Il n’était certainement pas monnaie courante pour le Kogami de s’aventurer au hall des héros. Ce vaste cimetière recelait tout un tas d’inconnus, bien qu’ils fussent ses camarades, et si le lieu bénéficiait de cette quiétude toute particulière qu’il appréciait, le fait de se sentir entouré de cadavres en décomposition le mettait mal à l’aise. Sans parler des émanations sépulcrales, créant parfois d’étranges lumières lorsque la nuit tombait. Akira croyant aux créatures oniriques et à divers folklores, le jeune homme préférait ne pas s’incommoder des esprits défunts.
Mais alors que pouvait-il bien faire ici ? Présent en pleine nuit, bien que la fin de soirée commençait seulement à poindre, le soldat s’était retrouvé à errer au milieu des tombes mal éclairées par quelques chandelles situées ça et la, ou les familles avaient bien voulu en mettre. L’ambiance, bien que calme, restait pesante et particulièrement étrange malgré le stoïcisme à toute épreuve du jeune homme. Après tout… nul homme ne saurait être dénué de faiblesses.
La réponse était pourtant simple. Alors qu’il était de passage au gré d’une de ses énièmes pérégrinations nocturnes, Akira avait entendu du bruit. Du bruit bien trop fort et distinct pour ne pas être humain. Le jeune homme n’était pas idiot, cette source de raffut était forcément l’oeuvre d’une main humaine. Et sa curiosité, couplée à son devoir de soldat l’avaient convaincu d’aller jeter un oeil à la provenance de cet étrange bruit, comme si l’on frappait sur du marbre.
Tac. Tac. BAM.
A mesure qu’il approchait, des silhouettes se dessinaient dans la pénombre, éclairées par une lanterne posée au sol. Trois personnes, manifestement de sexe masculin au vu de leurs carrures, s’affairaient à ouvrir une tombe de force à coup de pioche et de pied de biche pour soulever l’imposante stèle destinée à sceller le corps qu’elle contenait. Quelles que soient leurs raisons, ces agissements n’avaient rien à faire sur les terres Hijines… mais alors qu’il s’apprêtait à dégainer son katana, Akira remarqua une seconde silhouette arriver par la droite. Quelqu’un qu’il n’avait pas vu venir avant cela.
“ … “
Ennemi ? Curieux ? Collègue ? Son premier réflexe fut de sortir sa lame, qui refléta alors la lumière lunaire sur son visage.
La journée avait été harassante, l'entraînement rude et les périodes de repos peu nombreuses. J'avais passé de nombreuses heures à répéter les mêmes enchainements de coups dans l'espoir de parfaire ma technique, et le déclin du soleil à l'horizon indiquait qu'il était temps pour moi de rentrer me reposer. J'avais pour habitude de passer par le fameux "hall des héros", glorieux terme destiné à définir le champs de cadavres produit par les conflits inutiles ou les maladies évitables. Le calme de cet endroit avait pour effet de me faire comme qui dirait redescendre en pression. Après toute une journée d'effervescence, les muscles et l'esprit en ébullition, traverser un tel lieu d'être de nouveau en pleine conscience, en totale sérénité.
Ce soir-là pourtant, un trouble inhabituel agita la quiétude du cimetière. Des bruits de métal fracassant la pierre se faisaient entendre et résonnaient jusqu'à plusieurs dizaines de mètres à la ronde.
"Oh après tout c'est pas mon affaire" me dis-je.
Mais quiconque vient perturber le sommeil des morts ne peut être animé que de mauvaises intentions... Aussi tentai-je dans un premier temps de rationnaliser, et de me dire que l'endroit était peut-être en travaux... Mais il était un peu tard pour effectuer des rénovations. Je tentai alors d'identifier la source du bruit et, après quelques secondes de recherche et quelques pas effectués, mon regard se posa sur 3 grandes silhouettes épaisses, visiblement affairées à la profanation d'une tombe.
"Là encore, qu'est-ce que ça peut bien me foutre". Dans ce pays, il valait mieux se mêler de ses affaires.
Pourtant, ce coin du cimetière, je le connaissais et le déclic me vint rapidement. Cette tombe, c'était celle d'une fameuse riche noble, connue dans la région. Détestable tout au long de son existence, on dit d'elle qu'elle se serait faite enterrer avec toutes ses possessions matérielles, bijoux et ornements inclus, dans une volonté de ne laisser aucune miette à ses propres héritiers. Les trois blaireaux en train de farmer sa tombe devaient en avoir après ses biens. En soi, qu'une morte de fasse dérober, je n'en avais pas grand chose à faire... Mais le bruit persistant des pioches ainsi que le rire gras de ces individus me tapaient franchement sur le système. Moi qui passait par là pour me recentrer... Bon allez, on va aller leur taper la discut'.
"Si j'étais vous je rentrerais chez moi. Maman vous a jamais dit de pas emmerder les morts ?"
Ils étaient tous assez jeunes et avaient l'air paniqués. Sans plus d'explication, celui qui maniai la pioche se rua vers moi. Il fut accueillit avec un coup de pied en pleine face, tandis que les deux autres préparent leur assaut. Je me met en garde mais je remarque soudain deux autres présences que je n'avais pas perçue, juste derrière moi. Ils sont tous armés et quant à moi... Je suis épuisé de ma journée. La soirée risque d'être plus longue que prévue.
La silhouette ne semblait pas l’avoir remarqué. En fait, il ne lui prêta même pas attention et se dirigea directement vers le groupe de profanateurs, qui fut sans surprises contrarié de sa présence. A vrai dire, pour faire autant de bruit en sachant très bien que profaner une tombe était passible de prison voir de mort, sûrement étaient-ils de pauvres amateurs sans grand talent ni intelligence. Autant voler quelqu’un en le prévenant avant, ce serait le même résultat. Qu’il fasse nuit n’y changeait rien d’ailleurs, le silence ambiant ne faisant que renforcer le vacarme causé par les trois individus.
“ Merde, j’avais dit de faire moins de bruit ! “
Dit l’un d’eux en agitant sa pioche, contrarié par leur plan mis à mal. Etant le plus maigre mais assurément le plus nerveux, ce dernier s’élança en direction de l’inconnu pour finir couché au sol en moins de temps sous le regard peu rassuré de ses deux camarades. Pourtant, leur expression changea rapidement en voyant le reste de leurs camarades rappliquer, eux-même étant occupés plus loin avec d’autres tombes à la base.
“ … “
Et si la situation aurait pu s’avérer compliquée pour l’inconnu, Akira restait bien la. Invisible et totalement ignoré comme à son habitude, bien qu’il s’agisse cette fois-ci d’un avantage, le soldat brandit son sabre sans le sortir du fourreau dans lequel il était rangé… pour l’abattre sèchement dans la nuque d’un des individus s’étant rapproché de l’inconnu par son angle mort. Le choc attira enfin l’attention sur lui, dévoilant un jeune homme de grande taille à l’air absent, n’ayant manifestement pas envie d’être la.
“ Je crois que vous savez quelle importance l’empire accorde à ses morts. “
Dit-il, esquivant un coup de pelle porté vers son visage. Ces profanateurs n’étaient manifestement pas des shinobis et il serait sûrement cruel de leur faire croire à une possibilité de victoire. Ainsi, frappant d’un grand coup dans le menton du plus proche, Akira le laissa retomber au sol, inconscient. Le combat était perdu d’avance, autant exiger d’eux de partir. S’il devrait techniquement les emmener aux cachots… le Kogami avait tout simplement la flemme.
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