Le Vide.

Le Vide s'était emparé du Coeur du Silencieux, incapable de bouger ou d'effectuer le moindre mouvement. Inerte, les genoux plongés dans le sable chaud, rien ne sortit de sa bouche. Rien ne sortait de ses yeux.

Le Vide.

Son regard n'était plus, parti aussi soudainement que la Réalité s'était abattue. Asaara Kuuli, celle qui semblait si invincible, n'était plus. S'en était allés avec elle des rêves et des espoirs qu'elle avait semé dans les tréfonds du Sang-Mêlé. Une Détresse Incommensurable avait gagné ce dernier, tandis que les larmes jaillissaient de ses yeux désemparés.

Il fut incapable de se remémorer tout ce qu'elle avait fait pour lui. Peut-être était-ce trop dangereux, peut-être n'était-il tout simplement pas capable de supporter ne serait-ce qu'une once supplémentaire de chagrin.


Une main fut posée sur son épaule. Chaud et légère, elle fut semblable à un baume. Immobile, l'Affranchi des Sables Rouges ne se retourna pas directement. Appréciant la sensation rassurante qui lui fut transmise, il s'y accrocha de tout son être, de peur de sombrer à nouveau dans les Limbes du Désespoir.

Lorsqu'il voulut savoir à qui il devait son Salut, nul ne semblait se tenir derrière lui. Et pourtant, la main, tout du moins la sensation qui y ressemblait, était toujours là.

Une Voix vint alors lui susurrer quelques mots à l'oreille, lui procurant cette fois-ci sécurité et espoir. Il lui fallut de longues minutes, de longues heures, de longues journées pour comprendre d'où venait cette Voix. Pendant tout ce temps, elle ne l'avait pas quittée et continua de le rassurer.

Difficile de savoir depuis combien de temps ses genoux étaient fiché dans le Sable.

Le Coeur toujours brisé, il ne sut pas si cette blessure profonde guérirait un jour. La Main qui n'avait pas quitté son épaule se déplaça avec douceur jusqu'à la partie gauche de son torse, là où aurait dû se tenir l'étoile cardiaque. Une sensation agréable parcourut cette dernière, avant que le Silencieux n'y mette également sa main.

Cette dernière ne fit alors plus qu'un avec celle de l'Ancêtre du Renouveau qui se tenait derrière le Sang-Mêlé.

Durant ces Siècles et Millénaires, virent le jour Sept Hommes qui, une nuit, se réunirent autour de leur Passion du Savoir. D'égaux à égaux, dit le parchemin poussiéreux de la bibliothèque. Les Sept, créateurs des Sceaux Ancestraux, n'avaient en revanche d'égal en matière de Fuinjutsu. Sauf à une exception près, peut-être.

Le parchemin traitait également de l'histoire de la Descendance des Sept, qui portaient sur leur corps les marques du Savoir leurs Ancêtres. C'est pourquoi ils étaient reconnaissables, pour certains, par la multitude de Tatouages qui ornaient leurs corps.

Ils étaient chargés de protéger la Stèle du Dieu du Désert, Père des Asaara...


Le Désert savait-il qu'un jour, l'un de ses Enfants connaîtrait un tel Désespoir et Désarroi ? L'avait-il doté de ce Cadeau Ancestral pour qu'un jour, il puisse en sortir et l'user pour en faire de même autour de lui ?

L'Ancêtre Meikyû, paisible, lui offrit alors des mots qui jamais ne s'oublieront. Lui-même, le Désert ainsi que leur Fils en étaient témoins. Celui-ci, apaisé, afficha un sourire qu'il ne pensait plus jamais revoir.

Asaara. Meikyû. Qu'importe.

Kuuli était morte. Mais Ôji venait de revivre.

Le Symbole du Renouveau.