A plusieurs lieux au nord-ouest capitale, à la lisière du pays du feu, se trouvait un endroit où nul citadin n'osait mettre pied. C'était une forêt obscure et quasi oubliée où dans le silence de l'Empire se tramait un conflit dont tous les hauts-placés taisaient le nom. Seule l'Unité Impériale était sur place pour investir l'enquête et lutter contre un ennemi sans visage qui prenait selon les sources ses racines dans le pays du fer. Là, dans un bosquet où le chant des oiseaux ne se faisait plus entendre se dissimulait sous l'ombre de quelques vieux chêne un piètre baraquement que le temps avait couvert de stigmates. Lieu de repli des soldats impériaux, on pouvait entendre de l'extérieur sous les quelques cavités qui façonnaient son bois le discours de deux hommes froissés par la vie.

"C'est pas de ta faute, ok ?"
"..."
"Vous ne pouviez pas savoir ce qui allait vous tomber dessus."
"..."
"C'était un soldat, pas un simple esclave en uniforme, il connaissait les risques."
"..."
"...bref... J'ai envoyé une missive pour qu'on nous envoie un membre du clan Aburame, il ne devrait pas tarder. Je compte sur toi pour lui expliquer les raisons de sa présence et résoudre ce bordel. Juste... reprends toi garçon, tu es un soldat et on en a pas fini ici. "

Se détournant vers la porte, le lieutenant bavard regarda une dernière fois son soldat muet qui lui donnait le dos, n'osant croiser son regard, se contentant de simplement se délecter de son haori devenu un haillon ensanglanté pour découvrir à l'air libre les multiples entailles présentes et passées qui lui ornaient l'échine.

"Je vais rejoindre l'escouade #3, tu nous rejoins quand tu auras tiré au clair tout ça. Allez. "

Et comme cela, il s'en alla, laissant seul le soldat défait aux côtés de feu son compagnon qui gisait au sol, recouvert d'un simple drapé blanc nacré de sang pour lui épargner un semblant d'honneur. On disait que la première qualité d'un héros, c'est d'être mort et enterré. Mais le Shinrin en deuil savait que trop bien que son cousin ne trouverait aucun honneur dans son sacrifice. Il était un soldat du secret, et comme tous ses confrères qui ont côtoyé de trop prêt la faucheuse c'est dans les méandres de l'oubli que sa mémoire serait ensevelie.

Une missive directement parvenue de Fukuo? A moi? Qu'ai-je fais. Grommelle Yuan dans sa tête en tenant une lettre signée par l'homme dont elle était éprise à une époque.


Vous êtes bien la dernière personne que j'ai envie de voir. M'enfin. L'Aburame se levait avec un air assez... intriguée par la situation, assise sur un des fauteuils de sa demeure, il fallait maintenant rejoindre le point indiquée, après tout c'était son devoir en tant que Soldate de l'Empire et en tant que membre du clan Aburame. Enfilant sa veste ébène marquée du sceau de l'Empire et des Aburame, elle n'avait plus qu'à faire le chemin jusqu'à la zone indiquée. Pourquoi un Aburame particulièrement? C'est une affaire de meurtre? Les Inuzuka sont plus doué pour ça que moi. Ses songes étaient bousculés et elle soupira lorsqu'elle passa l'arche de sa porte pour rejoindre la forêt oubliée.


L'Aburame se présentait enfin sur le lieu de rendez vous, cherchant une quelconque personne et approchant de ce qui ressemblait à un spectacle plutôt macabre. C'était bel et bien une affaire incluant des morts et elle se méfiait de la personne présente ici, s'approchant tout en gardant une distance de sécurité avant de se dévoiler.

« Je suis Aburame Yuan soldate de l'Empire et l'Aburame en charge de votre missive envoyée à mon chef de clan. Quel est le problème ici? »

Une présentation professionnelle, elle pensait agir comme une policière en vérité, analysant la scène avec un dégoût palpable sur son visage, même si elle était douée pour ça, les affaires de meurtres restaient source d'angoisse chez l'Aburame et voir des cadavres n'était pas le plus beau des dessins.

La porte délabrée crissait tandis que la soldate pénétrait la sombre cabane. Et tandis qu'elle se présentait, l'individu tapis dans l'ombre du fond jetait un simple regard vers son invitée tandis qu'il continuait à panser ses blessures. La vue de l'Aburame ne semblait pas l'avoir interloqué plus que ça, comme s'il avait prévu que l'espiègle destin lui préparait ce genre de farce. Alors il marqua comme une pause, tordant la serviette qu'il avait en main pour extraire l'eau teintée de rouge qui retentissait sur la porcelaine d'une faïence.

Et alors qu'il s'avança de côté vers la lumière, il laissait à l'Aburame le soin de découvrir son identité au moyen de son visage à présent visible et bien marqué par l'anéantissement .

"J'aurais dû me douter que ce serait toi qu'ils enverraient."

Ne cherchant pas à perdre de temps en infécondes palabres concernant leur passif, il pointait simplement du nez le cadavre qui avait été transporté jusqu'ici et dont le tissu souillé de sang camouflait l'infect destin qu'avait pu connaître son compagnon.

"Il s'appelait Shinrin Kareki, il n'était pas très loquace ni forcément accommandant, mais il était de mon sang. Nous avons intercepté les traces d'un ennemi de l'Empire que nous avons pisté durant plusieurs heures… si seulement nous avions su dès le début que tout ceci n'était qu'un piège…"

Son regard réhaussait vers la nymphe, il continua :

"Tout est parti très vite, et si j'ai pu m'en sortir, ce n'est pas son cas. J'ai quand même réussi à duper le meurtrier pour ramener la dépouille de Kareki, ici. Les lieutenants ont tenu à ce qu'un de membre de ton clan vienne pour une raison très simple : L'homme qui a fait ça était un des vôtres, et si ses capacités nous font défaut, ils espèrent qu'avec la dépouille vous pourriez nous en dire plus si les insectes qu'ils utilisent et comment les contrecarrer. "

Il se déconnectait des ordres comme pour bien signifier sa désapprobation. A ses yeux, seule la mort du tueur importait et de son arrogance innée tout ce jeu d'enquête n'était que futilité. De son impertinence, il jurait qu'aucune capacité secrète n'a d'importance, il suffisait simplement de tuer l'autre, et pour ça il était bon.

Pourquoi fallait il que je tombe sur lui? Pénétrant dans la cabane et croisant le regard de Shinrin Hanzo, elle soupira. Nouant sa veste avec une simple en soie émeraude, formant désormais un simple yukata autour de la tenue de l'Aburame, elle s'approcha du cadavre en prenant en compte les dires du Shinrin. L'heure n'était pas à régler les comptes et même si elle n'avait qu'une envie, le frapper, ses pulsions devaient se calmer car la situation était assez grave. Si le tissu permettait de cacher l'horreur de ses blessures, Yuan l'ôta afin de reconnaître la nature de ce meurtre de sang froid.

Yuan n'avait pas peur de salir ses mains immaculées, observant le corps meurtris du Shinrin sans rien dire, comme si elle ignorait les paroles de Hanzo. Ecchymoses, des creux plutôt spéciaux au sein de son visage et de son torse. L'abdomen n'a rien, mais quelque chose de bizarre s'y trouve.

« Nos insectes sont capable de beaucoup de choses, comme entrer dans un corps humain pour le dévorer de l'intérieur. Son corps meurtris n'est qu'une façade pour camoufler sa mort, il semble avoir fait ça bien. Mais j'ai ma petite idée sur ce qu'il a fait pour l'achever facilement. »

Elle appuyait sur le corps glacial du cadavre, haussant un sourcil avant d'attraper un petit kunai dans une petite sacoche qu'elle portait à sa taille, visiblement elle avait besoin de voir l'intérieur et un bourdonnement raisonnait depuis l'intérieur de l'abdomen, un bourdonnement insoutenable auquel elle allait mettre un terme. Mais l'abdomen n'avait rien en apparence, pourquoi ne s'occupe t'elle pas de son buste ou de son visage, les parties les plus atteinte? Elle avait une raison, et alors qu'elle apporte le kunai au niveau de l'abdomen pour faire une petite entaille et l'éventrer, un nuage noir d'insecte se libéra, attaquant presque Yuan puisqu'elle était la plus proche. Un nuage qu'elle vint parer avec ses propres insectes, les faisant entrer en collision sans créer forcément de mur, c'était plutôt histoire de les occuper et de ne pas se faire attaquer.

Il fallait avoir le cœur attaché pour faire ce genre de travail, et tandis que les insectes se mélangeaient ensemble pour rejoindre l'extérieur, l'odeur de putréfaction envahit la pièce et le corps fraîchement décédé avait tâchés les mains blanches de Yuan d'un rouge vif. Elle qui était habituellement élégante, la voilà couverte du sang d'un homme qu'elle ne connaissait pas et d'une étrange substance violine qui la fit écarquiller les yeux.

« Ma vigilance a flanchée. -JI ! »

Un frelon fit son apparition non loin de Yuan avant de se poser sur la zone touchée par le liquide mauve, et ce dernier qui entrait progressivement dans les pores de la peau de la femme, fut stoppé grâce à la piqûre soudaine de l'insecte dans la main de l'Aburame qui serrait les dents. Si les Aburame pouvait empoisonner avec le dard de leurs insectes, ces derniers pouvaient aussi en prélever, une technique assez coûteuse mais qui sauve des vies. Tombant à genoux aux cotés du cadavre, - elle était jusqu'à maintenant accroupie -, Yuan libéra une grande quantité d'air, comme soulagée d'avoir eu le temps de réaction suffisant.

« Il a déguisé son meurtre. Mais la véritable cause c'était ces insectes, introduit dans son corps pour manger ses organes depuis l'intérieur et laissant un poison corrosif faire le reste. C'est pour cela que vous ne pouviez pas forcément savoir la cause de la mort. »

Elle se redresse lentement, observant Hanzo alors que ses mains et ses cuisses étaient toujours tachée de rouge.

« Donne moi quelque chose pour m'essuyer s'il te plait. Pour combattre ce genre de personnage sans posséder d'insecte il vaut mieux savoir se soigner du poison rapidement et faire en sorte que vos orifices ne soit pas accessible. »

De biais, il lorgnait sur la kunoichi en train d'œuvrer pour élucider le mystère qui tournait autour de la dépouille tout en s'occupant de ses propres déchirures et ecchymoses. Et plus il l'écoutait et l'observait, plus il se prenait d'admiration pour les arcanes de son clan en dépit de la vie qu'ils venaient d'ôter. Même si l'heure n'était pas à la passion et à l'émerveillement, le Shinrin en restait épris de cet art, de ces hommes qui avaient réussi à dompter l'indomptable pour livrer combat à l'aide de petits être pas plus hauts qu'un ongle.

Et lorsque la surprise fut de voir ce nuage dans les airs, sa première réaction fut de se prendre d'effroi pour la sécurité de la nymphe, tentant vainement de venir la protéger avant que cet acte ne vienne réveiller ses maudites et fraîches contusions qui le stoppèrent net dans sa course, le ramenant à genoux le tout accompagné d'une vive souffrance.

Mais en un simple coup d'œil il comprenait que sa brave tentative n'était pas nécessaire, elle s'en sortait très bien et même mieux que s'il était venu la gêner. Mais alors que son inquiétude se dissipait lentement, il comprenait que même cette vaillante ambre qu'il avait pu médire le temps d'une nuit restait de chair et en proie à la mort. Aussi diabolique et malintentionné fut-il en une précédente nuit, ô grand jamais il ne désirait la voir blessée. Alors pris de remords, il pesait ses mots encore inavoués, tentant tant bien que mal de trouver la phrase qui lui permettrait d'exprimer sa repentance, avant d'être interrompu dans sa réflexion par la belle qui lui réclamait un tissu.

Il attrapa alors un chiffon qui n'avait pas encore été bruni par le sang oxydé avant de lui tendre péniblement, son autre main toujours plaquée contre ses côtes fêlées qu'il tentait de maintenir contre la douleur.

"…et serais-tu toi en mesure de nous fournir l'antidote ?"

Et alors qu'il se reconnectait avec ses précédentes pensées, il clarifiait en son for intérieur le nouveau tourment qui côtoyait son deuil. Sa main libre vint agripper le bras de la jeune femme, un geste qu'il avait peut-être déjà commis mais dans un registre tout à fait étrangé à la situation.

"Yuan, je…"

Et là comme ça, il ne trouvait définitivement pas les mots.

Elle attrapa le tissu pour s'essuyer les mains, le tachant rapidement de sang au vu de la quantité qu'elle portait sur elle. Mais malgré ce nettoyage les résidus restait, le sang sec est quelque chose de tenace et le faire partir ne sera pas simple, mais le principal c'est qu'une grande partie a pu être retirée. Ses mains allaient restée légèrement tâchée mais c'était son travail et elle sait bien qu'en rentrant chez elle, elle n'aura aucun mal à justifier ça.

Déposant le tissu non loin du duo, elle se frotta les mains un instant comme si elle testait la réactivité de son bras avant de se lever doucement, expulsant de nouveau une grande quantité d'air comme si elle avait du mal. Le frelon lui était toujours en train de la piquer pour pomper le poison qui s'était introduit dans ses veines, et la douleur de la piqûre lui coupait le souffle. Valait mieux ça que perdre son bras après tout. Puisqu'elle ne le regardait qu'à peine, elle n'avait pas spécialement remarqué qu'il semblait blessé, mais après un instant elle s'en rendit compte, mais n'en fit rien.

« L'antidote? C'est possible de le trouver, mais pour le moment à part pomper le poison je ne peux rien faire. »

Et elle détournait de nouveau le regard, concentré sur le prince qu'était le frelon qui la sauvait d'une mort certaine avant d'être surprise par Hanzo qui la touchait. Un instant de silence fit place dans la salle, un silence qui n'annonçait rien de bon. Dégageant son bras de l'emprise du Shinrin, elle fit un simple mouvement de la tête pour rabattre sa chevelure sur le coté, le regardant avec un regard empli de dédain.

« Shinrin, l'heure n'est pas à la discussion. Avez-vous reporté d'autres décès? Ou alors nous pouvons nous concentrer sur la traque du tueur. »

Elle n'en avait rien à faire. Rien à faire de ce que le Shinrin avait à lui dire et même si elle se doutait qu'il allait exprimer des remords ou lui cracher dessus, elle ne voulait rien entendre. Mais Yuan savait bien que Hanzo n'oserait plus rien de trop grave, maintenant qu'il sait qui est son "propriétaire".

Le dédain et l'ignorance peinait cette âme en quête d'absolution. Dans cette calamité teintée de chagrin, il en était revenu à l'essentiel et faisait face aux tribulations qu'il avait lui-même causé par cette saloperie de malfaisance qui le rongeait. Alors il aurait pu tenter de s'expliquer, il aurait pu entreprendre de tout ramener à l'alcool mais il n'en était rien car au fond de lui-même il savait très bien qu'il n'y avait besoin d'aucun liquide pour faire naître en lui cette aigreur sadique, il n'y avait pas besoin d'aller à la taverne pour faire face au problème car il était dans cette maisonnette et il vivait avec chaque jour depuis sa naissance.

Alors il l'écoutait le vouvoyant, alors il l'écoutait le traiter comme s'il n'était pas là, alors il l'écoutait… Si ses mots semblaient doux, leur signification profonde était d'une brutalité sans nom.

"…"

Si sa raison lui sommait de se faire une raison, ce point qu'il avait sur le cœur ne pouvait s'y résoudre et ne demandait qu'à disparaître. Le temps il aurait aimé pouvoir le manier, trouver les graines du sablier, s'emparer de l'avenir, du destin de son être et lui dire qu'il n'était pas obligé d'en arriver là. Mais ce n'était pas dans son registre d'arcanes, alors il ne pouvait que baisser la tête, acquiescer silencieusement et en revenir à un sujet où elle daignerait lui parler par simple professionnalisme.

"Non, nous étions les premiers à arriver sur place. Le reste des escouades est parti à sa recherche, si nous en avons fini ici alors il est temps de les rejoindre. "

Comme rouillé, il s'apprêtait tant bien que mal, se parant de ses tissus dont le noir n'arrivait pas à totalement camoufler le plasma séché. La venue de Yuan avait eu le don d'éclipser momentanément son deuil pour le permuter à une peine tout aussi déprimante. Le jeune était déplorable, mais il ne comptait pas remettre le sujet sur la table, l'Aburame avait été clair. Tel était son châtiment, telle était sa punition bien méritée.

La douleur était visible sur son visage. Soupirant une nouvelle fois et encore plus fort que précédemment, Yuan plissait les yeux, se mordait les lèvres, serrait les dents, tous des signes de souffrance physique. Mais c'était pour la bonne cause. Puis elle observe le frelon, qui bourdonne affectueusement à son hôte qui se retient de hurler de douleurs.

« Tu as fais du bon travail Ōji. »

Marmonne t'elle à son frelon qui venait de retirer son dard de l'épiderme de l'Aburame qui affichait un air plutôt dérangée. Elle n'avait pas reçu beaucoup de venin et venait même d'en perdre mais la piqûre du frelon restait extrêmement douloureuse, et même si l'insecte faisait en sorte de ne pas lui faire mal, son dard enduit de venin devait forcément toucher sa peau. Tenant la piqûre avec son autre main, elle observa Hanzo avec un air sérieux alors qu'il répondait à sa question. Nous n'avons plus rien à faire ici.

« Alors allons-y. Shinrin Kareki sera bénéficiaire d’obsèques plus tard, son corps doit encore nous aider pour trouver un possible antidote. Il doit rester du poison. L'avez-vous combattu, Hanzo-san? Cet homme. »

Lui lance t'elle en recouvrant le corps du Shinrin décédé du drap qui le couvrait de base. Elle connaissait son clan et ne voulait pas réellement avoir des ennuis avec les autres Shinrin. Quittant la maisonnette, elle attendait que Hanzo la suive pour la guider vers le reste de la troupe chargée de s'occuper de l'Aburame criminel.

La dame était douée de compassion à l'égard du cousin Shinrin, et le Shinrin vivant devait se l'avouer que même s'il n'avait en soit pas une vision dégradée de sa comparse, il en restait qu'il n'aurait pas conjecturé une telle attitude. Mais malgré cela, son discours demeurait celui d'une femme qui s'en tenait à la simple politesse militaire. Et comme cela il devait lui aussi jouer le jeu de l'indifférence avec la donzelle, faire comme si rien n'avait eu lieu, pour en arriver presque à croire que c'était la première fois que ces deux là se côtoyaient.

"Non, j'ai évité de peu le sort de mon confrère et oui, j'ai combattu ce diable. Mais sous le feu de l'action, tout ce que je me souviens c'était les armes de ses pièges qui fusaient de toute part. Si je n'avais pas une botte secrète en réserve, je ne serais pas devant vous à vous parler, pour votre plus grand bonheur j'imagine."

Il la regardait se dérober de la cabane, profitant de son absence pour exhaler un long souffle de pénibilité qu'il retenait depuis qu'elle avait mis pied ici. Enfilant sa dernière manche, le voilà également alors au pied de l'abri déjà orienté vers une direction tracée de quelques pas.

"Nous pouvons rejoindre le lieu de l'embuscade si vous voulez enquêter plus finement. Ce n'est seulement qu'à quelques lieux et je doute qu'il ose revenir sur ses pas, nous avons déjà quadrillé et sécurisé le secteur."

Comme une nouvelle brique dans ce monument de remord qu'il tentait d'ériger, le voilà qu'il devenait volontaire quant à l'exercice de l'Aburame. Il avait fait fi de son arrogant désir d'en découdre pour suivre son rythme et espérer un peu plus pouvoir se repentir.

Combien de temps vas-tu tenir Hanzo. Se marmonnait t'elle intérieurement. S'était-il rendu compte de ce qu'il avait fait? Sûrement, puisqu'il l'avait interpellé un peu plus tôt mais Yuan l'avait totalement ignoré, elle ne voulait pas succomber à la colère et repenser à un événement qu'elle préférerait oublier. Dès à présent, le Shinrin devait se plier à la façon de parler bien trop polie de Yuan, de toutes manières quoi qu'il tente elle n'allait en avoir rien à faire et il le savait. Quelle coïncidence que Fukuo décide de l'envoyer elle innocemment, pensant que celle qui s'était épris de lui à une époque avant de tomber dans les bras d'un Lieutenant allait être ravie de régler une histoire de meurtre. Il n'avait pas totalement tord mais elle aurait tout donner pour éviter de recroiser Hanzo.

« Un redoutable adversaire alors. J'imagine que vous vous en êtes sortis in extremis, le destin devait bien vous aimer pour vous faire survivre à l'attaque d'un Aburame en rogne. »

Lance t'elle dans le plus grand des calmes. Elle faisait quelques sous entendus discret à la soirée sans trop s'étaler non plus, attendant que le soldat se prépare pour la guider vers la zone quadrillée et enquêter sur cet Aburame rénégat, un individu à qui Yuan avait bien envie de régler son compte. Une fois le Shinrin prêt elle s'assurait de n'avoir rien laissé mis à part le cadavre qui allait rapidement être évacuer pour être rendu à l'unité de Recherche.

« Je vous suis, Shinrin-san. Néanmoins restons à l’affût, il pourrait revenir à la charge pour supprimer les témoins. »

Elle voyait bien qu'il se soumettait à son jeu. Elle n'était pas plus gradée, en vérité hiérarchiquement rien ne les plaçait l'un au dessus de l'autre mais en voyant cet échange, n'importe qui aurait cru voir un supérieur parler avec sa recrue. Yuan prenait le dessus sur la situation comme elle savait bien le faire.

Il ne mouftait point palabres inutiles, se contentant de simplement partager les quelques informations commodes au bon fonctionnement de la mission. Mais lorsque la quadragénaire en venait à quasiment mettre sur un piédestal son congénère et sa "rogne" alors le Shinrin voyait rouge, se remémorant le massacre, retraçant de toute pièce la boucherie qu'il venait de vivre pour que subsiste dans son esprit les traits grossiers et flous du visage de son ennemi. Et là, il bouillonnait, se reconnectant avec son acrimonie ardente émaillée de rancune à l'égard de celui qui l'avait séparé d'un de ses compagnons. Il n'était ici en rien question de Yuan.

Son teint était légèrement sanguin, et s'il se retenait de se laisser sa rage à l'air libre, ses yeux excités qui visaient la supposée direction de son ennemi trahissaient son état émotionnel.

"Un Aburame en rogne dîtes-vous ? Dans quelques heures cette proie n'auras plus d'yeux, ni d'oreilles, ni de langue. Il erra dans les enfers aveugle, sourd et muet. Et nous verrons qui est cet Aburame, le fou qui cru sage de s'en prendre à mon sang. "

Il emboita alors un pas lourd en direction de la scène. S'il n'était pas décidé de partir à sa traque directement, il n'attendait que ça, se triturant l'esprit à se rappeler ces scènes macabres comme pour se punir de n'avoir rien pu faire, et se jurer de réparer cet affront. Et ô qu'il espérait le voir revenir à la charge pour supprimer les témoins, la vengeance du Shinrin ne serait alors que plus précoce.

Il ne fallut pas plus d'une quinzaine de minute de course pour qu'ils rejoignent la scène de combat. Là, la vie avait renoncé, les arbres s'étaient couchés, l'herbe avait brûlé et même le ciel était morose. Il en restait quelques traces de suie et des mécanismes que le guerrier avait utilisé pour piéger le duo de soldats. En quelques recoins parfois dissimulés, parfois non, on pouvait retrouvé des amas violacés vivants et dans l'air s'installait une odeur de décomposition lancinante. Mais quelque chose semblait manquer, quelque chose de mystique et d'invisible pour le commun des mortels, comme-ci les yokai eux-mêmes avaient décidé d'investir l'endroit.

Le Shinrin ne semblait pas véritablement apprécier que l'on touche à son clan. Était-il enfin doté d'un cœur au moins pour son sang? Yuan le comprenait légèrement, lorsqu'on perd l'un de ses proches à cause d'un fou on est rapidement en colère, mais elle ne savait pas réellement comment se positionner. Elle aussi devait faire face à quelqu'un de son clan mais quelque chose lui disait qu'au final, ce dernier n'allait même pas la considérer une seconde, peut-être qu'elle se trompait, peut-être que non. La réaction du Shinrin après sa phrase semblait très directe et ses intentions étaient visible directement à travers son regard et son ton, il voulait le réduire en poussière.

Elle ne répondit pas, ravalant simplement sa salive avant d’emboîter le pas vers la zone quadrillée, réfléchissant à une façon de le neutraliser et de l'abattre. C'est en un quart d'heure que la zone fut accessible, mais si autrefois c'était une petite clairière entourée d'arbre, désormais ça n'était qu'un champ de guerre où un massacre avait eu lieu. Une odeur de putréfaction régnait, la nature était morte tout comme les potentiels cadavres se cachant par ici. Plus aucune vie n'était présente, sauf Hanzo et Yuan qui ne pouvait qu'observer la zone sans rien faire. Mais quelque chose intrigua Yuan. Un...

« ATTENTION ! »

Elle venait subitement de dégainer un kunai pour venir frôler le mollet de Hanzo. Elle ne voulait pas le blesser lui mais une légère entaille était beaucoup mieux que ce qui allait arriver. Au bout de la lame se trouvait une fourmi que l'on nomme Paraponera, une fourmi à peine plus grosse qu'une petite araignée et d'une couleur noire de jais qui ferait frémir n'importe qui. Elle lança le kunai contre le sol pour découper finalement la créature en deux. Une simple piqûre aurait pu mettre hors combat Hanzo en quelques secondes.

« Nous ne sommes pas seul, fais attention à tes jambes. Elles pourraient revenir, et tu te doutes qu'elles ne sont pas dans leurs environnement naturel ici. »

Un calme sans précédent régnait dans le cœur de l'Aburame qui même face à une situation critique, elle savait qu'ils n'étaient pas seuls et les fourmis commençaient à se multiplier. Une embuscade? Non, ils s'étaient jeter d'eux même dans la gueule du loup et la manipulateur de fourmis rappelait des souvenirs atroces à Yuan. Le duo pouvait se charger facilement de balayer les fourmis, néanmoins ils n'avaient pas prévu que leurs adversaire fasse son apparition aussi rapidement, du moins pas Yuan.

Des bruits de feuilles mortes qui craques sous les pas d'un individu masqué, les fourmis se réfugièrent tous auprès de lui, pénétrant dans ses vêtements pour rejoindre leurs hôtes. Leurs cible était là, les fixant et parlant avec une voix plutôt altéré par le masque qui en plus de cacher ses yeux, cachait sa bouche.

« Inconscience. Absence de jugement, de conscience claire du risque. Je ne pensais pas une de mes "sœurs" aussi sotte. Mais puisque vous êtes venus de vous même, vous me facilitez la tâche. »

Avec ce masque, difficile de savoir qui il était à part un traître à son sang. Mais ces mots prononcés il créa un gigantesque essaim d'insecte pour tenter de brouiller la vue à ses adversaires et ainsi préparer une nouvelle technique plus offensive. Utilisant son chakra Fûton, l'Aburame formait plusieurs lames de vent en direction des deux soldats afin de les repousser, visiblement il ne souhaitait pas se fouler pour le début du combat, en vérité il voulait simplement gagner du temps pour fuir et possiblement épuiser les soldats qui le poursuivront.

Pour se défendre Yuan fit quelques mûdras afin d'ériger un mur de terre sous le duo, les insectes brouillant les sens des deux individus avaient été intercepté brièvement pour Yuan qui avait formé elle même un essaim afin de voir venir le prochain coup, ses insectes la tenait informer de la situation pour éviter une mort certaine.

Et tandis qu'il prenait conscience de l'avertissement de sa comparse et de l'insecte qui manqua de le mordre, l'homme se mit en posture de combat, oscillant son œil dans les moindres recoins de la scène à la recherche de l'individu tant haï. Et il était là, fièrement debout, revenu sur les traces de son méfait pour mieux narguer le Shinrin rescapé qui tremblait d'animosité face à la situation.

L'on pouvait presque entendre son cœur battre tant la fièvre des représailles lui montait à la tête. Mais il restait calme, observant avec concentration son adversaire sans se brusquer à commettre un acte inconscient par simple rage. Aussi excité était-il de lui faire mordre la poussière il en restait un guerrier accompli dont les compétences de guerre ne pouvaient s'exprimer sans une concentration ineffable. Tel était l'art perfide d'Hanzo qui n'avait à ces yeux que peu d'égales dans ce monde, ce qu'il comptait bien démontrer aujourd'hui.

De la terre elle-même s'érigea un rempart de roc pour venir contrer la seconde offensive de l'homme en noir et dans l'ombre de celui-ci subsistait Hanzo qui observait la dame qui interférait avec sa vengeance. Laissant les essaims d'insectes des deux Aburame se confondre et se heurter, il attrapa par le col la nymphe qu'il projeta en arrière d'une force qu'elle n'aurait peut-être jamais soupçonné. Sans attendre, il déroula un rouleau qui une fois activé vint invoquer dans un éclat de fumée un trio de pantins dont les silhouettes sombres rappelaient les atours de l'Empire, le tout agrémenté de masques de yokaï et de katana. Ramenant alors son col sur son visage, il était devenu l'heure d'en découdre.

"Reste en dehors de ça Yuan, tu as fais ton devoir mais ce n'est pas ton combat. "

Maniant sa dextre avec agilité, voilà que la troupe de pantins et leur maître sautèrent en l'air comme pour faire fi du mur qui leur obstruait la vue. En un geste, les pantins s'articulaient de sorte à dégager de nombreuses cavité à partir de leur tête, bras et jambe, et comme un préambule à l'apocalypse, une innombrable quantité de kunaï sertis de notes explosives vint engloutir sous les détonations tout ce qui se trouvait devant eux, qu'il soit du domaine du vivant ou non. La quantité de lumière dégagée par les flammes en rendrait presque aveugle, les explosions se faisaient légions et à n'en point douter laisseraient pour seule conclusion une terre nue et dévastée.

Au moment où il avait croisé le masque de cet homme, il n'était pas question pour le Shinrin de faire preuve de mesurer.

Yuan était projetée en arrière, Hanzo voulait faire justice soi-même mais il oubliait que la seule en mesure de comprendre et anticiper ses attaques était l'Aburame dans son camp. Mais même si le geste violent manqua de la blesser, elle se dit d'elle même qu'il valait mieux intervenir quand la situation sera critique pour le Shinrin. Mais l'homme en noir en voyant sa comparse de sang se faire si violemment expulsé eu un rictus derrière son masque, s'arrêtant brutalement pour parer la grande quantité de kunai en formant une gigantesque bourrasque de Futon, un élément qu'il maîtrisait visiblement assez bien. Et tandis que les explosions retentissait, soufflant sur les deux adversaires, l'Aburame se mit à parler.

« Le clan Shinrin ne semble même plus faire la différence entre ses alliés et ses ennemis, Yuu-chan se serait faite endoctrinée par le clan sylvestre? Je te pensais moins manipulable. »

Son ton. Sa façon de dire ce surnom fit tiquer Yuan qui fronça les sourcils depuis sa position. Elle bouillonnait mais ne pouvait rien faire et faisait confiance à Hanzo sur ce coup. Après sa provocation, l'homme en noir libéra une nouvelle salve d'insecte à l'encontre des marionnettes qui se ruaient sur lui, peut-être pas assez pour toutes les neutraliser, mais si ces derniers atteignaient les armes de bois, elles allaient se faire dévorer à petit feu et devenir inutilisable pour le reste du combat.

Puis pendant qu'il tentait de neutraliser les marionnettes, l'Aburame fit de nouveau des mûdras pour puiser dans son chakra Futon une nouvelle fois, gonflant ses joues avant de libérer plusieurs "balles" de vent vers Hanzo, des balles projetées si rapidement qu'elle en deviennent tranchante.

L'Aburame semblait agir sans dieux ni maîtres, de sa propre volonté il avait attaqué ce pauvre Shinrin et encore aujourd'hui il attaquait celui qui venait de brusquer sa sœur de clan. On pouvait remarquer qu'il évitait de l'attaquer elle puisque sa seule cible était Hanzo et lui seul, aussi imprévisible qu'est ce dernier, il peut totalement croire à une trahison de Yuan. Bien que cela ne soit pas le cas.

« De belles ordures soumises à l'Empire. Tout comme les autres clans dont le miens, mais ceux qui ne trahissent pas leurs sang se rebelle. »

L'homme en noir semblait redoutable autant au combat que verbalement et le combat n'allait pas se terminer de sitôt.

La forêt se transformait petit à petit en un théâtre infernale, les bourrasques déracinaient les sylves les plus chétives tandis que les explosions façonnaient le sol même en éparpillant sur toute une large zone des monticules de terre et des feuilles calcinées. Même le rempart de la dame ne résista pas, se craquelant au gré du carnage avant d'éclater en morceau et de manquer de blesser les deux soldats.

"Trêves de paroles l'Aburame, je n'ai cure de tes jacasseries sur l'honneur, les clans et l'Empire… L'approche de la fin a une curieuse façon de faire le tri parmi tes priorités alors prie plutôt que les dieux t'octroient la mort avant que je n'en ai fini avec toi, car je ne suis pas aussi clément qu'eux."

Et tandis qu'il finissait ses mots, deux de ses marionnettes se positionnaient de fronts les bras en avant, dégageant depuis la paume de leurs mains de fines buses métalliques avant que le Shinrin ne vienne annoncer le second acte de sa divine comédie :

"Les limbes d'Innenbi !"

De ses buses vinrent se projeter en direction de l'homme noir d'immenses et étincelantes flammes qui consumèrent les masses d'insectes avant d'aspirer le jutsu fait de vent qui embrasa de plus belle la scène. Les quelques arbres qui avaient survécus jusque-là aux précédentes explosions s'embrasèrent depuis leur cime, rajoutant des lueurs et éclats orangés et écarlates à cet enfer sylvestre. Et pour comble de malheur, la troisième marionnette apparaissait dans le dos du scélérat lame en main, ayant profité du spectacle pour se faufiler jusqu'à lui et venir l'empaler dès qu'il aura réagi face aux flammes. Le Shinrin l'avait juré, il emporterait cet homme dans sa tombe et ne lésinerait donc sur aucune fourberie.

Il n'en fit rien. Ne bougeant pas d'un poil en observant les marionnettes faire leurs spectacle macabre, un spectacle qui venait d'atteindre toute la forêt aux alentours tout ça pour un homme. L'Aburame. Yuan de son coté fronça les sourcils, comprenant la malversation de l'adversaire depuis sa position, et même si elle prévenait Hanzo, il ne pouvait rien faire. Les flammes pouvaient le consumer autant qu'elles le voulaient, mais dès que lame transperça son buste, le corps de l'Aburame se dispersa d'un coup en une multitude d'insectes, des insectes libérant dans leurs passages un étrange liquide mauve sur toute la zone du nuage, atteignant presque Hanzo si Yuan ne l'avait pas tiré in-extremis de là.

Dès le moment où la lame l'avait transpercé, Yuan s'était rapprochée d'Hanzo pour le tirer brusquement en arrière avec elle, retombant contre le sol, lui évitant une pluie corrosive. Son propre essaim rejoignant celui de l'Aburame pour l'occuper pendant un petit moment et éviter que sa pluie ne s'étale partout, tuant les derniers résidus vivants en dessous de l'essaim, un liquide caustique dévorant la chair et les os mais qui s'était rabattu sur les animaux sous-terrain.

« Tu sais Yuan, tu manques de vigilance. »

La voix de l'Aburame s'approchait du duo par l'arrière, Yuan relâcha Hanzo après son action, tournant son attention vers le vrai corps de l'Aburame. Enfin si c'était le vrai corps. Visiblement au vu de la tête tirée par Yuan, il semblait qu'il soit le véritable corps et non un clone d'insecte parfaitement identique. Yuan recula légèrement, tentant de se redresser tant bien que mal en agrippant l'un de ses kunais. Le regard rivé vers l'adversaire.

« Hanzo.. »

Marmonne t'elle à son partenaire de combat alors que l'homme masqué leurs faisait face. Qui était-il? Elle ne le savait pas encore mais avait une petite idée. Comment allaient-ils le battre? Aucune idée. Il était bien plus fort qu'elle sans doute, mais si avec Hanzo ils se mettaient à deux, ils seraient sûrement en mesure de le battre.

Debout derrière le duo, il ne faisait plus rien, les observant simplement se redresser.

Et à mesure que le conflit faisait rage, le terrain lui se faisait graduellement de plus en plus plat. Les crêtes des arbres crépitaient créant ainsi de vastes fumées noires qui emplissaient le ciel jusqu'à presque en couvrir le timide soleil de cette journée.

Le Shinrin lui était là et venait de se faire tracter bien faire, mais aussi protectrice fut-elle à son égard, il en restait aveuglé par la situation, refusant son geste qu'il signifia d'un regard noir et empli d'aigreur.

"Casse toi Yuan ! Il est à moi !"

Et comme ça cela, il se libéra de l'étreinte de sa comparse dont il dégagea le bras d'un simple revers. Remis sur pied, il pouvait voir au loin sa marionnette assassine en proie à ce que le clone de l'Aburame avait dégagé dans sa mort. Il n'y avait rien à faire pour elle et ses deux marionnettes qu'il avait dégagé in extremis avant même de penser à sa sécurité seraient certainement inefficaces face à un tel poison. 'Peut-être qu'il est temps d'utiliser ça… pensait-il tout bas, reluquant par la même occasion l'homme en noir et ses alentours. Exultant un trait d'air, il reprit son calme. Sa main venant s'engouffrer dans son habit, il en dégagea un rouleau ficelé de fils d'or et ornés des stigmates du temps. Des témoins auraient pu noter à ce moment que les gestes du marionnettistes s'étaient raffinés dès le toucher du rouleau qu'il détachait avec une finesse placide et imperturbable, comme si le papier avait un effet angélique sur son esprit et le baignait d'accalmie.

"Vigilant ? Vous me faîtes tous rires…"

Là son regard à l'instar de son ton se fit dramatique et impérieux, comme si on lui avait retiré sa personnalité habituelle pour seulement conserver son envie de vaincre, purifiée de tout éléments et émotions superflues.

"Je veux que tu me regardes Aburame.. Je veux que tu profites pleinement de ce spectacle, ton dernier. Alors ne baisse pas ta garde, reste pleinement vigilant, et ne te laisse pas distraire le temps d'un instant.. Voici ma Divine Comédie."

Sa main apposée sur le rouleau, un large éclat de fumée vint envahir les quelques mètres où se trouvaient Hanzo et Yuan. D'innombrables ombres se dégagèrent alors du rouleau, s'installant dans les différents recoins de la zone de combat, envahissant celui-ci laissant à l'ennemi le soin de comprendre qu'il n'y avait aucune issue, qu'il n'y avait aucune solution. Le brouillard dissipé, seule Yuan subsistait, son compagnon ne laissant plus aucune trace jusqu'à ce que sa voix se fasse entendre à un point comme un étrange écho.

"Es-tu bien concentrée ?" questionnait une des silhouettes partageant les traits d'Hanzo.
"Es-tu sûr d'être prêt ?" questionnait une autre toute autant ressemblante.

Et à bien y regarder, c'était une demi-douzaine de marionnettes qui semblaient être lui et se fondaient dans l'assemblée de pantins. Ils étaient en tout une centaine, peut-être plus, tous avec les yeux rivés vers l'homme à abattre, tous raillant l'infernale mélodie de leurs articulations de métal qui était telle une sorte de tintement métallique venue des enfers qui raclaient les os et vidaient les entrailles. C'était une vision de l'enfer et de ses démons qui se profilait ici, et si Yuan avait eu l'intelligence de vouloir s'occuper du gus à deux il n'en était rien pour l'insolent soldat dont elle s'était défendu il y a quelques jours. La vengeance était aux yeux du Shinrin un devoir que l'on ne partage pas et plus important que ça il préférait mourir que prendre le risque qu'il arrive quelque chose à la belle. Elle restait de son empire, elle restait de sa famille, elle restait sa sœur et même s'il n'oserait peut-être jamais lui avouer, il pourrait mourir pour elle. Une poignée de marionnettes s’agglutinaient autour de la nymphe, son rempart face au cataclysme qui allait se dérouler sous ses yeux.

Depuis le début, il ne parlait qu'à Yuan et à personne d'autre et lorsque le Shinrin flancha et s'adressait de nouveau directement à lui, il tourna subitement le regard, l'observant dans les yeux. De son point de vue, sa consœur Aburame était laissée sur le coté malgré le fait qu'elle l'avait sauvé déjà deux fois.

« Sois redevable. Cela fait deux fois qu'elle te sauve la vie alors que tu es aveuglé par ta vengeance. »

Il s'approche de Yuan qui l'observe avec un regard noir juste avant la nouvelle manœuvre d'Hanzo qui fit frissonner Yuan au plus haut point. Elle n'était pas spécialement peureuse et elle savait qu'elle pouvait se battre sans problèmes. Mais ouvrir les hostilités serait possiblement faire échouer le plan du Shinrin et possiblement se tuer. Mais une fois prit de court par les marionnettes, il observait ce spectacle sans rien dire, laissant Yuan s'éloigner difficilement de lui pour une raison qu'il ignorait, les insectes de la belle se plaçant tout autour d'elle en guise de rempart même si elle n'allait point être effective.

« Splendide, Shinrin. »

Pendant un instant on pouvait bien se demander ce qu'il pouvait faire face à ça. Il n'était en fait pas compliqué de comprendre qu'il n'avait aucune issue. Si Hanzo n'était pas atteignable pour l'Aburame, alors il allait s'en prendre à la seconde personne qui se trouve être celle étant protégée depuis le début. Malgré son "armure" d'insecte, Yuan se hérissa, maintenant debout en ayant profité de sa manœuvre pour se redresser, un simple shuriken traversa d'un coup l'essaim pour se planter dans l'avant bras empoisonné un peu plus tôt de Yuan.

Un acte signant sûrement son arrêt de mort, mais il ne souhaitait pas laisser sa camarade indemne.

« Tu restes une traître. »

Puis il observe le spectacle des marionnettes, un spectacle qu'il a toujours apprécié aller voir plus jeune.


« Enflure. »

Yuan de son coté venait d'attraper le shuriken entre ses doigts pour le retirer de sa peau maintenant entaillée, et si c'était simplement ça, un liquide mauve coulait depuis le kunai et s'était mélangé au sang de Yuan qui ne fit qu'un tour. Devait-elle de nouveau s'infliger une douleur ? Oui. Un frelon un peu différent du prince avait été rapidement invoqué au niveau de son bras alors que Yuan cherchait son partenaire Shinrin.

L'Aburame rénégat avait échoué à sa tâche première mais la seconde était réussi. Il avait réussi à blesser Yuan alors que Hanzo s'était juré de la protéger coûte que coûte.

Il avait assisté à la scène comme si le temps s'était contracté pour mieux lui laisser le temps d'apprécier en souffrance et dans le silence ce perfide spectacle, le laissant visualisé ce piètre bout de métal qui se destinait à sa consœur. Il virevoltait dans les airs, se dérobant à tous les pantins que le marionnettiste prit de court tentait de mettre sur son chemin. Le poison était également son arme, alors ô grand désespoir était-il accoutumé à ce que parfois les plus petites blessures puissent engendrer les morts les plus atroces. Et lorsqu'un fin filet de sang s'extirpa de la soldate, le soldat fit face à deux émotions succinctes mais toutes autant suprêmes.

Le désespoir, état d'une personne qui a perdu toute espérance. C'était l'image de la nymphe sans vie qui lui venait à l'esprit, le torturant jusqu'à en instiller la seconde émotion.


La colère, ce violent emportement qui ne pouvait se traduire chez le Shinrin que par une violence sans nom.


Et c'est ce qu'il fut. Comme par désir de s'autopréserver, les pensées douloureuses auxquelles il faisait face trouvèrent en la personne de l'agresseur la meilleure façon pour que le Shinrin évacue cette soudaine et foudroyante rage qui l'habitait et qui réclamait le sang du pêcheur Il maniait alors ses marionnettes sans cette limpide accalmie qui l'habitait jusque là. Ces hommes de bois qui se voulaient de base doués de gestes humains ne ressemblaient plus qu'à d'abrupts démons désarticulés qui fusèrent à toute vitesse et à l'unisson, arme en main vers l'Aburame.

"SHINEI !"

Il n'était plus question de le faire souffrir méticuleusement, de faire durer le plaisir jusqu'à ce qu'il décide d'en finir. Non, non, non… Ce n'était là qu'un grossier massacre, comme si chacune des marionnettes tentait d'agripper un morceau de viande de l'Aburame, comme si chacune d'entre elles tentait de participer avec véhémence à ce carnage ineffable. On pouvait entendre des os se rompre, on pouvait voir du sang embrumer l'air, on pouvait voir une mâchoire et quelques entrailles voler. Et lorsqu'il ne restait plus rien à écharper, lorsque l'existence de l'Aburame s'en retrouvait comme effacée, la rage du Shinrin s'estompait alors, le reconnectant avec l'épouvantable inquiétude qu'il avait à l'égard de la nymphe qu'il s'empressa de rejoindre. La petite escouade de marionnettes à ses côtés n'avait pas bougé, se décalant légèrement sous les ordres de leur maître pour que ce dernier puisse rapidement se placer aux côtés de la belle et empoigner son avant-bras orné d'un frelon qui s'occupait déjà d'elle.

Déchirant un morceau de son tissu il lui fit un garrot au niveau du coude comme par instinct avant de dégager d'une de ses sacoches une lame acérée mais fine, ressemblant à un scalpel légèrement usé et habitué par le bois et non la chair. Les yeux dans les yeux, lame en main, il signifiait à la belle en quelques simples mots l'expression de sa volonté.

"Yuan, tu me fais confiance ? "

Une simple palabre mais qui dans leur situation pouvait amener à de multiples réflexions.

Elle, savait qu'elle ne risquait rien. Du moins rien de létal pour elle et rien qui pourrait affecter gravement sa santé physique comme mentale. S'occupant des premiers soins sans succès, elle observait l'Aburame se faire avoir par la technique ultime de Hanzo qui assouvissait ses pulsions vengeresse jusqu'au bout. Les insectes de l'Aburame disparaissaient progressivement dans le ciel, leurs hôtes mort ils n'avaient plus rien à faire et commençait à mourir petit à petit dès que son âme fut extirpée de son corps meurtris.

« Ignoble fils de... »

Elle se retient, de toutes façon il est déjà mort et l'insulter ne servait plus à rien mais Yuan était en rogne contre cet homme et elle serrait les dents lorsque le frelon impuissant quittait son épiderme, l'observant avec un air désolé (que seul elle pouvait comprendre). Mais fort heureusement pour la nymphe, Hanzo s'était précipité sur elle pour tenter quelque chose, Yuan l'observait avec hésitation, avant de finalement soupirer.

Avait il décidé de se faire pardonner? Avait il des remords? Visiblement malgré leurs situations délicate il se préoccupait beaucoup de sa personne pour quelqu'un qui avait manqué de lui arracher la gorge lorsqu'il était en état d'ébriété. Le fixant avec un air solennel, elle avait bien compris ce qu'il tentait de faire et si elle voulait simplement finir avec une entaille, elle n'avait pas d'autre choix que d'accepter.

« Oui. »

Si ses propres techniques ne fonctionnaient pas, autant faire confiance à quelqu'un de plus expérimenté qu'elle. Car même si ils avaient le même grade hiérarchique, Hanzo était largement plus fort qu'elle en tout point, même si leurs capacités étaient différentes.

Un simple signe de la tête il répondait suite à l'acquiescement de la nymphe. Il faut dire que malgré la situation, le Shinrin n'était vraiment pas certain quant à la réponse qu'elle lui donnerait. Son bistouri en main, il se concentrait sur sa tâche avec autant l'ardeur qu'il utilisait habituellement pour modeler ses créations de bois. Sa main ne tremblait pas, son œil était fixe et son souffle lent. En une taillade il développa la tranche déjà présente avant de venir extraire à même ses lèvres les quelques onces de sang souillé que le frelon n'avait pas réussi à purifier avant de les cracher au sol. Là, la bouche entachée du sève écarlate de la kunoichi il renouvelait son acte jusqu'à ce que son sang se fasse de moins en moins acide en bouche. Et une fois le soin accompli, il récupéra un petit flacon d'eau qu'il gardait dans sa besace pour se rincer le suçoir et évacuer les quelques traces mauves qu'il gardait au palais.

Le jeune Shinrin n'était en ce moment pas très beau à voir et il le savait. Vêtu de ce qui s'apparait plus à un haillon qu'à un véritable kimono, il tentait vainement de se raccommoder. La face maculée de sang et de suie, il tentait vainement de s'essuyer. Sa mine était ingrate mais ça il savait déjà qu'il ne pouvait rien y faire. Son allure à ce moment ressemblait en tout point à l'attitude qu'il avait pu avoir en cette fameuse nuit : lascive et vilaine. Mais aujourd'hui son esprit était pur, ou presque du moins, et la disgracieuse image qu'il dégageait était celle d'un homme qui avait enduré une sale journée, mais au moins était-elle à ce moment précis habillée d'une fine et timide expression de gratitude à l'égard de la dame Aburame tandis qu'il tentait de se débarbouiller comme il peut.

"Je te suis redevable Yuan. Redevable de m'avoir sauvé, redevable d'avoir été toi, malgré ce que moi j'ai pu te faire."

Se relevant légèrement, son regard était au ciel.

"Cette dette de sang ne pourra être payée qu'avec du sang. Alors au jour de ton choix, tu m'indiqueras celui qui devra quitter ce monde, et il le quittera."

Lui faire confiance. Elle avait juré qu'elle ne le ferait pas mais elle venait de se contredire elle seule en acceptant l'aide du Shinrin. La douleur n'était pas le problème pour l'Aburame, ni voir son bras déchirer, elle ne craignait pas le sang, de toutes manières avec ses occupations c'est nécessaire de ne pas être très douillet. Si elle savait qu'Hanzo allait ouvrir sa blessure, elle ne s'attendait pas à ce qu'il pompe le poison directement avec sa bouche, manquant d'être possiblement infecté lui aussi. Observant le triste spectacle avec une mine assez désolée malgré son sérieux, laissant Hanzo la soigner du mieux qu'il pouvait ou du moins faire en sorte qu'elle ne périsse pas d'un poison.

Elle l'observait. Il était tout aussi mal en point qu'elle, les manches de sa vestes avaient été déchirés et ses mains comme ses joues étaient couverte de terre à cause du début de combat qu'elle avait pu faire avant d'être éloignée. Ses cheveux ébouriffés, elle ne se préoccupait pas de son apparence pour le moment. Restant un instant au sol pour récupérer, elle observait le Shinrin qui venait de lui sauver la vie comme elle l'avait fait elle aussi précédemment.

« Même si la rancœur s'est emparée de moi pendant un moment, cette journée m'a fait comprendre que tu n'étais pas forcément le même que celui que j'ai vu au bar. Nos deux clans ne semblent pas spécialement s'apprécier et même si je peux tenter de calmer la situation, si d'autres Aburame attaquent les Shinrin il faut que tu saches que je ne suis pas liée à eux. »

Elle prend une légère pause, reprenant son souffle.

« Aburame Kyofu, il était de la famille de mon père, un cousin germain ou un oncle, en vérité je n'ai jamais réellement été intéressée par la famille de cet.. cette chose. Il maniait les fourmis donc j'ai pu le constater grâce à ça. »

Elle voulait justifier l'identité de cet individu, souriant très légèrement comme pour tenter de détendre l'atmosphère, les querelles entre Aburame et Shinrin restaient interne voir secrète au sein de clan et cet incident ne devrait pas être reporté pour éviter un plus gros problèmes.

« Rentrons à Urahi, nous avons tout deux besoins de soins. »