Plénitude, introspection, concentration. Ainsi étaient les émotions et bienfaits apportés par la forêt et ses habitants sylvestres, couvrant le ciel de leurs feuillages déments. Akira avait toujours apprécié la fraîcheur des forêts d’Hi no kuni, si bien qu’il y revenait quotidiennement. Cet environnement, outre le fait qu’il le rendait contemplatif, lui permettait de faire le vide et d’oublier ce qui assaillait son esprit afin de pouvoir se concentrer sur la maîtrise du sabre. Akira s’était engagé sur la voie des samouraïs depuis plusieurs mois à présent et s’était toujours entraîné en forêt. Comme si l’énergie dégagée par les êtres sylvestres était positive au point d’en améliorer ses performances.
“ … “
Agitant son katana avec précision et vivacité, le soldat effectuait plusieurs iai contrôlés afin de parfaire sa technique. S’il ne pouvait toujours pas prétendre être samouraï, ses techniques restant faillibles et imparfaites, sa maîtrise augmentait de jours en jours, lui assurant d’y arriver sous peu. Même le tranche chakra commençait à être efficace entre ses mains, tout comme les croissants qu’il expulsait de sa lame pour trancher la matière à distance. Imparfaits, irréguliers, mais bel et bien effectifs. Comme un enfant se levant pour marcher en titubant avant de tomber quelques mètres plus loin… l’important restait le fait qu’il puisse marcher.
“ Lune, café, arbre, page, lune… cendre. “
Dit-il en récitant ses kanji préférés de manière aussi hasardeuse qu’irrégulière, concentré sur sa tâche. Dans sa grande solitude, le Kogami appréciait de se donner de la consistance verbale, craignant même d’un jour perdre la parole à force de prononcer si peu de mots par jour. Sans doute était-ce cette sorte de croyance irraisonnée qui le poussait à déblatérer ainsi dans le vent. Aussi rationnel et réfléchi pouvait-il être, même Akira croyait en quelques superstitions tenaces.
“ … “
Finalement, après quelques échanges énergiques avec son ennemi imaginaire, Akira ne voulant pas s’entraîner contre les arbres et leur arracher l’écorce ou trancher leurs troncs, il s’arrêta. Après l’effort le réconfort, chacune de ses passes d’arme se succédait par une séance de méditation, art qu’il tenait directement de son apprentissage de samouraï en solitaire. Bien vite, le soldat se perdit dans les méandres de son esprit emprunt de soliloques pensées, accompagné par le stridulement des insectes et la légère brise venant lui caresser la peau. Mais aussi concentré était-il, de lointains bruits de pas n’échappèrent pas à sa vigilance. Quelqu’un approchait, manifestement en direction de sa position. Akira préféra rester dans sa position actuelle, attendant de savoir ce que voulait cet individu… si toutefois l’avait-il remarqué.
Au hazard des rencontres se tisse parfois le plus beau des blasons
✿
Depuis quelques jours déjà, le jeune soldat arpentait les alentours de la ville en quête d'un lieu isolé, propice à l'entraînement au sabre : la Voie n'était pas une simple discipline martiale, dont on ingère les leçons indigestes dans le confort d'une maison et le chaos d'un dojo. Elle était un Art solitaire, requérant le plus grand calme et la plus grande concentration.
Musashi regrettait amèrement son précédent lieu de prédilection, sa cascade et ses bosquets fleuris… Mais le Destin l'avait appelé Ailleurs et il était désormais en transit, bien loin de la maison de son ami Shuyo.
Il eut tout de même la chance de tomber sur une jeune femme fort aimable qui, au détour d'un ruisseau, lui avait indiqué la direction d'une ravissante parcelle de forêt, relativement peu fréquentée. La remerciant en lui offrant une fleur, il avait pris le chemin indiqué, laissant derrière-lui une demoiselle rougissante. Guidé par le souvenir de sa voix délicate, il ne mit pas longtemps à trouver...
L’endroit était parfait : Ce petit bosquet ombragé offrirait un terrain d’entraînement tout à fait adéquat.
Et alors que Musashi se réjouissait déjà de la tranquillité du lieu il perçut, calme et régulier, le bruissement familier d’une respiration de guerrier : il avait passé bien du temps à parcourir les forêts du Yukaan, et aucun de leurs murmures ne lui échappait. Tournant la tête, il aperçut un jeune homme en train de méditer.
À en juger par l’odeur de sueur qui se dégageait de lui, ainsi qu’à la façon qu’avait sa peau de refléter les timides rayons du soleil, Musashi devina qu’il sortait tout juste d’une intense séance d’entraînement. Ce détail l’amusa, car il préférait quant à lui méditer avant de s’entraîner, et non après.
Ne désirant pas déranger le jeune guerrier qui, à en juger par son attirail, était lui aussi sur la Voie de l’épée, il se contenta de s’asseoir non loin de lui afin de méditer à son tour. Le temps passa, et la douce caresse du vent se transforma finalement en une brise, pas moins agréable mais beaucoup plus fraîche : l’amie idéale de tout homme qui s’apprête au labeur.
Akira pu entendre la personne se placer non loin et devenir immobile. Sans doute un combattant versé dans l’art du Kenjutsu, tout comme lui. Nombreux parmis eux étaient à se rendre en forêt afin de profiter de l’environnement pour y méditer. Sans doute était-ce donc un escrimeur tout comme lui, si bien qu’il replongea dans sa méditation sans se laisser perturber.
“ … “
Sa plénitude fut de courte durée, le jeune homme sentant comme une gêne. Quelque chose était différent. Peut-être était-ce la présence d’un tiers qui influait indirectement sur la qualité de sa méditation ou simplement un trop plein d’énergie qu’il n’avait pas encore suffisamment dépensé. En effet, s’il était bien sûr capable de méditer en toutes circonstances, Akira avait besoin de s’épuiser pour le faire après une séance de sport. L’excitation et l’effort rendaient autrement son corps bien trop agité pour parvenir à avoir une once de concentration. Après tout, sa presse n’était pas forcément synonyme de profonde spiritualité.
Ainsi, ouvrant les yeux afin de prendre conscience de son environnement, le soldat remarqua que le nouvel arrivant venait également de s’extirper de sa transe méditative. Un bref coup d’oeil lui suffit pour constater l’arme qu’il portait avec lui, donnant ainsi une idée au Kogami. A priori, l’art du sabre est bien plus optimisé pour les affrontements que pour les entraînements individuels.
“ Excusez moi. “
Dit-il poliment en se redressant d’un seul mouvement, traduisant sans doute une grande souplesse en dépit de sa taille imposante avoisinant le mètre 96. Saisissant son katana sans le défaire de son fourreau, celui-ci n’étant d’ailleurs accroché d’aucune manière à sa tenue, le Kogami se plaça dans l’axe de son potentiel adversaire. Un sabreur digne de ce nom ne refuserait jamais un duel.
“ Je vois que vous êtes doté d’un katana. Que diriez vous de mettre en exergue vos compétences avec moi ? Je n’ai que rarement l’occasion de jouter avec un semblable. “
Respectueux et placide, Akira dégageait un calme particulier. Pas le calme inhérent au samouraï, empreint de sagesse et de modestie. Celui-ci s’apparentait plutôt à un trait de personnalité inné, à une indifférence notoire immuable. Et pour cause, celle-ci le suivait depuis de nombreuses années.
Musashi se plaça face à son adversaire, aux trois quarts face. Bien peu de fois un homme avait-il engagé le combat avec lui avant même de lui donner son nom. Et de ceux-là, bien moins encore l’avaient-ils fait de manière honorable.
Il dégaina ses armes.
« Je n’ai pas l’habitude de me battre contre les guerriers sans noms. »
Il se mit en position, levant ses deux sabres en une garde traditionelle.
« Mais j’imagine qu’un combat vaut bien toutes les salutations. Aussi, avant que nous ne commencions, je te propose un défi. »
Maintenant sa posture, il fixait désormais son adversaire droit dans les yeux.
« Le premier de nous deux qui versera le sang aura le déshonneur de donner son nom à l’homme qui l’a battu à leur première rencontre, sans que celui-ci n’ait à donner le sien en retour. »
Le jeune inconnu qui se trouvait face à lui mesurait près de deux mètres, et bénéficiait par conséquent d’un avantage à l’allonge. Mais il était très fin, et bien qu’il tienne son sabre à deux mains – au contraire de Musashi, qui en portait deux –, le samouraï aux fleurs était certain de pouvoir frapper au moins aussi fort que lui, son ambidextrie devenant un avantage.
« Je n’ai par conséquent pas d’intérêt à te révéler mon nom pour le moment. En revanche, je me vois dans l’obligation de te donner celui de l’école du sabre par laquelle tu t’apprêtes à être défait. »
Musashi changea de garde, plaçant ses deux armes aux opposés de sa silhouette, position particulièrement redoutable face à un adversaire muni d’une arme unique.
« Hyōhō niten ichi ryū – L’école de la stratégie des deux cieux comme une Terre. »
Bien que le jeune samouraï ne décela aucune animosité venant de son antagoniste, le duel restait malgré tout un exercice sérieux, qui ne pouvait se faire dans d’autres conditions que l’affrontement solennel de deux guerriers chacun dévoués à leur art.
Face à son adversaire, le Kogami sortir finalement son arme de son fourreau pour en dévoiler sa lame noire et parfaitement entretenue. Plusieurs kanjis semblaient y être gravés, tels que “cendre” “flammes” et “loyauté”. Un trigramme en disant long sur le jeune homme, plus qu’il y paraissait. Mais bien peu avaient l’occasion de voir sa lame, moins encore d’en déchiffrer les symboles ou de se questionner à son sujet. Akira ne fréquentait personne, ne parlait que rarement et en dévoilait encore moins sur lui.
灰火忠実
“ Mon nom n’a aucune signification ni renommée. J’aime à croire que notre identité se traduit autrement. “
S’il ne spécifia pas ce dont il parlait exactement, c’était en raison de la diversité de choses possibles. Une passion, un but, une personnalité… mais bien rarement un nom. Les noms ne sont que des chaînes aux yeux du Kogami, lui qui ne portait pas de nom important. Le simple fait de porter celui de son père suffisait à le couvrir de honte, une honte qu’il était le seul à comprendre.
“ … “
Saisissant son fourreau pour le placer dans sa main gauche, le jeune homme comprit qu’il devrait mieux se battre ainsi. Ce style de combat consistant à parer à l’aide de son fourreau pour frapper avec son katana était devenu une habitude qu’il avait prise et s’avérerait même sans doute plus efficace contre ce nouvel adversaire, puisqu’il était doté de deux lames.
“ J’accepte. “
Dévoiler son nom ne serait en rien un déshonneur à ses yeux. Akira avait sa propre définition de l’honneur, qu’il avait bien sûr pu étudier en respectant les codes du bushido. L’honneur se mesurait surtout à sa capacité à tenir ses engagements jusqu’au bout, selon le Kogami. Chose qu’il ferait donc lors du combat.
“ Bien. “
Il se mit en place, ou plutôt sembla le faire. La position d’Akira n’avait aucune particularité relevable si ce n’était justement son originalité. Tout renvoyait chez lui l’indifférence et la paresse, comme s’il avait appris à se battre de lui-même… ce qui était bel et bien le cas. Le Kogami n’utilisait les techniques d’aucune école et n’avait suivi l’entraînement de personne, ce qui faisait de lui un escrimeur aussi imprévisible qu’unique.
“ Pour ma part, je fais avec ce que j’ai. C’est tout. “
Le jeune homme termina sa phrase par une charge soudaine, boostée par le chakra pour pouvoir atteindre son adversaire le plus rapidement possible. Le voilà qui engageait de ce qui semblait être un coup d’estoc, secondé bientôt par un coup de fourreau visant le cou du floral, adressé par un mouvement de revers. Deux attaques simultanées.
Musashi avait donc affaire à un autodidacte. Parfait. Il était donc temps de mesurer leurs arts…
Bien que son adversaire ne s’en douta pas une seconde, le guerrier aux fleurs ne répondait, lui non plus, à aucun maître ni à aucun enseignement. Le nom qu’il lui avait révélé était vrai, et c’était bien le style qu’il employait : c’était simplement lui qui l’avait inventé. À vrai dire, cet étrange jeune homme était désormais le seul être vivant à l’avoir entendu – à l’exception de Musashi, bien sûr, et ce dernier espéra que son adversaire se montrerait à la hauteur d’un tel honneur.
« Belle poussée. »
Musashi dévia le premier assaut sans sourciller, tenant la lame de son adversaire écartée – ses appuis étaient particulièrement flexible et un estoc n’était pas dangereux. Du moins le pensa-t-il : il fut surpris par le coup que son adversaire lui asséna à l’aide de son fourreau, et se retrouva obligé de renoncer à une contre-attaque pour bloquer à l’aide de Supaiku. Profitant des quelques secondes d’immobilité durant lesquelles deux bretteurs se gaugent mutuellement lors du premier impact de leurs lames, il scruta celle de son adversaire et pu y lire les kanjis qui y étaient gravés.
« Cendres… Flammes… Loyauté. Cela m’inspire... »
Voyant bien que son adversaire n’était pas là pour discuter, et qu’il s’apprêtait à réitérer son assaut, Musashi décida de prendre l’initiative en reculant.
« Oui, je pense tenir quelque-chose. »
Il chargea. Imitant trait pour trait l’assaut de son adversaire, il asséna d’abord un coup d’estoc, puis enchaina sur une tranche à la jugulaire. Il attendait la réponse de l'autre escrimeur pour tenter quelque chose… d’inhabituel.
Dernière édition par Hana Musashi le Mer 26 Aoû 2020 - 17:25, édité 1 fois
Voyant son adversaire contrer efficacement son enchaînement, Akira vint à conclure qu’il n’avait pas affaire à un vantard. De toute manière, une certaine humilité se dégageait de lui. Le jeune homme avait bien eu le temps de se rendre compte que les plus humbles guerriers étaient bien souvent les plus forts. En revanche, ce combat ne faisait que commencer… et il comptait bien le remporter. Les conditions restaient simples: faire couler le sang. De manière non létale si possible, le but n’était pas ici de se massacrer.
“ … “
Sans chercher à comprendre de quoi pouvait parler le sabreur adverse, Akira dû à son tour se défendre d’un assaut puisque ce dernier avait reculé pour pouvoir mieux charger. Une technique efficace qui lui permis de reprendre l’avantage en devenant l’attaquant, tentant exactement le même enchaineemnt que lui. Pensait-il pouvoir toucher en reproduisant ses mouvements ? Sûrement pas, sans doute tenait-il quelque chose en tête… chose qu’il ne laisserait pas faire.
“ … “
Parant l’estocade d’une extrême précision à l’aide de son fourreau, qu’il intercepta grâce à l’épaisseur de celui-ci, le jeune homme esquiva la tranche d’un simple mouvement de tête par la suite. Sans se faire prier, le soldat enchaîna par un coup en traître bien que tenant toujours dans le domaine du close combat, la seule règle étant de ne pas utiliser d’affinité ou de capacité secrète. Ainsi, balançant un coup dans la cheville de son adversaire, l’Hijine tenta ensuite de profiter d’une destabilisation potentielle de son adversaire pour lui asséner une tranche vive et nette au niveau de la poitrine. Son fourreau, lui, resta inutilisé pour lui permettre de parer efficacement un éventuel coup.
Musashi avait volontairement porté un coup trop court de quelques millimètres (son épée courte étant moins longue que le fourreau adverse) pour s’assurer que son adversaire ne prenne pas la peine de le parer. Il profita de l’élan conservé pour effectuer une manœuvre périlleuse, et au moment où le guerrier à l’épée noire tentait un fauchage, Musashi était déjà en train de tournoyer sur lui-même, pieds décollés du sol : il vint enfoncer Supaiku dans le fourreau d’Hanabira (le plus long), toujours attaché à sa ceinture, et rectifia l’angle de ce dernier afin qu’il vienne directement frapper le sternum de l’adversaire pendant sa pirouette, suffisamment fort pour lui couper le souffle.
Bien qu’il fût parvenu à prédire sa première esquive, Musashi n’avait certainement pas deviné que son adversaire porterait un coup aux jambes : ce fut uniquement par chance que le coup qu’il avait prévu de tenter l’en préserva. Il se doutait bien que son adversaire, en sa qualité d’autodidacte, tenterait quelque fourberie de ce genre, mais il n’aurait pas imaginé qu’il aille jusqu’à un croc en jambe…
Plutôt que de plonger dans la consternation, Musashi se contenta de sourire. Après tout, la Voie était sujette à bien des interprétations, et qui était-il pour juger celle d’un confrère du Bushi ? N’attendant pas de voir si le coup de fourreau avait touché, ni la réponse de l’autre guerrier, et maintenant son élan rotatif, il reprit appui sur le sol et enchaîna directement sur un mawashi geri des plus puissants, qui demanderait une certaine dose de force – et de bons appuis – pour être efficacement bloqué : puisque le grand dadet voulait danser...
Malin. Comme s’il avait prévu le coup, son adversaire avait esquivé son coup tout en répliquant dans le même temps, profitant de la force de sa rotation pour lui placer un coup au sternum. Manifestement, le jeune homme s’était fourvoyé et lui avait permis de contrer de la manière prévue. Ainsi, encaissant le coup de plein fouet avec difficulté au vu de l’endroit ou il avait été placé, l’Hijine se rattrapa toutefois en gardant ses appuis, plaçant son pied derrière lui en barrage.
“ Ooof… “
Fit-il dans un souffle réflexe, la respiration coupée un court instant. Son adversaire n’avait pas voulu le ménager, pourquoi faire pareil dans ce cas. Ainsi, lorsque le coup vint se diriger vers lui, traduit par un mawashi geri parfaitement exécuté, le Kogami présenta son épaule tout en gardant le pied en barrage derrière lui afin de bloquer le pied adverse. Sa sentative parvenant à le bloquer, le jeune homme ne se fit pas prier pour embrayer. S’il pourrait attendre de lui qu’il profite du contact de son pied et son épaule pour le saisir et le faire tomber ou pire, Akira préféra simplement pousser sur ses appuis.
Lui faire perdre l’équilibre. Tout simplement. Son autre pied ne serait sûrement pas suffisant pour lui permettre de tenir debout et difficile de porter un coup en tombant, si bien qu’il profita de cet avantage supposé afin d’enchaîner sans attendre par un coup horizontal en direction de la jambe restante en appui. S’il n’y mis pas assez de force pour la trancher nettement, l’assaut était amplement suffisant pour entailler la chair et faire couler le sang, ce qui restait le but du combat. Et Akira était bien curieux de voir comment son collègue pourrait s’en sortir. Sans doute pourraient-ils coopérer dans le futur, le jeune homme n’avait pour l’instant pas croisé grand monde maniant le sabre.
Le mystérieux guerrier avait encaissé le premier coup de plein fouet, mais ça ne l'empêcha nullement de contenir efficacement le deuxième. Visiblement, Musashi avait sous-estimé la capacité d’appui de son opposant, et le coup n’avait pas suffit à le déstabiliser. Pire : c’était maintenant Musashi lui-même qui se retrouvait projeté en arrière. Mais l’adversaire manquait de souffle, et sa tentative de déséquilibrer complètement le guerrier aux fleurs manquait de conviction – celui-ci rétracta sa jambe à temps, et parvint à rétablir son appui derrière-lui, se retrouvant alors dans une position étrange, plutôt inconfortable mais suffisamment stable pour riposter. Il se fit une petite remarque à lui-même : penser à travailler la souplesse lors du prochain entraînement.
Bien-sûr, l’adversaire avait profité de la diversion pour tenter de porter un coup : mais Musashi avait encore ses deux mains libres… Et bien qu’il eût été plus avantageux de pouvoir parer avec Supaiku, afin de profiter de l’allonge d’Hanabira pour contre-attaquer, l’urgence de la situation le força à faire l’inverse. Trop court pour contre-attaquer, il ne vit pas d’alternative qui ne risqua pas, soit de tuer son adversaire, soit de le laisser lui-même désarmé et vulnérable. Maintenir cette position de manière défensive n’était pas non plus envisageable…
Aussi, il fit affluer le Chakra sous la jambe qui formait le meilleur appui et bondit en arrière une nouvelle fois.
De nouveau séparé de son adversaire, il se redressa… et rengaina ses armes. Il considéra un instant son opposant, qui devait probablement se demander à quel genre de ruse il allait désormais s’adonner, mais se contenta d’un salut.
« Mon nom est Hana Musashi. »
Par ses mots, il savait rompre l’engagement, et nul doute qu’un homme plus rigide que lui eut considéré cela comme une défaite par forfait.
« Je n’ai pas encore versé le sang, ni vous le vôtre, et nous sommes tous les deux toujours en état de combattre. Malheureusement, je ne crois pas possible de poursuivre dans de bonnes conditions. »
Arrangeant paisiblement son Ogi, débraillé par la nature peu conventionnelle de leur affrontement, il continua :
« Notre dernier échange n’offrant pas d’alternative viable à ce duel amical, je me suis permis de reculer. Or, vous l’avez-vous-même certainement perçu… Un nouvel assaut frontal se conclurait inévitablement par la défaite de l’attaquant. Ne souhaitant pas nous infliger un interminable duel de regards, je me vois dans l’obligation d’interrompre l’affrontement. »
Il s’approcha de l’adversaire et fit un nouveau salut.
« Beaucoup considéreraient cet acte comme un aveu de défaite – Je n’en ai cure. J’avais instigué la règle des noms dans le but de pousser votre égo, mais j’ai ressenti en vous combattant que ce n’était pas nécessaire. Aussi, je vous concède bien volontiers cet échange : car j’y ai appris certaines choses, et tout apprentissage est pour moi une victoire. Il ne m’est pas nécessaire de faire couler le sang de mon ennemi pour le vaincre, car, en réalité, je n’affronte jamais que moi-même. »
Il tendit une main en direction de son mystérieux opposant.
« Je comprendrais que vous décidiez de ne pas me donner votre nom. Mais je crois désormais vous connaître bien mieux que beaucoup de vos amis. »
Le manque de souffle l’empêcha de mener à bien son offensive, manquant de peu de le renverser sans toutefois y parvenir. S’il aurait aisément pu lui souffler des cendres au visage ou rendre le sol glissant avec un simple mûdra, Akira préférait rester dans les règles et combattre avec honneur. Outre le désir de victoire, il s’agissait surtout d’un entraînement entre deux manieurs de katana sans grandes prétentions. Akira ne disputait que rarement de duels, sortant le plus souvent ses armes à l’encontre de ceux lui voulant réellement du mal. Ainsi, la rareté des duels qu’il pouvait lui être possible de disputer frustrait quelque peu le jeune homme. Frustration qu’il pouvait à présent épancher, du moins en partie…
“ … “
… Puisque son adversaire, après avoir pris ses distances, rengaina les armes pour lui adresser son nom. Étrange. Le jeune homme n’aurait jamais cru assister à un forfait, surtout de la part d’un homme manifestement engagé sur la voie du sabre. Mais, plutôt que de s’en indigner ou traiter son opposant de lâche, le soldat rengaina son arme avant de la coincer sous son bras. A bien observer, il était possible de remarquer qu’aucune attache destinée à son fourreau n’était située ou que ce soit. Akira se déplaçait toujours l’arme libre. Une habitude qui ne l’avait jamais quitté et le rendait particulièrement imprévisible en plus de pouvoir sortir son katana en toutes circonstances.
Ainsi, le jeune homme obtint son nom comme preuve de reddition, du moins selon les règles du combat. Inutile de chercher bien loin pour se rendre compte qu’Hana signifiait fleur. Un nom relativement conventionnel malgré ce que l’on pourrait croire, bien qu’un peu féminin.
“ … “
Sans piper mot, le jeune homme écoutait. S’il restait relativement énigmatique dans ses explications, Akira en retint le plus gros. S’il ne voyait point d’issues pacifistes à ce combat, qu’il en soit ainsi. Le Kogami n’était pas du genre à forcer qui que ce soit ni à jouer les gros durs, si bien qu’il décida de se contenter de ce bref échange. Chaque passe d’arme lui permettait de tester un peu plus ses compétences à défaut de réellement s’améliorer, celui-ci ne dérogeant pas à la règle.
“ Et dites moi donc, qu’avez-vous appris lors de ce combat ? “
Demanda t-il finalement, laissant l’homme approcher. Etait-ce la une simple marque de respect et d’humilité ou une déclaration bien réelle ? Akira était curieux. Son style, aussi désordonné fut-il, restait relativement unique et imprévisible dans ses mouvements. La plupart de ses mouvements restaient improvisés et n’avaient pas été travaillés des jours durant auparavant, donnant ainsi au Kogami une grande capacité d’adaptation au delà de l’amateurisme dont on pourrait l’affubler. Critique que seuls les plus idiots se permettraient de faire, son efficacité n’étant plus à prouver.
“ Kogami Akira. “
Déclara t-il, serrant la main de son vis à vis d’une poigne relativement ferme contrastant avec l’indifférence apparente du manieur de cendres.
“ Ça ne devrait pas être bien compliqué, je n’en ai que très peu. “
Les amis du Kogami se comptaient sur la moitié des doigts d’une main, et étaient tous relativement récents. Cette éternelle solitude dont il peinait à se débarrasser lui en avait fait voir beaucoup.
Sa question étonna légèrement le guerrier aux fleurs. Était-ce si peu évident ? Tout guerrier digne de ce nom tire un enseignement constant de ses affrontements – à condition que l’adversaire en vaille la peine. Ça n’était pas vraiment le genre de chose qui pouvaient ce décrire de manière stricte et mesurée : il s’agissait plus d’une sorte de sensation, celle d’avoir intégré inconsciemment de nouveaux concepts de combat.
«Hmm, eh bien… Si je devais nommer une chose en particulier… Je dirais que, étonnement, je n’avais jamais songé qu’un Bushi puisse se servir de son fourreau comme d’une arme à part entière. Donner des coups avec, de manière occasionnelle, pourquoi pas… Mais l’utiliser si librement, sans l’attacher, voilà qui est intéressant et qui renforce encore un peu plus ma connaissance des techniques d’escrime. »
Il se gratta le menton, songeur.
« Et puisque l’heure est à la décortication des techniques de combat, j’ai, maintenant que j’y pense, une autre remarque à faire – je viens tout juste de tirer cette conclusion, et j’imagine qu’elle pourra vous être utile, puisqu’elle concerne votre technique. »
Il s’approcha d’Akira, et désigna son fourreau.
« Avez-vous remarqué de quelle manière j’ai rengainé mon arme, afin d’en dévier le fourreau ? À bien y réfléchir, je crois qu’il existe un moyen d’exploiter ce genre de mouvement de manière encore plus redoutable. Voyez-vous, pendant notre affrontement et bien que je n’ai pas osé le tenter, j’ai aperçu plusieurs fois l’occasion de… euh… »
Musashi toussota, légèrement gêné et ne sachant pas comment rendre la formulation moins… scabreuse.
« Mettre ma propre lame dans votre fourreau. *Tousse*. Je veux dire par là que j’aurais pu, avec suffisamment de dextérité, en profiter pour en prendre le contrôle. De la même manière, vous auriez pu tenter de recouvrir vous-même mon arme à des fins similaires. Suis-je clair ? »
Le jeune guerrier aux fleurs affichait un sourire de satisfaction : ce combat avait décidément été un bon exercice d’improvisation, comme il n’en avait que rarement tentés.
« Je suis épuisé. Je manque de sommeil, et cette journée a déjà été longue. Rien ne me fatigue plus qu’une interminable marche en quête de tranquillité, et j’ai mis plusieurs heures à trouver cet endroit. Que diriez-vous de m’accompagner sur le chemin du retour ? »
L’air continuait à se rafraîchir, et le soir n’était plus très loin.
Akira n’ayant que très peu l’occasion d’affronter d’autres manieurs de katana, d’autant plus ayant une maîtrise intéressante de ce dernier, l’apprentissage au travers du combat ne lui semblait pas si évident. Après tout, son savoir faire résultait surtout d’une pratique en solitaire et d’introspections guerrières, d’improvisations qu’il effectuait parfois sur le champ de bataille. Mais il n’était jamais question d’observer fondamentalement autrui pour en retirer une quelconque expérience.
“ Oh, ça. “
Akira avait usé de son fourreau dès lors qu’il s’était retrouvé armé. Le jeune homme avait immédiatement remarqué la solidité de ce dernier et sa légèreté, tirant de ces deux facteurs des avantages propres à son style désordonné. La plupart de ses adversaires n’avaient tout simplement jamais croisé de combattant similaire, ce qui lui donnait l’effet de surprise de surcroît. Pour le reste, le Kogami n’était tout simplement pas à l’aise avec un sabre fixé à la ceinture et encore moins dans le dos. Ainsi, le transporter librement quitte à garder une main occupée en permanence ne lui posait aucun problème. Le jeune homme se débrouillait toujours pour s’en sortir sans avoir à perdre de temps avec son arme.
“ Les fourreaux sont plus résistants qu’on le pense. Du moins s’ils sont de bonne qualité. Et la plupart des gens n’ont pas l’habitude de voir un style de combat du genre. C’est généralement suffisant pour en tirer un bon avantage. “
Dit-il, prêtant ensuite attention à ce qu’allait dire son semblable. A priori, nulle besoin que de jouer aux élitistes durs d’oreille, tout était bon à prendre.
“ Oh… “
Akira eut un léger rictus. Non pas vis à vis du sous entendu, dont il ne s’était même pas rendu compte, mais bien parce que cette technique était précisément l’une de celles qu’il utilisait parfois lors de combats jouants sur la longueur. Que ce Musashi émette l’idée de lui-même témoignait forcément au minimum d’un esprit quelque peu fécond, surtout après un échange si bref.
“ C’est une technique que je fais souvent. Mais il faut bien penser à faire un mouvement brusque pour ensuite dégager la lame de la main de son adversaire, ou il pourra la retirer aussitôt. “
A moins d’installer un fuinjutsu de scellement à l’intérieur, ce qui serait complètement idiot puisque sa propre lame ne pourrait sortir du fourreau. Mais plutôt que d’explorer de vaines hypothèses alambiquées, le jeune homme en revint à la réalité lorsque son nouveau camarade lui fit une proposition. Manifestement, ce dernier était aussi féru de tranquillité que lui. Peut-être étaient-ils encore plus semblable qu’il ne l’aurait pensé finalement. Tout le monde ne ferait pas plusieurs heures de marche simplement pour trouver un endroit reposant afin d’exercer sa pratique du sabre.
“ Je vous suis. Je n’ai de toute manière plus rien à faire ici. “
Dit-il en se mettant dores et déjà en route. Néanmoins, si l’endroit semblait être éloigné de toute civilisation, un cri lointain se fit entendre lorsqu’ils rejoignirent un chemin plus dégagé. Un cri humain, féminin et si retentissant qu’il ne pouvait être autre chose qu’un appel au secours.
“ Peut-être un accident ? Il y a des prédateurs dans les environs. “
Et des bandits. Placide, il se retourna vers son camarade comme pour lui dire qu’il attendait de lui qu’il l’accompagne.
En faisant part de son astuce, Musashi s’était douté que son jeune camarade l’eût déjà expérimentée. Après tout, il avait l’air d’un jeune homme sérieux, tout dévoué à son art. Cela lui plaisait, et il fut d’autant plus ravi d’avoir fait sa rencontre. Trouver un camarade d’entraînement aussi rapidement… D’autant qu’ils avaient l’air de partager un certain goût pour la tranquillité, aussi Musashi ne douta pas qu’ils accorderaient leur rythme de « disponibilité sociale ». L’on est vraiment l’ami que de ceux avec qui l’on partage volontiers un silence.
Et c’est précisément à ce moment que ce dernier fut rompu : un cri lointain résonna entre les arbres et, de manière quasiment instinctive, Musashi se tourna dans la direction de sa provenance, prêt à agir. Akira en avait fait de même et, s’il s’était agi d’un autre, il aurait peut-être pu être surpris, mais cela ne faisait que s’ajouter à la liste de leurs similitudes. Sans un mot ni un regard, les deux escrimeurs se mirent à courir, au même rythme et dans la même direction, affichant la même expression résolue.
Le guerrier aux fleurs, bien qu’il regretta de ne pouvoir tranquillement s’en retourner chez lui, fut saisi d’un puissant regain d’énergie lorsqu’il aperçut, à genou sur le sol, la jeune fille qui lui avait désigné le chemin du bosquet.
C’était désormais une affaire personnelle.
Penché au-dessus d’elle, un homme d’âge moyen la menaçait de son arme : un hachoir de boucher, ustensile peu efficace en dehors des cuisines mais suffisamment impressionnant – et tranchant – pour pousser une jolie jeune femme vulnérable à s’adonner aux pratiques les plus viles. Cette dernière portait d’ailleurs la fleur qu’il lui avait offert dans les cheveux, et Musashi hésita un moment. Il aurait facilement pu s’en servir pour mettre le malfrat hors d’état de nuire, mais il préférait garder son talent secret encore un moment, au cas où d’autres observateurs malveillants fussent à l’affut.
Poussant sur ses jambes, le guerrier aux fleurs s’élança le plus loin possible, de sorte à atterrir derrière l’homme au hachoir, lui coupant toute retraite. Il faisait confiance à Akira, dont l’une des armes était moins létales, pour maitriser efficacement la brute sans avoir à l’abattre – non pas que cette idée lui déplut. Suivre la Voie imposait un certain pragmatisme à l’égard de la mort, et il était acceptable de tuer pour protéger. Mais il demeurait préférable de saisir chaque occasion afin d’obtenir des informations, et Musashi avait comme le pressentiment que cet homme, une fois capturé, aurait des choses intéressantes à raconter.
Ce genre d’ordure ne se promenait que rarement seul et qu’il ait eu suffisamment confiance pour attaquer ainsi un civil en disait beaucoup sur ses potentielles fréquentations.
Akira accourut donc vers la source de ce cri d’une course bien plus rapide que la moyenne de par son statut de shinobi, suivi sans mal par son nouveau camarade qui en fit de même. Pas un mot ni regard, les deux hommes s’étaient compris et ce fut en cet instant qu’il compris la bonté de coeur de son partenaire. S’il était de ces personnes naturellement bienveillantes et prêtes à donner sans concessions, Akira ne croisait que rarement d’individus prêts à aider leurs prochains sans se poser de questions. Et ce point confortait le jeune homme dans son idée que ce Musashi était un adepte du Bushido des plus impliqués.
Ainsi, s’il aurait sans doute préféré dormir sans s’embuer l’esprit de problèmes, Akira ne pouvait décemment pas laisser un innocent dans la panade. Qu’il s’agisse d’une femme n’y changeait d’ailleurs pas grand chose, le Kogami étant loin d’être un coureur de jupons et évitant les femmes la plupart du temps. Surtout depuis sa rencontre avec Yuan, qui lui laissait encore un goût amer en bouche.
“ … “
Apercevant une jeune femme au visage inconnu prostrée au sol, Akira put assister dans le même temps à un regain d’énergie et une accélération de son camarade qui sembla réagir de manière d’autant plus vive en l’apercevant. Une connaissance ? Rien n’était moins sûr, toujours était-il que ce détail n’avait pas échappé à ses yeux et cette perspicacité qui le caractérisait.
Mais plutôt que de chercher le pourquoi du comment, le jeune homme agit naturellement en voyant son camarade couper préventivement la retraite au porc menaçant l’innocente de son arme. En effet, Akira chargera alors tout aussi rapidement vers sa cible, s'immisçant avec souplesse entre lui et sa victime. S’il aurait pu l’abattre aussitôt, Akira faisant preuve d’un certain zèle lorsqu’il s’agissait de protéger des innocents, son pragmatisme lui dicta dans un autre temps d’en tirer des informations. Comme s’il tenait une connexion mentale de son partenaire, le jeune homme abattit alors son fourreau dans le plexus de son adversaire tout en le désarmant de son katana sans toutefois lui trancher les doigts, signe d’une précision et d’un savoir faire non négligeables.
“ … “
Bloquant d’abord l’arme du malheureux du pied, le Kogami tendit la pointe de son katana sur le front du pervers, tentant de retrouver son souffle au sol avec difficulté. S’il aurait pu s’assurer de l’état de la femme, Akira laissa cette tâche à son partenaire. Il ne pouvait de toute manière pas avoir les yeux partout.
“ Le temps que tu puisses retrouver ton souffle, réfléchis bien à ce que tu diras. Je veux savoir d’ou tu viens et si tu es seul. “
Appuyant la pointe du katana pour lui piquer légèrement le front, le jeune homme renchérit.
Grelottant au creux des bras de Musashi, elle peinait, entre deux sanglots, à articuler le moindre mot intelligible.
« Ne t’inquiètes pas, petite fleur. Aussi longtemps que tu porteras cette violette à tes cheveux, il ne t’arrivera rien. »
Et tandis qu’Akira maitrisait avec brio l’agresseur, Musashi ne put s’empêcher de remarquer l’étrange tatouage que ce dernier portait sur la nuque. Un serpent se mordant la queue… Un ouroboros.
« Eh, Akira. Regarde sa nuque… Je connais cette marque. C’est celle d’un esclavagiste très connu… Je ne pensais pas qu’il aurait des hommes juqu’à Hi. »
Au hasard des routes, Musashi avait un jour rencontré un homme portant cette marque sur le torse, gravée au fer rouge. Loin d’être un bandit à la solde du marchand d’esclave, cet homme était en réalité un affranchi devenu chasseur de primes, qui lui avait révélé être à la poursuite de l’Ouroboros en personne. Ils n’avaient marché ensemble que quelques jours, et le jeune guerrier aux fleurs n’avait aucune idée de ce qu’avait pu devenir cet… Hao ?
« Ceux qui portent ce tatouage n'ont jamais été exclaves, ne le laisse pas t’entourlouper. Ils les marquent au fer. »
Reboutonnant avec tendresse le corset pratiquement déchiré de la jeune fille, il l’aida à se relever.
« Reste ici, petite fleur. Cet homme n’était peut-être pas seul, et il ne serait pas prudent de te laisser rentrer sans être accompagnée. »
Le sourire qu’elle lui adressa fit instantanément disparaître tout vestige de sa fatigue désormais évanouie.
Akira força l’homme à tourner la tête pour lui dévoiler le tatouage. En effet, celui-ci semblait même marqué au fer rouge. Etonnant de se dire qu’il n’était qu’un membre d’une plus grande organisation, ce genre de personnes agissaient souvent de manière isolée. Ainsi, ses questions ne paraissaient donc pas si étranges. Et l’homme au sol le compris bien puisqu’il commença à pâlir en entendant les mots de Musashi.
“ Je… c’était juste pour… “
Lui qui pensait avoir affaire à un violeur, Akira avait peut-être finalement affaire à pire. Rapidement, un petit scénario s’inscrivit dans son esprit, laissant le soldat s’imaginer qu’il s’agissait d’un homme cherchant à soumettre cette jeune femme dans le seul but d’en faire son esclave… sexuelle, entre autres. Après tout, Akira n’avait jamais entendu parler de cet esclavagiste évoqué par son camarade si bien qu’il ne peut que supposer. Suppositions qui allaient malheureusement devoir attendre…
“ Ha ! Vous êtes baisés ! “
S’exclama l’homme à terre. En effet, une bande plus nombreuses commençait à approcher, encerclant le duo peu à peu. Une fois à distance raisonnable, l’un d’entre eux doté d’une balafre s’approcha, tenant une femme aux mains entravées, bâillonnée et portant un collier relié à une chaîne tenue par le même homme. Manifestement, ceux-ci étaient bel et bien des esclavagistes aux pratiques douteuses.
“ Bon… qu’est-ce qu’on fait de vous ? “
L’homme tenait sa prisonnière devant lui de manière à faire bouclier, comme s’il comptait sur la bonté des deux protagonistes pour les empêcher d’attaquer. En effet, difficile de le toucher sans blesser ou tuer la femme qui leur barrait la route à moins de le prendre efficacement à revers. En revanche, le duo avait tout de même de la chance sur un bon point: personne ne possédait d’arcs. Une grossière erreur qu’ils regretteront amèrement, l’attaque à distance aurait été un bon moyen de les piéger surtout au vu du nombre.
“ Je crois que la question serait plutôt, qu’est-ce que nous allons faire de vous. “
D’un simple mudra et une tape du pied au sol, un grand pic doton surgit de celui-ci sous les pieds du malheureux pour l’empaler sans aucune forme de pitié, laissant alors la femme en vie. S’il avait pu se montrer clément, il n’était désormais plus question de pitié. Place au combat.
Musashi s’était redressé à l’instant même où les quelques brigands s’étaient approchés. Au-delà de leur chakra, c’était avant tout l’odeur pestilentielle qu’ils dégageaient qui les avaient trahis. Une bande de loubards à l’hygiène douteuse… Voilà qui posait problème à ses nasaux raffinés.
Tout de même… Qu’une troupe si importante de l’Ouroboros se trouvât si près de la ville était une chose inhabituelle. Aucune route n’est jamais parfaitement sûre, mais l’empire était probablement l’une des forces les plus sécurisantes et les mieux organisées du monde. Tout cela n’avait de toute manière pas grande importance pour le moment : les fleurs ne méritaient pas d’être souillées par leur peau crasseuse et leur sang alcolisé. Dégainant ses katana, Musashi était bien décidé à en finir à l’ancienne.
« Je ne sais pas ce qui vous amène aussi loin de Kaminari, mais sâchez que vous ne ferez pas la Loi par ici. Voyez avec quelle facilité mon ami a tué le vôtre… »
Ayant à peine terminé sa phrase, Musashi projeta Supaiku en direction du crâne de l’homme qui tenait l’esclave, et celui-ci s’y planta profondément. Profitant de l’effet de surprise, il chargea en direction du brigand le plus proche et lui trancha le bras, qu’il attrapa au vol et dont il se servit pour asséner une gifle à un autre vaurien qui tentait une attaque dans le dos.
Pris de vitesse et étonnés d’être à ce point mis à mal, les brigands restèrent un moment immobiles. Si abjectes qu’ils aient pu être, peut-être n’étaient-ils pas préparés à ce genre de spectacle.
« Sachez que mon camarade et moi-même ne somme que de simples soldats. Si le bruit qu’une bande de sale type comme vous devait remonter jusqu’à nos supérieurs… Je vous laisse imaginer ce qui pourrait arriver. »
Musashi put lire la peur sur leur visage, et il sut, aux bruits qui provenaient de derrière-lui, que son compagnon ne s’en sortait pas trop mal non plus. Le jeune guerrier aux fleurs ne désirait certainement pas verser plus de sang que nécessaire, mais il était bien sûr hors de question de les laisser filer. Difficile cependant de maîtriser autant d’hommes…
« Je vous propose un marché. Rendez-vous, et suivez nous bien tranquillement jusqu’à la ville, où vous serez arrêtés puis jugés. Une fois là bas, si vous acceptez de nous conduire jusqu’au chef de votre organisation, et que vous nous en dites plus sur les raisons de votre présence ici… Alors je suis sûr que les autorités feront preuve de clémence. »
Connaissant le caractère des capitaines de l’empire, Musashi doutait franchement de cette dernière assomption. Mais, après tout, qui ne tente rien n’a rien…
Musashi retira Supaiku du crâne de sa victime, et trancha d’un coup net les entraves de la jeune femme.
Son nouvel ami eut une réaction dans les temps, enchaînant directement sur un assaut aussi rapide qu’imprévisible. Imprévisible, c’était le mot lorsqu’il vit son camarade se servir du bras préalablement tranché d’un adversaire pour en gifler un second. Une action contrastant à tel point avec son sérieux qu’il en aurait presque éclaté de rire si la situation s’y prêtait un peu plus. Mais il n’eut pas le temps de s’en amuser, lui-même assailli par deux adversaires qui brandirent leurs armes en sa direction, chacun attaquant d’un angle différent. La tactique de l’étau, en quelque sorte.
“ … “
Hélas, Akira n’eut qu’à esquiver cet assaut aussi stupide que coordonné pour laisser les deux camarades se décapiter l’un l’autre au même moment, leurs mouvements étant parfaitement synchronisés. Triste mort pour de tristes sires, assurément.
“ J'ai déjà vu des plantes plus malignes. “
Dit-il en enjambant le corps d’un des deux malheureux pour se placer aux côtés de Musashi. S’il s’attendait à un combat dantesque, ce dernier semblait préférer les négociations au sang. Après tout, le marché se tenait… peut-être pourraient-ils même venir garnir les rangs de l’empire après un peu de discipline forcée. Le Teikoku rassemblait plus d’anciens criminels qu’il n’y paraissait au premier abord après tout. Mais tous criminels qu’ils furent, encore faudrait-il qu’ils aient la moindre once de raison en deux avant de rejoindre l’empire. Celui-ci ne se contentait pas de recruter à la chaine sans même prendre le temps de regarder quels genre d’individus rejoignaient ses rangs.
“ Vous aurez peut-être même la chance de vous payer des gourgandines, c’est tout de même mieux que d’asservir de pauvres femmes n’ayant rien demandé. “
Ajouta t-il, après tout ce point pourrait être non négligeable pour de tels énergumènes. Au pire des cas, Musashi pourrait toujours les menacer à coup de bras coupé s’ils s’avéraient un peu trop récalcitrants à la pacification. Akira en avait maté des plus gros et des plus sauvages par le passé.
“ Bon… bon, d’accord. On… on a juste été attirés par l’argent facile et le sexe, rien de foncièrement méchant ! “
Expliqua l’un d’eux, déposant les armes. Rapidement, chacun de ses camarades suivit, si bien que la troupe pourtant en surnombre se retrouvait désormais asservie par de simples soldats. Et pas les plus menaçants ou vindicatifs d’entre eux.
“ Je crois qu’outre leur chef, c’est une bande d’idiots. Sûrement qu’il les recrute pour ça d’ailleurs. “
Dit-il en s’approchant pour réquisitionner les armes. Elles serviront grandement à l’empire.
Ces brigands n’étaient peut-être pas si idiots que ça, finalement.
Ils avaient rapidement saisi la supériorité non pas numéraire mais technique de leurs adversaires et avaient capitulé sans condition, laissant leurs armes – et leurs âmes – aux bons soins des deux soldats qui se firent un plaisir, bien que leur allure en fût par la suite un peu ridicule, de toutes les ramasser. Que l’empire en eût l’utilité ou non, mieux valait éviter de laisser traîner des armes de guerre au beau milieu de la nature.
Ainsi, les deux camarades, accompagnés des deux femmes et de leur troupe d’éclopés, retournèrent sans encombre à la ville et les livrèrent aux autorités – qui furent tout de même un peu surpris de voir débarquer un groupe aussi hétéroclite.
Une fois leur devoir rempli, les deux camarades décidèrent d’un commun accord de prendre la direction des baraquements afin de partager un bon repas : la « petite fleur » était rentrée chez elle sans faire d’histoire, et la femme captive avait été récupérée par la garde urbaine.
Ils marchaient donc côte à côte, échangeant quelques banalités – Musashi apprenant par exemple qu'Akira avait pour habitude, un peu comme lui d’ailleurs, de s’éclipser hors de la ville pour méditer et perfectionner son Art dans le calme. Ils avançaient à bon pas, et furent bientôt en mesure d’apercevoir leur objectif, qui ne se trouvait plus qu’à quelques minutes de marche.
C’est à ce moment là que Musashi, raffermissant sa vigilance comme il avait l’habitude de le faire à l’approche d’un bâtiment militaire – pour éviter les officiers, entre autres –, remarqua la présence familière qui suivait le duo. Il marqua une pause et lança un regard à son camarade qui, à en juger par l’expression de ses yeux, avait lui aussi ressenti quelque-chose. Ils se retournèrent, et quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils aperçurent, debout derrière eux, la femme qu’ils avaient libéré du joug des esclavagistes.
Pensant tout d’abord que cette dernière souhaitait leur adresser d’ultimes remerciements, Musashi fut soudain saisi d’angoisse : la femme qui se tenait devant eux était bien la victime… Mais toute trace de vulnérabilité avait quitté son aura. Elle se tenait droite, presque fière, et leur adressait un regard mauvais.
Sur sa poitrine dénudée par l’uniforme neuf qu’elle portait désormais – quand avait-elle pu trouver le temps de se changer ? –, était à présent visible, presque comme une provocation, la marque tatouée de l’Ouroboros. Musashi avait pourtant lui-même brisé ses chaînes, et il ne put contenir un élan de dégout en pensant à quelles autres répugnantes pratiques pouvaient bien s'adonner les membres d'un groupe aux mœurs aussi dégénérées.
« Le maître a un message pour vous. »
Lança-t-elle, la voix pleine de mépris.
Si elle avait voulu les attaquer, elle n’aurait probablement pas attendu d’être si proche d’une garnison entière de soldat. Aussi, Musashi décida de maintenir son calme et de l’écouter.
S’il aurait pu se retrouver gêné de la cohorte d'hurluberlus qu’il composait, ainsi accompagné par une bande de simplets et deux femmes en portant juste assez d’armes pour voir ou il mettait les pieds, Akira restait néanmoins satisfait de sa réussite. Après tout, revenir avec un tel butin après une simple promenade en plein air n’était pas donné à tout le monde et leur donnait une bonne occasion de se faire remarquer positivement, chose qui arrivait l’air de rien de plus en plus souvent pour le Kogami.
Après avoir déposé les armes et leurs prisonniers à la caserne, le duo s’assura de la bien portance des deux femmes avant de s’éclipser. Le courant semblait plutôt bien passer entre eux, chose rare pour un jeune homme aussi apathique, si bien que les conversations se suivirent naturellement. Musashi partageait visiblement beaucoup de valeurs en commun avec le Kogami, plus encore qu’ils ne pouvait le dire puisqu’il avait pu le remarquer de ses yeux. Chose rare au Teikoku, ou la majorité des membres de l’empire qu’il avait pu croiser étaient aussi vindicatifs qu’imbus d’eux-même.
Mais alors que leur discussion battait son plein, le zen d’Akira lui permis de détecter quelque chose. Une présence intrusive, quelque chose approchait d’eux. Décidément, avoir perfectionné cet art lui donnait un grand avantage sensoriel.
“ … “
Comprenant que son partenaire avait également repéré quelque chose, le jeune homme se retourna en restant calme dans un premier temps, n’ayant aucune raison de se sentir agressé de près ou de loin. En revanche, ce fut rapidement le cas lorsque cette dernière dévoila son tatouage, ou plutôt qu’il le remarqua, niché sur sa poitrine. Comment était-ce possible ? Elle aurait pu mourir en servant de bouclier s’il avait été un peu moins bienveillant.
“ … Comment tu es sortie ? “
Les soldats ne l’auraient pas laissée partir sans de bonnes raisons. Ainsi, s’adressant à eux sur un ton monolithique, Akira resta de marbre. S’il ne s’y attendait pas, le jeune homme restait maître de lui même et attendait patiemment la suite, qu’il puisse se faire une idée de la marche à suivre. A priori, rien ne les empêchait de l’arrêter sur le champ.
“ Il vous propose une entrevue. Demain, 15h, village d’ikebukuro. “
Et elle fit demi-tour. Malpolie en plus de cela. Regardant son camarade, Akira haussa les épaules, tiraillé entre plusieurs options.
“ C’est un piège. Je ne sais pas si on devrait la laisser partir. “
Dit-il en la regardant marcher tranquillement vers les portes de la ville. Techniquement, elle n’avait encore rien fait...
Certains individus ne manquent décidément pas d’air.
La femme tatouée s’était présentée à eux avec une audace et un défi qui n’avait pas manqué d’interloquer quelque-peu les deux soldats du feu. Qu’elle leur proposât carrément une entrevue était la cerise sur le gâteau. Pour qui se prenait-elle ?
Musashi hésita sérieusement à la rattraper pour la livrer à la garde : son tatouage formait une preuve sérieuse de son appartenance à la pègre. Mais son petit doigt lui conseilla de ne rien faire : la femme avait échappé à la surveillance des gardes, qui ne l’auraient jamais laissé partir sans un interrogatoire digne de ce nom – chacun connaissait bien leur tendance au zèle, et le fait qu’elle ait pu prendre congé de cette manière était inquiétant, de deux façons possibles :
Soit cette femme n’était pas qu’une simple dégénérée à la solde d’un chef de clan, et elle possédait quelques talents en matière d’arts ninja – ce qui n’était pas rassurant mais qui demeurait la meilleure option –, soit elle avait parmi la garde un ou plusieurs complices.
Cette deuxième possibilité était de loin la plus inquiétante.
« J’espère que cette histoire ne cache pas un plus gros poisson. »
Sa proposition de la rejoindre dans un village alentours était étrange… Pourquoi les mener dans un piège si évident ? Et pourquoi eux ? Après tout, ils n’étaient que deux soldats qui avaient fait leur devoir. Ils n’avaient rien à voir avec cette histoire…
« Tu penses qu’on devrait y aller ? Ça sonne tout de même comme un travail pour la territoriale. Je ne sais pas si on devrait s’en mêler… »
La femme s’éloignait à une allure tranquille, et il était toujours possible de la rattraper.
« Je n’aime pas ça. »
Sans plus d’avertissements, le jeune Guerrier aux fleurs se précipita à la poursuite de l’étrange femme, qui prenait un tournant dans une ruelle, bien décidé à l’interroger. Et tant pis pour les passants, qui n’auraient qu’à se mêler de ce qui les regarde.
Suivi de près par son compagnon, Musashi brisa rapidement la distance qui le séparait de sa cible : il entra à son tour dans la ruelle…
Et tomba nez à nez avec la femme, allongée contre le mur, inconsciente. Lorsqu’il s’approcha d’elle, tout de même sur ses gardes, pour examiner son corps, il fut assez surpris de n’y trouver aucune trace du tatouage de l’Ouroboros.
« La marque a disparu. Qu’est-ce que… »
La femme venait de reprendre conscience dans ses bras. Elle baragouina quelques mots, trop faible pour tenir une conversation. Il était évident qu’elle avait été placée sous l’emprise de quelque sortilège, et qu’elle n’avait servi que de messager.
« Probablement un genjutsu. Le tatouage devait être… »
Si le voile était levé sur le mystérieux changement d’attitude de la demoiselle, le mystère des motivations du commanditaire restait intact.
« Je ne connais personne, parmi les gardes de la ville, qui soit capable d’apposer un tel sceau. »
Il se tourna vers son ami.
« En tout cas, Impossible de faire confiance à qui que ce soit désormais. Et je doute que nos supérieurs aient le temps ou l’envie de nous écouter à propos d’un complot aussi… fantasque. »
Il redressa la jeune femme, de sorte à ce qu’elle pût marcher.
« Je pense qu’il faut aller à ce rendez-vous. Et si nos craintes se confirment une fois sur place… Ce ne sera plus une affaire pour la territoriale ; mais pour l’unité impériale. Et je déteste avoir affaire à ces types. »
Ainsi le duo avait-il choisi d’emprunter la voie de la curiosité et du danger, choisissant finalement de prendre le risque de se rendre au rendez-vous. A priori, tout indiquait qu’il s’agissait d’un piège mais en l’absence de preuves ou de pistes auxiliaires, le duo n’avait pas beaucoup de choix afin de procéder. Et celui pour lequels ils optèrent fut audacieux: n’étant ni haut gradés ni membres de l’unité territoriale ou impériale, Musashi et Akira avaient intérêt à être tombé sur le bon filon… et à s’en sortir.
“ Peu importe l’unité impliquée, nous restons soldats de l’empire et devons agir pour le bien du pays. Que ce soit notre travail ou pas, un succès nous promettrait une bonne promotion sans parler de tous les citoyens à qui cette affaire pourrait permettre de dormir sur leurs deux oreilles. “
Dit-il sur le chemin de l’allée. Les deux shinobi s’étaient mis d’accord pour se rendre sur les lieux à l’avance afin de pouvoir faire du repérage et peut-être même avoir un coup d’avance. Leur restait-il encore à trouver ou dormir, Akira pouvant dans tous les cas se contenter d’un arbre bien qu’il ne connaisse pas les penchants de son camarade pour le sommeil. Encore faudrait-il pouvoir dormir, Akira avait bien peur de tomber sur un village truffé d’espions tout comme ses alentours, si bien qu’il resta en alerte.
“ On devrait faire attention une fois sur place, utiliser un henge par exemple. Ça ne mange pas de pain mais je suis presque sûr qu’ils seront vigilants et que nous serons remarqués au premier pied posé dans l’enceinte. Je connais bien ce village, il est minuscule et construit en cercle autour d’une grande place de marché. Quand elle est vide, regarder par ta fenêtre suffit pour voir tout le village. “
Expliqua t-il, sautant de branches en branches pour rejoindre leur destination qui se trouvait à environ trois heures de marche. Rien d’insurmontable en plus de leur permettre de s’y rendre à pieds, évitant ainsi de se faire remarquer avec un chariot encombrant. Pensif et analytique, le jeune homme réfléchissait activement à un plan leur permettant de faire au mieux pour en ressortir indemnes tout en neutralisant potentiellement ceux qu’ils allaient rencontrer. Mais plus encore, quelque chose lui trottait en tête. La sécurité des villageois. Akira n’en connaissait aucun mais, étant déjà passé par les lieux pour se ravitailler, savait bien qu’un combat ferait des victimes collatérales. Et le soldat ne voyait aucune raison que le village soit vide en arrivant, bien que cette hypothèse lui passa en tête en lui donnant la chair de poule au passage.
“ Même si je serais pour neutraliser quiconque se trouvera là-bas une fois qu’on aura obtenu assez d’infos, nous devrons faire attention à la sécurité des villageois. Mieux vaut ne pas les impliquer. “
Alors qu’il formulait ses doutes, Akira lança une première détection dans les alentours en commençant à reconnaître les lieux proches de leur destination. A première vue, rien de notifiable. Si cet essai aurait pu passer pour de la paranoïa, ils n’étaient jamais à l’abri d’être épiés par des ninja usant de techniques de dissimulation. Après tout, leur venue prématurée pouvait bien avoir été prévue ou du moins envisagée par leur contact.
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