Il était bien des devoirs dont devait s’acquitter un Genin du village d’Iwa, et parmi eux figuraient les patrouilles réglementaires. Ces heures souvent très longues et nombreuses étaient réparties de façon différentes toutes les semaines entre presque tous les shinobi de la Roche, et si des gradés devaient bien évidemment écoper d’une bonne partie de ces heures pour assurer une surveillance de qualité, les apprentis qui n’étaient pas encore aptes à gérer une équipe se trouvaient souvent très chargés en la matière. Yanosa avait déjà fait son dû, lorsqu’il avait été Genin la première fois, et se retrouvait mécaniquement à nouveau dans cette même position hiérarchique maintenant qu’il avait été rétrogradé. Tel était le cours des choses, mais ces menues contraintes, il les acceptait volontiers, car à la vérité, il avait bien besoin du temps libre supplémentaire dont jouissait un Genin pour pouvoir s’atteler à la pelleté d’entraînements de remise à niveau et d’exploration de potentialités dont il avait besoin. Mais, quand l’heure du devoir sonnait, il était bien contraint de répondre à l’appel.
Le créneau du jour pour l’Oterashi se situait en début de soirée, alors que le soleil faisait darder ses ultimes rayons dans le lointain horizon. Le pugiliste vêtu de son kimono marron usé et de son pantalon ample beige patrouillait nonchalamment le long des murailles qui comblaient les quelques failles naturelles laissées par les montagnes, celle-là même qui constituaient le plus gros des défenses du village. Vu du ciel, Iwa aurait certainement pu ressembler à la bouche de l’Enfer, cerclée qu’était la cité par ces pics rocheux saillants faisant souvent penser à des dents acérées, ce qui avait déjà certainement donné son nom aux Crocs Rocheux à l’origine. Ce soir, c’était le calme plat, à la bouche de l’Enfer. Le regard porté vers les cimes de part et d’autre de la muraille, Yanosa décida de s’en remettre un peu plus à son odorat pour tâcher de repérer une quelconque anomalie, la luminosité faiblissant drastiquement. Il s’ouvrit également au chakra de ce qui l’entourait, à l’énergie qui sommeillait dans la Terre elle-même, formant ainsi un grand tout sensitif qui l’envahissait petit à petit.
Mais dans ce grand tout, une entité se détacha soudain. Un chakra, qu’il ne connaissait pas encore malgré les nombreux contacts qu’il avait déjà établi avec la plupart des Genins actuels ainsi que quelques gradés qu’il avait côtoyé il y a quelques années de ça. Se retournant vers l’origine de cette vergence sensorielle, il remarqua un individu à la stature forte et composée, de longs cheveux blancs lui ornant les épaules et le dos. Et en lui… un tumulte, un mouvement perpétuel, que Yanosa eut du mal à discerner, mais qui lui rappelait curieusement l’empreinte de quelqu’un qu’il connaissait déjà assez bien… Il s’approcha, lentement, les mains plongées dans ses manches.
« Bonsoir. C’est assez rare… De croiser quelqu’un que je ne connais pas encore de près ou de loin, je veux dire. J’imagine que tu es Genin, toi aussi ? Je les imagine assez mal gâcher un gradé ici… Moi c’est Yanosa. D’ordinaire… je ne vais pas trop vers les autres, mais… Tu trouveras peut-être ça étrange, mais j’ai senti en toi une agitation, comme une tempête… Tout va bien ? »
Une maison vide, une opportunité pour le solitaire de continuer à vivre en limitant les rencontres. Triste constat pour un jeune homme qui ne méritait pas tout ce qui lui arrivait. Forcé par son père, manipulé pour pouvoir être à son image, Hayao n'était alors qu'une marionnette pour cet être infâme. Une enfance douloureuse, qui laissait encore à l'heure actuelle, de sévères séquelles à l'assimilateur. Impensable pour lui de sortir et de faire comme si de rien n'était, de faire des rencontres et de se lier d'amitié avec qui que ce soit. Trois ans qu'il avait élu domicile dans le village caché des Roches et pourtant, rien ne semblait pouvoir le dévier de cette solitude qui rongeait son âme en silence. Certes, il côtoyait les habitants du village, mais il se contentait du strict minimum. Extrêmement méfiant suite à ce passé douloureux, il était impossible pour le genin de s'ouvrir aux autres et de pouvoir donner sa confiance. Malgré cette distance, Hayao était mal dans sa peau et cela l'empêchait de faire ce qu'il voulait réellement : être entouré de personnes bienveillantes. Comme à son habitude, lorsque la situation n'exigeait pas un certain contact avec les autres, il restait seul dans la demeure familiale, ce qui peinait atrocement sa génitrice. Ancienne kunoichi devenue marchande, il lui arrivait très souvent de partir durant plusieurs jours. Le jeune iwajin était bien loin d'être un enfant, il savait donc aisément se débrouiller seul, elle n'avait donc aucun souci à se faire.
Malgré un temps plutôt agréable, Hayao n'avait aucune envie de sortir, de s'exposer aux autres. Ce n'était plus une peur glaçante, mais cela restait toujours délicat pour lui de se mêler à la foule. Éreinté suite à une mission dont il a encore du mal à se remettre physiquement, il se laissa tomber sans prévenir sur son lit. Fermant peu à peu ses paupières, il profitait alors du calme pour se reposer un peu en espérant profiter d'un sommeil réparateur.
Durant quelques heures, le solitaire s'était laissé bercé par les bras de Morphée, avant d'ouvrir les yeux peu à peu. S'étirant quelque peu, il resta quelques instants dans son lit, avant de se lever. Encore un peu dans les vapes, il descendait alors les escaliers afin de rejoindre la pièce principale de la maison et qui servait en quelque sorte de salon. En regardant par la grande fenêtre, il se rendit compte que le jour disparaissait peu à peu et que la soirée allait donc débuter. C'était un moment particulier de la journée, car cela permettait en quelque sorte à Hayao de sortir sans devoir faire face à une foule de gens. Traînant les pieds jusqu'à sa penderie, il enfila ensuite ses vêtements. Disparaissant alors de la maison, il se dirigeait d'un pas pressé vers sa destination : les Crocs Rocheux.C'est dans cette zone qu'il lui arrivait de devoir faire des rondes, assurer en quelque sorte la sécurité et s'assurer que rien de suspect n'erre dans les parages. Ce soir, ce n'était pas au tour de l'assimilateur de prendre son poste, mais il en profitait uniquement pour être au calme et sortir s'aérer l'esprit. Rester enfermé n'était pas la bonne décision, il en avait conscience, même si tout était encore à faire et qu'il n'arrivait pas encore à déambuler dans le village et à apprécier tout ce qui pouvait l'entourer. Arrivant alors dans la zone prévue, il ne pouvait s'empêcher d'admirer la vue qu'il avait depuis-là. Une vision qui arrivait à le consoler, à l'apaiser. Perdu dans la beauté de l'environnement, il n'avait pas remarqué que quelqu'un s'approchait de lui. Quelques paroles suffirent au jeune homme pour qu'il sorte de cet état d'inconscience et ne le ramène à la réalité des choses. Un homme se tenait devant lui, peut-être un peu plus âgé que lui, mais de peu. Genin du village caché des Roches lui aussi, il semblait surpris de voir un shinobi inconnu. Il est vrai qu'à cause de son problème, rares sont ceux qui connaissent réellement l'unique progéniture des Ozûka.
— Bonsoir... Oui je suis aussi Genin au sein du village. Sachez que je ne voulais pas vous déranger, je suppose que vous êtes en pleine ronde, pas vrai? Je viens ici le plus souvent que je peux, j'apprécie les endroits... discrets et ce n'est pas étonnant que vous ne m'aviez jamais vu auparavant. Ma vie est tempête, mon pouvoir également. Oh et je ne me suis pas présenté, moi c'est Hayao.
Sa méfiance avait beau être présente, il était en face de quelqu'un de similaire, qui œuvrait pour le village et qui n'était donc en aucun cas un ennemi. Un constat qui l'aidait inévitablement à établir un contact, après tout le solitaire n'était pas entouré de dizaines de personnes, mais bien d'un seul homme, ce qui facilitait grandement sa prise de parole. Hayao n'était donc pas timide, mais surtout méfiant et considéré comme un homme qui apprécie plus la solitude que la compagnie d'autrui.
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Dernière édition par Ozûka Hayao le Lun 13 Mai 2019 - 10:19, édité 1 fois
Depuis qu’il avait trouvé comment éveiller correctement et durablement son pouvoir, Yanosa avait trouvé de nouvelles voies sensorielles pour sonder son environnement et les êtres qui pouvaient l’entourer. C’était comme ouvrir une porte qui menait directement sur des dizaines d’autres portes, chacune contenant des savoirs et facultés enfouies qu’il lui fallait découvrir et explorer. En l’occurrence, en laissant se propager ses sens terrestres, en « écoutant » la vibration, la fréquence sur laquelle se trouvait cet Hayao, Yanosa avait l’impression extrêmement persistante de retrouver le même ressenti que lorsqu’il avait rencontré Tenzin. L’éolien était un assimilateur de vent, un Chûnin aux facultés bien plus développées que les siennes qui possédait son propre dojo sur l’un des hauts plateaux, et qui avait aidé l’Oterashi à entrer en résonance avec son élément. Le guerrier à la toison rouge avait toujours senti par le passé à quel point la Terre, la nature et les formes de vies qui y fourmillaient étaient importantes pour lui, mais il avait trouvé depuis les raisons de cette connexion de surface et était parvenu à l’amplifier et à l’amener bien plus loin qu’auparavant.
Et si il percevait ces vagues incessantes chez ce Genin, ce tumulte impétueux, cela ne pouvait certainement pas être qu’une coïncidence, même si Yanosa ne faisait pas encore à ce point confiance en ses perceptions pour dégager une certitude absolue de ses sensations.
« Oh tu ne me déranges pas, ne t’en fais pas, je m’acquitte seulement de mes heures… Mais, pour un endroit discret… je pense que tu peux faire mieux qu’un rempart constamment sous surveillance, et souvent patrouillé par bien plus pointu que moi ! »
Les Crocs rocheux, ainsi que tous les pourtours du village en réalité, étaient en effet étroitement surveillés, et il aurait été illusoire de penser échapper à la détection d’au moins un shinobi en se rendant sans raison officielle sur le rempart où ils se trouvaient actuellement. L’Oterashi termina de s’approcher, reportant vaguement son attention vers le lointain et vers les crêtes montagneuses.
« Ton pouvoir est tempête, hein… Ton aura me rappelle beaucoup celle de mon senpai. Un shinobi capable de devenir le vent lui-même à volonté, de se déplacer comme une brise ou de découper la roche en changeant l’un de ses bras en lame éphémère. Quelque chose me dit que vous partagez une connexion, lui et toi, mais... »
Il marqua une pause, ne désirant pas se lancer dans un postulat trop péremptoire, et reporta toute son attention l’espace d’un instant sur Hayao, comme pour l’examiner de plus près, sans toutefois se rapprocher encore de lui.
« Qu’est-ce qui te pousse à rester discret, si ce n’est pas.. et bien… trop indiscret ? La discrétion est une arme shinobi comme une autre, il est vrai, mais au village il est bien plus utile d’interagir avec les autres pour progresser, et se préparer aux moments où, justement, nous devrons nous effacer. C’est ce qu’on attend de nous en tant que Genin en tout cas, explicitement ou non : coopérer pour avancer. »
Son camarade iwajin avait raison. Cet endroit n'avait rien de discret, mais malgré tout, la vue qui s'étendait devant lui, faisait passer ce lieu comme étant un lieu relativement paisible. Gardant la même distance avec celui qui était de garde en ce début de soirée, Hayao semblait troublé par les capacités de cette personne à reconnaître un chakra. On voyait bien qu'il maîtrisait l'art de la détection et qu'à côté de lui, le solitaire passait réellement pour un novice en la matière. Finalement, cette sortie lui procurait un peu de bien-être, en compagnie d'un shinobi intéressant. Ce dernier avait vraiment envie de connaître un peu plus cet homme qui se tenait devant lui, ce qui le changeait de son train de vie habituel. Lui qui appréciait bien plus la solitude que l'échange, se laissait volontiers approcher par un autre Genin du village caché des Roches. Après tout, la méfiance n'avait pas lieu d'être, ils œuvraient tous deux pour une cause commune : Iwa.
— Vous avez raison... Ce lieu n'a rien d'un endroit discret, mais c'est plus un lieu apaisant, il suffit de regarder devant soi pour être complètement charmé par cette imprenable vue. Cela permet d'oublier ce qui nous fait mal, ce qui nous empêche d'avancer.
Légèrement attristé suite à ce qu'il venait lui-même de dévoiler, il porta ensuite son regard sur Yanosa qui venait de se rapprocher. L'unique progéniture des Ozûka n'avait pas l'habitude de tenir une conversation avec quelqu'un, en dehors de sa mère bien entendu. Un exploit? Absolument pas, mais un effort qui signifiait beaucoup pour lui et qui pouvait avec le temps, lui permettre d'oublier les fantômes du passé et de vivre comme tout le monde.
— Pour tout vous dire, j'ai la faculté de pouvoir assimiler l’élément Fûton, de ne plus faire qu'un avec lui. Un don du ciel qui m'a été transmis par ma mère, que je dois continuer à explorer plus intensément, conscient que je ne suis pas encore en osmose avec cette capacité. En tout cas, il serait peut-être bénéfique pour moi de rencontrer votre maître. Il saura peut-être me guider et me permettre de faire la lumière sur ce que je suis réellement capable d'accomplir avec un tel pouvoir.
Laissant quelques secondes pour reprendre son souffle et étudier la réaction de celui qui se trouvait en face de lui, le solitaire d'Iwa se sentait de plus en plus à l'aise, ne se rendant même pas compte, qu'il était sur le point de se livrer à un parfait inconnu.
— Je comprends tout à fait votre manière de voir les choses, seulement tout est différent pour moi. J'ai eu des années... difficiles et à cause de cette obscure période, de cette solitude permanente, il est difficile pour moi d'agir différemment. Heureusement, depuis mon arrivée au village, je me sens un peu plus libre de mes mouvements, mais je garde certaines images en mémoire et c'est cela qui me pousse à être à l'écart des autres. Je n'ai jamais demandé tout cela et pourtant...
Bien qu'il n'avait pas révélé toute l'histoire, cela suffisait amplement pour voir le désarroi d'un jeune homme qui n'avait pas eu le choix de devenir ainsi. Malgré cela, Hayao avait conscience qu'il pouvait changer les choses, mais il allait devoir être patient et gravir les étapes dans l'ordre, afin d'être assuré de ne pas rechuter. Une nouvelle fois attristé, le shinobi faisait en sorte de ne rien dévoiler. Malgré ce retour à de sombres souvenirs, il ne devait pas se laisser aller et se devait d'être fort, de se battre pour trouver son rôle sur cette terre. Rien n'était terminé pour lui, bien au contraire, il devait aller de l'avant et se donner les moyens d'avancer sereinement.
— Inutile de ressasser le passé, mais surtout je ne suis pas ici pour vous embêter avec mon sombre passé. Je voulais savoir une chose Yanosa... Quel est votre principal objectif dans la vie ? J'aimerais mieux comprendre ce qui anime les gens qui m'entourent, même si je n'ai que rarement l'occasion d'être entouré et que je me laisse guider par cette éternelle solitude, ma curiosité me pousse tout de même à vous poser cette question.
Plutôt que la discrétion, c’était donc le calme et la sérénité que dégageaient ces lieux qui avaient attiré Hayao vers les remparts, presque tous naturels, qui cerclaient Iwa. C’était assez compréhensible, du moins pour Yanosa en tout cas : lui-même, lorsqu’il patrouillait et surveillait les frontières du village, se surprenait souvent à être empli d’un calme dont il n’était pas forcément coutumier. Mais l’Oterashi ne put s’empêcher de tiquer lorsque le jeune homme aux cheveux blancs évoqua les obstacles qui, vraisemblablement, s’imposaient à lui et lui grippaient l’esprit. Tout le monde ou presque avait ses casseroles, mais tout le monde n’y était pas nécessairement soumis comme semblait l’être Hayao en énonçant ce que cette vista lui inspirait. Le guerrier à la toison rouge se contenta d’opiner du chef, ne désirant pas forcer son interlocuteur à développer plus qu’il ne le souhaitait. Celui-ci semblait de toute façon désireux d’entretenir de lui-même la conversation, et confirma de but en blanc à Yanosa la pertinence de ses impressions.
Un Assimilateur de vent. Hayao disposait donc bel et bien du même pouvoir que Tenzin, ce qui statistiquement parlant semblait être assez impressionnant aux yeux de l’Oterashi. Toutefois, de son propre aveu, Hayao n’était apparemment pas encore très entraîné au maniement de son pouvoir, car sitôt que Yanosa mentionna son senpai, il manifesta immédiatement son désir de profiter de ses enseignements. Et c’était bien naturel, à la vérité, car qui bouderait la possibilité de maîtriser parfaitement un pouvoir tel que celui-là ? Même le guerrier aux cheveux rouges, qui commençait à appréhender de mieux en mieux ses facultés, savait qu’il ne faisait pour l’instant qu’égratigner la surface des possibles.
« Aahh… mon pressentiment était donc fondé. Tu fais partie de la famille des assimilateurs élémentaires, tout comme Tenzin et moi… Intéressant. Il sera assurément capital que tu rencontres mon senpai, effectivement, surtout si tu n’as pas encore réussi à te familiariser avec ton potentiel… Je n’ai découvert le miens que très récemment, mais j’ai déjà fait beaucoup de progrès grâce à Tenzin, quand bien même je ne possède pas la même affinité que vous. Il tient un dojo, sur l’un des Hauts plateaux. Je ne sais pas si tu te rends compte de ce qui t’attend, mais te former à utiliser ton pouvoir te permettra de devenir un shinobi très efficace. »
D’un côté, Yanosa était plutôt satisfait et fier de lui en songeant à ses hypothèses de départ, qui s’étaient vérifiées sans l’ombre d’un doute, mais de l’autre, il aurait voulu se donner des claques pour ne pas s’être fait confiance. Si il avait écouté son instinct, il aurait pu établir directement qu’Hayao était un assimilateur Fuuton, et si cette situation ne prêtait pas à conséquences, il n’en serait pas de même en plein combat, où les certitudes permettaient de rester en vie. Mais l’Oterashi n’eut pas le loisir de s’appesantir sur sa culpabilité, car déjà son interlocuteur reprenait. Et ses propos furent à la fois si énigmatiques et si forts de sens qu’il ne put s’en détacher pour penser à autre chose. Lui qui avait semblé de prime abord particulièrement réservé et renfermé, Hayao s’ouvrait à présent à demi-mots sur ses fameuses casseroles, qui semblaient assez traumatisantes pour, en quelque sorte, tétaniser sa vie et son évolution, ce qui pouvait aussi expliquer son manque de maîtrise de son pouvoir.
« Tu en as bavé alors, si je comprends bien.. ? On est nombreux dans ce cas, si ça peut te rassurer. Tout le monde ou presque a ses démons enfouis quelque part. Ça peut te paraître un peu compliqué, mais il ne faut pas laisser le passé te ronger de l’intérieur, et pour ça, rien ne vaut mieux que l’acceptation. S’énoncer à soi-même ce qui nous est arrivé et comment c’est arrivé, c’est le pas le plus important pour pouvoir recommencer à avancer. Il y a de l’attrait dans la solitude, je suis on ne peut plus d’accord… mais au-delà de l’amitié et des relations humaines, côtoyer les autres… c’est ce qui te permettra de devenir plus fort.
On ne sait jamais si ce qu’on imagine est pertinent ou non avant d’avoir confronté ses idées au monde et aux gens qui le peuplent. Et ici, nous sommes dans une institution militaire avant tout… Ne laisse pas des images te dicter ce qu’il t’est possible de faire ou non. »
Ce discours, il le servait volontiers à quiconque semblait ne pas être en phase avec son passé. Il ne faisait, en définitive, que retracer la voie qu’il avait lui-même emprunté pour se sortir de ses marasmes successifs, dont le dernier, ce coma de plus d’un an et demi. Sa méthode était la sienne, et pouvait ne pas être efficace pour tous les esprits, mais si elle pouvait aider Hayao, alors tant mieux.
« Mon objectif dans la vie ? Vaste question Hayao… Pour être honnête, je suis de ceux qui aiment se battre. J’aime tellement ça en fait que ma principale ambition, au-delà de mes obligations éthiques et pragmatiques envers Iwa, est de mettre au point l’art martial parfait, en me confrontant à tous les arts et toutes les disciplines de combat du monde… La violence… est mon élément. Elle est inévitable, inéluctable, et c’est par elle que je veux vivre avant tout. »