Le corps nécessitait sans cesse un entretien si l’on désirait améliorer sa forme et ses capacités personnelles. De laisser périmer ses habiletés martiales était beaucoup plus facile que de perdre ses facultés mentales et c’est pour quoi un guerrier digne de ce nom se devait de dédier le plus de temps possible à aiguiser son esprit et à aguerrir ses formes de combats. Être caché du monde n’empêcherait donc pas le déserteur du Teikoku, ancien Lieutenant de la coloniale, de pratiquer son entraînement matinal régulier, comme il en avait l’habitude depuis qu’il avait développé ses premiers muscles adolescents il y a des lustres.

Mais contrairement a ce qu’il avait toujours eu l’habitude de faire, il ne pouvait raisonnablement pas se contenter de s’entraîner à proximité de sa cachette, bien sûr que non. Les traqueurs de l’Empire, bien que grandement distancés grâce aux manœuvres extraordinaires de l’officière de Seichi, n’hésiterait pas à se lancer sur la moindre piste pour envoyer l’ancien officier dans les geôles d’Urahi. Et donc, chaque jour, Minoru courait une heure dans une direction différente, cherchant un terrain propice et discret ou développer ses arts ninjas à un niveau supérieur. Il était encore beaucoup trop faible pour faire face aux mastodontes impériaux.

Il finit par arriver devant un petit terrain spécialement aménagé pour son objectif, en amont d’un petit village campagnard de la région. A quelques centaines de mètres, il pouvait voir les fermiers, déjà durs au travail, s’occupant de leurs champs de légumes insolites et d’étranges féculents. Les éleveurs, eux, manœuvraient leurs bêtes avec assurances, de grandioses chevaux. L’Hokazuka prit un moment pour apprécier le paysage et l’air frais matinal avant de se lancer dans un fulgurant entraînement, déchaînant ses muscles et faisant pleuvoir ses coups dans l’air, s’imaginant assurément que, devant lui, les ombres de son passé l’attaquaient.

Après une heure, quand la dixième heure de la matinée s’approchait, il sentit une présence s’approché, appartenant à un individu, sûrement un local, qui ne devait pas bien s’inquiéter que quiconque lui cause problème en ces lieux, avec raison. Après tout, la savane du sud Amejin était assez sécuritaire quand on restait cloîtrer dans les espaces civilisés et le terrain ne faisait pas exception a la règle. Mais pour le dresseur, se faire repérer par des individus non désirables était hautement problématique, alors il bondit et sa cacha dans la brousse environnante, attendant de voir la personne qui venait d’arriver à l’espace d’entraînement.

Rapidement, Minoru se rendit compte que l’individu s’entraînant ici était un Nara, un des légendaire clans qui avaient migré de Hi à Kumo. Il en avait entendu parler durant son entraînement pour devenir soldat, il y a de cela une année, sachant que leurs capacités de maîtrise des ombres et de contrôle du corps de leurs adversaire a l’aide de ces dernières était terrifiante à combattre. Mais le ninja devant lui ne portait ni bandeau, ni uniforme Kumojin ou Hijin, alors l’Hokazuka assuma qu’il n’était pas un danger et qu’il ne le connaissait pas. Tsuki étant resté dans sa demeure, il pourrait se faire passer pour un simple homme musclé étant venu s’entraîner… Et peut-être aurait-il l’occasion de tester ses capacités sur un Nara?

Il sortit des broussailles, discrètement, et s’approcha ensuite du terrain, comme s’il venait d’arriver.

« Bon matin! Je me cherche un partenaire d’entraînement, que diriez-vous de m’accorder le plaisir d’échanger quelques coups? »

L’adolescent auquel Minoru faisait face semblait avoir un contrôle de ses émotions assez particulier, puisqu’il ne sembla pas montrer de grandes réactions face a l’arrivé de l’Hokazuka ou a sa proposition d’entraînement, la ou beaucoup de gens auraient été surpris, surtout dans un village aussi reculé que celui-ci. Cela montrait qu’il était bel et bien un Shinobi, bien qu’indépendant. Bien que le dresseur était curieux de savoir ou il avait reçu son éducation pour la maîtrise de son chakra et de ses capacités, il préféra ne pas s’aventurer dans ce terrain-là, gardant un sourire stoïque.

Comme d’habitude, on demande au déserteur son identité, ce qui positionnait ce dernier dans une position très peu confortable. S’il révélait son vrai nom, il y avait des risques que le Nara le dénonce plus tard dans ses péripéties personnelles a des chasseurs de primes ou des membres du Teikoku sans même s’en rendre compte, ce que Minoru ne désirait pas du tout. Mais s’il mentait, il y avait des risques qu’un jour le maître des ombres apprenne sa vraie identité et soit fâché du mensonge lui ayant été envoyé en pleine figure ce qui était tout autant problématique. L’Hokazuka choisit donc un milieu qui lui assurerait la confiance de l’autre tout en lui communiquant discrètement qu’il ne pouvait volontairement pas lui en dire plus.

« Appelle-moi Le Dresseur. Ce sera plus sécuritaire pour toi et pour moi, dans le futur. Par-contre, si ton nom ne te met pas en danger, ça me ferait plaisir de l’entendre. »

La situation aurait certainement pu être mieux gérer, mais le dresseur était encore jeune et inexpérimenté quant au domaine de l’interaction sociale avec autrui. Tels étaient les conséquences de dédier sa vie a un entraînement physique uniquement sans jamais se soucier du potentiel qu’avaient les cordes vocales des humains.

Voyant que le Nara avait accepté son offre d’entraînement et avait commencé à s’échauffer, Minoru en fit de même, étirant ses courts membres musclés après avoir retiré les vêtements de tissus légers qui protégeaient son torse des rayons de plus en plus dangereux du soleil. Ainsi, il révéla une poitrine et des abdominaux très bien développés mais couverts de nombreuses petites cicatrices, témoins de l’Examen Impériale et des divers entraînements et missions accomplis par le déserteur a l’époque pas si lointaine ou il avait été un soldat puis un officier de l’Empire du Feu

Il enchaîne quelques coups de poings et de pieds dans le vide a une vitesse assez phénoménale pour prévenir son partenaire de faire attention a lui. Il valait mieux démontrer sa puissance au préalable dans un entraînement plutôt que de laisser l’autre subir des blessures peu amusantes pendant qu’il était encore dans une ignorance saine.

Le déserteur de l’Empire avait vécu moults combats et entraînements dans sa courte existence mais sa mémoire n’avait point trace de situations dans lesquels il avait été clairement en avantage de force. D’un seul coup d’œil sur les muscles révélés par torse nu du Nara, il pouvait voir qu’il n’avait pas vu de combats aussi meurtriers que lui, ce qui n’était pas problématique. A une époque, l’Hokazuka aurait regardé son partenaire d’entraînement avec une certaine pitié, se disant que pour devenir fort il fallait impérativement souffrir et affronter plus fort que soi, sinon on n’était qu’un faiblard sans rien dans le ventre. Il aurait aimé frapper cet ancien lui.

Celui qui se révéla s’appeler Hiro avait une langue assez fourbe pour faire sourire Minoru, l’invitant à lui octroyer les premiers coups, ne se rendant pas compte que dans un affrontement de Taijutsu, le premier a arrivé au corps à corps avait un avantage considérable. Mais soit. Après tout, le ninja indépendant avait accepté sans trop broncher que l’identité de son adversaire soit mieux cachée que révélé, alors cela ne coûterait rien que de récompenser son ouverture d’esprit face a cette situation unique.

Plantant ses orteils dans le sol, le dresseur observa. Son adversaire pouvait se saisir de lui si son ombre n’était pas adéquatement surveillé, ce qui signifierait un KO presque instantanée pour l’Hokazuka. Enfin, si son partenaire avait les moyens de le mettre au sol, bien entendu. L’endurance et les solides muscles du jeune gaillard avaient prouvé leur utilité a maintes reprises et il était convaincu qu’ici aussi, dans les plaines à l’herbe légèrement dorée, il réussirait à tirer son épingle du jeu. Ses yeux prenaient en compte le plus de détails qu’il pouvait sur Hiro, le jaugeant comme un prédateur observe une proie. La pluie coulant doucement, sans trop se presser, sur son visage et son torse cicatrisés ajoutait a la scène une ambiance assez particulière.

Puis il bondit.

Il se précipita à toute vitesse vers le Nara, ses yeux toujours fixés sur lui. Il refusait de se servir uniquement de ses muscles pour combattre. Cet entraînement lui ouvrirait l’esprit et lui permettrait de découvrir des façons de combattre sans uniquement foncer la tête première dans ses adversaires. Il rebondit vers la gauche, continua de courir, puis effectua un tour vers l’arrière avant de reprendre sa course. Bouger le plus possible l’aiderait, il l’espérait, face a un adversaire qui aimerait beaucoup le voir immobile.

Finalement, il arriva à la hauteur d’Hiro et, concentrant son chakra dans ses poings, envoya une avalanche de coup sur le manipulateur d’ombre, rapides et puissants. Après avoir infliger des dégâts, ou tout du moins une pression, considérable, il sauta, fit une pirouette vers l’arrière et pris une position défensive en atterrissant sur ses pieds, a quelques mètres du Nara.

Le regard du Nara et son comportement corporel en disait long sur sa réaction face au combat. Il ne s’était pas attendu a ce que l’Hokazuka ouvre le bal avec une vague de coups et donc, l’esquive qui offrit en retour ne fut pas au niveau de l’attaque. Il se prit l’assaut en plein sur lui et en souffrit les conséquences, ce qui sembla activer, assez rapidement, ses facultés intellectuelles pour lesquels son clan semblait réputer. Minoru le vit évaluer la situation avant qu’il ne se lance en direction du dresseur de panda, le poing devant.

Les dernières semaines, le dresseur avait tenté d’apprendre à observer et réfléchir. Certes, contre un adversaire classique, il aurait été logique de simplement foncer à son tour vers Hiro et lui asséner des coups en réponses à son petit bras. Mais il était face a un manipulateur d’ombre, qui pouvait se servir de son ombre pour l’immobiliser. Le laisser incanter des mudras avec ses bras était donc une énorme erreur. S’il devait se rapprocher de lui, ça serait quand ce dernier serait vulnérable et en désavantage. Et présentement, ces conditions étaient loin d’être rempli.

Tigre, Dragon, Serpent furent incantés a une grande vitesse, le déserteur comprenant assez rapidement qu’il n’avait pas le luxe du temps, l’ombre du membre du clan Kumojin se rapprochant rapidement en même temps que le corps de son possesseur. Mais celui ayant grandi dans la forêt d’Hayashi laissa un court décalage avant l’activation de la technique, s’assurant ainsi que quand la dalle de pierre qu’il fit apparaître du sol en sortit, le poing du Nara irait la rencontrer, interrompant ses mouvements quelques instants, juste assez pour que l’Hokazuka ait bondit sur le côté ou le bras avait été levé, les débris de terre fortifié emplissant brièvement l’air autour de ce membre et lui permettant de préparer un assaut. Dans ce cas-ci, il bondit directement sur son partenaire d’entraînement, sa paume amplifiée de chakra, et il agrippa, s’il le pouvait, le bras qui venait de frapper la dalle de pierre, immobilisant Hiro.

Et puis, le chakra vint se concentrer dans le front du dresseur, renforçant son os crânien. A une autre époque, si proche mais qui semblait si lointaine, Minoru aurait alors agi arrogamment, montrant un sourire carnassier. Plus maintenant. Il avait un respect nouveau pour ceux qui utilisaient autant leur tête que leur corps et celui devant lui, bien que manquant d’expérience, en était un excellent exemple. C’est en pensant cela qu’il fit abattre son crâne sur le côté de la tête du Nara, causant des dégâts si ce dernier n’avait pas réussi a se libérer de l’emprise de l’Hokazuka.

Comme l’Hokazuka avait assumé avant de se lancer dans l’entraînement, son adversaire n’était pas des plus expérimentés ni des plus résistants, ses jeunes muscles en témoignant. Il se doutait tout de même un peu que, dans un combat réel, le Nara aurait resté sur ses pieds plus longtemps, bien que le contexte d’un entraînement amenait de nombreux individus a se déclarer vaincu avec que l’exercice devienne trop violent, souvent inconsciemment.

« Bel entraînement. »

Il se contenta de ces deux mots avant de laisser son partenaire de combat s’exprimer. Il avait eu raison de penser qu’il était intelligent, puisque l’analyse qu’il fit de l’affrontement était assez précis et exact. Il leva un sourcil a la mention du fait qu’Hiro cherchait à devenir plus puissant avec le Taijutsu, ce qui était assez rare pour être notable, selon ses expériences, chez les Shinobis qui se spécialisaient dans le contrôle du champ de bataille. Il avait l’impression de voir un ninja qui avait eu le contraire de son parcours, commençant par savoir qui il est et possédant un intellect et le développant pour permettre à son corps de suivre la capacité de son cerveau.

« C’est brillant. C’est une grande faiblesse chez les ninjas comme toi, bien que beaucoup finissent par trouver des façons de se défendre et de contourner cela sans utiliser leur corps. Le Taijutsu t’offrira un corps qui sera plus dur à détruire pour tes adversaires et des coups qu’ils apprendront a ne pas sous-estimer, ce qui est rare face aux Nara. »

Et ensuite vint la question qui tue. Le jeune ninja indépendant mit le doigt sur le fait que Minoru n’avait pas Tsuki avec lui, sans même s’en rendre compte. Qu’était un dresseur sans animal, après tout? Surtout un qui avait des muscles saillants et qui pouvait gagner certains combats sans se servir de son ami panda? Il arriva assez facilement à la conclusion que le Dresseur était un Shinobi, ce que ce dernier n’avait jamais réellement tenté de cacher.

« Je suis un dresseur puisque c’est avec mon animal que ma réelle puissance est visible et utilisable. Mais effectivement, je suis un Shinobi, et je pense que quelqu’un avec un sens de réflexion comme le tien devrait être capable de déduire quel genre de personne je suis avec les informations que je t’ai offertes. »

Néanmoins, l’Hokazuka n’était pas satisfait. Il avait gagné un entraînement mais devant lui se trouvait un ninja, sans affiliation, aux capacités intéressantes, qui cherchait à apprendre une des arcanes shinobis que le déserteur maîtrisait le mieux. Il avait pensé longtemps a s’entourer d’individu, le destin lui aurait-il amené ce Nara devant lui pour cette raison?

« D’ailleurs, je prévois quitter Ame dans les semaines qui suivent. Je comprendrais si tu désire y rester, mais je me cherche des compagnons de voyage pour aller vers l’ouest, et cela te permettrait d’apprendre certaines de mes techniques directement de moi. Tu m’as l’air intelligent et sans affiliation, ce qui est exactement ce que je cherche pour mon voyage. Qu’en dis-tu? »

L’invitation à rejoindre l’Hokazuka fut accepté sans trop d’hésitation de la part du Nara, qui semblait avoir été assez réceptif aux compliments doucement envoyés par Minoru en sa direction. Bien entendu, ce dernier avait été tout à fait honnête dans les commentaires qu’il avait mentionnés à son nouvellement acquis compagnon, n’ayant jamais été quelqu’un qui s’abaissait à mentir a autrui pour leur faire plaisir ou les manipuler, bien qu’il avait déjà menti sur lui-même et sur d’où il venait pour protéger sa vie et celle des autres. Il ne comptait malgré tout pas cela comme un réel problème.

« Je suis content que tu acceptes. Voyager et se cacher comme seul humain, c’est pratique mais ça devient vite ennuyeux. En plus, tu sembles être capable de discuter, alors le voyage ne devrait pas être long. »

Il se gratta le torse, regardant aux alentours. La pluie avait cessé, une légère odeur de sol humide ayant envahi l’endroit par après, l’herbe bougeant doucement au rythme du vent, envoyant les gouttelettes toujours collées contre les brins comme des petits projectiles. C’était effectivement un bien sympathique lieu pour développer son corps et son esprit dans une poursuite des voies martiales.

« Hayashi sera m… notre destination. C’est de la que je viens et il y a des arcanes cachés dans les ruines et troncs centenaires qui valent la peine d’être découverte. »

Maintenant venait la question du nom. Car bien qu’il était normal et même peu problématique de ne pas connaître le nom d’un partenaire d’entraînement passager, cela devenait tout de suite vitale d’apprendre a connaître quelqu’un avec qui on allait traverser des terres profondes et dangereuses durant plusieurs jours et semaines. Minoru n’appréciait pas du tout le fait de faire durer le fragile masque identitaire qu’il s’était imposé et il choisit donc de concéder la vérité au Nara.

« Je suis Hokazuka Minoru, un déserteur du Teikoku. Je te donne rendez-vous sur ce terrain dans deux semaines, ce qui te donnera le temps de faire tes bagages et d’entreprendre le peu que tu as besoin de finir ici. »