Oublier, avancer, retourner auprès du feu ₪ Quelques jours après la réunion des Capitaines..
Il n’y avait pas âme qui vive, autre que la flore meurtrie par l'hiver, sur les sentiers de Hi no Kuni. Le pays de la roche était bien vaste. Une terre que Tomoe avait foulé, avait détruit par ses moyens, à sa manière. Dextres tachées de pourpre et de cendres. L’ancienne capitaine ne pensait à rien de particulier. Finalement, toute cette mascarade autour d’un même individu n’avait été, presque, qu’une perte de temps. Débusquer le traître avait évidemment été bénéfique mais pour la suite, cela avait été tout autre. Après tout, ils l’avaient fait venir jusqu’à Kumo pour une farce. Et si dans le fond elle avait trouvé bien plus intéressant l’affrontement avec le félon, la finalité et les décisions prises par les Capitaines présents ne résultait que d’une… Blague. Juste un mensonge. Non. Une rumeur pas plus véridique qu’un simple bruit de couloir.
Alors l’Explosive avait patienté un peu. Elle s’était terrée dans cette chambre d’auberge qu’elle avait louée pour l’occasion de sa venue. Ils étaient tous partis. Tout du moins, la majorité des Teikokujins avaient suivi les ordres donnés par le porte-parole. Elle avait attendu un peu plus longtemps, ruminant sur la raison qui l’avait poussée à ne rien dire, à ne pas se battre pour mener à terme ce pour quoi on l’avait fait venir à Kumo. Finalement, elle comprenait. Et c’était bien dans ces moments là que les limites fixées lui remontaient au nez. Cela eut l’effet de vagues, des souvenirs de son “ancienne vie” à Iwa. Et elle avait grimacé. Mais d’un banal soupir, seule par choix, elle avait balayé ce mal être et cette envie irrésistible de désobéir. Non, elle ne pouvait se laisser embarquer dans ses folies. Pas tout de suite. Maintenant qu’elle n’avait plus Fujimi, ni même Kô pour la soutenir -du moins qu’il n’était pas à ses côtés- et ce depuis près d'un an Tomoe ne pouvait imaginer repartir aux creux de ses vieux vices. Alors elle n’avait juste rien dit.
Elle marchait. Yeux clos. Un large sourire sur le visage. Elle s’efforçait d’oublier la frustration. Son gros coup ne serait pas aujourd’hui, mais l’Explosive, lieutenante du Teikoku, ne perdait pas espoir à ce propos. Finalement cela lui rappelait même quel était son ennemi : Son propre passé. Alors elle marchait. Yeux bien ouverts sur l’horizon. Perdant ce rictus enjôleur. Elle tentait d’imaginer la suite. Chôkoku Tomoe rejoignait sa “patrie”, celle qu’elle avait fini par adopter -ou bien qui avait fini par l’adopter, cela dépendait des points de vue. Bien que son ego avait pris un sacré coup lorsque sa rétrogradation avait été faite, la jeune femme n’en avait tout de même pas perdu sa hargne. Qu’est-ce que cela représentait vraiment ? Qu’importait à l’heure actuelle, rien n’était figé dans le marbre.
Arrivant à la frontière qui la séparait de la Capitale du Feu, de son pays, celui du choix et non du sang, aussi important était-il pour la kunoichi, Tomoe sortit alors ce petit livre qu’elle avait oublié de remettre dans les allées de la Grande Bibliothèque. Déniché par une consœur Teikokujine, petite perle qui était un nouvel objectif : Celui qui lui permettrait d’occuper ses pensées loin des tares et des insatisfactions qu’elle avait connu ces dernières semaines.