré en cette heure à l’ordinaire tenue que lui incombait son rang.

Les yeux clos – le temps d’un instant – ses poumons s’emplirent d’un air renouvelé par la fraîcheur de l’aurore, tandis que ses pensées s’envolaient vers la missive encrée il y a quelques jours, à l’intention de deux autres enfants de l’Eau qui siégeraient aujourd’hui à ses côtés. L’un, issu de cette famille jugée royale par bien d’entre eux – celle-là même avec laquelle les habitants du temple du lycoris éprouvaient du remord. L’autre, récent membre de son équipe et dont le caractère plus qu’équivoque sur son refus de prendre ses responsabilités avait tâché de mettre à l’épreuve le sang froid de l’ascèse. Il espérait, néanmoins, qu’il délaisserait son immaturité évidente au profit de cette heure où il lui faudrait faire tâche d’altruisme.

Et lorsque leurs silhouettes se présentèrent à lui, au cœur de cette cité, il fut en partie rassuré, pensant que l’autrefois Yamanaka aurait préféré se résoudre à faire parler son absence pour lui-même. Ses yeux se posèrent sur le visage du brun, dont il n’avait pas encore croisé le chemin, mais dont le futur tâcherait bien de régler cela.

« Enchanté, Otsuge. Je te remercie de te joindre à nous pour cette mission, d’autant plus étant donné les circonstances. », murmura-t-il en se gardant bien d’évoquer la mort de son cousin de vive voix.

Il n’accorda qu’un hochement de tête respectueux à Tokage, conscient que quoi qu’il arrive, ce dernier n’était jamais très loquace en sa compagnie qu’il s’efforçait à haïr, vraisemblablement, pour une raison qu’il ignorait encore. Alors, sans un mot de plus qu’une salutation, le blond détourna les talons, afin de mener cette présente équipe jusqu’aux abords du sanctuaire qui détenait à ses yeux tant d’importance et d’appréhension ; et si interrogations il demeurait quant à cette mission, mieux vaudrait pour eux de les poser avant leur arrivée.


[…]


Longeant les détours de cette esplanade nouvelle, la silhouette de l'ascèse épousa l'ombre délaissée par l'un des nombreux torii guidant le chemin de chaque âme souhaitant se rendre au sein du bâtiment qu'ils laissaient entrevoir, et se substituant l'un à l'autre jusqu'à l'aube de l'arrivée. Son attention longea les colonnes de pierres érigées sur son passage, trahissant, d'une certaine façon, les pierres tombales que beaucoup d'autres sanctuaires avaient préféré offrir à un endroit éloigné des regards, mais que la honte de celui-ci poussait à prôner, afin qu'elle ne sombre point dans l'oubli des décennies à venir.

Son regard traça les contours des nombreux lycoris tranchant la banalité morne de cette allée de leur pétale rougeoyantes, et dont les tiges ne cessaient de s'élever au-delà du sol où leurs racines étaient ancrées ; comme pour crier leur existence, mêlée à celle des défunts. D'un coup d'œil glissé par-dessus son épaule, le blond s'assura de la compagnie de ses comparses avant de poursuivre son chemin, et de glisser, dans le sillage de leur avancée, quelques mots à leur encontre.

« Bien que les moines de ce temple aient décidé de porter leur déshonneur, il serait biienvenu d'éviter de le mentionner davantage s'ils n'abordent pas le sujet d'eux mêmes. Bon nombre d'entre eux détiennent toujours la fierté laissée par leurs prédécesseurs, sans compter le respect qui leur est dû malgré tout. », déclara-t-il en laissant ses pas trouver l'écho de sa venue sur les dalles pavées de pierres. « Si nous parvenons à trouver un terrain d'entente pour parvenir à panser les blessures des enfants de la Brume, peut-être pourrons nous effacer les leurs. »

Son attention s'appuya davantage sur Tokage, dont il se méfiait du comportement ; bien que cette mission porte le joug de la bienveillance, et n'aie d'autres but que de décider de l'emplacement d'une unité pouvant bénéficier tant aux habitants de ce village qu'à ses membres, l'ascèse redoutait son comportement. Plus d'une fois, il lui avait prouvé sa désinvolture, lors de leur escale à Ue. Il espérait simplement qu'il demeurait en lui assez de respect pour ses pairs pour ne pas saboter ce qui pourrait, à terme, maintenir un souffle de vie dans tant d'âmes qu'ils ne pourraient en accueillir.

Et tandis qu'il s'approchait du revers de l'une des portes boisées du temple Hirabanga, Aditya laissa ses doigts refermés frapper de deux coups l'annonce de leur présence, toujours portés par cette douce retenue que le silence imposait à ses gestes.






[invisible_edit]


Dernière édition par Aditya le Lun 19 Oct 2020 - 14:57, édité 1 fois
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Okkoto
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Jeu 15 Oct 2020 - 21:46

Nouveau matin. Nouveau rai de lumière à travers les volets. Un doigt de soleil, juste assez pour découvrir les couvertures encore emmêlées. Quelques éclats de chairs enlacées, parfois. Un nimbe de cheveux sombres. Le tout dans l’atmosphère légère d’un jour naissant d’automne. L’air embaumait le musc. Les amours endormies. Les soupirs de la veille …

On frappa à la porte du petit appartement. Pas de réponse. On frappa encore. Cette fois, un grognement émergea des draps. Puis bientôt une silhouette nue, qui s’enveloppa de la couverture comme d’une toge et traîna ses contours jusqu’à la porte. Une main jaillit du tissu, et glissa contre le bois, effaçant sous ses doigts la marque d’un sceau. La porte s’ouvrit.

« Un ordre de mission. »

Il distinguait mal le visage de cet étranger dans la pénombre de l’appartement. Il se contenta de lui proférer quelques menaces bien senties, qui restèrent sans doute au fond de sa gorge à l’état de râle, et de saisir mollement le rouleau qu’on lui tendait. Il ferma la porte. Recréa d’un geste distrait le sceau qui la barricadait.

Puis il se dirigea vers la fenêtre. L’ouvrit lentement. Elle grinça. Il ouvrit un volet. Une bouffée d’air frais et de soleil entra dans la chambre ensuquée. Toujours emmitouflé dans la couverture, il s’appuya au mur et déroula le parchemin, dans un bâillement de grand fauve.

« Il est tôt …

-Rendors-toi. J’dois partir. Tu peux rester ce matin, si tu veux. Je te laisserai la porte déverrouillée.

-Mgn ... »

Il avait déjà sombré, à nouveau. Tokage soupira. Il jeta un dernier regard au corps nu de son amant de la veille. Puis il se prépara.

L’air du matin lui fouettait le visage, cette fois. Il courait de tuile en tuile, quelques mètres au-dessus du commun des Kirijins. Semblant parfaitement indifférent. Comme si c’était un mode de transport parfaitement banal. Comme s’il avait toujours eu l’habitude, finalement, de se déplacer comme ça. Il l'avait eue cette habitude, à vrai dire. A une certaine époque. Mais voilà quelques temps déjà qu’il ne s’adonnait plus à la course favorite des shinobis.

Avec la légèreté du chat, il atterrit sur le pavé, faisant s’envoler un troupeau de pigeons. Un peu plus et il aurait presque eu l’air d’un super-héros. Presque, hein. C’étaient des pigeons qui s’étaient envolés, pas des colombes.

Un homme prenait la même route que lui. Un homme qu’il ne connaissait pas, mais au physique suffisamment excentrique – et il était bien placé pour en juger – pour être un soldat de Kiri. Pas besoin d’être Sherlock, partant de là, pour deviner son identité. Il s’approcha de lui.

 « Hep ! »

Il se manifesta d’un signe de la main, et d'un sourire aimable. C’était Naragasa Otsuge.

 « Je suis Tokage. J’te préviens d’avance : t’étonne pas si Aditya est chelou. »

Il n’eut pas le temps d’en dire plus que la mère de toutes les blondes s’avançait déjà vers eux. Il salua poliment Otsuge. Et rien pour Tokage.

« Eh dis donc, je pue ou quoi ? »

Une bien commode ellipse épargna à Aditya le souci de répondre.

Ils s’étaient avancés plus profondément dans le temple. Typiquement le genre d’endroit où Tokage ne foutait jamais les pieds. C’était pas vraiment son univers. Et il avait du mal avec les moines, aussi. Ils le lui rendaient bien, d’ailleurs. Les quelques rares entrevues qu’il avait eues avec des religieux ne s’étaient pas vraiment bien finies. Encore que, son souvenir n’était pas des plus limpides.

Et le petit discours moralisateur qui allait bien. Oh, Tokage voyait parfaitement où Aditya voulait en venir ! Il cherchait à le faire culpabiliser. A lui faire comprendre que ce qu’il faisait, et ben c’était pas bien, et qu’il était méchant, na. Ce n’était la preuve que d’une chose : il n'avait rien compris du tout. Tokage ne voulait aucun mal aux habitants de ce pays, ni même à ses camarades shinobis. C’était à vrai dire plutôt l’inverse. La seule personne dont il cherchait à briser les noix, c’était Aditya. Alors oui, bon, l’efficacité de la mission pouvait en pâtir. Mais au final, il lui semblait bien qu’il arrivait assez bien à son but. Encore quelques excursions du genre, et il avait bon espoir de ne plus faire partie de cette maudite équipe …

« Pas d’inquiétude boss, j’ferai pas de boulettes. Au fait, les moines c’est bien les gogols avec le crâne rasé comme mon cul qui se baladent un peu partout en chantonnant, c’est ça ? »

Le ton était délibérément provocateur. Les paroles aussi, d’ailleurs, parce qu’on ne pouvait pas dire que c’était le top du top en matière de vanne. Mais c’était le matin, il fallait bien qu’il se réveille. Il tira la langue et adressa un clin d’oeil moqueur à son senseï. Il allait le mettre un peu à cran, tiens.

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Naragasa Otsuge
Naragasa Otsuge

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Dim 18 Oct 2020 - 16:08
L’aube se présentait timidement, un rayon de soleil à la fois au travers les lattes abimées de l’arrière boutique délabrée, au coeur des quartiers inondés, où notre protagoniste avait érigé sa modeste demeure. La pénombre était toujours bien présente malgré le matin naissant et les flammes des bougies sur l’autel dansaient. À leur lueur, Otsuge était agenouillé, sabre sur les genoux.

¬ …, Jin, Sakura, Sazake, Ichimaru, Susui, Eiichiro, Akinobu, … murmurait-il dans le silence du matin.

Machinalement, ses fins doigts parcouraient les gravures incrustées sur la lame de son épée, tout en invoquant les noms des esprits qu’il contenait, à la manière d’une prière ou encore d’une incantation. Ce rituel matinal lui permettait de les apaiser, et de les remercier, et le jeune homme s’y adonnait tous les matins, sans exception. Les pouvoirs occultes de Shusui avait longtemps hanté son esprit et amené aux bords d’une folle abysse infernal. Ce n’est qu’en faisant la paix avec les esprits emprisonnés qu’il avait pu prendre le dessus sur cette folie et les voix omniprésentes : il en était émergé le Gardien des mes.

Les esprits apaisés pour la journée, Otsuge quitta sa modeste demeure pour rejoindre le lieux de rendez-vous au sud du village : le temple du lycoris. La convocation était tombé quelques jours plus tôt, on lui demandait d’assister un major de la Kenpei dans l’établissement d’un quartier général pour une nouvelle unité spéciale du village, axé sur les arts médicaux. Pourquoi lui qui ne connaissait pourtant rien à la médecine ou aux sciences de la vie? Le Genin ne le savait pas explicitement, même s’il avait une petite idée sur la question. Le temple du lycoris était habité par des moines-guerriers au passé trouble, ayant eu plusieurs accrochages avec la Seigneurie auparavant. Otsuge se doutait donc bien qu’il avait été sélectionné, à son plus grand regret, à cause du blason qu’il portait, le nom qu’il maudissait tant : Naragasa.

Alors qu’Otsuge gravissait la route en direction du lieu de rendez-vous, un premier homme le rejoint et se mit à marcher à ses côtés tout en se présentant comme étant son partenaire de mission : Yamanaka Tokage. Le Sabreur se contenta de la saluer poliment d’un geste conjoint de la tête et de la main, avant qu’un deuxième homme, le Gardien Sylvestre, ne les rejoigne et ne l’interpelle directement.

¬ Aditya-san. répondit-il simplement. Merci.

Le jeune homme se doutait bien de quel circonstance le blondinet évoquait. Mais Otsuge n’était pas particulièrement proche de son cousin récemment décédé lors de l’attaque du village. S’il s’était déjà plutôt bien entendu avec lui à une époque, lors de sa jeunesse au palais seigneurial, il ne l’avait plus côtoyé depuis son départ, si ce n’est qu’au détour d’une rue ou d’un couloir pour échanger quelques politesses. Sa mort ne faisait donc ni chaud ni froid au Nécromancien.

Le petit groupe continua son ascension vers le sanctuaire, parcourant une allée de majestueux torii sous les rayons naissants du soleil et de l’aube. Tout juste avant d’arriver, le chef du trio leur laissa ses dernières directives avant de toquer à la porte du temple.

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Narrateur
Narrateur

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Mer 21 Oct 2020 - 19:09
Le Temple du Lycoris était à tout égard un endroit ancien et majestueux. C’était sans conteste l’un des joyaux architecturaux de Kirigakure. Mais ça restait également un lieu peu connu de la plupart des shinobis, puisqu’il était occupé par un ordre de moine-soldats, les Higanbanas. Menant une vie isolée, ceux-ci se gardaient à l’écart de la vie publique en générale, même si l’histoire avait prouvé que ce n’était pas toujours le cas. Après l’attaque de la ville-joyau de Shitô, une enquête menée par des Kirijins avait révélé leur collaboration avec le Daymio de l’eau à cette époque, Raonoka Ao. Mais quant à savoir s’il s’agissait de quelques moines rebelles ou bien d’un geste uni de l’organisation, cela restait incertain. Les moines avaient toujours déclaré leur appartenance au pays de l’eau plutôt qu’à Kiri elle-même, après tout. Et c’est peut-être pourquoi ils avaient depuis acceptés leur responsabilité dans l’affaire, indépendamment de leur réelle culpabilité.

Alors que vous approchez du temple, vous songez que convaincre les Higanbanas de partir ne sera pas une mince affaire. Qui voudrait céder un lieu tel que celui-ci ? Mais vous ne pouvez secouer cette impression qu’il s’agit du site idéal pour l’élaboration d’une unité médicale. Bien situé, avec amplement d’espace pour faire pousser et étudier des plantes médicinales. Même l’air semblait plus frais et pur dans cet endroit, en vérité.

Une fois les instructions d’Aditya données, vous vous présentez aux portes du domaine, qui n’a rien à envier à celui d’un clan majeur d’Iwa, Kumo ou Kiri elle-même.

Que saviez-vous vraiment des Higanbanas ? Ils étaient des moines mais avaient également un respect marqué pour les aptitudes martiales physiques. Sans être des shinobis, il était fort probable qu’ils soient en mesure de canaliser leur chakra pour augmenter leurs capacités. Mais leur vie était austère et discrète, et les démonstrations de leur force étaient aussi rares que méconnues.

Les bruits du poing du Gardien Sylvestre résonna sur la lourde porte du portique d’entrée, un bruit métallique et plutôt serein.

Rien d’abord, et ce pendant un moment qui semble beaucoup trop long, surtout aux yeux des genins du trio, plus bouillants que leur paisible et magnifiquement splendide jônin.

Enfin, un craquement presque indiscernable survient et la lourde porte bouge sur son axe, créant un interstice d’où un homme glissa la tête. Ses cheveux étaient impeccablement rasés, et il portait une toge caractéristique des Higanbanas, exposant la moitié gauche de son torse et un bras d’une musculature plus imposante que le shinobi moyen.

L’homme vous considère en silence de son regard foncé, sans hostilité mais également avec un certain détachement qui semblait commun chez ceux qui passait leur vie à prier. Il semble considérer avec respect l’habit d’Aditya, et beaucoup moins celui de ses collègues.


« Le maître est en méditation. Elle nécessite un certain décorum. Il ne peut être appliqué partiellement. Ce moment n’est pas opportun à votre présence. Partez et revenez un autre jour. »

Il fit mine de refermer la porte.

Spoiler:
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Aditya
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Ven 23 Oct 2020 - 18:46
Le dos de la paume de l’ascèse s’attarda un instant de plus sur les lignes sylvestres de cette porte, dont l’instinct premier n’eût été que de la refermer sur leurs silhouettes amoncelées au-delà de sa frontière. Lentement, son geste guida le bois au-delà de l’ordre intimé par le moine, en tâchant de l’entrouvrir davantage qu’elle n’avait désirée être close, sans pour autant forcer son mouvement d’une quelconque façon. Quant à sa voix, elle s’éleva tel un murmure bordé de bienveillance, tâchant de prévenir les paroles de son élève qu’il devinait prêt à prendre la poudre d’escampette à la suite de la proposition du moine.

« La méditation est un art dont on ne devient maître qu’en ne laissant point son esprit être dérobé par les stimuli extérieurs. », sa voix se fit plus calme qu’elle l’était, à l’image du décor éthéré qui les entourait. Comme pour apporter une conclusion dont tous connaissaient l’évidence. « Nous savons tous deux que votre Jōza est l’un des plus assidus à cette pratique. »

Ses phalanges quittèrent les détours boisés de la porte, les laissant revenir au gré de son corps. Il adressa un coup d’œil à Tokage, afin de s’assurer qu’il demeure à leurs côtés ; et lorsque son attention revint se glisser sur les détours de celui qu’il devrait nommer confrère, ses yeux azurés vinrent trouver les siens. Qu’il tente de trouver au cœur de ses prunelles les prémisses d’un mensonge autrefois évoqué, ou simplement prouver la profonde honnêteté qui trahissait ses propres iris, le blond ne le formula nullement de vive voix. Au lieu de cela, il laissa le silence évoquer tous les sous-entendus gardés sous silence par leur échange, avant d’en reprendre le flambeau quelques secondes plus tard.

« Je peux comprendre votre réticence à ouvrir votre temple à autrui, afin de vous défaire de leurs regards et de leurs jugements. Il n’en est nulle question ici. », évoqua-t-il en désignant chacune des silhouettes trônant à ses côtés. « Au contraire, nous sommes présents pour soumettre une requête à votre maître ; et si toutefois vous craignez de voir dans mes paroles un quelconque mensonge, placez votre foi en les détails de votre ordre. La méditation ouvre à la bienveillance et la compassion. Vous ne recevrez nulle haine ou cruauté venant de nous. Si prendre part à votre cérémonie peut effacer vos doutes à ce sujet, nous nous y plierons sans détour. »

S'il était conscient que de telles paroles pouvaient révulser l'intérêt de ce cher Yamanaka trônant dans son dos, cela n'empêcha pas l'ascèse de les prononcer ; car en actant ici sa présence, il s'engageait à toutes les responsabilités qu'elle sous-entendait. L'éther dissimulé sous ses paupières s'attarda un instant sur le bandeau double noué à son épaule, dont il se garderait de porter tout commentaire comme il l'avait fait lors de leur première rencontre sur l'île d'Ue. Peut-être pourrait-il comprendre mieux que tout autre les sentiments de ces moines.

Quant au sabreur, s'il n'avait pu être témoin de sa personnalité que dans le prisme de ce bref échange passé, il ne trônait en son esprit aucune appréhension. Bien que l'Ombre ne puisse se porter garante de chacun des membres de son ordre, il éprouvait envers elle bien assez de confiance pour dédier à son concours une âme qui n'embourberait nullement l'objectif de cette mission à laquelle il avait été convié.

Un fin soupir s'échappa de ses lèvres, plus poussé par une once de frustration que par quelconque déni ou ennui. Une nouvelle fois, son regard vint trouver celui de cet homme bercé par la prière, garant de tant de vérités qu'il ne pouvait en prononcer. Il était évident que cette excuse prononcée plus tôt n'avait d'autre but que d'éloigner les étrangers à ce temple de cet isolement que chaque ascète s'efforçait de respecter, afin que la honte qui guidait leur vie ne s'efface loin des yeux indiscrets. Si Aditya leur portait tout autant d'égard, il ne pouvait se résoudre à accéder à leur volonté de les voir se détourner de ce chemin ; car au fond de lui trônait l'humble certitude que la cohabitation de cette unité et celle des moines ne pourraient traduire qu'un blason redoré pour l'un, comme pour l'autre. Le temple du lycoris demeurerait gardé par ces soldats d'antan, évoluant de pair avec une génération nouvelle visant à rendre ce monde gardé par les principes éloignés de la guerre.

Et qui de mieux que des êtres ayant survécu à la honte du conflit pour enseigner à ces âmes l'importance de s'en détourner ?

« Je n'ai porté aucun jugement sur vous lorsque vous aviez accédé à la menace des profanateurs d'offrandes, l'année passée ; votre ordre en a été témoin. Il en vaudra de même aujourd'hui. Votre passé n'a rien à craindre de nos paroles. »

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Okkoto
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Dim 25 Oct 2020 - 14:23

Really ? Prendre part à leur cérémonie ? Tokage s’était imaginé que la mission serait chiante – et il lui semblait bien qu’il l’avait suffisamment fait comprendre – mais il ne s’était certainement pas figuré qu’Aditya voudrait les embarquer dans la même galère que les pignoufs en jupette. Se pouvait-il par hasard qu’il le fasse exprès pour emmerder son élève ? Diable. Si c’était le cas, alors le bonhomme était bien plus pernicieux qu’en apparence. Mais Tokage n’allait certainement pas lui donner satisfaction. Il n’allait pas pousser la petite crise hystérique qu’Aditya – il en était persuadé – attendait de sa part, c'est-à-dire la meilleure occasion pour lui de se débarrasser d’un élément gênant dans son équipe. Il était déterminé à le faire iech jusqu’à la moelle.

C’est dire si Tokage avait la mémoire courte. Et s’il était stupidement orgueilleux. Car cette querelle d’egos – qui n’existait que dans sa tête, soit dit en passant – s’était substituée à son but premier : celui de provoquer le maximum de foutoir pour être renvoyé le plus vite possible. Sans qu’il s’en rende compte, son nouvel objectif était devenu de ne pas donner satisfaction à Aditya. Et comme il était convaincu qu’Aditya voulait le faire craquer, son plan consistait, à peu de choses près, à effectuer sa mission de manière irréprochable.

Diabolique, n’est-il pas ?

« Tu vas l’avoir dans l’os Barbie, c’est moi que te le dis ... »

D’aucun aurait trouvé ça stupide. Mais encore aurait-il fallu pouvoir lire dans ses pensées. Et toc. De l’avantage d’être un Yamanaka.

Ainsi s’explique l’attitude qu’adopta Tokage : non seulement il répondit à son sensei avec un aimable sourire, et un air parfaitement serein, lorsqu’il se tourna vers lui pour vérifier qu’il était toujours là – à croire qu’il avait des haricots sauteurs dans le slip – mais en plus il ajouta sa propre mayonnaise à celle qui avait déjà été servie au moine qui leur avait entrouvert les portes du temple :

« Soyez sans crainte, nous sommes tout disposés à nous mêler à vos rituels, si ça peut vous rassurer. Et si nous pouvons effectuer quelques basses besognes pour le compte de votre ordre, ma foi ce sera avec plaisir. »

Il embarquait un peu Otsuge avec lui dans ses délires, mais nul doute que le jeune homme ne lui en voudrait pas. Il avait l’air d’être un parfait petit soldat, prêt à tout pour accomplir sa mission et recevoir les louanges de son maître. Il ne rechignerait probablement pas devant une occasion de ramener la balle.

Et enfin, à l’adresse d’Aditya, il lança un regard suprêmement hautain et confiant. Tout son être respirait une même invective lancée à son sensei :

 « Et pan dans les dents. »

Evidemment, il se garda bien de la formuler, tout de même. Il s’agissait de ne pas foutre à l’eau tous ses efforts. On l’aura compris, l’objectif premier de la mission lui passait à des milles au-dessus de la tête. Il avait son propre but, pour lequel la mission n’était qu’un outil. Il se serait flatté à dire qu’il voyait plus loin que leur seule quête du jour. Ce qui aurait été une jolie façon de tourner une réalité bien plus surréaliste.

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Naragasa Otsuge
Naragasa Otsuge

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Mer 28 Oct 2020 - 1:11
Aux portes du temple, le trio kirijin fut accueilli froidement par l’un de ses occupants. À peine l’homme avait-il entrouvert la porte que son regard leur avait signifié toute sa méfiance et toute sa méprise envers eux. Otsuge connaissait l’histoire un peu l’histoire trouble qui unissait les moines - qui avait aveuglément écouté les ordres du Daimyo despote Raonaka Ao - et le village de Kiri. Mais comme celle-ci remontait à quelques années déjà, il ne s’attendait pas à autant d’animosité de la part des résidents du temple.

Avant que l’imposante porte ne se referme complètement, le Major Aditya s’était interposé. Pourtant sans user d’aucune force apparente, le sylvain avait posé sa main contre la porte massive et d’une voix noble et calme s’était expliqué au moine qui leur refusait l’accès. À ses côtés, le Yamanaka y avait ajouté du sien pour le convaincre de les laisser entrer.

Si le moine se laissait convaincre, son regard demeurait lourd et inquisiteur. En particulier, Otsuge sentit sur lui, plus que sur les autres, le regard pesant du moine au travers l’embouchure de la porte. Ni son accoutrement d’ébène, ni l’imposant katana à sa ceinture ne semblaient le rendre enclin à laisser le jeune homme et ses compagnons à l’intérieur du temple. Comprenant la signification de ce regard lourd, le Genin s’excusa de quelques pas vers l’arrière. Il mordilla le pouce de sa main gauche afin de libérer quelques gouttes de sang qu’il étendit d’un même geste dans la paume opposée. Sur cette dernière, il révéla ainsi un tatouage - ou plutôt un sceau - en forme de 7, qu’il porta au manche de son sabre. L’arme à sa ceinture disparut presque instantanément, comme si elle venait d’être aspiré par la marque du creux de sa main.

¬ En espérant que cela convienne, dit-il poliment en reprenant sa place aux côtés des deux autres shinobis.

¬ Comme l’indique mon confrère, nul ne doit se fier aux apparences aujourd’hui. Mais si mon accoutrement vous a choqué, je m’en excuse. ajouta Otsuge tout en mimant la révérence de la tête. Je suis moi-même adepte de méditation, ayant même participé lors de mes voyages à des séances, parfois cérémonielle, parfois ésotérique, avec de nombreuses cultures du Yuukan. J’espérais profiter de notre visite aujourd’hui pour me familiariser avec vos manières de faire. Car après tout, quel dommage que je n’ai jamais pu m’imprégner d’une culture plus locale comme la vôtre.

Le Naragasa omis avec intention de mentionner les séances auxquelles il se livrait chaque matin. Même si le jeune sabreur se targuait du sobriquet de Gardien des mes, il doutait bien que les moines ne seraient sans doute pas du même avis. Après tout, dans la majorité des cultes et des religions, la nécromancie et les esprits étaient sujets tabous.

¬ Et comme l’indique mon confrère, si pour que vous nous ouvrez vos portes nous devons faire nos preuves avec de la basse besogne comme doivent le faire tout novice avant d’être initié, nous nous mettrons humblement à la tâche.

Terminant sa prise de parole, Otsuge porta à sa poitrine sa main droite, au niveau du coeur, tout en inclinant la tête une nouvelle fois. Se faisant, il plaça bien en évidence sa main, et surtout le jonc qui se trouvait sur son index, pour que le moine puisse le voir. Si ce jonc pouvait paraître à première vue anodin, un oeil observateur et connaisseur reconnaîtrait rapidement le symbole du clan Naragasa gravé sur sa surface.

Un sourire sur les lèvres, le jeune noble se redressa et attendit la suite avec impatience.

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Narrateur
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Dim 15 Nov 2020 - 2:54
L’homme suspendit son geste de fermer la porte pour écouter les mots du trio, sans pour autant la rouvrir davantage. Mais bien vite, son expression se referma. Il n’était pas particulièrement impressionné par les mots des shinobis. Et pour être plus précis, ceux d’Aditya. Mais il n’avait pas fermé la porte aux nez des trois hommes. C’était peut-être le plus important.

« Nous n’avons que faire de vos regards, vos… Jugements ? Ce temple n’est pas particulièrement caché dans cette cité. Le monde ne tourne pas autour de vous non plus. Vos intentions m’indiffèrent; le respect de nos traditions m’importe. »

Qui était Aditya pour lui faire la leçon sur les préceptes de la méditation ? Qui était le moine dans cette conversation ? Mais l’homme sembla prendre une grande respiration pour ne pas perdre son calme. Quant aux deux autres, il considéra leurs mots en silence.

« Es-ce que vous voyez vos tâches comme débutant shinobis ? De la basse besogne de novice ? J’en suis bien perplexe. Quelles leçons pouvez-vous tirer d’un exercice que vous ne respectez pas ? »

Mais il n’était pas là pour débattre des préceptes ninjas. Il n’en avait aucune motivation de toute manière. Après un moment de réflexion, il reporta son attention sur Aditya, comme s’il n’avait autre choix que de céder.

« Vous garderez le silence jusqu’à ce que le Jôza vous parle. Je n’ai que faire de vos rangs, encore moins de vos noms, je vous expulserai moi-même si vous dérangez le calme qui règne en ces lieux. Vous n’êtes pas ici pour apprendre, alors n’en faites pas la prétention. »

Il croisa les bras, puis désigna Otsuge de la tête.

« C’est lui qui parlera d’abord en votre nom, jusqu’à ce que le Jöza en dicte autrement. »

C’est un certain retournement de situation, mais le Moine Higanbana en semblait plus satisfait que du reste de la conversation. Avec un léger soupir, il ouvrit la lourde porte afin de laisser entrer les trois shinobis.

Comme on pouvait s’y attendre, le temple était magnifique, et d’une sérénité entière. Les monuments de pierre, les arches de bois anciennes, tout était à la fois vieux et pourtant plein de vie. Même l’atmosphère semblait différente dans ces endroits, comme seul ces lieux pouvaient l’être.

Après avoir contourné quelques jardins, vous vous dirigez vers l’arrière-cour. Un spectacle plutôt saisissant occupe votre regard ; sur les dalles de pierre du sol, 16 moines vêtus de toges semblable à l’homme qui vous avait accueilli semblent effectuer une sorte d’entraînement. Dans leurs mains sont tenues des Naginatas, des lances légèrement courbées portant de longues lames à leurs extrémités. Ils effectuent tous le même Kata, le même enchaînement, mais ceux-ci semblent au ralenti, portés sur la précision mais aussi la difficulté à effectuer leurs gestes plus lentement qu’ils ne le devraient. Mais ce qui est le plus stupéfiant est qu’ils sont absolument, parfaitement silencieux. Leurs pas sont mesurés, posés pour ne pas choquer le sol. Même le bruissement de leur vêtement semble mesuré. C’est un exercice de précision et de force mentale et physique.

Devant eux, sur une dalle presque imperceptiblement plus élevée, un homme d’aspect plus âgé est dans une position plus conventionnelle de méditation et est parfaitement immobile, même s’il vous semble que malgré ses yeux fermés, il ne manque rien des gestes de ses apprentis.

Votre accompagnateur vous intime de prendre place sur le côté, avant de contourner la dalle afin de rejoindre le Jôza de côté, s’agenouillant pour murmurer à son oreille quelques instants. Le Maître ouvre des yeux vifs, nullement ralenti par le temps.


« KAI ! »

Sa voix perça l’air, même les oiseaux se turent. Les élèves suspendirent leurs gestes pendant quelques instants avant de faire tourner leurs armes dans un sifflement mesurés, posant enfin le bout des lances sur le sol dans un bruit presque simultanés. Ils restèrent ensuite immobiles.

« … Faites place à la Brume. »

Les 16 se séparèrent en deux groupes pour laisser un passage menant au Jôza, qui se relevait plus simplement.

« Bienvenue en ces lieux. Comment le Temple Higanbana peut-il vous aider ? »

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Aditya
Aditya

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Lun 16 Nov 2020 - 15:41
Un caractériel. Le dos droit, le regard de l’ascèse se planta dans celui de son vis-à-vis avec d’autant de profondeur que ses iris éthérées pouvaient en prêter à ce geste. Pour autant, il ne dit mot face à cette interdiction de voix dont il n’avait cure. Il avait toujours été quelqu’un préférant les gestes aux mots, allant parfois jusqu’à retrouver la familiarité d’un mutisme habituel. Néanmoins, un murmure de son esprit lui intima de répondre à ses paroles par bien d’autres teintées de la même amertume et du même ton tranchant que le moine avait employé à son égard ; mais un autre lui susurra de demeurer égal à lui-même, et de réverbérer un second de ses principes. Aditya était un homme qui savait choisir ses batailles. Combattre un excès d’orgueil, qu’il ait été le sien ou celui de l’envoyé d’Higanbana ne serait pas ce à quoi il prendrait part aujourd’hui. Retenant un soupir à la lisière de ses lèvres, il délogea ses yeux perçants du visage de l’homme pour aviser la silhouette de Tokage – surpris par ses dires de plus tôt – puis celle d’Otsuge. Il s’attarda un instant sur les traits du sabreur en se remémorant l’injonction prononcée plus tôt, en se doutant qu’il demeurait sous ce choix bien plus de profondeur qu’une simple envie de taper sur les nerfs de qui que ce soit ici. L’ont-ils reconnu ?

Son regard s’appuya davantage à l’encontre du Nagarasa, l’air de dire ; sois prudent. Et libre de toute entrave, l’ascèse empoigna la marche de leur guide à travers les dédales de ce temple, en ne manquant pas de remercier son accord par un léger signe de tête respectueux, comme toujours.

Le long de leur marche, l’attention d’Aditya happa chacun des dédales de ce temple demeuré à l’égal des souvenirs gardés dans sa mémoire, longeant les colonnes de bois et leurs arches sylvestres, jusqu’aux talismans tintant avec la légèreté du vent au gré des parchemins rougeoyants accrochés à leur embout. Un fin sourire se glissa sur ses lèvres, imprégné par la sérénité des lieux ; et en cet instant, ce fut comme si tout ce qui constituait Aditya, l’homme de la brume, s’était effacé. Il n’était plus qu’un homme parmi d’autres, comme il l’avait toujours souhaité, dans une immensité qui le dépassait tant par sa beauté que par sa grandeur, et à laquelle il n’espérait nullement égaler.

Ses pas s’arrêtèrent sous l’égide d’une acropole bercée dans la pierre des murs de ce temple ; et donnant ainsi sur l’extérieur, ses prunelles éthérées purent s’abreuver de la vue d’une part de cette Brume éveillée par les rayons du soleil qui n’aurait pu davantage trancher avec les forces armées qui la défendaient. Une de ces atmosphères que l’on ne trouvait qu’au sein des temples comme ceux-ci, comme celui du Bronze oxydé. La quiétude. La spiritualité. Ses yeux s’adoucirent lorsqu’ils trouvèrent les ombres des silhouettes de moines ployant l’échine face à une statue de pierre dont les traits de Bouddha avaient été empruntés, derrière laquelle l’on percevait déjà les hauts remparts de cette douce Cité.


Mais bien assez tôt, il lui fallut se défaire de cette attention ; et tandis qu’il laissait à nouveau son corps suivre celui d’autrui, il aperçut les traits familiers du jeune Kotei sur le visage d’un des moines, qui, contrairement à ses pairs, courait vers sa destination. Bien que marqué par l’âge que ces deux années écoulées avaient pu imprégner sur son esprit et sa chair, il n’en était pas moins reconnaissable. Tous deux échangèrent une brève œillade dans l’instant où leurs yeux se trouvèrent sans qu’il ne stoppe sa course. Si l’ascèse l’avait connu jeune, impétueux et foudroyant d’énergie, il semblait désormais que l’enseignement des moines avait su l’aider à la canaliser pour parfaire ses paroles et ses actes. Du coin de l’œil, tandis qu’il avançait, Aditya pouvait toujours l’apercevoir ; et la maturité avec laquelle il s’adressait à ses confrères le surpris, dans le bon sens. Tant mieux.

Ses iris s’échouèrent sur l’esplanade intérieur qui leur fit face lorsque, semble-t-il, la marche de leur guide sembla s’immobiliser. Seize silhouettes étaient rassemblées devant eux, mimant une joute martiale à la fois brutale, et pourtant, profondément sereine ; ce fut à peine s’il put percevoir l’écho de leur geste, ou le tintement des modestes ornements d’or parant leurs Nagitana. Mais alors que son visage s’élevait pour contempler l’acropole, son regard trouva le visage du Jōza, rencontré il y a une poignée d’années. Profondément ancré dans la méditation, tous tâchèrent de respecter les gestes de chacun, et de s’avancer de façon à ne les déranger d’aucune façon. Son attention se reporta sur Tokage, peut-être avec un air plus taquin ou jovial qu’à son accoutumée – faute à cette atmosphère si particulière qui animait son âme – et s’il n’avait pas été réduit au silence à son image, peut-être se serait-il osé à une remarque amusée. Il se contenta de l’inviter à les suivre davantage d’un regard, avant que le joug de la voix du maître des lieux ne retentisse aussi lourdement que le son d’un gong.

Et à cela, Aditya ne dit rien ; car s’il avait bel et bien couvert la silhouette du sabreur d’un regard bienveillant, il n’en avait pas oublié la présence du moine acariâtre à leurs côtés. Son échine ploya face à la silhouette révérencielle du gardien des lieux, dans un mutisme devenu porteur d'une douce familiarité.



Dernière édition par Aditya le Jeu 19 Nov 2020 - 17:07, édité 1 fois
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Naragasa Otsuge
Naragasa Otsuge

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Jeu 19 Nov 2020 - 2:43
Le moine était maintenant irrité. C’était le clash des mentalités. Calme et posé, mais pourtant porteur d’une arrogance incommensurable, le gardien au crâne reluisant méprisait visiblement les trois visiteurs impromptus. Il critiqua par la suite les paroles des shinobis à divers niveaux, reprenant principalement celles du leader du trio, avant de s’attaquer à celle d’Otsuge.

¬ Il y a justement tout à tirer d’un exercice que l’on ne respecte pas. L’humilité entre autres choses. rétorqua Otsuge en envoyant une pointe au moine caché derrière sa porte. Mais visiblement mes mots vous ont offensés et vous semblez avoir une vision très nette et arrêter sur les shinobis et je ne pense pas qu’une discussion sur le sujet ne nous apporte quelque chose.

Alors qu’il s’exprimait, le Naragasa sentit le regard pesant d’Aditya sur sa nuque. D’un simple geste de tête, le Genin rassura le blondinet. Il n’avait pas à s’inquiéter, Otsuge garderait son secret. Pour l’instant.

Contre toute attente, le moine céda à la demande des shinobis, mais leur lança un avertissement avant de les laisser pénétrer à l’intérieur du temple : il n’accepterait aucun écart de leur part, s’ils ne respectaient pas les règles, il les jarterait du temple lui-même. Le chauve riva son regard sérieux sur Otsuge, annonçant qu’il devrait parler au nom du groupe pour commencer. Le Naragasa sentit un malaise l’envahir, comme si le moine venait de lire au travers son âme pour découvrir la vérité. Instinctivement, il jeta un coup d'œil à Aditya tout en pénétrant dans l’enceinte du lieu de culte pour laisser paraître son malaise. À quoi jouait-il? Les Higanbana avaient un historique bien particulier avec la famille Naragasa et même si elle remontait à quelques années, Otsuge ne pouvait pas avoir de certitude qu’aucun moine ne porte une certaine rancœur envers sa famille. S’ils n’étaient pas des shinobis, ils étaient tout de même des moines-guerriers. La force des plus forts d’entre eux pouvaient vraisemblablement rivaliser avec celle des soldats de Kiri. Donc si quelque chose tournait mal ici aujourd’hui, les trois shinobis auraient du mal à s’en sortir.

Arrivant dans la cour arrière du domaine, un grand groupe de moines se livrait à une sorte de danse rituelle, gesticulant une imposante naginata dans un flot continu et précis au rythme d’une musique invisible. Leur guide les invita jusqu’au devant du groupe, sur le côté, où il leur demanda de patienter quelques instants avant d’aller interrompre un moine plus âgé, visiblement leur chef, qui se trouvait sur une petite dalle surmontée au devant des guerriers dansants. D’une voix perçante et puissante, le vieil homme ordonna la fin de cette transe et les seize guerriers suspendirent leurs gestes et reprirent à l’unisson leur position initiale de repos. Le groupe s’écarta ensuite, créant une allée encadrée menant jusqu’au chef des lieux.

¬ Joza-dono, merci de nous recevoir. annonça Otsuge en s’inclinant humblement comme il l’avait fait aux portes du temple.

Bien malgré lui, le Naragasa avait été placé au devant de la scène pour cette mission, mais il comptait bien remédier à la situation. Kiri avait besoin de ce lieu pour sa nouvelle unité médicale, un projet porté par Aditya, et personne d’autre que le blondinet n’était mieux placé pour convaincre les habitants du temple d’une bonne collaboration. Peut-être Otsuge se trompait-il, mais à première vue, le vieil homme semblait plus enclin à la discussion que ne l’avait été le moine qui les avait accueillis. Et le jeune homme comptait bien jouer sur cette impression pour faire tourner la situation en leur faveur.

¬ Les temps ont été durs dernièrement, autant pour les shinobis de Kiri que pour les moines Higanbana. dit-il, relevant la tête et fixant Joza dans les yeux, sans même tenter de dissimuler le coin de ses lèvres relevé. Nous sommes venu pour vous proposer un partenariat, entre les moines-guerriers d'Higanbana et les shinobis de Kiri. Plus particulièrement avec les kirijins en charge de la création d'une nouvelle unité spéciale. Marquant une nouvelle pause, il laissa à ses interlocuteurs quelques secondes pour assimiler cette information. Je pourrais m’étendre en long et en large sur les raisons de notre venue aujourd’hui, comme me l’a si bien demandé votre cher camarade à la porte du temple, mais je crois qu’il n’y a personne de mieux placé que mon supérieur, Aditya-sama, pour cela. continua le Sabreur tout en désignant le Gardien Sylvestre d’un ample geste du bras. Car, après tout, c’est lui qui est porteur du projet qui nous amène ici. Avec votre permission, Joza-dono, j’aimerais pouvoir le laisser s’exprimer.

Une nouvelle fois, en guise de politesse Otsuge inclina la tête, portant sa main sur sa poitrine. Cette fois-ci, il prit soin d’user de sa main gauche, afin de ne pas exposer le sigle de son clan qu’il portait.


Dernière édition par Naragasa Otsuge le Jeu 19 Nov 2020 - 22:58, édité 1 fois
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Okkoto
Okkoto

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Jeu 19 Nov 2020 - 12:49

Finalement, cet Otsuge était peut être plus rigolo qu’il n’y paraissait. Et plus intéressant, surtout. Sa petite pique à l’attention du moine qui les avait si chaleureusement accueillis n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. En ce qui concernait Tokage, en tout cas. Et il était particulièrement friand de ce genre de petites attaques tout à fait délicieuses de sous-entendus et de sournoiserie. Lui-même était un grand adepte. Il ne pouvait donc que se réjouir de retrouver cette qualité chez un de ses partenaires de mission … Au moins un, et sans doute le seul à vrai dire, car il était persuadé, même en ne l’ayant côtoyé qu’à une seule occasion avant ça, que ce n’était pas du tout la tasse de thé d’Aditya. Quel dommage …

Il prit la suite de ses camarades à l’intérieur du temple, en lâchant au passage au bonze qui leur avait entrouvert la porte :

« Merci bien mon brave ! »

Le tout avec un large sourire. Quelque chose qui avait cruellement manqué, à son goût, dans les premières salutations auxquelles ils avaient eu droit … Non mais. C’est pas parce qu’on a décidé de se faire chier dans son trou pour le reste de ses jours qu’on peut pas montrer un peu de savoir-vivre quand quelqu’un vient causer.

Très vite cependant, Tokage put se rendre compte que la morosité n’était pas le propre de leur premier interlocuteur. Il n’avait jamais fréquenté les moines, en tout cas pas d’aussi près. S’immiscer dans leur repaire, c’était quelque chose de très neuf pour lui. Et il sut aussitôt que ce n’était pas le genre d’atmosphère qui lui convenait.

Tout le monde faisait la gueule, à peu de choses près. Pour dire, les plus joviaux avaient simplement l’air de se faire chier, ou d’être des béats de premier ordre (oui, venant de Tokage c’est l’hôpital qui se fout de la charité, mais que voulez-vous?). Pas un sourire, pas même un franc froncement de sourcil qui aurait reflété une vraie colère. Tout n’était qu’émotions en demi-teinte, dissimulées, refoulées, ou simplement masquées. Une aberration, en somme. Ces hommes-là ne se plongeaient-ils pas dans la méditation pour s’approcher de l’essence des choses ? Et pourtant, ils le faisaient en se voilant la face, en rejetant leur propre nature d’hommes, celle-là même qui était constituée de raison, c’est vrai, mais aussi de toute une foultitude de sentiments divers, tant par leur nature que par leur intensité. Mais là … Pas trace de joie, de colère, de tristesse. Seulement un morne ennui, calme, serein, tranquille. Un calvaire.

Alors qu’on les menait à travers les couloirs, Tokage lâcha à l’occasion quelques grimaces à l’attention des moines. Ce n’était pas méchant du tout : il grimaçait à leur attention comme il l’aurait fait pour un bébé, pour l’amuser, lui décrocher un gazouillis et une risette. Mais, loin de s’attirer la sympathie des enjupés, il ne récolta que quelques froncements de sourcils passablement réprobateurs.

« Diable … Ils sont pas marrants. »

Il l’avait dit dans un murmure, pas assez fort pour que leur guide l’entende, mais sans doute suffisamment pour qu'il n'échappe pas à l’ouïe fine d’Aditya. De là à dire qu’il l’avait fait exprès pour agacer son senseï, il n’y avait qu’un pas. Libre à vous de le franchir.

Et finalement, ils atterrirent devant le moine en chef. Parfaitement semblable à tous ses collèges, en soi. Tokage avait presque l’impression de faire tache – et il aurait sans doute eu raison de le penser à bien des aspects – avec sa longue crinière de cheveux qui lui tombait en un ordre fort peu ordonné dans le dos. Pas un seul poil ne semblait pousser sur les crânes, ici. C’était un miracle qu’il n’ait pas encore été ébloui par toute la lumière que reflétaient les moines. Leurs boules à zéro étaient autant de miroirs qui menaçaient à tout moment de lui renvoyer en pleine figure un rayon de soleil malvenu.

Quel dommage qu’Otsuge ne se saisisse pas à fond de cette opportunité qui lui avait été laissée de se lever, et d’exprimer tout haut ce qu’il pouvait penser ! Aaaaaah, si on avait donné cette chance à Tokage … Nul doute qu’il aurait soigneusement pesé ses mots pour aboutir à un savant mélange de caustique et de diplomate. Un rêve.

Mais un rêve qui devait rester dans cet état chimérique, car, après tout, on ne lui avait rien demandé. A croire qu’on l’avait convoqué simplement pour qu’il fasse de la figuration et amadouer les moines. Il avait du mal à s'imaginer qu’il était leur genre, cependant. Ni même qu’ils avaient un genre tout court, d’ailleurs. Il se contenta donc de jeter des regards distraits sur le dehors, en se balançant légèrement d’avant en arrière. Manifestement, il commençait à se faire chier.

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Jeu 3 Déc 2020 - 13:05
Tout autours d’eux dans la cour, le temps semblait s’être arrêté, uniquement porté par le bruissement des végétaux dans la brise qui traversait le temple de part en part. Le Jôza se tenait droit, de l’autre côté de l’allée de moines-guerriers qui s’était formé, à la fois humble et impérieux et à votre écoute, et si rien dans son regard ne vint le trahir, il ne put que remarquer le léger mouvement de balancier exécuté par le Genin Tokage, marque d’impatience et d’une énergie qui n’était soumise qu’à peu ou pas de discipline.

Comme il le lui avait été demandé, ce fut le Naragasa seul qui prit la parole, accompagné par le mutisme docile de ses coéquipiers. Sans sourciller, le Jôza écouta. Sans un tressaillement, il prononça son jugement, d’abord pour lui-même puis, promptement après, aux oreilles des trois shinobis de Kiri qui étaient vraisemblablement venus négocier avec lui.


« Décevant, jeune Naragasa. J’en attendais bien plus de la part de quelqu’un qui porte ce nom, et j’en viens à me questionner sur la raison de votre présence ici. »

Le Jôza fit un pas unique en avant, porté par un tel équilibre et une telle fluidité qu’on aurait pu croire le voir léviter depuis la dalle légèrement surélevée jusqu’au parterre plus égal sur lequel se tenaient les seize autres moines.

« Que les monts tombent ou que les océans se soulèvent, nous demeurons qui nous sommes, imperméables au temps, mouvant dans l’eau et les racines qu’elle irrigue. Vous êtes ici entourés des derniers Sôhei : votre « partenariat » non seulement nous indiffère mais se prête à susciter l’ire des pratiquants les plus impliqués de la voie du Lycoris rouge. Nous ne nous mêlons pas aux shinobis, ne collaborons pas avec eux, et c’est parfaitement bien ainsi.

Alors allez-y, jeune Naragasa. Étendez-vous donc. Nous vous faisons la politesse de vous accueillir et de vous écouter, mais n’en attendez pas davantage. Je doute, de toute façon, que votre camarade ne parvienne à se tenir plus longtemps que la durée de cet entretien.
 »
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Naragasa Otsuge
Naragasa Otsuge

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Sam 5 Déc 2020 - 18:51
Malgré la présence de toutes ces personnes, la cour était de plus en plus silencieuse. Les moines-guerriers avaient stoppé leur kata et se tenait maintenant tout aussi droit et immuable que des statues. Seul le souffle du vent provoquait un bruissement brisant le silence inconfortable. Devant ce mutisme, Aditya demeurait calme et obéissait à la lettre aux demandes des moines. De son côté, Tokage avait plus de mal à rester en place et muet. D’un simple coup d'œil, Otsuge devinait que son partenaire de mission bouillonnait. Malgré tout, il respectait les consignes, au plus grand bonheur du Genin.

Quelques secondes de silence après que le Sabreur ait terminé ses paroles, le maître des lieux brisa le mutisme pour délivrer son jugement. Lorsque Jôza prononça son nom, Otsuge demeura de marbre, pétrifié par la surprise. Son regard se porta naturellement vers Aditya, leur plan de garder secret son identité venait de tomber lamentablement à l’eau. Pour des moines qui se vantaient de leur isolationnisme, Otsuge les trouvait curieusement bien informés. Il s’était émancipé de sa famille et de sa noblesse il y a neuf années déjà, les abandonnant pour rejoindre le clan des sabreurs et le village de Kiri. Les moines avaient certes tissé des liens avec la Seigneurie lors de leur alliance avec Raonaka Ao, mais cette alliance leur avait-elle vraiment été suffisante pour tout apprendre sur lui et les Naragasa? Quelque chose clochait avec toute cette histoire. Otsuge ne pouvait pas identifier quoi, mais il espérait que ses compatriotes s’en rendraient compte également.

¬ Vous êtes mieux renseigné que je ne le croyais, répondit Otsuge. Bon, cela ne me surprend pas...ajouta-t-il d’un rictus.

Après tout, ils devaient savoir les bottes de qui ils devaient lécher pour racheter de leurs fautes. Le jeune homme montrait ses crocs. S’il n’aimait pas afficher aux yeux de tous sa nature noble, il n’hésitait pas à s’en servir pour obtenir ce qu’il souhaitait. S’il devait exposer la dichotomie de leur mentalité pour obtenir leur faveur, Otsuge n’hésiterait pas un instant. Le jeune homme n’aimait pas que l’on se moque de lui et qu’on le prenne de haut de la sorte. Ce moine se targuait d’une neutralité et d’une indifférence face aux shinobis, mais son arrogance trahissait quelque chose.

¬ Vous souhaitez que je m’étende sur le sujet de notre venue, alors voilà. Sous la tutelle de mon cher collègue ici présent que vous refusez d’entendre, nous souhaitons développer à Kiri une unité spéciale médicale. Cela nous permettra d’outiller et de former des shinobis aux arts médicaux et à la médecine afin d’aider à sauver des vies. Non seulement pour aider nos shinobis à survivre aux conflits qui s’annoncent, mais également et surtout, pour fournir à l’hôpital de Kiri un plus grand nombre de spécialistes des arts médicaux afin d’aider la population, sauver des vies civiles.

Petite pause. Le Naragasa sonda la salle pour observer les réactions de ses collègues et des moines. Même s’il se doutait bien que ces derniers resteraient immuables.

¬ Si nous sommes venu vers vous aujourd’hui, c’est parce que nous croyions que les moines de Higanbana portaient dans leur enseignement des valeurs de bienveillance, de générosité, d’éthique et, principalement, du respect de la vie sous toutes ses formes. Des valeurs qui, somme toute, s'alignent parfaitement avec ce projet, ne pensez-vous pas? À moins que je ne me trompe sur vos valeurs? Ou peut-être que votre indifférence du monde extérieur ne les supplante et qu’elle soit à vos yeux plus importante, simplement car vous voulez ignorer les erreurs de vos aïeuls?

Le Naragasa redressa le visage et sa posture, plaçant ses mains derrière son dos tout en dévisageant Jôza. Il ne serait pas intimidé par ce dernier.
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Aditya
Aditya

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Lun 7 Déc 2020 - 12:53
Le regard de l’ascèse vint trouver les traits du visage du Joza de ces lieux, les yeux plissés par l’attention toute particulière qu’il portait à cette atmosphère… pour le moins chargée. Aussi, dès lors que le son de sa voix pris l’écho du nom du jeune homme qui l’accompagnait, réverbérant les traits propres à sa naissance, les iris de l’héritier du bois vinrent trouver celles de l’intéressé. Mais si son air d’habitude porté par l’indifférence trahissait une infime pointe d’inquiétude à son égard, il demeura muet, se contentant d’une œillade afin de rassurer le sabreur. Il hocha la tête – à peine – pour lui faire savoir qu’il n’y avait là rien à craindre, ni de réellement surprenant. Sa venue au monde outrepassait de loin le temps où les moines de ce temple s’étaient engagés auprès d’un membre de la « royauté » de la Brume ; et si le blond lui-même éprouvait un tant soit peu de désintérêt à leur égard, il se priva bien d’ajouter cela au débat. Il se souvenait du jeune Daisuke, dont le précepteur avait utilisé son rang pour prétendre à un statut privilégié auprès des shinobis de ces terres. Aujourd’hui, si sa disparition aurait pu trouver à ses mots des airs de légitimité, Aditya demeurait fiché sur ses positions. Ni en cette heure, ni hier, un enfant de l’Eau ne serait traité autrement qu’un autre du fait de son ascendance. Otsuge en semblait tout aussi conscient.

Pourtant, il espérait que le brun ne se laisserait pas consumer par la rancœur. Il était plus qu’évident que le Joza, par ses paroles, ne faisait que soumettre l’homme qui lui faisait face à un test : la Seigneurie avait de tout temps pensé siéger sur un piédestal, habituée à revêtir plus d’importance que toutes les âmes dans les pièces où ils pouvaient pénétrer. Il s’agissait de savoir si le sabreur revêtait les mêmes traits que ses pairs, ou s’il tenait suffisamment d’humilité pour se détacher de l’ombre du Daimyo auquel leur allégeance leur avait causé leur lot de honte. Ne te laisse pas avoir., pensa-t-il simplement.

L’Hayashijin retint un soupir discret lorsqu’il entendit la première ébauche de réponse du jeune homme, mêlé à l’ombre un sourire plus que discret. Si la diplomatie demandait parfois de faire preuve d’un certain calme face à des répliques acérées, cela ne signifiait pas pour autant que l’on devait dérober ses appuis au profit d’autrui. Le Nagarasa semblait l’avoir compris, à l’aide d’une réponse tout aussi équivoque que celle qu’avait pu prononcer le détenteur de ces lieux. L’essentiel avait été dit.

Néanmoins, son regard vint trouver le visage de Tokage qui avait semblé trouver tout autant d'intérêt aux yeux du Joza que son confrère, pour des raisons bien différentes. Le chancellement léger qu'il imposait à son corps sous le joug de l'ennui ne passait pas inaperçu ; et bien que l'ascèse retînt un sourire amusé face à ce comportement si attendu de sa part, il n'en fût rien.

Au lieu de cela, l'une de ses mains demeurées liées dans son dos se détacha de sa consœur pour venir effleurer le dos du Yamanaka, la paume ouverte, comme pour lui indiquer ces mouvements inconscients. Son geste ne fut ni appuyé, ni imposant, ni ne portait les traits d'un ordre ; simple et dénué d'intérêt, comme toujours, si ce n'était d'apaiser un tant soit peu l'impatience de son élève.

Sa main revint trouver sa pareille au creux de ses reins, après s'être attardée quelques instants sur l'échine de l'intéressé. Cette fois-ci, cette ombre de sourire amusée se mua en véritable mimique, avant que son regard ne guide l'attention de Tokage jusqu'à la silhouette du Joza. D'un sourcil arqué, il tâcha de lui faire comprendre ce qui trahissait ses pensées, dénuées de remontrance ; Tu t'es fait remarquer. Il se serait bien laissé aller à une taquinerie légère à l'encontre du jeune homme, si toutefois le sceau du mutisme n'avait pas été imposé sur ses lèvres.

Bien qu'il sût qu'attirer l'attention sur soi était une chose dont son comparse pouvait se montrer friand, peut-être que devenir un balancier sur place n'était pas tout à fait dans ses choix de carrière.

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Okkoto
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Lun 7 Déc 2020 - 18:53

Il était vraiment pas commode le vieux chauve. Tokage écoutait que d’une oreille, mais il écoutait quand même. Et pour le coup, il était complètement du côté d’Otsuge. Normal en même temps, non ? Il se défendait pas trop mal, le p’tit gars. Il avait l’air du genre à se laisser marcher sur les pieds, de toute façon. C’était bien les gens comme ça, qui avait du mordant. Ils pouvaient être de sacrés emmerdeurs – et Tokage savait de quoi il parlait – mais si on se les mettait dans la poche, c’était tout bénéf.

Il fut interrompu dans le fil plutôt décousu de ses pensées par un contact dans son dos. Un contact pas désagréable, d’ailleurs. Il avait l’habitude des petites caresses du genre, mais dans un contexte tout différent de celui d’un monastère. Il avait du mal à croire qu’un bonze ait pu l’aborder de la sorte, alors …

Imaginez quelle fut sa surprise quand il tourna la tête pour constater que c’était Aditya qui lui faisait des papouilles.

Il resta d’abord interdit, ne répondant pas aux mimiques de son … sensei. Voilà qui était bien inattendu. S’était-il fait de fausses idées quand à cet étrange personnage ? Il lui avait paru être un parangon de sobriété, un monolithe insensible et dénué de toutes émotions. Et voilà qu’il lui décochait un sourire et qu’il engageait le contact physique. Ca ne pouvait clairement signifier qu’une seule chose, aux yeux de Tokage.

Difficile alors d’annoncer à Aditya qu’il n’était pas du tout son genre.

De toute évidence, Tokage avait très mal interprété le message que son sensei essayait de lui faire passer par un regard. Mais comment lui en vouloir ? Lire dans les esprits, sans l’aide de quelques mudras, c’était pas son fort. Lui, tout ce qu’il voyait, c’était un homme dont il avait eu l’impression jusque-là qu’il le haïssait – encore que, il doutait qu’un bloc de pierre puisse ressentir de la haine – et qui s’efforçait à présent de faire le premier pas. Une seule conclusion s’imposait alors à lui : Aditya était une sacrée tsundere. Et il avait craqué très vite.

Aaaaaah, il aimait pas être dans cette position. Il n’avait aucun mal à remballer le premier venu qui se montrait un peu trop aventureux. Mais comment faire quand il s’agissait de remballer quelqu’un avec qui – à son grand regret – il serait amené à travailler à de nombreuses occasions encore ? Il savait d’avance qu’une demande de changement d’équipe était vouée à l’échec. Alors quoi ? Devait-il maintenir Aditya dans l’illusion néfaste qu’il avait peut être une chance ? Le temps de la mission, c’était sans doute le mieux … Car l’autre alternative consistait à lui mettre un râteau sec. Et, si bêta qu’il puisse être, Tokage ne l’était cependant pas encore tout à fait assez pour penser que ça passerait sans mal auprès des moines.

Il répondit donc par un léger sourire. Il sonnait certes un peu faux, avec ses sourcils encore légèrement froncés, mais c’était déjà ça. Il leva même le bras à son tour, et tapota maladroitement à trois reprises sur l’épaule d’Aditya.

A coup sûr, le vieux moine-en-chef ne manquerait pas de faire une nouvelle remarque là-dessus. Mais bon. Il faisait des remarques sur un peu tout et n’importe quoi, de toute façon, à part sur la semoule, c’est-à-dire le service que toute la troupe était venue lui demander. Tokage avait connu l’histoire du village, la guerre civile, tout ça tout ça, et il s’en fichait pas mal de ce qui avait pu se dire entre les moines et la seigneurie dans le passé. Tout ce qu’il comprenait, pour l’instant, de l’attitude du joza, c’était qu’il y mettait zéro bonne volonté. Alors il avait pas vraiment de raison de faire beaucoup d’efforts de son côté pour adopter un comportement qui lui fasse plaisir.

Non mais. Faut pas déconner non plus. Bourreau des coeurs, mais pas petit ange pour autant.

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Narrateur
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Mar 8 Déc 2020 - 0:19
Au rictus du jeune Otsuge, le Jôza opposa une mine absolument impassible, ancré dans un immobilisme qui était autant le témoin d’un apparente indifférence que d’une rigueur physique et mentale hors du commun. Mais, à n’en pas douter, le chef des moines-soldats écoute, et le fait même avec la plus grande attention. Et si rien dans le discours fourni par le jeune Naragasa ne vient apparemment troubler le Jôza, les mots qu’il emploie pour le conclure ne restent pas sans effet sur au moins l’un des seize moines formant les deux rangées ordonnées et disciplinées formées plus tôt.

Une mâchoire serrée, un rictus agressif quoi que camouflé sous le couvert d’une tempérance encore durement mise en pratique. L’oeil affûté du maître de cérémonie en tout cas n’en rate pas une miette : fendant littéralement l’air devant elle, la main droite du Jôza s’élève, mettant fin à toute velléité, à tout ersatz de début de conflit ou de dissension. Puis, aux antipodes de la vivacité avec laquelle elle venait de se déployer, la dextre rejoignit calmement son abdomen, dans une sérénité empreinte de la nature elle-même.


« Je ne vous ferai pas l’affront de vous congédier sitôt après vous avoir écouté, Shinobis de la Brume. Suivez-moi. »

Ses mots font loi, et le Jôza n’a pas besoin d’en dire davantage pour laisser entendre à ses disciples que la cérémonie est avortée selon ses termes. Comme un seul homme, les Sôhei se parent solennellement de leur naginata, tournant le dos aux visiteurs pour disparaître entre les colonnes alentours comme un liquide qui se disperse. Sans un mot de plus, le Jôza lui aussi finit par tourner le dos aux trois hommes, et s’en va arpenter un chemin qui semble s’enfoncer dans d’insondables profondeurs végétales plus loin dans le temple. Le sol est humide, parsemé de mousses vertes, et si cela ne vous était pas apparu clairement auparavant, le Jôza se déplace pieds nus sur ce sentier semblant tout droit extirpé d’une forêt.

Autours de vous, c’est le même constat, la végétation luxuriante semblant vouloir vous engloutir, mais alors que la lumière semble se tarir toujours un peu plus au coeur de cette voie de traverse, la lumière semble tout à coup frappé d’un regain insoupçonné alors qu’un kiosque en bois apparaît au-delà de la silhouette du Jôza. Tout autours, et même par endroit grimpant en des tentacules figés sur les montants, vous constatez la présence concentrée du lycoris rouge qui donne son nom au temple, et qui semble tout autant vous accueillir et vous tolérer que le Jôza lui-même. Dans le kiosque, un large disque de bois surélevé de quelques dizaines de centimètres du sol fait office de table. Sur cette dernière, un nécessaire à thé trône dans toute sa simplicité, rudimentaire et impérial à la fois.

D’un simple et pourtant très éloquent geste de la main, le chef des Sôhei vous invite alors à prendre place dans le kiosque autours de la table. Si le service à thé est amplement suffisant et que la théière semble pleine et brûlante, le Jôza n’y jette pourtant pas un coup d’oeil et y adresse encore moins le moindre geste. A nouveau assis en tailleur, il vous dévisage cette fois chacun à tour de rôle avant de laisser son regard se fixer sur un point au-delà de vous, au-delà du kiosque.


« Parlons, Shinobis de la Brume. Parlons de ces certitudes que vous semblez entretenir sur nous, sur vous-même, sur vos valeurs. Les pensez-vous réellement si proches des nôtres ? Avez-vous même la plus vague idée de ce que cela peut signifier de les rapprocher de la sorte ? »
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Aditya
Aditya

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Mar 8 Déc 2020 - 14:36
L’ascèse retint un froissement de sourcil devant le geste de Tokage, dont il ne comprit pas réellement le sens – pourtant, si le jeune homme souhaitait l’entretenir de quoi que ce soit, il semblerait que cela doive attendre. La voix du Joza s’était à nouveau élevée au creux du silence qui pesait en ces lieux, façonnant l’écho de son ton insufflé de respect jusqu’au cœur des piliers de pierre et de bois qui soutenaient ce temple. Sa main, érigée telle un ordre sourd à l’un de ses Sohei, avait réverbéré ses traits au sein du regard d’Aditya, pour qui la réaction de l’un des moines-soldats n’avant pas manqué de se glisser à son attention. Son échine ploya une seconde fois face à l’accord tacite prononcé par leur hôte – à peine, afin de répondre à sa bienveillance – avant que ses pas ne tracent le chemin dicté par sa silhouette s’éloignant davantage avec le temps. Sa paume vint reposer sur l’épaule d’Otsuge, lorsque l’attention des dignitaires de ces lieux semblait s’être échappée de leurs jolis minois.

« Tu t’en es bien sorti. », murmura-t-il simplement.

Bien assez tôt, la courbe de son regard revint trouver les dédales naturels que ce sanctuaire semblait détenir telles des reliques d’un ancien temps, un trésor qu’aucun ne pourrait véritablement obtenir. Les lignes courbes dressées par les lycoris éveillaient des fragments de teinte carmin sur leur chemin, certaines tardant encore à éclore en ce joug chaleureux de l’été. L’ascèse perçut, au rythme de leur marche, l’ombre d’un kiosque éloigné – si bien qu’il ne lui avait pas été donné d’en voir les détours lors de sa première visite en ces lieux, un an auparavant. Alors, dans un geste qui se voulut aussi silencieux que l’écho de la nature en ces lieux, sa silhouette se plia au commandement sourd de leur hôte, ployant les genoux sur le revers d’un couffin, face au moine.

Toutefois, il attendit que la voix de ce dignitaire ne s’élève à nouveau dans le silence avant de rompre ce mutisme si familier dans lequel il s’était plongé depuis lors.

« Je ne vous ferai pas l’affront de vous répondre aveuglement ce que vous souhaitez entendre ; nous savons tous deux, je pense, que des êtres qui tiennent de telles paroles les voient souvent intéressées. », glissa-t-il comme un murmure, sur un ton aussi humble qu'à son habitude.

Ses iris éthérées vinrent trouver celles du Joza qui lui faisait face à l'autre bout de cette table cérémonielle, afin d'appuyer ses propos à venir. Le dos redressé par l'habitude, Aditya n'en demeurait pas moins égal à lui-même ; il tâcherait d'accompagner chacun de ses mots d'un ton aussi porté par la bienveillance que la franchise.

« Il est impossible pour des shinobis, des exilés ou des moines ayant suivi les enseignements de ce temple de partager des valeurs communes. Certaines, peut-être, individuellement ; mais elles manqueraient le joug du passé qui les ont forgés. Tout comme le sanctuaire Seidou démontre une spiritualité tout autre que celle d’Higanbana ou de ses Sohei. », il prit un bref temps de pause. « Je pense parler au nom de mes confrères en ce sens ; notre venue n’a rien d’une appropriation, d’un conflit, ou d’un désir de se montrer plus légitime que vous ou vos pairs. »

Comme pour faire écho à ses dires, ses yeux vinrent se poser sur la silhouette du sabreur, puis sur celle de son élève – en espérant au fond de lui qu’il ne tenterait pas de se servir du thé en voyant qu’aucun d’entre eux ne le touchait jusqu’alors. Et si toutefois il discernait une quelconque envie, l’ascèse lui lancerait un regard appuyé plus qu’équivoque sur le sujet.

« Comme l’a précédemment mentionné Otsuge, les nombreux cataclysmes qui ont ravagé la Brume l’ont poussée à se tourner vers une vision plus pacifique. À chercher à soigner et guérir les siens, à tendre la main au continent. À créer des moyens pour que d’autres retrouvent une mobilité perdue par un membre arraché, qu’ils soient civils ou dotés du don de chakra. Pour ériger un tel objectif, il est indéniable qu’une unité dédiée à panser les blessures d’autrui et à enseigner des façons de combattre plus respectueuses, droites, se doit trouver un foyer., il soupira, plus pas habitude que par quelconque ennui, de manière assez évidente. Pour être tout à fait honnête avec vous, bon nombre de quartiers au sein du village se sont effondrés, laissant des esplanades libres à la construction. Nous aurions pu, effectivement, façonner de nous-même le lieu où ces apprentissages et avancées prendrons forme. Néanmoins, j’ai préféré vous rendre visite au préalable ; car aussi crucial soit votre vœu de ne pas vous lier de nouveau aux shinobis, j'ai espoir que vous trouviez en cette proposition des airs... acceptables. »

Sa paume vint se nicher au sein de son sari, afin de défaire des plis de son vêtements une missive qu'il ne manqua pas de glisser à l'attention de son hôte, suivant les lignes boisées de cette table. Pour autant, il ne fit aucun geste pour le pousser à l'empoigner, ou à la lire, laissant cela à sa discrétion.

« J'aspire à ce que cette unité soit fondamentalement différente que celles que ce village tient d'ores et déjà, loin d’imiter leur aspect codifié ou rigide ; elle ne lui devra ni loyauté, ni compte, ni devoir. Certes, elle cohabiterait, et coopèrerait avec les autres instances de la Brume – l’hôpital, le complexe, la kenpei – ainsi que le Nanadaime, mais ces derniers n’auraient aucune influence sur elle ou ses règles. Indépendante, mais en parfaite communion avec toute autre., il désigna l’enveloppe d’un signe du menton. Comme je l’ai écrit en ces lignes, qu’il s’agisse de ma personne ou d’un successeur, je ne permettrais pas que ce groupuscule soit entaché par l’avarice de son chef, ou de celui du village. C’est pour cela que qui que soit à la tête de cette unité jouissant d’une certaine liberté se devra d’être choisi d’un accord commun avec son prédécesseur ainsi que l’Ombre, et devra constamment tenir auprès de lui un membre de cette unité qui voue une ferme croyance entre la bienveillance du dirigeant de la Brume, qu’il soit Nanadaime ou successeur, afin que jamais l’un ne puisse évincer l’autre en espérant s’emparer de l’unité à ses propres fins et assurer sa neutralité. »

Il adressa une nouvelle œillade au Joza.

« C’est pour cette raison et son caractère indépendant que j’aimerai vous proposer de l’accueillir au sein de votre temple. Les aspirants ainsi que vos Sohei et moines cohabiteraient, en veillant, évidemment, à ce que vos rituels et habitudes ne soient nullement dérangées par leurs faits et gestes. », il soupira, prenant le temps de la réflexion. « Lorsque je me suis rendu en ces lieux un an plus tôt, et auparavant grâce aux bonzes du sanctuaire Seidou, il était plus qu’évident que votre passé était profondément ancré dans les enseignements que vous prodiguiez ici – que vous ne laisseriez pas des shinobis se mêler à vos ordres à nouveau, qu’importe leurs intentions, dans le doute qu’elles se montrent un jour mauvaises. Sur ce point, je tiens à être le plus clair possible : je ne vous demande pas de vous lier à la Brume. », le blond laissa un bref instant de silence s'imposer, afin que tout le sens de ses paroles ne soient pris en compte par leur interlocuteur. « Il s’agit d’une proposition d’échange, entre les enseignements partagés de votre spiritualité aux futurs membres de cette unité, et l’espoir qu’un jour, votre choix du passé soit effacé par les actions du présent. Il n’est point question de prêter de nouveau allégeance à une Ombre ou à la Seigneurie qui la domine… mais à déterminer si oui ou non, vous demeureriez prêts à placer votre confiance en la personne qui dirigera cette unité. Suffisamment pour que vous ne craigniez pas de voir les craintes d’autrefois entacher l’avenir de vos ordres. »

Volontairement, l'héritier du blond stoppa ce flot de paroles, conscient que contrairement à son habitude muette, bien trop de mots avaient été prononcés, bien que nécessaires. Aussi, il alloua plusieurs secondes de silence pour laisser tant les deux âmes qui l'accompagnaient que celle qui lui faisait face de comprendre toute la largeur de cette entreprise, et surtout, toute la bienveillance sur laquelle elle était forgée. Aditya n'avait jamais été quelqu'un prêt à s'enchaîner à un village, à une cause, encore moins à une unité. À placer sa vie entre les mains d'un autre, à la lui dédier – aussi peu de valeur puisse-t-elle avoir à ses yeux. Il en serait de même pour cette unité, n’appartenant qu’à elle-même, et dont jamais le but ne devrait être accaparé ou dévié par l’ego d’un autre, lorsque son être n’arpenterait plus ces terres.

Alors, lorsqu’il jugea l’instant propice, sa voix s’éleva à nouveau ; calme et limpide, à l’image de ses pensées.

« Je vous le demande d’un homme à un autre, et non d’un shinobi à un Sohei., glissa-t-il. Mais sachez que si vous veniez à envisager cette possibilité, j’entends à ce que ce soit selon vos termes. Je ne suis pas venu en ces lieux en cherchant à vous imposer un idéal ou une proposition, mais avec un esprit ouvert. Aussi, si vous deviez imposer quelques conditions que ce soit à ce partenariat, soyez libre de les prononcer, tout comme je ne me formaliserais pas de votre refus. »

Il glissa une œillade au sabreur, puis à son élève, comme pour les inviter, désormais, à prendre part à la discussion.

« Mais je suppose qu'avant cela, mes comparses doivent apporter leur pierre à l'édifice. Nous avons tous des points de vue différents sur la question que vous nous avez soumis, là n'était que le mien et celui que j'entrevois pour cette unité. », glissa-t-il sur un ton bien plus chaleureux.

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Naragasa Otsuge
Naragasa Otsuge

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Jeu 10 Déc 2020 - 3:28
L’honorable leader des moines-guerriers de Higanbana demeura de marbre devant les premières remarques à peine déguisées d’Otsuge. Il demeurait tout aussi immobile qu’une statue de pierre, tout aussi droit que les piliers de marbres qui soutenaient la voûte du temple. Parmi les suivants, quelques-uns d’entre eux furent marqués par les paroles du Naragasa, mais leur maître les ramena à l’ordre d’un geste vif et silencieux. Le jeune homme tourna le regard vers l’un des disciples ainsi réprimandé, lui rendant un demi-sourire narquois pour attiser les cendres de son mécontentement.

Sans cérémonie aucune, Jôza congédia l’ensemble des moines en mettant fin à la cérémonie. Telle une vague harmonique, ces derniers se dissipèrent aux quatre vents dans une unisson remarquable. Bientôt, ne resta donc plus que le maître des lieux et les trois kirijins qui avaient impunément dérangé la quiétude et la routine du temple. Otsuge avait beau avoir lancé quelques pointes irrévérencieuses envers ses hôtes, il ne l’avait fait que pour les ébranler afin de les convaincre d’une audience en bonne et due forme. Au fond, il respectait leur discipline de fer et leur calme.

Le Sabreur suivit silencieusement Jôza et ses deux compagnons alors qu’ils étaient conduits vers les profondeurs luxuriantes du temple. Plus il s’enfonçait dans le temple et plus Otsuge avait l’impression que la végétation fusionnait avec l’architecture des lieux. La pierre et le feuillage ne semblaient plus faire qu’un par endroit, ce qui donnait une ambiance à la fois remarquable et effrayante malgré une lumière tout aussi vive. Au cœur du temple, ils arrivèrent finalement devant ce qui semblait faire office de lieu de réunion ou de bureau : une table ovale s'élevant à quelques centimètres du sol sur laquelle reposait un essentiel à thé, le tout engouffré par les plans de lycoris écarlate.

Sans autre référence aucune, le maître des lieux invita finalement les shinobis à prendre la parole. Otsuge jeta alors un sage coup d'œil vers Aditya, qui avait maintenant la chance de s’exprimer pour la première fois. Qu’aurait-il à dire exactement? Beaucoup il va s’en dire...Si le jeune ébène avait résumé les grandes lignes du projet d’unité spéciale et leurs intentions, c’est celui que l’on surnommait le Sylvestre qui détenait la clé et le cœur du projet. Otsuge se doutait bien que la parole de ce dernier avait dû le démanger depuis tout à l’heure. Installé sur sa droite, il lui jeta donc un long regard, comme pour l’inciter à faire entendre sa voix.

¬ Les mots de mon collègue Aditya reflètent ma pensée presque en tout point et je crois que de tenter d’ajouter ne ferait que les ternir, répondit d’abord Otsuge à l’invitation du blondinet à prendre la parole.

¬ Mais pour faire écho à ces paroles, je n’ajouterai que ceci : nous sommes venu ici pour discuter d’homme à homme, pour vous faire une proposition qui, nous le croyons, profitera à tous et à toutes, soit-il shinobi, moine, civile. Pourquoi ne pas partir sur de bonnes bases en cessant de de nous affubler d’étiquettes? Nous ne sommes pas issu d’un esprit-ruche, d’une seule pensée et philosophie...Vous m’avez brillamment identifié comme étant membre de la Seigneurie tout à l’heure...Mais pourquoi me juger comme tel simplement à cause de mon nom? Si vous vous étiez penché sur l’homme plutôt que sur son étiquette, vous auriez réalisé que je ne supporte pas les idéaux de ma famille et que j’en suis entièrement indépendant. Tout comme nous ne portons pas de jugement parce que vos prédécesseurs ont commis une faute par le passé…

Otsuge marqua une courte pause avant de conclure.

¬ Faisons tabula rasa. Projetons-nous dans l’avenir. Pensons au bien commun. Et comme l’a si bien dit mon collègue, faisons-le dans le respect des coutumes et de l’indépendance d’esprit de chacun.

Prononçant ces quelques derniers mots, le Naragasa tourna finalement le regard vers Tokage. Nerveusement, il attendit que ce dernier prenne la parole à son tour.
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Okkoto
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Jeu 10 Déc 2020 - 21:04

Tokage prit grand soin de s’asseoir de l’autre côté d’Otsuge, de sorte à le laisser entre Aditya et lui. Instaurer de la distance entre lui et le pauvre malheureux qu’il avait maudit de son charme, voilà la première étape pour des aveux bien douloureux qu’il faudrait bien cependant, à un moment ou à un autre, formuler de vive voix. Mais pas pour l’instant. L’heure était encore aux paroles, et au sérieux tudieu !

Son regard se perdit dans le cadre pour le moins agréable dans lequel ils avaient atterri, alors qu’Aditya prenait la parole. C’est qu’ils avaient bon goût, les moines. Et leurs fleurs étaient jolies. Tokage aurait été bien infoutu de les identifier ceci dit, et cela même s’il connaissait très bien le nom du temple. C’est-à-dire qu’il ne fallait pas trop lui en demander, non plus. Il lorgna aussi un moment sur la théière posée entre eux et le joza. Personne s’était décidé à y toucher. Diable. C’était de la torture. Et complètement con, aussi. Le thé allait refroidir.

Mais avant qu’il ait pu faire quoique ce soit, le silence s’était installé. Il fronça les sourcils, et jeta un regard en direction de ses deux camarades. L’oeillade qu’ils lui rendirent lui indiqua que c’était à son tour de blablater. Peste. Il n’était pas resté silencieux pendant aussi longtemps depuis un moment. Alors ça, pour jacqueter, il allait jacqueter.

« Bah … C’est qu’y a pas grand-chose à rajouter. M’enfin, ils ont dit le principal, quoi. »

Il n’y tenait plus. Il se pencha vers la théière, et servit les quatre gobelets à leur disposition.

« Permettez ? Y fait soif. »

Son office fait, il releva les yeux vers le joza. Et alors, c’était comme si quelque chose avait changé dans son regard. Comme si l’étincelle de malice qui y pétillait habituellement avait gonflé en une véritable flamme.

« J’veux dire … C’est même pas une question de valeurs ou quoi. Et certainement pas d’intérêts personnels. Regardez-nous : le héros, le guerrier et l’idiot. A nous trois, on est le portrait parfait de tout Kiri. »

L’idiot, c’était lui, bien sûr. Le guerrier, Otsuge (il avait juste une tête à faire la guerre). Le héros, Aditya.

« Du coup, c’est pas tellement si on venait vous voir en notre nom. Disons qu’on représente tout l’village. Ca fait un peu nanar, mais en même temps c’est pas vraiment faux. A travers nous, c’est la Brume qui vient réclamer votre aide. »

Il ne regardait pas ses acolytes. Son regard était toujours fixé sur le vieux moine. Il n’y avait que ses réactions qui l’intéressaient, il se fichait pas mal de ce que pourrait dire Aditya. Pour le coup, il agissait en toute bonne foi et sans arrière pensée. Et il se trouvait que son propos servait parfaitement les intérêts de son « sensei ». Alors, s’il avait quelque chose à redire, il pouvait se le carrer là où il savait.

« J’sais pas si vous avez déjà vu un champ de bataille, m’sieur le joza, mais ça fout les j’tons. Moi, j’en ai vu un sacré paquet. P’tetre plus que les deux autres réunis. J’ai vu la tête de Mizu quand on la pacifiait, et j’ai pataugé dans le sang des criminels qu’on exécutait sans sommations. Mais le pire, c’est que j’ai aussi pataugé dans le sang de ceux que les criminels butaient sans plus de remords. Des deux, y’en a un qui tache plus que l’autre, et qui laisse des traces qu’un bon bain peut pas effacer complètement. J’vous laisse deviner lequel. »

Il effleura mécaniquement les deux bandeaux ceints autour de son bras gauche.

« Bref, pas besoin d’en rajouter. J’crois que les autres l’ont déjà assez dit : la guerre c’est moche, et c’est les civils qui trinquent, sauf si on peut leur filer un coup de main en les rafistolant. Vous savez, un mec bien m’a dit un truc pas mal un jour. Il m’a dit que le monde montrait son vrai visage quand il appelait à l’aide, et que nous, on montrait le nôtre d’après la façon dont on répondait à cet appel. Maintenant, c’est à vous de voir ... »

Ce mec bien, évidemment, c’était lui-même. Il tendit le bras pour attraper son gobelet de thé.

« AÏEUH ! Mais ça brûle cette merde ! »

Et la flamme était redevenue étincelle.

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Jeu 10 Déc 2020 - 23:28
« Vous parlez sagement, homme de la Brume. Vos paroles s’élèvent au-dessus de l’eau, témoignent de votre recul sur les questions tant politiques qu’ayant trait à la croyance. Néanmoins... »

Le regard du Jôza tomba vers le sol, ses paupières se fermant sur ce qui aurait pu ressembler à une simple introspection passagère. Ce que le chef des Sôhei voyait, cependant, était loin, très loin de se limiter à cela. Lorsque la voix du jeune héritier tonna dans le kiosque, empreinte de cette même fougue dont il avait fait preuve plus tôt et qui témoignait autant de son lignage que de son indépendance d’esprit, le Jôza rouvrit lentement les yeux, se forçant presque à contre coeur à regarder le Naragasa dans les yeux. Si ses propos parvenaient à atteindre une corde « sensible » chez le moine-soldat, il n’en montra rien, lui opposant simplement des iris empreintes de neutralité, de retrait, d’une réflexion plus vaste et profonde que les simples problématiques politiques.

Sans un mot, il observa ensuite le dénommé Tokage s’emparer de la théière pour en verser le contenu dans quatre des gobelets à disposition. Le Jôza demeura impassible, en apparence imperméable aux récits sanglants du jeune homme dont il ne niait pas pour autant les traumatismes. Son attention, visiblement, était concentrée sur tout autre chose que ses dires peu orthodoxes, et de réaction, il n’en eut initialement qu’une seule lorsque le Yamanaka se brûla au contact du gobelet. D’un geste vif comme l’éclair, aussi rapide que celui qu’il avait exécuté plus tôt à l’attention de ses Sôhei, les doigts de sa main droite vinrent enserrer le petit récipient qu’avait pris en main le dernier shinobi à avoir pris la parole.

Puis, bien plus lentement, comme décomposant chaque mouvement dans une expression de fluidité incroyable, il amena le gobelet à lui, puis sur le côté, et le pencha pour laisser son contenu s’écouler sur le bois du kiosque. Il reposa ensuite le gobelet, une mine grave tout à fait inédite sur le visage, expirant doucement et longuement.


« Je vous invite à faire de même avec les vôtres, adressa-t-il à Aditya et Otsuge. La préparation qui se trouve dans cette théière a besoin de baigner un certain temps dans l’eau bouillante, avant de perdre toute sa toxicité. Ce qu’elle aurait eu le temps de faire, si vous n’aviez pas interrompu notre assemblée méditative un peu plus tôt. »

Dans sa voix, le Jôza n’exprimait aucun reproche, se contentant des faits. De causes, d’effets, et des conséquences qu’ils pouvaient eux-même entraîner. En l’occurrence, la mort violente de tous ceux qui auraient ingéré le thé encore toxique.

« J’entends vos dires, Shinobis de la Brume. J’y vois la décence, l’honnêteté, un regard porté sur l’avenir. J’y vois aussi sans même qu’il semble vouloir se cacher l’espoir que nous acceptions votre proposition afin de nous racheter d’une faute dont nous portons tous la charge, collectivement, et à jamais. Et cela… je ne peux pas le permettre. »

Le chef des moines-soldat marqua une pause, inspirant profondément en abaissant le menton, puis en le rehaussant progressivement. Dans son esprit se déroulait vraisemblablement une bataille, un combat livré à la fois contre lui-même et contre le passé.

« Vos intentions sont nobles, mais le Temple du Higanbana ne peut pas se départir de son héritage. Ne peut pas se permettre de risquer, à nouveau, de perméabiliser ses préceptes au monde extérieur. Shinobi, comprenez ceci : il est autant question de sauvegarder ce qui reste de nous… que ce qui peut bien rester en vous de pureté et de bienveillance. »

En apparence résigné, pour la première fois les traits du regret sur son visage, le Jôza porta la main à la lettre sortie un peu plus tôt par Aditya, la plaquant de sa paume sur la table en bois. Puis, il commença à la faire glisser, droit vers son auteur.
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Aditya
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Dim 13 Déc 2020 - 1:29
L’ombre du regard de l’ascèse se défit des traits torturés de leur hôte, ne serait-ce qu’une poignée d’instants pour aviser les mouvements fluides de cette tasse de thé, dont les couleurs ocres laissaient tout ignorer de sa nature toxique. Laissant un soupir s’échapper de la barrière de ses lèvres, il s’empara de l’objet, et d’un geste du poignet, tâcha t’intimer les conseils du Joza. Sans oublier de frapper sa paume contre l’arrière du crâne de son élève, afin d’appuyer l’idiotie de son geste. Il lui décocha un regard équivoque sur ses pensées – à la fois exaspéré et indifférent – avant d’adresser à nouveau toute son attention à son vis-à-vis.

Il nota dans un recoin de son esprit, cependant, les attraits particuliers de ce breuvage.

Un refus, ou tout du moins en apparence, incertain. Si un nouveau soupir tenta de s’imposer à lui, le blond se garda bien de laisser ses pensées dicter les actes de son corps lorsque les paroles du moine trouvèrent leur écho chez la conscience de ces trois âmes. La mission retraça à nouveau les lignes boisées de cette table basse, dans le sens inverse.

« Je vois. », murmura-t-il.

La pulpe de ses doigts traça les détours illusoires sur ces fentes sylvestres, afin d’accorder à son esprit tout le temps nécessaire à la réflexion – et désormais, elle se montrait plus que nécessaire. Laissé sous le joug du silence, Aditya était en proie, à l’image du bonze, un dilemme ; celui de choisir de suivre la courbe tracée par ses principes lui dictant de ne jamais imposer sa présence aux murmures de l’histoire, ou de s’en détourner suffisamment pour éprouver l’ébauche de décisions de leur hôte. Les reflets d’ivoire de cette tasse trouvèrent leur égal dans ses iris éthérés, avant qu’enfin, sa voix ne s’élève au même rythme que son corps. Dans ce cas...

La silhouette du Gardien Sylvestre s’était redressée, avant de déclarer ; « Dans ce cas, nous ne vous dérangerons pas plus longtemps. Navré d’avoir interrompu votre assemblée. », glissa-t-il en courbant légèrement l’échine.

Son regard vint trouver les prunelles d’ambres de Tokage, puis celles obsidienne de l’héritier de la Seigneurie.

« Tokage, Otsuge. Attendez-moi à l’entrée du temple. D’ici là, soyez libres d'agir comme vous le souhaitez. »

Si l’ascèse était conscient du caractère profondément surprenant que pouvaient détenir ses paroles – abandonner ainsi, après un frêle échange, il espérait avec davantage de ferveur que la vraisemblance d’une telle situation tiendrait plus d’importance à l’esprit de ses comparses et qu’ils décideraient, finalement, de s’éloigner de ces deux êtres portant un sari. Aussi, ce ne fut que lorsque leurs pas les aient éloignés de ce kiosque pour retrouver la familiarité du temple que son regard ne croisa à nouveau celui du Joza, comme pour l’inviter à le suivre sur ce même sentier… à une cadence bien plus lente que celle des shinobis les ayant précédés, la missive ayant retrouvé son siège entre les plis de son vêtement.

Une fois relativement proche de l'acropole sans pour autant y prendre présence, à demi-chemin, le blond stoppa sa marche, le regard élevé vers les silhouettes des deux genins l'accompagnant qui semblaient se mêler à celles des moines relevés de la présence de leur guide. Un rictus particulier aurait bien assez tôt fait de prendre place sur ses traits si Tokage, comme à son habitude, agirait bêtement ; mais ça n'était pas là le sujet. Au contraire, un certain recul s'épris de lui, lorsqu'il avisa à nouveau le Joza sur ses flancs.

« Tout héritage trouve sa fin lorsque les âmes connaissant son sens exhalent leur dernier souffle de vie. », il épargna le poids de son regard au bonze pour ses paroles à venir, observant à nouveau les agissements du sabreur et de son élève. « À partir de cet instant, il revient à l'histoire de le réécrire. Parfois avec vérité, parfois avec incohérence. »

Il soupira, faiblement.

« Vous mêler à la Brume dans le cadre de cette unité n'expiera jamais vos fautes, que ce soit aux yeux des instances, aux nôtres, et encore moins aux vôtres ou celles de vos Sohei. Au-delà de simplement considérer mon point de vue, je doute que cette seule proposition ne suffise à délaisser un passé aussi ancré dans vos croyances, encore moins dans celles de l'histoire. Comme toute chose, seul le temps peut se porter garant de son évolution, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Il en va de même des relations que l'Eau entretient avec les autres nations ; nul blâme ne saurait être balayé sous le tapis de la sorte en espérant créer un futur où tous les auraient ignorés comme s'ils n'avaient pas existé., il glissa une œillade à son vis-à-vis. Que ce soit pour vous ou la Brume, cela constituerait non seulement une offense à ceux s'étant sacrifié pour des idéaux qu'ils pensaient véritables, qu'aux futures âmes à qui nous laisserions un héritage floué. Ce n'est pas ce que je souhaite. »

Sa silhouette se défit de la rigueur qu'avait imprégné leurs pas, pour trouver dans le coin de son regard la table basse siégeant au creux du kiosque dont ils bénéficiaient tous deux encore de l'ombre. Plus encore, sur les détours de la théière qui l'avait intriguée plus tôt.

« Il est coutume pour bien des bonzes de trouver dans la nature le fruit de leurs repas ou de leurs breuvages. Que certains soient empoisonnés ou en perdent leur caractère par le biais d'une préparation spécifique ne m'étonne pas., il croisa à nouveaux les yeux du moine le temps d'un moment. Mais peu d'entre eux disposent également de l'inconscient désir de voir cette même nature prendre leur vie à la suite d’une erreur ou irrégularité qui pourrait advenir à tout instant, en pensant le mériter. Je ne doute point de votre rigueur, mais mon instinct me dicte, peut-être par erreur, que s'il advenait que vous ne vous empoisonniez en ce jour ou celui de demain, vous y verriez une certaine indifférence... ou une libération., Aditya avisa l'orée du temple, à nouveau. Nul ne pourrait questionner de votre attachement à votre honneur perdu et à votre volonté de porter votre peine. Si vous la retirer était en mon pouvoir, aussi maigre soit cette possibilité, je ne le désirerais pas. »

Ses mains vinrent se lier entre elless, dans un mouvement porté par l'habitude ; et tandis que l'une cernait l'autre, la pulpe de son pouce vint presser avec douceur les détours de la marque s'y trouvait, celle le désignant comme un membre des ordres médicaux de ces terres, en appel au vestige d'un code qu'autrefois, tout être pouvant panser les blessures d'autrui se devait de suive.

« Je n'ai pas voulu vous soumettre cette proposition en espérant changer le fondement même de ce qu'est votre ordre aujourd'hui, mais pour qu'auprès de vous, les âmes qui verront leur savoir se forger en ces lieux apprennent tant des leçons médicales que celles de la vie. Que toute erreur peut un jour avoir des conséquences immenses sur le futur, aussi insoupçonnées soient-elles. Qu'il ne revient pas à nos seules âmes de décider de la course du monde ; que la responsabilité est à la fois un devoir et un maux pouvant nous ronger, mais à laquelle nous ne pouvons nous dérober. Et dans votre honte, peut-être vos Sohei et vous êtes les seuls en ces terres qui détiennent tant de vérités. Un héritage que les générations futures devraient pouvoir transporter à celles qui naîtrons lorsque nos corps ne seront que poussière. C'est là mon seul objectif, en venant ici. »

Lorsque son regard croisa celui du bonze, il fut cette fois-ci empreint d'une certaine gravité – celle que l’on prêtait naturellement au poids de ses paroles, teintées de vérité ; car si Aditya se refusait à bien une chose dans sa vie, c’était le mensonge. Ses mains se délièrent, comme pour apporter un sentiment de finalité avec ses mots.

« Si vous avez besoin d’accorder plus de temps à la réflexion, sachez que cette unité ne débuterait qu’à l’aube de l’automne. Mais si votre cœur et votre foi vous dicte de vous refuser à ce choix – ainsi soit-il. Je ne peux clamer mieux les connaître ou pouvoir vous convaincre de quelque manière que ce soit, vous êtes le seul juge de votre esprit. »

Son attention s’échoua une dernière fois sur les silhouettes éloignées de Tokage et d’Otsuge, dont il avait veillé à dénouer leurs présences des leurs pour que leur hôte ne puisse être témoin de ne serait-ce qu’une infime bride de futur qui pourrait advenir en ces lieux : celui de deux générations se trouvant et éprouvant les enseignements de l’autre. Que son élève décide ou non d’agir comme à son habitude, que le nom ou le caractère forgé du sabreur ne soit une offense ou un blocage, il n’empêcherait aucune de ces choses. Car il n’y avait que la franchise qui pouvait prôner ici.

« Mais j’aime à penser que lorsque deux âmes se trouvent, quelque soit le lien qui les unis – responsabilité, devoir, haine, affection – elles en ressortent toujours grandies. Parfois transformées jusqu’au cœur, parfois de manière plus légère. Aucun de nous ne peut espérer trouver de sens dans son existence sans être témoin d’autrui ; encore plus lors des années de jeunesse. Peut-être vos Sohei et de futurs apprentis pourront vous le faire entrevoir. »

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Okkoto
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Mar 15 Déc 2020 - 18:49

Tokage fit la moue quand Aditya leur dit de s’éloigner, Otsuge et lui, mais il ne rechigna pas. A vrai dire, il n’avait pas vraiment envie de rester en compagnie du vieux joza. L’idée d’avoir failli mourir empoisonné – un détail que la sénilité du moine avait dû lui faire oublier de mentionner, sans doute – l’avait considérablement refroidi dans ses envies de se montrer diplomate. Non mais sans blague. Ca manquait de les tuer tous, et en plus ça se permettait d’être désagréable ? A un moment faut se calmer la nouille hein.

« Quel vieux nullos ce joza ... »

Tokage avait marmonné, de façon à n’être entendu que par Otsuge. Il allait quand même pas tout faire capoter en insultant ouvertement leur chef spirituel devant tous les moines. Même si c’était pas l’envie qui lui manquait.

« Ca m’fout la rage. »

C’était vrai qu’il était énervé. Il avait fourré les mains dans ses poches avec rage, et shootait mécaniquement dans un petit caillou. Il parlait moitié pour lui-même, moitié pour Otsuge. Quelque part, il cherchait son adhésion. Il aurait été soulagé de se rendre compte qu’il n’était pas seul à penser ce qu’il pensait, ne serait-ce que pour avoir une forme de validation.

« C’est vrai quoi ? A quoi ça sert de se morfondre dans son coin parce qu’on regrette le passé si on fait rien pour améliorer les choses quand on peut le faire ? C’est trop des nuls, et des peureux, c’est tout. »

Et il savait de quoi il parlait : lui-même, étant le prince des lâches, était fort coutumier de la fuite. Affronter les problèmes : non merci. Il préférait autant tourner le dos et aller chercher la facilité s’il le fallait. Mais il savait aussi très bien que ce qu’on cherchait justement à éviter à tout prix finissait toujours par nous revenir dans la tronche au triple galop, et sans pincettes. Alors à quoi ça servait, de rester cloîtrer bien sagement dans son temple ? S’ils voulaient à tel point mourir, ils avaient qu’à se tuer pour de bon, plutôt que de vivre tout le temps sur le fil, comme ça. C’était ridicule.

« C’est quoi d’abord cette histoire avec ton clan ? »

Tokage avait habité Kiri depuis les premiers jours du village, quasiment, et il avait gardé sa place dans les rangs de son armée aussi longtemps. Mais il ne s’était jamais vraiment mêlé de politique, gardant toujours la tête dans le guidon et ne prêtant pas grande attention à l’autorité dont émanaient ses ordres. C’était pas forcément très malin, mais à vrai dire il s’en foutait un peu. Lui, il voulait juste être payé. Et faire équipe avec Daiki. Ca bien sûr, c’était avant.

Aussi n’était-il pas du tout au courant du lien qui existait entre le temple et la lignée dont était issu son camarade.

Ils étaient postés devant la porte du temple maintenant. Tokage avait recommencé à faire des grimaces aux moins qui passaient à sa portée, pour essayer de les dérider un peu. Mais en fait, il n’arrivait à avoir que l’effet inverse : leurs fronts se plissaient avec leurs sourcils quand ils croisaient son regard de grotesque.

Vraiment trop pas rigolos.

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Naragasa Otsuge
Naragasa Otsuge

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Dim 20 Déc 2020 - 2:51
Peu importe les paroles que les kirijins semblaient invoquer, le moine demeurait de marbre. Otsuge aurait aimé avoir le pouvoir de le convaincre, mais le tout semblait peine perdu. C’était dommage, car le projet du Sylvestre était quelque chose de noble. Même si le projet ne reposait pas entièrement sur l’établissement de son quartier général au sein de ce temple, bien au contraire, l’aide des moines dans cette approche aurait somme toute été bénéfique. S’ils préféraient leur autarcie plutôt que d’aider leur concitoyen, alors ils n’avaient peut-être rien à faire dans ce projet.

Otsuge suivit Tokage lorsque leur chef d’équipe les congédia. Peut-être Aditya espérait-il avoir plus de chance de convaincre le moine-guerrier s’il demeurait seul avec lui quelques instants. L’impatience du Yamanaka et l’ombre que portait le Naragasa n’aidaient peut-être pas…

Sans broncher l’héritier écouta les ordres en quittant les lieux avec son compagnon, écoutant les paroles que fustigeaient ce dernier contre Jôza. Il n’y répondit pas, mais Otsuge ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.

De retour dans la salle principale du temple, les moines s’étaient remis à la tâche avec autant d'acharnement et d’assiduité qu’à leur arrivée, avant qu’ils ne se fassent déranger par les Kirijins. Leur discipline était véritablement exemplaire. Mais à quoi bon leur servait-elle s’ils ne pouvaient pas la confronter avec le monde extérieur? Ne se rendaient-ils pas compte que leurs préceptes pourtant bienfaiteurs étaient aveuglés par leur isolationnisme et obscurcis par leur égoïsme stoïque? Cela en était désolant…

Maintenant que les deux genins approchaient de l’extérieur du temple, Tokage lui demanda ce qui unissait son clan à ces moines. Otsuge fut surpris que son compagnon ne lui ait pas demandé plus tôt, au vue de la curiosité que ce dernier semblait posséder.

¬ Hum...c’est une longue histoire. Lorsque Raonaka Ao a pris le pouvoir suite à la mort de Naragasa Kira, mon oncle, il les a convaincus de prendre les armes. Je crois qu’ils regrettent cette décision. La honte les suit pour avoir failli à leur devoir et trahi ma famille , qu’ils honoraient pourtant depuis la nuit des temps, en se liant à l’usurpateur.

Otsuge demeurait sûrement trop vague pour le Yamanaka, mais c’est tout ce dont il était au courant. Lorsque cette histoire avait frappée, il avait déjà quitté le nid familial et il se trouvait quelque part à l’autre bout du Yuukan et il n’en avait appris les retombés que bien plus tard lors de son retour. Si le jeune homme n’avait pas été attristé de la mort de son oncle, ne le portant pas dans son coeur pour ce qu’il avait fait subir à son père, il avait été outré des faits et gestes de son successeur, l’usurpateur et traître Raonaka Ao.

¬ Comme tu dis, ils ont peur. Et ils se laissent guider par elle plutôt que de réfléchir honnêtement. Ils se cachent derrière leur dogme et leur rigidité spirituelle pour se dérober à la réalité et à la confrontation qui serait nécessaire pour qu’ils affrontent cette peur.

Le temps commençait à filer et l’Ébène se demandait de plus en plus comment le blondinet pouvait s’en sortir, seul au prise avec le maître des lieux.

¬ Tu penses qu’Aditya aura plus de chance de convaincre Jôza sans notre présence? termina le Naragasa, esquissant un sourire en observant son compagnon faire des grimaces aux moines. Si tu veux mon avis, poursuivit-il tout bas pour que les moines ne l’entendent pas, à moins qu’on ne les exproprie par la force, je ne crois pas qu’ils accepteront de nous aider...

S’il avait adopté une attitude diplomatique depuis le début de la mission, pour suivre les directives d’Aditya, Otsuge devait s’avouer que cette idée lui avait traversé la tête à quelques reprises, d’autant plus maintenant qu’il s’était buté à leur esprit borné. Il respecterait les volontés de son chef d’équipe, mais si ce dernier le souhaitant, le Naragasa n’hésiterait pas une seule seconde à tirer les ficelles que son statut de noblesse lui offrait.
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Narrateur
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Sam 2 Jan 2021 - 13:36
Comme si il avait anticipé les mouvements de l’ascèse, le Jôza se redressa dans le même instant, se faisant le miroir de la posture de l’eiseinin, allant même jusqu’à mimer son salut en adoptant au degré près la même courbure dorsale. En apparence anodine, cette gestuelle en disait en réalité très long sur le respect que les Shinobis de la Brume, leur leader aux traits aquilins en particulier, étaient parvenus à glaner auprès du chef des Sohei. En congédiant pour ainsi dire presque ses coéquipiers, le dénommé Aditya laissa cependant clairement entrevoir ses prochaines intentions : le Juunin avait beau avoir, en apparence, abandonné l’idée de convaincre le Jôza d’accepter leur offre, c’est un bien un dernier tête-à-tête moins formel qu’il espérait à présent.

Un tête-à-tête, dans les faits, que le moine-guerrier ne fut que trop ravi, en son for intérieur, de lui accorder.

La duperie au Village de la Brume avait fait son temps. L’heure était à l’unité, à la cohésion. Et aussi froid et distant qu’il avait pu paraître jusque là, le chef des moines-soldats se devait au moins à lui-même de se faire cet aveu : cette unité, il lorgnait vers elle, la désirait, même si tous ses principes semblaient l’empêcher de s’y laisser prendre. A pas particulièrement mesurés, arpentant à nouveau le chemin entouré de verdure qu’ils avaient emprunté à l’aller, il laissa les mots de l’ascèse couler vers lui. Peu d’oreilles pouvaient se montrer autant à l’écoute que celles qui désiraient se laisser convaincre, et si un bastion inexpugnable demeurait ancré en lui, le Jôza laissa malgré tout la franchise du Shinobi de la Brume affluer vers lui, d’abord comme un mince ruisseau, qui commença ensuite à prendre l’ampleur d’un fleuve.


« ...Le temps nous est inconséquent, Shinobi. »

Il stoppa sa marche, fermant les yeux pour se centrer une ultime fois sur ses principes, son passé, son présent… et leur futur. Lorsqu’il les rouvrit, ce fut pour les plonger à nouveau dans les prunelles d’Aditya, une certaine raideur venant s’installer dans sa posture.

« ...Vous comprenez notre voie. Si l’on m’avait dit que la Brume comptait dans ses rangs des Shinobis sachant user d’une empathie aussi pragmatique, je ne l’aurais peut-être pas cru. Même si il demeure… de nombreux contre-exemples, dit-il en oeillant Otsuge et Tokage dont les silhouettes se détachaient au loin. Le futur que vous entrevoyez à nos côtés… cette fenêtre ouverte sur la nature même de l’être humain, ses imperfections, je peux le partager avec vous. Un partage, tout en transparence, sans honte ni fierté, entre émotion et apathie. Une contemplation... »

Le Jôza resta un moment songeur, comme figé dans ses pensées, avant de finalement reprendre une profonde et longue inspiration.

« ...Je suis le chef spirituel des Sohei, mais leur âme appartient toujours à chacun d’entre eux. Je dispose de l’autorité pour laisser vos hommes entrer et séjourner en ces lieux, pour laisser votre projet prendre racine entre ces murs. Mais le succès ou l’échec de cette entreprise, que vous avez dépeint avant tant d’idéalisme et de vivacité, dépend avant tout de l’engrais que vous utiliserez et du soin que vous y apporterez. Mais cela… je n’ai à présent aucun doute que vous l’avez déjà bien à l’esprit.

Pour l’heure, je ne peux laisser votre présence faire davantage déroger notre Temple à ses habitudes et ses traditions. Ce que je peux vous promettre, en revanche, c’est que la prochaine fois que vous ou vos semblables viendrez frapper à notre porte… c’est toute notre assemblée qui sera prête à écouter. Nous n’avons pas le monopole de toutes les formes de sagesse, et je saurai partager celle de vos paroles.
 
»

Il inclina légèrement la tête, fermant à nouveau les yeux comme pour fondre ses sens dans la nature mêlée à la pierre qui les entouraient.

« Puissent nos âmes se retrouver, Shinobi. »



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Aditya
Aditya

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Dim 3 Jan 2021 - 18:04
Un fin sourire vint se glisser sur les lèvres d’Aditya lorsque l’écho des paroles du Jôza vinrent trouver son attention – non sans une certaine once de surprise. Car si ses mots de plus tôt avaient été forgés sous la seule égide de la franchise, l’ascèse était conscient que le temps aurait pu leur être bénéfique, ne voulant presser une réponse trop arriviste. Pourtant, le moine avait balayé ces doutes d’un revers de la main, en la lui tendant sous l’ombre d’un partenariat fébrile, mais vivant. Pour la première fois, une porte dérobée à l’avenir s’était ouverte sur cet ordre aux milles devoirs et fascinations, sur les bases fébriles d’un enseignement dont il pourrait seul se porter garant de la réussite ; et si les références à son don sylvestre ne passèrent pas inaperçues à ses yeux dans son discours, elles purent néanmoins se vanter d’imposer un rictus amusé sur les traits de son visage.

Son dos vint s’incliner face à son vis-à-vis, avec, peut-être, plus de considération que le précédent – car la marque de respect que le bonze avait prouvé plus tôt à leur encontre, elle aussi, n’avait pas été une illusion. Il était tout naturel de l’en remercier, ne serait-ce que par un geste équivoque au sien.

« Je vous remercie pour vos paroles… et plus encore, pour votre confiance. Je m’efforcerait de vous montrer qu’elle n’est pas déplacée, et que les fondements de ce nouvel ordre, bien que fragile… deviendront plus robustes avec le temps, je l‘espère. », glissa-t-il une fois redressé.

Pour autant, les derniers mots de son vis-à-vis frappèrent, en un sens, l'esprit d'Aditya lorsqu'elles lui parvinrent à nouveau ; non pas de façon néfaste, bien au contraire. Il demeura interdit quelques instants face à ce gage si lourd de sens qu'il venait de lui offrir... et bien qu'il n'avait considéré son passage sur cette terre que comme éphémère, il se plu, cette fois-ci, à entrevoir le prisme des pensées éternelles du Jôza.

« Ce serait avec plaisir, sthavira*. »

Sans un mot de plus, sa silhouette s'éloigna de celle de leur hôte dès lors qu'elles eurent rejoins l'orée de la pièce centrale, une fois encore ; et dans un dernier regard échangé à ce dernier et ses Sohei, l'héritier du bois trouva le flanc de ses comparses, dont l'attente pouvait se voir couronnée de succès. Comme dit plus tôt, de nombreux contre-exemples existaient. Mais Aditya se refusait à penser que l'un ou l'autre soit fondamentalement mauvais – ce n’était là qu’une image offerte à autrui, un trait de caractère exacerbé.

Et à cela, il ne put pas s’empêcher d’arquer un sourcil face à chacun d’entre eux, tandis qu’il dépassait leur position en saluant les moines sur son chemin, près de la porte de bois qui avait précédé leur entrée plus tôt.

« Bon travail, vous deux. », déclara-t-il sur un ton équivoque.


* Sthavira संस्कृतं, litt. Doyen monastique (sanskrit), issu de l'Enseignement des Anciens
(l'une des écoles du bouddhisme), équivalent du Jōza japonais.

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