Comme je m’étais fixé, je participe au maximum pour être bien vu et montrer que je suis réellement impliqué dans les affaires du Teikoku. C’est pour cela qu’aujourd’hui s’annonce être le jour du lancement de ma deuxième mission depuis mon arrivé il n’y a pas si longtemps que ça. Une autre classé B et qui s’annonce aussi complexe que potentiellement dangereuse. Les Aburame sont des adversaires assez redoutable et leurs insectes ne doivent jamais être pris à la légère. Cela dit, ils reste tout aussi débusquable que n’importe qui et je ferais tout ce que je peux pour qu’on le retrouve.
On, oui, je serais accompagné de Kansei aujourd’hui et je dois dire que ça m’arrange. Déjà parce que je vais enfin pouvoir le voir un peu à l’oeuvre et surtout s’il fallait compter que sur mon pour négocier, c’était perdu d’avance. Je suis loin, très loin d’être diplomate et il vaut mieux pas me laisser parler dans ce genre de cas. Je ne suis pas aussi explosif que certaines, mais je peux rapidement en avoir marre et ne plus chercher à comprendre. À force de côtoyer des gens aussi têtus que les Yaojins, on finit par vite apprendre à ne plus écouter.
Là n’est pas la question, j’ai pris toutes mes affaires et je me dirige vers le pont de la grande porte. Souvent le lieux où les gens partant en mission se rejoigne. En tout cas, on ne m’avait pas menti, depuis que je suis dans l’Empire, j’ai presque l’impression d’avoir passer plus de temps à Hi en lui même qu’à Uhari. Ca me rassure grandement et surtout cela fait gagner des points au Teikoku par rapport à mon passé.
J’allume ma cigarette quand je vois le Nara arriver, il semble bien mieux se porter que la dernière fois que nous nous sommes vu. En même temps, il ne partirait peut-être pas aussi vite en mission s’il était aussi fatigué.
« Salut Kansei, comme prévu, on s’est vite revu. »
Même si cela n’avait pas été dit directement, notre dernière rencontre lui avait bien fait comprendre que j’allais rejoindre les rangs de l’armée dans laquelle il est lieutenant. Pour cette mission, nous allons travailler ensemble et j’attendais ça depuis un moment. Voir un Nara à l’oeuvre est toujours enrichissant et je n’ai aucun doute que le brun ne va pas me décevoir.
Plus ses pas le ramenaient, inlassablement, vers le large pont servant à quitter la cité, plus Kansei ne pouvait s’empêcher de théoriser et d’imaginer. Cet homme qu’on l’envoyait sortir de sa retraite, celui-là même qui poussait le Nara et son accolyte du jour sur ses traces aurait pu être lui, si les choses avaient été sensiblement différentes. Fort de cette idée et tout de même motivé par la chance d’avoir à faire à un véritable natif ; un resté vrai et non souillé par les idéaux de l’Empire -qui s’ils n’étaient pas fallacieux, restait un dogme dont tous souffraient.
Non pas une souffrance qui blessait l’âme, pas plus qu’une qui poussait les habitants vers un but éloigné de celui au fond d’eux ; mais ce n’était pas par vocation naturelle qu’ils faisaient ce qu’ils faisaient. Bonne ou mauvaise chose ? Il avait du mal à décider. Sans daimyôs et sans Ombres, sans Empereur, que serait le monde actuel ? Sûrement meurtri par les mêmes guerres de clans qui avaient hantés les pays du globe.
Clope au bec le Lieutenant se présenta donc au point de rendez-vous après le large passage de bois sans un regard pour le vide et rendit la salution à Kô avec un demi-sourire non dissimulé. Le sort mettait souvent sur sa route des gens intéressants et il avait récidivé. « Prêt à accomplir notre besogne ? » Il resserra l’emprise de sa ceinture autour de sa taille et se figura face au soleil la voie à emprunter sans un seul mot puis ceci fait, s’accroupit et dessina de la pointe d’un kunaï glissant de sa manche un simili de plan de la région. Il marqua d’une croix la chaîne de montagne, but de leur voyage et probable destination.
« Si il est bien là, il faudra avancer avec prudence à partir de là. » Il désigna de l’arme de jet l’orée du foret gribouillée puis continua. « Allons-y, nous bivouaquerons dans les alentours. Nous aurons le chemin pour mettre au point un début de plan pour atteindre les hauteurs. »
Ce ne serait sûrement pas facile et il n’espérait ne pas avoir à l’affronter de front. Trop de sang hijin avait coulé ces derniers mois ; ces dernières années...
Le Nara semble déterminé et prêt à accomplir notre mission. Tant mieux, ça m’aurait embêté de me retrouver avec une personne démotivé. Notre devoir est assez spécial et je peux facilement imaginer dans quelle situation se retrouve Kansei. Devoir “chasser” un Hijin qui veut rester dans son coin et être tranquille ne doit pas forcément être simple pour lui. Moi-même je ne saurais comment réagir si j’apprenais que je devais aller recruter un membre de Yaogakure. Bien sûr, j’irais, au moins pour être sûr qu’il ne se passe rien de louche, mais je ne sais pas si j’aurais l’envie de convaincre cette personne de nous rejoindre. En tout cas, en me mettant à la place de mon partenaire de mission, je me trouverai dans une situation difficile.
« Je ne sais pas pour toi, mais j’ai toujours tendance à être prudent de toute manière. »
Depuis que j’ai failli laisser la vie au sein même du village caché de la Roche, je suis toujours plus ou moins sur mes gardes, peu importe où je me trouve. Nous sommes jamais à l’abri de quoi que ce soit, de qui que ce soit. Je regarde bien le dessin pour le mémoriser, ne voulant pas me perdre si jamais, pour n’importe quelle raison, je me trouve séparé du brun.
Nous sommes sur la route, à discuter de tout et n’importe quoi. Deux soldats n’ont pas que des révélations et des grands projets à se donner vous savez. L’ayant vu il y a encore peu, je n’ai pas grand chose à lui raconter forcément, mais une question me vient en tête par rapport à ma réflexion interne d’avant notre départ.
« Dis moi, ça ne t’embête pas de devoir aller recruter un Hijin qui semble tant vouloir rester tranquille et ne rien avoir à faire avec l’Empire ? »
Je sais qu’avec mon interlocuteur du jour, je peux toujours poser ce genre de questions qui pourraient être mal vu par beaucoup d’autres. Je sais que l’homme qui est à mes côtés à la sagesse et l’intelligence de ne pas voir ça comme de l'insubordination, mais simplement de la curiosité de la part d’un autre homme étant au Teikoku pour d’autres raisons que son amour pour l’Empire ou pour Hi no Kuni. Je me doute que le Nara a bien compris que ce n’est pas du tout l’armée du Feu qui m’a fait les rejoindre et je pense qu’il a également compris où je voulais en venir avec cette question.