COMBIEN ? Non ça ne va pas être possible mon bon monsieur ! Vous savez que je suis un client fidèle pourtant et vous osez me proposer ces tarifs ? C’est honteux ! Oui oui, je sais que j’ai pris beaucoup d’option, mais c’est la dixième fois que je commande chez vous, je veux marquer le coup ! Je sais que l’option avec de très gros… Enfin vous voyez de quoi je parle. Comment ça mes options indécentes multiplie le prix par deux ? Non c’est intolérable monsieur ! Je vous raccroche au nez voilà ! Incroyable ça ! Non là je suis énervé, va me chercher un jus de goyave et ajoute quelques glaçons, j’ai besoin de rafraichir ma tête. Pardon ? Ils sont là en train de m’observer ? Ah oui ! Toutes mes confuses je ne vous avais pas vu arriver. Prenez place, ne soyez pas timide.
Passons à sujet plus sérieux et approprié voulez-vous. Très bien, alors. L’alcool. Ce liquide à meilleur réalité. Ce délicieux nectar qui provoque tant de miracles ! Jamais le prince des mers pensait un jour apprécier autant ce doux breuvage. Hélas, depuis son réveil du coma provoqué par la Résonance, le moral n’était pas au beau fixe. Il avait trouvé un certain réconfort lorsqu’il posait son derrière dans un bar de Kiri à boire des canons. Il avait rencontré de superbe personne comme Oeil-Qui-Louche, Manque un bras et des dents man et surtout, Torse-nu, le meilleur d’entre nous. Ce petit bar en plein centre de Kiri ne payait pas de mine au premier abord et une fois dedans, on comprennait pourquoi. L’endroit était relativement délabré, mais Shigure venait souvent ici de part la proximité de ses quartiers.
C’est d’ailleurs dans cet établissement que nous retrouvions notre Umimori préféré. Son fessier bien assis sur une chaise, le bougre tentait de communiquer avec son épée qui ne lui avait pas adressé un mot depuis la fameuse épreuve des lames. Samehada ronronnait, rugissait, mais pas un mot. Voyons un shinobi de la Brume parler à un gros enroulé dans des bandages, la clientèle se posa de nombreuses questions étonnamment pertinentes malgré leur état second. Finalement, après quelques disputes, le gardien des océans décida de faire cavalier seul. Cet endroit ne méritait pas un homme de son standing.
Heureusement pour l’ancien métamorphe, il possédait dans sa besace, un jolie plan B. Lors de sa dernière excursion au Grand Dojo, l’homme à la crinière argentée avait dissimulé une bonne bouteille de saké dans la terre au pied d’un arbre. C’était un petit terrain d’entraînement à l’extérieur et il espérait pouvoir siroter son doux nectar tranquillement. Se rendant sur place, il déterra discrètement sa bouteille avant de grimper à l’arbre et se poser sur une longue et épaisse branche. Samehada s’enroula autour de la branche sous les rires de son possesseur. Ce dernier prit une grande gorgée qui réchauffa le gosier et le coeur. Voyant son épée se trémousser, il lui céda un peu de son chakra pour le grand bonheur de la peau de requin.
Peu de temps après, Shigure observa un jeune homme traverser le terrain pour se rendre au Grand Dojo. Samehada sortit de son sommeil et s’agita grandement au passage du l’inconnu. Son chakra était très plaisant pour l’épée qui poussa le bretteur hors de la branche. Grâce ses réflexes de shinobi, certes diminués par l’alcool, mais toujours présent, l’Umimori atterisa sur ses pieds et remarqua que l’inconnu en question portait une épée à la finition prodigieuse. Intrigué, le Mizujin prit sa lame et se dirigea vers le spadassin.
– Bien le bonjour jeune inconnu ! Désolé de vous déranger de la sorte, mais vous portez là une bien belle épée ! J’aimerais bien savoir où vous l’avez forgée si vous avez quelques minutes à m’accorder, bien sûr !
Epée sur l'épaule, Jirô errait sans but réel au milieu des terrains d'entraînement du Dojo. Il passait de plus en plus de temps dans ce noble lieu. C'était sans doute normal pour un Sabreur de Kiri. Après tout, le Dojo était leur second foyer. Leur quartier général, en quelque sorte. Pourtant, lui se sentait plus attiré par la bibliothèque du Complexe. L'exercice physique, s'il ne le rebutait pas complètement, n'était pas non plus sa tasse de thé. Il n'y était pas mauvais, n'y excellait pas non plus, mais surtout n'y prenait pas un plaisir particulier. Néanmoins, il n'avait pas vraiment le choix. L'entraînement était devenu, depuis peu, une de ses priorités.
Cette soudaine prise de conscience remontait sans doute à son épreuve des lames. Passée encore tout récemment, sur l'île désertée d'Ue comme à la coutume, elle avait été non seulement l'occasion de son intronisation au sein du corps des légendaires Sabreurs de la Brume, mais aussi celle de sa première rencontre avec l'esprit qui habitait son sabre. Avant ça, il ne savait même pas que l'arme renfermait le secret d'une vieille âme. Il s'en doutait, tout au plus. C'était bien pour ça qu'il était venu à Kiri, dans le village où, selon les bruits qui couraient partout dans le Yuukan, les bretteurs étaient les plus farouches et les plus experts.
Il avait établi un premier contact avec le Gardien Rouge ... Et depuis, ils n'avaient eu que de rares occasions de "conversation", si l'on peut appeler ainsi les échanges auxquels ils pouvaient s'adonner par la pensée, lors de séances de méditation. L'épée n'était pas disposée à s'ouvrir facilement - un sentiment qu'elle avait, du reste, assez bien fait sentir durant l'épreuve des lames. Pourtant, Jirô avait toute une foultitude de questions à lui poser. Mais il semblait qu'il devrait gagner la confiance de l'esprit. Et le temps ne serait pas de trop parmi ses alliés.
En attendant, donc, il pouvait au moins se familiariser avec les singuliers pouvoirs que lui prêtait le Gardien. Après tout, il était sensé être un soldat de Kiri. Et, parmi ses tâches, la moindre n'était pas d'assurer la défense du village de son mieux. Il avait une conscience professionnelle. S'entraîner pour garantir la sécurité des siens était une de ses priorités. Peut être pas aussi prioritaire que d'aller fouiner à la bibliothèque et dans les archives qu'elle renfermait, mais une priorité tout de même. Et puis, il était aussi mu par une certaine curiosité ... Jusqu'où ces pouvoirs s'étendaient-ils ? Qu'est-ce qu'il pouvait leur faire faire ? Il ne faisait qu'en effleurer la surface encore. Il avait le sentiment qu'ils pouvaient lui apporter bien plus que ce qu'il avait déjà découvert.
C'était donc une journée d'errance de plus, au milieu des terrains d'entraînement, à ressasser des pensées pas spécialement agréables, et que son esprit avait déjà mâchées et remâchées jusqu'à en extraire toute la substance. Il était fatigué de ce cercle vicieux de réflexion stérile. C'était dans ces moments-là qu'il trouvait secourable de se défouler un peu avec de l'exercice. Et d'ailleurs ...
Il se retourna vers la voix qui l'avait apostrophé. Il n'avait pas remarqué cet homme, pourtant assez singulier d'apparence, et d'attirail. Les cheveux blancs et .... Une épée, ça ? C'en était pourtant une. Malgré sa silhouette étrange, malgré son allure, Jirô connaissait cette arme. Elle faisait partie des trésors des Sabreurs, après tout. Il ne faisait aucun doute que cet homme était un camarade. La déduction était facile. Tout aussi facile de deviner son nom: le Conseil des Sabreurs n'était pas si grand que Jirô eût pu facilement oublier l'identité de ceux qui, comme lui, partageaient l'honneur d'être les meilleurs épéistes de Kiri.
Il lui adressa un léger sourire, surpris de n'avoir pas été reconnu.
"Je pourrais vous retourner le compliment à propos de votre propre lame, mais nous savons tous deux que vous ne l'avez pas plus forgée que je n'ai forgé la mienne. Vous êtes Umimori Shigure, et vous portez Samehada, n'est-ce pas ?"
La question était rhétorique. Jirô savait très bien qu'il avait parfaitement raison. Et, à vrai dire, il était curieux de voir ce que valait un autre Sabreur en action. Maintenant qu'il y pensait, il n'avait jamais eu d'occasion comme celle-ci.
"Que diriez-vous d'échanger quelques coups ? Simplement pour ... disons, faire connaissance."
Il allait vite en besogne. Il ne s'était même pas présenté. Mais peut être voulait-il voir si l'autre arriverait à faire le lien. Une épée étrange, au Dojo, avec quelqu'un qui l'avait reconnu. Les indices étaient assez nombreux, a priori, pour qu'il puisse trouver la solution à cette énigme. Et - étaient-ce les yeux de Jirô qui lui faisaient défaut ? - il lui semblait que Samehada frémissait déjà d'impatience à l'idée de se battre ...
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