Quelque-part dans Jôheki no Kuni…

« J-jamais je ne… publierai ça ! »

A bout de souffle, Ohana, la responsable du Kunaï Emoussé, tentait tant bien que mal d’être persuasive. Et il était presque étonnant qu’elle ait tant résisté à la torture dont elle avait été la cible depuis plus d’une heure. Sa souffrance était atroce, surtout pour une femme qui était connue pour ne pas être une kunoïchi, dans un monde régi par ces derniers.

Elle ne se souvenait même plus de quand tout ceci avait commencé. Elle savait juste qu’elle avait reçu un coup derrière la tête, et qu’on l’avait ensuite ramené chez elle, pour la torturer et ce pour deux raisons. La première, savoir si son journal serait prêt à publier un message venant de ses ravisseurs et le seconde, un livre dont elle n’avait commencé à s’intéresser que très récemment…

« Tu continues de te payer notre tronche ? »

Raonaka Ao asséna sans hésiter un brutal coup de poing à la femme déjà au sol, qui ne put encore une fois pas se protéger. Malgré le peu de temps depuis lequel il avait reçu ce bras de marionnette conçu par Kâtenshêdo, il avait presque déjà retrouvé l’entièreté de sa force brute.

« Arrête, Ao ! Tu vois bien qu’elle n’acceptera pas, quoiqu’on lui fasse. »

Assise sur le côté, Kâtenshêdo regardait la responsable du journal sans aucune forme de pitié. Au contraire, elle admirait sa force de conviction.

« C’est une femme forte.
─ C’est vrai. »

Allongée, les poignets et les chevilles ensanglantées, Ohana tentait tant bien que mal de relever la tête pour voir ses ravisseurs. Mais il y en avait un qu’elle connaissait que trop bien, tout comme le reste du Grand Continent et de ses Archipels : l’Homme au Chapeau.

Ce dernier marcha lentement jusqu’à elle puis s’agenouilla pour presque lui faire face. Lui devant s’abaisser, elle gisant au sol.

« J’admire ta bravoure. Je trouverai un autre moyen de diffuser mon message au monde. Mais avant que nous nous quittions, je te pose une dernière fois la question… »

Le vieil homme posa doucement sa main sur les cheveux de la jeune femme, sur lesquels transpiraient encore quelques gouttes de sang. Sa délicatesse sur ce moment critique relevait presque de l’effroyable, tandis que la journaliste souffrait tant.

« … que sais-tu de la Prophétie des Trois Amis ? »

Ohana cracha du sang en voulant répondre. Elle reprit son souffle, qui restait néanmoins toujours difficile et douloureux. Son regard tentait tant bien que mal de supporter la vue du criminel le plus craint de l’Histoire des Shinobis.

« Je v-vous l’ai… déjà d-dit ! Ce n’est… qu’un mythe… étud-dié un t-temps par l’Académie… Et si c’est un l-livre qui a effec-ctivement déjà… existé, alors il s-se trouve… »

L’Homme au Chapeau soupira. Il connaissait déjà la réponse.

« … à la Grande Bibliothèque de Kumo. »

Le vieil homme posa les mains sur ses genoux, puis il se releva. Alors qu’il tournait le dos à la jeune femme torturée, cette dernière ne put se résoudre à le laisser partir ainsi. Elle hurla de toutes les forces qui lui restait.

« Les shinobis ne vous laisseront pas faire ! »

L’Homme au Chapeau s’arrêta. Sans se retourner et sans que son ton neutre ne change, il repensa à tout ce qu’il avait traversé.

« Les shinobis ? Il n’y a personne qui les connaît mieux que moi. Je connais leurs forces et aussi leurs faiblesses. Je leur ai laissé le temps de changer. J’ai été clément. Mais maintenant que je touche au but… »

Il avait même tenté d'en recruter certains, comme cette femme qui maîtrisait la limaille de fer...
Il regarda ses deux Lieutenants. Eux comprenaient. Et bientôt, tous le feraient aussi. Trop de temps avait été laissé pour que rien n’ait changé.

« … je ne le serai plus ! »

Le vieil homme retira alors son chapeau, qu’il plaqua contre sa poitrine. Puis, suivi de près de ses deux compagnons, il ne laissa comme adieu qu’un simple et terrible mot à la jeune femme, responsable du Kunaï Emoussé, Ohana…

« Tue. »

Et tandis que l’Homme au Chapeau et ses deux Lieutenants s’en allaient, une voix étrangère et totalement singulière brisa le silence à peine installé. Plus que métallique, on aurait dit que cette voix n’était… pas humaine.

« ORDRE RECU. ANALYSE… CIBLE : VERROUILLEE. »

Au fond de la pièce, dans l’obscurité accentuée par sa fatigue et sa douleur, Ohana put apercevoir une lumière rouge apparaître. Et la même voix inhumaine s’empara de son ouïe une ultime fois.

« EXECUTION. »