Invitation à en découdre. Défi ouvert et marqué de l’empreinte de la Louve. Il avait tiré le gros lot en n’espérant pas même avoir les miettes de tout ce qu’il pouvait espérer récolter. Moisson extraordinaire. Il ne pouvait que se satisfaire de la tournure de la situation car en dépit du mal qu’il avait pu faire et qu’il voulait encore faire, il n’avait même pas eu à forcer les choses pour en arriver là. Accueillir le destin tel qu’il se présente. Composer avec les opportunités qui s’invitent.
Le Monarque des Bois possédait bien des tourments dans les méandres de son esprit calculateur mais il se refusait d’abdiquer devant quiconque, aussi vrai qu’il avait déjà trop appris à se soumettre et qu’il n’ambitionnait à présent plus que de s’élever. A Kaminari, c’était son propre Capitaine, Taizen Jiguro, qui avait étiré son piège de façon suffisamment large pour qu’il y mette finalement un pied et qu’à défaut de pouvoir prédire ses actions, s’enfonçant dans les sables de son mentor, il ne puisse plus que se débattre devant son tortionnaire n’attendant que la faille pour le poignarder une bonne fois pour toute et mettre fin à la menace que le Shinrin pouvait représenter pour lui. Tel deux fauves prêts à se dévorer l’un et l’autre, il fallait bien qu’à terme l’un d’entre eux se décide à ouvrir sa gueule pour la refermer sur la nuque de celui qui devait devenir le super-prédateur.
Et puis il y avait cette machination hors du commun dont la Lieutenante qui allait lui faire face avait été l’instigatrice, cheffe de meute emblématique du clan Inuzuka, qui malheureusement eu le déplaisir de constater que malgré toutes les précautions prises elle avait tout de même attiré d’autres loups, moins braves qu’elle, plus pernicieux et, peut-être, plus dangereux aussi. Cet affrontement allait le prouver. Le duel permettrait de lever le voile sur tous les doutes que l’un et l’autre pouvaient avoir sur celui ou celle qui s’était tenu en face.
Et il comptait bien lui faire payer cher sa prétention.
Il était venu à pied avec pour seul instrument sa longue lance pliée en deux dans son dos et dont les deux blocs étaient liés par une chaine de fer, et son pavois de bois hérité du Marchand d’Armes qui trônait sur son bras gauche, sa lanière ceinture la base de son gauche et son poignet, et qui lui permettait de fait de pouvoir se protéger tout en effectuant des mundras. Il était paré comme s’il partait en guerre, fier symbole de l’armée teikokujine, et lui ferait comprendre ô combien elle s’était fourvoyée en voulant le tester.
Il la démolirait jusqu’à ce qu’elle baigne dans son sang ou celui de son ninken. Sans pitié, il l’était. Peut-être pas aussi expéditif que Gozen, mais plus cruel sans doute.
« Sakka-chan, êtes-vous bien sûre de devoir y aller ? » l'interrogea Ayasu, l'infirmière qui pansa ses maux. « J'ai défié l'Alpha, je ne peux me dérober maintenant. » rétorqua l'Inuzuka. « Mais il est bien plus fort que vous ! » se préoccupa avec innocence la soignante, loin d'imaginer le mal qu'elle venait de causer. « … Je sais. Cet homme est un rempart que je compte surmonter. »
Sur le seuil de l'entrée principale du repère, Sakka hocha une dernière fois la tête pour la saluer. Sans se retourner, elle emprunta le chemin de la vérité.
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La cavalière juchée sur son loup arriva la première. Les quelques heures de marche qui la séparent de cet endroit réhabilitèrent son corps engourdi par les longues journées de repos. Les restes calcinés du refuge dessinaient une tâche noire à l'horizon. Chaque pas en avant rouvrait les cicatrices de cette journée, triste souvenir. L'immense plateau ceinturé par les contreforts rocheux offrait un terrain idéal pour un duel au sommet. Un vent fort balayé la parcelle quasi désertique. Les rares plantes survivantes dans ce milieu extrême se couchaient sous les bourrasques. La fourrure immaculée de Shiroi ondulait comme une vague dans cet océan draconien.
« Une nouvelle fois, c'est ici que tout se joue. » confessa-t-elle à son compagnon en lui tapotant le flanc.
De l'autre main, elle écarta une mèche de cheveux happée par le vent derrière son oreille. Sa vision dégagée, elle avançait sereine vers son avenir. Vestige du passé, le refuge Inuzuka témoignait de la longévité de sa lignée. A l'image de La Meute, un dernier pan de mur se dressait fièrement. Celui-là même par lequel ils avaient tous pénétrer les lieux. Désormais les pieds sur terre, l'adolescente emprunta en premier l'ouverture jadis fermé par une porte de bois. Tout comme le reste, elle avait brûlé dans les flammes d'une soi-disant justice.
* Je n'aurai jamais imaginé une pareille fin. *
Le loup et la jeune fille étaient dans la plus grande pièce, du moins, ils se tenaient là où elle était. Le regard rivé sur le sol, elle le brossait de son pieds, créant de petits monticules de cendres à droite puis à gauche. Elle cherchait quelque chose. En préparant cette fameuse réunion secrète, elle s'était imaginée étendre son influence et son pouvoir si loin dans l'Empire, qu'elle confectionna un signe distinctif pour se reconnaître : une amulette. Mais la tournure que prirent les événements ne lui laissa pas le temps dévoiler tout son plan. Aujourd'hui, le bijou ne servirait plus à rien, mais elle voulait le retrouver.
< Je l'ai. > signifia Shiroi en reniflant la terre battue, puis en la ratissant avec sa patte.
Le sol meuble dévoila le charme qui s'illumina à l'approche de Sakka. Le talisman réagissait à son emprunte chakratique. Chaque membres des Gardiens du Feu en aurait possédé un, un qui lui aurait été propre. Marqué du chakra de son possesseur, il ne s'illuminerait qu'en la présence de son maître, attestant de son appartenance à la communauté. Le kanji représente la volonté du feu, épinglée par une racine symbolisant les innombrables forêts de Hi, censées la protéger.
Accroupi dans la terre pour récupérer l'amulette, caché par le dernier mur, le duo ne s'aperçut pas de l'arrivée de Shinpachi. Lorsqu'il les exhorta à se montrer, elle sursauta. Shiroi leva immédiatement la tête par la dernière fenêtre qui subsistait et le dévisagea un instant. Après s'être relevé, le bijou en poche, Sakka traversa une ultime fois la porte du refuge Inuzuka.
« Je n'en doutais pas un instant. »
Le vent du Nord charia les nuages de la Foudre jusqu'ici, électrisant l'atmosphère.
« A cause de toi, il m'a quitté. » évoqua-t-elle le lâche Minoru. « Mais j'imagine que l'amour, l'amitié ou la reconnaissance te sont étrangers. » dit-elle à la vue du bouclier.
Sakka avait participé à l'échange avec le marchand, et fait en sorte que le Shinrin puisse acquérir la targe. Elle plongea la main dans sa poche et serra l'amulette pour se réconforter. Responsable, elle portait sur ses épaules la mort de Mujun. Elle ne l'oublierai pas.
« Dans La Meute, le loup ne se laisse guider que par le plus fort et le plus sage. Tu m'as déjà prouvé ton intelligence. Si tu gagnes, je te suivrais. Si tu perds ... »
Un éclair fracassa un sommet rocheux dans un tonnerre assourdissant, camouflant les derniers mots de Sakka.
Ses yeux rutilants continuèrent de sonder la psychologie tourmentée de l’Inuzuka. Semblait-il que par sa faute la Louve eusse perdu quelque chose qui paraissait lui être précieux, et qui justifiait toute la rancœur qu’elle pouvait exprimer à son égard en dehors même du fait qu’il avait foudroyé ses ambitions avant même qu’elles ne puissent naître. Avortement dans l’œuf. Toutefois et malgré l’évidente animosité qui se dégageait de la farouche, Shinpachi était parfaitement insensible au chagrin que pouvait exprimer celle qui désormais se dressait contre lui et exigeait, pour qu’elle consentisse à le suivre, de mesurer sa force.
Après tout, les cendres étaient admirablement fertiles pour les terres. Le Pays du Feu ne pouvait en sortir que plus fort et c’était là la raison de son ignominie, partagée par Gozen quand ce dernier décida de jeter ses flammes ardentes sur la cabane. Tout reconstruire à partir des cendres laissées par l’incendie ; tel était l’esprit du Teikoku, naguère fustigé par la guerre, désormais bousculé par une rixe. Le schéma ne faisait somme toute que se répéter comme un cycle infini où la violence tenait lieu de fond de scène.
« Je te rassure : perdre ne fait pas partie de mes plans. Voyons si les crocs d’une Louve sauront briser l’écorce d’un Shinrin… »
Il débuta une série de signes incantatoires et à l’intérieur de lui il sentît le chakra affluer comme une énergie vivante, un flot mouvant remplissant ses veines, un torrent déchaîné passant les barrages du soi, se déversant dans chaque musclé contracté pour qu’enfin, se campant sur ses appuis et fléchissant ses jambes, le Monarque se sente comme soulevé par une aura meurtrière qui explosait à l’intérieur de son corps. Son diaphragme se gaina en gonflant démesurément alors qu’il inspirait une quantité d’air colossale, mélangeant cette dernière au chakra liquide qui sommeillait en lui.
Puis il libéra tout ce qui était contenu. De ses lèvres déferla un voile majestueux qui se mit à conquérir toute la zone, brouillard rempli d’humidité qui vint ôter la vue à tous les combattants présents à cet endroit. Profitant de l’opacité de cette nouvelle atmosphère, il recula de quelques mètres et se croqua le pouce…
Spoiler:
Santé : - Chakra : 1C
Résumé Shin crache un voile brumeux puis recule de quelques mètres.
Les maux de cœur de l'adolescente ne trouvèrent pas écho dans le cœur du Shinrin, en plus du bois, maîtrisait-il la glace ? Cet affrontement n'avait pas pour seul but de tester la force de son opposant, elle voulait en apprendre d'avantage sur sa personne. Etait-il vraiment celui qu'il paraissait être ? Ou arborait-il un masque devant son délégué ? L'instinct de la louve lui interdirait de suivre quelqu'un de foncièrement mauvais, et cela, peu importe l'issu de ce combat. Sa froideur manifeste ne revêtait pas pour le moment d'aspect rédhibitoire.
« Tes plans ? Tu calcules continuellement l'avenir ? Profites-tu seulement de l'instant présent ? J'ai presque de la peine pour toi. »
Loin du monde, elle n'espérait le déstabiliser psychologiquement, elle en serait incapable, elle croyait seulement en ses mots. Il est du clan Shinrin, il possède une famille, alors pourquoi tant d'insociabilité ? Le monarque des bois fut le premier à lancer les hostilités. Il incanta une série de mûdras tout en inspirant une importe quantité d'air. Lui aussi maîtrisait-il le fûton ? Non, il expulsa une brume si épaisse qu'elle les enveloppa tous les deux ainsi que l'aire de combat. A première vue, il s'aventura sur une voie hasardeuse. Cacher la vue à une Inuzuka ? Inutile.
* Tu es de l'Impériale, à l'heure qu'il est, je suppose que tu connais tout de moi. Mon profil doit déjà être dessiné sur une carte que tu gardes précieusement. Alors pourquoi me supprimer la vue, sachant pertinemment que je n'en ai pas besoin pour te voir. *
< C'est un piège. L'autre a dû lui décrire ton caractère sauvage, il veut nous attirer dans ses filets. Si on fonce, l'affrontement sera terminé avant même d'avoir commencé. >
« S'il agit ainsi, c'est qu'il craint un affrontement direct au corps à corps. Nous savons maintenant qu'en plus du bois, il maîtrise l'eau ; et qu'en plus du ninjutsu, il possède des compétences en sensorialité. A-t-il le moyen de nous détecter ? Possible s'il se risque à se couper la vue lui aussi. »
Vous l'aurez compris, la prudence était de rigueur. A son arrivée au Teikoku, Sakka intronisa son intégration à l'armée par un combat face à Nobusada. Un échange formateur qui mit en exergue son manque d'anticipation, de préparation et un comportement quasi-suicidaire. Depuis, l'expérience du combat coula comme l'eau sous les ponts.
« On ne peut pas lui laisser le luxe de se cacher sans savoir ce qu'il mijote. Il est bien trop malin. »
Après plusieurs pas chassés sur sa gauche pour modifier sa position initiale, Sakka composa quelques mûdras pour créer deux clones d'ombre. Ils s'écartèrent tous deux de l'original de quelques mètres sur la gauche, le premier d'environ cinq mètres et le second de cinq mètres supplémentaires. Quant à lui, Shiroi resta près de sa maîtresse, la seule et l'unique. Dans un second temps, Sakka aiguisa sa truffe et huma profondément et frénétiquement l'air humide. L'odeur de bois décomposé que dégageait le Shinrin lui indiquait sa position. Elle était prête à réagir.
Récap:
Santé de Sakka : 100% Santé de Shiroi : 100% Réserve chakra fin tour 1 : Entre 85 et 90% Chakra tour 1 : 1B + 1C
De façon volontaire, il indiqua sa position par sa voix en offrant l’opportunité à la Louve de le rejoindre, de le repérer aussi facilement que l’on pouvait voir un poisson à travers l’eau claire. Shinpachi ne s’amusait pas pour autant de cette situation et la réflexion, si elle avait un peu d’ironie dans la forme, n’était dans le fond qu’une volonté de la provoquer. Le voile brumeux dont il avait été l’auteur avait presque admirablement rempli sa fonction puisqu’il avait été amené pour la provoquer et la pousser à utiliser son flair ; et comme il s’en doutait, elle se montrait assez intelligente pour savoir que lui-même la poussait à rentrer dans son jeu. Une provocation tacite à laquelle elle refusa de répondre en apparence, et qui ne suscita en dépit de ce qu’il avait espéré aucune attaque ; mais cela ne faisait que rajouter de l’intérêt à son égard. Il ne s’agissait véritablement pas d’un combat à sens unique. Par sa méfiance et son refus d’entrer dans le tissage souterrain du Shinrin, Sakka dévoilait sa capacité à lui tenir tête.
Le voile brumeux cependant n’avait pas qu’une fonction. Pour Shinpachi, il ne s’agissait pas tant de se camoufler lui-même, mais aussi de camoufler ses actions. Il s’était déjà croqué et de fait, il ne lui restait plus qu’à invoquer son fidèle compagnon de bataille. Lorsqu’il traça le symbole sur le sol, un léger bruit terrestre résonna et des limbes émergea le rongeur qui en naissant s’amusa à faire trois fois le tour du corps du Shinrin en l’escaladant. Il n’était dès lors pas difficile pour l’Inuzuka de repérer une seconde odeur, peut-être plus alléchante que celle de son antagoniste principal. Bunbô, l’écureuil nouvellement invoqué, se plaça sur l’épaule de son maître. Dans la brume opaque, son bandeau qui cachait l’orbite vite où autrefois se tenait son œil gauche, son museau fendu en deux et son air strict paraissaient encore plus sinistres et assassins. Le kuchiyose était loin de paraître aussi candide que ses congénères. Il avait un côté beaucoup plus martial. Et surtout, ses pensées étaient en parfaite osmose avec celles de celui qui l’avait appelé en renfort. Des pensées secrètes qui en l’état n’auguraient rien de bon pour la Louve puisqu’elles camouflaient un ardent désir de lui nuire pour lui faire saisir à quel point le Monarque des Bois n’hésiterait pas à prouver sa force. Des pensées infâmes, fruit d’une violence intérieure qui jaillissait par le masque d’une insensibilité manifeste et d’une totale absence d’empathie pour la douleur des autres.
Nous la détruirons.
« Comme tu le sais, Bunbô, je me suis promis de ne tuer personne tant que cela ne sera pas nécessaire, et jusque-là ma promesse a été tenue. Du reste, il me faut apprendre à la Bestiale ce qu’est le véritable pouvoir de l’Empire du Feu. »
Il recomposa une série de signes incantatoires et comme tout le monde pouvait s’y attendre, il fit naître le pandémonium sylvestre sous la brume. Encore une fois, l’opacité visuelle empêchait de pouvoir comprendre ce qui se tramait réellement mais à l’ouïe des troncs déchirant le sol et s’élevant tel des dragons serpentesques d’une taille extraordinaire et en s’entortillant dans des bruits de fissure d’écorce et de craquements boisés, la Louve put mesurer ô combien cette forêt était impressionnante. Les monstres rampants à branches et houppiers broussailleux pompèrent dans les ressources personnelles de leur auteur et ce dernier se sentît soudain comme vidé de sa propre substance en laissant le sol aspirer son chakra, y déversant tout son pouvoir créateur ; les Shinrin n’étaient pas que des combattants, ils étaient l’incarnation des dieux originels et imitant les premiers jours de la genèse ils ne pouvaient que paraître plus proches de ces esprits transcendants qui avaient enfanté le Yuukan. Ils étaient le culte du nouveau. Les chantres de la vie. Aussi les troncs en terminant de remplir la zone en dévorant tout ce qu’il y avait autour d’eux, conquérant tout ce qui pouvait être entre la terre et le ciel, continuèrent de révéler la grandeur du Monarque des Bois, véritable Seigneur du nouveau territoire qui venait de remplir l’atmosphère. L’air vicié fut alors empli d’un parfum de sève, le soleil disparût derrière les branchages, et la forme des troncs courbes et irréguliers donnant l’impression d’un nouveau monde déstructuré où le sol ne représentait qu’une des nombreuses surfaces possibles, la plus basse.
Dans la jungle où il devint Dieu, Shinpachi fit résonner sa voix.
« A présent, laisse-moi te révéler ma véritable force. »
Il n’eut qu’à faire quelques mudras de plus pour que des troncs supérieurs déferlent des branches perforantes, qui foncèrent sur toute la zone devant lui en menaçant de pourfendre Sakka, son chien, ses clones ; tout ce qui habitait dans ses bois devant lui. La brume n’était encore une fois pas qu’un atout pour se camoufler ; c’était surtout une aubaine pour dissimuler ses attaques qui, en plus d’être invisibles, tombaient désormais des cieux que les troncs avaient conquis, à une vitesse encore plus probante du fait qu’il n’eut pas à créer l’arbre d’où pouvaient naître ces épées de Damoclès qui chutaient sur les impies tel une punition céleste, divine, impitoyable. Sitôt qu’il entendit les branches perforer le sol, il coupa sa connexion chakratique avec la brume environnante et cette dernière se dissipa, laissant apparaître le monde d’écorce où régnait fondamentalement l’obscurité, du fait que la lumière du jour était filtrée par les houppiers de cette jungle dense. Il s’agissait là d’un monde déstructuré et sombre qui se révélait sous les yeux de Sakka ; et c’était bel et bien le reflet du paysage intérieur du Shinrin.
Une vulgaire bête, voilà pour quoi il la prenait. Sa provocation attestait l'intuition de Shiroi, le Shinrin voulait les attirer dans un traquenard. Impatient, il les défia verbalement pour les attirer, comme un bout de fromage sur un piège à rat. Le duo Inuzuka n'avait donc pas plus de valeur à ses yeux ? Après tout, une seule attaque de Gozen suffit à la mettre en pièce. Mais les sages paroles de son tout premier adversaire, Nobusada le cabalistique, restèrent ancrées dans son esprit depuis des mois. Takara enfonça le clou lors de son voyage à Kumo. Sakka apprenait à dompter sa bête intérieure, et cet enseignement venait peut-être de lui sauver la vie.
Face à cette passivité indigne d'un animal sauvage, le Shinrin étala l'étendu de tout son pouvoir clanique. Un don relevant du divin. Perdue dans la brume, l'adolescente sentit le sol sous ses pieds trembler ; de plus en plus fort, de plus en plus proche, comme si les enfers s'échappaient du monde souterrain. Des doigts boisés écartèrent la croûte terrestre par de petites fissures, prenant soudainement leurs aises à l'air libre. De grosses racines, puis des troncs et finalement des arbres entiers et innombrables jaillirent des profondeurs telluriques. Immédiatement, Sakka signa un unique mûdra et se mua en un mammifère peuplant la forêt : le loup. Désormais à quatre pattes sur un tronc qui s'étirait, ses ongles s'allongèrent et s'aiguisèrent en griffes, ses canines s’effilèrent en crocs. Enfin la bête pouvait sortir. Un tel pouvoir défiait l'entendement pour l'animal qu'elle était, elle grogna comme pour le braver.
La plaine jadis désertique était défigurée, entre les sommets croissait un bois lugubre. Sur les troncs fructifiant naissaient d'autres branches toujours plus menaçantes les unes que les autres. La brume apportait une touche sinistre au tableau. Maintenant dotée d'une agilité presque féline, l'Inuzuka cabriolait d'arbre en arbre. Shiroi et elle adorait la forêt, mais celle-ci n'avait rien à voir avec les luxuriantes étendues vertes de Hi no Kuni. Cette croissance surnaturelle achevait, ils redescendirent sur la terre ferme, là où ils étaient le mieux. Les deux clones de Sakka s'en étaient sortis et leur positionnement restait inchangé. Du vacarme sylvestre ne restait que le silence, un silence nébuleux, à la fois lourd et inquiétant.
< Ça n'est pas fini... > prévint le loup.
De je ne sais où, de multiples sifflements, comme des armes tranchantes fendant l'air, firent écho dans toute la zone. Le premier pieu entailla la cuisse de l'enfant, qui leva finalement les yeux au ciel. En fin de compte, des cieux ou des profondeurs, il n'y avait que l'enfer.
« Reste près de moi Shiroi ! »
Littéralement, une pluie de branches effilées s'abattaient sur eux. Ses réflexes sauvages ne lui sauveraient pas la peau cette fois. La femme dotée de griffes les allongea d'avantage grâce à son chakra fûton. Plus longues et plus aiguisées encore, elles pouvaient fendre la roche. Dans un enchaînement de gestes désordonnés, elle tentait de découper les troncs en bûches. La force des branches s'enfonçant dans le sol eut pour effet de lever un voile poussiéreux. Lorsqu'il se dissipa, en même temps que la brume, Sakka et Shiroi étaient comme pris au piège, entremêlés par le bois. Le long des ramifications s'écoulait une sève rougeâtre et drôlement liquide. Je compris rapidement qu'il s'agissait du sang mêlé des deux Inuzuka. Certains pieux les emprisonnèrent, d'autres les blessèrent, causant de multiples entailles sur leur corps. Quant à eux, les clones disparurent sans porter la moindre résistance, ils ramenèrent seulement l'expérience de leur inutile existence.
« Mes clones aussi ont été touchés par l'attaque, elle était de zone. Cela veut dire qu'il ignore exactement où nous sommes. » en déduisit Sakka après s'être extirpée des branchages. « Cette forêt est une menace constante, il va falloir qu'on ratiboise ! »
Connaissant la position approximative de son opposant, Sakka incanta plusieurs mûdras avant de concentrer entre ses deux paumes de mains une sphère de chakra fûton. Elle relâcha cette bombe déchirante en direction de l'emplacement supposé de Shinpachi. Littéralement, la boule de vent perça tous les arbres en travers de sa route et explosa. A l'impact, un vent lacérant se déchaîna découpant jusqu'aux arbres moyens. Le duo canin se dirigea vers la clairière nouvellement créée.
Récap:
Santé de Sakka : 50% Santé de Shiroi : 50% Réserve chakra fin tour 1 : 55 à 60% Chakra tour 2 : 1D + 2A Chakra tour 1 : 1B + 1C
Il ne tarda pas à comprendre que l’Inuzuka pouvait compter sur son agilité pour échapper aux incisifs dangers guettant la louve depuis les bois dont il était l’auteur. Si l’ambiance était sienne, la Louve ne l’était pas, elle, et continuait de défendre son libre-arbitre coûte que coûte ; ce qu’à l’évidence l’exhortait à se montrer encore plus violent. Fort heureusement, il avait pu compter sur la création de son pandémonium pour régner, dans l’enfer sylvestre, comme un monarque damné, maudit, usant de son royaume pour étendre son emprise. Puisqu’elle était sur son territoire, elle devenait, dans son esprit, sa sujette. De fait, l’utilisation du mokuton lui étant moins légèrement moins coûteuse, il partait avec certains avantages sur le long terme.
Sakka parvint toutefois à déchirer les branches de ses griffes, répondant à l’attaque par l’attaque. Une stratégie pour le moindre efficace qui l’empêcha de finir embrochée de toutes parts. Mais il était impossible pour elle de tout protéger : son chien, ses clones, elle-même. C’était en quelque sorte une leçon que venait de lui instruire le machiavélique héritier du clan Shinrin ; pourquoi n’avait-elle pas déjà enfourché sa propre bête, d’ailleurs ?
Anticiper la riposte n’était que pure logique de la succession d’évènements. Il ne la voyait pas précisément, non ; mais en entendant le vrombissement du vent et du fait de l’absence de paroles et de déplacements, il décida de se consolider une défense digne de ce nom. Oui, quelque chose arrivait ; quelque chose de puissant et redoutable. De la terre naquit un horrible golem de bois, géant et solide, épais comme une colline. En rugissant, le monstre d’écorce se confronta directement dans un duel épique à l’orbe tempétueuse de l’Inuzuka, qui l’écorcha vif ; dépecé de toutes parts, il s’éteignît en vulgaires copaux de bois. Certaines lames de vent continuèrent leur course en dégageant le bois, formant une petite clairière ; lui, protégé par ses propres troncs, n’eut pas à s’en inquiéter, mais avisa que la Louve avait choisi de se dégager de son emprise.
Grave erreur. Car en même temps qu’il composait des mudras, son écureuil en composait d’autres. Lui posa ses mains sur un tronc ; de ce dernier naquit une nouvelle excroissance d’écorce, laquelle recommença à harceler la louve et son ninken. La même chose que précédemment ; à ceci près que, tandis qu’elle se défendait ou tentait de fuir, Bunbô surenchérissait l’assaut en faisant apparaître, du sol, une seconde à peine après que les branches eurent percuté le sol, une tête de dragon qui crachait une vague redoutable. Une vague qui ne visait pas l’Inuzuka, non, mais son chien.
Spoiler:
Santé : - Chakra : 2C/5A - très entamé, pour information, même si le pandémonium continue de lui procurer un avantage niveau chakra Bunbô : 1A