Hi no Kuni, l’un des plus grands pays du monde en terme de superficie. Pays du Feu, terres que j’ai déjà foulé auparavant. Je trouve le paysage très agréable à regarder, il faut avouer qu’il y a pas mal de forêt et ça doit jouer sur mon opinion. Alors oui, vous me direz que je viens du désert et qu’il n’y a aucune rapport, mais je me suis jamais senti aussi bien qu’à Hayashi. Ce n’est pas le lieu où j’ai passé la plupart du temps dans ma vie, mais pourtant il fait si bon vivre là-bas. J’y ai surtout trouvé une nouvelle famille, un nouveau village qui me ressemble bien plus que les nomades du sable. En tout cas, les arbres à perte de vue sont quelque chose qui me font respirer la joie de vivre.
Malheureusement, je sors de cette dernière pour me retrouver sur une route, celle en direction de la nouvelle capitale du Feu, la capitale de l’Empire. Teikoku accepte toutes personnes voulant les rejoindres et prêtent à se battre pour leur crédo. Non pas que je suis forcément à fond dans l’idée de faire partie d’une armée, je dois avouer que je ne suis pas insensible à leurs idées, leur projet au long terme. Il est grand temps pour moi de revenir dans le monde des vivants auprès des miens, de me battre et faire partie de l’histoire.
Je ne cherche pas forcément la gloire, non… Disons qu’avec tout ce qui se trame, j’ai envie d’être là pour protéger au maximum la personne la plus importante à mes yeux. Je n’ai pas peur pour elle, mais je n’aime pas la savoir aussi loin de mon sable protecteur quand elle se combat. En repensant à tout ça, je me rappel aussi de ses deux soldats que j’avais rencontré à l’époque où le Teikoku était encore sur les terres du pays de la Foudre. L’un capable de sonder l’esprit des gens et l’autre de manipuler son ombre. Ils pourraient se montrer être des alliés de grande envergure et je dois dire que ça ne manquera pas dans le futur.
D’ailleurs… Pourquoi en pensant au Nara j’ai l’impression de sentir son chakra pas si loin que ça de moi ? Ironie du sort ou simple hallucination ? Non non, c’est sûr, c’est bien son empreinte que je ressens. Alors là, c’est bien la première fois que ça m’arrive, ça pourrait presque me faire croire que j’ai un instinct infaillible. Sans perdre de temps, je me dirige dans sa direction qui semble amener dans une autre forêt du pays qui est également sur la route que j'emprunte. Intéressant, je vais le rencontrer avant même de revoir Tomoe, je ne l’aurais jamais cru.
C’est après plusieurs longues minutes que je suis enfin dans la forêt, tout proche de la personne qui était devenu un peu plus qu’une simple connaissance. Je ne dirais pas non plus qu’il est déjà un ami, un allié, mais disons que nos conversations étaient très intéressante et on se comprenait assez. Je peux d’ailleurs apercevoir le brun, à son campement éphémère, sans doute qu’il se reposait un peu avant la fin de son voyage. Je continue d’avancer doucement, ne voulant pas lui faire penser que je suis une menace et c’est à quelques mètres que je décide de prendre la parole.
« Kansei ?! C’est Tanuki, ça faisait longtemps. »
Maintenant que le contact oral et visuel est pris, je m’approche bien plus de lui sans craindre une attaque. Après tout, je venais peut-être de le surprendre, je ne connais pas réellement ses capacités, seulement ce dont est capable son clan.
Le voyage entre Ame et Hi n’avait pas été si long, cependant les blessures subies récemment, l’usure de ses vêtements et la fatigue accumulée par ses exactions avaient amenés Kansei à faire une pause. Tout aussi puissant et astucieux qu’il était, le Nara restait un homme comme un autre qui ne pouvait agir et penser efficacement s’il n’avait pas quelques heures de sommeil. À l’orée d’une forêt près de la grand route menant à la Capitale, le Lieutenant enfin libéré du joug de sa mission laissa échapper un soupir en se laissant tombant sur une buche mise à l’horizontal devant un petit feu juste allumé, les dernières brises de l’hiver laissant place à la clémence d’un printemps qui s’annonçait plein de surprises. Et parmis elles, la rencontre d’une ancienne connaissance ; Tanuki. Ce n’était pas son nom, il s’en doutait bien mais son chakra lui était bel et bien réel, reconnaissable. Le ninja plissa les yeux afin de l’apercevoir. Son physique semblait le même mais quelque chose semblait changé chez lui.
Incapable de se relever sans avoir à serrer les dents sous l’impact de ses blessures cicatrisant, l’ancien Jônin de Kumogakure salua l’homme à la chevelure auburne d’un signe de tête agrémenté d’un fin sourire poli. « Oi ! En voilà une surprise, décidément. Que fais-tu dans les parages jeune homme ? J’ai l’impression que ça fait des lustres. » La fatigue aidant, il parlait bien plus facilement de son ressenti et dans ce cas précis, de ô combien l’époque de son entrée au Teikoku semblait lointaine, tant il avait passé de temps sous le pseudonyme de Koei, à agir pour le compte de l’Empereur.
Mais tout cela n’avait pas été vain et l’utilisateur du Kagemane le savait, s’en persuadait chaque jour à défaut de tomber dans une folie telle un puits sans fond. Kansei savait accepter ses erreurs, mais de là à accepter qu’il avait sciemment abandonner les hijins et les kumojins sans raisons aucunes ?!
Il invita d’un signe de tête son hôte à s’installer près du feu et sortit de sa besace un petit lapin déjà pelé qu’il transperça sans broncher d’une branche avant de le poster sur un système de broche de fortune qu’il fit rôtir ainsi pendant quelques minutes sans rien dire, le regard vide contemplant les langues flamboyantes qui faisait crépiter le gras s’écoulant de la bête.
« Je me souviens. Tu étais venu me dire que tu avais rejoint l’Empire. À la faveur d’une amitié. » Il savait bien avec qui mais il n’était pas l’heure de faire étalage de sa mémoire sans failles pour l’instant.
Je peux tout de suite remarquer que mon futur allié n’est pas dans une excellente forme et semble blessé. Au point de ne même pas se relever à notre rencontre. Il ne faut pas avoir besoin d’une grande intelligence pour comprendre que c’est plus demander un trop effort que par le manque de respect. Soit il venait de se combattre récemment, soit il revient d’une mission périlleuse, mais en tout cas son adversaire potentiel doit être costaud pour réussir à tenir tête à un Nara qui semble très expérimenté. En tout cas, je ne peux pas lui en tenir rigueur et je m’approche pour être totalement au niveau de son campement de fortune.
« Effectivement, j’ai... disparu pendant des mois. »
J’accepte volontiers sa proposition de le rejoindre et m’installe à côté du feu, le regardant sortir son lapin. Tout voyageur se doit d’avoir l’habitude de pouvoir s’auto-suffire et je ne suis aucunement étonné de le voir si débrouillard malgré ces blessures, sa fatigue visible sur son visage.
« Je dois t’avouer que j’ai préféré régler ce que je devais faire sur Kaze… Pour me couper du monde juste après. »
Je n’en disais pas plus, je ne suis pas encore forcément prêt à parler de ça à n’importe qui pour le moment. S’il y a bien une personne au Teikoku à qui je vais raconter tout ça, ce n’est pas Kansei, pour le moment. Je me souviens lui avoir parlé d’un projet sur mes terres natales et un jour il en saura certainement plus. En tout cas, du peu que je le connais, je ne pense pas qu’il va vouloir en savoir plus.
« Et toi alors, tu m’as l’air d’en avoir bavé et au fait, appel moi Kô. »
Dis-je en le taquinant un petit peu pour lui montrer que ce n’est pas un jugement ou une provocation, simplement une constatation. De plus, aucun besoin de cacher mon nom et mon prénom plus longtemps puisque je vais devenir un soldat de l’Empire, il connaîtra très vite ma véritable identité. Même si je ne l’oublierais jamais, même si je serais toujours fidèle envers Tsukimono, j’ai décidé de ne plus vouloir agir dans l’ombre. Entrer dans le système pour mieux le changer et c’est bien avec le Teikoku que j’ai le plus d’idées communes.
Il ne pouvait pas le blâmer d’avoir lui aussi des affaires à régler ainsi que des chats à fouetter. Chacun avait sa vie privée et empiéter dessus ne faisait pas parti des objectifs immédiat de l’Ombrageux.
« Le désert est particulièrement agréable à cette période de l’année, en espérant que tu y as trouvé ce que tu cherchais. » Il ne tenait pas spécialement à être éclairé quant à ses agissements hors des frontières ; il laissait aux spécialistes parmis ses confrères le loisir de fouiller dans le passé du Tanuki si d’aventure cela venait sur le tapis. Lui était trop las pour les jeux d’esprit et la confrontation.
« Très bien, Kô. Il faut dire que oui, on m’a donné du fil à retordre. Mais triompher sans péril n’apporte pas beaucoup d’intérêt à l’Homme alors disons que c’était le prix à payer. Je respire, après tout. » Il orna son faciès hâlé d’un sourire presque mélancolique et fit faire un tour au gibier tandis que son autre main resserrait l’un des bandages retenant son pectoral droit.
« Les blessures physiques ne sont après tout pas grand chose, si elles ne sont pas mortelles. Il y en a des bien pires, hein. » Il n’attendait encore une fois pas de réelle réponse mais le visage de l’homme à peine moins âgé que lui ainsi que son regard et sa façon de se tenir en disait plus qu’il ne voulait en laisser paraître. Face à lui se trouvait un individu qui avait côtoyé de près le Shinigami, venu pour lui ou pour des êtres chers. Un homme dont l’essence avait été corrompu par le mysticisme d’une douleur assez atroce pour le pousser à l’exil.
L’Homme était après tout une créature sociale et sociable ; peu pouvait donc en pousser un à couper tous les rapports à ses congénères les plus proches et vu son rapport à Tomoe, il ne faisait aucun doute que les démons qui hantaient ou avaient hanté le dénommé Kô se trouvaient assez terrifiants pour qu’il s’inflige pareil supplice.
Il ne chercha pas plus à le décrypter et se contenta d’attendre là sans réel autre but que de manger lorsque ce serait cuit. « Qu’est-ce que tu projettes désormais ? Si ce n’est pas trop indiscret. » Autant faire la conversation, la viande ne cuirait pas plus vite dans le silence.
Il a tout à fait raison, c’est sans doute la meilleur période pour se rendre dans le désert aride en ces temps-ci. Malheureusement cela remonte à bien plus longtemps que ça et dans ma tête je me dis que non, je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. J’ai mis beaucoup trop de temps à venir secourir la personne qui fut, jadis, la plus importante à mes yeux. Trop de mois, d’années à m'entraîner à vouloir évoluer pour ne pas me suicider en la sauvant, mais je suis arrivé trop tard, malheureusement.
« Je suis totalement d’accord avec toi. »
Je ne comprends que trop bien les mots du Nara. J’ai eu le malheur de connaître beaucoup de blessures, qu'elles soient physique ou psychologique et pourtant, je suis toujours là. J’évolue même, moi qui pensais avoir tout connu, je viens tout juste de comprendre que seul… je ne suis rien. C’est là que j’entre ouvre rapidement mon kimono pour lui montrer l’énorme cicatrice sur tout le corps.
« J’ai déjà frôlé la mort de très très près, je vois très bien de quoi tu parles. »
Je repense à cette fois-ci où pour rentrer dans un ordre spécial d’Iwa j’ai subi un test particulièrement violent. J’ai été pris au dépourvue et je me suis fait transpercer. Je ne sais même pas comment je suis encore en vie mais les médecins d’Iwa ont été très performant. Dure épreuve, mais c’est comme ça que j’ai fait la rencontre de Senku. Qui plus tard m’a apporté une nouvelle cicatrice, mais cette fois-ci sans le vouloir. Je me suis déjà que trop attardé sur Tsukimono, je dois maintenant penser au futur.
Ce futur d’ailleurs est composé de la personne avec qui je campe actuellement. Il est encore loin de se douter que je vais le rejoindre. Après tout, j’avais beaucoup laissé entendre qu’il y a peu de chances que cela arrive. Comme quoi, tout peut changer plus rapidement qu’on ne le pense. En tout cas c’est pour cela que j’apprécie discuter avec Kansei, il se satisfait de ce que je dit, ne cherche pas à en savoir plus, cela n’est pas si courant.
« Et bien après avoir beaucoup réfléchi et surtout mon instinct me dit que ce qui est arrivé sur mes terres, Hayashi no Kuni, n’est que le début de quelque chose de plus grand encore… Je ne sais, il se trame quelque chose un peu partout, j’ai un ami Hokazuka qui voyager partout qui me fait souvent des rapports. En tout cas, j’ai bien compris que seul, je n’arriverais à rien. Tu verras très bientôt où je veux en venir. »
Je pense que le Nara a très certainement compris que j’allais rejoindre Tomoe et l’Empire. Par respect pour ma soeur, je voulais le dire directement à elle, avant quiconque. Même si cela peut dire plein de chose, la réputation qu’ont les Nara sur leur intelligence n’est pas usurpé avec mon interlocuteur.
« Toujours lieutenant, ou capitaine de l’Empire ? Je me souviens plus trop si tu m’en avais parlé. »
Ces derniers temps, j’ai oublié certains détails, mais rien de bien important. Je dois juste me remettre dans le bain et ça reviendra tout seul. Je sais déjà que j’aurais fort à faire une fois devenu soldat de l’empire.
Les orbes de charbon ornant le faciès du Nara parcoururent la dite cicatrice avec un air respectueux pour la vie qui avait choisi de continuer à abriter son enveloppe charnelle sans pour autant que la vanité ou l’orgueil lui murmura à un seul instant de dévoiler les siennes. Pudique en tout, il avait du mal à se découvrir, autant au sens littéral qu’au figuré. Les résultats des années de guerre civile et plus récemment, de son travail sous couverture qui pour être couronné de succès lui avait coûté tant.
Kô sembla pensif un instant et le Nara détourna le regard pour le poser sur la pitance qui embaumait maintenant l’air d’odeur de gras et de viande faisandé, pour ne pas lui déplaire. Il sortit de l’intérieur de son haori taché par les intempéries une petit flasque translucide laissant deviner un liquide qui l’était tout autant, qu’il porta à sa bouche et dont il s’octroya une gorgée avant de la poser au coin du feu.
Tout homme aimant à se tenir informé se devait d’avoir un réseau et Kô ne faisait pas exception. De plus, il était en affaires avec un Hokazuka, une caste connue pour être des traqueurs exceptionnels et des voyageurs émérites. Sans qu’il n’en transparaisse une goutte, un flot d’images du massacre de leurs ascendants emplit son esprit déjà quelque peu troublé par la fatigue et la douleur latente, qu’il balaya bien vite pour se concentrer sur les saveurs de riz fermenté chatouillant son palais.
« Tu ne dois pas être bien loin de la vérité, mon ami. De ce que j’ai pu en apprendre, c’est déjà en mouvements. Des forces immenses, prêtes à s’entrechoquer et à faire trembler le monde actuel. La Résonance en est les prémices. Peut-être. » Ce peut-être se trouvait plein d’un espoir qui ne trompait personne, pas même lui. Et Kô ne se mentait pas en pensant tout régler seul ; Teikoku était alors le bon choix, de son point de vue. Les intérêts personnels pouvaient mener des hommes à servir de nobles causes.
« Toujours Lieutenant. » Il sortit de sa poche un kunaï et arracha un morceau de chair de l’animal pour constater la cuisson et satisfait, goba le morceau en invitant d’un hochement de tête son compagnon à faire de même.
« Tu vas rejoindre Tomoe, c’est ça ? Et ensuite ? Servir l’Empire et aller là où on te le commande ou quelque chose t’anime en particulier ? »
Le Nara confirme bien que mes doutes et mes prédictions sont correctes. Malgré ma longue absence du monde, j’ai tenu à m’informer de ce qu’il se passe du mieux que je peux. Malheureusement tous mes alliés d’antan se font rare et c’est bien souvent Shô qui venait me tenir compagnie. En tout cas, Kansei pense comme moi et tout ce qui se trame en ce moment fait suite à la Résonance. Comment en douter ? Bien sûr, les utilisateurs de ninjutsu, les shinobis ou les indépendants n’ont pas attendu cette dernière pour se faire la guerre et essayer de se trahir à tout bout de champs, mais là c’est différent. L’ambiance n’est plus la même, tout à changé. Je n’arrive pas encore à savoir ce qui me gêne réellement, mais j’ai bien compris que je me dois d’être honnête avec moi-même et rejoindre le côté qui me semble le meilleur, le Teikoku.
Il me confirme bien son rang de Lieutenant avant de commencer à se nourrir et j’accepte sa proposition en me servant à mon tour un bout de bidoche. Je ne suis absolument pas étonné quand je l’entends faire allusion à Tomoe et la possibilité de rejoindre l’Empire. Je l’avais prédit, de plus, qu’il comprendrait très vite mes sous-entendu.
« Je savais bien qu’on ne pouvait rien te cacher. Il est temps pour moi d’agir sous une des bannières importantes. »
Je ne dis toujours pas directement que je vais rejoindre l’Empire, mais tout est très clair quand même. Je croque un bon morceau de viande que je savoure pleinement. Rien de tel qu’une bête chassé par sois-même et voir le Nara partager son repas m’en dit long sur le personnage.
« J’aurais toujours une part de moi qui sera solitaire avec certainement des objectifs personnels, mais je vais apprendre à rendre ça compatible à la cause commune. Après tout, j’imagine que toi aussi, malgré ton appartenance à l’Empire, il peut t’arriver d’agir pour ta propre cause. »
Cela m’étonnerait d’apprendre que le brun n’a jamais de projets personnels. Généralement, plus on vieillit, plus on a connu la guerre, plus les raisons pour se battre se font grandes. Quand on est un véritable guerrier, on se relève toujours jusqu’à mourir pour accomplir ses plus grands rêves. J’ai mis longtemps à l’accepter, mais quand j’ai tué sans aucun regret le fanatique, c’est là que j’ai compris. Je ne suis pas un shinobi, mais je suis sans aucun doute un guerrier qui aime se battre, qui voit les choses en grand et n’a pas peur de frôler la mort pour réussir.
Effectivement Kô voyait juste. Mais ce n’était là ni prestidigitation ni lecture de son esprit. Seulement une analyse implacable de ses souvenirs en commun et de ses signes faciaux. Il répondit donc à ses talents loués un simple sourire après avoir fini d’avaler sa bouchée.
« C’est le lot de chacun et chacune ici bas. Espérons que tes projets personnels soient réalisables, je te souhaite d’aventure bonne chance pour eux. Effectivement, même si je les ai délaissés un tant, j’ai bel et bien des projets. L’important est simplement de les choisir de sorte à ce qu’ils soient réalisables et cohérents. »
À l’antithèse de ses mots le Nara réfléchit alors à son but le plus ancien. Protéger le pays du Feu. Il avait échoué de nombreuses fois. Puis au suivant, diriger les Nara pour en faire le clan le plus puissant de Kaminari pour régler les tensions créées à l’époque, de gré ou de force. Encore une échec. Puis le Protectorat et sa possible élection, où là, il avait presque échoué de lui-même.
Mais son prochain projet, celui qui avait gerbé sous les pluies de Ame lui, il le menerait à bien. Plus grand et paradoxalement bien plus difficile à accomplir. Ce serait le combat de son existence, le point final à tous ces sacrifices et le commencement d’une nouvelle ère pour Hi no Kuni.
Le Feu avait connu des grands hommes, quels que soient les choix qu’ils firent. Nara Alderan, Araho Daiki. Yamanaka Rei.
Ils les dépasseraient tous.
Dans le tumulte de ses pensées, rien ne se transcrivit sur le visage de l’homme assit près de l’Asaara.
« Tu sais qu’il y a des unités, dans l’Empire ? Sais-tu laquelle tu vas rejoindre ? »
Ce fameux choix de savoir quand les réaliser et que ce soit cohérent est quelque chose dont peu plus vrai et j’en ai fais les frais il y a peu. Perdu trop de temps entre Iwa et Tsukimono, cela m’a coûté bien trop cher, mais pourtant je n’ai pas forcément de regrets. Tout ce qu’il s’est passé dans ma vie sont arrivé dans ma vie suite à mes choix et perdre son temps à avoir des remords ne te fais plus avancé, seulement stagner, voir reculer. Preuve en est, j’ai passé des mois, trop de mois, à rester en dehors du monde à cause de ça, il en est fini maintenant.
Le silence installé quelques temps me permet de repenser à toute ma vie depuis que j’ai quitté mes terres natales. Aujourd’hui, je ne me sens quasiment plus Kazejin, préférant me considérer comme un Hayashijin, même plus que ça, comme villageois de Yaogakure. Ma maison est là-nas, parmis eux, près des proches de mes anciens alliés, mon ancienne famille. Jusqu’à arriver au fameux jour où j’ai véritablement changé, que ce soit psychologiquement ou en terme de pouvoir.
Finissant mon repas de campement, je commence à fouiller dans ma besace en écoutant mon ami du jour. Je sors de celle-ci de quoi fumer avant de tendre mon petit plaisir occasionnel au Nara pour qu’il se serve. Je ne suis jamais avare avec le tabac et en propose toujours à la personne avec qui j’ai une discussion.
« Je n’y ai pas réfléchi, à vrai dire je ne sais même pas si je vais rejoindre une unité. Je ne vais pas te mentir, j’ai surtout en tête d’aller protéger Tomoe de ce qu’il pourrait arriver. Alors certainement que je rejoindrais la sienne, même si l’idée de ne plus voyager me parait compliqué. »
J’aime trop bouger sur les terres différentes du monde, mais si pour réussir dans le futur je dois sacrifier ça, je le ferais sans hésiter. Un nuage de fumée se fait voir au dessus de ma tête, avant d’à mon tour devenir curieux.
« Tu es dans quelle unité ? »
À vrai dire, je ne le connais que trop peu pour imaginer où est-ce qu’il pourrait se sentir bien. J’imagine que quand on est aussi expérimenté et certainement apprécier par ses compères, nous avons une place spéciale. Je peux me tromper, évidemment, mais j’ai du mal à imaginer que le brun soit dans une unité comme la territoriale ou la scientifique.
Kansei accepta le tabac que lui tendit Kô bien qu’il eut lui-même de quoi fumer dans une poche de son haori, plus gris que noir à cause des résidus de pluie acide et de boue séchée. Avec adresse, il roula une cigarette en renvoya à l’expéditeur sa propriété avant d’allumer cette dernière d’un claquement de doigt tout en écoutant l’homme qui lui faisait face, dans un mutisme propre à lui-même.
« Je ne connais pas bien tes motivations mais je connais Tomoe et elle n’est pas du genre à se laisser protéger. Qui plus est, pour protéger quelqu’un des autres et même de lui-même, il faut être fort. Es-tu fort, Kô ? » Sa question aurait presque semblait un défi si ce n’était pour la fatigue qui étirait ses traits vraisemblablement vieillis et ternis par la mission lourde qu’il avait dû assumer.
« Certaines unités n’empêchent pas de rester libre. Ne confonds pas les villages et l’Empire. Selon tes choix, tu peux garder ta liberté. Il te suffira de continuer d’honorer ta nouvelle bannière ou de lui rendre hommage dans tes actions en terres éloignées. » Effectivement il pouvait très bien se retrouver là où il serait libre si il y tenait temps.
Ou monter assez en grade pour ne plus recevoir d’ordres de personne, sauf sa Majesté. L’Ombrageux expira lui-même une bouffée de tabac.
« L’Impériale. » Pas de raison de le cacher.
Le shinobi exilé des terres de la Foudre bascula la tête en arrière pour analyser la voute céleste au-dessus d’eux. C’était une belle journée, l’orée du printemps à venir. Et avec lui, les aléas de la vie shinobi qui ne tarderaient pas à montrer le bout de leurs nez.
Il y a peu de gens autour de moi qui consomme du tabac et j’avoue être assez content de voir que le Nara accepte ma proposition. J’ai plutôt l’habitude d’essuyer des refus qu’autre chose. Bien sûr, je comprends totalement qu’on ne veuille pas se mettre à fumer, ce n’est pas ce que je dis, mais disons que, pour une fois, être accompagné est agréable.
Kansei touche juste en disant que notre connaissance commune est loin d’être du genre à vouloir de la protection. Je ne le sais que trop bien, mais en combat, tout peut arriver et si je suis présent, jamais je m’excuserais de ne rien faire si elle est en danger. Beaucoup de si, mais cela est déjà arrivé par le passé et pendant qu’elle utilisait de ses techniques explosives, je la protégeais avec mon sable. Ensuite vient une question plutôt inattendue et qui pourrait presque être vu comme une demande de duel. Je ne suis pas aveugle et je vois bien que le brun est loin d’être en condition de se battre, je pense plutôt qu’il veut me tester. Un prétentieux répondra oui sans le moindre doute, un faible répondra qu’il n’y a pas que ça qui compte.
« Disons que je suis sans doute pas le plus puissant des guerriers en ce bas monde, mais je connais mes capacités et j’ai déjà montré à Tomoe que je suis un allié de choix pour la soutenir en combat. »
Il suffit de repenser à ce qu’il s’était passé pendant notre contrat et le combat acharné que nous avons subi contre plus nombreux.
Le Nara me rassure sur une chose qui est importante à mes yeux, la liberté. Encore une personne me faisant savoir que l’Empire n’a rien à voir avec les villages et je dois dire que c’est quelque chose de très important à mes yeux. Cela dit, ça l’est certainement pour beaucoup de monde dans l’armée du Teikoku. Je continue de l’écouter jusqu’à qu’il me dise qu’il fait partie de l’Impériale. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être un génie pour comprendre que c’est une unité recevant directement ses ordres de l’Empereur.
« Je ne connais pas encore réellement les unités pour tout t’avouer. Tu te plais dans l’Impériale ? Te voyant ici, seul, j’imagine que tu es très libre, mais aussi que tu pars accomplir des choses plus dangereuses. »
Peut-être que cette unité pourrait me plaire, mais je suis loin de penser qu’un nouveau soldat tout frais serait directement propulser aux mains de l’Empereur. Ou alors c’est une unité simplement en charge de la protection de l’homme tout en haut de l’échelle, mais j’ai du mal à imaginer Kansei comme garde du corps. Puis par logique, ce serait la garde impériale et là il n’a jamais évoqué le mot, garde.
« C’est une bonne chose d’être confiant et de connaître ses capacités. Sans cela, il n’y a point de victoire possible. » Plus jeune il avait douté de ses possibilités et cela avait entraîné une période de doute, peu propice à la progression de ses divers talents. Cette période était maintenant derrière lui et Kansei se savait bien loin de ce jeune Nara perdu dans les forêts de Hi qui n’avait pu protéger que de peu de ses amis Inuzuka, pour ne citer qu’eux.
Kô posa ensuite des questions tendancieuses auxquelles il ne pouvait pas facilement répondre honnêtement. Mais cela restait quelque chose d’opaque où il pouvait laisser transparaître quelques rayons de sa vérité. Après avoir avalé un peu de nicotine, il continua calmement.
« C’est normal. Une fois à Urahi, tu pourras rencontrer les garants de ces bannières et faire ton choix aisément. » L’ambiance là-bas se trouvait plutôt sereine, même s’il ne faisait qu’émettre des hypothèses, n’ayant pas rejoint cette dernière depuis des lustres. Dur de décider si cela lui manquait ou pas ; il s’était habitué à sa vie d’ermite et la quitter semblait une concession plutôt qu’un choix. Mais il fallait ce qu’il fallait.
« C’est un bon poste que le mien, oui. Et je vais effectivement parfois aux devants du danger, comme tout shinobi. » Il lui adressa un mince sourire avant d’écraser sa cigarette contre le tronc auquel il était adossé.
« Mais entre les missions je suis libre. Libre d’aller où je veux avec qui je veux. Et cela ne se trouve qu’avec le grade chez les villages ninjas et même en l’ayant été, même en ayant ici aussi des obligations, je mentirais en ne disant pas où vont mes préférences. »
L’Empire était une cause plus noble à ses yeux et il ne regretta jamais les raisons de son départ de Kumogakure no Satô. Dans une réalité parallèle, peut-être était-ce un Kansei plus belliqueux qui avait donné naissance au Teikoku…
Dernière édition par Nara Kansei le Ven 26 Juin 2020 - 18:49, édité 2 fois
Le Nara est dans la même pensée que moi, il est important de connaître ses limites et ce dont on est capable pour toute aventure. Douter de soi-même amène plus facilement à la défaite et j’imagine que comme moi, il a dû en faire les frais par le passé. Aujourd’hui, nous sommes différents, nous sommes plus expérimentés et ne pas avoir confiance en nous est maintenant très loin et nous n’aurons aucun regret dans toutes nos actions, nos choix.
Kansei me confirme qu’il a un bon poste, ce qui ne m’étonne guère de sa part, mais sans rentrer dans les détails, ils me parlent du danger possible. J’imagine facilement que les actions de son unités sont souvent secrètes et en parler peut être vu comme de la trahison direct envers l’Empereur. Comme quoi, pas la même institution, mais un homme au pouvoir, reste un homme mystérieux. Tout comme les Kages, l’Empereur à ses secrets et son unité qui en connait une partie. Plus jeune, j’aurais crié au scandale, aujourd’hui, je ne sais que trop bien que tout être humain à des phases cachés, à forcément du mauvais en lui.
« Je me doutais bien que tu ne pourrais m’en dire plus. »
Enfin vient la notion de liberté qui enlève un gros poids sur mes épaules. Cette notion de la vie est quelque chose qui me tient particulièrement à coeur et je dois avouer que ça me rassure de savoir que j’aurais toujours celle-ci auprès de moi. Bien sûr, si on a besoin de moi, je devrais répondre présent, si des ordres vont contre mes projets, je devrais quand même les écouter. C’est véritablement de savoir que je pourrais toujours vaquer à mes occupations qui me fait un bien fou.
J’écrase à mon tour mon mégot avant de le jeter dans le feu ayant fini de cuir la viande. Je me relève doucement avant de regarder en direction du brun blessé.
« Je ne te propose pas de te raccompagner, je me doute que tu n’as pas besoin de moi. Ca m’a fait plaisir de te revoir et je te dis à très vite. »
Attendant sa réponse, je fini par me tourner en direction d’Urahi avant de reprendre ma route. J’espère que les soldats et autres gradés de l’Empire sont tout aussi sage et réfléchi que lui, cela m’aidera beaucoup plus à m’intégrer. Puis même si ce n’est pas le cas, au final, je m’en sortirais quand même grâce à lui, ou Tomoe.
La discussion avait été fructueuse et il était presque rassurant pour l’homme de voir des visages connus en pénétrant les terres du Feu. Il se sentait parfois, là-bas sous la Pluie, un étranger à son propre pays. Il y avait eu Kumogakure no Satô et la demande de Shikatowa ; son temps comme Jônin là-bas. Puis l’invasion et le protectorat, sa mission.
Pourtant en foulant les premières prairies et en voyant les premiers cerfs, il avait comprit. Qu’ici serait toujours chez lui, que ces terres ne lui tourneraient jamais le dos. Il y avait grandi, y était devenu un homme et avait connu l’amour et la tristesse parmis les chênes pavant les voies insondables.
« Un plaisir partagé, Kô. Que ta route soit sûre et tes ambitions exhaussées. Je suis sûr qu’on se reverra bientôt, oui. » Il lui adressa un rictus puis se pencha vers le feu qui dansait inlassablement en consumant l’air autour de lui.
À ce moment, il fut difficile de deviner si c’était simplement le reflet des braises ou ses yeux eux-mêmes qui vibraient de ce brûlant caractéristique. De cette volonté du Feu qui avait jadis parcouru chaque veine d’Alderan pour lui faire créer le Soshikidan.
Perdu pendant de longues minutes dans la contemplation du passé et de son futur, il laissa son homologue du désert s’aventurer au coeur des terres et continua de reprendre des forces, désormais seul face à ses questions et ses doutes. Pourtant, il semblait sourire, le bougre.
Accueil
