~~ Urahi ~~

En attente d'un coéquipier, son masque de Yokai de retour et patientant également avant d'être à nouveau équipé.
Une lointaine coutume longtemps délaissée par la trentenaire ; ce masque lui servait de frontière physique entre sa philosophie de vie et la réalité de l'action. Un masque qui n'apparaissait que dans le cadre de missions.

Ainsi elle reprenait du service sous la bannière d'un Empire militariste. Quelques années en arrière, elle n'en aurait pas même envisagé la possibilité, et pourtant, les événements ou plutôt quelques concours de circonstance précis l'avaient amené à se retrouver ici même. Les aléas de la Résonance en étaient la cause. Bien qu'elle disposait de nombreuses pistes à explorer, elle devait consolider son assise dans cette faction qui lui offrirait à terme les moyens de ses ambitions, et d'ici là le temps devait être employé consciencieusement - Des troubles naissaient partout, la preuve étant ce rapport alarmant. Elle ne devait pas négliger les moindres signes.

Même si elle se méfiait naturellement - La Résonance restait obscure pour bien des quidams et on la citait parfois d'avantage par méconnaissance ou inquiétude plutôt que par véritable observation. Le fameux drapeau noir de Shizukara s'était-il épaissit suite aux conséquences de ce phénomène chakratique ou alors ne s'agissait-il que de l'appui de ronins plus dégourdis que les fauteurs de trouble habituels ? Des réponses qu'elle n'obtiendrait qu'en accomplissant son nouveau rôle.

Fait intéressant, elle avait eu vent de l'appartenance de son coéquipier au clan Uzumaki. Sa connaissance des clans restait théorique mais néanmoins globale, grâce à la Grande Biliothèque et tout le savoir entretenu au fil du temps par les Suzuri. Au même titre que les Meikyû, les Uzumaki entretenaient un rapport spécifique avec l'Art du Fuinjutsu. Même si cela restait secondaire compte tenu des événements actuels, sa propre quête infinie d'emmagasiner toutes les connaissances relatives aux sceaux ne pouvait que s'en voir grandie si elle tissait un lien avec ces derniers. Peut-être ce dénommé Haiko deviendrait cette porte vers un clan pour le moins aussi disparate mais passionnant que celui des Héritiers Meikyû.

Des suppositions. Des probabilités.
Takara ne se perdait pas dans ses songes, sachant désormais qu'elle était sa place et où se situait la priorité. Restant seulement à l’affût de tout ce qui lui permettrait d'appréhender la suite. Car de toute évidence, l'Art des Sceaux demeurerait la clé.

Derrière son masque, la kunoichi s'esclaffait à l'approche de son coéquipier.
Tiens tiens tiens.
Ce n'était pas un Uzumaki mais plutôt quelqu'un qu'elle connaissait déjà, au moins en surface. "Tant pis", même si ce n'était pas très gentil de penser ainsi. Elle aurait d'autres occasions de rencontrer des membres de ce clan, et après tout le garçon remplaçant avait lui aussi éveillé son intérêt au cours d'une conversation. Aussi elle se demandait bien comment il se comporterait sur le terrain. Après tout, même s'il s'agissait d'une mission assez conventionnelle, il y avait en second plan un intérêt bien plus grand aux yeux de la Suzuri. Les cas potentiels de victimes de Résonance.

Enchantée. Soufflait-elle sans se présenter, presque assurée que le jeune homme si sensible au son saurait rapidement reconnaître sa voix - A moins qu'il savait déjà avec qui il accomplirait cette mission, auquel cas nulle surprise. Bien, nous partons vers le littoral. Il semblerait qu'un groupuscule rebelle ait gagné en assise et s'accapare les biens de l'Empire. Au delà de ça, ils ont repoussé la première équipe envoyée à eux pour rétablir la situation... Ils doivent donc être sur leurs gardes, enquêter à leur sujet sans se faire repérer sera plus difficile.

Takara était aussi prévenante qu'analytique dans ce genre de situation. Son défaut potentiel ? Surestimer l'adversaire. Parce qu'elle partait toujours du principe que le travail avait été bien fait de "l'autre côté". Leurs activités commençaient à dater, ils avaient eu tout le luxe d'établir un réseau, des contacts, autant par la peur que par la résignation ou autres formes d'arrangements. L'Empire s'était officialisé certes, mais cela ne signifiait pas une unité incontestable, encore moins au sein de ce pays balafré par une longue guerre civile où nombre de rancunes perduraient probablement.

J'ai suffisamment de cordes à mon arc pour nous assurer une certaine forme de discrétion, mais quel que soit notre approche cela m'étonnerait que nos tentatives ne remontent pas à leurs oreilles si on tarde à agir. Il y a toutefois plusieurs angles d'attaque. "Leur groupuscule" semble de plus en plus conséquent. Peut-être par le développement de certains dons, mais aussi par le recrutement. Ce vent de piraterie semble doucement prendre l'allure d'une mafia.

Il est encore trop tôt pour le dire, mais à mes yeux l'enquête ne doit pas s'enliser dans le temps : Nous devons rapidement les localiser et s'attaquer aux meneurs par des frappes brèves et isolées. Moins ils en savent sur nous, mieux nous pourrons les approcher et agir en évitant des confrontations frontales - Une stratégie qui risquerait d’entraîner des dérapages. Car si du sang doit couler, je ne pardonnerai toutefois pas le meurtre. Je n'ai pas l'intention de me répéter à ce sujet.

Une précision qui, d'une personne à une autre, provoquait diverses réactions parfois opposées. Mais la trentenaire n'avait jamais tué ni ne comptait franchir cette étape. Encore moins durant cette mission où il serait plus que profitable de ramener des prisonniers. Néanmoins elle comptait bien jouer selon ses propres règles ; si elle en avait l'occasion. Pas besoin d'une bataille rangée si le mot Shinobi prenait tout son sens à travers la furtivité et la célérité.
De plus, prendre de vitesse ou par surprise permettait généralement de couper court à l'étalage de puissance de certains adversaires. Or, une telle organisation risquait de compter un certain nombre d'opposants, aussi valait-il mieux s'assurer quelques avantages tactiques.