J’pensais bien avoir tout vécu, mais là…

- « PUTAIN SHUUHEI, TU FOUS QUOI ?! »

Et vas-y que j’tournicote sur la pointe de mon pied droit comme une ballerine.

Comme si j’savais. Comme si j’pouvais vraiment répondre. Parce que putain, pour un mec de mon genre, de mon calibre, ça fout la honte et pas que. Depuis que j’avais quitté le fameux débat, mon corps bougeait sans que je puisse le contrôler. Tu parles d’une poisse ! J’avais heureusement évité le pire au niveau de l’assemblée puisque j’avais été l’un des premiers à me tirer de là rapidement. Au pas de course d’ailleurs. Et sans que je ne puisse comprendre pourquoi, mon corps me porta jusqu’à la raffinerie alors qu’à l’origine, je comptais partir voir l’une de mes nombreuses amantes.

Pour tirer ma crampe, on s’entend. Avec toute cette pression dû aux élections, il fallait bien.

- « T’ES RIDICULE MEC, ARRÊTE ! »

Et vas-y que j’te fais un twerk.

Autour de moi ? Que des Metaru. Et quelques shinobis de passage qui devaient certainement être des clients. Ces derniers étaient stupéfaits de me voir bouger dans tous les sens comme un pauvre fou, un zouave même ! Les autres Metaru quant à eux se bidonnaient avec bon cœur ! C’était bien la première fois que je faisais le zigoto comme ça. Non pas que j’étais super sérieux de nature, mais voilà quoi… J’avais jamais été aussi relâché. Aussi libéré ! Sauf que mon visage montrait autre chose. Ma gueule était froissée par une certaine frustration. Ce qui se passait était loin d’être marrant pour moi.

C’en était même inquiétant.

Et vas-y que j’te fous des dabs, au calme.

Paniqué ? Oui et non. Oui, parce que c’était pas normal. Que mon corps bouge comme ça, c’était clairement pas normal ! Non parce que justement, je réfléchissais un peu au bordel qui m’arrivait pendant que j’enchainais les dabs comme un djeun. Normal. Qu’est-ce qui donc pouvait expliquer cette embrouille affreuse ? Aucune idée. J’avais pas fait grand-chose ces derniers temps à part des allers et retours à l’assemblée pour participer aux différentes réunions… Attends… Réunions hein… ? Mes pensées virèrent aussitôt vers les soupçons de trucages qui nous avaient alertés dernièrement…

Je fronçai aussitôt les sourcils…

- « SHUU- »

- « VOS GUEULES !!! VOUS VOYEZ PAS QUE JE FAIS PAS EXPRÈS ?! CHOPEZ-MOI !!! ARRÊTEZ-MOI BORDEL !!! »

De quoi refroidir l’assistance. Parce qu’un Shuuhei qui gueule. C’est pas normal. Et tout l’monde pouvait en témoigner. D’ailleurs, je n’avais pas hurlé parce que j’étais en panique totale -même s’il y avait de quoi-, mais bien parce que personne ne m’aurait vraiment écouté. J’étais sûr que beaucoup aurait vu ces gestes cons comme une délivrance pour moi puisque je n’avais pas accepté de postuler en tant que candidat au poste de Raikage. Partant de ce sens, c’était tout à fait logique ; et en observant les tronches stupéfaites que j’avais plus ou moins occasionnées en poussant une gueulante…

Je m’en félicitais !

Quelqu’un viendrait très certainement m’immobiliser après ça.

Et vas-y que j’te sors un Juju on da beat.

Ouais… Faudrait vraiment qu’on me sorte de ce merdier…

Même Daisuke n’avait pas réussi à m’arrêter…

Du moonwalk et voilà que j’avais évité son plaquage digne d’un rugbyman.

Et m’revoilà qui dansait sans savoir comment m’arrêter. J’pouvais clairement pas faire ridicule. Pour moi. Pour la famille. Mais était-ce là le plus important sur le coup ? Non. De plus, quelques-uns des miens m’avaient bien compris. Réduire tous les Metaru à un ramassis d’imbéciles serait quand même « gros ». Il y a avait encore de l’incompréhension dans l’air, mais il n’en demeurait pas moins qu’une bonne partie des gens présents avaient capté que ce n’était pas « normal ». Les suspicions portées sur l’alcool, la drogue ou tout autre excitant ne valaient plus rien. Plus personne ne se marrait d’ailleurs. C’était déjà une bonne chose. Je pouvais peut-être placer quelques mots pour voir…

- « Je le répète, mais ces mouvements ne sont pas de mon fait ! Comment voulez-vous que je vous parle aussi sérieusement en dansant ?! »

Logobi quand tu nous tiens…

La plupart des Metaru savaient clairement que je n’aimais pas danser. C’était ce fait qui me rendait d’autant plus bizarre à leurs yeux. Yeux qui s’ouvraient petit à petit sur la réalité de la situation d’ailleurs. Il fallait bien qu’elle évolue à un moment donné. J’eus un regard pour mon petit frère. Lui avait vite capté l’affaire et heureusement. Il en allait de même pour mes parents et pour les doyens du clan. Seuls les plus jeunes et les bras forts du clan avaient encore du mal mais… « Comment est-ce que vous expliquez que Daisuke essaye de m’arrêter sinon ?! Lui a compris que la situation n’était pas normale ! » Bien entendu, je ne gueulais plus, mais ma voix portait assez loin.

Ils pouvaient tous m’entendre !

- « Il n’y a aucune raison valable pour qu’un METARU DIGNE DE CE NOM se tourne en ridicule comme ça, surtout en cette période ! Réveillez-vous ! Un potentiel candidat au poste de Raikage ne s’abaisserait jamais à de tels enfantillages ! Croyez-moi, je ne vous ai jamais menti jusqu’à présent et il n’y a aucune raison que je le fasse ! Et si même si vous ne me croyez pas, faites au moins en sorte de m’arrêter pour l’honneur de notre clan ! BOUGEZ-VOUS ! »

Et maintenant du slow…

En venant de mentionner l’honneur des Metaru et l’importance que j’avais pour la famille, j’venais d’bousculer tous les membres du clan présents pour ne pas dire que je les avais piqués au vif. Certains affichaient des mines colériques, d’autres avaient des gueules maintenant décidées. Ils étaient enfin déterminés à m’arrêter. Et puis, si même un jonin aussi connu que Daisuke mettait la main à la pâte, c’est qu’il y avait effectivement anguille sous roche : « KAHEI ! JE COMPTE SUR TOI POUR COORDONNER TOUS VOS MOUVEMENTS ! » Nul besoin d’en dire plus. Le petit avait maintenant la pression, mais il était assez intelligent pour déployer une formation assez efficace de Metaru autour de moi et Daisuke.

Quant à ce dernier :

- « Je suis désolé de te filer le sale boulot mon pote, mais si celui qui me manipule décide de me faire combattre, t’es le seul ninja sur place à pouvoir me tuer ! Et si ça dégénère vraiment, n’hésite pas une seule seconde ! La protection des miens et du village avant tout ! »

Tecktonik oblige.

Même si je gueulais à tous les Metaru qu’ils pouvaient me tuer, personne n’aurait la force ni le cran de pouvoir le faire. Il n’y avait qu’à voir l’expression de certains après ma phrase pour le comprendre. Ma mère avait même les larmes aux yeux. Difficile de voir une telle scène. Et pourtant, mon clan avant tout. Kumo avant tout. Si je devenais une menace, m’arrêter ne suffirait pas. Daisuke allait devoir s’employer avec la ferme intention de me crever comme un chien. C’était le pire scénario envisageable, mais j’étais déjà résolu à clamser si jamais le type qui me manipulait dans l’ombre décidait de me faire exécuter des techniques. Et Dieu seul sait que ma maitrise du Kinton était démentielle et monstrueuse…

Spoiler:

Spoiler:

Je devais être poisseux… Ou quelque chose comme ça.

De la danse, je passais au combat comme si de rien était. Si ce n’était pas l’œuvre d’une tierce personne, je ne pouvais pas comprendre. Un tel changement n’était rien d’autre que la réaction au plan que nous avions tous fignolés. Ce n’était pas possible autrement. Quelqu’un devait être dans les parages entrain de mater et se bidonner comme un bossu. Cette personne ou cette chose devait être sacrément puissante sinon. Maitriser un Jonin de mon calibre comme ça, fallait le faire. A moins que ce ne soit l’un de nos pairs ? La perspective n’était pas improbable, mais je ne pouvais pas aller bien loin dans mes réflexions. Il y avait un peu plus urgent à faire actuellement.

- « Putain, fais gaffe à ta main droite ! […] Prochain jet de lames à ta gauche ! […] Ne te laisse pas acculer par là ! Y'a un mur derrière toi ! »

Je m’époumonais presque en multipliant les indications pour Daisuke, mais combien temps allions nous tenir ainsi ? Mes réserves de chakra s’épuiseraient à un moment donné et la fatigue allait certainement gagner mon corps. Lorsque je n’aurai plus de forces, qu’est-ce qui allait se passer ? Serait-ce au tour de Daisuke d’être pris au piège ? Ou même pire ! Kahei ? Je ne voulais même pas y penser ! Du coup, il fallait y mettre un terme avant que je ne finisse complètement vidé de toute énergie ou avant qu’un drame ne se produise. Daisuke réussissait à dévier ou à éviter mes lames, mais qui sait ce qui se passerait ensuite ?! Doutes et remords m’accablèrent. Mais la donne changea d’un coup.

Des metaru avaient eu le réflexe de sauter et de se tenir sur les rebords des murs qui nous entouraient, avant de constater la scène et de jouer de leur partition. Leurs différentes armes venaient intercepter les miennes qui visaient Daisuke, ce qui laissait maintenant champ libre à ce dernier : « Utilise ton mokuton pour m’immobiliser définitivement ! N’hésite pas une seconde ! » Maintenant acculé et incapable de pouvoir l’atteindre du fait que les membres de ma famille s’occupaient de neutraliser mes attaques, j’avais espoir que mon vieil ami puisse trouver une solution définitive à nos problèmes. J’étais après tout coincé dans un coin de « notre arène » et je ne pouvais plus le viser correctement…

Il n’y avait pas meilleure occasion que celle-ci.

Spoiler:

Spoiler:

- « J’te le fais pas dire mon pote ! T’assures ! »

J’étais enfin immobilisé ! Enfin ! J’avais l’impression que ce cauchemar éveillé avait duré toute une vie. A me trémousser comme la dernière des catins et à foutre la honte à tous les membres de mon clan. Ceux qui avaient d’ailleurs aidé Daisuke à contenir mes attaques soufflèrent un bon coup. Tous s’étaient rendu compte de la gravité de la situation. Pour autant, l’heure n’était pas du tout au repos. Si j’avais été manipulé comme un vulgaire pantin, c’est qu’il y avait bien quelqu’un qui tirait les ficelles quelque part. Tout près. Et c’était ça qui était le plus chelou dans toute l’histoire. Mais bien avant d’y penser, il se passa quelque chose. Mon corps raidi fut comme allégé. Et j’eus tout d’un coup l’impression que j’avais retrouvé toutes mes sensations. Pour en avoir le cœur net, je me mis à bouger mes doigts, puis mes orteils. Je pus également secouer ma tête dans tous les sens et j’eus la preuve que c’était bon !

- « Je suis libéré mec ! Libéré ! Je peux bouger par moi-même ! »

Les Metaru rappliquèrent vite fait dans l’espace qu’ils avaient eu même confiné. Tous avaient une gueule pas du tout rassurés, un peu comme s’ils ne me croyaient pas du tout. J’avais si peu de crédibilité ? On aurait pas dit l’homme fort des Metaru là. Si la situation n’avait pas été grave, j’aurai sans doute pleurniché comme un gamin pour la forme, mais il n’y avait pas lieu de jouer au con, ce pourquoi je répétais que je pouvais bouger de moi-même dorénavant. L’un des Metaru m’ordonna d’exécuter un geste de la tête que je fis. Un autre s’amusa à faire de même. Jusqu’à ce que tous y passèrent avant que je n’arbore une tronche de constipé pour leur faire comprendre qu’on avait pas le temps de jouer. Les gars firent alors disparaitre les murs autour de nous avant que je ne tourne la tête et que je ne constate que plusieurs personnes se trouvaient encore dans les parages pour ne pas dire tout le monde en fait…

- « Hein… ? Mais où est Kahei… ? »

Que murmurais-je aussitôt. Et d’un coup, mon cœur ne fit qu’un bond ! J’eus comme une intuition, un mauvais pressentiment, tant j’étais lié au gamin. Mon sang se glaça et mes poils se hérissèrent. J’ai même failli me débattre pour sortir de ces lianes, mais un geste brusque pourrait certainement faire penser aux gens que j’étais encore sous le contrôle d’une tierce personne : « Daisuke ! Libère-moi et va chercher Kahei ! Je te rejoins sous peu ! Si celui qui contrôlait mon corps a arrêté, c’est qu’il y a une couille quelque part ! » J’avais essayé de garder mon calme mais l’inquiétude se lisait sur mon visage et ma voix enrouée finissait de faire comprendre que je flippais pour mon jeune frère. Devant mon appel à l’aide à mon pote, des Metaru n’attendirent pas pour se déployer un peu partout dans la raffinerie, ayant compris qu’ils se tramaient quelque chose. En attendant d’entrer en action, je voulais être libéré par ces lianes.

J’allais par la suite sécuriser les environs puis participer aux recherches.

Ces élections prenaient une tournure vraiment inquiétante…

Entre ça et les soupçons de triche…

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Le débrief ? Je l’avais carrément oublié. J’avais juste gueulé à Koga, l’un de membres de notre clan à prendre le relais ici, avant de suivre Daisuke au pas de course. Deux autres Metaru me suivirent pour plus de précautions. En chemin, ils me questionnèrent bien évidemment sur ma mobilité, mais je les rassurai vite fait que j’étais bel et bien maitre de mon corps avant que nous ne continuâmes de courir comme des dératés derrière Daisuke qui avait déjà disparu de notre champ de vision. Rapide le bougre ! N’eut été la détonation d’ailleurs, nous aurions surement pris un chemin autre que le sien, à coup sûr. Mais malheureusement, même avec cet indice de l’emplacement de deux ninjas, nous arrivâmes trop tard. Nous eûmes à peine le temps de voir une silhouette disparaitre dans la terre que la vision qui suivit fut horrifique. Surtout pour moi ! Kahei venait comme par magie de perdre sa main. Kahei…

- « KAAAHHHHHEEEEEEEEEIIIIIIIIIIIIIIII ! »

Dans mon esprit, tout était occulté. Sous mes yeux, il n’y avait plus que lui. De ce fait, je me ruai vers mon petit frère avant de le prendre dans mes bras sans même me rendre compte que je l’avais arraché de ceux de mon ami Daisuke. Sans que je puisse me contrôler, des larmes se mirent à couler alors que je secouai le corps du jeune homme qui finit par s’évanouir. Le choc et la douleur eurent raison de lui. Chunin ou pas, Kahei restait un adolescent. Je me mis alors à hurler comme un dément. Ma voix criarde dut s’entendre un peu partout. Rage, tristesse, impuissance. L’amalgame des sentiments qui me taraudaient me firent criser au point que j’approchai à grands pas de la folie et de la démence. Quelqu’un avait touché mon frère. Quelqu’un avait osé s’en prendre à lui ! Impardonnable ! Les nerfs qui parcoururent mon visage d’un seul coup et mes yeux vitreux me rendirent particulièrement méconnaissable…

Un monstre.

J’étais en l’espace d’un instant devenu un monstre !

- « QU’EST-CE QUE VOUS ATTENDEZ ?! APPELEZ UN MÉDECIN ! VITE ! »

J’avais hurlé à l’endroit des Metaru qui hésitèrent à me laisser seul avec le gamin. Mais un coup d’œil furtif vers Daisuke les assénera et ils se hâtèrent d’exécuter mon ordre.

Ces élections n’avaient plus d’importance pour moi. Pour nous. Pour les Metaru.

Tout ce qui m’importait, c’était la santé de mon cadet.

Sauf que j’étais impuissant. Et c’était cette impuissance là-même qui me faisait hurler et chialer tout en le serrant contre moi.