Voilà quelques temps que la vampirette avait obtenu ces griffes et qu'elle les avait utilisées dans diverses situations. Attaques, meurtres, elle avait même tenté d'effrayer les derniers gardes qui voulaient protéger le Daimyo en détruisant d'un seul coup le bureau de ce dernier sous leurs yeux. Elle avait aussi chassé avec elles. Et de tous ces tests en action, elle n'avait pu déduire qu'une chose. Elle sentait comme une légère fraîcheur après avoir frappé et lorsqu'elle les équipait, même si elle s'y habituait vite à chaque fois. Ces lames n'étaient clairement pas normales, naturelles. On ne lui avait pas menti sur ce qu'elle était venue chercher.

Un petit sourire sur les lèvres, elle s'était penchée sur ses nouvelles armes avec ses capacités sensorielles, tachant de les tester dans leurs limites, que ce soit à propos de leur pouvoir propre ou de leurs étranges réactions en combat. Des réactions que l'Informatrice ne contrôlait pas et qu'elle voulait chercher à mieux comprendre.

Concentrant son chakra pour analyser chaque détail de ces lames tranchantes noires comme la nuit, elle s'appliqua à en observer les infimes rainiures qui pouvaient être laissées dessus par le temps. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. Dans les faits, elle ne put voir qu'un métal parfaitement lisse, le tranchant était lui aussi parfait. Quand bien même elles n'avaient pas encore été aiguisées depuis que Katsuko les possédait, elles n'avaient pas été limées ni polies en un quelconque sens, elles étaient telles qu'on les lui avait offertes. Elles étaient parfaites. Et cette observation dérangeait un peu la jeune femme au regard carmin. Comment une arme pouvait à ce point conserver son état initial ? Était-ce lié à ces sensations qui la parcouraient par moments ? Cette idée que cette lame qu'on lui avait offerte comme étant spéciale l'était plus encore que ce qu'elle n'aurait imaginé ?

Intriguée, elle poussa plus encore son analyse, tâchant de déterminer la nature et la résistance du métal en question, cette dernière venait-elle seulement du métal en lui-même ou d'autre chose ? C'était probablement quelque chose qu'elle devrait apprendre en consultant un Metaru... Et il se trouvait qu'elle en connaissait une justement. Qui se trouvait aux dernières nouvelles dans cette même ville. Elle possédait par ailleurs toujours les deux sabres forgés par la blonde, cette Masane.

Continuant son travail de précision, elle essaya d'examiner le chakra qui habitait l'arme cette fois-ci, s'attachant à ses manifestations extérieures tout d'abord. Elle devrait par la suite travailler l'intérieur du métal pour comprendre ce dont il retournait exactement, mais pour l'instant, elle préférait rester sur ce qu'elle avait pu constater pour mieux le comprendre et s'assurer que ses sensations ne lui avaient pas jouer des tours.

Neiko choisit de tester ses griffes à la chasse. Elle n'avait pas d'adversaires capables de disponible et ils n'avaient pas non plus de soigneurs qualifiés et corrects qui savaient faire les choses bien. Elle ne pouvait donc pas requérir l'aide de quelqu'un de moins expérimenté qui accepterait d'encaisser la douleur jusqu'à ce qu'il soit soigné. Et elle n'était pas non plus friande des méthodes sadiques de ceux qui n'hésitaient pas à acheter des esclaves pour mieux les utiliser comme mannequins de chaire pour voir les véritables effets de leurs techniques.

Non, plus simplement, pour observer à nouveau les pouvoirs de ses griffes, la jeune vampire avait décidé de partir à la chasse, ce qu'elle n'avait pas fait depuis un moment. Notamment grâce aux deux traitres qui lui avaient fourni suffisamment de sang pour qu'elle puisse se concentrer longtemps sur son travail plutôt que sur sa soif intangible. Si son père était désormais mort depuis plus de deux ans, sa malédiction planait toujours sur Katsuko. Et elle devait faire avec.

Secouant la tête pour se sortir ces idées noires de l'esprit, la demoiselle aux cheveux rosés sortit, capuche sur la tête. Elle avait encore à faire avant de pouvoir quitter Ame no Kuni. Mais c'était rapide, heureusement. Bientôt, elle redisparaîtrait pour quelques semaines des panneaux de surveillance. Sa destination était déjà toute choisie, et seulement alors elle pourrait reprendre son véritable nom. Enfin, il lui resterait un passage à faire à Kaze ou au moins une lettre aux autorités du Colisée afin de trouver une solution si possible pour s'épargner des poursuites perpétuelles. Être primé avait un petit attrait amusant et palpitant, mais à la longue, c'était juste ennuyeux. Bien qu'elle n'avait jamais eu à tuer de véritable danger, après tout son changement de nom puis son changement d'apparence avait rendu la traque complexe.

Se lançant à travers les rues aux pavés toujours mouillés, les canaux ruisselant le long des routes qui la guidaient jusqu'à l'extérieur de Murashigure, Katsuko se dirigea rapidement vers un bois à quelques kilomètres de la cité principale de la Pluie. Pénétrant dans la forêt, la demoiselle aux yeux rougeoyant prit une grande inspiration et commença à chercher chaque trace, même infime, de passage animal. Experte dans le domaine, elle n'eut aucun problème à discerner, après quelques dizaines de minutes de recherche, des traces de sanglier dans la boue fraîche. Déjà que ces animaux avaient tendance à faire des sacrés retournements de terre en s'acharnant sur un même endroit, alors dans ce pays, ils étaient d'autant plus remarquables.

Amusée, elle suivit la piste et en une petite demi-heure, prenant soin de garder le vent de face, elle arrivait à proximité de la bête qu'elle traquait. Solitaire, l'animal ne se doutait de rien, se cherchant un endroit un peu plus sec que les autres sous un conifère à en croire les ronds qu'il traçait dans les alentours de l'arbre. Tapie dans un fourré non loin, la chasseresse bondit d'un seul coup, toutes griffes dehors.

Loin d'avoir besoin d'utiliser du chakra de manière prononcée pour affronter cette simple bête, elle savait malgré tout qu'un faux pas pouvait s'avérer diablement cruel en terme de blessure douloureuse. Certains, mal préparés, en étaient même morts. Il fallait donc rester prudent en tout instant dans cet affrontement où elle devait concentrer son chakra à l'intérieur de ses griffes.

Ses lames se mirent alors à briller légèrement d'un bleu glacé, tout aussi froid que la petite aura qui les entourait désormais. Elle avait entendu parler de ces armes qui parlaient à leur propriétaire, comme si elles étaient des personnes en elles-mêmes. Peut-être ces griffes qu'avait fabriqué le Forgeron faisaient parti de ces créations si particulières qui renfermaient des esprits. Amusée à cette idée, elle se mit à penser, comme pour communiquer avec ces dernières, ou du moins ce qu'elle imaginait plutôt naïvement être la manière de le faire.

Si vous avez envie de discuter, je suis toute ouïe...

Mais pas de réponse. S'y prenait-elle mal, les griffes n'aimaient-elles pas parler ou alors n'avaient-elles pas cette capacité, elle ne le saurait que plus tard. Pour l'instant, elle ne pouvait que tester et se retrouver face à ce silence absolu.

Soudain, l'animal décida de la charger. Bondissant sur le côté au moment où il passait, elle racla ses six lames sur la peau épaisse de la bête, laissant des sillons larges mais peu profonds. Après quelques instants à mieux observer le résultat alors que l'animal, grognant, se retournait pour reprendre sa charge, elle aperçut des traces de gelure, mais pas de glace. Elle avait donc bel et bien l'impression d'avoir des griffes qui privilégiaient le froid à la glace en elle-même, mais rien n'était certain pour le moment.