Depuis qu'un corbeau, tenant en son bec une lettre, avait frappé trois fois au carreau de sa petite demeure de Kumo, il avait des tas de questions en tête : Et si c'était un piège ? Il devait se préparer au pire, et venir avec tout ses jutsus affûté comme si c'était une rencontre sous haute tension. Et si jamais il ne convenait pas au clan ? Tout son plan se casserait la figure, et il n'aurait plus alors que ses yeux pour pleurer, et ses petites mains pour essayer de sortir Kumo de la fange dans laquelle elle était tombée.
- Sâ ! Du courage Rei, tu vas assurer, il n'y pas de raison de s’inquiéter ... Et pourtant il y'avait tout pour s'inquiéter. Il allait dans un pays inconnu, rencontrer des personnes qu'il ne connaissait pas, des anonymes aux pouvoirs plus forts que les siens, et à l'expérience plus aiguisé que la lame de sa dague, qu'il rangea précieusement dans sa gaine de cuir, fixée à sa cheville droite. Il faut dire qu'il était gaucher, petite information inutile mais intéressante à la fois.
Il se mit donc en route avec sa lettre officielle en main, et le coeur gros : Il n'aimait pas quitter ses montagnes mais il se devait bien de partir ; Pour mieux revenir.
Il avait son baluchon, ses affaires de voyages, son éternelle écharpe rouge vif, ses chaussures prête à être usé par les kilomètres qui séparaient Kaminari, du Pays du feu. Il mangea les kilomètres avec entrain, et ne décéléra pas dans les montée, même si le voyage se faisait naturellement en descente la plupart du temps. La descente est souvent plus difficile que la montée, cela dit.
Il fallait négocier les virages et les angles, et être solide sur ses appuis, sinon vous trébuchiez aussi sûrement qu'une pomme tombe de son arbre. Il ne fallait pas négliger les petites foulures et blessures, qui pouvaient vous coûter la vie quelques instants plus tard, contre un animal sauvage que vous n'aviez pas vu.
La nature de Kaminari était brutale, coupée au couteau. Tandis qu'en arrivant sur Hi no Kuni, il remarqua que les nuances se faisaient dégradés de couleur chatoyantes. Malgré l'hiver, le pays du feu était remplit de couleur par rapport au village des Nuages, qui n'était qu'un monochrome de blanc.
Il se dirigea vers la capital, et sans jamais l'effleurer, se dirigea vers le camp d'entraînement Sud Ouest. Il se retrouva dans un campement militaire composé de tentes et de pieux, comme la plupart de ceux que l'on rencontrait à cette époque. Il était à noté que les pieux étaient des énormes troncs pointus, dans ce campement ci plus que dans les autres. Rei n'aurait sû le dire, mais il était impressionné par le montage rigoureux et sévère, et la discipline qui semblait régner sur les lieux ; Tout ça l'impressionnait et c'est tout penaud qu'il se présenta aux soldats qui gardaient l'entrée.
Bien sûr, rien de tout cela ne se lisait sur son visage inexpressif.
- Bonjour messieurs, je m'apeller Rei, Ozuki Rei. Et j'ai rendez-vous avec la représentante du clan Shinrin du nom de Kojun. Fit-il avec la voix plate et le regard mort.
De grandes tentes, brunes ou parfois colorées d’un verre kaki, s’alignaient ou se dispatchaient selon les endroits dans une zone qui semblait clairement délimitée et réservée aux soldats de la garnison, comme pouvaient en témoigner les énormes troncs biseautés qui encerclaient cette dernière, laissant toutefois assez d’espace pour que n’importe qui puisse rentrer depuis n’importe où. A quelques endroits de cette pseudo-muraille de bois, des enfants ou des itinérants s’arrêtaient, tentaient de voir à travers les troncs de bois et derrière les tentes pour observer l’activité humaine qui palpitait dans ce genre de zone réservée à l’aguerrissement des troupes. Les soldats n’y restaient pas longtemps, non, et dans ces enceintes se mélangeant autant de vieux briscards que de jeunes louveteaux.
La plupart étaient dans ces zones pour faire leurs « classes », une formation qui pouvait prendre plusieurs semaines avant qu’ils ne soient incorporés dans des sections de combat. Les autres, déjà formés, s’y rendaient soit en tant qu’instructeur, soit pour briser la routine, pire ennemi du soldat. Choisir le métier des armes exigeait de consentir un peu d’inconfort, et ce genre de garnison mobile en était la preuve formelle ; cependant, la rusticité même des entraînements qui émanaient de ces garnisons comme une puissante atmosphère d’effort et de dépassement semblait nourrir les rêves des jeunes garçons et des jeunes filles qui, curiosité aidant, s’amusaient à espionner les méthodes avec lesquelles on fermait les troupes impériales.
Une entrée officielle était tenue par deux gardes, qui semblaient mener une surveillance de courtoisie ; l’enceinte étant pénétrable de tout horizon en réalité. Plutôt qu’une garde, Rei ne tarda pas à se rendre à l’évidence qu’il s’agissait d’une entrée, et d’un accueil, tenu par deux soldats faisant leur classe et apprenant, au fil des heures, à faire le « piquet ». Leurs postures étaient rigides ; mais leurs visages étaient las.
L’apparition du kumojin les réanima littéralement. Il ne savait guère d’où Rei arrivait ; mais ils avaient été informés de la venue de quelqu’un pour la Lieutenante.
« Ah, c’est toi que Kôjun veut voir…quand on m’a dit qu’elle attendait quelqu’un, j’avais pensé à un Lieutenant ou un Capitaine… mais soit ! Tu es attendu de l’autre côté du campement. Sur la dernière ligne, tu trouveras les tentes des autorités. Celle de Kôjun se situe sur la gauche et porte l’emblème du clan Shinrin. Il y a aussi, au bout d’une pique, une tête de cerf. On dirait presque une vraie, mais je te rassure, c’est une reconstitution en bois. Impossible de la rater. Fais juste attention, en déambulant dans le campement, à ne pas te retrouver au milieu d’un entraînement de soldats. »
Le garde, ayant prononcé ses paroles, s’écarta de l’entrée pour le laisser passer.
En déambulant dans le campement, Rei put constater que chaque tente avait sa particularité ; un emblème, un totem, un écriteau qui trainait là, et l’on voyait, en s’arrêtant de l’une à l’autre, la pure authenticité de chaque section. Un slogan, un animal fétiche, chaque tente arborait, en plus de décorations guerrière, l’identité de sa section et de ceux qui l’habitaient.
Quand Rei eut quitté l’entrée, les gardes tout naturellement allèrent de leurs bons commentaires :
« Eh ben… il y en a qui sont plus chanceux que d’autres… - Ouais, encore un de ses prétendants qui va se casser la gueule si tu veux mon avis… »
Mais cela, Rei ne put pas l’entendre, car il vagabondait déjà au milieu du campement où, à certains endroits, on voyait deux hommes au milieu d’un cercle se battre en duel, quand d’autres, en d’autres lieux, répétaient les mouvements martiaux pour les automatiser. Il aborda la dernière rangée, il ne tarda pas à voir, près d’une tête de cerf en bois, une femme aux cheveux blond foncé se tenir devant un groupe d’une dizaine d’individus en position de gainage ; leurs jambes tremblaient, et des gouttes de sueur perlaient de leur front et tombaient au sol.
Shinrin Kôjun
« Tenez bon ! Je ne veux pas en voir un qui tombe ! Il suffit que le moindre maillon de la chaîne soit défectueux pour que toute la chaîne se rompe, alors je ne veux pas de poltrons dans mon groupe ! »
L'arbre qui cache la forêt ▬ Invitation du clan Shinrin.
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