"Dans un univers rempli de vide et d'espoir, l'Homme est sans cesse tiraillé entre la paresse et l'envie. Si l'un le tire vers l'enfer, l'autre, bien plus compliqué à atteindre, l'emmène vers son fantasme le plus grand : le bonheur."
-"Ca c'est beau ça. Ca me plaît."
Les jambes croisées sur mon lit, le regard plongé sur mon espèce de petit carnet, j'écrivais. J'écrivais de nombreuses choses qui me définissaient bien et qui devaient d'ailleurs définir la plupart des gens comme moi : la lutte entre le néant et l'action, entre ce qui me rassurait mais qui me rendait triste, et ce qui m'effrayait pour mieux me combler. La vie de ninja était un bon prétexte pour avoir une situation stable dans ce monde de fou. Il y avait évidemment de la passion et beaucoup d'habitus, mais il y avait aussi toujours cette question qui me trottait dans la tête : et s'il ne pouvait pas y avoir autre chose ?
Je fus comme toujours interrompu par mon père adoptif, de sa voix suave, grave et aimable, qui me tirait de mes pensées. Si sa voix n'avait rien de grave, ce qu'il avait à me dire l'était bien plus. Imaginez trente secondes un faux poète, allongé en caleçon sur son lit, qui se fait réveiller pour aller sauver le monde. Il y avait de quoi se poser des questions. Mais plutôt que de tomber dans cette comique situation, j'écoutai plutôt ce qu'il avait à me dire.
Contrairement à moi, Kabuto était extrêmement renseigné sur tout ce qu'il se passait sur le monde des shinobis. Je n'étais pas vraiment curieux, j'étais plus dans le moment présent. S'il y avait bien quelqu'un qui portait plutôt son attention sur le monde, qui récupérait toutes les informations qu'il pouvait et qui pensait toujours à me les faire partager afin que ça m'aide à devenir la personne que je voulais être au plus profond de moi, c'était bien lui.
Ainsi, il m'expliquait de nombreuses choses. Tout ce qu'il y avait à savoir sur la coalition, sur les faits présents, sur l'Homme au Chapeau. Il me rappelait les différents liens qu'il y avait avec le passé, en insistant sur les impacts que pourrait avoir le présent sur le futur. Et pour finaliser toutes ces explications, parce que je sentais bien que ce n'était pas qu'une simple discussion, il termina par la phrase suivante.
-"Et pour ce qui est du présent, sache qu'on t'a recommandé pour une mission de la plus haute importance."
-"Hein ?"
Pourquoi moi ? J'avais récemment rejoint le Teikoku, je ne demandais rien à personne, j'avais même précisé à Rie que j'étais prêt à suivre les ordres qu'on me donnait sans poser de questions, sans n'avoir aucune information.
En réalité, il y avait bien des ficelles derrière cette scène de théâtre dans laquelle je n'étais pas vraiment l'acteur principal. Un des lieutenants de l'Empire, Shinrin Shinpachi que je connaissais tout juste de nom, avait trouvé la cible parfaite pour son plan. Tester la loyauté d'un ancien Jônin de Kumo, ancien héro du village caché, en l'amenant à l'abattoir. Influencé par Hanae et par toutes les informations qu'il avait pu récupérer sur moi, il semblait m'avoir à l'oeil.
Mais évidemment, je n'étais pas au courant de tout ça, et la seule chose que je savais, c'était que mon père adoptif me tendait d'une main l'avis de mission. Comme si j'étais l'élu, comme si j'étais la personne la plus apte à m'y rendre. Le Teikoku n'avait-il vraiment personne d'autre pour m'y rendre ? Il fallait me faire à l'idée : je devais être plus important pour l'Empire que ce que je pouvais m'imaginer.
Je récupérai l'espèce d'enveloppe scellée par les hautes autorités elles-mêmes, et l'ouvrai sur mon lit de ma délicatesse habituelle : c'est à dire en déchirant ce qui cachait le message. Mes yeux glissaient sur le papier, et je réalisai que lorsqu'on apprenait des faits historiques importants au travers d'un ordre de mission, cela signifiait qu'on manquait un peu d'ouverture d'esprit vis à vis du monde qui nous entourait.
Je pris ainsi toutes les informations que comportaient le papier, et tâchai de les retenir le plus possible. Je devrais oublier mon innocence, celle qui avait failli coûter un bras à Chiaki à l'époque et ma propre vie dans la mission avec Hanae, et je devais retrouver les mêmes réflexions que j'avais eu dans cette même mission. Essayer de tout comprendre, de tout anticiper. Me préparer à faire les bons choix, même dans les situations les plus horribles.
Mais une chose était sûre : j'étais un homme de parole, et si j'appartenais au Teikoku maintenant, je rendrais honneur à l'Empire comme si j'en étais un représentant.
Le Jour J, je pris toutes les affaires les plus essentielles, et surtout un sac à dos dans lequel figurait toutes mes provisions pour les jours à venir. Je n'étais sûrement jamais assez préparé psychologiquement, mais je me rendais à la première étape : celle dans laquelle Byakuren Yume, Kaguya Shitekka ainsi que Hyûga Tsuyoshi devions nous réunir afin de partir ensemble vers le pays oublié.
J'arrivais bien plus tôt que prévu, encore seul, au point de rendez-vous. Il fallait dire que j'étais bien trop en avance par rapport au moment du rendez-vous. Maudite anxiété.
Le vacarme de la pluie comblait le silence du bureau du Mizukage. Entre deux éclairs, l'enfant de Saroruncasi écoutait attentivement les consignes qui lui étaient confiées. À aucun moment le balafré ne s'imaginait réitérer une telle expédition dangereuse. L'expérience traumatisante de la première lui avait amplement suffi. D'autant que le souvenir de sa rencontre avec la Sorcière blanche était encore vif. Pourtant, au nom de la toute jeune Coalition, Kaguya Shitekka ainsi que trois autres ninjas furent mandatés pour explorer à nouveau le macabre Pays Oublié.
Le mot d'ordre était clair : discipline et discrétion. De par sa récente excursion, le Gardien de Saroruncasi constituait un élément de choix pour participer à pareille mission. Mais il était également un élément important qui motiva sa présence : le secret des Kaguya. Le bosquet osseux qui avait pris racine à la frontière entre la Forêt des Condamnés et le tunnel reliant les deux îles de Wasure continuait de hanter l'esprit de Shitekka. Il était bien trop conscient des implications que renfermait un tel paysage. Impossible pour la Brume de laisser à la Coalition pareille découverte sans qu'un représentant de Kiri ne soit là. L'honneur du village était en jeu, tout comme celui de son propre clan.
Sur le bateau le conduisant au point de rendez-vous des envoyés de l'alliance ninja, Shitekka ne cessa de douter de lui-même. Une poignée de semaines le séparait à présent de sa rencontre avec la Shiro Majō : se sentait-il prêt à retourner sur les traces de sa nemesis ? Il le fallait. Les kamuys guidaient ses pas, et la volonté du Kotan-kor-kamuy l'aiderait dans sa mission. Cette pensée constituait là son unique réconfort. Son oeillade mordorée contempla une ultime fois le rivage de Mizu, avant qu'il ne disparaisse sous un voile d'opale.
* * *
Le roulis des vagues brisées sous la coque du navire berçait l'aborigène. Le Chūnin prit une grande inspiration avant de se préparer à rejoindre le reste de l'équipe en charge de la recherche d'un miroir. Un espoir pour les grandes nations ninja dans la lutte contre le fléau qu'est l'Homme au Chapeau.
Shitekka noua fermement son bandana, décoré de motifs géométriques typiques de son peuple. Alors que ses boucles d'oreille en os oscillaient sous la brise maritime, il ajusta son bandeau frontal de Kirijin, attaché pour l'occasion au niveau de la taille. Avec son kaparamip foncé, plus discret que son habituel habit bariolé, Shitekka représentait fièrement son île. Si le balafré voyageait pour servir les intérêts de la Brume, il restait avant tout un enfant de Saroruncasi, l'île de la Grue.
Bientôt, l'embarcation approcha d'un port du pays du Feu; on distinguait au loin de multiples bateaux, arborant les différents emblèmes de chaque nation. Toute une foule issue des quatre coins du Yuukan se mettait en branle-bas de combat pour parachever les derniers préparatifs de cette excursion sur l'île autrefois saccagée par l'Homme au Chapeau.
Le Kaguya de sang-mêlé débarqua sur la terre ferme muni de son paquetage, et aidé d'un inau - bâton rituel urumi - taillé dans un de ses os. Faute de bois à proximité, Shitekka s'était dépêché de faire usage de son Shikotsumyaku pour s'attirer les faveurs des esprits par l'intermédiaire de ce talisman. Il gagna ainsi un nouvel embarcadère, lieu de rassemblement des quatre shinobis convoqués pour cette mission. Son regard de rapace balaya l'endroit : quelques marins allaient et venaient sur un navire. Sans doute celui les conduisant sur Wasure. Au bout du quai, il y distingua une silhouette se démarquant des autres. Le Chūnin de Kiri s'en approcha et fit connaissance du premier ninja dépêché sur les lieux.
« Je suis Shitekka. Je représenterai Kiri pour cette mission. »
Après avoir trahi ses consonances exotiques au travers d'un accent urumi que peu de Yuukanjins reconnaissaient, il jugea bon de conclure son intervention d'un maigre hochement de tête. Le Kaguya n'avait rien de sympathie au prime abord. Et pour cause : préoccupé par l'importance de cette mission et les réminiscences de la Forêt des condamnés qui hantait son esprit, Shitekka apparaissait peu enclin à faire connaissance avec autrui.
La voix de la doyenne avait transpercé les murs, montant dans de drôles d'aigus. Son visage était crispé et donnait à sa vieillesse un côté horrifique ; de noble gouvernante ordonnée, elle s'était transformée en sorcière habitée par la colère. Sa peur était justifiée, mais n'empêchait pas tes paumes de terminer leur travail. Une ultime toge de laine s'était déposée sur tes épaules, recouvrant jusque ton visage d'une épaisse capuche ornée de fourrure.
- Appelez les gardes, la milice Seigneuriale !!
Elle paniquait, appelait à une aide impossible. Son désespoir avait rendu la maison muette ; pas une seule ombre ne bougeait, une paralysie ambiante avait dévoré chacun des servants et miliciens autour. Bien sur ; tu étais encore gardée comme une poupée de porcelaine, mais l'autorité avait changé. Tes parents n'avaient plus leur influence d'antan, ton statut déchu t'avais rendue autonome en bien des points.
Le masque d'ébène recouvre ton visage ; actant de ta décision sans même que les mots l'avouent. Cela arrache à la doyenne une réaction spontanée, elle t'agrippe dans ses bras encore forts malgré son âge prononcé ;
- Avez-vous oublié dans quel état vous en êtes revenue ?! Cet endroit vous tuera ! Vous ne pouvez pas...
Ta main vient recouvrir avec douceur la tienne ; stoppant net les dires de la gouvernante. Elle n'était pas habituée à ce genre de comportement témoins d'affection. Tes émotions ne s'exprimaient jamais, parce qu'on t'avais élevée ainsi. Mais pour la première fois ; tu aimais à rendre ce qu'on t'avais toujours donné. De l'amour, du respect, de la tendresse.
- Je dois y aller, et vous savez pourquoi.
Si elle avait pu éclater en sanglot, la vieille dame l'aurait probablement fait, mais sa dignité restreint sa peine en de simples yeux humides. Cette missive née de la Coalition portait ton nom ; parce que tu en étais l'épicentre. Les enjeux étaient mondiaux et avaient même créé une unification du Yuukan tout entier afin de combattre ce que personne n'avait jamais osé combattre ; L'omniscience de l'homme au Chapeau ; la course après son ombre. Quand les autres cherchaient à capturer son signe chakratique.. Toi, tu cherchais à comprendre ce qu'il s'était réellement passé un an auparavant. Tu voulais voir... ce que lui avait vu, voyait.. pour peut-être déceler ce qu'il y avait à pressentir pour le futur.
Tu disparais définitivement de la pièce ; l'entrée du village n'est pas bien loin et tu y attends le deuxième membre de l'équipe assignée à cette mission. Un Hyûga dont tu ne connaissais que le nom. Il arrive presque en même temps que toi, et tu le salue en premier, étant cachée derrière un masque.
- Bonjour Tsuyoshi-san ; Je suis..
Ta voix se réduit de moitié ; tu avais toujours du mal à annoncer ton nom en public.
- Byakuren Yume...
Un raclement de gorge répare le moment présent et ravive un ton un peu plus chaud et dynamique
- J'espère que vous avez conscience de l'ampleur de cette mission..
L'autorité princière, disparue des années durant, avait refait surface sans même que tu ne comprennes pourquoi, rendant alors la situation quelque peu gênante, vu qu'il était désormais ton supérieur et non pas l'inverse.
- Je veux dire...Hum, que je... J'espère que nous ferons... du bon travail
Une gêne hybride ; entre celle d'une Princesse qui n'avait jamais eu à baisser le regard, et celle d'une nouvelle gradée qui n'avait que le ciel comme point de mire.
►►►
Votre arrivée à Hi se fait dans le silencieusement. Il y a des contrôles protocolaires que tu juges normaux vu le contexte actuel de ce pays dont tu avais beaucoup entendu parler. Il avait annexé Kumo depuis des mois mais s'en vantait comme si ce choix était salvateur. Tu ne savais pas trop quoi en penser ; les contextes des pays étaient tellement distordus, interprétés, remaniés, qu'ils perdaient en véracité et crédibilité à tes yeux. Seule la splendeur d'Urahi impressionnait tes yeux ; le pont Araho était une merveille technique et la cité, elle, transpirait le renouvellement. Rien à voir avec ce qui fut jadis Yugure, le cœur des tourments.
Le regroupement des shinobis choisi par la Coalition avait émergé parmi d'autres silhouettes. Vous vous en approchez, sollicitant leur attention en vous présentant à votre tour.
- Nous sommes la délégation envoyée par Iwa... Byakuren Yume et ..
Ton visage masqué se tourne vers Tsuyoshi, à qui le devoir incombait de se présenter de lui même.
Finalement, c’était lui qui avait été choisi pour cette mission quasi suicidaire. Il était certain que cette mission incombait en premier lieu au membres du Sazori et très vite, il avait été identifié pour la mener à bien quand bien même il aurait préféré être sur d’autres missions. Néanmoins, le Hyûga a toujours été un homme de devoirs. Une fois la décision prise, il l’applique sans états d’âmes. On lui demandait pour cette fois de se rendre dans le pays oublié, ce pays même où les Daimyos de différents pays avaient fait enfermer les criminels les plus dangereux de leurs pays. Le Hyûga se souvint alors du scandale qui avait éclaboussé le Byakuren lorsque le journal international, le kunai Émousse, avait dévoilé l’affaire. Byakuren Masato avait fait voter les shinobis et peut-être même plus largement la population tsuchijine afin de se donner bonne conscience et se maintenir au pouvoir… Avant cela il y avait eu un épisode pas très connu du Hyûga. Un épisode qui avait conduit sa coéquipière du jour à Wasure même au point qu’elle y rencontre l’homme au chapeau et qu’à travers ses techniques à base de shoton, elle renferme les pires craintes de l’ennemi mondial numéro 1. Aussi curieux que cela puisse être, cette coéquipière à la base de cet acte n’était autre que la fille même du Daimyo. Une révélation que le Hyûga avait apprise alors qu’on lui refilait la mission. Evidemment, pour lui, un des objectifs était de faire en sorte de ramener la princesse en bonne santé à Iwa.
Ce dernier élément avait fait cogiter le Hyûga toute la nuit précédant son départ en mission. Il s’imaginait mal qu’une Genin puisse être jetée dans la gueule du loup ainsi. Cela dit, la présence de la Byakuren coulait de source. Elle était tout aussi déterminante que celle d’un Hyûga. Le duo devrait apprendre à faire la paire, le temps d’une mission, d’être efficace et de remplir leurs objectifs. Si Tsuyoshi avait espéré dans un premier temps, pouvoir être libre de ses mouvements et ne prendre en charge que sa propre personne, la donne changeait radicalement.
Le jour du départ, le Hyûga s’était habillé de façon habituelle. Il avait pris le soin de prendre un sac et d’y ranger certains matériels qui lui seraient peut-être utiles durant la mission. Il avait aussi pris des provisions, mais sans exagérer. Il privilégiait toujours la chasse à un sac alourdit par des provisions. Lorsqu’il fut prêt, le Jonin fila à l’entrée du village, le lieu de rassemblement habituel des shinobis. Il n’eut pas de mal à savoir qui était sa coéquipière. Le masque qu’elle portait indiquait à suffisance sa volonté de masquer son identité. S’étant approché sans prononcer de nom, le Hyûga fut devancé par la princesse. Celle-ci le salua en prononçant son nom et en se présentant.
_ Enchanté Yume Sama… Avait dit le Hyûga en s’inclinant légèrement comme lorsqu’on salue une grande dame, mais sans exagérer car il ne voulait pas griller non plus la couverture de la jeune fille. Il fut cependant refroidi par les mots suivants de la jeune femme. Cette dernière lui demanda s’il avait conscience de l’ampleur de la mission. Il eut un faux sourire, un de ces sourires-rictus arraché par le déplaisir. Toute princesse qu’elle était, la Genin pouvait-elle s’imaginer un instant que le Jonin – conseiller puisse se méprendre sur l’importance de cette mission ? Il ne dit rien constatant cependant que la Byakuren s’était rattrapée. Pour la mettre à l’aise, il dit alors :
_ Oui, nous ferons du bon travail. Une légère pause et il continua : Promettez moi juste une chose… Ne prenez aucun risque. Ma première mission est de vous ramener vivante ici.
Qu’elle l’accepte ou non, telle était sa mission numéro 1. Il serait comme en soutien de Yumé tout en devant faire de son mieux évidemment pour débusquer ce foutu miroir.
Le duo s’ébranla alors en direction du point de ralliement avec les autres shinobis de la coalition. Cette mission était un premier test pour vérifier la solidité de cette coalition internationale naissante. Entre ninjas aux idéaux et visions du monde différentes peut-être opposées, devoir s’arranger pour trouver un consensus serait primordial.
Chemin faisant, ils avaient le temps après tout, le Hyûga questionna la kunoichi :
_ Si j’ai bien saisi vous êtes déjà allée au pays oublié ? Mis à part la horde de fanatiques et autres criminels rang S et évidemment une possible apparition du grand manitou, que devons-nous craindre de ce pays ? bien entendu, le Hyûga aurait bien aimé questionner la Byakuren sur ses origines, mais il s'abstiendrait de le faire dans l'immédiat, s'imaginant aisément qu'elle ne devait pas être à l'aise avec ce genre de questions.
Puis lorsqu’il recueillerait cette première information il dirait alors :
_ Je n’ai jamais aimé cette question, mais aujourd'hui plus que jamais je la trouve utile. Pourrais-je savoir quelle est votre affinité ? Personnellement je maîtrise le doton et le futon. Et vous ?
Le Jonin avait bien entendu une idée en tête. Il avait déjà en tête plusieurs scénarios où le duo iwajin se trouverait en mauvaise posture. Dans la plupart de ces scénarios, ils s’en sortaient sans trop de damage pour peu que la princesse dispose de l’affinité doton ou au pire des cas du futon…
Finalement le duo arriva devant les deux autres shinobis de la coalition. Il y avait un Sendai de l’Empire et un Kaguya de Kiri. A la suite de la Byakuren, le Hyûga se présenta :
_ Hyûga Tsuyoshi… Jonin d'Iwa. S’était-il contenté de dire.
Ordre de mission:
LE CRISTAL PERDU Il y a plus d'un an, Wasure no Kuni devenait connu aux yeux du monde. Le Pays Oublié, tenu secret par les Seigneurs du Grand Continent et de ses Archipels, avait été le lieu d'un rassemblements de shinobis des trois grands villages cachés et d'une journaliste. Ils y avaient découvert la Prison Inavouée, où avaient été libérés les Fanatiques et nombre d'autres prisonniers par l'Homme au Chapeau.
Ce jour-là, la princesse Tsuchijine, Byakuren Yume, avait tenté l'impossible : lancer une illusion censée représenter la peur sur le criminel le plus craint du monde shinobi. Si elle avait échoué et que son cristal est sûrement brisé depuis le temps, la princesse ne se doutait pas qu'elle offrait là un espoir considérable pour la Coalition Shinobi.
En effet, son cristal, ayant été au contact avec l'ennemi public numéro un, détient sûrement encore une trace de son chakra. Si vous le retrouvez, ce chakra sera peut-être exploitable et permettra aux shinobis... de pouvoir traquer l'Homme au Chapeau SE RÉUNIR À LA CÔTE EST DE HI NO KUNI. VOYAGER JUSQU'À WASURE NO KUNI TRAVERSER LE PAYS JUSQU'À ARRIVER À LA PRISON INAVOUÉE RETROUVER UN MORCEAU DU CRISTAL DE BYAKUREN YUME FACULTATIF : S'ASSURER QUE LE CRISTAL CONTIENT UNE SIGNATURE CHAKRATIQUE RENTRER À HI NO KUNI AVEC LE CRISTAL
-"Enchanté. Sendai Yahiko, Soldat de l'Empire, et ancien Jônin de Kumo", annonçais-je dans un sourire.
Mes intentions étaient simples et tout à fait respectueuses, je voulais que tout le monde se sente à l'aise au sein de ce petit groupe improvisé. Je me rendis rapidement compte que j'étais probablement le seul ici qui gardait bonne mine. Ou en tout cas, qui faisait de son mieux pour essayer de passer outre le stress de cette mission. Mais quelque chose me différenciait aussi beaucoup des trois ninjas ici présents : je devais être le moins renseigné sur le lieu sur lequel je devais me rendre, et par dessus tout, je devais être le plus insouciant. Mauvaise habitude dans laquelle je pensais que tout le monde était tout beau et tout gentil, alors que moultes expériences m'avaient apprit que non.
Calmement, j'utilisais rapidement de mon chakra pour tenter de percevoir leur niveau de chakra. Je voulais voir à quel genre de personne j'avais à faire, même si je me doutais bien qu'il ne s'agissait pas des premiers venus. Je pu percevoir un niveau de chakra semblable au mien du côté des deux autres garçons, mais pour ce qui était de la jeune femme, le signal était un peu plus faible... Jusqu'à ce que je réalise qui je visais vraiment. Byakuren Yume... Byakuren Yume... ce nom me disait bien quelque chose. Et en peu de temps, je réalisais que c'était le nom qui figurait sur l'avis de mission.
-"Mais c'est votre cristal qu'on va devoir trouver !", disais-je d'une voix surprise.
Je ne réalisais pas non plus exactement à qui j'avais à faire. Une ancienne princesse, ça me dépassait un peu. Je n'avais pas la curiosité pour le savoir ou l'apprendre de moi-même, ce qui me valait cette petite familiarité. En attendant, cela n'entravait en rien mes intentions vis à vis de ce groupe : si nous voulions réussir, il fallait que nous collections le plus possible d'information les uns sur les autres. Même si honnêtement, à la vue de leurs visages, ça n'allait pas être un bon moment.
-"Vous le savez autant que moi, pour optimiser nos chances réussir, nous devons en apprendre un peu les uns sur les autres. Si cela vous convient bien sûr, je ne vous force en rien."
Evidemment, je prenais une petite précaution mais ça devait être obligatoire et il ne devrait y avoir aucune précaution. Les informations devaient circuler, coûte que coûte.
Nous discutâmes ainsi un petit moment durant, tant ils voulaient bien partager des informations à leurs sujets, jusqu'à ce qu'un homme vint nous rejoindre. Il s'agissait d'un marin à l'air sombre, un peu bourru et qui n'avait pas l'air de nous apporter de bonnes nouvelles. Il mit un petit temps de silence avant de s'exprimer, voyant que nous ne l'avions pas encore remarqué, et au bout d'un petit moment, il entra en scène.
-"Voilà les quatre suicidaires, mh. Nous devrions avoir Kaguya Shitekka, Sendai Yahiko, Hyûga Tsuyoshi... et dame Byakuren Yume..."
Nous validâmes cette première étape d'un signe de tête, et il conclut déjà cet échange.
-"Installez vous où vous voulez, vous aurez besoin de repos avant le cauchemar, hahahahaha !"
Il riait jaune. On sentait presque qu'il devait être aussi stressé que nous. Et le pire dans tout ça, c'est que je devais être celui que ça ne perturbait pas tant que ça, comme je n'avais pas la moindre idée de ce qui pouvait bien m'attendre là bas.
Sendai Yahiko fut le premier à se présenter auprès du Kaguya. Les deux hommes furent bientôt rejoints par les envoyés d'Iwagakure no satō. Shitekka les détailla sommairement : une femme masquée, et un homme aux longs cheveux d'ébène. Ils ne tardèrent pas à leur tour à se présenter. L'enfant de Saroruncasi faisait face à deux fiers représentants du Pays de la Terre, en la personne de la princesse Byakuren Yume, et de Tsuyoshi, de l'illustre famille Hyūga. Cette annonce laissa de marbre le guerrier de la Brume, qui se contenta d'une simple courbette, en précisant à nouveau son identité auprès des derniers arrivants.
Si la perspective de rassembler les villages au nom d'une cause commune paraissait séduisante, le Kaguya restait sceptique. Il faisait, après tout, face à ses ennemis de hier. Peut-être de demain. Seul le temps saurait effacer cette mine neurasthénique qui accablait son visage balafré. Néanmoins, le souvenir de Wasure restait encore vif. Aussi ce faciès teinté d'amertume semblait difficile à illuminer, tant la situation complexe qui l'attendait l'empêchait de se réjouir de quelque trêve entre les autres grandes puissances. En bon Urumi, Shitekka restait farouche envers l'inconnu, le Yuukanjin, le sisam, dans son langage. Il lui fallut des semaines pour accepter d'être un simple ninja de la Brume. Des mois, pour s'affirmer en tant que membre du clan Kaguya. Ce n'était pas en quelques heures qu'il allait s'acoquiner avec les continentaux.
Le sauvageon de Kiri profita du temps avant l'embarquement pour se consacrer aux esprits. Avec l'appui de son bâton rituel, il s'éloigna temporairement du trio pour se rapprocher du rivage. Ses chaussures en peau de saumon marquaient chaque pas contre le bois du quai, jusqu'à le conduire au bord de l'eau. Là, l'Urumi planta son inau entre deux planches, joignit ses deux paumes face à lui, et s'adonna à quelques prières à voix basse. Shitekka chantait religieusement à la gloire de Repun-kamuy, l'orque gardien des mers, pour s'attirer ses faveurs. Loin de la foule, l'on pouvait distinguer cet homme à l'accoutrement exotique. Ses paroles entonnées s'évanouissaient parmi les embruns. Son langage, ici-bas dans le domaine du Feu, n'était compris que par les esprits. Le verbe, au rythme des mains frappées entre elles, était un pur témoignage de dévotion envers les forces de la nature.
Son ode à l'animisme achevée, l'enfant de Saroruncasi retrouva la compagnie de ses camarades d'un jour. Un marin les avait accueilli afin de les inviter à embarquer dans le navire les menant sur le Pays Oublié. Shitekka empoigna son inau de la dextre, et emboita le pas sans se soucier de la houle. Le Kaguya faisait honneur à son appartenance envers l'Archipel de l'Eau. La remarque du marin fit automatiquement réagir le Kirijin, dont la tête se baissa, tandis qu'il se remémorait péniblement de son excursion sur Wasure.
Finalement installé à l'avant du bateau, Shitekka s'octroya un léger sourire, lorsque la vue de la mer apaisa son esprit. Il inspira profondément l'air marin, écarta les bras, et considéra ses acolytes du regard. Il ne fallait pas se laisser abattre avant d'arriver sur place. Aussi tâcha-t-il de se détendre, bercé par la valse des vagues voguant sur le vaste domaine du Repun-kamuy.
Tu répondais sans même parvenir à te convaincre toi même. Ton nom était un danger à lui tout seul ; surtout quand la destination de votre mission était Wasure, la Némésis des princiers. Tsuyoshi était poli, peut-être trop ; t'accordant même la grâce d'un dénominatif respectueux. Ton ancien titre avait probablement gagné le combat contre la simple Genin que tu étais actuellement.
- La plus grand force de ce pays est que nous ne le connaissons pas. La prison n'est probablement pas son seul danger et nous devons donc avancer à l'aveugle sur un terrain hostile.
Chaque mot tombait comme une lourde pierre au fond de ta gorge. Nul besoin de décrire les attraits d'une île damnée pour justifier de sa dangerosité. Tes souvenirs y étaient macabres, embrouillés par un traumatisme qui n'avait pas envie de se réveiller.
- Vous devez déjà savoir que je manie le Shoton... Mais hormis ce don... Rien de plus que les jeux de songes..
Une manière peu enjouée d'annoncer que tu n'avais pas d'affinités ; pas plus qu'avec les arts ninjas qui restaient une énigme à tes yeux. Tantôt puissants, tantôt capricieux.
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Des deux interlocuteurs ; seul un avait une langue déliée. Il se présentait en ancien Jonin de la foudre, nouvellement soldat de l'Empire. Une curieuse reconversion que tu peinais à comprendre. Comment une victime d'annexion autocratique pouvait-elle s'engager ainsi aux côtés de son « oppresseur » ? Les rumeurs concernant la situation politique de Kumo étaient lourdes et nébuleuses... assez pour que ton jugement soit irrégulier. Tantôt suspicieux, tantôt neutre.
- Enchantée..
Les questions du Soldat font écho à celles de Tsuyoshi, et ton cœur doit s'avouer agacé d'avoir à avouer ses lacunes pour la deuxième fois.
- Rien de plus que ce que vous ne savez déjà...
Tu serais pour sur un poids pour cette équipe ; mais d'un autre côté, tu étais le cœur de cette mission. Fragile, mais vitale.
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Les houleuses l'emportent rapidement sur vos humeurs. Elles étaient plus capricieuses que lors de ton premier voyage. Derrière le masque, ton regard pouvait se promener impunément sur chacun des visages qui t'entouraient. Un protecteur attitré, un soldat coupé de sa nation, et un mystère. Votre équipe n'avait pas fière allure, et votre symbiose était vraisemblablement impossible. Vous aviez tous une divergence, un historique, une cicatrice qui vous poussait à la méfiance extrême. Vous partiez au cœur d'un pays maudit sous la couronne d'une Coalition dont le nom ne faisait pas la valeur.
Les jours usent le bois, fragilisent votre mental ; pourtant, au loin, les premières montagnes viennent transpercer ciel et mer pour s'imposer. Tu reconnaîtrais cette dentition parmi milles autres. Wasure.
Tsuyoshi, fort des curieuses informations révélées par la Byakuren, finit lui aussi par entrer dans un mutisme ne souhaitant pas embarrasser la princesse ou l’assaillir de questions. Et pourtant, il en mourrait d’envie. Néanmoins, le Hyûga se surprenait à revêtir le costume de l’ancien lui, ce ninja qui n’était qu’une lame au service de la main qui la manie. Aujourd’hui, cette main n’était autre que Yume, du moins indirectement car après tout, c’était Iwa qui les avait réuni en ce jour.
Tsuyoshi, une fois en leur compagnie, observa le duo hétéroclite avec qui ils devaient effectuer la mission. Il ne manqua pas de retenir le propos de l’un d’entre eux : Yahiko. Il affirmait être un ancien Jonin de Kumo. Drôle de façon de se présenter pour quelqu’un qui servait dorénavant sous les couleurs de l’Empire du Feu. Était-ce un lapsus de sa part ou souhaitait-il que ses compagnons d’aventures retiennent que son allégeance va à son ancienne appartenance nationale ? Quoi qu’il en soit, cette information était à retenir. L’autre membre, un Kaguya de Mizu no Kuni, semblait très silencieux également. Son attitude réservée poussa le Hyûga à en faire de même vis-à-vis de lui, par simple mimétisme. Tsuyoshi se contenta d’un sourire mi amusé-mi mystérieux à l’encontre de Sendai Yahiko lorsque ce dernier demanda à demi-mots quelles étaient les capacités des membres de l’escouade. Dans le cadre de cette mission plus que dangereuse, c’était une excellente idée. Pourtant, au regard du mutisme des uns et des autres, ainsi que du silence du Hyûga, il était assez évident que tous préféraient livrer des informations sur leurs capacités directement sur le terrain. Nul n’oubliait les difficultés du passé et probablement que d’autres se projettaient déjà sur les problèmes à venir post coalition…
*Pour peu que l’on parvienne à vaincre ces dieux et ce foutu hatman.* Pensa le Hyûga.
_ J’imagine que le Kaguya fait du Kaguya, le Hyûga du Hyûga et le Sendai du Sendai… Fit Tsuyoshi sourire amusé en coin. Oui il était au courant que ses propos ne voulaient rien dire. Il poursuivit : Si personne ne veut se mouiller le premier, nous saurons assez vite qui sait faire quoi de toutes façons.
Une courte pause et il questionna :
_ Cela dit, l’un d’entre vous est-il déjà allé à Wasure ? Mis à part évidemment Yume sama ? Puis son regard se porta vers la princesse. Il eut une pensée. Ses sourcils se haussèrent légèrement comme si une pensée l'avait surpris. Il reprit dans la foulée : A ce propos, il faudrait peut-être que vous trouviez un surnom ou un nom d’emprunt, le temps de la mission et que j'arrête de vous appeler Yume Sama. Ce serait dommage que l’on soit assaillis de hordes d’adversaires soucieux uniquement de kidnapper un membre de la famille régnante de Tsuchi… Votre père n’a pas que des amis là bas autant que je me souvienne. Fit Tsuyoshi en se grattant la nuque.
Le Hyûga avait fait cette affirmation devant le duo Yahiko-Shitteka. Si Yume acceptait de répondre, tous devraient se conformer au nouveau nom qu’elle se serait choisie.
Ils embarquèrent tous et chacun à leurs affaires, Tsuyoshi ayant toujours un œil sur la princesse, jour et nuit, Byakugan à l’appui, ils finirent donc par arriver au large de Wasure no Kuni… Les ennuis pourraient commencer sous peu. Tsuyoshi, pour sa part, avait déjà hâte !
[MISSION/S/COALITION] Le Cristal Perdu - Acte I [Ft : Yume, Shitekka, Tsuyoshi]